Les
Shouhadah du siège de Ta'if
Durant ce siège, les polythéistes ne perdirent que deux
hommes tandis que les Musulmans enregistrèrent la perte
de douze Compagnons ; neuf Mouhajirine et trois Ansar,
tous tués par flèche :
1 - Sa’id Ibn Sa’id Ibn Oumayyah al-Oumayi.
2 - Habib Ibn ‘Abd-al-Manaf al-Kinani al-Oumayi par
alliance.
3 - Yazid Ibn Zoum’a Ibn al-Aswad al-Asdi.
4 - ‘AbdAllah Ibn Abou Bakr as-Siddiq at-Taymi.
5 - ‘AbdAllah Ibn Abou Oumayyah Ibn al-Moughirah
al-Makhzoumi.
6 - ‘AbdAllah Ibn ‘Amir Ibn Rabi’ah al-‘Anzi al-‘Adawi
par alliance.
7 - As-Sa’ib Ibn al-Harith Ibn Qays as-Sahmi.
8 - ‘AbdAllah Ibn al-Harith as-Sahmi.
9 - Jalbaha Ibn ‘AbdAllah, as-Sa’di al-Leythi.
10 - Thabit Ibn al-Jaz’ al-Ansari.
11 - Al-Harith Ibn Sahl al-Ansari.
12 - Al-Moundir Ibn AbdAllah al-Ansari.
La répartition du butin et le sort des captifs
de Hawazin
Après la levée du siège, le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) retourna avec son armée à La Mecque.
Sur le chemin du retour, il prit le même itinéraire qui
l’avait amené la première fois à Hounayn, puis à
Ta'if, à savoir Dahna près de
Ta'if, Qarn al-Manazil (une petite montagne), Nakhla,
appelée aujourd’hui la vallée d’al-Yamaniya. Mais avant
d’entrer à La Mecque, il s’arrêta avec son armée à
al-Ji’rana pour répartir les prises de guerre.
Avant la répartition, les bédouins qui participèrent à
la bataille de Hounayn insistèrent auprès du
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à ce
que le butin soit vite réparti, à tel point qu’ils le
gênèrent et même le bousculèrent.
Les historiens et biographes ont rapporté : « Sur son
chemin, les Bédouins se mirent à lui demander avec
insistance; en disant : « Partage nous notre butin !, »
tant qu’il leur répondit : « Vous me connaissez que je
ne suis ni avare, ni peureux, ni encore menteur » et
qu’il saisit ensuite les poils d’une chamelle (se
trouvant près de lui) en disant : « O gens, je jure par
Allah que je ne désire ni votre butin ni ces poils de
chameau ! »
Après s’être arrêté à al-Ji’rana, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ordonna à Zayd Ibn
Thabit un notable Ansar de ses Compagnons, de recenser
le butin puis de donner à chaque combattant la part qui
lui revenait et Zayd Ibn Thabit mena à bien la mission
dont il fut chargé. Après avoir recensé puis réparti les
parts entre les Musulmans qui prirent part à la
bataille, il donna à chaque homme quatre chameaux ou
quarante moutons. Ceci pour les fantassins mais pour les
cavaliers, il donna à chacun douze chameaux ou cent
vingt moutons (une part pour le cavalier et deux parts
pour son cheval. Ainsi était la loi de répartition du
butin à l’époque à cause de l’importance du cheval dans
les batailles)[1].
Ceux
dont les cœurs furent gagnés
La législation musulmane stipule que le cinquième du
butin de l’armée musulmane est mis à la disposition du
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui
l’emploie dans l’intérêt général de l’Islam. Le texte
mentionnant le cinquième du butin est expressément
mentionné dans le Qur’an : «
Et sachez que, de
tout butin que vous avez ramassé, le cinquième
appartient à Allah, au messager, à ses proches parents,
aux orphelins, aux pauvres, et aux voyageurs (en
détresse), si vous croyez en Allah et en ce que Nous
avons fait descendre sur Notre serviteur, le jour du
Discernement : le jour où les deux groupes se
rencontrèrent, et Allah est Omnipotent. »
(Qur’an8/41)
Comme nous l’avons mentionné, le butin à Hounayn
s’élevait à 24000 chameaux, 40.000 ovins ainsi qu’une
grande quantité de bijoux en argent.
Sur la base du verset précité, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) eut le cinquième, à
savoir 4000 chameaux, 8000 ovins ainsi que le cinquième
des dizaines de milliers de bijoux en argent ce qui
représentait à l’époque une grande fortune. Il convient
de préciser que cette partie du butin n’était pas
destiné au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) en particulier mais pour le Trésor Public.
Ainsi après la répartition, le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam), le représentant de l’état islamique,
employa cette fortune pour la cause de l’Islam. Et pour
gagner les cœurs des notables arabes fraichement
convertis, il leur attribua une grande partie de cette
part du butin :
- Abou Soufyan Ibn Harb : 100 chameaux, 40 pièces
d’argent.
- Mou’awiyyah Ibn Abou Soufyan : 100, 40.
- Yazid Ibn Abou Soufyan : 100, 40.
- Hakim Ibn Hazm : 100, 40.
- An-Nazir Ibn al-Harith Ibn Kilda : 100, 40.
- Oussayd Ibn Haritha az-Zahri : 100, 40.
- Al-‘Ala' Ibn Haritha
: 50, 40.
- Makhzama Ibn Nawfal : 50, 40.
- Al-Harith Ibn Hisham : 100,
40.
- Sa’id Ibn Yarbou’ : 50, 40.
- Safwan Ibn Oumayyah : 100, 40.
- Qays Ibn Ouday : 100, 40.
- ‘Uthman Ibn Wahb : 50, 40.
- Sahil Ibn ‘Amr : 100, 40.
- Houwaytab Ibn ‘Abd-al-Ouzzah : 100, 40.
- Hisham Ibn ‘Amr : 50, 40.
- Al-Aqra’ Ibn Habis at-Taymi : 100
, 40.
- ‘Ouyaynah Ibn Hisn al-Fizari : 100, 40.
- Malik Ibn ‘Awf an-Nasri : 100, 40.
- Al-‘Abbas Ibn Mirdas : 100,
40.
- ‘Alqama Ibn ‘Ilatha ath-Thaqafi : 100 chameaux, 40
pièces d’argent.
Les historiens ont rapporté que le premier à demander
une part du butin fut Abou Soufyan Ibn Harb. Il
entra chez le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
et lui avait dit d’abord : « O Messager d’Allah tu es
devenu le plus riche de Qouraysh, » puis demanda quand
il le vit sourire : « Donne-moi de cette richesse, ô
Messager d’Allah !
- « O Bilal, donne à Abou Soufyan 40 bijoux. Et
donne-lui 100 chameaux. »
- « Et mon fils Yazid, donne-lui aussi. »
- « Donne à Yazid 40 bijoux, et 100 chameaux. »
- « Et mon fils Mou’awiyyah, ô Messager d’Allah. »
- « Donne-lui, ô Bilal, 40 bijoux (ainsi que) 100
chameaux[2]. »
La
réaction des uns et des autres
Commençons d’abord par le poète et seigneur des Banou
Salim, ‘Abbas Ibn Mirdas qui par des vers, reprocha au
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de lui avoir
donné « seulement » quatre chameaux insatisfait de la
répartition. Quand le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) fut informé de la réaction d’Ibn Mirdas, il lui
donna à la place 100 chameaux en disant : « Retenez sa
langue de moi[3].
»
Quant à Hakim Ibn Hizam, il jura de ne
plus accepter de don après ce qui lui arriva avec le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), au point où il
fut surnommé l’ascète.
Hakim
Ibn Hazm a dit : « A Hounayn, je demandai
au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 100
chameaux et il me les donna. Je demandai encore 100
chameaux qu’il me donna aussi puis une troisième fois
aussi. (Au total Hakim eut 300 chameaux). Après
quoi, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) me dit : « O Hakim Ibn Hizam, ce
bien est plaisant. Celui qui le prend avec une âme
généreuse, verra ce bien bénit mais celui qui le prend
avec une âme (arrogante), ne le verra pas béni. Ce bien
sera comme celui qui mange et ne se rassasie pas. La
main élevée est mieux que la main basse et commence par
celui qui est réduit à la misère. »
Depuis, Hakim Ibn Hazm ne demanda plus
rien et se contenta uniquement de sa part.
Ibn Abou az-Zinad a rapporté que Hakim Ibn Hazm
ne prit que les 100 premiers chameaux offerts par le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)[4].
A part ces deux réactions d’Ibn Mirdas et d’Ibn Hizam
diamétralement opposées, il y eu aussi celle des Ansar.
Ces derniers, les plus proches Compagnons du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), exprimèrent leur
mécontentement à leur bien-aimé après lorsqu’ils virent
les parts données à ceux dont les cœurs furent gagnés.
Quand le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fut
informé du sentiment des Ansar, il se fâcha car il les
aimait beaucoup. Puis, il les rejoignit pour leur
expliquer les raisons de sa décision.
Les traditionnistes et les biographes ont rapporté que
les Ansar eurent seulement quatre chameaux chacun tandis
que chacun des nouveaux convertis 100 comme ‘Ouyaynah
Ibn Hisn, Abou Soufyan Ibn Harb, Safwan
Ibn Oumayyah et al-Aqra’ Ibn Habis.
Ils rapportèrent aussi que les
Ansar dirent :
« Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a
rencontré les siens. A la guerre, nous sommes ses
Compagnons mais durant les répartitions, ce sont les
siens et ses proches parents. Nous aimerions bien savoir
de qui cela vient, si cela vient d’Allah, nous
patienterons, mais si cela est du Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), nous aimerions bien le
lui reprocher[5].
»
D’autres Ansar dirent aussi : « Qu’Allah pardonne au
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Il
donne à Qouraysh et nous abandonne bien que nos sabres
suintent de leur sang[6].
»
Lorsque le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) eut
des échos de ces propos des Ansar, les bras de l’Islam,
il se rendit chez leurs chefs sans qu’aucun Mouhajirine
ne soit présent pour tirer cette affaire au clair en
tête-à tête avec ses alliés.
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) leur dit
après avoir louangé Allah le Très-Haut : « O Ansar, vos
propos me sont parvenu et vous êtes fâchés. En arrivant
(à Médine), Allah ne vous a-t-Il pas mis sur le droit
chemin alors que vous étiez égarés, ne vous a-t-Il pas
enrichis alors que vous étiez démunis, n’a-t-Il pas
réconciliés vos cœurs alors que vous étiez ennemis ?
- « Certes, c’est par la Grace d’Allah et de Son
Messager, » répondirent-ils.
- « Ne me répondrez-vous pas, ô Ansar ? »
- « Que veux-tu que nous te disions, ô Messager d’Allah
? Alors que la grâce et la faveur sont aux mains du
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
-« Par Allah, si vous aviez voulu, vous auriez parlé et
je vous aurai donné raison : « Renié tu nous es venu et
nous t’avons cru ; abandonné et nous t’avons soutenu ;
poursuivit et nous t’avons donné asile ; démuni et nous
t’avons aidé. O Ansar, vous avez été blessés dans votre
amour propre pour une chose de ce monde, par laquelle
(j’ai voulu) gagné quelques-uns des nouveaux convertis à
l’Islam. Alors que vous, je vous ai confiés ce qu’Allah
Exalté vous a donné de l’Islam. O Ansar, ne
consentez-vous pas à ce que les gens s’en aillent avec
ovins et chameaux et que vous retourniez à vos demeures
avec le Messager d’Allah ? Par Celui qui détient la vie
de Muhammad, n’était-ce l’exil (hijrah), j’aurais
été un des Ansar et si les gens avaient suivi des
chemins et que les Ansar avaient pris d’autres chemins,
j’aurai pris les chemins des Ansar. Les Ansar sont un
dessous et les gens un dessus[7].
»
La
libération des captifs
De retour de Ta'if, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) resta un mois à al-Ji’rana avec le secret espoir
de voir les seigneurs de Hawazin venir lui demander la
libération de leurs enfants et de leurs femmes. Hawazin
tardant à se montrer et l’ensemble de l’armée demandant
la répartition des prises de guerre, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se vit contraint de
répondre à la demande des Musulmans.
Mais, après la répartition des enfants et des femmes de
Hawazin, une délégation de Hawazin, composée de quatorze
hommes dont leur chef Abou Sourad Zouhayr Ibn Sourad se
présenta chez le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et après avoir annoncé
leur conversion à l’Islam et celle de tout Hawazin, ils
lui demandèrent une faveur ; de libérer leurs femmes et
leurs enfants. Ce fut difficile car les captifs avaient
déjà été distribués mais le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) fit de son mieux pour les libérer
après avoir donné à certains Musulmans des compensations
du trésor publique. Quant aux Mouhajirine, les Ansar et
Banou Salim, ils relâchèrent leurs captifs sans
contrepartie.
Parmi ses captifs au nombre de six mille se trouvait
Shaymah Bint al-Harith, la sœur de lait du
Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Shaymah s’occupa avec
sa mère, Halima Bint Zouway’ib, du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) alors qu’il était un
petit enfant chez les Banou Sad de Hawazin.
Quand on la présenta devant le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), elle lui dit : « Je
suis ta sœur de lait, » et il lui demanda pour vérifier
: « Et quelle preuve de cela as-tu ? »
- « Une morsure au dos. Tu m’as mordu alors que je te
portais sur mon dos quand nous étions dans la vallée
d’as-Sin, ton père est mon père et ta mère est ma mère.
Nous avons tété nourris par le même sein. Rappelle-toi,
o Messager d’Allah. »
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se
rappela alors et vit que sa sœur de lait était dans une
situation difficile. Il se leva rapidement puis étala sa
cape en lui disant : « Assieds-toi dessus. » Il
l’accueilli chaleureusement et pleura à ces souvenirs.
Il s’enquit de ses parents puis la libéra.
La conversion du roi de Hawazin, Malik Ibn ‘Awf
Les biographes et traditionnistes ont rapporté qu’après
la libération des captifs, le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) interrogea la délégation de Hawazin
sur ce qu’il était advenu de Malik Ibn ‘Awf puis les
avait chargés d’informer ce dernier en ces termes : «
Dites-lui que s’il vient Musulman, je lui rendrai sa
famille et ses biens et qu’en plus je lui donnerai 100
chameaux. » Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
avait auparavant exclu de la répartition du butin la
famille et les biens de Malik.
Quand celui-ci fut informé de la proposition, il décida
sans hésitation de rejoindre le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) mais pour arriver à La
Mecque, il dut faire le voyage secrètement pour une
bonne raison car il était caché à Ta'if, parmi les
Thaqif qui étaient encore des associés et des ennemis de
l’Islam de qui il craignait un mal si jamais ils
venaient à être informé de ses intentions.
A La Mecque, il annonça son Islam devant le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui tint alors
sa promesse[8].
Le retour du Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) à Médine
Après avoir achevé la répartition du butin entre les
combattants, après avoir donné du cinquième du butin des
centaines de chameaux à « ceux dont les cœurs furent
gagnés, » après avoir séjourné à al-Ji’rana dans les
environs de La Mecque durant treize nuits, du 5 au 8
Dzoul Qi’dah de l’an 08 de l’Hégire, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida de prendre le
chemin du retour avec ses Compagnons mais avant de se
rendre à Médine, il passa avec ses Compagnons par La
Mecque où ils accomplirent la ‘Oumrah et où le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) désigna ‘Outtab Ibn
‘Oussayd gouverneur pour les affaires concernant la
gestion de la ville sacrée et des savants pour apprendre
aux nouveaux musulmans mecquois les préceptes de
l’Islam.
Et Deux jours plus tard après son entrée dans La Mecque,
un jeudi des dix derniers jours de Dzoul Qi’dah, le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) prit la
direction de Médine.
Il
est rapporté dans les livres de biographies (sirah) que
le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) mit
neuf jours pour parcourir le chemin de La Mecque à
Médine et sortit de va ville sacrée le 18 Dzoul Qi’dah,
il arriva dans la ville des Ansar le 27 du même mois[9].
Comment Thaqif embrassèrent l’Islam
Comme nous l’avons précédemment mentionné, le siège de
Ta'if échoua du fait de la résistance acharnée de Thaqif
sans oublier que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) n’avait pas été ordonné de capturer la citadelle
et qu’en plus, après la levée du siège, il pria Allah, à
Lui les Louanges et la Gloire, pour que Thaqif se
convertisse à l’Islam.
Cette conversion, ne fut pas été facile car Thaqif se
cramponnèrent à leurs croyances idolâtres malgré les
attaque répétées mais infructueuses de Malik Ibn ‘Awf,
après qu’Allah Exalté l’eut conduit au droit chemin.
Si les attaques de Malik Ibn ‘Awf furent apparemment des
échecs, cela ne veut pas dire que les Thaqif restèrent
imperméables. Au contraire, leurs idées concernant
l’Islam changèrent surtout après le retour de leur
seigneur ‘Ourwah Ibn Mas’oud, l’envoyé des notables de
Thaqif pour acheter du matériel de guerre à Jourash.
‘Ourwah Ibn Mas’oud était l’un des plus grands seigneurs
et en principe c’est lui qui aurait dû commander les
troupes de sa tribu Thaqif lors de la bataille de Hounayn
mais son absence qui dura trois mois, l’en empêcha.
C’était aussi doué un homme doué de bon sens qui, dès
son retour à Ta'if, tira les bonnes conclusions quant au
conflit entre l’Islam et les croyances païennes car il
constata un grand nombre de bouleversements en si peu de
temps (le Fath de La Mecque, la bataille de Hounayn
et la défaite de Hawazin, siège de Ta'if et les
offensives répétées de Malik Ibn ‘Awf contre Thaqif).
Finalement, ‘Ourwah Ibn Mas’oud se convainquit qu’il ne
restait pas beaucoup de temps avant que toute l’Arabie
soit islamiquement administrée et c’est la raison qui le
poussa à embrasser l’Islam. Cependant avant de partir
pour Médine, il avait accompli d’abord la mission dont
il avait eu la charge et monta les armes qu’il avait
ramenées de Jourash.
L’Imam al-Waqidi dans
al-Maghazi a
rapporté :
« Lorsque le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
assiégea Ta'if, ‘Ourwah Ibn Mas’oud était à Jourash pour
apprendre à se servir des chars et des catapultes. Il
revint à Ta'if après la levée du siège du Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) puis monté les
chars et les catapultes et les prépara jusqu’à l’instant
où Allah Très Puissant et Très Haut ouvrit son cœur à
l’Islam.
Après quoi, il partit à Médine et annonça sa conversion
au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) puis
lui dit : « O Messager d’Allah, permets- moi de
retourner chez les miens pour les appeler à l’Islam. Par
Allah, je n’ai pas vu de religion pareille qu’un homme
puisse fuir. »
- « Ils sont tes assassins, » lui répondit le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). »
Mais ‘Ourwah réitéra deux fois de suite sa demande et à
la dernière, le Messager (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
lui dit : « Va, si tu veux. »
Il partit alors pour Ta'if où il entra le soir et se
dirigea directement chez lui (sans saluer l’idole
al-Lat). Les gens qui le virent dire : « Le voyage ne
lui a pas laissé le temps.»
Puis, ils se
rendirent chez lui pour le saluer avec le salut des
polythéistes, ce salut qu’il venait de refuser. Il leur
répondit donc «
Vous avez sur vous le salut des gens du Paradis. »
Il les appela ensuite à embrasser l’Islam mais ils
refusèrent de l’entendre et dirent : « Par al-Lat, nous
avons douté dans notre for intérieur quand tu ne t’es
pas approché de la déesse et rasé la tête devant elle. »
Ils lui firent (verbalement) du mal mais il leur
pardonna et après l’avoir quitté, ils complotèrent
contre lui. Le lendemain matin, au moment il se prépara
pour la prière chez lui, un homme tira sur lui et le
toucha à une artère.
Alors les proches de ‘Ourwah se rassemblèrent pour le
venger mais il les empêcha en disant : « Ne vous
entretuez pas à cause de moi. Mon sang, je le donne en
aumône à celui qui m’a tiré dessus pour vous
réconcilier. Ceci est une grâce dont Allah m’a gratifié.
J’atteste que Muhammad est le Messager d’Allah.
Il m’a prévenu que vous me tueriez. » Puis il dit à ses
proches : « Enterrez-moi avec les Shouhadah qui ont
combattu avec le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) durant le siège. »
Quand le Messager fut informé de ce qui s’était passé;
il dit : « L’exemple de ‘Ourwah est comme celui de
l’homme (cité dans la Sourate) de Ya Sin qui fut tué par
son peuple parce qu’il les appela à adorer Allah Exalté
Très Puissant et Très Haut[10].
» »
Après le meurtre de son seigneur musulman, Thaqif prit
conscience de sa position parmi les tribus voisines et
se sentie solitaire et isolée dans un voisinage
totalement islamisé ce qui l’amena à adopter une
démarche raisonnable et beaucoup plus tempérée que les
précédentes.
Les notables de Thaqif désormais tous convaincus qu’il
était impossible de continuer à vivre dans un état de
guerre permanente contre l’Islam et les tribus
musulmanes voisines commandées par Malik Ibn ‘Awf, le
roi de Hawazin décidèrent d’envoyer une délégation au
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pour
discuter les termes d’une paix et annoncer leur
conversion ainsi que celle des leurs à l’Islam.
C’est ainsi que Thaqif envoya à Médine une délégation
composée de six notables ‘Abd Yalil Ibn ‘Amrou Ibn
‘Oumayr, al-Hakam Ibn ‘Amrou Ibn Wahb Ibn
Mou’attib, Shourahbil Ibn Ghilan Ibn Salan Ibn
Mou’attib, ‘Uthman Ibn Abou al-‘As, Aws Ibn ‘Awf et
Namir Ibn Kharasha[11].
A Médine, avant de se résoudre définitivement à annoncer
la conversion de l’ensemble de Thaqif, ces représentants
menèrent de longues discussions dans lesquelles ils
avancèrent des propositions inacceptables qui furent
d’ailleurs toutes rejetées par le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) parce qu’elles étaient en
contradiction avec l’Islam.
Voici les propositions résumées rejetées par le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) :
1 - Liberté de fornication.
2 - Autorisation de l’emploi de l’usure dans le
commerce.
3 - Autorisation de consommation des boissons
enivrantes.
4 - Abolition de la prière.
5 - Ajournement de la destruction de leur idole al-Lat
pour trois années.
Les biographes ont rapporté :
« Al-Moughirah Ibn Shou’bah se présenta devant le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et lui
dit : « O Messager d’Allah, (des représentants de ma
tribu) sont arrivés avec l’intention d’embrasser l’Islam
si tu acceptes leurs conditions, ils se porteront
garants des leurs et de leur pays en contrepartie. »
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) lui
répondit qu’il était prêt à répondre à leurs conditions
(pour la cause d l’Islam). Sur ce, al-Moughirah sortit
et alla informer les Thaqif installés chez lui de la
réponse du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
C’est sur l’ordre du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) qu’al-Moughirah Ibn Shou’bah hébergea ces
représentants et Khalid Ibn Sa’id Ibn al-‘As qui
s’occupa de leur séjour.
Durant leur séjour, les pourparlers se tenaient dans la
mosquée. Et, à l’occasion, ils entendaient la récitation
du Qur’an, regardaient comment les Musulmans se
disposaient en rang pour accomplir les prières et
écoutaient les prônes du Prophète (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam).
Ainsi, Ils restèrent plusieurs jours entre la maison
d’al-Moughirah et la mosquée du Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam). Chez leur hôte, ils dormaient et
mangeaient et dans la mosquée, ils discutaient avec le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de leurs
conditions.
Voici l’essentiel des discussions :
‘Abd-Yalil demanda : « Décides-tu en notre faveur pour
que nous retournions chez nous ? » Le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) répondit : « Oui. Si
vous reconnaissez l’Islam, je déciderai en votre faveur.
Sinon, il n’y a aura pas de conciliation entre vous et
moi. »
- « Qu’en est-il, d’après toi, de la fornication ? En
voyage, nous n’emmenons pas nos femmes avec nous. Il
nous faut alors cela car aucun de nous ne patiente. »
- « Elle est de ce qu’Allah Exalté a rendu illicite pour
les Musulmans. Allah Exalté Très Haut a dit : « Et
n’approchez point la fornication. En vérité, c’est une
turpitude et quel mauvais chemin ! » (Qur’an 17/32)
- « Qu’en est-il de l’usure ? »
- « L’usure est illicite. »
- « Mais tous nos biens viennent de l’usure. »
- « Vous avez le fonds de vos biens. Allah Exalté dit :
« Ô les croyants ! Craignez Allah ; et renoncez au reliquat de l’intérêt
usuraire, si vous êtes croyants. » (Qur’an 2/ 278)
- « Qu’en est-il des boissons enivrantes ? C’est le jus
de nos vignes et nous en avons grand besoin. »
- « Allah l’a rendu illicite. Allah Exalté dit : « Ô
les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres
dressées, les flèches de divination ne sont qu’une
abomination, œuvre du Diable. Ecartez-vous en, afin que
vous réussissiez. » (Qur’an 5/90)
Lors d’autres rencontres, ils posèrent d’autres
conditions (celle de la non-destruction d’al-Lat, la
déesse de leur tribu, et l’abolition de la prière pour
eux), mais le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
réussit à les convaincre du mal-fondé de leurs
conditions et arriva à les persuader d’embrasser
l’Islam.
Comment
al-Lat fut détruite
La conversion à l’Islam de Thaqif eut lieu en l’an neuf
de l’Hégire, cela fut le dernier clou du cercueil de
l’idolâtrie dans la région du Hijaz et de l’ouest
de Najd, là où habitait la grande tribu de Hawazin des
Thaqif.
La journée de la chute définitive d’al-Lat fut journée
mémorable. Ce jour-là, al-Moughirah sous bonne escorte
se chargea de sa
destruction devant les Thaqif venus voir pour la
dernière fois leur ancienne idole mentionnée dans le
Noble Qur’an.
Allah Exalté Très Haut dit : « Que
vous en semble [des divinités], al-Lat et ‘Ouzzah ainsi
que Manat, cette troisième autre ?
Serait-ce pour vous le garçon et à Lui la fille ?
Que voilà donc un partage injuste ! Ce ne sont que des
noms que vous avez inventés, vous et vos ancêtres. Allah
n’a fait descendre aucune preuve à leur sujet. Ils ne
suivent que la conjecture et les passions de [leurs]
âmes, alors que la guidée leur est venue de leur
Seigneur. » (Qur’an 53/19 à 23)
Ainsi, la destruction d’al-Lat et la conversion de
Thaqif furent la dernière phase du conflit qui opposa
l’Islam à l’idolâtrie dans le Hijaz. Avec Thaqif
islamisé, une année environ après la bataille de Hounayn
en l’an 9 de l’Hégire, c’est toute la région qui devint
sous l’autorité morale de l’Islam.
Cette année 9 de l’Hégire fut d’ailleurs appelée l’Année
des Délégations durant laquelle Allah Exalté Très Haut
et Très Puissant fit descendre la Sourate le Secours qui
annonçait son seulement la fin de la Révélation mais
aussi le succès et la fin de la mission du Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) :
« Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
- Lorsque vient le secours d’Allah ainsi que la
victoire,
- et que tu vois les gens entrer en foule dans la
religion d’Allah,
- alors, par la louange, célèbre la gloire de ton
Seigneur et implore Son pardon. Car c’est Lui le grand
Accueillant au repentir.
» (Qur’an 110)
[1]
Al-Maghazi,
t. III, p. 949.
[2]
Maghazi
al-Waqidi, t. III, p. 945.
[3]
Sirah
Ibn Hisham, t. IV, p. 137,
Maghazi al-Waqidi, t. III, p. 947,
Tarikh
at
Tabari, t.III, p.91.
[4]
Maghazi
al-Waqidi, t. III, p. 945.
[5]
Maghazi
al-Waqidi, t. III, p. 956-957 et
as-Sirah al-Halabiya, t. II, p. 247.
[6]
Al-Bidayah wa an-Nihayah,
t. V, p. 356.
[7]
Les Ansar sont plus près du cœur du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi
wa sallam).
Sirah Ibn
Hisham,
t. IV, p. 242,
Maghazi
al-Waqidi, t. III, pp. 957-958,
al-Bidayah
wa an- Nihayah, t. IV, p. 358, Tarikh
at-Tabari, t. III, pp. 93-94,
Sahih al-Boukhari, t. V, p.
203 et as-Sirah al-Halabiya, t. II, pp 247-248.
[8]
Maghazi
al-Waqidi, t.III, pp. 954-955.
[9]
Al-Maghazi,
t.III, pp. 958-960.
[10]
Maghazi
al-Waqidi, t.III, p. 962.
[11]
Sirah Ibn Hisham,
t. IV, p. 184,
al-Maghazi, t. III, p. 963 |