Les Musulmans en France

 

Peu après la conquête de l’Andalousie, les Musulmans envoyèrent des colonnes d’avant-garde à travers les Pyrénées. Ces colonnes musulmanes attaquèrent Navarre, Avignon et même Lyon.

 

 

As-Samh Ibn Malik al-Khoulani

 

Lorsque as-Samh Ibn Malik fut nommé gouverneur d’Andalousie en l’an 100 de l’Hégire (719), il envahit l’année suivante la province de Septimanie en France et sa capitale Narbonne fut capturée. Comme Narbonne était aussi accessible par la mer, la ville fut fortifiée et une garnison de troupes musulmanes y stationna.

En l’an 102 de l’Hégire (721), les Musulmans marchèrent de Narbonne sur Toulouse, la capitale d’Aquitaine. Une large armée de Francs sous le commandement du Duc d’Eudes (Odis) d’Aquitaine submergea les Musulmans en petit nombre et as-Samh Ibn Malik, le commandant musulman, trouva la mort au combat. ‘AbderRahmane al-Ghafiqi son lieutenant, réussit héroïquement à se replier avec le reste de l’armée du champ de bataille.

 

 

‘Ambassah Ibn Souhaym al-Kalbi

 

‘Ambassah Ibn Souhaym succéda à as-Samh Ibn Malik et consolida le gouvernement musulman en Septimanie. Une offensive musulmane fut lancée en l’an 105 de l’Hégire (725), qui eut pour résultat la conquête de Carcassonne et de Nîmes. Les Musulmans étendirent leurs raids jusqu’au Rhône et la Saône. Les opérations musulmanes furent stoppées à la mort de ‘Ambassah qui fut tué dans une embuscade dans un des défilés des Pyrénées en l’an 107 de l’Hégire (726). Son lieutenant ‘Ouzra Ibn ‘Abdillah Ibn al-Fihri se retira alors aussitôt en Andalousie avec l’armée principale des Musulmans.

 

 

Al-Haytham Ibn ‘Adiyyi al-Kalbi

 

Suite à la mort d’Ambassah, l’anarchie prévalut en Andalousie. Avec cinq gouverneurs en moins de cinq années, l’administration fut paralysée. En l’an 111 de l’Hégire (729), al-Haytham Ibn ‘Adiyyi fut nommé gouverneur et il reprit les conquêtes en France. Les colonnes musulmanes pénétrèrent profondément en France et conquirent Lyon, Macon, Chalons-sur-Rhône, Beaune et Autun. Puis les Arabes et les Berbères de l’armée musulmane entrèrent en conflit et durent se retirer de ces villes suite à une contre-attaque des Francs.

 

 

‘AbderRahmane Ibn ‘Abdillah al-Ghafiqi

 

Al-Haytham fut désisté et ‘AbderRahmane al-Ghafiqi fut nommé gouverneur pour le remplacer qui peut après retourna de nouveau en France et prit la ville d’Arles après une sanglante bataille sur les rives du Rhône. Puis, sur la rive de la Dordogne, il rencontra les Francs qu’il vainquit avant de capturer Bordeaux. Plus tard, les forces musulmanes envahirent la Bourgogne et le drapeau musulman flotta sur les  villes de Lyon, Besançon et Sens.

Après leur défaite sur les rives de la Dordogne, les Francs demandèrent de l’aide à Charles Martel l’Allemand. Les croisés rassemblèrent une grande force pour s’opposer aux Musulmans qui avancèrent jusqu’à Tours qui fut prise d’assaut. La rencontre suivante eut lieu sur les rives de la Loire, à une vingtaine de kilomètres au nord à l’est de Poitiers, en l’an 113 de l’Hégire (732) ou les Musulmans furent défaits. ‘AbderRahmane al-Ghafiqi tomba au combat en défendant l’arrière garde en retrait et cette bataille est connue sous le nom de Balat ash-Shouhadah, le carré des Martyrs.

 

 

‘Abdel Malik Ibn Qatan Al Fihri

 

Après le désastre de Poitiers, le calife omeyyade Hisham Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan nomma ‘Abdel Malik Ibn Qatan nouveau gouverneur pour l’Andalousie, et l’envoya avec pour mission de retourner en France et de récupérer les positions musulmanes.

Le nouveau gouverneur reprit d’abord Aragon et Navarre puis en l’an 116 de l’Hégire (734), les Musulmans lancèrent une offensive depuis leur base de Narbonne, traversèrent le Rhône et capturèrent St-Remi avant de marcher sur Avignon. Une armée de Francs tenta sans succès de les empêcher et après les avoir vaincu, la ville d’Avignon capitula après un bref siège. Mais ‘Abdel Malik Ibn Qatan à cause de sa politique répressives devint impopulaire et fut désisté cette même année.

 

 

‘Ouqbah Ibn Hajjaj as-Salouli

 

‘Ouqbah Ibn Hajjaj lui succéda et devint le nouveau gouverneur d’Andalousie. Il renforça alors les fortifications de Narbonne et convertit la ville en grande citadelle avant de reprendre l’offensive en l’an 119 de l’Hégire (736).

Au cours des campagnes suivantes, les Musulmans prirent St-Paul, Troie les Châteaux, Valence et le Nouveau Lyon. Mais l’avancée des Musulmans fut stoppée par une contre-attaque des Francs. Les Basques et les Gascons créèrent une diversion au sud en fermèrent les points de passage des Pyrénées. Avignon fut prise d’assaut par les Francs et après un long siège, tous les Musulmans furent exécutés.

Les forces des Francs avancèrent vers Narbonne qu’ils assiégèrent mais les Musulmans offrirent une farouche résistance si bien que les Francs levèrent le siège pour recourir à la politique de la terre brûlée et pour arrêter l’avancée musulmane, ils convertirent une vaste étendue du pays au sud de la Loire en un véritable désert. Les villes de Bézier, Agen, Nîmes et Maguelone qui atteignirent la prospérité sous le règne musulmane furent détruites.

 

En l’an 123 de l’Hégire (740), une insurrection menée par ‘Abdel Malik Ibn Qatan, le gouverneur déposé, éclata en Andalousie. ‘Ouqbah Ibn Hajjaj, fut pris prisonnier et exécuté par les rebelles.

‘Abdel Malik Ibn Qatan reprit son oppression avant d’être tué lors d’une révolte. L’administration fut de nouveau paralysée et les avants postes militaires en France furent laissés à eux même et Narbonne fut abandonné par le commandant de la garnison qui retourna en Andalousie.

 

En l’an 134 de l’Hégire (751), les Francs lancèrent une offensive sur le Languedoc, la Septimanie et l’ouest de la Savoie qui étaient toujours aux mains des Musulmans. Les villes qu’ils occupaient furent incendiées et les Musulmans passés par l’épée bien qu’ils offrirent une forte résistance mais la situation se détériora progressivement.

 

En l’an 138 de l’Hégire (755), seule la ville de Narbonne restait aux Musulmans mais les Francs purent l’assiégée avec toutes leurs forces et ressources durant quatre ans et en l’an 142 de l’Hégire (759), par la traîtrise des habitants chrétiens de la ville, la ville de Narbonne fut capturée et tous les Musulmans massacrés et ainsi prit fin la présence des Musulmans en France.

 

 

La colonie de Saint-Tropez

 

Cent trente ans après leur extermination à Narbonne, un groupe de Musulmans s’installa à Saint-Tropez sur la côte de Provence. Cette colonie des Musulmans s’établit en l’an 277 de l’Hégire (890) et pour une durée d’environ trois siècles, d’où, ils lancèrent des raids sur Aix en Provence, Marseille et vers les passes alpestres, en Dauphine, la Savoie, la Suisse et le Piémont. Ils attaquèrent Novalesa, Acqui et même Gênes. Ils eurent quelques forteresses dans les Alpes tel que St-Bernard et la région côtière de Fraxinet (farakhshah). Cette principauté musulmane disparue dans la deuxième moitié du dixième siècle.

 

 

Les Musulmans en Italie

 

Seul le Golfe de Messine les séparait du territoire principal, quand les Musulmans devinrent les maîtres de la Sicile et bientôt, ils pénétrèrent en Italie.

 

En l’an 223 de l’Hégire (837), la principauté de Naples demanda de l’aide aux Musulmans contre sa rivale Venise et le cri de guerre musulman Allahou Akbar retentit sur les pentes du Vésuve.

 

En l’an 232 de l’Hégire (846), Rome fut menacée par les escadrons musulmans. Les Musulmans réussirent à établir quelques brèves principautés sur le territoire italien et les campagnes en Italie furent en grande partie entreprises de leurs bases en Sicile. Mais d’autres campagnes furent également lancées de l’Afrique du Nord, la Crète et la Syrie. Lors de ces campagnes, les Musulmans capturèrent plusieurs fois Calabre dans le sud de l’Italie et de Calabre, ils marchèrent vers Lucane, Compagni et Puglie.

De même, les Musulmans établirent plusieurs principautés en Italie dont trois principales.

 

En l’an 233 de l’Hégire (847), La principauté de Bari, sur la côte sud-est de l’Italie face à l’Adriatique, fut fondée par le commandant Berbère Kalfou, venu de Sicile, et devint la capitale d’un petit état islamique indépendant avec un émir et une mosquée. Après sa mort, en l’an 238 de l’Hégire (852), il fut succédé par Moufarraj Ibn Sallam qui renforça la conquête musulmane et élargit ses frontières. Il demanda également la reconnaissance officielle du calife abbasside al-Moutawakkil en lui portant allégeance.

Moufarraj mourut assassiné avant d’être remplacé Sawdan qui devint le nouvel émir de Bari en l’an 243 de l’Hégire (857) et à son tour envahit les terres du Duché Lombard de Bénévent forçant le duc Adelchis à lui payer la Jizyah.

 

En l’an 250 de l’Hégire (864), il obtint l’investiture officielle des Abbassides demandé par Moufarraj son prédécesseur. La ville fut alors agrémentée d’une mosquée, de palais et des travaux publics furent entrepris. La principauté fut reconquise par les Italiens en l’an 257 de l’Hégire (871).

           

Une autre principauté musulmane fut fondée à Tarente sur la côte sud-ouest de l’Italie en l’an 236 de l’Hégire (850) et dura trente années. Aucun détail des émirs de Tarente n’est disponible. La principauté fut annexée par les Italiens en l’an 267 de l’Hégire (880).

Une autre colonie musulmane s’établit à Garigliano au cours du neuvième et au début du dixième siècle, d’où ils lancèrent de fréquents raids sur la Campanie et l’Italie centrale. En l’an 303 de l’Hégire (915), une coalition papale réunissant les Byzantins, les Francs, les Lombards, et Naples vainquirent les Musulmans lors de la bataille de Garigliano.

Quand les Normands conquirent la Sicile, certains Musulmans de Sicile traversèrent en Italie et établirent une colonie de réfugiés à Luceria. Ces Musulmans ne vinrent par en conquérants et furent tolérés jusqu’en l’an 700 de l’Hégire (1300) ou ils furent exterminés et leur colonie détruite par Angevius.

 

 

La conquête des Îles de la Méditerranée

 

Les historiens ont divisé les conquêtes de ces îles en deux catégories :

1 - Les conquêtes des îles méditerranéennes de l’est, Chypre, Rhodes, Crète et les îles de la Mer Égéenne, qui furent lancées de la Syrie et de l’Egypte.

 

 

Chypre

 

Chypre (qoubrous) est île eurasienne situé à l’est de la Méditerranée et la troisième plus grande île méditerranéenne. Suite au traité signé par le calife ‘Abdel Malik et César Justinien II, le revenu annuel de Chypre fut également divisé entre les deux empires. Richard I d’Angleterre captura l’île en l’an 587 de l’Hégire (1191) pendant la Troisième Croisade et, l’utilisa comme une arrière base qu’il vendit finalement au Templiers (ou Hospitaliers). Ainsi pour les quatre siècles suivants, Chypre resta sous le contrôle des Francs.

 

En l’an 977 de l’Hégire (1570), une expédition navale sous le commandement de Pacha Piyale ramena l’île sous le contrôle des Ottomans. La liberté religieuse fut donnée à tous les habitants et l’église grecque fut restaurée. Il est important aussi de noter que les Ottomans Turcs abolirent l’esclavage.

 

En l’an 1295 de l’Hégire (juin de 1878), les Ottomans cédèrent l’île aux Britanniques à la suite de la guerre Russo-turque de 1877-78. La Chypre devint indépendante en l’an 1379 de l’Hégire (1960).

 

En l’an 1394 de l’Hégire (1974), le général cypriote grec Grevas devint l’administrateur de l’île. Cependant, la Turquie occupa l’île pour éviter l’acquisition de la Chypre par la Grèce et les forces turques établirent la république turque de Chypre dans la partie nord de l’île.

 

2 - Les invasions des îles méditerranéennes de l’ouest, Malte, la Sicile, la Sardaigne la Corse et les Baléares qui furent lancés de Tunis (ifriqiyah) et d’Andalousie.

Ces îles qui étaient dans les territoires Byzantin et Franc, faisaient partie d’une zone tampon ou d’une ceinture entre les côtes islamiques et les côtes européennes.

Nous remarquons que dans beaucoup de cas, le mot utilisé pour faire allusion à ces expéditions est « invasion », plutôt que « conquête ». En fait, ces campagnes étaient des incursions qui avaient pour but d’inquiéter l’ennemi et de revenir avec du butin. Pour cette raison, beaucoup de sources non-musulmanes les voient à tort comme des actes de piraterie qu’elles n’étaient pas mais plutôt des guerres entre les états et dans les guerres, les possessions de chaque côté sont ouvertes à l’invasion de l’autre et comme nous l’avons vu dans l’histoire du Maghreb, des Omeyyades et des Abbassides, les Byzantins se livrèrent un très grand nombre de fois à ce genre d’activité. Tout au long de l’histoire, les Musulmans et les Byzantins essayèrent de capturer les possessions de chacun et à la différence de ces derniers, les attaques musulmanes avaient pour but de rester dans les territoires capturés. Les récits historiques sur les conquêtes des îles méditerranéennes n’ont hélas pas le même niveau de détail des conquêtes de l’Iraq, de la Perse de la Syrie ou de l’Egypte.

 

Les îles furent conquises comme suit :

1. Chypre en l’an 33 de l’Hégire (653) de la Syrie.

2. Rhodes en l’an 52 de l’Hégire (672) de la Syrie.

3. Crète, en l’an 210 de l’Hégire (825) d’Alexandrie.

4. La Sicile, en l’an 212 de l’Hégire (827) de Sousse (soussah) en Tunisie actuelle (ifriqiyah).

5. Malte, en l’an 221 de l’Hégire (835) de Tunis.

6. Les Baléares, en l’an 290 de l’Hégire (902) d’Andalousie.

7. La Sardaigne, en l’an 406 de l’Hégire (1015) de Tunis.

 

 

Chypre

 

Mou’awiyyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) conduisit la première bataille en mer de Chypre en l’an 27 de l’Hégire (647) alors que les Musulmans n’avaient jamais navigués auparavant sur la Méditerranée. Il demanda la permission au Calife ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) d’envahir l’île, en lui écrivant de Hims, en l’informant de la proximité de l’île : « Les gens d’un des villages de Hims peuvent entendre l’aboiement des chiens de Chypre et le gloussement de leurs poulets » écrivit-il. ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) écrivit alors à ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui), et lui demanda de lui décrire la Méditerranée. ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) lui répondit en disant : « C’est une grande création, embarquée par une petite création et il y a rien que de l’eau et du ciel. Si la mer est calme, les cœurs sont agités et si elle s’accroît, les esprits deviennent inquiets. La certitude diminue et le doute augmente. Une personne dans la mer ressemble à un ver se cramponnant sur un bâton. S’il penche, il se noie et s’il survit, il est ravi ».

 

Par conséquent, ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) ne donna pas la permission à Mou’awiyyah (qu’Allah soit satisfait de lui) pour naviguer la mer. Cependant, son successeur, le Calife ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) l’autorisa à faire ainsi en l’an 27 de l’Hégire (647). ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) voulut s’assurer de l’assurance de Mou’awiyyah et de son aptitude à livrer une bataille navale et lui écrivit, disant : « Si ton épouse embarque avec toi, tu as ma permission mais dans le cas contraire, tu ne peux procéder ».

De plus, la permission était basée sur l’accord que les Moujahidine devraient être des volontaires. Lorsque l’hiver passa, Mou’awiyyah (qu’Allah soit satisfait de lui), accompagnée par sa femme Fakhitah Bint Qourazah, à la tête d’une très large flotte quitta Acre (‘akkah) après avoir ordonné la reconstruction du port. ‘Oubadah Ibn as-Samit (qu’Allah soit satisfait de lui) emmena aussi sa femme, Oumm Haram Bint Milhan al-Ansariyah et un certain nombre de Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) se joignirent à l’expédition. ‘AbdAllah Ibn Sa’d Ibn Abi Sarh le rejoignit d’Egypte et ils combinèrent leurs forces pour attaquer Chypre. Quand ils jetèrent l’ancre, les gens de l’île firent un traité de paix dont la base était le paiement chaque année de sept-mille-deux-cents dinars aux Musulmans et comme ils payaient déjà une somme semblable au Byzantins, les Musulmans agréèrent qu’ils continuent à la faire. Oumm Haram tomba de sa monture lorsqu’elle débarqua du navire et mourut. Le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) l’avait précédemment informée qu’elle participerait à la première expédition des Musulmans en mer.

 

En l’an 32 de l’Hégire (652), les Chypriotes aidèrent les Byzantins à préparer une flotte pour attaquer les Musulmans et donc Mou’awiyyah (qu’Allah soit satisfait de lui) les attaqua préventivement en l’an 33 de l’Hégire (653) avec cinq-cents navires. Il conquit Chypre (qoubrous) par la force des armes et ensuite, conformément au traité de paix, douze-mille Musulmans s’installèrent dans l’île et y construisirent des mosquées. Un groupe de Musulmans quitta aussi Baalbek pour l’île où ils construisirent une ville. Quand Mou’awiyyah (qu’Allah soit satisfait de lui) décéda, son fils Yazid ordonna le retour des Musulmans en Syrie et ordonna la destruction de la ville.

 

 

Rhodes

 

Durant le califat de Mou’awiyyah (qu’Allah soit satisfait de lui), Jounadah Ibn Oumayyah (qu’Allah soit satisfait de lui), envahit Rhodes en l’an 52 de l’Hégire (672) et conquis l’île. Les Musulmans y vécurent pendant sept années et occupèrent un fort. Ils conquirent aussi l’île de Kouzicos près de Constantinople en l’an 54 de l’Hégire (672). Quand Mou’awiyyah (qu’Allah soit satisfait de lui) décéda, son fils Yazid lui succéda et écrivit à Jounadah pour lui demander de détruire le fort et de revenir en Syrie, comme il fit pour Chypre.

 

 

La Crète

 

Crète (aqritish) est l’une des treize régions de la Grèce et la deuxième île en superficie de la partie est de la Méditerranée. Abou Hafs ‘Omar al-Ballouti avec un groupe de Musulmans conquit Crète et y établit un émirat musulman. Abou Hafs ‘Omar al-Andalousi ou al-Iqritishi avait été impliqué dans un soulèvement infructueux à Cordoue, comme nous l’avons déjà mentionné, et fut expulsé avec un groupe de rebelles avec qui il se rendit à Alexandrie ou, après avoir été forcé à quitter la ville, se rendit en Crète. Ils débarquèrent à Cap Kahrax (kharakas) dans le Golfe de Mesara. De là, les rebelles sous le commandement d’Abou Hafs se dirigèrent vers le nord avant de capturer l’île en l’an 209 de l’Hégire (825) et d’en faire une base pirate.

La capitale de la Crète était Candia (al-khandaq) et le règne des Musulmans y dura 135 ans. En l’an 349 de l’Hégire (960), le commandant byzantin, Nicéphore Phokas assiégea Candia et après un féroce siège de plusieurs mois, captura l’île. Le dernier souverain musulman de Crète décéda à Constantinople et son fils, Anemas, fut employé par l’empereur romain. La plupart des habitants musulmans abandonnèrent l’île tandis que le reste d’entre eux fut convertis de force au christianisme.

 

En l’an 703 de l’Hégire (1304), la Crète fut vendue aux Vénitiens. En revanche de l’attaque vénitienne sur des navires turcs attachés à l’Egypte, les Ottomans attaquèrent et conquirent Kanea (khaniah) et Rethymno. Ils assiégèrent Candia en l’an 1058 de l’Hégire (1648) qui après un siège de 21 ans, tomba en l’an 1079 de l’Hégire (1669) et resta durant 229 années sous le règne des Ottomans. Beaucoup de soulèvements chrétiens furent réglés avec succès cependant, en l’an 1314 de l’Hégire (1897), les habitants chrétiens répandirent beaucoup de sang des Musulmans dans les rues de Kanea puis les Grecs et les forces européennes débarquèrent sur l’île. Comme la Grèce ne mit pas fin à son intervention, il en résultat une lourde bataille entre la Turquie et la Grèce au cours de laquelle forces de cette dernière furent anéanties.

 

En l’an 1315 de l’Hégire (1898), l’Allemagne et l’Autriche avancèrent leurs forces, mais le Royaume-Uni, la France, l’Italie et la Russie décidèrent de diviser l’île en quatre parties. Les forces ottomanes quittèrent la Crète cette même année (en novembre 1898). Et le Prince grec George devint le Haut-commissaire de l’île. Les habitants musulmans furent forcés à émigrer de leur patrie. Finalement, suite à la guerre balkanique, en l’an 1331 de l’Hégire (1 décembre 1913), et selon le Traité de Londres, la Crète fut cédée à la Grèce avant d’être occupée par l’Allemagne pendant la deuxième guerre mondiale de 1941-1945. Ainsi après les siècles de règne musulman des années 825 de l’Hégire (961) et de nouveau en l’an 1521 de l’Hégire (1898), la Crète revint aux chrétiens grecs.

 

La première personne à attaquer la Crète fut Jounadah Ibn Abi Oumayyah al-Azdi en l’an 55 de l’Hégire (674), pendant le règne de Mou’awiyyah Ibn Abi Soufyan  (qu’Allah soit satisfait de lui). Jounadah en conquit une partie avant de revenir en Syrie, suite au siège infructueux de Constantinople par les Musulmans, en l’an 60 de l’Hégire (679). Joumadah décéda en l’an 80 de l’Hégire (699).

L’île fut de nouveau attaqué par Houmayd Ibn Ma’youn (ou Ibn Ma’youf), qui fut chargé de la sécurité des côtes méditerranéennes de la Syrie par le calife abbasside Haroun ar-Rashid, avant de la conquérir en l’an 190 de l’Hégire (805). Néanmoins, les Musulmans ne restèrent pas dans l’île et la quittèrent.

 

En l’an 211 de l’Hégire (826), les Musulmans envoyèrent dix ou vingt navires vers la Crète et revinrent avec un grand nombre de captifs et du butin.

Nous n’avons nul détail pour décrire la conquête de l’île par les Musulmans hormis le récit que nous avons déjà mentionné lors de la rébellion des travailleurs de Cordoue, vivant dans ar-Rabd al-Qiball, sur les rives du Guadalquivir (wadi al-kabir - Le Grand Fleuve), sous le règne de l’émir d’Andalousie al-Hakam Ibn Hisham en l’an 180 de l’Hégire (206). Ces rebelles attaquèrent le palais royal et l’émir envoya son cousin ‘Asbah Ibn ‘AbdAllah qui, pour briser le siège, incendia leurs maisons et plus tard, furent expulsés d’Andalousie.

Certains partirent pour Fès tandis que d’autres naviguèrent vers Alexandrie ou de nouveau, ils prirent part à une rébellion et en l’an 210 de l’Hégire (825), le calife abbaside, al-Ma'moun envoya son commandant, Ibn Tahir ‘AbdAllah avec une armée d’hommes du Khorasan qui mit fin à leur sédition avant de reprendre Alexandrie. Ibn Tahir conclut un arrangement avec eux en échange de les laisser partir librement. Ils demandèrent l’autorisation de naviguer aux frontières des terres romaines et il accepta. Les rebelles partirent vers la Crète à bord de quarante navires et Abou Hafs leur chef fut surnommé le « Crétois » (al-iqritishi). Ils s’établirent sur une colline, qu’ils entourèrent avec des défenses de bois avant de partir vers un endroit plus sûr qu’ils cerclèrent d’une large tranchée et qui devint connue sous le nom de Candia (rabad al-khandaq). Nous avons rapporté aussi cette histoire dans notre Abrégé de l’Histoire des Abbassides.

Sous l’Empire d’Ottoman cette ville fut appelée Kandiye et de nos jours porte le nom d’Iraklion et elle se trouve vers le centre de la côte nord de Crète.

Abou Hafs domina vingt-neuf villes sur l’île et établit quarante régions mais les narrateurs n’identifièrent aucune d’entre elles pour pouvoir juger de l’ampleur de la conquête accomplie en l’an 230 de l’Hégire (844).

En raison de leurs nombres limités et du fait de n’avoir aucune base arrière, ils se marièrent avec les gens de l’île et cela eut pour résultat la naissance d’une génération dont les pères étaient des Musulmans andalous et les mères des Crétoises. Les Musulmans exploitèrent les ressources minérales de l’île telles que le bois, pour renforcer leur flotte et ils prirent l’île comme une base opérationnelle pour conduire des raids sur les îles byzantines avoisinantes.

 

Les Byzantins manquèrent à deux occasions de récupérer l’île. Lors de la première, leur chef, Damian fut parmi les captifs prit par les Musulmans et dans la deuxième, leur chef s’enfuit dans un navire poursuivit par les Musulmans jusqu’à ce qu’ils l’aient capturé et tué. En raison de sa proximité avec l’empire byzantin, il devint nécessaire à la Crète de se placer sous l’autorité de l’Egypte, comme part de l’état abbasside.

 

En l’an 214 de l’Hégire (829), la flotte crétoise remporta une victoire contre la flotte byzantine, près de l’île de Thasos qui est dans la Mer Thracienne, près de la côte grecque qui resta sous le contrôle des Ottomans pour des siècles, mais qui aujourd’hui fait une partie de la Grèce. Puis les Musulmans de Crète attaquèrent les côtes d’Anatolie et envahirent les îles de Cyclades et d’autres îles appartenant au Byzantins.

 

Pendant le règne de Théophile de l’an 214 à 226 de l’Hégire (829-840) et pendant le règne de Michael III de l’an 226 à 252 de l’Hégire ( 842-867), des raids sur l’île de Mithilin (Samos) furent entreprit et le 23 de mois de Joumadah Thani de l’année 229 de l’Hégire (18 mars 843), Theoktist disposa avec une grande flotte pour la côte de Crète et fut victorieux au début avant d’être vaincu et la flotte musulmane revint en Crète, et menaça les côtes de Constantinople.

Alors le jour de ‘Arafat, de l’année 238 de l’Hégire (22 mai 852), trois-cents navires byzantins envahirent le port de Damiette (dimyat) bien que la Crète fut gouvernée par l’Egypte. Durant l’attaque, ils prirent captives mille-six-cents femmes, dont cent-vingt-cinq étaient des musulmanes, pendant l’absence de sa garnison, ils pillèrent la ville puis brûlèrent ses mosquées et ses églises. Alors ils quittèrent Damiette et se dirigèrent vers Ashtoum Tarns, qu’ils attaquèrent et pillèrent avant de revenir dans leur terre.

 

En l’an 248 de l’Hégire (862), la flotte crétoise attaqua l’île d’Athos et en l’an 252 de l’Hégire (866) l’île de Néon, qui est une petite île près d’Athos et dont ils firent leur bastion. Les Byzantins furent incapables d’arrêter ces attaques, jusqu’à ce qu’en l’an 266 de l’Hégire (879), une flotte byzantine, sous le commandement de Nikitas Ariva détruisit la flotte crétoise dans le Golfe de Corinth mettant ainsi fin aux activités navales des Musulmans pour vingt ans, avant qu’ils ne retournent et envahissent de nouveau les Cyclades et pénétrèrent aussi loin que la Mer de Marmara.

Alors la flotte crétoise rejoignit la flotte de Léo de Tripoli, qui était un des amiraux des Musulmans de Tartus (tartous ou taratous), en Syrie et ensemble, entreprirent la destruction de Salonique, sur la côte de Thessalie (Grèce). Ils capturèrent vingt-deux-mille de ses habitants et les vendirent comme esclaves sur les marchés de Tripoli en Syrie et d’al-Khandaq en Crète.

Léo de Tripoli était un pirate grec qui servit les intérêts musulmans au début du dixième siècle de l’ère chrétienne. Né en Grèce de parents chrétiens, il se convertit plus tard à l’Islam et devint un amiral des forces musulmanes. Son premier nom arabe fut Ghoulam Zourafah avant de prendre pour nom, Rashiq al-Wardami.

 

En l’an 298 de l’Hégire (910), une flotte byzantine attaqua Crète, mais fut vaincue. Lors de la deuxième moitié du troisième siècle de l’Hégire, Crète devint la base navale la plus importante pour les Musulmans à l’est de la Méditerranée et le resta jusqu’à ce que l’empereur byzantin, Romanus I Lekapenus vainquit Léo de Tripoli en l’an 312 de l’Hégire (924) près de l’île de Lemnos.

 

Le 1 du mois de Mouharram de l’année 350 de l’Hégire (20 février 961), le commandant Nicéphore Phokas, à la tête d’une énorme flotte de deux-mille-six-cents navires de guerre et mille-trois-cent-soixante navires de réserves attaqua l’île par surprise. Certains navires avaient deux-cent-cinquante rames distribuées le long de quatre ponts. La flotte encercla toutes les côtes de l’île et les habitants montrèrent une résistance héroïque avant qu’al-Khandaq ne tombe le 16 du mois de Mouharram de l’année 350 de l’Hégire (7 mars 961). Ainsi les Byzantins capturèrent la Crète, après qu’elle fut gouvernée par les Musulmans pendant plus d’un siècle. Arianus le fils de Constantine, le roi de Constantinople, y devint gouverneur après ‘Abdel ‘Aziz Ibn ‘Abdel ‘Aziz Ibn Shou’ayb et la suprématie navale à l’est de la Méditerranée revint une nouvelle fois aux Byzantins.