LES FORCES NAVALES
Les sources européennes ont réservé une place de choix à la question. En
effet, le problème intéressait, au plus haut point, ceux qui étaient
préoccupés par la navigation en Méditerranée ou par la guerre contre
Alger.
A - LES EFFECTIFS
Durant toute la période qui nous préoccupe, le nombre des bâtiments a
varié sans cesse, pour diverses raisons : conjoncture
internationale, situation intérieure, personnalité des Deys et état
des finances de la Régence.
Quelles étaient les forces navales du pays, leur puissance de feu et les
catégories des unités ?
Dénombrements et descriptions furent établis avec minutie par les agents
étrangers, les consuls ou les captifs. Rien ne manque à certains
documents relatifs à cette marine qui intéressait au plus haut degré
les Européens.
Grâce à une multitude de tableaux, de listes et d’états descriptifs, nous
pouvons suivre, sur le plan quantitatif, l’évolution de la marine.
1. Les temps de la splendeur
Depuis le commencement et jusqu’à la fin du XVIIème siècle, le nombre des
bâtiments augmentait régulièrement. Le total impressionnait les
adversaires et justifiait leurs craintes.
En 1530, Alger disposait de soixante bâtiments de 25 à 40 canons. Quarante
ans plus tard, l’effectif était encore : « plus de cinquante galères
et galiotes, sans oublier les autres types. » L’Espagnol Haëdo
comptait, en 1581, trente-cinq galiotes et vingt-cinq frégates, mais
sept ans après, la flotte disposait de trente-cinq galères
opérationnelles.
Deux officiers de l’ordre de Malte, en mission d’espionnage dans la
Régence, notaient que : « Le Turc a augmenté sa flotte dans de
telles proportions qu’il peut, en un clin d’œil, la rendre
supérieure et plus puissante que ne peuvent le faire les chrétiens[1]. »
L’âge d’or de cette marine fut, incontestablement, le XVIIème siècle ou,
du moins, ses trois premiers quarts. Ce fut la période florissante
de cette force tant redoutée. Voyageurs, prêtres et diplomates
européens n’omettaient jamais d’en parler.
Le Père Dan affirme, qu’en 1630, le port abritait soixante-dix navires et
s’enrichit, en quelques années, de plusieurs bâtiments français de
commerce « d’une valeur de 4.752.000 francs. » D’Aranda cite, en
1641, « soixante-cinq navires et quatre galères[2]. »
Dapper ajoute que vers 1659, il y avait à Alger « vingt-deux ou
vingt-trois vaisseaux de trente à trente-cinq canons montés chacun
par trois cents ou quatre cents marins[3]. »
Ruyter signalait, en 1662, que les Algériens « avaient quinze bonnes
frégates toutes équipées, outre trois autres qu’on venait d’ôter du
chantier et de lancer en mer et quatre auxquelles on travaillait
actuellement et qui devaient être prêtes dans un mois, de sorte que
dans peu de temps, ils se trouvaient en état de faire voile avec
vingt-deux navires et trois galères sans compter six autres galères
à la construction desquelles ils travaillaient dans leurs arsenaux[4]. »
Le chevalier d’Arvieux qui écrivait vers 1670, comptait « environ trente
vaisseaux de guerre de différentes grandeurs[5]. ».
Le Consul Piolle relevait, à son tour, en 1686, « vingt et un
navires, quelques petits bateaux, onze brigantins, sept chaloupes et
quinze bateaux de commerce. » L’année suivante, le tableau présenté
par le Duc de Graffo ne mentionne plus que trente navires de 94 à 18
canons... et six « barîja. » Le Sieur Dancour, en 1681, en comptait
: « Vingt-deux vaisseaux de course ou de guerre dont dix sont très
bien armés, légers à la voile et montés de quarante à cinquante
pièces de canons, avec au moins, trois cents hommes sur les
meilleurs lorsqu’ils partent à la mer, les autres douze (qui
restent) étaient des vaisseaux marchands, de leurs prises, de
fabrication anglaise ou hollandaise[6]. »
Petis de la Croix[7]
O écrivait au début de 1692 qu’Alger « a mis jusqu’à quarante-cinq
navires de guerre, trois galères, six galiotes et vingt brigantins[8]. »
Une remarque d’un observateur averti de la fin de ce XVIIème siècle
dit : « Entre les Républiques de Barbarie, celle d’Alger tient le
premier rang comme plus puissante en hommes, en argent, en vaisseaux
et en réputation. Les autres l’imitent en tout ce qu’elles peuvent.
C’est pourquoi, il est fort utile de tenir Alger en paix et en
soumission afin d’y conserver les autres[9]. »
2. Les moments
difficiles.
La marine d’Alger connut, de temps à autre, des moments difficiles. Sa
flotte s’en ressentit. Après des années fastes qui virent les
escadres de la Régence s’élever, en nombre et en force au rang des
marines des grandes puissances, une série de crises internes et
d’interventions européennes minèrent, peu à peu, cette ascension.
On a trouvé, depuis 1720, que la marine ne comptait que « vingt-sept
vaisseaux de 18 à 60 canons auxquels il faut ajouter les caravelles,
les barques et les brigantins[10], »
que depuis cette date, la moyenne des unités se situe entre vingt et
vingt-cinq[11].
Cependant, des voyageurs aussi avertis que les Pères Trinitaires, en
mission à Alger en 1720, constatèrent que les forces augmentaient
tous les jours, « à quoi il faut ajouter, qu’une des principales
lois de la République est de ne laisser jamais diminuer ses
forces. » Aussitôt après un naufrage, une démolition ou une capture,
les particuliers armateurs ou l’Etat qui l’avait fait construire,
étaient tenus d’en fabriquer un nouveau de la même force. Ainsi, la
République n’y perd rien[12].
Si les particuliers à qui appartenaient le vaisseau perdu n’avaient pas de
bien pour en faire construire un autre, on obligeait leurs parents à
suppléer à cette carence[13].
C’est pourquoi les forces navales, en 1732, d’après Shaw, avaient encore
six grands vaisseaux de trente-six à cinquante pièces de canons[14].
Si la baisse des effectifs est déjà sensible au milieu du XVIIème siècle,
la chute n’est pas encore perceptible.
En février 1754, le Ministre français de la Marine recevait un rapport
intitulé « Quelques observations générales sur Alger » et résumant
plusieurs mémoires qui avaient pour objet d’expliquer « toutes les
difficultés d’une guerre contre Alger. » On peut y relever ces
remarques : « Forces navales françaises moins importantes qu’avant,
donc on ne peut réduire les Algériens par la terreur [...] Les
Algériens utilisent, maintenant, des chébecs et en grand nombre
[...] La place d’Alger est beaucoup mieux fournie de canons qu’elle
n’était du temps des anciennes guerres [...] Les anciens
bombardements d’Alger ont été aidés par un grand nombre de
galères... Aujourd’hui, on ne peut y employer que quatre ou cinq.
Anglais, Suédois, Danois aident ouvertement les Algériens[15].
Quelques années auparavant, le Consul Lemaire parlait de « l’immense
quantité de munitions de guerre qui s’amassent ici et qui n’ont
point d’autre destination apparente que la nécessité de se bien
défendre si l’on vient à éprouver quelque attaque de la part de
l’Espagne[16].
Ceux qui étaient chargés de l’évolution de la marine d’Alger s’accordent à
dire que la chute s’accentue à partir du dernier quart du XVIIIème
siècle.
Les renseignements fournis par Renaudot, en 1779, expriment, en partie,
l’état décadent dans lequel était tombée cette armée : « une
caravelle de soixante canons, moitié pourrie, cinq saëttes ou
barques, une de 24 canons, une de 18, une de 14 une de 8 et une
autre sur le chantier, de 18, quatre demi galères, deux de 5 canons,
dix-neuf paires de rames, trois galiotes de 2 canons. Total : quinze
corsaires. »
Le Consul C. Ph. Vallière qui résidait à Alger vers la fin du XVIIIème
siècle, trouvait qu’il « reste à peine l’ombre de cette puissance
navale [...] un vaisseau amiral dans le port, dix à douze chétifs
corsaires [...] voilà toute la marine algérienne[17]. »
On ne voyait plus cette activité absorbante des chantiers, mais on
s’affairait autour de petites unités et rarement.
Le Consul de Kercy, dans son rapport rédigé en 1791 affirme que « la
marine ne comprend plus qu’un petit nombre de frégate, chébecs,
polacres et chaloupes canonnières poutrées et cinquante non poutrées
que l’on mettait à l’eau en mai et que l’on remisait en magasin en
octobre[18]. »
Cependant, les désastres les plus graves et les circonstances les plus
défavorables n’ont jamais pu amener la mort de cette marine qui,
« semblable au phénix, renaissait sans cesse de ses cendres[19],
se reconstituait avec une étonnante rapidité chaque fois que les
foudres de l’adversaire s’abattaient sur elle. Devant les malheurs
et les menaces, les Algériens avaient les yeux fixés sur leur armée
de mer.
En 1802, Saint Hillaire évaluait les forces maritimes d’Alger à
soixante-six bâtiments (frégates, brigantins, polacres, galères et
chaloupes) avec une artillerie totale de quatre-cent-vingt-trois
canons.
Son mémoire fait état d’une frégate de quarante-quatre canons, doublée en
cuivre à Alger depuis 1800, d’une autre de vingt-six, doublée en
cuivre construite en Amérique, donnée en présent par les Etats unis
en 1798, d’une troisième de quarante-quatre, prise aux Portugais le
8 mai 1802.
L’inventaire dressé par Dubois Thainville en 1809 s’établit comme suit :
- 1 frégate de construction américaine de trente-six canons.
- 6 chébecs dont un de trente-quatre canons, les autres de trente-deux à
dix.
- 1 brigantin de vingt-deux canons.
- 3 shomers américains de vingt à douze canons.
- 1 cutter de seize canons.
- 2 polacres de vingt à seize canons.
- 1 demi-galère de cinq canons.
Soit un effectif de quinze bâtiments « en plus de quelques petits. » Le
port de la capitale contenait en outre une cinquantaine de lanchons,
« espèce de petites canonnières affectées à la défense de la ville[20]. »
B- LES MARINES DU
MAGHREB
Pour mieux saisir l’importance de la marine d’Alger, il convient de
dresser un bref tableau des forces voisines à l’époque que nous
étudions.
La flotte du Maroc comptait peu. L’activité économique du pays était plus
terrienne que maritime.
Cependant, les Andalous repliés d’Espagne, se fixèrent tôt sur la côte, à
Salé principalement ; ils transformèrent ce port en une base active.
Vers 1630, les Salétins pouvaient lancer une trentaine de bâtiments[21].
Mais leur flotte connût des hauts et des bas. Vers la fin du
XVIIème siècle, ils n’entretenaient plus que douze à treize navires
de dix-huit à vingt-quatre canons et dont six appartenaient au
Souverain[22]. Quelques
années plus tard, la chute fut très sensible. On ne comptait plus,
dans le port de Salé que deux ou trois petits navires de vingt
canons et un brigantin[23].
Dans les tous premiers mois de 1752, de graves événements opposèrent, à
Tétouan, montagnards et citadins. Les Espagnols de la garnison de
Ceuta se rangèrent du côté des premiers et ravagèrent les environs.
Deux galiotes et un chébec, ancrés dans la rivière qui servait alors
de port, furent brûlés par les chrétiens. Un autre chébec, rencontré
en mer, armé à Tétouan, fut poursuivi par les Espagnols et s’échoua
sur la côte. « Il résulta de ces événements, dit un rapport, que
toutes les forces maritimes actuelles du royaume du Maroc se
trouvent détruites[24]. »
L’entente avec les Algériens permettait aux gens de Salé de reconstituer
leurs forces navales. En 1758, leur flotte comptait: dix corsaires
dont trois frégates de vingt-quatre canons de six et quatre livres
de balles et cent cinquante hommes d’équipage » dont une partie se
trouve être algériens [...] six galiotes : trois de cent cinquante
hommes et trois de quatre-vingt hommes [...] tous les dix sont très
bien armés par le moyen des Hollandais[25]. »
En dehors de la principauté de Salé, le Maroc disposait, vers 1774, « de
douze frégates ou chébecs et douze galiotes en état d’aller à la
mer. Mais, dit une lettre de l’époque, il est moins à craindre pour
le nombre et la nature de ces armements qui sont mal composés que
par les avantages de sa position[26].
Les troubles intérieurs en permanence dans un royaume souvent miné par les
luttes de clans, ne laissèrent guère au pays la possibilité de se
doter d’une force navale. Aussi, le Ministre des Affaires Etrangères
français, au courant de la situation politique du Maroc, écrivait-il
à MM du commerce de Marseille ces lignes : « Les dissensions qui
règnent dans les Etats du Maroc ne permettent pas à cette puissance
d’avoir des bâtiments sur mer... Il n’en est pas de même des autres
puissances de Barbaries[27]. »
Par contre, les Régences de Tunis et de Tripoli avaient chacune une marine
active et redoutée des Européens.
L’organisation était à peu près la même dans les trois pays et la
tactique, à quelque chose près, identique.
La marine de Tripoli était toutefois gênée par l’action des chevaliers de
Malte. Dan nous dit que sur vingt-cinq bâtiments ronds, les
chrétiens en avaient détruit dix-sept ou dix-huit.
A la fin de XVIIème siècle, la flotte comprenait « onze navires corsaires,
quelques barques, trois galiotes à rames de seize bancs. Leurs
matelots, des esclaves chrétiens[28]. »
Tunis disposait, en 1634, de quatorze polacres ou vaisseaux ronds[29].
Mais un concours de circonstances défavorables amena cette
organisation, combien solide au XVIIème à la décadence au début du
XIXème siècle. Un antiquaire amateur, le sieur Caroni, n’avait pu
compter, en 1804, qu’une frégate, deux chébecs « qu’on vient
d’obtenir du Roi d’Espagne » et d’environ une douzaine de chaloupes
canonnières « mal équipées. »
Même les fortifications anti-croisières étaient modestes. Le château de La
Goulette, restauré sur l’ancien qui fut édifié par les Espagnols,
n’était armé que d’une douzaine de canons en plus de quelques
redoutes et une batterie à fleur d’eau[30].
Des quatre marines du Maghreb, celle d’Alger, comme le soulignent les
historiens, les diplomates et les agents, était la plus puissante.
Dan ne le cache point. « Il faut dit-il, avouer, que ceux d’Alger
emportent le prix, soit en richesse, soit en vaisseaux et en force,
étant bien certain qu’eux seuls arment plus en course que ne font
ensemble tous les autres pirates des villes de Barbaries[31]. »
Les Pères Godeffroy et Philemon de La Motte furent du même avis, un siècle
plus tard : « Entre toutes les puissances de Barbarie, disent-ils,
les Algériens, sur mer, sont les plus forts pour la bonté et le
nombre de leurs vaisseaux qui ont d’environ vingt-cinq depuis
dix-huit à soixante canons[32]. »
C - LA COMPOSITION
La marine d’Alger connût, à travers son histoire, une relative diversité
dictée par les besoins et les circonstances.
Elle connut, également, une certaine évolution voulue par les progrès
techniques. Les navires côtiers et ceux de haute mer comprenaient
plusieurs types.
1. La galère
Ce bâtiment demeura longtemps l’instrument de combat, sans cesse engagé
dans de multiples opérations de surveillance, de police, de course
ou de piraterie.
Ses caractéristiques étaient les suivantes : cent vingt à cent quarante
pieds de long, quatorze à vingt de large[33].
La galère du XVIème siècle était dotée de deux ou trois mâts, un
château d’avant, un de poupe avec des canons et des postes pour la
mousqueterie à la proue, un éperon de dix à quatorze pieds de long,
doublé de fer qui s’enfonçait, le cas échéant, dans les flancs de
l’adversaire. Le nombre de bancs variait de vingt-sept à trente
selon l’importance de l’unité. Les rames avaient trente à quarante
pieds de long. L’artillerie consistait en un canon, à l’avant,
tirant des boulets de quarante à soixante livres. Il était souvent
flanqué d’une ou deux pièces. L’arrière disposait d’une quinzaine de
bouches à feu. Conçu avec un pont unique, et au-dessous, des
compartiments abritant équipage et matériel, tel fut le navire qui
avait régenté la Méditerranée durant des siècles.
Cependant, la galère algérienne était un peu différente de sa rivale
européenne, par le mode de construction, de chargement, de
flottaison et par la mission qui lui incombait.
Les bâtiments européens étaient élevés au-dessus de l’eau, pourvus d’une
encombrante artillerie, alourdis par des tonnes de munitions, de
vivres et d’objets divers. Les riches ornements de leur avant
pesaient lourd, d’où les difficultés de traction et de manœuvre. Le
château de poupe exagérément haut, n’était nullement fait pour
améliorer la vitesse. Voguant lentement, ils étaient une proie
facile. Monuments d’architecture navale, certes, ils étaient peu
efficaces lors des rencontres avec les Algériens.
La galère de la Régence était beaucoup plus petite ; elle n’avait qu’un
mât et un seul canon appelé « coursier. » Elle était dépourvue de
château de proue. Par ces caractéristiques, elle s’apparentait à la
galiote. Basse sur l’eau, elle ne portait que l’indispensable. Tout
y était sacrifié à la légèreté et à la rapidité. Elle volait plutôt
sur les flots « comme les oiseaux de mer » et ne mettait que peu de
temps pour atteindre son objectif ou disparaître au grand désespoir
de l’ennemi. Le Père Dan trouvait ces unités pareilles à : « des
aigles... des reines de la mer... Les autres navires sont les
esclaves des vents. »
A l’avant, un canon de longue portée : c’était en principe toute
l’artillerie de bord. A l’arrière, on plaçait parfois une
couleuvrine pour servir de pièce de chasse. La proue était basse et
étroite. Les charges consistaient principalement, en vivres pour une
trentaine de jours. Son seul défaut : elle ne pouvait braver le gros
temps ! Son handicap : la faiblesse de son artillerie et sa
vulnérabilité.
Toutefois la galère avait ses détracteurs : qui n’appréciaient guère sa
construction compliquée, la faiblesse de son artillerie, sa
vulnérabilité, son usage limite à la bonne saison, son incapacité à
braver le gros temps et surtout que son moteur humain coûtait cher.
Malgré ce grave inconvénient, elle fut longtemps l’objet d’admiration des
gens de métier. Les descriptions élogieuses ne manquaient point :
« Nef très élancée, finement pour la vitesse et pour la poursuite,
pour l’abordage et pour le corps à corps [...] En somme, un monstre
marin. » Ainsi conçue, ses qualités offensives la rendaient
redoutable, elle donnait mieux la chasse aux navires ennemis,
attaquait aisément, fuyait facilement, car son étroitesse lui
conférait une pénétration exceptionnelle dans l’eau.
Devant cette supériorité de la galère de la Régence, le sieur de la
Guette, l’Intendant Général de Toulon, pouvait dire : « Ce n’est
point le défaut de nos vaisseaux s’ils ne cheminent pas aussi vite
que ceux des corsaires turcs, mais la différence tient que les
nôtres se chargent trop de canons, de victuailles et de bagages au
lieu de quoi les Barbares ne se servent que de l’artillerie légère,
ne portent que six semaines ou deux mois de victuailles et comme
point de bagages[34]. »
Il suggérait au Ministre « d’ordonner à tout capitaine de se charger de
bagages et de n’embarquer ni vaches ni moutons, ni pourceaux [...]
Il faudra, petit à petit, établir cette frugalité première[35]. »
Par les qualités de construction et les prouesses sur les flots, la galère
d’Alger était devenue un modèle à imiter, une technique à copier.
Colbert ordonnait à Trubert de : « Faire demeurer dans le port de Toulon,
le charpentier qui s’est trouvé parmi les esclaves délivrés, qui a
appris la méthode de bâtir des frégates légères et leur donner un
excellent gabarit, étant certain qu’il faut profiter de son
industrie et de son expérience et que tous les petits bâtiments qui
ont été faits jusqu’ici n’ont pas la vitesse et ne sont pas si
légers de voile que ceux de ces corsaires[36]. »
Plus d’un siècle après, la légèreté de notre galère faisait parler d’elle
avec envie. Basse, rapide, difficile à découvrir en mer, elle avait
l’avantage de la surprise.
« Il a été remarqué, dit un document, qu’il est presque impossible aux
bâtiments français d’approcher de la légèreté des barbaresques,
surtout pour les galiotes à ramer et autres petits bâtiments parce
que cette légèreté provient du grand nombre d’hommes qu’ils y
mettent proportionnellement aux bâtiments et de leur peu de
chargement en vivres et en agrès, ce qui ne peut convenir aux
nations d’Europe[37]. »
Conçue pour la vitesse, la galère était propulsée par l’aviron manœuvré
par une chiourme éprouvée clouée sur vingt-cinq ou vingt-six bancs.
De Grammont insiste sur le rôle des rameurs. « Les lourds bâtiments
chrétiens, dit-il, parvenaient à peine à réunir six à huit rameurs
par banc. » les Algériens n’en avaient jamais moins de dix, tous
gens formés et expérimentés. Ceux des vaisseaux européens étaient,
par contre, et dans la majorité des cas, « recrutés dans les
prisons, parmi le rebut des malfaiteurs. » Les premiers assuraient
seuls la supériorité de vitesse. « C’était la vapeur de ce temps-là[38]. »
2. Le chébec
On l’avait défini comme « le bâtiment de la Méditerranée destiné à la
guerre. » L’origine du mot reste à chercher dans la langue arabe.
Chebbâk vient de chabka = filet.
Le petit bâtiment aurait été, au début, un bateau de pêche au filet, puis,
petit à petit, le navire changea de vocation et acquit renommée et
popularité. Parlant des chébecs, Bouchet écrit qu’ils étaient :
« Des navires dont la silhouette est restée longtemps familière aux
riverains de la Méditerranée et constituaient, en fait un type de
bateaux d’une originalité certaine et dont l’histoire attachante va
de la période glorieuse de leurs exploits de corsaires jusqu’aux
temps plus récents[39]. »
De la famille des galères, le chébec était long, fin, léger, à faible
tirant d’eau, portant deux ou trois mâts latins[40]
marchant aussi bien à la voile qu’à la rame, donc mixte et quel
avantage ! On pouvait aisément le tirer à terre en cas de nécessité,
sa coque étant fine et élancée.
Il était d’une grande maniabilité et d’une rapidité supérieure à celle de
beaucoup de bâtiments. Armé de douze à trente canons et d’un
déplacement maximum de cent cinquante tonneaux[41].
Grâce à ses qualités, il était un redoutable coursier qui se jouait des
lourds bateaux de commerce et des croiseurs ennemis. Il remplaça,
dès le XVTIIème siècle la galère et la galéasse qui malgré les
immenses services rendus, furent déclassées par le chébec pour
affronter les vaisseaux et frégates dont les qualités nautiques et
la puissance de feu n’étaient pas à dédaigner. D’autre part, le
recrutement et l’entretien des galériens devenaient de plus en plus
coûteux. Enfin, l’apparition dans les mers du Levant, des escadres
s’avéra un grand danger. C’est pourquoi le choix des Algériens se
porta sur le chébec. Ils en firent le navire des combats éclairs et
efficaces. A cette raison s’ajoute celle qu’ils étaient
insaisissables et peu exigeants. Avec eux, la course prit de
l’ampleur et la guerre de l’intensité. La France qui décida de
dissoudre, en 1748, le corps des galères, se hâta de construire des
chébecs dans l’espoir de combattre les Algériens avec le même type
de navire que celui utilisé par la Régence.
L’Amiral Paris joint ses éloges à ceux des autres spécialistes qui ont
étudié le chébec. "Il a été, dit-il, le plus élégant des navires de
la Méditerranée. Il a été spécialement employé à la course à cause
de sa marche et de l’aide de ses avirons, ses canons étaient
toujours de petit calibre[42]. »
Après la paix de 1815, le chébec disparut en Europe, mais ici il fut
utilisé, jusqu’à la fin de la Régence.
3.
Le
brigantin
Petit navire de la famille des galères. Pantero Pantera le décrit comme un
peu plus petit que la galiote mais ayant la même forme à cela près,
qu’il n’a pas la coursive si élevée que la galiote. Il est ponté,
porte une seule voile qui est la voile de maître. Il a de huit à
seize bancs à un seul rameur. Ses rames, longues et minces sont d’un
maniement facile.
Rapides et commodes (ils occupent peu de place), les brigantins étaient
très prisés en Algérie. Ils avaient fait leurs preuves dans la
course. D’après Jal, « les Turcs s’en servaient plus que les
Chrétiens[43]. »
4.
La
galéasse
La galéasse désignait, au début, une grande galère. Elle accueillit tôt,
une artillerie imposante. Elle était présente dans toutes les
grandes batailles navales où elle joua un rôle déterminant,
notamment à Lepante (1571).
5. Les autres types de
navires
La marine d’Alger utilisa également la frégate (al-fargâta), unité de
guerre d’un tonnage supérieur à celui de la corvette ; le brick
(al-bric), unité d’un petit tonnage à deux mâts et à deux voiles
carrées ; la polacre (al-blâcra) navire à trois mâts et à voiles
carrées mais d’un rang inférieur; al-harrâqa, al-lanjûr, ach-chaqf,
al-falûka, al-kanbrï, al-ghurâb, ach-chitiya[44].
La tartane était un petit bâtiment en usage en Méditerranée mais il
ne supportait qu’une voile triangulaire.
Cette variété de navires, différents par la grandeur, la forme, la mâture,
la voilure et le gréement, étaient armés en guerre ou destinés au
cabotage.
Au cours de ces trois siècles d’activité ininterrompue, les navires de la
Régence devaient nécessairement subir des modifications ou laisser
la place à une génération de bâtiments.
Vers la fin de XVIème siècle, les marines d’Europe avaient évolué très
sensiblement sur le plan technique. Quelques années auparavant, les
galéasses vénitiennes, véritables galères de haut bord, devaient
jouer un rôle décisif dans la bataille de Lépante. Les galions[45]
d’Espagne furent suréquipés et chargés d’artillerie. D’une manière
générale, les bâtiments européens furent conçus très haut pour ne
pas être abordés sans difficulté.
Cette évolution avait des répercussions sur la marine algérienne qui
adopta, dès le début du XVIIème siècle, les bateaux ronds. On les
appelait ainsi parce qu’ils étaient trois ou quatre fois plus longs
que larges, alors que les autres étaient six à huit fois plus longs
que larges.
Ces navires ne se déplaçaient qu’à la voile. Ils étaient moins rapides
dans leur évolution mais ils présentaient des avantages certains.
Ils étaient plus résistants que les galères. Celles-ci
n’appareillaient qu’en été et ne se hasardaient guère hors du bassin
occidental de la Méditerranée. Les nouvelles unités, par contre,
sortaient toute l’année et s’aventuraient, aussi bien, dans
l’Atlantique que dans, la Méditerranée orientale. C’est en 1617 que
huit vaisseaux, bien armés, débarquèrent à Madère[46].
Une armée de plusieurs centaines d’hommes, ravagèrent l’île et
rentrèrent à Alger avec un riche butin et de nombreux captifs.
L’introduction des techniques nautiques modernes, la possibilité de
naviguer tantôt à la rame et tantôt à la voile, les bonnes qualités
de l’armement, assurèrent, à la marine algérienne, une supériorité
durant le XVIIème siècle notamment, par rapport aux autres,
demeurées archaïques et fidèles à des formules périmées.
D - MARINE
NATIONALE OU MARINE PRIVEE
Au sujet de la propriété des navires de la marine d’Alger, la question fut
posée très tôt. Avait-on affaire à un bien de l’Etat ou à celui des
particuliers ?
Historiens et voyageurs sont d’accord pour dire que le gouvernement, comme
les sujets, disposaient de vaisseaux[47]
même, si par moment, le principal armateur était le « Beylik. »
Mais d’autres sources indiquent le contraire.
« Il n’y a qu’un seul (navire) qui appartienne à l’Etat, souligne un
document de l’époque, les autres sont à des particuliers qui les
arment quand bon leur semble et qui vont avec, où il leur plaît,
après avoir demandé, toutefois, permission au Dey qui ne la refuse
jamais[48]. »
Laugier de Tassy est de cette opinion : Le Dey disposait d’un vaisseau
assigné à l’amiral. En 1722, le Dey Muhammad Efendi « fit approprier
une pinque hollandaise pour en faire le vaisseau de l’Etat[49]. »
On l’appelait le Deylik. Il avait ses magasins propres et assez bien
munis[50].
Quant aux particuliers, ils appartenaient à toutes les classes sociales du
pays : Khaznadar, Wakil al-Hardj, Bail al-maldji, Raïs, Bey du
Ponant, Bey du Midi, Bey de l’Est, gouverneur de Cherchel, mu’allim
aas-Safa'in, commerçants, juifs, petites gens. Il y avait même des
associations de plusieurs bourses modestes. Les frais, les coûts
d’entretien et de sorties prolongées exigeaient, en effet, des
capitaux importants. Les nécessités financières expliquent,
pourquoi, le Diwân seul ne pouvait avoir le monopole de la course.
Les riches négociants avaient une part appréciable dans l’armement.
Les bâtiments changeaient de mains en toute liberté. En 1743, « le
nommé Abd al-Qâdir, marchand d’Alger, vend le vaisseau « Neptune, »
de fabrique anglaise, ancré au port, à M. J.Caisse, négociant à
Marseille[51].
Lorsqu’un navire du beylik ou des privés disparaissait en mer ou était
capturé par l’ennemi, « la République ou les particuliers étaient
dans l’obligation d’en substituer un autre. » Dans le cas où le
particulier était dans l’incapacité d’en acquérir un autre, ses
parents étaient mis en demeure « de suppléer à cela afin que l’Etat
ne perde rien[52]. ».
Laugier de Tassy trouvait ces contraintes une sage maxime de l’Etat
: « La République ne souffre jamais de diminution dans sa puissance[53]. »
La force ne devait pas être limitée dans son accroissement. Dès
qu’un navire était pris ou perdu il était remplacé par un autre égal
ou plus fort, mais jamais plus petit[54].
S’il était permis aux armateurs de choisir leurs sorties et programmer
leurs croisières, il était des moments où cette liberté connaissait
de sévères restrictions. Les particuliers étaient tenus de faire
passer l’intérêt de la nation avant le leur. Le transport des
garnisons et de leurs provisions, les ordres du Dey, le devoir
d’apporter un soutien militaire et logistique au Sultan ne devaient
souffrir en aucun cas, ni hésitation ni discussion[55].
Vers la fin de la période que nous examinons, une nette évolution se
dessina. Le contrôle de l’Etat sur les affaires de la marine devint
quasi-exclusif. Les navires étaient biens du Dey, donc biens du
gouvernement. Le privé ne pouvait plus armer pour son propre compte.
Il lui était seulement permis d’avoir de petites embarcations avec
lesquelles on faisait du cabotage[56].
Propriété privée ou bien de l’Etat, le navire était farouchement protégé
par les lois de la Régence. Le moindre dommage subi en mer pouvait
conduire à un conflit armé.
Mais on nous dit par ailleurs que les bateaux qui faisaient régulièrement
le trafic entre Alger et les Etats de Sardaigne et portaient la
poste appartenaient, bien qu’ils arborassent le pavillon sarde, à
diverses autorités algériennes. En effet le brick la Stella,
commandé par le capitaine G.Schiaffino et le brick Lamô, commandé
par J.Schiaffino avaient été achetés par l’Agha commandant en chef
des troupes ; le bateau dénommé La Volanta di Dio, commandé par le
capitaine J. Baptiste appartenait au ministre de la marine et le
bateau La Fortuna était la propriété du directeur du trésor.
Tous les autres bâtiments avaient le pavillon algérien et la majeure
partie était armée en guerre. Le plus important des dits bateaux
était la goélette « Mansour, » commandé par Raïs Osmane. Ce navire
avait été construit au chantier d’Alger par un génois, J.Dodaro[57]. »
Un incident naval eut lieu en 1788 : un corsaire algérien ayant été coulé
par le vaisseau français « Le Partenope » près des côtes de
Provence, le Dey voulut que la France en fut responsable et menaça
le Consul de Kercy de déclarer la guerre à sa nation si elle ne
remplaçait pas, immédiatement, le bâtiment perdu. Le Consul proposa
de l’argent, mais le Khaznâdji repoussa cette offre, exigeant un
navire tout semblable. Le gouvernement français, considérant les
circonstances dans lesquelles on se trouvait, fut obligé de
consentir à cette exigence de l’Odjaq « dans l’intérêt de la paix
qui menaçait, à chaque instant, d’être troublée[58]. »
[1]
Lanfreducci et Boso, Costa e discorsi... Publié par
Montchicourt et Granchamp, R.A., 1925, pp. 35- 165.
[2]
Aranda (E.d’), Relation de captivité, p.130.
[3]
Dapper, Description de l’Afrique, p. 177.
[4]
La Croix , Relation Universelle ... II, p. 75, Lettre
à MM. les Etats, 16 avril 1662.
Par ailleurs, pour mieux apprécier l’effort de la Régence, il convient
de comparer ces effectifs avec ceux des puissances
chrétiennes. Décrivant la situation de la marine française
au temps de Louis XIII, La Roncière note que ce monarque
« avait dû mendier une escadre à l’Angleterre et une autre à
la Hollande pour réduire, en 1625, des sujets rebelles. »
Dressant le tableau de la marine de guerre française, en
1661, l’inventaire de l’historien paraît peu éloquent : des
vaisseaux bons à rompre, à vendre et à servir des brûlots.
Sur dix-huit bâtiments, douze dataient de 1640, deux de
1645, et sept de 1646. Trois étaient vieux et hors de
service. Parmi ces unités, la « Sainte Anne ne valait pas
son radoub. » Histoire de la Marine... pp. 324-325.
[5]
Mémoires, v. 264.
[6]
Dancour, Relation de voyage... inC.T,n° 99-100,1977, p. 317.
[7]
Petis de La Croix (François) était secrétaire interprète du
Roi pour les langues orientales.
[8]
A.N.Marine B7/49, janvier 1662.
[9]
A.N.Marine B7/49, janvier 1662, p. 483.
[10]
Voyages pour la rédemption des captifs... par les PP.
Camelin de La Motte et Bernard, p. 106.
[11] Laugier de Tassy, Histoire du Royaume d’Alger, p. 262. Notons que, d’après Jurien de la Gravière, les forces navales d’Alger passent d’entre 1724 à 1732, de 24 unités à 16.
[12]
Voyage pour la rédemption des captifs, p. 107.
[13]
Fau (R.P.), Voyage, publié par M. Emerit, R.A., 1940,
p. 255.
[14]
Shaw, Voyages... I, 89.
[15]
A.N. Aff.Etr. Mémoires et documents, t. 13, Algérie
(1754).
Les états des
forces maritimes de 1750 à 1754 sont établis avec précision
dans AC.C.M. série E-57
[16]
A.C.C.M. Série J 1364, Lettre de Lemaire, 9 mars 1750.
[17]
Vallière, Mémoire... publié L. Chaillou sous le titre
« Alger en 1781, » Toulon, S.D. p. 40.
[18]
Esquer, Documents inédits sur l’Histoire de l’Algérie,
2ème série.
[19]
Lacoste, « La marine algérienne sous les Turcs, »
R.M., p. 302.
[20]
A.N.Aff.Etr. Mémoires et Documents, Alger, 1.14
(1790-1827).
En août 1815, un officier anglais dénombrait : 4 frégates, 3 gardes corvettes, 1 brick, 10 grandes canonnières, 10 petites, 4 ou 5 polacres sans canon. A.N. Mémoires et Documents (Afrique, 5).
[21]
Dan, Histoire... p. 279.
[22]
Pidon de Saint Olon, Etat présent de l’Empire du Maroc,
1964, p. 13.
[23]
Braithwaite, Histoire des Révolutions de l’Empire du
Maroc, p. 445.
[24]
A.C.C.M. Série J 1365, mai 1752.
[25]
A.C.C.M. Série E/67, Lettre adressée de Cadix par un certain
Clémanceau « qui a passé un mois à Salé » 8 mai 1758.
[26] A.N.Aff.Etr.
B 111-10, f° 108-109, Lettre de M. Le Comte de Vergenne, 1er
août 1774 au conseil du Roi.
[27]
A.C.C.M. Série B/88, Lettre du 3 mai 1793.
[28]
A.N. Marine B7/49 (1692).
[29]
Dan, op. cit p. 279.
[30]
Détails dans Revue Tunisienne, 1977.
[31]
Dan op. cit. p. 255.
[32]
Etat du Royaume de Barbarie, p. 106.
[33]
D’après Aymard (Braudel, Mélanges... I, 50, citant
Jurien de la Gravière) vers 1550, les galères vénitiennes
mesuraient près de 42m de long, un peu plus de 5m de large
et 1,725 de haut. Vers 1691, à Marseille, ces bâtiments
mesuraient 46,777m de long et 5,847 de large et 2,328 de
creux.
[34]
A.N.Aff.Etr. Lettre à Colbert, 14 novembre 1662.
[35]
A.N.Aff.Etr. Lettre au même ministre, 5 décembre 1662.
[36]
A.N.Aff.Etr. B 1-115, Lettre du 4 novembre 1667.
[37]
A.N.Aff.Etr. B III-305, Année 1775.
[38]
La course, L’esclavage... p. 20.
[39]
Bouchet, « Le chébec, » Revue Neptunia, 4/1946.
[40]
Appelés arbres dans le langage des marins.
[41]
Le tonneau : unité internationale de volume pour le jaugeage
des navires, équivalent de cent pieds cubes britanniques,
soit 2,83 m3.
[42]
Revue Neptunia, n° 117/1975.
[43]
Jal, Glossaire, I, 342-343.
[44]
En espagnol : saetya; en italien : seattia.
[45]
Les Algériens ne semblent pas avoir acquis le galion sinon
comme bâtiment de prestige. Hasan ibn Khayr ad-Din en avait
un de soixante canons (Tenenti A., La Marine Vénitienne
avant Lépante, Paris 1962, p. 48)
[46]
Ile sous domination portugaise, à l’ouest du Maroc, 740 km2.
[47]
Arvieux, Mémoires, V, p. 264 ; Fau, Voyage,
R.A., 1940, p. 255.
[48]
A.N. Collection Saint Priest, Correspondance secondaire,
Registre 127 - Barbarie et Alger.
Il faut rappeler
qu’en Europe, au XVIème siècle, les vaisseaux royaux ne
constituaient qu’un élément des flottes réunies pour le
combat. « Seule Venise et l’Empire ottoman disposaient d’une
flotte marine de guerre » (Lapeyre, Les Monarchies
européennes du XVIème siècle, p. 325).
[49]
Histoire d’Alger, p. 261.
[50]
Le Roy, Etat du Gouvernement du Royaume d’Alger, p.
99.
[51]
A.C.C.M. Série J 1363, Lettre du P.Thomas, consul à Alger,
28 septembre 1743.
[52]
Fau, Voyage, R.A., 1940, p. 255.
[53]
Histoire... p. 262.
[54]
Morgan, Histoire des Etats barbaresques, II, pp.
107-108.
[55]
L’Espagne, avant Philippe II tout au moins, s’était
contentée d’une rudimentaire marine royale. Les Rois avaient
peu investi dans la construction navale. « Ils ont recouru,
écrit H. Lapeyre, Philippe II lui- même, au système
traditionnel de l’asiento y embargo. L’Etat concluait des
contrats avec des particuliers pour la location de navires,
se chargeait de leur entretien et procédait à des
réquisitions. » (Op. cit. p. 325)
[56]
Rozet, Voyages, III, p. 379.
[57]
Modica, « Dattali , » B.S.G.A., 1914, p. 81.
[58]
De Kercy, Mémoires sur Alger, 1791, édit. Esquer,
1927.