La bataille de
Hounayn
Lorsque les Musulmans devinrent maitres de La Mecque (le
plus grand et plus important centre de l’idolâtrie), il
devint clair que les derniers jours de l’idolâtrie
étaient comptés non seulement dans le Hijaz, mais
dans toute l’Arabie. La question de la chute définitive
de cette croyance païenne devint alors une simple
question de temps.
Après la neutralisation de Qouraysh qui retenait
l’haleine des autres idolâtres associateurs, seul un
ensemble de tribus craintes (les tribus Hawazin) connues
pour leurs capacités guerrières et leur grand nombre se
dressait devant les Musulmans. Et bientôt 20000 d’entre
eux se dirigèrent vers La Mecque pour rencontrer les
Musulmans à Awtas dans la vallée de Hounayn.
Les poches de
résistance autour de La Mecque
Malgré la chute de Qouraysh (le grand protecteur de
l’idolâtrie), quelques poches païennes restèrent dans
les environs de La Mecque ce qui suggéra au Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) l’idée de les
neutraliser aussi avant d’engager la bataille décisive
avec les tribus Hawazin.
Dès la stabilisation de la situation dans La Mecque, le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya
plusieurs détachements de son armée pour éliminer toute
trace païenne dans la région, lesquels détachements
accomplirent scrupuleusement leur mission par la
destruction de ce qui était resté des idoles dans les
régions situées au sud et au sud-est de La Mecque.
Ces détachements détruisirent al-Manat et al-‘Ouzzah,
deux idoles historiques et respectées par les Arabes que
le Noble Qur’an a mentionné.
En ce qui concerne les opérations exécutées par les
Musulmans, elles furent au nombre de cinq :
La patrouille
d’al-Moushallal
La patrouille commandée par Sa’d Ibn Zayd al-‘Ashhali
arriva à al-Moushallal et détruisit l’idole Manat.
Al-Waqidi a rapporté cette opération dans donner aucun
autre détail sur celle-ci et sur la réaction des
idolâtres (si ces derniers firent preuve d’une
résistance ou non).
Voici ce qu’il a rapporté : « Le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya Sa’d Ibn Zayd
al-‘Ashhali à al-Ashhal pour (détruire) Manat. Sa’d Ibn
Zayd réussit sa mission. Et Manat était la plus ancienne
idole que les Arabes adoraient. Elle était plus ancienne
qu’al-‘Ouzzah et le reste de toutes les idoles. »
Al-Kalbi dans son livre
al-Asnam a
rapporté : « Et Manat était la plus ancienne idole des
Arabes. Les Arabes employaient les noms de ‘Abd Manat,
Zayd Manat, etc. Cette idole était dressée sur le bord
de la mer, dans la région d’al-Moushallal, à Qadid,
entre Médine et La Mecque. Tous les Arabes l’adoraient
et faisaient pour elle des sacrifices, parmi eux les Aws
et les Khazraj. »
Al-Kalbi contredit al-Waqidi quant à celui qui dirigea
la patrouille qui détruisit la statue. Pour lui, ce fut
l’Imam ‘Ali Ibn Abou Talib[1].
L’expédition de la destruction d’al-‘Ouzzah (le
25 Ramadan 08)
Sur l’ordre du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam), Khalid Ibn al-Walid se chargea, avec l’aide de
trente cavaliers, de la destruction d’al-‘Ouzzah (la
plus grande idole chez Qouraysh) dressée sur l’un des
affluents de la vallée Nakhla (nommée actuellement la
vallée d’al-Yamaniya).
Dans al-Maghazi, il est rapporté que le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) entra dans La Mecque le
vendredi des dix dernières nuits de Ramadan puis envoya
des patrouilles dans toutes les directions avec pour
mission d’attaquer ceux qui n’étaient pas encore
musulmans ; Hisham Ibn al-‘As se dirigea vers Yalamlam,
Khalid Ibn Sa’id Ibn al-‘As à la tête de trois cents
hommes vers ‘Ourana[2]
et Khalid Ibn al-Walid vers al-‘Ouzzah.
Quand Khalid arriva à cette idole, il la détruisit puis
revint informer le Prophète[3].
L’expédition
de Yalamlam
Sur ordre du Prophète, vers la fin du mois de
Ramadan de l’an
08 de l’Hégire, Hisham Ibn al-‘As se dirigea à la tête
de deux cents musulmans pour combattre ceux qui étaient
encore païens dans la région de Yalamlam, située au
sud-est de La Mecque, plus exactement entre la Mecque et
Ta’if, à deux nuits de marche de Ta’if.
Yalamlam était le lieu de rendez-vous des gens du Yémen
pour le pèlerinage. On y trouve la mosquée de Mou’ad Ibn
Jabal. Tout ce que nous avons pu recueillir comme
information c’est ce qui a été rapporté par al-Waqidi :
« Alors le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) envoya les patrouilles dans chaque direction en
leur donnant l’ordre d’attaquer ceux qui n’avaient pas
encore embrassé l’Islam. Hisham Ibn al-‘As sortit alors
à la tête de deux cents hommes en direction de Yalamlam[4].
»
Cependant, il est fort possible que cette expédition fut
dirigée contre une partie de Hawazin, parce que les
tribus de la région attaquée et située dans les environs
de Ta’if étaient toutes de Hawazin ou du moins les
alliés de Thaqif.
L’expédition de ‘Ourana (vers la fin de Ramadan
08)
‘Ourana est la vallée historique située près de ‘Arafah.
Ce fut dans cette vallée que le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) prononça son célèbre sermon du
pèlerinage d’Adieu.
Quant aux habitants avant l’avènement de l’Islam, un
clan de Houzayl, étaient des ennemis acharnés du
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). En
l’an 04 de l’Hégire, ils mobilisèrent une armée pour
attaquer Médine mais ils ne purent réaliser leur dessein
car le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avait
envoyé en commando un de ces Compagnons, ‘AbdAllah Ibn
Anis al-Jouhani pour assassiner leur chef ce qui fit
échouer leur plan d’invasion.
La colonne de trois cents hommes sous les ordres de
Khalid Ibn Sa’id Ibn al-‘As qui quitta La Mecque
anéantit définitivement la présence idolâtre à ‘Ourana.
Ce sont là les seuls éléments que nous avons pu
recueillir; à notre connaissance, aucun des historiens
n’a donné plus de détails sur l’opération militaire.
Toutefois, on peut dire que cette opération fut menée
contre la tribu de Houzayl dont un nombre important
d’hommes étaient restés idolâtres après le Fath
de La Mecque.
L’expédition des Banou Jazima
Toujours vers la fin du mois de Ramadan de cette même
année, eut lieu la plus connue des opérations militaires
entre le Fath et Hounayn, à cause de
l’erreur commise par Khalid Ibn al-Walid et de la
réaction du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) envers son attitude.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
donna l’ordre à Khalid Ibn al-Walid de se marcher sur le
territoire des Banou Jazima avec trois cents cinquante
combattants pour appeler ces derniers à embrasser
l’Islam[5].
Sur les lieux, Khalid commit une action dont le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit qu’il n’en portait
pas la responsabilité et qui le mis en colère. Cette
action fut l’ordre donné par Khalid d’exécuter un
certain nombre de captifs des Banou Jazima qui étaient
Musulmans et non pas des associateurs.
Dans al-Maghazi d’al-Waqidi, nous trouvons ceci :
« Après avoir détruit al-‘Ouzzah, Khalid Ibn al-Walid
revint auprès du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) alors encore dans La Mecque. Ce dernier
l’envoya (cette fois) aux Banou Jazima pour les appeler
à l’Islam et non pour les combattre.
A la tête de trois cents cinquante hommes (des
Mouhajirine, des Ansar et des Banou Salim), Khalid se
dirigea vers les Banou Jazima situés alors au bas de La
Mecque et s’écria : « C’est Khalid avec des Musulmans
! »
- « Nous sommes aussi des Musulmans, » répondirent
certains des Banou Jazima, « nous prions et nous
reconnaissons Muhammad. Et chez nous, il y a des
mosquées d’où nous appelons à la prière. »
- « A l’Islam! » dit Khalid.
- « Nous sommes Musulmans. »
- « Pourquoi êtes-vous donc armés alors ? »
- « A cause des hostilités qui ont éclaté entre nous et
un clan arabe. Nous les avons prises, car en vous
voyant, nous vous avons pris pour eux et pour nous
défendre contre ceux qui contredisent la religion de
l’Islam. »
- « Déposez maintenant vos armes, » demanda alors
Khalid.
A cet ordre, un homme des Banou Jazim refusa au début en
disant aux siens : « Par Allah, il va vous surprendre à
cause des anciennes animosités que vous connaissez
d’ailleurs » mais il finit par jeter son sabre après la
demande des siens qui lui dirent : « Nous sommes
Musulmans, et les gens viennent d’embrasser l’Islam. De
plus, Muhammad est aujourd’hui dans La Mecque,
nous n’avons donc pas peur de Khalid. »
Ils déposèrent donc les armes et se constituèrent
prisonniers. Au moment des prières, on les détachaient
pour qu’ils puissent accomplir la prière puis on les
ligotaient de nouveau.
Cependant à l’aube, Khalid Ibn al-Walid donna l’ordre de
les tuer et tous qui étaient sous la garde des Banou
Salim furent passés par les armes, excepté ceux qui
étaient sous la garde des Mouhajirine et des Ansar qui
furent relâchés.
Quand le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) fut informé de cette tragédie, il leva les mains
au ciel en disant : « O Allah, je suis innocent de ce
qu’a commis Khalid ! » On lui présenta aussi Khalid
qu’il blâma avant d’envoyer aussitôt ‘Ali Ibn Abou Talib
aux Banou Jazima pour payer le prix du sang des tués.
Hawazin
Les historiens et biographes s’accordent à dire que
Hawazin était l’une des plus grandes et plus dangereuses
tribus dans toute l’Arabie. Des Moudar ‘Adnaniyah, cette
tribu s’apparentait à Hawazin Ibn Mansour Ibn ‘Ikrimah
Ibn Khasfa Ibn Qays Ibn ‘Ilan Ibn Moudar Ibn Nizar Ibn
Mou’ad Ibn ‘Adnan.
Aussi se divisait-elle en plusieurs branches dont les
plus importantes étaient les Banou Thaqif (les habitants
de Ta’if et ses environs), les Banou Ka’b, les Banou
Kilab, les Banou Hilal, les Banou ‘Amir Ibn Sa’sa’a, les
Banou Jousham (le clan de Dourayd Ibn as-Simma) et les
Banou Nasr, les gens de Malik Ibn ‘Awf réunies sous
trois importantes confédérations : les Banou Sa’b Ibn
Bakr, les Banou Mou’awiyyah Ibn Bakr et les Banou
Mounabbih Ibn Bakr.
Du point de vue militaire, Hawazin pouvait être comparée
aux tribus Ghatafan qui combattirent le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à plusieurs reprises et
qui participèrent au siège de Médine imposé par les
Coalisés.
Hawazin était très connue avant l’avènement de l’Islam.
C’était une tribu difficile et combattive qui avait à
son actif plusieurs batailles avec les tribus voisines
mais aussi à l’intérieur de ses propres clans.
Quant au territoire occupé par Hawazin, il était très
vaste à cause de ses nombreux clans et tribus. Ses
terres s’étendaient de la vallée de Hounayn près
de La Mecque jusqu’au sud-ouest du Najd, juste près du
Yémen. Hawazin était donc une tribu tant du Najd que du
Hijaz.
La menace Hawazin
Il est normal que tous les Arabes considéraient Qouraysh
comme une puissance pouvant faire face au nom de
l’idolâtrie à l’Islam et à ses combattants musulmans car
elle était le dépositaire des croyances païennes. Ce fut
pour donc pour cette raison principale qu’avec la chute
de Qouraysh, le reste des polythéistes pressentirent le
danger se rapprocher, notamment Hawazin qui avait estimé
que la fin de l’idolâtrie politique et militaire de
Qouraysh était le plus dangereux évènement dans toute
l’Arabie et que l’instauration d’une entité musulmane à
La Mecque aurait un grand effet sur leur avenir et que
leur propre idolâtrie menaçait de tomber dans les
oubliettes.
En fait, et pour ces raisons, Hawazin se prépara bien
avant la chute de La Mecque pour la bataille qui allait
l’opposer aux Musulmans. Nous avons précédemment
rapporté comment le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) se rendit compte de la préparation de
Hawazin avec la capture d’un de leur espion par une
patrouille de reconnaissance musulmane.
Après le Fath, il devint évident pour Hawazin que
son tour était venu pour mener une bataille décisive
contre les Musulmans. C’est cette certitude qui lui fit
accéléré et renforcé davantage ses préparatifs de guerre
et de désigner Malik Ibn ‘Awf comme chef de toute la
tribu[6].
Quant à al-Waqidi, il a rapporté dans
al-Maghazi :
« Quand le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) termina avec le Fath de La Mecque, les
notables de Hawazin (ainsi que ceux de Thaqif) se
consultèrent, sonnèrent la mobilisation générale de
leurs hommes et se déclarèrent prêts à faire la guerre
contre l’armée de Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam).
Ils se dirent les uns aux autres : « Par Allah, Muhammad
n’a rencontré que des gens qui ignorent l’art de
guerroyer. Prenons une décision commune et marchons sur
lui avant qu’il ne marche sur nous. » Hawazin se réunit
alors autour de Malik Ibn ‘Awf
alors âgé de
trente ans et seigneur connu[7]. »
Ce jeune chef suivit dans la mobilisation des troupes
une méthode des plus étranges et des plus irréfléchies
dans l’histoire des batailles décisives de l’Arabie.
Ainsi, après le rassemblement de vingt mille guerriers
des différentes tribus de Hawazin, il ordonna à ce que
tous les guerriers se déplacent vers La Mecque avec
leurs biens et leurs familles. Par cette décision, le
jeune chef pensait que cela donnerait plus de fermeté et
de résistance aux hommes sur le champ de bataille et les
empêcheraient de battre en retraite en laissant leurs
femmes et enfants à la merci de l’ennemi.
Mais ce jeune chef ignorait que c’était surtout le
vaincu qui ne reculerait devant rien pour sauver sa
propre peau, comme cela lui avait été dit par le célèbre
Dourayd Ibn as-Simma.
La première fracture dans l’armée de Hawazin
Malgré le grand rassemblement de 20.000 hommes pour
attaquer les Musulmans à La Mecque, une division
dangereuse se produisit dans les rangs de Malik Ibn
‘Awf.
Deux grandes tribus qui avaient leur poids militaire
dans Hawazin s’opposèrent à son idée qu’elles perçurent
comme un danger contre leurs familles et biens en plus
d’une carence flagrante dans l’art de mener une
bataille.
Cependant malgré cette opposition, Malik Ibn ‘Awf
réussit à maintenir sa décision ainsi que la cohésion
des rangs avant d’ordonner le départ tout en provoquant
le retrait des contestataires des tribus des Banou Ka’b
et Kilab, des Banou ‘Amir Ibn Sa’sa’a. L’artisan de ce
retrait, surtout celui de Kilab, se nommait Ibn Abou
al-Bara'.
Al Waqidi dans
al-Maghazi (t.III, p.886) a rapporté : « Ni Ka’b ni
Kilab de Hawazin n’y prirent part bien que les Banou
Kilab soient proches. On se demanda alors : « Pourquoi
Kilab a-t-elle abandonné ? » La réponse arriva
(rapidement) : « Par Allah, c’est vrai qu’elle est
proche mais Ibn Abou al-Bara' intervint et demanda de ne
pas prendre part (à la bataille). Son intervention a
prise en compte. » »
Malgré le retrait de ces deux tribus, la force de
Hawazin resta intacte, avec une force estimée à 20000
hommes sous le commandement de Malik Ibn ‘Awf alors que
les Musulmans ne dépassaient pas 12000 hommes.
Hawazin qui avait eu l’intention d’attaquer les
Musulmans bien avant le Fath de La Mecque,
envisagea même la possibilité d’une défaite de son armée
et adopta un plan de repli vers les agglomérations
(Ta'if) pour se retrancher au cas où l’offensive
échouerait.
Nous avons déjà aussi mentionné l’envoie d’une
délégation à Jarash, en Jordanie, pour acheter des
catapultes et des chars afin de les utiliser comme
moyens de défense en cas de siège et ce plan avait été
révélé par l’espion capturé lors de la marche de l’armée
musulmane vers La Mecque.
L’espion du Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam)
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) était donc
déjà informé de ce qui se tramait chez Hawazin et leur
hostilité. Cependant, comme les informations n’étaient
pas suffisantes pour pouvoir élaborer une riposte
adéquate, il décida d’envoyer un de ses Compagnons chez
l’ennemi afin de rassembler le maximum d’informations
nécessaires sur ce qui se préparait contre les
Musulmans.
Le Compagnon qui eut pour mission de collecter ces
renseignements était un Musulman des Banou Salim dont
les terres étaient limitrophes à celles de Hawazin. Ce
Compagnon très connu et devenu célèbre depuis le siège
de Khaybar avait pour nom ‘AbdAllah Ibn Abou Hadrad
al-Aslami.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
l’appela, lui expliqua la situation puis lui donna
l’ordre de s’introduire chez les Hawazin, d’épier leurs
mouvements et de ramener tout renseignement intéressant
sur le plan militaire (état des forces, itinéraire à
suivre, etc.).
Ibn Abou Hadrad exécuta immédiatement les ordres
du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Il
se rendit dans le camp des troupes de Hawazin et passa
quelques jours qui furent très utiles pour la cause de
l’Islam.
De retour à La Mecque, Ibn Abou Hadrad se rendit
chez le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
et lui dit que les troupes de Hawazin étaient
approximativement au nombre de 20000 hommes, qu’ils
avaient installé leur dernier camp dans la vallée de
Hounayn ou ils allaient très prochainement
déclencher leur offensive sur La Mecque.
Ce fut ce dernier renseignement qui précipita les
évènements puisque le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) sortit aussitôt avec son armée afin que
l’affrontement avec Hawazin ai lieu à l’extérieur de la
ville sacrée.
Al-Waqidi a rapporté que Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) sortit le deuxième jour de la fête de
la rupture du jeûne à cause de l’urgence de la
situation.
Les
Hawazin marchent sur La Mecque
Après avoir terminé ses préparatifs, Hawazin marcha sur
La Mecque, dans le strict respect des ordres de son
jeune Malik Ibn ‘Awf qui, rappelons-le, avait demandé
aux 20000 guerriers de se faire accompagner par leurs
familles et leurs biens. 20.000 hommes accompagnés de
leurs femmes, leurs enfants, leurs
vieillards, de leurs chameaux et chevaux ainsi
que de leurs troupeaux ainsi Hawazin sortit au nombre
d’environ 80.000, un exode massif.
Le lieu de rassemblement final des différentes tribus de
Hawazin eut lieu dans la vallée d’Awtas, l’une des
principales vallées de Hounayn situées à l’est de
Mecque par où étaient arrivées les troupes de Thaqif.
Là, ils établirent leur camp et attendirent les
renforts, comme cela est rapporté dans
al-Maghazi.
A la
rencontre de Hawazin
L’armée musulmane, pendant ce temps, sortit pour
rencontrer les troupes de Hawazin dans la campagne, à
une distance appréciable de La Mecque, suite au
compte-rendu d’Ibn Abou Hadrad et ce fut là une
décision judicieuse, qu’Allah, à Lui les Louanges et la
Gloire, inspira à Son Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
Le déclenchement des hostilités à l’extérieur de La
Ville Sacrée apparaissant plus efficace et plus utile
pour l’armée musulmane pour la simple raison que la
situation n’était pas encore stabilisée dans La Mecque
dont le Fath n’avait pas encore dépassé les
dix-sept jours.
De plus, l’abdication des Mecquois n’avait pas été une
conséquence de la reconnaissance de la justesse de
l’Islam mais plutôt une conséquence de leur impuissance
militaire devant Musulmans. Si Qouraysh avait su qu’elle
pourrait faire face au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) et Compagnons, elle n’aurait pas hésité à le
faire. La preuve est ce que Qouraysh avait dit à Abou
Soufyan lorsqu’il avait été envoyé pour conditionner le
Fath (prise) de La Mecque : « Assure nous une
garantie de sécurité et accepte qu’il entre dans La
Mecque. Mais si tu juges qu’il y a quelque faiblesse
parmi ses Compagnons, tu peux alors déclarer la guerre.
»
Donc, un bon nombre de Mecquois avaient déclaré du bout
des lèvres leur conversion à l’Islam sans vraiment y
croire. D’ailleurs cette vérité fut clairement exprimée
par l’un de leurs seigneurs quand il vit les Musulmans
débuter la bataille par un échec : « La magie n’a plus
d’effet ! C’est une véritable défaite ! »
D’un autre côté, si le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) s’était retranché dans La Mecque, son armée
aurait été dans une situation très inconfortable si les
Qouraysh avaient décidé d’exploiter l’occasion.
Ainsi la décision prise par le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) d’engager les hostilités loin de La
Mecque fut une décision juste et perspicace.
Avant de sortir de La Mecque, Le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) évalua le matériel de guerre et le
trouva insuffisant. Il se rendit alors chez son cousin
Nawfal Ibn al-Harith et Safwan Ibn Oumayyah qui
étaient des marchands d’armes.
Safwan Ibn Oumayyah qui était l’un des grands et riches
notable de La Mecque, était aussi l’un des plus célèbres
marchands d’armes. Bien que l’Islam avait eu raison de
la Ville sacrée, il était resté polythéiste et n’avait
pas été contraint d‘embrasser l’Islam. Ce n’est qu’après
la bataille de Hounayn qu’il se convertit à
l’Islam.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se
présenta chez lui et lui fit part de son besoin d’armes
tout en l’assurant d’une indemnité.
- « O Abou Oumayyah, » dit le Prophète, « prête-noms ton
armement pour que nous puissions faire face à notre
ennemi demain. »
- « Est-ce une spoliation, ô Muhammad ? »
- « (Non), tes armes sont garanties. »
- « Alors, il n’y a pas de mal. »
Puis, il donna au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) cent boucliers et leur égal en lances et épées
et assura leur transport à l’aide de ses chameaux
jusqu’au champ de bataille.
Quant à Nawfal Ibn al-Harith Ibn ‘Abd
al-Mouttalib, qui était un grand marchand d’armes, il
fournit à l’armée du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) trois mille lances qui aidèrent grandement les
Musulmans dans la bataille de Hounayn. Le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
lui avait
d’ailleurs dit : « C’est comme si je vois tes lances en
train de fracasser les idoles des polythéistes. »
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) demanda
aussi aux riches de La Mecque de lui prêter de l’argent
afin de faire face aux besoins de quelques combattants
Musulmans pauvres. La demande d’un prêt financier fut
aussi accompagné d’une garantie et les 150000 Dirham
furent dûment remboursés après la bataille de Hounayn.
Rappelons aussi que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) était en mesure de se passer de tous ces
emprunts et prendre ce qu’il voulait puisqu’il était
entré par la force des armes dans la ville cependant, il
préféra les emprunts car il était noble et juste.
Dans al-Maghazi d’al-Waqidi, il est rapporté : « Après le Fath, le
Prophète envoya des gens pour trouver des prêts.
‘AbdAllah Ibn Abou Rabi’ah lui prêta 40.000 Dirham,
Houwaytab Ibn ‘Abd al-‘Ouzzah lui prêta aussi 40.000
dirham et Safwan Ibn Oumayyah 50.000 Dirham que le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
répartis entre les démunis de ses Compagnons. »
Désignation d’un émir de La Mecque et évaluation
des troupes musulmanes
Les historiens rapportèrent que le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) passa, après le Fath,
quinze jours dans La Mecque puis se mit en marche avec
son armée vers Hounayn, le septième jour de
Shawwal de l’an 8. Le Fath de La Mecque avait eu
lieu le mois de Ramadan de la même année de l’Hégire.
« Le Fath de La Mecque se produisit le vendredi
des dix derniers jours de Ramadan. Après celui-ci, le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) y passa
quinze nuits durant lesquelles il accomplit deux Rak’a
(pour chaque prière). Puis il sortit le samedi qui
suivit les six premiers jours de Shawwal[8]. »
D’autres ont rapporté que le Fath de La Mecque
eut lieu le treizième jour de Ramadan, donc que le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) resta
dix-sept jours à La Mecque à écourter la prière[9].
»
Avant de sortir de La Mecque, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) désigna un émir qui le
remplaça. Ce jeune émir alors âgé de 25 ans embrassa
avec sincérité l’Islam le jour du Fath,
s’acquitta correctement de sa mission durant la vie du
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et durant le
règne d’Abou Bakr. Ce fut lui avec le concours de Sahil
Ibn ‘Amr qui menaça les gens de La Mecque si jamais ils
reniaient l’Islam. Pendant la guerre contre les
Apostats, Sahil Ibn ‘Amr monta sur le minbar et dit aux
Mecquois : « O gens de La Mecque, ne soyez pas les
derniers à avoir embrassé l’Islam et aussi les premiers
à le renier. »
Ainsi, après la désignation de l’émir et la
mobilisation, l’armée musulmane qui comptait douze mille
combattants ; dix-mille de Médine dont des éléments des
tribus arabes qui participèrent au Fath ainsi que
deux mille Mecquois qui avait embrassé l’Islam après le
Fath, se mit en route vers Hounayn, là où
Hawazin avait décidé de livrer la bataille décisive.
Les
conséquences de l’orgueil
Après le Fath, les Musulmans purent enfin
constater qu’ils étaient devenus une large puissance
militaire si bien qu’ils furent gagnés par la suffisance
de soi et l’orgueil et qu’ils sous estimèrent ainsi
l’ennemi. Trois éléments de poids qui pouvaient
largement influencer sur le champ de bataille comme ils
allaient pouvoir le constater puisque les Musulmans
étaient toujours dans le stade d’apprentissage pour
pouvoir faire face aux événements du futur après la
disparition du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam).
Les Musulmans subirent donc un échec cuisant dès le
déclenchement des hostilités avec Hawazin. Cette épreuve
qui secoua les Musulmans fut mentionnée par Allah Exalté
dans son Noble Qur’an : « Allah
vous a déjà secourus en maints endroits. Et
[rappelez-vous] le jour de Hounayn, quand vous
étiez fiers de votre grand nombre et que cela ne vous a
servi à rien. La terre, malgré son étendue vous devint
bien étroite ; puis vous avez tourné le dos en fuyards.
Puis, Allah fit descendre Sa quiétude [Sa « sakîna »]
sur Son messager et sur les croyants. Il fit descendre
des troupes (Anges) que vous ne voyiez pas, et châtia
ceux qui ont mécru. Telle est la rétribution des
mécréants. Après cela Allah, accueillera le repentir de
qui Il veut, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux. »
(Qur’an 9/25 à 27)
Comme dans toute les guerres, Hawazin envoyé trois
espions dans les rangs des Musulmans pour recueillir des
informations sur l’état des combattants (moral, nombre,
armement, etc.).
Ces trois espions s’infiltrèrent sans qu’aucun musulman
n’ait pu les démasquer et menèrent leur mission sans
être inquiétés avant de retourner sains et saufs dans
leur camp et firent leur rapport à leur roi Malik Ibn
‘Awf à qui ils suggérèrent l’idée du retrait des troupes
à cause de ce qu’ils avaient vu et entendu dans le camp
musulman.
Malik Ibn ‘Awf ne voulut rien entendre et accusa ses
espions de couardise cependant, il envoya un quatrième
espion pour enquêter sur la justesse de ce les premiers
avaient rapporté. Ce dernier, de retour, fit le même
rapport et suggéra aussi au roi de se retirer du champ
de bataille ce qu’il refusa.
Activités durant la nuit qui précéda la bataille
Lorsque l’armée musulmane se rapprocha de la vallée de
Hounayn, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) ordonna la constitution d’un détachement de
combattants dont il donna le commandement à Anis Ibn
Mardath Ibn Abou Mardath al-Ghanawi pour monter la garde
et surveiller les mouvements de l’ennemi afin de
prévenir toute attaque surprise. Le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) insista aussi que le
poste de surveillance soit le plus près du camp de
Hawazin pour plus d’efficacité.
L’organisation avant la bataille
Après avoir reçu les informations qu’il voulait sur
Hawazin, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) donna les dernière directives à son armée avant
le déclenchement de la bataille qui eut lieu dans la
matinée du treizième jour de Shawwal de l’an 08 de
l’Hégire.
Le Prophète organisa son armée sur la base de
l’appartenance tribale, comme il le fit lors du Fath
de La Mecque. Il répartit se Compagnons en trois corps
principaux :
- Le premier comprenant les Mouhajirine et leurs alliés,
- Le second : Les Ansar et,
- Le troisième corps composé des différentes tribus y
compris certains Mouhajirine de la première heure.
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) divisa le
premier corps en trois compagnies dont il confia le
commandement de chacune d’entre elle à un Mouhajir.
Quant au deuxième, le corps central de l’armée, il le
divisa en deux corps, l’un des Aws dont il donna le
commandement à ‘Oussayd Ibn Houzayr et les
Khazraj à Sa’d Ibn ‘Oubadah. Puis le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) divisa chacun de ces
deux corps en compagnies et désigna un chef pour chacune
d’entre elle.
Le troisième corps fut aussi divisé en compagnies par le
Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) toujours sur la base de
l’origine tribale.
[1]
Al-Kalbi,
al-Asnam, p. 15.
[2]
‘Ourana : une vallée près de ‘Arafah, exactement
entre ‘Arafah et al-Mouzdalifah.
[3]
Sirah
Ibn Hisham. t. III, p. 79.
[4]
Maghazi
al-Waqidi, t. III, p.
873.
[5]
Maghazi
al-Waqidi, t. III, p.
875.
[6]
Voir Tabari, t. III, pp. 70-71.
[7]
Al-Maghazi
d’al-Waqidi, t. III, p. 885-886.
[8]
Maghazi
al-Waqidi, t. III, p. 889,
Sirah Ibn Hisham, t. IV, p. 83,
Tarikh
at-Tabari, t. III. p. 73.
[9]
Maghazi
al-Waqidi, t. III, p. 889. |