Le cri d’al-‘Abbas, oncle du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)

 

Comment le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) réussit-il a sonné le rappel de ses Compagnons alors que la première fois, il n’avait pu les rassembler ?

 

Al-‘Abbas Ibn ‘Abd-al-Mouttalib (radhiyallahou ‘anhou) était parmi la centaine de Compagnons qui restèrent avec le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) au moment où l’armée musulmane subit l’échec. Il avait une voix forte qui portait sur plusieurs miles et le Prophète (radhiyallahou ‘anhou) le savait bien.

Et c’est pour cette raison qu’il demanda à son oncle al-‘Abbas d’appeler l’armée à retourner sur le champ de bataille. Il lui recommanda d’appeler spécialement les Ansar et les Compagnons de l’Arbre (ceux qui prêtèrent allégeance sous l’arbre à al-Houdaybiyah) car c’étaient ceux-là qui formaient vraiment la colonne vertébrale de l’armée musulmane et ceux-là, qui s’ils savaient leur bien-aimé Prophète en difficulté face à l’ennemi, retourneraient sans hésiter sur le champ de bataille et avec ceux-là que le rapport de force changerait certainement en faveur de l’Islam, avec la volonté d’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire.

 

Al-‘Abbas exécuta l’ordre du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en appelant les Compagnons, les véritables Auxiliaires d’Allah et de Son Messager. Son appel fut tellement perçant qu’il déchira le ciel et tellement fort que tous les Compagnons comprirent sa teneur et dans un nouvel éclair de lucidité retournèrent rapidement  sur leurs pas.

 

La reprise du combat

 

Dès le retour des Musulmans autour du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), la bataille reprit sérieusement cette fois. Les deux camps s’entrechoquèrent dans un fracas brutal qui vit en un court laps de temps le rapport de force changer au profit du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et de ses Compagnons. Les Musulmans combattirent avec abnégation et patience jusqu’à ce qu’Allah Exalté couronne leurs sacrifices par une victoire éclatante sur Hawazin.

 

L’Imam Muhammad Ibn ‘Umar al-Waqidi nous a rapporté cette journée mémorable dans son  œuvre célèbre al-Maghazi :

« Anas Ibn Malik a dit : « Dès notre arrivée dans la vallée (de Hounayn), nous avons été pris par surprise avant les premières lueurs de l’aube. (Leurs) troupes tombèrent sur nous à partir des collines et des passages étroits de la vallée. Ils fondirent sur nous en une seule charge (organisée), ce qui a mis la cavalerie à découvert (la cavalerie de Salim). Les cavaliers battirent en retraite suivis par les Mecquois et d’autres qui paniquèrent.

J’entendis alors le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui appelait : « O Auxiliaires d’Allah et Auxiliaires de Son Messager ! C’est moi le Serviteur d’Allah et Son Messager ! (Je suis là) et je patiente ! » Puis, il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) s’avança avec sa lance vers les gens. »

 

Quant à al-‘Abbas Ibn ‘Abd-al-Mouttalib, il a dit : « A Hounayn, les Musulmans et les polythéistes se rencontrèrent. Les premiers battirent en retraite et je vis alors le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) accompagné seulement d’Abou Soufyan Ibn al-Harith Ibn ‘Abd al-Mouttalib qui tenait la mule du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

Lorsque le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) vit les Compagnons s’enfuir sans se retourner, il me dit (il faut dire que je suis un homme qui a une voix qui porte) : « Crie : O Ansar, ô Compagnons de l’Arbre ! » J’ai alors lancé : « O Ansar, ô Compagnons de l’Arbre ! » Et ils sont arrivés tels des chamelles pleines d’affection pour leurs petits en criant : « Nous sommes là ! Nous sommes là ! » 

 

Il faut dire que l’appel fut d’abord adressé  aux Ansar et qu’ensuite il se restreignit aux Khazraj. Ces derniers étaient endurcis et sincères au combat. Alors, le Messager (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) vit leurs morts (de Hawazin) en dit : « Maintenant, la bataille devient acharnée. » Puis il prit des cailloux et les jetés en disant : « Soyez vaincus par le Seigneur de la Ka’bah ! »

 

Anas a dit : « Par Allah, je voyais leur position s’affaisser jusqu’au moment où Allah les vainquit et c’est comme si je vois maintenant le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se lancer à leur poursuite sur sa mule[1]. »

 

Anas en parlant des Compagnons qui restèrent avec le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) lors de la défaite de l’armée a dit : « J’ai vu le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) regarder à droite et à gauche en criant aux gens qui fuyaient : « O Auxiliaires d’Allah et Auxiliaires de Son Messager ! C’est moi le Serviteur d’Allah et Son Messager qui patiente ! » Puis, il s’avança avec sa lance devant les gens.

Par Celui qui l’a envoyé, nous n’avons pas frappé avec l’épée ni n’avons tiré une flèche que Allah les a vaincus. Puis le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se retourna vers les combattants et leur donna l’ordre de tuer tous ceux qu’ils pouvaient tuer. Hawazin se mit alors à reculer et les Musulmans à revenir. » »

 

Certains historiens ont rapporté les noms de quelqu’un de ces hommes (radhiyallahou ‘anhoum) :

- Abou Bakr,

- ‘Umar Ibn al-Khattab,

- Al-‘Abbas Ibn ‘Abd al-Moutalib,

- ‘Ali Ibn Abou Talib,

- Al-Fadl Ibn al-‘Abbas,

- Abou Soufyan Ibn al-Harith,

- Rabi’ah Ibn al-Harith,

- Ayman Ibn ‘Oubayd al-Khazraji,

- Oussama Ibn Zayd et,

- Haritha Ibn an-Nou’man.

 

L’intrépidité du chef de Hawazin

 

Les historiens ont aussi rapporté que le chef de Hawazin Malik Ibn ‘Awf montra un grand courage ainsi que sa tribu (les Banou Nasr). Lui et ses proches combattirent avec un tel courage et intrépidité qu’ils faillirent être tous exterminés.

Malik Ibn ‘Awf ne se retira du champ de bataille qu’après avoir été convaincu que ses troupes avaient été dispersées par les Musulmans.

 

Al-Waqidi a rapporté :

« Le combat devint si acharné autour des Banou Nasr (les parents de Malik Ibn ‘Awf) et des Banou Rabab que ‘AbdAllah Ibn Qays an-Nasri, qui était musulman dit : « O Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), les Banou Rabab sont en train d’être massacrés. »

 

Et ainsi, après un dur et violent combat, Hawazin fut défait après une victoire initiale, perdit des centaines d’hommes ainsi que six mille personnes prisonniers qui tombèrent entre les mains des Musulmans et laissa ses  vingt-quatre mille chameaux. Une prise de guerre jamais réalisée par les Musulmans du vivant du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

La poursuite des fuyards

 

Lorsque la situation tourna en faveur des Musulmans et après que la victoire fut arrachée de haute lutte, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna l’ordre aux combattants de poursuivre les Hawazin, encore sous le choc de la défaite, afin qu’ils n’aient pas la possibilité de se regrouper.

 

Les troupes musulmanes, sous le commandement du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam, se mirent donc à la poursuite de Hawazin jusqu’à Ta'if où les fuyards se retranchèrent et principalement les hommes de Thaqif, l’une des plus importantes branche de Hawazin. Là, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) les assiégea plusieurs jours puis se retira avec ses Compagnons sans que Ta'if ne tombe aux mains des Musulmans.

 

Durant la poursuite des polythéistes, les Musulmans comprirent qu’ils avaient remporté une large victoire et rien ne résista sur leur passage. Les Hawazin dans leur fuite, laissèrent derrière eux, femmes, enfants et biens. L’idée de Malik Ibn ‘Awf s’avéra une catastrophe et ses hommes n’attachèrent aucune importance ni à leurs biens ni à leurs familles quand ils virent l’armée musulmane déferler sur eux.

 

A vrai dire, si l’assaut de l’armée musulmane fut irrésistible quelques Hawazin tentèrent de se réorganiser, malgré la défaite. L’un de ces groupes se rassembla dans la vallée d’Outas pour se réorganiser et continuer le combat. Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) leur envoyé un escadron sous le commandement d’Abou ‘Amir al-Ash’ari (l’oncle d’Abou Moussa al-Ash’ari) qui brisa leur résistance.

 

Des traditionnistes ont rapporté à propos des Hawazin : « Quand les gens se retirèrent, ils se dirigèrent vers at-Ta'if mais certains d’entre deux, se regroupèrent à Outas et Nakhla (une autre vallée). Alors, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoyé des hommes (parmi eux Salamah Ibn al-Akwa’) pour les combattre. Ce dernier dit : « Après la fuite des troupes de Hawazin, de nombreux Hawazin se regroupèrent à Outas que nous encerclâmes et combattirent. Enfin de compte, il y eut des tués, des prisonniers et aussi des fuyards. »

 

Ibn Ishaq rapporte dans la Sirah d’Ibn Hisham que dix frères des polythéistes de Hawazin se mesurèrent en duel avec Abou ‘Amir al- Ash’ari. Dans ces duels, Abou ‘Amir réussit à tuer les neuf premiers frères mais faillit sur le dernier.

 

Dans la Sirah d’Ibn Hisham et dans al-Maghazi, il est rapporté qu’Abou ‘Amir al-Ash’ari (en tant que chef de l’escadron) affronta dix frères dans des duels séparés. Au premier, Abou ‘Amir dit : « O Allah, sois témoin de lui » et il l’a tué. Au deuxième, il tint les mêmes paroles (après l’avoir appelé à l’Islam) puis l’a tué. Il répéta les mêmes paroles et réussit à chaque fois devant son adversaire. Pour le dixième frère, Abou ‘Amir répéta : « O Allah, sois témoin de lui, » mais le polythéiste répliqua : « O Allah, n’en sois pas témoin. » C’est ce qui retint Abou ‘Amir et le Hawazini fut sauvé et se convertira plus tard à l’Islam.

 

Malik Ibn 'Awf

 

Quant au chef des Hawazin, Malik Ibn 'Awf, il prit la fuite avec son Etat-major lorsqu’il fut convaincu de la débâcle. Certains historiens ont aussi rapporté qu’il fut poursuivi dans sa fuite par az-Zoubayr Ibn al-‘Awwam.

 

Après avoir donné l’ordre dans sa retraite, Malik Ibn ‘Awf assura d’abord la fuite des plus démunis parmi les femmes et les enfants. Puis il retourna vers ses Compagnons et leur demanda de surveiller les parages. Quand il vit az-Zoubayr Ibn al-‘Awwam sur ses traces, il se faufila entre les arbres et les collines pour aller se cacher dans son fort situé dans la vallée de Liya[2].  Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) informé du lieu de son retranchement, ne prit aucune mesure contre lui. Au contraire, il lui envoya un messager qui lui demanda d’embrasser l’Islam, ce que fit d’ailleurs par la suite Malik Ibn ‘Awf.

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) interdit de tuer les femmes et les enfants mais on trouva une femme tuée sur le champ de bataille. Quand le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) vit sa dépouille, il dit: « Elle n’aurait pas dû être combattue. » Et après une enquête, il s’avéra que le responsable de sa mort était Khalid Ibn al-Walid à qui le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya l’un de ses Compagnons qui lui dit : « Le Messager d’Allah t’interdit de toucher aux enfants, aux femmes et aux vieillards. »

 

Le Prophète vit alors une autre femme abattue et contrarié, il questionna après elle (et le responsable). Un combattant de l’armée s’approcha et dit : « C’est moi qui l’a tuée, ô Messager d’Allah. Elle m’a surpris par derrière et a tenté de me tuer, je l’ai alors tuée. »

Le Prophète ordonna alors de l’enterrer, ce qui fut fait.

 

L’estimation du butin

 

Après la défaite cuisante de Hawazin dans la bataille de Hounayn, les Musulmans s’emparèrent d’un énorme butin de guerre composé de vingt-quatre mille chameaux, trente mille têtes d’ovins et huit mille captifs.

 

Et, lorsque le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida de poursuivre Hawazin jusqu’à Ta'if, il ordonna à Badil Ibn Warqa, le chef Khouza’i, de garder ce butin à al-Ji’rana, un endroit près de La Mecque. De retour du siège de Ta'if, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) relâcha tous les captifs mais partagea le reste du butin entre les membres de l’armée.

 

La marche sur Ta'if

 

Ce siège fut considéré comme le prolongement de la bataille de Hounayn. Après la défaite, les troupes de Hawazin se replièrent à Ta'if, là que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) assiégea durant dix-sept jours.

 

Après la bataille de Hounayn, il apparut que la principale force toujours menaçante et intacte était Thaqif et que cette tribu était la colonne centrale de l’armée de Hawazin. Pour cette raison, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ordonna la poursuite et le siège de la citadelle de Ta'if ou il se rendit avec son armée en passant par la vallée de Nakhla et de Liyia.

 

Dans Maghazi al-Waqidi, il est rapporté que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya Khalid Ibn al-Walid (et sa cavalerie) à l’avant-garde des troupes qu’il appuya par plusieurs guetteurs pour arriver à Ta'if et quand il arriva, Thaqif s’était déjà retranché derrière la muraille renforcée de deux grandes portes bien solides qui protégeait leur ville.

 

Lorsqu’ils arrivèrent, les Musulmans furent couvert d’une pluie de flèches et de lances qui touchèrent plusieurs Compagnons contraignant ainsi le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à choisir un autre lieu pour installer le camp.

Le changement du camp fut en fait l’idée de Houbab Ibn al-Moundir, celui-là même qui avait suggéré à Ouhoud de changer la position de l’état-major ainsi que celle du camp lors du siège de Khaybar.

 

Dans al-Maghazi, il est rapporté :

« Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se mit en marche. (Un certain temps après), il arriva près du fort de Ta'if ou il campa avec son armée. Lorsque que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et ses Compagnons furent installés, al-Houbab Ibn al-Moundir dit : « O Messager d’Allah, nous sommes proches du fort. Si c’est un ordre, nous consentons, mais si c’est un avis (humain), il vaut mieux s’éloigner de leur fort. » Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) resta silencieux. »

 

Finalement, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) appliqua la suggestion d’al-Houbab Ibn al-Moundir qu’il appela et à qui il demanda de choisir un autre emplacement pour le camp de l’armée après que des combattants musulmans furent touchés par les flèches tirées du haut du fort.

 

 ‘Amrou Ibn Oumayyah az-Zamari a dit : « Leurs flèches nous couvrirent dès notre arrivée. Allah sait combien elles étaient nombreuses, on aurait dit des nuages de criquets ! Nous nous protégèrent mais des hommes parmi nous furent blessés. Alors le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) appela al-Houbab Ibn al-Moundir et lui dit : « Trouve-nous une hauteur loin de ces gens. » Al-Houbab se rendit jusqu’à l’endroit de l’oratoire de Ta'if, à l’extérieur de la cité, puis revint chez le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pour lui dire qu’il avait trouvé un endroit adéquat. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donné donc l’ordre (aux Compagnons) de changer la position. (C’est vrai que) je voyais Abou Mihjan et ses compagnons tirer du haut du fort des lances, sans qu’aucune flèche ne soit décochée. »

 

Après l’installation du camp sur la hauteur choisie par al-Houbab, les Musulmans revinrent près du fort, mais avant que ne reprennent les hostilités, un Compagnons du nom de Yazid Ibn Zoum’a Ibn al-Aswad s’avança sur son cheval et demanda l’Aman à Thaqif afin de leur parler. On lui assura qu’aucun mal ne lui serait fait mais dès qu’il se rapprocha du fort, les assiégés trahirent leur parole et le tuèrent. Il fut le premier Shahid musulman du siège de Ta'if.

 

Le siège de la citadelle de Thaqif

 

L’armée musulmane déploya des efforts gigantesques pour ouvrir une brèche dans un mur du fort mais la résistance des assiégés fut violente et concentrée. Pour affaiblir et persuader les Thaqif sur leurs intentions, les Musulmans déployèrent une catapulte dont les blocs de pierres furent dirigées sur les tours cependant, cette artillerie n’influa pas le cours des opérations, puisque les Thaqif restèrent sur les murs d’où ils ripostèrent énergiquement contre les assauts des troupes musulmanes. Sous la protection des chars quelques éléments de l’armée musulmane s’approchèrent suffisamment d’un  mur pour le saper mais les Thaqif les empêchèrent à l’aide de lance-pierres et de lance-flammes si bien qu’ils incendièrent les chars sous lesquels ils s’abritaient.

 

Sur cette tentative courageuse, les biographes ont rapporté : « Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) employa des catapultes après avoir d’abord consulté ses Compagnons. Salman al-Farissi dit : « O Messager d’Allah, je vois que tu diriges la catapulte sur le fort. Chez nous en Perse, elles sont utilisées contre les fortifications. » Alors le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) lui demandé d’en fabriquer une autre sur le champ. »

 

A Ta'if donc, les Musulmans utilisèrent la catapulte de Salman al-Farissi ainsi que la catapulte et les deux chars ramenés par at-Toufayl Ibn ‘Amrou ad-Dawsi. De plus, pour plus de sécurité, les routes furent recouvertes de chausse-trapes cependant Thaqif versa du fer fondu détruisant ainsi les chars qui étaient sous les murs du fort[3]. »

 

La conversion à l’Islam de quelques guerriers de Thaqif

 

Pendant le siège, une dizaine d’auxiliaires de Thaqif embrassèrent l’Islam puis rallièrent l’armée du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Quelle fut la raison de ce brusque revirement ?

La raison fut quand le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna l’ordre à son héraut d’appeler les assiégés esclaves à sortir du fort avec la liberté pour garantie.

 

Al-Waqidi a rapporté : « Le héraut du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) cria que chaque esclave qui sortirait du fort serait libre et une dizaine d’hommes sortirent peu après  du fort :

- Abou Bakara,

- Al-Mounba’ith (esclave de ’Uthman Ibn ‘Ammar),

- Al-Azraq Ibn ‘Ouqbah Ibn al-Azraq (esclave de Kilda at-Taqafi),

- Wardan (esclave de ‘AbdAllah Ibn Rabi’ah),

- Youhannas an-Nabbal (esclave de Yassar Ibn Malik),

- Ibrahim Ibn Jabir (esclave de Kharacha at-Taqafi),

- Yassar (esclave de ‘Uthman Ibn ‘AbdAllah),

- Abou Bakara Nafi’ Ibn Masrah (esclave d’al-Harith Ibn Kilda),

- Nafi’ Abou as-Sa’ib (esclave de Ghilan Ibn Salamah) et

- Marzouq (esclave de ‘Uthman).

Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) accorda la liberté à tous ces hommes puis leur désigna des Compagnons qui se chargèrent de leur apprendre le Qur’an et les fondements de l’Islam[4]. » 

 

L’ordre de destruction des vergers de Thaqif et la levée du siège

 

Les Musulmans fournirent de grands efforts et essayèrent plusieurs moyens afin d’écourter les épreuves de la bataille mais sans succès. Ta'if resta défiante et riposta uniquement par des tirs de lances, de flèches, de pierres et de feu ; ses guerriers ne risquèrent aucune sortie malgré les invitations répétés au duel des Musulmans.

 

Devant cette situation difficile, certains historiens ont rapporté que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ordonna de détruire les jardins de Thaqif pour amener les assiégés à sortir de leur retranchement puis qu’il revint sur sa décision car Thaqif lui demanda d’être compatissant envers les liens du sang qui les unissaient (la grand-mère maternelle du Prophète Ta'if était de Thaqif).

 

L’Imam Ibn Kathir a rapporté dans al-Bidayah et an-Nihayah : « Quand le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) constata que le siège allait durer, et que plusieurs de ses Compagnons avaient été tués, il ordonna de couper les vignes de Thaqif, ce que les gens firent aussitôt. »

 

D’autres historiens ont rapporté que lorsque Soufyan Ibn ‘AbdAllah at-Thaqafi vit les Musulmans entreprendre la destruction, il appela : « O Muhammad, pourquoi abimes-tu nos biens ? Soit tu t’en rends maitre si tu nous vaincs, soit tu l’épargnes pour Allah et les liens du sang. » Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) (S. B. sur lui) ordonna l’arrêt après avoir répondu : « Je les laisse pour Allah et pour les liens du sang. »

 

Après cela et quinze jours de siège, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida de retourner à La Mecque et avant de lever le siège, il consulta ses proches Compagnons.

 

Dans certains livres d’histoire, il est rapporté que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne reçut pas eu la permission du Très-Haut pour vaincre Thaqif retranchée derrière les murs. « Khawlah Bint Hakim Ibn Oumayyah (la femme de ‘Uthman Ibn Affan) demanda au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de lui offrir, si Ta'if tombait, les bijoux de Badiyah Bint Ghilan, ou ceux de al-Fari’a Bint ‘Aqil (les plus douces et plus aimables femmes de Thaqif). Mais le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) l’a surpris par sa réponse : « Et si on ne m’a pas donné la permission pour Thaqif, ô Khouwaylah ? »

Khouwaylah rapporta ces propos, à ‘Umar Ibn al-Khattab qui, à son tour, alla s’enquérir auprès du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de leur véracité ce qu’il lui confirma. Après quoi, ‘Umar demanda au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de lui permettre d’appeler pour la levée du siège. »

Et ce fut ainsi que le siège fut levé.

 

Lors de la levée du siège, certains Compagnons demandèrent au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) d’invoquer Allah contre Thaqif mais le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fit le contraire et pria pour les Thaqif.

 

At-Tarmouzi (Tirmidi ?) a rapporté que certains Compagnons dirent au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) : « O Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), les flèches de Thaqif nous ont vraiment causé du mal. Invoque Allah contre eux. » Mais sa réponse fut : « O Allah, guide Thaqif (vers le droit chemin)[5]

 

Quant à al-Waqidi, il a rapporté que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit : « O Allah, guide Thaqif et ramène-les[6]. » Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, les guida en effet en les emmena à annoncer leur conversion à l’Islam devant Son Envoyé, à Médine.

 

Certains biographes ont rapporté que lors de la levée du siège, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) demanda à ces Compagnons de répéter après lui : « Il n’y a de dieu qu’Allah Seul, Qui a tenu Sa promesse, donné la victoire à Son Serviteur et vaincu Seul les Coalisés, » et après la levée du siège, sur le chemin du retour, il pria : « Ils viendront, par la Volonté d’Allah, adorant Allah Exalté et Le louangeant[7]. »



[1] Maghazi al-Waqidi, t. III, p. 898-899.

[2] Maghazi al-Waqidi, t. III, p. 917, Sirah Ibn Hisham, t. IV, p. 97, al-Bidayah wa an- Nihayah, t. IV, pp. 336-337.

[3] Sirah Ibn Hisham, t. III, p. 126 et Maghazi al-Waqidi, t. III, pp. 927-928.

[4] Al-Maghazi, t. III., pp. 931, Sirah Ibn Hisham, t. IV, pp. 127-128 et al-Bidayah wa an-Nihayah, t. IV. p. 347.

[5] Al-Bidayah wa an-Nihayah, t. IV, p. 350.

[6] Al-Maghazi, t. III, p. 937.

[7] Al-Maghazi, t. IV, p. 937.