LES HOMMES
« Et pourquoi craindrai-je cette eau où j’ai passé toute ma
vie ?
Ces vents ont flatté mon berceau
Ces flots ont été ma patrie
Et puisqu’un jour il faut mourir
Un franc marin qui fuit la terre doit rendre le dernier soupir
Dans la vague qui fut sa mère ! »
Edmond Corbière
La diversité des tâches sur un navire exigeait un personnel aussi nombreux
que spécialisé. On y trouvait des hommes de tous les âges, de toutes
les conditions sociales et de toutes les ethnies : Turcs,
Maghrébins, Andalous, Européens convertis et Juifs. Tous furent les
acteurs fameux des grands drames de la mer.
Dans ce monde étrange et cosmopolite, le dénominateur commun était l’amour
de l’aventure, les dispositions aux longues croisières, l’expérience
de la navigation au large, de nuit et de jour. Ils étaient tous bien
rompus au « matelotage. »
Navigateurs virtuoses, ces marins étaient nés pour les coups durs. Leur
vraie patrie était le navire, seul univers où l’on pouvait évoluer à
sa guise, réussir sa vie, forcer le destin et concrétiser ses rêves.
« Là lut son berceau ! Là sa tombe[1] ! »
Dès l’enfance, ces gens de mer s’étaient familiarisés avec le perfide
élément et s’étaient habitués aux risques du métier. Une fois à
terre, ils se sentaient dépaysés, car ils s’étaient fait des flots
une seconde nature.
Sans cesse mis à l’épreuve, ils furent durement façonnés par l’implacable
combat et par la gravité des situations. Rien ne peut mieux décrire
le marin d’Alger que ces lignes d’un contemporain visiblement du
métier : « En mer, il est le maître, rien n’est plus grand et plus
fort que lui, son navire, il l’a fait ; l’immensité, il la parcourt
et en sillonne, à son gré, la superficie. Le vent de mer,
ameute-t-il contre lui ses bouffées et ses lames ? Il mesure de
sang-froid la somme de résistance qu’il faut lui offrir et ne cédera
que pouce à pouce. »
L’homme trop prudent ou hanté par des craintes et des appréhensions ne
pouvait, en aucun cas, faire partie de ce monde mouvementé, encore
moins diriger des batailles ou porter de la vie et de la fortune
d’un équipage.
Chroniqueurs et historiens de bonne foi furent en grande partie, unanimes
sur les qualités maîtresses de nos marins. Ils furent frappés par
« la hardiesse et l’audace » de ces gens qui manquaient à bien des
navigateurs de l’époque. Un des premiers observateurs de la marine
algérienne fut Haëdo. « Les Algériens, dit-il, travaillent toute
l’année aux œuvres de la navigation que ce soit en mobilisant leur
escadres ou leurs unités ou bien en les entretenant en parfait état
de navigabilité. »
Alors que Kersaint voyait dans les marins d’Alger : « Des équipages bien
ameutés, bien disciplinés [...] jour et nuit attentifs et en état
d’alerte, toujours en exercice, » il trouvait les marins français de
« simple milice de la mer, habitués aux trajets d’aller et venir à
nos colonies en escadre [...] portés naturellement à la mollesse et
à l’oisiveté[2]. »
C’est sur le terrain que l’on jugera. En 1671, des expéditions furent
décidées en France contre les Salétins. On confia les missions à
Chateau Renautl puis au Comte d’Estrées avec, pour ordre de se
rendre à Salé et y incendier les vaisseaux qui s’y trouveraient. Le
résultat ayant été négatif, d’Alméria fut dépêché à Porto Farina,
avec douze bâtiments, un magasin flottant, trois brûlots, et deux
tartanes « pour détruire les Salétins réfugiés dans ce port. »
L’Amiral Tourville faisait partie de la croisière. Il commandait
« Le Duc » de quarante-deux canons et deux cent cinquante matelots.
Poussé par les vents, le voici devant Sousse.
« Je pris, écrit-il[3],
la résolution de les [Salétins] surprendre pour les brûler, la nuit,
avec deux chaloupes. Je m’embarquais vers 10 heures du soir, dedans
une, et après avoir recommandé mon navire à tous mes officiers [...]
je m’en allai dans le port dont l’entrée est assez difficile. Je fis
nager tant que je pus, droit aux bâtiments et abordai une polacre où
il y avait seize pierriers, trente Turcs et deux pièces de canon ;
et après m’en être rendu maître et fait abandonner les Turcs, je fis
mettre le feu sous le gaillard de la poupe [...] il se rencontra,
par malheur, que la polacre était abordée d’un navire de guerre
d’Alger qui avait combattu contre les galères de Malte, où il y
avait cent Turcs dedans, et après avoir vu le feu bien allumé et
avoir débordé de la polacre, tous les turcs du vaisseau se sont
jetées dedans pour l’éteindre. Sans ce secours, il aurait eu
quatorze bâtiments de brûlés[4] ! »
Le regret de Tourville est un hommage rendu à ces intrépides matelots,
« troupes aguerries par les courses de mer et par les occasions
fréquentes de sanglants combats[5]. »
Ce monde qui naviguait toujours se divisait en quatre groupes : les Raïs, l’Etat-major, les matelots et marins et la compagnie d’abordage.
A - LES RAÏS
« Ils firent trembler tout ce qui bougeait sur les flots ! »
Comment étaient-ils physiquement ? Les plumes européennes aimaient bien en
tracer le portrait, peut-être pour mieux effrayer l’opinion
occidentale et rendre, en même temps, ces hommes plus détestables
outre Méditerranée.
« Grands et forts, des colosses... d’une corpulence supérieure à
l’ordinaire... tout rasés, fors la moustache... armés jusqu’aux
dents... avec au moins deux coutelas à la ceinture ... les manches
retroussées sur les bras, et quels bras ! Les yeux rouges furieux à
l’abordage... Une force de la nature contre laquelle il est inutile
de se mesurer. »
Ce n’est pas tout ! Les rais firent couler beaucoup d’encre. Pas un aspect
de leur vie ou de leur métier n’échappa aux consuls, aux
chroniqueurs et aux captifs.
1 - Les origines
Venus d’horizons divers, les Raïs formaient, à Alger, une société
cosmopolite, mais solidaire par formation et par intérêt. On y
trouvait des Turcs d’origine, des sujets ottomans[6],
des Coulouglis, des Andalous, des autochtones mais la grande
majorité était constituée de nouveaux convertis, appelés renégats
par les auteurs européens.
Au XVIème siècle, la puissance ottomane s’affirma en Méditerranée. Les
Régences du Maghreb devinrent alors un vaste réceptacle de sujets
européens, mécontents de leur sort et de leur souverain. Ils
n’avaient chez eux aucune possibilité d’améliorer une situation à la
mesure de leur capacité et de leur ambition. Ils avaient fui en
terre maghrébine dès le début. Les Corses vinrent par milliers. Ils
avaient préféré quitter leur île, plutôt que d’accepter la
domination génoise[7]. L’attrait de la
liberté et les possibilités d’une réussite rapide firent d’Alger un
pôle d’attraction universel. Les marins y affluaient
particulièrement. La majorité était des Français, des Anglais, des
Flamands, des Ecossais, des Irlandais, des Danois, des Hongrois, des
Slaves, des Espagnols... Mettant en garde Colbert contre
l’attraction d’Alger, le commissaire Trubert lui dit, dans sa lettre
du 17 août 1667 : « Recommandez aux capitaines de ne laisser
descendre personne à terre, ici, les Provençaux y prennent aussi
facilement le turban qu’un bonnet de nuit[8]. »
2- Le nombre
La présence trop voyante d’Européens ayant choisi Alger scandalisait la
chrétienté. Nicolay affirme que tous les Turcs d’Alger, en 1550,
étaient d’anciens chrétiens[9].
Ils formaient déjà la majorité des hommes de guerre et de marine. Un
rapport espagnol affirmait, en 1569, qu’il y avait ici, plus de six
mille corses. Parlant des étrangers, Haëdo disait qu’ils formaient
plus de la moitié des habitants de la ville. d’Aranda avait recensé,
en 1641, plus de trois mille français à Alger seulement[10].
Le Père Dan, particulièrement affecté par la présence et l’activité
de ces « Turcs de profession » en dénombra huit mille en 1632, dont
deux cents femmes. La majorité de ces dernières étaient russes[11].
En 1667, le « Tableau de piété envers les captifs » comptait quinze
mille « reniés » dans Alger et Tunis[12].
La marine d’Alger les attira tout particulièrement : En 1558, alors que le
Pacha était un hongrois, sur les trente-trois Raïs d’Alger, dix-neuf
étaient des convertis et deux en étaient des fils. Les deux tiers
des galiotes étaient commandées par ces anciens chrétiens au grand
désespoir de l’Europe.
Sur quatre vaisseaux algériens capturés par Beaulieu Persac, en 1620,
trois étaient commandés par des convertis. Dans trois autres,
enlevés en 1621, sur les quatre-vingt marins arrêtés, quatorze
étaient d’anciens chrétiens[13].
A l’époque du Dey Mustapha Pacha (1797-1807) les nouveaux musulmans
servaient dans la marine par centaines.
3 - Les raisons d’un
choix
On a beaucoup écrit sur les mobiles qui poussaient les chrétiens à choisir
Alger, à changer de religion et à servir dans la marine. Etait-ce
l’attrait de l’Islam ? La crise de foi de ces immigrés ou l’intérêt
personnel ?
a) Le profit matériel : Pour certains, « on prenait le turban pour des
raisons politiques ou privées, non religieuses[14]. »
On devenait musulman par calcul et non par conviction[15].
« Tous les renégats, affirme le P.Hérault, sont ordinairement attirés à la
loi mahométane, non pas par aucun désir qu’ils aient de servir Dieu
par un culte qui lui soit plus agréable, ni par raison naturelle [..
.] ni par aucune bonne fin, comme.sont attirés les Turcs au
christianisme [...] mais seulement par force ou libertinage ou par
la tolérance de toute sorte de vices[...] ou pour vivre plus
grassement ou pour être mariés plus commodément [...]ou pour se
venger de ses ennemis plus facilement[16]. »
b) L’ouverture sur une position sociale rapide et enviable
: Quelques-uns, courageux, énergiques et plus chanceux aussi
arrivèrent à s’imposer et à s’élever au poste combien envié de Raïs.
A la fin du XVIème siècle, on comptait entre autres, un français :
Morat Raïs ; un Albanais : Mourad Raïs ; un Génois : Ferer Raïs ; un
Espagnol : Morad Patrapello ; un Grec : Morad Raïs le petit ; un
Juif : Memet le Sarde ; un Sicilien : Mami Raïs.
D’origine très modeste, ils se trouvèrent en peu de temps, compris dans la
classe dirigeante de ce pays.
On a nié les pures intentions des convertis. On a refusé à leur nouvelle
religion l’attrait qu’elle avait pu exercer sur eux. On les condamna
à être des musulmans pas comme les autres. « Les conversions, écrit
Vovard, n’ayant pas un mobile religieux, étaient de superficie.
Certains renégats conservaient au fond de leur cœur, leur foi
chrétienne[17] ».
Faisons remarquer que cet auteur qui n’apporte pas de preuve, ne fut
ni leur confesseur, ni le détendeur d’un pouvoir surnaturel lui
permettant de lire les convictions intimes des fidèles.
Parlant de ‘Uldj ‘Alî (Ouchaly), Brantôme affirme que le fameux Raïs
« prit le turban pour cacher sa teigne [...] et bien qu’il fit bonne
mine de renégat, il ne quitta jamais sa religion ou christianisme[18]. »
D’autre part, si on avait refusé aux nouveaux adeptes de l’Islam le droit
de se séparer de leur ancienne religion et celui d’être de bons
musulmans, si on a crié que les renégats avaient bel et bien gardé
leur foi chrétienne, alors pourquoi les inonder d’invectives. Haëdo
les traitait « d’écume de la chrétienté. » D’autres voyaient en eux
« des gens sans foi ni loi » ; on les traitait de bêtes féroces, de
gens perdus, de milice d’étrangers, de fugitifs de la chrétienté, de
gens sans religion[19],
d’individus « capables d’horribles choses. »
La haine des convertis fait dire à certains auteurs une chose et son
contraire. En voici un exemple ; « Ils [...] exécutent un
débarquement, s’avancent dans l’intérieur des terres jusqu’à dix,
quinze lieues et davantage, tombent sur les habitants surpris,
pillent les populations, enlèvent de nombreux captifs, ravissent des
enfants encore à la mamelle et emmènent avec eux un butin riche et
varié dont ils chargent leurs bâtiments. Il y a même des renégats
...qui traînent, attachés derrière eux, leur père, leurs frères, ou
leurs parents qu’ils vendent ou dont ils font des Musulmans. »
Ainsi, les renégats étaient, à la fois, de mauvais Musulmans et des
Musulmans zélés !
c) L’appât du gain : n’était nullement le mobile majeur qui poussait vers
l’abjuration. Aucun auteur musulman ne l’avait pensé ou écrit. Les
actes de ces convertis excluent tout soupçon ou toute réserve. On ne
peut douter de la sincérité, de la bonne foi et de l’abnégation de
ces prosélytes. Ils furent à l’Islâm ce que les Chevaliers de Saint
Jean furent à la chrétienté. Ils combattirent l’Infidèle avec ardeur
et détermination, « pour la gloire et le profit de leur nouvelle
religion et de leur patrie d’adoption. » Une fois acceptés, ils
vivaient dans la famille et la société algériennes. Leur fidélité
constante à un idéal, leur attachement au grand intérêt de la
Régence, leur dévouement aux causes des Musulmans, en Occident et en
Orient, ne se démentirent jamais. La très grande majorité d’entre
eux s’en était tenu au même parti, une fois la décision prise. En
constituant durant plus de trois siècles, les forces vives du pays,
ils mirent leur énergie, leurs connaissances nautiques au service
d’une marine agissante. Ne firent-ils pas avorter des dizaines de
complots que de grands stratèges européens avaient tissés pour
mettre, à genoux, la Régence ? « Ce fut à leur force de résistance,
écrit De Grammont, qu’Alger dut d’échapper au sort que firent subir
aux corsaires de Tripoli, de Sainte Maure et de Bizerte, les
Chevaliers de l’Ordre de Saint Jean. »
4. Comment devenait-on Raïs ?
Le Conseil des Raïs, assemblé sous la présidence du Koptan (amiral)[20])
dans le kiosque[21] interrogeait
les candidats. Les aptes étaient nommés par le Dey pour commander
une unité de l’Etat ou des particuliers.
Les connaissances théoriques requises étaient très modestes. On devait
savoir bien utiliser la rose des vents, prendre certains
relèvements, naviguer à l’estime, observer certaines étoiles,
particulièrement celle qu’on appelait « Assam » (la polaire).
Lors de la capture d’un bâtiment, le Raïs gardait, pour son usage
personnel, cartes, portulans, boussoles, et tout ce qui avait une
utilité pour la navigation.
Les capitaines devaient savoir que les côtes espagnoles étaient au Nord,
que la côte africaine était au sud et, à défaut de boussoles, il
leur était prescrit de s’aider des sommets des montagnes pour se
diriger et atteindre le but recherché[22]. Le souci de se
perfectionner et de tirer profit des progrès techniques était
manifeste. Les responsables n’épargnaient aucun effort pour
apprendre, le Consul Lemaire révèle, dans une de ses lettres, que
« l’Intendant de la Marine m’a demandé un recueil relié des cartes
maritimes du monde entier et quatre recueils des cartes
particulières de la Méditerranée dédiées par Michelot et Bremons à
M. le Grand Prieur. Ces derniers indiquent quelques côtes de l’Océan
jusqu’au Cap Saint Vincent. Il souhaiterait qu’on y ajoute des
feuilles pour pouvoir naviguer d’un côté, jusqu’au Cap vert et de
l’autre jusqu’à la Manche et aux côtes d’Angleterre[23]. »
Cependant, les consuls en poste à Alger et les chefs de mission ne
manquaient aucune occasion de railler et critiquer ces capitaines
qui fatiguèrent l’Europe.
On parlait, dans les rapports et les correspondances « d’ignorance
grossière, de bagage scientifique insignifiant... d’une instruction
qui n’a jamais été le fort des marins algériens. » Vallière, Consul
à Alger, leur conteste la moindre aptitude : « Les Algériens sont de
très mauvais marins, ils n’ont que des connaissances nulles et
imparfaites de navigation ... Ils sont les dupes de leur
ignorance... Sans un renégat qui est maître constructeur et sans le
secours des esclaves parmi lesquels il s’en trouve de tous les
métiers, les Algériens ne seraient pas en état de faire un canon[24]. »
Devoulx parle « d’ignorance crasse[25]. »
Shaler, oubliant les coups assénés à la flotte de son pays dans les
parages de Gibraltar, prétend que : « Les navires algériens,
considérés comme vaisseaux de guerre, ne méritent que le mépris,
leurs marins connaissaient très mal la manœuvre et la manière dont
l’esprit d’intrigue et la basse cupidité des Européens les ont si
généreusement, gratifié, elle n’est qu’une intrépidité de mots[26]. »
Ces condamnations brutales, ajoutées au goût du dénigrement, appellent les
remarques suivantes :
a) Les confusions
dans les exigences.
A l’époque qui nous intéresse, on distinguait navigation dans
l’Océan et navigation en Méditerranée. Les marins de l’Atlantique se
servaient de cartes, portulans, de tables de martelois, boussoles,
astrolabe, cadran, arbalestrille et bien d’autres instruments. Tout
le produit de la science nautique assurait à peine la sécurité des
navires. Le trafic resta donc collé aux côtes qui s’avérèrent la
meilleure des boussoles.
Par contre, la navigation en Méditerranée était souvent côtière. Les
routes parcourues, depuis des siècles, étaient tellement connues que
tout recours à des instruments paraissait superflu. Les
connaissances acquises par des années de navigation et de pratique
du bateau dispensaient de préparation théorique et livresque
spéciale L’ensemble des connaissances apprises sur « le terrain »
était très positif, les faits et les événements l’ayant largement
démontré.
b) L’Algérie et les institutions de formation.
La Régence n’était pas le seul pays à ne pas avoir son école de
canonniers ou d’hydrographie. Beaucoup d’établissements spécialisés
sont récents en Europe. Les officiers des marines occidentales
furent longtemps sans parchemin et employés grâce à leur expérience.
Les capitaines choisis parmi les Chevaliers de Malte se contentèrent, très
souvent, d’une formation empirique. « Tout profès[27],
dit-on, devait, avant de recevoir l’habit, faire trois ou quatre
caravanes. Il s’agissait de croisières de plusieurs mois au cours
desquelles, les jeunes recrues apprenaient leur futur métier[28]. »
On rapporte que le patron du galion Conti, échoué à Zante sur la route de
Sicile, reconnut être analphabète et sa déclaration ne suscita
« aucune surprise chez les juges qui l’interrogeaient[29]. »
En France, la formation n’était guère plus avancée au XVIème siècle. La
fonction de capitaine ne nécessitait aucun brevet professionnel. Le
savoir était tout de pratique et de routine. « La nomination des
capitaines, écrit Boyer, est souvent due aux circonstances. Dalest
prend, au pied levé, la place de Valéry retenu à Cassis. Abeille de
la Ciotat, déclare, après constatation de dégâts provoqués par un
mauvais arrimage qu’il n’a été désigné comme patron qu’après le
chargement du navire et décline toute responsabilité[30]. »
Ils étaient illettrés parce qu’ils venaient de milieu modeste. Le 25
décembre 1723, « l’Hirondelle, » vaisseau de Dunkerque, capitaine
Chrétien Spitinck, frété pour Amsterdam, échoua sur la côte de l’île
d’Urck, dans le Zuyderzée. Ce naufrage fut dû à l’ignorance du
pilote qui confessa, devant le tribunal du lieu, que c’était le
premier navire qu’il eût encore entrepris de conduire du Texel à
Amsterdam[31]. »
Au début du XIXème siècle, le recrutement des officiers dans la marine
russe était désespérément défectueux. « Sortis du corps des cadets,
il se trouvait qu’on ne destinait à la marine que ceux d’entre eux
qui avaient le moins de talents. Ils étaient en quelque sorte, le
rebut de l’instruction. Quant aux équipages, à peine si les
canonniers savaient distinguer tribord de bâbord[32]. »
Si en Europe, à cette époque, la naissance et les études poussées
comptaient dans la réussite de l’homme, en Algérie, par contre, la
valeur personnelle, les services rendus et les victoires remportées
entraient, seuls, en considération. Les Raïs, sans être pourtant
passés par Navale, avaient rivalisé avec les plus habiles pilotes de
la Chrétienté. Devant tant d’exploits, certains auteurs ne pouvaient
nier l’évidence. « On ne peut leur refuser, dit Devoulx, une
certaine habileté pratique et une grande aptitude pour la navigation
ni leur contester la bravoure et la hardiesse. »
5. Prise de commandement
L’installation d’un Raïs était précédée d’une cérémonie. Une fois le choix
du Dey arrêté, Wakil al-Harj annonçait la décision aux Raïs réunis,
selon l’usage. L’élu remerciait alors le chef de la Régence. On
récitait la « Fatîha » dans un climat de gravité et de
recueillement. Puis, le capitaine rejoignait son navire et faisait
immédiatement arborer le pavillon et ordonner une décharge de cinq
pièces de canon. Ses collègues en faisaient de même pour saluer le
nouveau commandant.
Si l’accès aux responsabilités était relativement aisé par suite d’un
examen rapide et peu approfondi, les responsabilités confiées au
Raïs étaient très lourdes. Seules des qualités exceptionnelles
pouvaient les rendre supportables.
A terre, en sa qualité d’homme averti des problèmes de la navigation, le
Raïs devait procéder à l’examen minutieux et au contrôle serré des
agrès, apparaux, rames, cordes, voiles et instruments divers du
navire pour que tout soit parfait, en règle et qu’au cours du voyage
on ne se trouve gêné par le manque de quoique ce soit.
En mer, instruit du détail des manœuvres aussi bien que de leur ensemble,
connaissant la tactique et la stratégie pour faire face à une
situation donnée, le Raïs doit être capable de diriger son bâtiment
dans la tempête, comme dans la bataille, de faire route malgré les
ennuis jusqu’au port de refuge, d’imposer une discipline de fer à
son équipage, malgré la fatigue, la maladie, la pénurie de vivres,
d’employer « les arts du diplomate pour se procurer à terre un
marché sûr » ou écouler les produits de ses prises. Mais la
principale mission restait la prise de tout navire ennemi ou allié à
cet ennemi ou ravitaillant celui-ci qu’il s’agisse d’un bâtiment de
guerre, de commerce ou d’un corsaire adverse. Au sujet du butin, le
Raïs s’il ne pouvait l’écouler ou le ramener à Alger, il lui était
prescrit de le couler, de le brûler ou de le démonter. En aucun cas,
il ne fallait l’abandonner à l’ennemi. Quant à l’équipage des
prises, le devoir du Raïs était ou de le capturer ou de l’éliminer,
s’il s’obstinait à ne pas se rendre.
6. Magnanimité et
grandeur d’âme
On aimait présenter, en Europe, les Raïs dans un portrait peu flatteur :
« Des fauves, des sanguinaires... des gens sans cœur, dépourvus de
qualités et de vertu... incapables de pitié et de bonté... l’on ne
doit jamais se fier à eux... les animaux sont plus estimables
qu’eux. » L’idée qu’on se faisait des Raïs ne pouvait être
meilleure, vu les préjugés de race et de religion qui guidaient les
plumes de l’époque. On a souvent reproché à ces soldats leur cruauté
et leur férocité. Ils s’accaparaient, disait-on, les vaisseaux de
guerre chrétiens, s’emparaient des bateaux de commerce[33],
brûlaient et pillaient les villes maritimes et ravageaient les côtes
sans pitié[34].
De nombreux documents d’archives nous donnent une opinion diamétralement
opposée à celles répandues sur les marins et la marine d’Alger. Les
Raïs savaient comprendre, aimer, aider, sauver dans le péril,
défendre le faible. Ils avaient le sens de l’honneur, de la
générosité et de l’hospitalité.
a) L’assistance
aux navires amis
:
Une information datée du 23 février 1630, fait état en l’Amirauté de
Marseille « de bons traitements que les corsaires de Barbarie font
aux Français[35]. »
Le Chevalier d’Arvieux, dans ses mémoires, rapporte que : « Le 11
janvier 1676, le vaisseau du corsaire Samson et celui de Mezzo Morto
revinrent de Marseille. Ils y avaient escorté le bâtiment du
capitaine David et un autre navire marchand qui venaient de Syrie,
très richement chargés et qui, de crainte de tomber entre les mains
des corsaires espagnols, s’étaient accommodés avec ces deux
Algériens pour les convoyer. Les Magistrats de Marseille avaient
très bien reçu ces corsaires [...] leur avaient donné les provisions
dont ils avaient besoin pour le retour. Le Chevalier d’Arvieux en a
parlé dans ses Mémoires malgré sa haine des « Barbaresques. »
Une autre fois, un vaisseau français, parti dans la nuit du 28 août 1698
de Marseille pour rejoindre le Havre, périt à mi-chemin entre
Carthagène et Oran et « hors d’aucune vue de terre. » La surcharge
avait causé sa perte. Il s’était brisé d’un coup et l’équipage
disparut dans les flots. Six personnes seulement, trouvées à
demi-mortes, par un brigantin algérien, les ramena à Alger, dans un
état pitoyable Le Consul de France les réclama et obtint
satisfaction sur le champ. « Il est à remarquer qu’un bateau
espagnol traversant d’Oran en Espagne les a trouvés sur l’eau et,
leur ayant préféré quelques barriques d’huile ou autres, les a
abandonnés[36]. »
Le Ministre Pontchartrain disait, un jour, à MM. Les Echevins de
Marseille que « Sa Majesté a approuvé la disposition que vous avez
fait(e) de concert avec le sieur Durand pour récompenser les Raïs
d’Alger qui ont contribué à la sûreté du retour du Levant de
plusieurs bâtiments de Marseille[37].
Le 5 septembre 1705, on apprenait que la baraque « Saint- Hilaire » armée
en guerre et commandée par M.Dugay De Perinet, Enseigne des
vaisseaux du Roi... se réfugia au mouillage de Cherchell « pour
éviter deux navires ennemis. »
L’assistance aux navires en difficulté ou aux équipages menacés devint une
coutume inviolable.
Le navire « Le Triomphant, » capitaine Jérôme Michel de Marseille, périt à
Ténès, le 29 octobre 1727. Un marabout accompagna les marins
éprouvés jusqu’à Cherchell, par mer, et de là, une escorte de Spahis
les conduisait à Alger[38].
La même année, le vaisseau « La Fortune » capitaine Maillet de
Marseille, fit côte à Jijel. Il remit à ‘Umar Raïs des présents,
« attendu les francs services qu’il a rendus au dit équipage à
Jijel. »
Français et Anglais pouvaient vendre le produit de leurs prises à Alger,
ou dans les autres villes du littoral. Leurs navires opéraient
quelques fois même à partir des côtes de la Régence. Les Raïs n’y
voyaient pas une concurrence et offraient, généreusement, leurs
services à ceux qui les sollicitaient.
Le vaisseau « le Mercure » armé en guerre et commandé par Annet Caisel de
Toulon, captura en décembre 1706, le navire anglais « la Frégate
Bonaventure, » de trois cents tonneaux et de vingt-quatre canons,
capitaine Thomas Comb de Londres, équipé de quarante hommes et
portant quatre-vingt passagers portugais ainsi qu’un chargement
d’huile, câpres et tartare. La prise fut laissée à Alger par une
tempête du N-NE. Le 18 février 1707, le consul se rendit pour
prescrire les mesures nécessaires à bord du dit navire. Le 31 mars
suivant, un équipage de trente et un hommes vint chercher ce navire
et « pour reconnaître les services que le capitaine du port avait
rendu(s) au dit vaisseau, pendant son séjour, le consul fit
débarquer une jarre d’huile pour l’en gratifier[39]. »
Le Consul Lemaire notait dans son Journal, le récit suivant : « J’ai été
informé par plusieurs esclaves chrétiens embarqués sur l’escadre des
vaisseaux de la Régence, que les Raïs de ces vaisseaux ont
parfaitement bien traité tous les capitaines français qu’ils ont
rencontrés sur leur route, qu’ils leur ont offert, généralement, de
leur fournir des provisions et toutes les autres choses qui
pouvaient leur manquer, qu’ils ont eu la considération de ne point
communiquer avec ceux qui les ont prié de cette grâce et que, bien
loin d’exiger de force le moindre présent, ils ont constamment
refusé les petits régals que ces capitaines leur offraient
volontairement, objectant qu’ils voulaient éviter tout sujet de
reproche[40]. »
La grandeur d’âme se révéla lors d’un incident en mer entre Algériens et
Français. Le consul nous en parle : « J’ai su aussi que l’Amiral
(d’Alger) ayant approché sur la côte du Portugal, un vaisseau
français de dix-huit canons, qui se préparait à se battre, avait
observé tous les ménagements possibles pour n’en pas venir à cette
extrémité, que le capitaine français ayant bien voulu, à la fin, se
résoudre à parlementer, s’était rendu dans le vaisseau algérien avec
un air de hauteur qui avait fort irrité la milice, qu’il avait
déclaré, en y entrant, de n’avoir point de passeport, mais qu’il
était muni seulement d’une patente du Roi et que, nonobstant tout
cela, ‘Ali Raïs l’avait reçu fort poliment, lui avait présenté le
chocolat et l’avait renvoyé sans vouloir même examiner aucun de ses
papiers. »
Cinq chébecs algériens, sous les ordres de Hadj Mûsâ, ayant rencontré une
quarantaine de bâtiments français, venant des îles et de l’Océan, et
se dirigeant vers Marseille, furent dispensés de la visite « afin de
leur éviter la quarantaine[41], »
ménagements auxquels il n’est pas obligé par les traité. Il mérite,
en effet, quelques marques de reconnaissance qui l’engageront,
probablement, à les continuer[42]. »
Le drame du vaisseau français « la Modeste » qui donna à un Raïs
l’occasion de montrer son dévouement et sa bonté, mérite d’être
rapporté ici.
Le vaisseau commandé par le capitaine Gaillet, de Marseille, partit de
cette ville pour le Cap, avec marchandises et passagers des deux
sexes mais périt en mer, incendié par la foudre. Il n’y eut que
quatre survivants, dont une femme et un mousse de douze ans.
Recueillis par un Raïs algériens, à trente milles environ du Détroit
de Gibraltar, ils furent ramenés à Alger. Devant le Consul Vallière,
les rescapés firent la déposition suivante : « Le feu qui sortait
des écoutilles ne permit pas d’approcher de la chaloupe [...] on
aurait mis les deux canots à la mer, mais ils auraient tout de suite
coulé bas [...] lors, ne pouvant plus tenir sur le bâtiment, tout le
monde aurait abandonné, les uns s’attachant au grand mât, les autres
au beaupré [...] Les déclarants ont flotté sur le beaupré pendant
six jours, n’ayant ni hardes, ni aliments et ne subsistant que de
leur urine et d’un peu d’eau de mer. De quinze personnes qu’ils
étaient sur le dit beaupré, dix ont péri successivement, le sixième
jour, ils ont aperçu, vers les cinq heures du soir, une galiote
venant à eux [...] Les déclarant ayant crié qu’ils étaient Français,
le Raïs qui s’est trouvé Algérien, les reçut dans sa galiote au
nombre de cinq, dont un nommé Baillot y serait mort deux jours
après, malgré tous les secours que le Raïs lui aurait donnés, ainsi
qu’aux déclarants ; ceux-ci ayant dit au Raïs dès qu’ils ont été sur
sa galiote, qu’il pourrait y avoir encore du monde en vie sur le
grand mât ou les autres débris, le dit Raïs aurait eu la charité de
parcourir à la rame les environs et n’y aurait trouvé que le grand
mât […] mais sans qui que ce fut [...] (les survivants) ont été bien
traités à bord de la galiote ; le Raïs a témoigné beaucoup de regret
de n’avoir pu sauver tout l’équipage[43]. »
Dans une de ses lettres, le Consul ajoutait à la satisfaction ressentie,
un hommage aussi grand que les gestes des Algériens : « le Raïs,
dit-il, qui a sauvé nos quatre disgraciés, ne pouvait mieux en user
que de me les renvoyer[44]. »
b) L’aide aux victimes du
sort. Nous sommes au mois d’août 1683. La flotte française
bombarde copieusement la capitale, pour la seconde fois. Le
chevalier de Choiseul Grandpre est capturé. Il est menacé d’être
attaché au canon si le bombardement ne s’arrête pas. La menace est
sérieuse et sur le point d’être exécutée. Un Raïs s’interpose car il
a été libéré, sans rançon, par le chevalier de Lhery[45].
En mai 1706, trois prêtres, originaires de Gênes, sont condamnés à être
brûlés vifs à Alger. En effet, « Les Génois détiennent et
maltraitent les Algériens, esclaves chez eux. Alors que le feu est
allumé, et les victimes léchés par les flammes, au milieu d’une
foule déchaînée, un Raïs intervient et reçoit un dangereux coup pour
avoir voulu mettre à couvert les malheureux prêtres. Nonobstant ce
coup, il poursuit ses efforts, entre dans la ville, y glisse les
trois condamnés dans la Fonderie de Bâb al-Wâd, en défend l’entrée
contre la multitude, aidé par un autre Raïs, animé d’un zèle
semblable et qui reçoit, lui aussi, plusieurs coups [...] Les trois
hommes d’Eglise viennent d’échapper au supplice du feu[46]. »
[1]
Hugo (V), Odes et Ballades, œuvres complètes, 3ème livre, t l, p. 48.
[2]
A.N.Aff.Etr. Mémoires et Documents, T. 13, Alger,
1720.
[3]
Lettre au Ministre de la Marine,
12 avril 1671.
[4]
Cité par Délabré, Tourville et la marine de son temps,
p. 267.
[5]
Dan cour, Relation de Voyage, C.T., 1977, p. 317.
[6]
Husayn Rritli (de Crète) - 'Umar Rodelsi (de Rhodes) - 'Alî
Ghamaout (d’Albanie) - Muhammad Iskandarun (d’Alexandrette).
[7]
La Corse sera cédée à la France en 1768.
[8]
Emerit, Essai... C.T. 11/1955. p. 363.
[9]
Nicolay (Nicolas de), Les Quatre Premiers livres de
Navigations Orientales, cité par Turbet-Delof, L’Afrique
Barbaresque, p. 133.
Haëdo affirme qu'il
n’est pas une seule nation de la Chrétienté n’ait fourni à
Alger son contingent de renégats. Top. R.A., 1870, p. 419.
[10]
Aranda, Relation, p. 160.
[11]
Dan, Histoire... pp. 313-314 - A la même époque, il y
avait
à
Tunis, trois
à
quatre mille convertis et six à sept cents
femmes ; à Salé : trois cents et à Tripoli, environ cent,
[12]
Turbet Delof, L’Afrique Barbaresque, p ; 175, n. 15.
Bibliographie Critique, p ; 211.
[13]
Turbet-Delof, L’Afrique Barbaresque, p ; 133.
[14]
Cité par Turbet-Delof, B.C. n° 56.
[15]
Millot (Stan), L’Afrique du Nord illustrée, 1926.
[16]
Hérault (R.P.), Continuation... R.O.M.M. 1/1975, p. 59. Un
chirurgien parisien « prit le turban par admiration pour le
système de gouvernement des Turcs » nous confie René Du
Chastelet des Boys, L’Odyssée ou Diversité... p. 13,
voir Turbet-Delof, Bibliographie Critique, p. 174.
[17]
« La Marine des Puissances Barbaresques, » Bull, de
la Soc. De Géog. de Paris, 1971, p. 208 – D’autre part, les
renégats repentis étaient rares. Saint Vincent de Paul
montra, un jour, avec grand bruit « un renégat évadé pour
venir en France se réconcilier avec l'Eglise. » L’histoire
ne dit pas s’il put en montrer un second.
[18]
Si Brantôme (Pierre Bourdeille) a bien connu « la Barbarie »
pour avoir écumer ses côtes, et s’il envisagea de se faire
musulman, il n’a jamais été le confident du grand Beylerbey
d’Alger
[19]
Turbet Delof, Presse Périodique Française, p. 149.
[20]
Le plus ancien Raïs recevait ce titre mais il ne naviguait
plus.
[21]
Occupé après 1830 par le contre-amiral, commandant la marine
en Algérie.
[22]
Hamdân Khûdja, « Al Mir'ât, » p. 117.
[23]
A.C.C.M. Série J 1364, Lettre du 12 février 1751.
[24]
Mémoire publié par L.Chaillou, p. 41. On rappellera
que ces mauvais marins sont arrivés en Islande !
[25]
Devoulx, R. A. 1869, p. 385 (Peut-être parce qu’ils ne
lisaient pas les passeports rédigés en français ?)
[26]
Esquisse... p. 53.
[27]
Profès : qui a fait des vœux dans un ordre religieux
[28]
Renaud (Félix), La Provence et l’Ordre de Malte, p.
34
[29]
Ugo Tucci, « Sur les pratiques vénitiennes de la navigation
au XVIème siècle. » A.F S C. 1963, pp. 72- 82.
[30]
Boyer (P), « Navigation et gens de mer français à Alger a
la fin du XVIIème siècle. » Revue. Navigation et gens de
mer en Méditerranée. Cahier n°3, Paris. 19X0. pp 84-92
[31]
Histoire des Etats Barbaresques, p. 83.
[32]
Tchitchagof, Mémoires... cité par Douin, La
Méditerranée de 1803 à 1805, p. 221.
[33]
« Bateaux de commerce, » notion bien vague à l’époque où ces
unités étaient années. Navires de guerre et navires de
commerce se ressemblaient à s’y méprendre. Une barque de
mille quintaux (66 tonneaux) portait deux canons, quatorze
pierriers et seize mousquetons. Un vaisseau de cent tonneaux
avait quatre canons (A.O.M. 1 A A 4 F° 100 et 211).
[34]
Comment procédaient les autres corsaires pourrait-on se
demander ? Certes, les méthodes nous paraissent fort
barbares mais la guerre se faisait ainsi.
[35]
A. N. Manne, série B7/49, p. 137 et 288.
[36]
De Grammont, Correspondance des Consuls... p. 58
(Lettre à MM. Les Echevins de Marseille, 27 septembre 1698).
[37]
A.C.C.M. Série B 78 (22.10.1704)
[38]
Devoulx, R.A., 1871, pp. 345-346.
[39]
Devoulx, « Quelques Tempêtes, » R.A., 1871, p. 344.
[40]
A.C.C.M. Série J 1364, année 1751.
[41]
A.C.C.M. Série J 1364, Lettre du 22 décembre 1752.
[42]
A.C.C.M. Série J 1364, Lettre du 17 février 1753.
[43]
A.G.G.A. Série A 1 A 75-1370. P.V. pris par A. Vallière, à
Alger, le 29 septembre 1766.
[44]
A.C.C.M. Série J 1369, Lettre du 30 septembre.
[45]
« ...comme on allait mettre le feu, le capitaine de La
Caravelle que M. le Chevalier de l’Hery avait pris, se mit
sur le canon disant qu’il voulait mourir ou ma grâce que
l’on lui accorda. » Lettre de Choiseul à Seigneley. Malgré
cette preuve, plusieurs historiens émirent des doutes sur la
générosité des Algériens. Devoulx croit « les Algériens
incapables d’un tel élan. » (R.A., 1872, pp. 161-162).De Grammont prétend que cette affaire est « douteuse. » Histoire... p.
253.
Millot appuie la thèse du Turc reconnaissant, (R.A., 1920, pp. 294-296).
[46]
Philemon De La Motte, Voyages pour la Rédemption...
pp. 58-59.