Héraclius envoie l’armée
à Damas
Héraclius lui donna une robe d’honneur, un fourreau et une croix en
or incrustés de rubis onéreux et lui dit : « Gardez cela devant toi
durant la bataille pour t’aider ». Warden apporta la croix dans un
monastère et se répandit de l’eau sacrée pour se bénir. Les moines
et les prêtres prièrent pour sa victoire et brûlèrent de l’encens.
Il campa alors à l’extérieur de la ville, à la Porte persane, et
sélectionna des gens pour l’accompagner. Quand toutes les
préparations furent achevées, Héraclius l’accompagna, avec ses
fonctionnaires jusqu’au Pont de Fer où il a pris la route de Ma’rat
avant d’arriver à Hamah. De là, il envoya un message à
l’armée d’Ajnadayn disant : « Toutes les routes et les défilés de
montagne doivent être fermés pour empêcher ‘Amr Ibn al-‘As de
joindre Khalid ».
Il rassembla tous ses officiers et dit : « Je souhaite attirer les
Arabes dans un piège et les capturer tous sans qu’aucun ne puisse
s’échapper ».
Tous consentirent. Alors il prit de nuit la route de Salamiyyah et
de l’Oued al-Hayyat.
Shaddad Ibn Aws a dit :
« Lorsque Khalid exécuta Calius et Uriel, il nous ordonna d’attaquer
Damas. Quelques Bédouins s’avancèrent portant des boucliers en cuir.
Quand l’ennemi les vit, ils commencèrent à lancer des pierres et des
flèches contre nous. Les Yéméni leur répliquèrent avec leurs
flèches. Les Romains crièrent, ils furent convaincus qu’ils allaient
soit mourir ou finir captifs à cause de la rigueur du siège.
Le vingtième jour du siège, Nadi Ibn Mourrah arriva et nous informa
que les Romains avaient rassemblé une force massive à Ajnadayn.
Khalid alla trouver Abou ‘Oubaydah à al-Jabiyah pour le consulter et
lui dit : « O digne de confiance de la Oummah, je pense que nous
devrions envahir Ajnadayn et revenir ici après la victoire ».
Abou ‘Oubaydah lui répondit : « Je ne peux consentir ».
- « Pourquoi pas ? »
- « Parce que nous avons tourmenté les Damascènes avec un siège
complet qui les a terrifiés. Si nous partons maintenant, ils auront
l’occasion de se rééquiper et de renouveler leur force si bien que
la tâche sera plus difficile pour nous quand nous reviendrons. Par
conséquent, je ne pense pas qu’il est nécessaire de bouger d’un
pouce d’ici. ».
- « J’accepte ce que tu dis ».
Il retourna à la Porte de l’Est et ordonna à tous les officiers
d’escadrons d’intensifier les attaques sur Damas tandis qu’il
attaqua la Porte de l’Est. Les gens de Damas subirent
ce jour des difficultés
telles qu’ils n’en souffrirent jamais auparavant. Khalid
encourageait les Musulmans en récitant ce poème de guerre :
« Qui informera Abou Bakr que nous combattons les Romains,
Allah a interdit excepté que je brise les mécréants
Et soulage la soif de ma lance avec le sang des chefs romains.
Beaucoup de victimes, je jetterais à terre et beaucoup pleureront un
ami manquant ».
Les Musulmans augmentèrent l’intensité de l’attaque, mais les
Romains protégés par leur forteresse tenaient encore le vingt et
unième jour. Leurs conditions se détériorèrent avec la poursuite du
siège et ils perdirent tout l’espoir de recevoir des renforts de
César. Ils envoyèrent un envoyé pour offrir la paix en échange de
mille Ouqiyah d’argent (122.5 kg), cinq cent Ouqiyah d’or (61.2 kg),
cent vêtements de brocart et il dit : « S’il vous plaît venez
afin que nous puissions vous donner ces choses ».
Khalid refusa et dit : « Pas de compromis, votre choix reste :
l’Islam, la Jizyah ou la bataille ».
L’envoyé revint alors pour les informer ».
‘Ourwah Ibn Shaddad a dit :
« Les Damascènes furent plus inclinés envers Abou ‘Oubaydah que
Khalid parce que le premier était un vieil homme qui promit la paix
tandis que le dernier était un guerrier menaçant. Khalid donna
l’ordre de l’attaque quand soudain les Damascènes battirent des
mains, dansèrent lancèrent des cris de victoire. Il demanda aux
soldats qui avaient atteint le sommet des murs ce qui se passait.
Ils firent des gestes dans la direction de la montagne et Bayt
Louhya où il vit un le soulèvement d’un massif nuage de poussière
qui obscurcit les cieux et monde. Il comprit que les renforcements
arrivaient et il ordonna aux Musulmans de se préparer. Les Musulmans
montèrent leurs chevaux leurs lames nues dans leurs mains, chaque
division sous son propre commandant. Alors les éclaireurs vinrent
confirmer l’arrivée imminente d’une massive armée et plus
probablement une armée romaine. Khalid s’exclama : « Il n’y a aucun
moyen d’éviter un mal ou de faire le bien exceptez par Allah, le
Très Haut, le Plus Puissant ».
Khalid consulte Abou ‘Oubaydah
Khalid talonna son cheval, alla trouver Abou ‘Oubaydah à la Porte
d’al-Jabiyah et l’informa des évènements récents.
Khalid lui dit : « Je projette d’emmener tous les Musulmans pour
attaquer l’ennemi. Quelle est ton opinion ? »
Abou ‘Oubaydah lui répondit : « Non. Si les Damascènes voient ce
territoire inoccupé ils le prendront ».
- « Que devrions-nous faire alors ? »
-« Un grand guerrier courageux devrait choisir de les attaquer. S’il
voit que ses chances sont bonnes, il devrait continuer autrement il
devrait revenir ».
- « Dans notre armée il y a une telle personne qui ne craint pas
mort ; un guerrier expert et courageux dont le père et le frère du
père furent tous les deux martyrisé au Jihad ».
- « De qui s’agit-il ? »
Khalid lui répondit : « Dirar Ibn al-Azwar Ibn Sinan Ibn Tariq ».
- « Par Allah ! Tu as choisi exactement l’homme qu’il faut ». Khalid
retourna à la Porte de l’Est et appela Dirar. Dirar arriva et dit :
- As-Salamou ‘Aleyka.
Khalid lui dit : « Ibn al-Azwar, je t’envoie contre l’ennemi avec
cinq cent cavaliers qui ont vendu leurs vies à Allah en échange du
Paradis et qui préfère la Demeure Permanente de l’Au-delà sur ce
monde. Si tu vois que vous avez une chance alors attaque, autrement
retourne ».
- « Quelle joie, Ibn al-Walid ! Tu m’as rendu plus heureux
aujourd’hui que je ne l’ai jamais été. Si tu me le permets, je ferai
ce travail seul ».
- « Tu es très courageux, intelligent et énergique néanmoins ce
serait du suicide si tu ne prends pas l’aide que je te donne et
Allah a défendu cela ».
Dirar s’arma et fut pressé de partir mais Khalid lui dit : « Pour
l’amour d’Allah ait pitié de toi et patiente jusqu’à ce que
l’escadron soit prêt ».
Dirar répondit : « Par Allah! Je ne peux pas attendre plus
longtemps. Quiconque considère le Jihad comme la meilleure vertu
peut me rejoindre là-bas ».
Il partit seul jusqu’à ce qu’il arrive à Bayt Louhya où il attendit
l’arrivée de ses compagnons. Quand leurs nombres fut complet, ils
virent l’armée romaine portant des armures brillantes aussi
nombreuse qu’un essaim de criquets qui descendaient de la montagne,
comme s’ils l’avaient recouverte. Lees Compagnons (qu’Allah soit
satisfait d’eux) dirent à Dirar : « Par Allah ! Quelle grande armée.
Il vaut mieux que nous revenons ».
Dirar leur répondit : « Par Allah! Je combattrai dans la voie
d’Allah ceux qui se sont détournés de Lui. Allah ne me trouvera pas
tourner mon dos et me sauver, car Il dit :
« Ô
vous qui croyez quand vous rencontrez (l’armée) des mécréants en
marche, ne leur tournez point le dos »
[8:15].
Après avoir ordonné cela, si je retourne, je Lui désobéirai et serai
pécheur ».
Rafi’ Ibn ‘Oumayrah dit : « Qu’y a-t-il à craindre de ces mécréants
? Est-ce qu’Allah ne vous a déjà pas accordé victoire dans la
plupart des batailles ? Est-ce que nos petites forces n’ont pas
repoussé leurs nombres immenses ? La victoire vient seulement avec
patience. Suivez le chemin des anciens pieux en pleurant avec
humilité devant la cour du Seigneur des Mondes, récitez l’invocation
du Roi Saül quand il fit face à Goliath :
« Seigneur ! Déverse sur nous l’endurance, affermis nos pas et
donne-nous la victoire sur ce peuple infidèle »
[2:250].
Et récitez aussi du Qur’an :
« Combien de fois une troupe peu nombreuse a, par la grâce d’Allah,
vaincu une troupe très nombreuse ! Et Allah est avec les endurants »
[2:249] ».
Cette parole les enhardis, et ils dirent : « Allah ne nous verra pas
fuir de la bataille. Nous combattrons définitivement les
mécréants ».
Dirar comprit qu’ils préféraient l’Au-delà à ce monde et leur
ordonna donc de cacher en embuscade près de Bayt Louhya. Tandis que
Dirar torse-nu prit une longue lance, monta un cheval-arabe et
partit à la rencontre des Romains. »
Salamah Ibn Khouwaylid a dit :
« J’étais avec l’escadron de Dirar, quand torse-nu, il monta son
cheval-arabe recherchant le martyr. Il avança et attaqua les Romains
en criant « Allahou Akbar ! »
Les Musulmans répondirent avec les cris de « Allahou Akbar ! » qui
terrifia les chrétiens. J’ai vu Dirar se diriger vers l’avant-garde
romaine où Warden avait élevé les croix et les drapeaux entouré par
un groupe de guerriers. Ils étaient prêts à transpirer et à verser
leur sang pour lui. Dirar le reconnu pour être le général-et donc
défia les soldats de l’avant-garde : « Y a-t-il l’un d’entre vous
pour me défier ? » Puis brusquement, il attaqua le centre. Il
transperça le porte-drapeau avec sa lance. Le Romain lâcha le
drapeau et s’effondra de son cheval. Dirar tourna alors à droite et
tua un autre Romain. Il regarda vers le centre et vit Warden. Près
de lui, un Romain était assis sur un cheval-blanc sale portant une
croix incrustée de joyaux. Dirar lui transperça le flanc, en
atteignant ses intestins. La croix tomba au sol et l’homme se vida
et alla en Enfer. Warden vit cela comme un présage de sa propre
destruction et descendit de sa monture pour ramasser la croix.
Quelques Musulmans se précipitèrent et l’empêchèrent d’atteindre.
Dirar cria : « O Musulmans ! Nul d’entre nous n’a le droit à cette
croix, alors ne vous précipitez-vous pas pour la ramasser. Je la
prendrais lorsque j’aurais fini ce chien romain et son armée ».
Warden comprenait l’arabe et voulu fuir quand il entendit ces mots,
mais les officiers dirent : « Où fuyez-vous ô général ? »
Warden répondit : « Je fuis par peur de ce diable. Quelle aspect
dégoûtante il a. Avez-vous jamais vu quelque chose de plus laid et
de plus affreux que cela ? »
Les narrateurs dirent que lorsque Dirar le vit tourner son dos, il
comprit qu’il fuyait. Il avertit les musulmans en criant, redressa
sa lance, talonna son cheval et partit à sa poursuite. Il était sur
le point d’atteindre Warden, quand les Romains l’attaquèrent si
violemment que son cheval s’arrêta tandis qu’il récitait ce poème :
« La mort est une réalité, il n’y a aucune fuite envisageable
Bien mieux que le feu de l’Enfer est le Paradis du Firdaws.
C’est mon martyr alors témoigne
Que tout ce que j’ai fait est pour la satisfaction d’Allah ! »
Il dispersa les Romains et se lança à la poursuite du général mais
les Romains le poursuivirent jusqu’à ce qu’ils réussissent
progressivement à l’encercler. Il attaqua dans toutes les directions
et avec sa lance mit fin au souffle de vie de quiconque tenta de
s’approcher de lui et ils se couchèrent sur la terre pour l’éternel
sommeil. Alors il appela les Musulmans :
« Allah aime ceux qui combattent dans Son chemin en rang serré
pareils à un édifice renforcé »
[61:4].
Avant que les Musulman puisse répondre, les Romains se précipitèrent
sur lui bruyamment suivit par les Musulmans. Hamran, le fils de
Warden, tira une flèche dans son flanc droit, qui fit souffrir Dirar
avant de mettre sa main hors fonction. Comme un lion indiscipliné,
Dirar bondit et enfonça sa lance dans la poitrine de Hamran,
transperçant son cœur. Quand il retira sa lance, la lame se brisa
net car elle était coincée dans les vertèbres. En voyant sa lance
désormais inoffensive, les Romains l’encerclèrent et réussirent
à le dominer.
Les Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) prirent à cœur la
capture de Dirar et lancèrent vainement une féroce attaque pour le
sauver. Lorsque les romains commencèrent à fuir, Rafi’ Ibn ‘Oumayrah
cria : « O porteurs du Qur’an où allez-vous ?
Ne
savez-vous pas que ceux qui fuient par peur de l’ennemi
encourent la colère d’Allah et la défaite ? Ne savez-vous pas que la
plupart des portes de Paradis sont ouvertes pour les Moujahidin et
les patients ? O Porteurs de la Religion, soyez patient et attaquez
les adorateurs de la croix. N’oubliez pas que même si votre chef a
été capturé, Allah est encore Vivant, qu’Il ne meurt point qu’Il
vous regarde et je suis présent pour aller au-devant de vous ». Les
Musulmans se rassemblèrent alors sous son commandement et lancèrent
une attaque dans laquelle beaucoup d’hommes et la plupart des chefs
romains furent tués. Quand Khalid fut informé de la capture de Dirar
et du martyr des Musulmans, il fut chagriné et demanda : « Combien
sont-ils ? » Le messager répondit : « Douze mille romains ».
Khalid dit : « Par Allah ! Si j’avais su qu’ils étaient si nombreux,
je n’aurais jamais envoyé mes gens à la destruction. Qui est leur
général ? »
- « Warden, le gouverneur de Homs. Dirar a tué son fils Hamran ».
- « Il n’y a aucun moyen d’éviter un mal ou de faire le bien excepté
par Allah, le Très Haut, le Plus Puissant. »
Alors il envoya un messager demander l’avis d’Abou ‘Oubaydah. Sa
réponse fut : « Place un homme fiable en charge de quelques hommes
pour continuer le siège de la Porte de l’Est tandis que tu
attaqueras l’ennemi. »
Lorsqu’il reçut sa réponse, il dit : « Par Allah ! Je ne suis pas de
ceux qui sont avares pour dépenser leurs vies dans la voie
d’Allah ».
Il dit alors à Mayssarah Ibn Masrouq al-‘Absi : « Je te laisse en
charge de mille cavaliers. Ne quitte pas ta place, mais faites des
invocations et place ta confiance en Allah ».
Mayssarah Ibn Masrouq al-‘Absi lui répondit : « J’accepte avec
joie ».
Khalid s’adressa alors à l’armée : « Relâchez les brides des chevaux
et tenez fermement vos lances. Quand nous serons proches de
l’ennemi, attaquons tous ensemble. Nous pourrons peut-être secourir
Dirar s’il est encore vivant et s’ils l’ont martyrisé, nous le
vengerons certainement si Allah le veut. »
Disant ainsi, il monta en avant de ses hommes qui récitaient ce
poème de guerre.
« Aujourd’hui le véridique atteindra sa visée
Quand la mort saisit son âme, il n’est pas effrayé.
Ma lance assoiffée sera abreuvée
Du sang des yeux percés.
Je transpercerai casques et boucliers
Et obtiendrai ce qu’ont acquis hier les devanciers ».
Alors qu’il récitait ce poème, il vit soudainement un grand
cheval-fauve monté par un cavalier armé d’une lance brillante. Le
comportement du cavalier et son apparence dénotèrent une certaine
sagesse tandis que sa maitrise de sa monture démontrait la bravoure.
Le guerrier tenait vaguement la bride mais était fermement assis sur
la selle tandis qu’il était vêtu d’une armure couverte d’un tissu
noir. Une ceinture verte attachée à la taille remontait sur sa
poitrine et flottait dans son dos. Ce cavalier remonta toute l’armée
pour aller au front comme une mèche en feu.
Khalid dit : « Je me demande qui peut-être ce cavalier. Par Allah !
Il me parait téméraire et courageux ». Puis, il alla à sa suite
alors qu’il se dirigeait vers le camp chrétien. Rafi’ Ibn ‘Oumayrah
confrontait résolument les Romains quand il vit les renforcements de
Khalid. Le guerrier mystérieux bondit sur l’ennemi comme un puissant
faucon sur un minuscule moineau dans une attaque qui causa des
dégâts dans les lignes romaines avant de perpétrer le massacre
jusqu’à leur centre. Ses coups pleuvaient comme la foudre. Il
foudroya les têtes de deux ou quatre jeunes, et brûla jusqu’aux
cendres cinq ou sept autres avant de recommencer. Lorsqu’il arriva
au centre, le guerrier afficha des signes clairs de frustration et
d’inquiétudes et alors reprit son attaque encore et encore, en
lacérant et séparant les lignes chrétiennes et continua son avance
jusqu’à ce que les Musulmans aient perdu de vue ce champion qui
devint au fil du temps de plus en plus inquiet.
Rafi’ Ibn ‘Oumayrah et ses hommes pensèrent qu’il ne pouvait être
que Khalid. Rafi’ le vit alors avec ses hommes donc il demanda : « O
le brave, qui est donc ce cavalier qui risque sa vie dans la voie
d’Allah et tue l’ennemi sans hésitation ? »
Khalid lui répondit : « Par Allah ! Je ne sais pas. Je suis moi-même
étonné par son audace et sa bravoure ».
- « Quel homme étonnant qui pénètre les rangs romains et les tue à
gauche et à droite et au centre ».
Khalid dit alors : « O Musulmans, levez-vous ensemble pour la
défense de l’Islam et attaquez ».
Les Musulmans tirèrent sur leurs brides, pointèrent leurs lances et
avancèrent en formation de bataille précédés par Khalid. Ils
allaient attaquer quand ils virent l’étrange cavalier, trempé de
sang et son cheval-transpirant, briller au cœur de l’armée romaine.
Le Moujahid faisait face à plusieurs Romains approchants en même
temps alors Khalid et ses hommes les attaquèrent et réussirent à
extraire le combattant et à le ramener dans les rangs des musulmans.
Les Musulmans regardèrent la partie supérieure visible du visage de
l’étranger et le trouvèrent être comme une pétale de rose cramoisie
ensanglantée. Khalid dit : « Tu as offert ta vie dans la voie
d’Allah et déchargés ta colère sur les ennemis qu’Allah te
récompense en bien. Maintenant enlève découvre ton visage que nous
puissions voir qui tu es ! »
Le guerrier mystérieux l’ignora et alla dans la foule. Mais ils le
rattrapèrent et lui dirent : « O serviteur d’Allah, le commandant
des armées islamiques t’as parlé et tu as osé l’ignorer. Retourne
chez lui et dévoile lui ton nom et ta lignée afin nous puissions
parler de toi ».
Ils ne reçurent aussi aucune réponse, donc Khalid alla
personnellement le voir et dit : « Il est bien triste que moi et
tous les Musulmans souhaitent savoir qui tu es et que tu ne t’en
soucie pas. Qui es-tu ? »
Il insista à maintes reprises jusqu’à ce que finalement une voix
féminine réponde : « O commandant, je ne t’ai pas évité par
désobéissance, mais par modestie car je suis de ceux qui s’isolent
derrière le voile. Ma peine et cœur brisé m’ont conduit ici ».
Khalid demanda : « Qui es-tu ? »
Elle répondit : « La sœur du prisonnier Dirar Bint Khawlah al-Azwar.
J’étais assise avec les femmes de la tribu Mathhij quand j’ai
entendu parler de la capture de Dirar. Donc j’ai immédiatement
enfourché une monture et suis venue ici. Le reste tu le connais
déjà ».
Entendant cela, le cœur de Khalid fut frappé d’émerveillement et ses
larmes jaillirent abondamment.
Khalid lui dit : « Nous attaquerons ensemble. J’ai la ferme
conviction qu’Allah nous permettra d’accéder à ton frère et de le
libérer ».
Khawlah répondit : « Si Allah le veut je serai dans la ligne de
front ».
‘Amir Ibn at-Toufayl a dit :
« J’étais du côté droit de Khalid Ibn al-Walid tandis que Khawlah
qui étaient devant lui attaqua. Tous les Musulmans suivirent
l’attaque. Khawlah mit les romains dans une telle difficulté qu’ils
commencèrent à se dire les uns aux autres : « Si tous les Arabes
étaient aussi courageux que celui-ci, nous ne serons jamais capables
de les vaincre ».
Quand Khalid attaqua, les Romains perdirent leurs raisons et
tremblèrent. Ils étaient proches de la dislocation mais Warden
commença à crier : « O mes gens, soyez prudent et tenez fermement
votre position. Si vous restez fermes, ils fuiront et les Damascènes
nous aideront. Les Romains résistèrent mais quand Khalid et ses
hommes attaquèrent, leurs pieds ne purent rester fermes et ils se
dispersèrent dans le désordre.
Khalid essaya d’atteindre Warden mais un groupe de courageux
guerriers l’entouraient et l’empêchèrent. Les Musulmans et les
chrétiens combattaient un contre un. Rafi’ Ibn ‘Oumayrah afficha une
exceptionnelle bravoure tandis que Khawlah traversa plusieurs rangs
pour atteindre le centre avant de frapper dans toutes les
directions. Elle cherchait partout son frère en récitant ce poème :
« Je ne peux le voir, où est Dirar,
Tandis que sa tribu et sa famille il ne peut voir.
O mon seul et unique frère et fils de ma propre mère,
Tu as mis fin à ma quiétude et maintenant je ne peux dormir ».
Tous les Musulmans qui entendirent ce poème pleurèrent.
La bataille continua et malgré une recherche étendue, aucun signe de
Dirar ne fut trouvé. Quand le soleil se coucha, les deux forces
opposées retournèrent dans leurs propres camps avec un avantage en
faveur des Musulmans tandis que les Romains souffrirent un lourd
tribut. La victoire musulmane brisa la volonté des Romains et ils
auraient fui n’eut été la crainte de Warden. Khawlah questionna
chaque soldat musulman dans le camp au sujet de son frère, mais
aucun ne l’avait vu, mort ou vivant. Quand elle perdit tout
l’espoir, elle pleura amèrement et dit : « O de fils ma mère ! Si
j’avais seulement quelques nouvelles de toi, que tu fus laissé
gisant dans quelque jungle ou tué quelque part. Que ta sœur soit
sacrifiée pour toi, le plus triste est que je ne sais même pas si
nous rencontrerons jamais. Par Allah ! Tu as laissé une cendre
ardente et brûlante qui ne refroidira jamais dans le cœur de ta
sœur. Va maintenant et rencontre ton père, le tueur des mécréants,
en présence de Muhammad. Je te salue continuellement jusqu’au
jour du Jugement dernier ».
Ce deuil fit pleurer les Musulmans.
Khalid projeta de lancer une autre attaque quand soudainement il vit
un groupe de cavaliers se détacher de l’aile droite. Ils ne
maintenaient pas fermement leurs brides et arrivaient en hâte comme
s’ils chassaient quelque chose. Khalid appela les Musulmans aux
armes et ils se regroupèrent rapidement. Quand les cavaliers romains
arrivèrent, ils jetèrent leurs armes, descendirent de leurs montures
et demandèrent la sécurité. Khalid ordonna aux Musulmans d’accepter
leur demande et de les lui apporter.
Khalid leur demanda : « Qui êtes-vous? »
- « Nous sommes des soldats de Warden et des habitants de Homs. Nous
sommes complètement convaincus que nous ne pouvons rien contre vous
et n’avons pas la force pour vous battre. Accorde-nous, à nos
familles et nos enfants les mêmes termes de paix que vous avez
accordé à d’autres villes. Peut-importe l’indemnité que vous désirez
nous ne nous opposerons pas à vos exigences. »
Khalid leur dit : « Nous pourrons faire un accord lorsqu’on nous
aurons atteint votre ville seulement et pas ici. Entre-temps, vous
resterez avec nous jusqu’à ce qu’Allah décide entre nous et
l’ennemi. »
Il ordonna qu’ils soient surveillés avant de leur demandé :
« Savez-vous quelque chose au sujet de notre guerrier qui a tué le
fils de votre général ? »
Les Romains dirent : « Parlez-vous de cet homme torse-nu qui tua
beaucoup de nos hommes y compris le fils du général ? »
- « Oui, exactement ».
- « Lorsque Warden le captura, il le mit sur un mulet et l’envoya
avec cent cavaliers à Homs d’où il sera envoyé à Héraclius pour
afficher sa bravoure ».
Khalid fut heureux d’entendre ces nouvelles et appela Rafi’ Ibn
‘Oumayrah.
- « Rafi’, tu connais bien cette les routes de cette région et les
passages dans les montagnes. Ta planification et ton improvisation
nous ont aidés à traverser facilement les plaines stériles comme à
Samawah. C’était ton idée de garder les chameaux assoiffés et des
abreuver par la suite pour nous aider à traverser le désert jusqu’à
ce que nous atteignîmes Arakah. Tu es un homme très expérimenté et
un planificateur distingué. Cent cavaliers emmènent Dirar à Homs. Je
te nomme pour choisir quiconque tu le souhaite et de partir à leur
poursuite. Je sens que tu seras capable de les rattraper rapidement
et de le secourir. Si tu accomplis cette mission, tu rendras les
gens heureux et tu résoudras un grand problème. »
Rafi’ accepta, sélectionna cent cavaliers et partait quand Khawlah
vint le trouver. Une vague de bonheur l’emporta quand elle entendit
Khalid donner ses ordres. Elle prépara ses armes et dit à Khalid :
« Pour l’amour de Muhammad, envoie moi avec eux que je puisse
leur être utile ».
Khalid dit à
Rafi’ : « Tu es
informé de sa bravoure, alors prends-la avec toi ».
Rafi’ l’incorpora sans son groupe et ils partirent au galop.
Khawlah chevaucha derrière les hommes qui voyagèrent en formation
militaire jusqu’à ce qu’ils atteignent la Route de Salamiyyah. Rafi’
regarda autour de lui à la recherche de trace de sabots mais ne put
trouver aucun signe du passage d’une armée. Il dit : « Heureuse
nouvelle mes amis ! L’ennemi n’est pas encore passé ». Il leur
ordonna de se cacher en embuscade dans l’Oued al-Hayyat et
tandis qu’ils attendaient, ils virent au loin un nuage de poussière
qui approchait. Rafi’ dit : « O jeunes fils de l’Islam, soyez
vigilants ». L’ennemi approcha avec Dirar dans leur centre qui
récitait ce poème :
« Donne ce message à Khawlah et à ma famille, O messager.
Mes mains sont attachées derrière mon dos, je suis prisonnier.
Tous les Syriens qui m’entourent sont des mécréants
Tous vêtus d’armures.
O cœur, peine de n’avoir pas trouvé la mort et regret
O larmes de ma nature, de mes joues, tombez.
Savez-vous si Khawlah et ma famille je
reverrai jamais
Et l’accord entre nous deux, lui rappellerai ? »
Khawlah dissimulée cria de sa place : « Allah a accepté ta Dou’a et
entendu ta demande. Je suis ta sœur, Khawlah ! » Elle sortit alors,
en chargeant et cria : « Allahou Akbar ! » Suivie
par Rafi’ et le reste des
cavaliers sous la clameur « Allahou Akbar ! »
Houmayd Ibn Salim a dit :
« Je faisais partie de cette force qui, quand nous criâmes « Allahou
Akbar ! Allahou Akbar ! », Allah inspira à nos chevaux d’hennir très
fort. Chacun de nous visa un Romain et rapidement nous les finîmes.
Allah libéra Dirar et nous accorda les chevaux et les armes des
Romains ».
Rafi’ Ibn Qadim a dit :
« Alors que nous engagions les Romains, Khawlah secourut son frère,
le délia et le salua. Il l’a félicita et l’accueillit puis monté un
cheval errant. Il ramassa une lance et récita le poème suivant :
« O Seigneur Je Te remercie
pour mon invocation exaucée,
Peines et soucis Tu m’as enlevé.
Tu as répondu à mes demandes et m’a réunis avec ma sœur,
Aujourd’hui contre l’ennemi, satisfait sera mon cœur ». »
Pendant que Rafi’ Ibn ‘Oumayrah rassemblait le butin, Khalid marqua
une éclatante victoire contre les Romains. Ils fuirent terrorisés et
affolés sans même jeter un coup d’œil derrière eux. Rafi’, les vit
et compris ce qui se passait. Alors, qu’ils venaient vers lui, il
les captura un par un.
Après que Khalid eût envoyé Rafi’, il lança une telle attaque qu’il
parut que chaque musulman recherchait le martyr. Les Romains
tournèrent le dos et s’enfuirent, Warden en tête et loin devant. Les
Musulmans les poursuivirent et rassemblèrent le butin, les armes et
les chevaux jusqu’à ce qu’ils rencontrèrent Rafi’ et Dirar à Oued
al-Hayyat. Khalid félicita Dirar, remercia et loua Rafi’.
Transportés de joie, ils retournèrent à Damas où ils informèrent
Abou ‘Oubaydah de leur victoire. La conquête de Damas fut dorénavant
une certitude.