La Sicile

 

La Sicile est la plus grande île de la Méditerranée et la plus stratégique d’entre les îles. C’est aussi la plus riche d’entre elles en ressources et elle attira les Musulmans au premier stade de leurs conquêtes.

 

En l’an 30 de l’Hégire (652), durant le califat de ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui), les Musulmans lancèrent leur premier raid contre la Sicile de leur base de Syrie.

Quand Mou’awiyyah (qu’Allah soit satisfait de lui), devint calife, il organisa un autre raid sur la Sicile depuis Alexandrie en Egypte. Les Musulmans débarquèrent à Syracuse et après avoir amassé un butin considérable, ils se retirèrent de l’île.

 

En l’an 46 de l’Hégire (666), Mou’awiyyah Ibn Houdayj envoya ‘AbdAllah Ibn Qais al-Fazari d’Ifriqiyyah (Tunis) pendant le Califat de Mou’awiyyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux). Nous n’avons pas de détails de ce raid excepté le fait qu’il en conquit une petite partie, prit des captifs et du butin avant de se retirer.

 

La Sicile fut de nouveau attaquée par ‘Ouqbah Ibn Nafi’ avec des soldats égyptiens en l’an 49 de l’Hégire (669) puis par ‘Ata' Ibn Rafi’ al-Houzali en l’an 83 de l’Hégire (702), avec une flotte égyptienne.

 

En l’an 81 de l’Hégire (700), un autre raid sur la Sicile fut conduit de Kairouan en Ifriqiyah. Cette fois, les Musulmans débarquèrent près de Pantelleria et se retirèrent encore une fois avec un large butin.

 

En l’an 86 de l’Hégire (705), sous le gouvernorat de Moussa Ibn Noussayr, l’île fut envahi par ‘Ayyash Ibn Oujayl avec une flotte du Maghreb extrême (Maroc) et il attaqua Syracuse (saraqouss), prit un très large butin, après lequel il revint au Maghreb.

 

Une nouvelle expédition commandée par Muhammad Ibn Idris al-Ansari en l’an 102 de l’Hégire (720), pendant le règne de Yazid Ibn ‘Abdel Malik, partit pour la Sicile avant de revenir du  butin et des captifs.

 

Alors en l’an 108 de l’Hégire (726), Qouthm Ibn ‘Awanah attaqua la Sicile et en l’an 109 de l’Hégire (728), pendant le califat de Hisham Ibn ‘Abdel Malik, elle fut envahie par Bishr Ibn Safwan, qui revint avec un grand nombre de captifs. Puis, Moustansir Ibn Harith al-Houraythi l’envahit à son tour en l’an 113 de l’Hégire (731), mais durant le retour, une tempête marine fit rage et coula ses navires. Après cela, elle fut envahi par Habib Ibn Abi ‘Oubaydah Ibn ‘Ouqbah Ibn Nafi’, en l’an 116 de l’Hégire (734) ou il mit en déroute les navires romains.

 

En l’an 122 de l’Hégire (739), Habib Ibn Abi ‘Oubaydah l’envahit de nouveau accompagné par son fils, ‘AbderRahmane Ibn Habib. Son père l’envoya avec une cavalerie et il vainquit tous ceux qu’il rencontra jusqu’à ce qu’il atteignit Syracuse, qui était alors la capitale de la Sicile. Les habitants acceptèrent le paiement de la Jizyah dont il  ramena le revenu à son père et les Musulmans revinrent en Ifriqiyah.

 

En l’an 130 de l’Hégire (747), ‘AbderRahmane Ibn Habib occupa l’île de Pantelleria qui est à mi-chemin entre Sicile et l’Ifriqiyah puis de nouveau la Sicile en l’an 135 de l’Hégire (752) avant de revenir sur ses pas. Après cela, les Musulmans entrèrent en conflit dans l’empire ce qui permit aux Romains de fortifier la Sicile et ils ne laissèrent pas d’endroits élevés sans y construire une forteresse.

Ces raids n’étaient pas des conquêtes mais de simples raids pour l’acquisition de butin dans le cadre d’une guerre entre deux empires ennemis.

 

 

L’expédition d’Assad Ibn Fourat

 

En l’an 211 de l’Hégire (826), l’empereur de Constantinople nomma Constantine, qui était surnommé Saudah (le noir), gouverneur de Sicile et donna le commandement d’une flotte impériale à Euphémius qu’il envoya en Ifriqiyah pour une action militaire sur la côte africaine. Alors certaines accusations contre Euphémius parvinrent à l’empereur romain et il ordonna à Constantine (son général en Sicile) de le relever de sa position et de le punir. Mais Euphémius se révolta, captura Syracuse et tua Constantine.

Un commandant arménien, du nom de Pallato (ballatah), se révolta à son tour contre Euphémius, soutenu par son neveu, Michael, le gouverneur de Palerme, qui se révolta aussi contre Euphémius, accusé d’avoir forcé une religieuse à se marier avec lui. L’empereur ordonna aussi de mettre fin au mariage, de trancher le nez d’Euphémius qui fut vaincu et mille de ses hommes furent tués lors de la reconquête de Syracuse. Euphémius s’enfuit à Kairouan ou il demanda de l’aide à Ziyadatoullah Ibn Ibrahim Ibn Aghlab, qui avait été nommé gouverneur par le calife abbasside  al-Ma'moun Ibn Haroun ar-Rashid. Ziyadatoullah lui ordonna de rester dans le port de Sousse (marsa soussah) jusqu’à ce que la flotte musulmane le rejoigne. Ziyadatoullah leva son armée dont il donna le commandement au Juge de Kairouan, Assad Ibn Fourat, alors âgé de soixante-dix ans, quitta la ville le 15 du mois de Rabi’ Awwal, de l’année 212 de l’Hégire (14 juin 827), navigua de Sousse avec une flotte de cent navires transportant huit ou neuf-cents cavaliers et dix-mille fantassins, sans compter les navires d’Euphémius et le mardi 18 du mois de Rabi’ Awwal de l’année 212 de l’Hégire (17 juin 827), ils débarquèrent à Mazzara d’où ils marchèrent vers Ballatah, qui se trouvait alors dans le défilé de Marj Ballatah près de Qal’ah al-Ballout (la forteresse des Chênes, connue en italien comme Caltabellotta), menant aux villes d’ar-Rafsh, Qal’ah ad-Doubb (la forteresse de l’Ours) et Qal’ah at-Tawawis (la forteresse des Paons). Assad ne demanda pas d’aide d’Euphémius, pour mettre seul en déroute Ballatah, à la tête de cinquante-mille hommes dont beaucoup d’entre eux furent tués et où les Musulmans prirent un immense butin. Ballatah réussit toutefois à s’enfuir vers Castrogiovanni (qasriyanah) mais terrifié, il passa à Calabre (Italie), où il fut tué.

 

Assad marcha alors vers l’église de Saint-Euphémius, sur la côte (autrefois connu comme Phidias). Il avait nommé Abou Zaki al-Kinani gouverneur de Mazzara et parce que la route entre Mazzara, Qal’ah al-Ballout et Syracuse était parsemée de nombreuses villes et forteresses qu’aucun compte de combat ou de traités de paix ont été enregistrés les concernant. C’est pourquoi, nous devons conclure qu’Assad Ibn Fourat navigua le long de la côte sud de la Sicile et marcha ensuite vers l’église des Chasseurs de Sauterelles (kanissah al-mousliqin). Là, les patriarches de Syracuse vinrent le trouver et lui demandèrent faussement la sécurité et sa protection, afin qu’ils puissent accomplir la rénovation de leur forteresse et y placer leurs propriétés et ceux qui se trouvaient dehors.

 

Euphémius se révolta alors, en incitant ses gens contre les Musulmans et ils se rassemblèrent dans la forteresse d’al-Kourrath mais Assad les attaqua, prit un grand nombre de captifs et un large butin. Des flottes de renforts arrivèrent d’Ifriqiyah et d’Andalousie, auxquelles les gens de Syracuse demandèrent une assurance de protection. Assad se disposa à accepter leur demande, mais les Musulmans refusèrent et reprirent la guerre, en assiégeant Syracuse par la terre et la mer. Assad décéda au mois de Sha’ban, de l’année 213 de l’Hégire (l octobre 828) devant Syracuse, à la suite des effets combinés de la maladie et de ses blessures. Les Musulmans nommèrent alors Muhammad Ibn Abi al-Jawari pour le remplacer à la tête de l’armée et ce dernier accentua le siège contre Syracuse, mais une grande flotte byzantine arriva de Constantinople, en plus d’une force terrestre. Les Musulmans décidèrent donc de revenir en Ifriqiyah et ils embarquèrent dans leurs navires, mais la flotte romaine bloqua leur voie du bassin d’amarrage. Les Musulmans perdirent l’espoir de conquérir Syracuse et de sortir leurs navires qu’ils incendièrent avant de se rendre en compagnie d’Euphémius dans la forteresse de Mineo, qu’ils capturèrent avec la forteresse de Girgenti ou ils fortifièrent leurs positions.

Euphémius partit pour Castrogiovanni, mais ses gens se révoltèrent contre lui et le tuèrent. Alors le général romain, Teodotus arriva de Constantinople avec une grande armée qui marcha sur Castrogiovanni, mais les Musulmans le vainquirent, tuèrent un très grand nombre de ses hommes et capturèrent quatre-vingt-dix de ses commandants.

 

A la fin de l’année 213, ou le commencement de l’année 214 de l’Hégire (février 829), Muhammad Ibn Abi al-Jawari décéda. Les Musulmans nommèrent alors Zouhayr Ibn Barghouth (ou Ibn ‘Awf) pour lui succéder et luttèrent de nombreuses batailles contre Teodotus, mais, il assiégea finalement les Musulmans, jusqu’à ce qu’ils fussent obligés de manger leurs montures puis les chiens après que leurs réserves furent épuisées. Alors Asbagh Ibn Wakil arriva avec une grande flotte d’Andalous en l’an 214 de l’Hégire (829), suivit par Souleyman Ibn ‘Afiyah at-Tartoushi qui arriva avec quelques navires supplémentaires, portant le total des navires musulmans à trois-cents. Ils débarquèrent à Trapani et avancèrent ensuite vers Mineo, tout en capturant les forteresses qui se dressaient sur leur route. Ils repoussèrent Teodotus de Mineo à Castrogiovanni et mirent ainsi fin au siège contre les Musulmans au mois de Joumadah Thani, de l’année 215 de l’Hégire (juillet/août 830).

 

 

La conquête de Palerme

 

Les Musulmans assiégèrent Palerme (balarmou) du mois de Joumadah Thani de l’année 215 de l’Hégire jusqu’au mois de Rajab de l’année 216 de l’Hégire (juin 830/août 831) avant de conquérir la ville avec une garantie de sécurité durant le gouvernorat Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn Aghlab. Puis, les Musulmans marchèrent vers Galiano (ghaliyanou) et capturèrent ses banlieues avant d’affronter Teodotus qui fut vaincu et tué.

En l’an 221 de l’Hégire (835), la forteresse de Tindaro sur la côte nord-est tomba dans les mains des Musulmans. Puis en l’an 225 de l’Hégire (839), un grand nombre de forteresses demandèrent des garanties de sécurité et furent conquises via des traités de paix dont celles de Geragia (jarassah), Caltabellotta (qal’ah al-ballout), Platane (iblatanou), Corleone (qarloune), Marineo (marnaou) et d’autres.

 

En l’an 228 de l’Hégire (842), Fadl Ibn Ja’far al-Hamdani conquit Messine, Maskan et d’autre forteresses.

 

En 232 de l’Hégire (846), Fadl Ibn Ya’qoub conquis Lentini après l’avoir assiégé. De plus, les Musulmans capturèrent Tarant (tarantou), dans le sud de l’Italie et en l’an 234 de l’Hégire (848), ils conquirent Argos et détruisirent sa forteresse.

 

Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn Aghlab mourut le 10 du mois de Rajab de l’année 236 de l’Hégire (18 janvier 851) et les Musulmans nommèrent ‘Abbas Ibn Fadl son successeur. Il  commença à faire la guerre contre ceux qui n’avaient pas cherché de traité et leur causa beaucoup de dommage et en fit d’eux un exemple, jusqu’à ce qu’ils conclurent un traité de paix avec lui, selon les conditions qu’ils paieraient avec de l’argent et des esclaves. Les Musulmans capturèrent Bathirah en l’an 238 de l’Hégire (852).

 

 

La conquête de Castrogiovanni

 

Syracuse était la capitale de Sicile mais quand les Musulmans conquirent Palerme, les Romains transférèrent  leur capitale à Qasrouyanih, du fait qu’elle était bien fortifiée. Alors en l’an 243 ou 244 de l’Hégire (857 ou 858), ‘Abbas Ibn Fadl marcha sur Castrogiovanni (qasrouyanih) et Syracuse, pendant que ‘Ali Ibn Fadl s’approcha avec sa flotte et rencontra al-Iqritishi et sa flotte de quarante navires. Les forces de ‘Ali luttèrent violemment contre eux jusqu’à ce qu’ils les vainquirent et qu’ils capturèrent dix de leurs navires et leurs personnels et revinrent avec eux.

 

‘Abbas avança avec mille cavaliers et sept-cents fantassins, chaque dizaine d’entre eux était mené par un officier (mouqaddam). Ils marchèrent la nuit et campèrent à Jabal al-Ghadirou ou ils se dissimulèrent. Son oncle, Rabah continua sa route avec une sélection de ses hommes jusqu’à ce qu’ils atteignent Jabal al-Madinah ou ils poursuivent leur route en rampant avant le lever du soleil. Les gardes endormis les ignorèrent et ils entrèrent ainsi dans la ville, via une brèche dans le mur par laquelle l’eau s’écoulait. Alors, ils attaquèrent avec leurs sabres et ouvrirent les portes, pour permettre à ‘Abbas et ses forces d’entrer par la porte de la ville le jeudi 16 du mois de Shawwal de l’année 243 de l’Hégire (5 février 858) et tuer la garnison. Ils construisirent une mosquée ce même jour et y offrirent la prière du vendredi le jour suivant. Les Byzantins envoyèrent une flotte de trois-cents navires à Syracuse, sous le commandement de Constantine, mais ils furent vaincus par les forces de ‘Abbas, qui captura cent navires. ‘Abbas continua sa lutte jusqu’à ce qu’il meurt le 3 du mois de Joumadah Thani de l’année 247 de l’Hégire (14 août 861).

 

 

La conquête de Syracuse

 

Au mois de Ramadan de l’année 264 de l’Hégire (mai 877), Ahmad Ibn Aghlab conquit Syracuse et tua plus de quatre-mille Romains après avoir assiégé la ville durant neuf mois. Il prit plus de butin qu’il n’ait jamais prit dans d’autres villes et resta deux mois avant de détruire la ville et de repartir sous le règne d’Ibrahim Ibn Ahmad Ibn Muhammad Ibn Aghlab en Ifriqiyah.

 

Au mois de Joumadah Thani de l’année 284 de l’Hégire (juillet 897), Ibrahim Ibn Ahmad envoya son fils, Abou al-‘Abbas ‘AbdAllah en Sicile ou il mena une féroce bataille contre ses habitants et les vainquit. Selon les historiens, il prit la ville par l’épée, mais ils n’ont pas identifié cette ville. Puis, il accorda la protection aux gens et traversa le détroit de Messine vers la côte italienne, où il attaqua les Romains et les détruisit avant de revenir en Sicile.

 

En l’an 288 de l’Hégire (900), Abou al-‘Abbas Ibn Ibrahim arriva à Demona (damounash) et l’assiégea durant un certain nombre de jours avant de repartir à Messine, puis Reggio (riyyou), sur la côte italienne, qu’il captura par la force des armes, et prit un immense butin. Suite à cela, il revint à Messine, où il constata que des navires étaient arrivés de Constantinople et qu’ils avaient capturé trente de ces navires.

 

 

La chute de Taormina

 

En l’an 289 de l’Hégire (901), le calife abbasside Mou’tadid se fâcha contre Ibrahim Ibn Ahmad et le désista du poste de gouverneur en faveur de son fils, Abou al-‘Abbas Ibn Ibrahim. Abou al-‘Abbas quitta donc la Sicile pour l’Ifriqiyah tandis que son père quitta cette dernière pour la Sicile. Ibrahim partit en bateau de Noubah en Ifriqiyah et débarqua à  Trapani, en Sicile, le 17 du mois de Rabi’ Awwal de l’année 289 de l’Hégire (1 mars 902). Puis, il entra dans Palerme le 28 du mois de Rajab (8 juillet 902) et ordonna à ses hommes d’accorder aux gens leurs droits dut à tous.

 

Le 9 de mois de Sha’ban de l’année 289 de l’Hégire (19 juillet 902), Ibrahim partit pour Taormina et une bataille féroce eut lieu entre lui et ses habitants avant d’entrer dans la ville où il tua certains des défendeurs et captura d’autres. Il envoya son petit-fils, Ziyadatoullah Ibn Abi al-‘Abbas vers la forteresse de Mikas (qal’ah miqash) et aussi son fils, Abou al-Aghlab Ibn Ibrahim à Demona dont les habitants s’enfuirent tandis qu’il prit tout ce qu’elle contenait. Ibrahim envoya son fils, Abou Hajr à Ramette (ramatah) et ses habitants acceptèrent de payer la Jizyah. Sa’doun al-Jalawi fut envoyé avec une troupe à Aci Castello (liyaj), près du volcan de l’Etna dont les habitants acceptèrent de payer la Jizyah à la condition qu’ils quittent leur forteresse qui fut alors détruite et ses pierres jetées à la mer.

 

 

La traversée vers Calabre

 

Alors Ibrahim marcha avec son armée vers Messine et y resta deux jours, après lesquels il passa en Calabre (qalouriyah) en Italie le 26 du mois de Ramadan de l’année 289 de l’Hégire (3 septembre 902) et marcha vers Cosenza (koussanah) qui est près du Golfe de Tarant. Il ordonna une attaque sur la ville le 25 du mois de Shawwal de l’année 289 de l’Hégire (2 octobre 902). Ses fils et ses proches se dispersèrent autour des portes puis des batteries de catapultes commencèrent à bombarder la ville mais Ibrahim tomba malade et mourut le 18 du mois de Dzoul Qi’dah de l’année 289 de l’Hégire (24 octobre 902), âgé de cinquante-quatre ans, selon l’estimation la plus fiable. Les gens de Cosenza demandèrent une garantie de sécurité, ignorants la mort d’Ibrahim. Cela fut accepté et les Musulmans y restèrent jusqu’au retour des détachements envoyés dans la région de Calabre. Alors tous revinrent à Palerme avec le corps d’Ibrahim ou il fut enterré puis retournèrent en Ifriqiyah.

 

Quand les vils ismaéliens renversèrent les Banou Aghlab en l’an 294 de l’Hégire (909), Ahmad Ibn Qarhoub leur prit aussi le pouvoir en Sicile en l’an 297 de l’Hégire (912) et se désengagea des ismaéliens en portant allégeance au calife abbaside. Ahmad Ibn Qarhoub fut assassiné en l’an 305 de l’Hégire (917) et l’administration de la Sicile se dégrada considérablement sous le règne des ismaéliens. Les différentes tribus musulmanes entrèrent en conflit  et l’île se retrouva divisée en un certain nombre de petites principautés.

 

 

Après cela, un certain nombre de gouverneurs furent nommés en Sicile, dont certains furent tués pendant des séditions tandis que d’autres furent relevés de leurs positions. Alors en l’an 316 de l’Hégire (928), Sabir as-Saqlabi arriva d’Ifriqiyah avec trente-mille combattants et Salim Ibn Abi Rashid al-Kinani, le gouverneur ‘oubaydi ismaélien de Sicile se rendit en Calabre et conquit la ville de Tarant par la force des armes. Puis, il poursuivit sa marche vers la ville d’Otrante, l’assiégea et détruisit ses habitations. Les gens de Calabre capitulèrent  à condition du paiement de la Jizyah qu’ils continuèrent de payer jusqu’à la fin du règne de ‘Oubaydallah al-Mahdi al-Yahoudi le premier calife ismaélien d’Ifriqiyah, malédiction d’Allah sur lui, en l’an 322 de l’Hégire (933).

 

Après une période de séditions, une apparence d’ordre fut restituée en l’an 337 de l’Hégire (948) quand dans le calife ‘oubaydi ou ismaélien al-Mansour nomma Hassan Ibn ‘Ali Ibn Abou al-Houssayn al-Kalbi gouverneur de la Sicile. Hassan s’avéra être un bon administrateur et après avoir de nouveau unifié l’île, il remit sur pied une forte administration et fonda la dynastie des Banou Kalb.

 

 

Le retour à Taormina

 

 

En l’an 343 de l’Hégire (954), al-Mou’iz li-Dinillah Ibn al-Mansour confia le poste de gouverneur de Sicile à Abou al-Houssayn Ibn al-Hassan Ibn ‘Ali Ibn Abi Hassan al-Kalbi et durant son gouvernorat, le 25 du mois de Dzoul Qi’dah de l’année 351 de l’Hégire (25 décembre 962), les Musulmans conquirent Taormina, qui était la plus fortement défendue des forteresses romaines, après l’avoir assiégée durant sept mois et demi. Les captifs furent dénombré à mille-cinq-cent-soixante-dix, qui furent tous envoyé à al-Mou’iz. Puis, les Musulmans prirent résidence dans Taormina et sa forteresse qu’ils renommèrent al-Mou’izziyah.

 

 

L’attaque du comptoir des Byzantins

 

Les gens de Ramette (ramitah) se révoltèrent et demandèrent de l’aide à l’empereur byzantin, Nicéphore II Phokas. Alors al-Hassan Ibn ‘Ammar assiégea la ville un jeudi, à la fin du mois de Rajab de l’année 352 de l’Hégire (1 août 963) et l’abattit avec ses mangonneaux et arbalètes à tours. Nicéphore envoya une grande armée commandée par Manuel et ils se rendirent en Sicile en traversant la mer durant neuf jours après être partis le mercredi 3 du mois de Shawwal de l’année 353 de l’Hégire (13 octobre 964). Cette énorme force arriva à Messine, où ils fortifièrent ses murs et creusèrent un fossé autour de la ville. Alors ils se mirent en route avec une immense avant-garde composée de mages, d’Arméniens et de Russes. C’était une force dont nulle pareille ne fut jamais auparavant vue sur l’île et ils marchèrent sur Ramette. Al-Hassan Ibn ‘Ammar plaça une armée dans Miqash et il campa dans Demona. Manuel envoya une armée vers chacun d’entre eux et une troisième vers Ramette, pour empêcher toute aide de leur parvenir. Il avança avec six colonnes qui encerclèrent les Musulmans et ces derniers sortirent de Ramette à leur rencontre pour livrer la bataille jusqu’à ce que les Musulmans se retirent dans leur camp. L’armée de Manuel se sentirent alors sûre de la victoire et al-Hassan cria : «  O, Allah ! En vérité, les fils d’Adam m’ont abandonné, Ne m’abandonne donc pas aussi ».

Le combat s’embrasa et un des Musulmans tua Manuel, après qui ses hommes fuirent. Alors des nuages de pluie accompagnés par le tonnerre et la foudre apparurent tandis que les Musulmans les poursuivirent vers un endroit qu’ils croyaient être une plaine, mais qui était un plutôt un terrain accidenté au bord d’une profonde tranchée, dont le fond se trouvaient loin au-dessous d’eux ou les fuyards tombèrent et s’entassèrent à tel point que les cavaliers musulmans furent capables de traverser sur eux. Le combat qui avait commencé à l’aube, dura jusqu’après la prière de Zouhr et la poursuite des Romains se poursuivit jusqu’à la nuit. Les Musulmans passèrent la nuit en les tuant ou ils les trouvèrent et prirent un certain nombre de leurs chefs captifs ainsi que leur propriété, leurs chevaux et leurs armes comme butin. Le nombre de Romains tué s’éleva à plus de dix-mille tandis que le reste d’entre eux s’enfuit dans les navires.

 

 

Le traité de paix d’al-Mou’iz li-Dinillah

 

Al-Mou’iz li-Dinillah, le souverain ‘oubaydi, occupé à combattre les Musulmans Sounnites en Ifriqiyah et sur le point d’entrer en Egypte, signa donc un traité de paix avec le mécréant Nicéphore II, l’empereur byzantin en l’an 356 de l’Hégire (966), qui exigea l’évacuation de Taormina et de Ramette. Les Musulmans affligés par cet accord détruisirent et brûlèrent les deux villes avant de les raser.

Puis, au milieu du mois de Sha’ban de l’année 359 de l’Hégire (24 juin 970), Abou al-Qassim fut nommé gouverneur de Sicile et reprit, en l’an 365 de l’Hégire (975), la guerre contre les Byzantins et ordonna la construction de la forteresse de Ramette. Il poursuivit sa lutte jusqu’à sa mort en l’an 372 de l’Hégire (982).

 

 

La chute de la Sicile

 

La Sicile musulmane atteignit sa gloire sous le règne de Abou al-Foutouh Yousouf Ibn ‘AbdAllah entre les années 379 et 389 de l’Hégire (989-998). La fin du troisième siècle et une bonne partie du quatrième siècle de l’Hégire (les dernières années du dixième siècle et la première moitié du onzième siècle) furent considérés comme la période d’or de l’histoire de la Sicile, l’île se développa considérablement et devint un grand centre de culture musulmane. L’agriculture fut promue, de nouvelles industries virent le jour et l’état devint riche. Les émirs des Banou Kalb vécurent dans des luxueux palais et la culture atteignit son apogée. Le célèbre écrivain et géographe Muhammad Abou al-Qassim Ibn Hawqal qui visita la Sicile à cette époque rapporta que Palerme était une ville prospère qui comptait pas moins de 300 mosquées et un nombre égal d’écoles.

 

Durant la fin du quatrième siècle de l’Hégire (la deuxième moitié du onzième siècle), la dynastie des Banou Kalb prit fin et l’anarchie prédomina sur l’île. Les Musulmans contrôlaient fermement la Sicile, mais ils entrèrent en conflit entre eux et les Normands, sous le commandement de Roger le souverain du sud de l’Italie, en profitèrent pour saisir Milazzo (malatiyah) en l’an 372 de l’Hégire (982).

 

Au mois de Rajab de l’année 444 de l’Hégire (1052), ils capturèrent toutes les villes et les villages sur leur route, jusqu’à ce qu’ils atteignirent Castrogiovanni (qasriyanah), où ils ont mirent en déroute Ibn al-Jawash qui se réfugiât dans sa forteresse. A cette époque, beaucoup de savants et d’hommes vertueux quittèrent l’île et un certain nombre des habitants se plaignirent de la conquête d’une grande partie de l’île par les Normands. En réponse, le gouverneur d’Ifriqiyah envoya une grande flotte de navires transportant des combattants qui se dirigèrent vers Pantelleria (qoussarah), mais une tempête se leva en mer et la plupart de la flotte coula et seuls quelques navires échappèrent.

Alors, progressivement et sans se presser, les Normands conquirent toute l’île, sans que personne ne s’oppose à eux et les Musulmans perdirent toutes leurs possessions excepté, Qasriyanah et Girgenti. Roger assiégea les deux villes et Girgenti fut abandonnée en l’an 481 de l’Hégire (1088), tandis que Qasriyanah capitula en l’an 484 de l’Hégire (1091). Roger, le roi d’Italie, devint ainsi le souverain de l’île entière et encouragea les Normands à y émigrer et vivre aux côtés des Musulmans qui y vivaient depuis 272 ans.

 

 

L’émirat musulman de Luceria

 

En l’an 621 de l’Hégire (1224), Frederick II du « saint-empire romain », répondant au soulèvement religieux en Sicile, expulsa une grande partie des Musulmans de l’île tandis que les autres furent transférés à Luceria dans la région d’Apulie (Italie). Dans cet environnement contrôlé, ils ne purent défier l’autorité chrétienne et profitèrent à la couronne en taxes et services militaires. Leur nombre atteignit entre 15.000 et 20.000 et Luceria fut alors appelée Luceria Saracenorum (Lucera Sarrasine, Sarrasin pour « Syrien » ou Musulman) parce qu’ils représentaient la dernière forteresse musulmane en Italie. La colonie se développa durant 75 années avant d’être renvoyée en l’an 699 de l’Hégire (1300) par les forces chrétiennes sous le commandement de Charles II de Naples.

Les habitants musulmans furent soit exilés ou vendus en esclavage, et beaucoup d’entre eux trouvèrent asile en Albanie. Leurs mosquées furent converties en églises dont une devint la cathédrale Sainte Maria della Vittoria qui existe toujours de nos jours.

 

 

Malte

 

Les Musulmans conquirent Malte (malthah) en l’an 256 de l’Hégire (870), durant le règne d’Abou al-Gharaniq Muhammad Ibn Ahmad Ibn al-Aghlab et ils bâtirent une base pour la construction de navire en bois de pin des riches forêts avoisinantes. Les Byzantins essayèrent de reprendre infructueusement l’île en l’an 440 de l’Hégire (1048), qui fut attaquée par les Normands en l’an 483 de l’Hégire (1090) après leur conquête de la Sicile.

Mais en réalité Malte fut occupée bien avant. L’historien Abou al-Hassan ‘Ali Ibn Muhammad Ibn Muhammad, mieux connu sous le nom de ‘Ali ‘Izz ad-Din Ibn al-Athir al-Jazari, auteur du livre « al-kamil fi at-tarikh » nous informe : « qu’en l’an 221 de l’Hégire (836), Ibrahim al-Aghlab, expédia une flotte contre les îles » et nous avons de bonne raison de croire qu’il fait allusion aux îles entre l’Afrique et la Sicile, en comprenant les îles maltaises. De plus, il rapporte l’envoie de Sicile d’une armée à Malte en l’an 256 de l’Hégire (870), en ajoutant qu’à cette époque, les Chrétiens levèrent le siège. Si Malte était assiégée, indubitablement par les Grecs de Byzance, on ne peut que conclure qu’elle était déjà occupée par les Musulmans, qui probablement, lorsqu’ils débarquèrent en l’an 212 de l’Hégire (827) à Mazzara, à Sicile avaient préalablement occupés les îles maltaises. Les raids contre Malte et la Sicile débutèrent au deuxième siècle de l’Hégire (huitième siècle) et il n’est pas déraisonnable de croire que Malte tomba aux mains des Musulmans avant l’an 184 de l’Hégire (800).

 

Les Musulmans furent autorisés à y rester jusqu’en l’an 647 de l’Hégire (1249). D’autres ont rapporté qu’ils restèrent jusqu’au seizième siècle de l’ère chrétienne, sous le gouvernorat de  De la Valette. La langue arabe devint la langue officielle de Malte, bien qu’elle fût supprimée en Sicile et en Sardaigne.

 

En l’an 936 de l’Hégire (1530), Charles I d’Espagne et des Pays-Bas donna l’île aux templiers de St Jean de Jérusalem qui avaient été chassés de Rhodes par les Ottomans en l’an 928 de l’Hégire (1522). Les Ottomans Turcs assiégèrent l’île avec 181 navires de guerre et 30.000 soldats. Cependant, ils subirent de lourdes pertes et revinrent les mains vides. Napoléon de France occupa Malte en l’an 1212 de l’Hégire (1798), suivit par le Royaume-Uni en l’an 1229 de l’Hégire (1814). Malte gagna son indépendance en l’an 1383 de l’Hégire (1964).

 

 

Les Baléares

 

Ayant déjà largement traité le sujet précédemment, voici donc un bref résumé.

Les îles Baléares (jouzour al-Baliyar) se composent de trois îles importantes ; Majorque, Minorque et Ibiza ainsi que de deux plus petites îles, Formentera et Cabrera. Les Baléares se trouvent à l’est de Valence, la plus grand d’entre elle est Majorque, puis Minorque et ensuite Ibiza (yabissah ou lyabissah).

Le premier à envahir les Baléares fut Moussa Ibn Noussayr en l’an 89 de l’Hégire (707), puis ‘AbderRahmane al-Awsat en l’an 234 de l’Hégire (848), avec une flotte de trois-cents navires parce que les habitants avaient violé le traité conclus avec les Musulmans et maltraités les Musulmans qui vivaient parmi eux. Ils demandèrent la clémence du gouverneur et admirent leurs actes si bien qu’il leur pardonna en l’an 235 de l’Hégire (849).

 

En l’an 290 de l’Hégire (902), ‘Issam al-Khawlani décida d’entreprendre son Hajj d’Andalousie par navire avec un groupe de Musulmans mais une tempête dévia leur courses et ils s’échouèrent dans l’île de Majorque ou ils restèrent un temps suffisant pour évaluer l’île. Après son retour du Pèlerinage (hajj), il informa le gouverneur, Ibn Muhammad Ibn AbdAllah Ibn ‘AbderRahmane al-Awsat, le septième souverain omeyyade, de ce qu’il avait vu et ce dernier lui fournit des forces avec qui, il captura l’île, fort par fort. ‘Issam al-Khawlani gouverna durant dix ans, avant d’être succédé par  son fils ‘AbdAllah et l’île resta sous le contrôle des Musulmans jusqu’à la fin du règne des Mouwahhidine, ou elle fut prise par une flotte toscane et lombarde.

 

 

La Sardaigne

 

La Sardaigne est la deuxième plus large île en Méditerranée, après la Sicile. C’est une île montagneuse qui contient peu d’eau.

Moussa Ibn Noussayr nomma ‘AbdAllah Ibn Mourrah pour contrôler les mers d’Ifriqiyah  (bahr ifriqiyah) en l’an 89 de l’Hégire (707) et il envahit la Sardaigne, conquit ses villes et prit une énorme quantité de butin. Certains historiens ont rapporté cette expédition en l’an 92 de l’Hégire (710), après la conquête de l’Andalousie et qu’à leur retour leurs navires coulèrent à cause du poids du butin qu’ils transportaient.

 

Dans les années 103 et 106 de l’Hégire (721 et 724), les Musulmans envahirent de nouveau la Sardaigne puis en l’an 117 de l’Hégire (735), Habib Ibn Abi ‘Oubaydah Ibn ‘Ouqbah Ibn Nafi’ attaqua la Sardaigne et prit à son tour, une énorme quantité de butin.

 

En l’an 135 de l’Hégire (752), ‘Ibn Habib AbderRahmane al-Fihri envahit la Sicile et la Sardaigne et prit des captifs et du butin. Les habitants de Sardaigne signèrent un traité de paix soumit à la condition du paiement de la Jizyah.

L’île fut alors fortifiée par les Byzantins, qui construisirent une forteresse qui fut attaquée par les Banou Aghlab en l’an 201 de l’Hégire (816), qui prirent du butin puis par Muhammad Ibn ‘AbdAllah at-Tamimi en l’an 206 de l’Hégire (821).

 

En l’an 323 de l’Hégire (937) al-Qa’im Ibn al-Mahdi envoya une flotte commandée par Ibn Ishaq Ya’qoub en Sardaigne qui la conquit, prit des captifs et du butin avant d’incendier les navires des habitants.

 

L’île fut de nouveau envahit par Abou al-Jaysh al-Mouwaffaq Moujahid al-‘Amiri, le gouverneur de Dénia et des îles de l’est, au mois de Rabi’ Awwal de l’année 406 de l’Hégire (1015) avec cent-vingt navires et huit-mille cavaliers. Ils établirent leur camp à l’actuelle Cagliari et conquirent ses forteresses. Puis de là, les Musulmans lancèrent une attaque contre les côtes ouest de l’Italie et capturèrent Luni, qui est sur le golfe de Spezia, sur la rive nord du Fleuve Magra dont ils se servirent comme base d’opérations pour leur attaque sur Pescia (Pisa), Gênes et d’autres endroits. Les flottes de Pescia, Gênes et des Francs s’unirent contre eux et les empêchèrent de revenir en Sardaigne en arrivant avant eux dans l’île qu’ils prirent.

 

 

La Corse

 

L’île fut attaquée plusieurs fois en l’an 85 de l’Hégire (704) puis en l’an 190 de l’Hégire et les années qui suivront (806-807-809) jusqu’à la capture de la ville d’Aléria. Puis l’île sera capturée l’année suivante et perdue en l’an 215 de l’Hégire (830). L’île sera une nouvelle fois reprise à la fin du troisième siècle de l’Hégire par l’émir Abou al-Houssayn al-Moujahid et perdue en l’an 483 de l’Hégire (1090).