La lettre secrète de Hatib Ibn Abi Balta’ah
Muhammad (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne se contenta
pas de ces seules mesures mais il essaya d’isoler La
Mecque de recevoir toute information se rapportant aux
mouvements militaires des Musulmans. Ainsi, il ordonna
de contrôler les routes et confia cette mission à ‘Umar
Ibn al-Khattab qui s’en chargea en visitant les
différentes positions des hommes installés le long des
chemins. Et à chacune de ses visites, il n’oublia pas de
recommander aux hommes : « Ne laissez passer aucune
personne qui vous est inconnue. Pour ceux qui veulent
aller à La Mecque, retenez-les et enquêtez sur eux[1]
! »
Ces dispositions donnèrent de bons résultats et hormis
la faute de Hatib Ibn Abi Balta’ah, aucun autre incident
ne fut rapporté.
Ce musulman, qui participa à la bataille de Badr et qui
fut l’un des vaillants cavaliers qui restèrent auprès du
Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) après la débâcle des
Musulmans à Ouhoud ; ce Compagnon (radhiyallahou ‘anhou)
essaya malgré toutes les mesures prises, d’informer La
Mecque pour mettre ses chefs au courant du projet du
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
Les chroniqueurs et les traditionnistes rapportent que
Hatib Ibn Abou Balta’ah écrivit à trois seigneurs
Qourayshi, Safwan Ibn ‘Oumayya, Souhayl Ibn ‘Amrou et
‘Ikrimah Ibn Abou Jahl une lettre dont voici le contenu
: « Le Messager d’Allah a sonné l’alerte générale
appelant les gens à la guerre. Je crois qu’il ne vise
que vous. Par cette lettre, je veux acheter votre
sympathie. »
Pour transmettre ce message, Hatib eut recourt à une
certaine femme du nom de Sarah à qui il donna un Dinar
en lui disant : « Cache bien cette lettre et ne passe
pas par les routes habituelles car elles sont
surveillées. »
Cette femme évita donc ces routes et prit des chemins
non fréquentés par les gens ou par les gardes, à l’ouest
d’al-Mahajja, au milieu des crevasses des rocailles
noires de la banlieue de Médine pour pouvoir regagner la
vallée d’al-‘Aqiq, la route principale menant à La
Mecque. Aucun des gardes ne s’aperçut de son passage et
elle put ainsi atteindre Dzi Houlayfah, à sept miles de
Médine.
Lorsque cette femme atteignit cet endroit, le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) reçut la
Révélation et fut informé des faits d’Ibn Hatib. Il
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) appela aussitôt ‘Ali Ibn
Abou Talib et Zoubayr Ibn al-‘Awwam et leur dit :
« Partez, sur le champ et rattrapez une femme à qui
Hatib Ibn Abou Balta’ah à confier une lettre pour les
Qouraysh pour les avertir de notre intention de les
attaquer[2]
! »
Les deux Compagnons (radhiyallahou ‘anhoum) partirent
aux trousses de la femme qu’ils trouvèrent sur un
chameau dans un endroit appelé al-Khoulayfa des Bani
Abou Hamd[3].
Ils l’arrêtèrent, lui donnèrent l’ordre de descendre et
elle s’exécuta. Après quoi, ils lui demandèrent de leur
donner la lettre mais elle nia son existence.
- « Par Allah ! » dirent-ils, « le Prophète n’a pas
menti et nous n’allons pas l’accuser de mensonge ! Soit
que tu nous donnes la lettre, soit que nous te
fouillons. »
Voyant que les choses étaient devenues sérieuses, la
femme tira la lettre qu’elle avait cachée dans les
tresses de ses cheveux et la leur remit. Les deux
Compagnons la laissèrent alors, revinrent avec la
missive et la donnèrent au Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) qui appela aussitôt Hatib Ibn Abou
Balta’ah. Lorsqu’il arriva, le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) l’interrogea : « Reconnais-tu cette
lettre ? »
- « Oui !, » répondit Hatib.
- « Qu’est-ce qui t’a poussé à faire cela ? »
-
« O Messager d’Allah ! Par Allah, je n’ai point
apostasié après ma conversion à l’Islam et ne t’ai
jamais trahi. Non plus ai-je jamais aimé les
polythéistes après que je les ai quittés. Mais voilà,
tous les Mouhajirine ont quelqu’un pour défendre leurs
proches à La Mecque tandis que moi, je n’étais qu’un
étranger au milieu des Mecquois où j’ai laissé mes
proches et je crains pour eux. En écrivant cette lettre,
j’ai voulu acheter la sympathie des polythéistes tout en
sachant que Allah les frappera surement par un malheur
et que ma lettre ne leur servira à rien[4].
»
A peine Hatib eut-il terminé son plaidoyer que ‘Umar,
qui était présent, s’écria : « O Messager d’Allah !
Laisse-moi lui trancher le cou, c’est un hypocrite[5].
» Mais le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
refusa en disant aux présents : « Il vous a dit la
vérité ne lui dites que du bien. » Puis il (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) se tourna vers ‘Umar et lui dit : «
Et qu’en sais-tu ‘Umar ? Peut-être qu’en voyant (le for
intérieur) des combattants de Badr, Allah Exalté leur a
dit : « Faites ce que vous voulez ! Je vous ai accordé
Mon pardon[6].
»
Et c’est après cet incident
qu’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, révéla le
verset suivant : «
Ô vous qui
avez cru ! Ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le
vôtre, leur offrant l’amitié, alors qu’ils ont nié ce
qui vous est parvenu de la vérité. Ils expulsent le
Messager et vous-mêmes parce que vous croyez en Allah,
votre Seigneur. Si vous êtes sortis pour lutter dans Mon
chemin et pour rechercher Mon agrément, leur
témoignerez-vous secrètement de l’amitié, alors que Je
connais parfaitement ce que vous cachez et ce que vous
divulguez ? Et quiconque d’entre vous le fait s’égare de
la droiture du sentier. » (Qur’an 60/1)
Ainsi et après cet incident, le plan du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se poursuivit jusqu’à
l’arrivée de dix mille combattants aux alentours de La
Mecque, à Mour ad-Dahran.
La plupart des Compagnons ignoraient encore l’objectif
de la campagne et certains d’entre eux, tentèrent
vainement de le connaitre. ‘Ouyaynah Ibn Hisn al-Fazari,
devenu alors musulman, demanda au Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) en le voyant distribuer les étendards
et former les corps de l’armée : « O Messager d’Allah,
Quel est ton objectif ? »
- « Là où Allah Exalté veut[7],
» répliqua le Messager (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
sans ajouter un autre mot.
De même, quelques Mouhajir et Ansar, en arrivant à la
vallée ‘Arj de Ta'if dite voulurent avoir le cœur net
sur la destination visée et se demandèrent : « Thaqif,
Hawazin ou Qouraysh ? »
Ka’b Ibn Malik, le grand poète de l’Islam, qui était
l’un d’entre eux dit : « Je vais aller chez le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pour vous
rapporter la destination. » Arrivé chez lui, il s’assit
sur ses genoux devant lui et dit en vers :
« Tout doute sur Touhamah et Khaybar est dissipé. Nous
avons alors joins les épées.
Nous les avons interrogées et si elles le pouvaient,
elles auraient dit : « L’objectif est Daws ou Thaqif. »
Devant son éloquence, le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) resta silencieux et ne fit que
sourire. Les Compagnons présents dirent alors à Ka’b : «
Par Allah ! Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) ne t’a rien dit ; on ne sait pas par qui il va
commencer, Qouraysh, Thaqif ou Hawazin[8] !
»
L’armée de Médine
La plupart des chroniqueurs et des historiens avancent
le nombre global de dix mille hommes. D’autres affirment
que l’armée du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
entra à La Mecque avec douze mille hommes. On est aussi
certain que le nombre qui quitta Médine ne formait pas
toute l’armée et que plusieurs tribus rejoignirent le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en
dehors de la capitale comme les Bani Soulaym du Hijaz.
Le corps de sept mille quatre cents guerriers qui sortit
de la ville était ainsi composé :
1 - Les Ansar, 4000 hommes
2 - Les Mouhajirine, 700 hommes
3 - Les Mouzayn, 1000 hommes
4 - Les Aslam, 400 hommes
5 - Les Jouhaynah, 800 hommes
6 - Les Bani Ka’b Ibn ‘Amr, 500 hommes
Pour ces derniers, al-Waqidi prétend qu’ils ne sortirent
pas de Médine mais qu’ils rejoignirent plutôt rejoint le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à
Qoudayd dans l’un de leurs territoires.
Après la fin des préparatifs, le Prophète désigna Ibn
Oum Makhzoum gouverneur par intérim de Médine cependant
selon Tabari, ce gouverneur fut plutôt Abou Roum Ibn
Houssayn al-Ghifari.
L’armée quitte
Médine
Le dixième jour du mois de Ramadan, l’armée quitta
Médine, entamant ainsi le compte à rebours de la chute
de La Mecque.
Cependant les corps de l’armée, ne se formeront que plus
tard, à Qoudayd, après l’arrivée des Bani Soulaym, à
l’exception de l’avant-garde composée de 200 cavaliers
sous le commandement de Zoubayr Ibn al-‘Awwam qui fut
formée dès la sortie des combattants.
De même, c’est à Mar ad-Dahran que le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ordonnera à ses soldats
de rompre le jeûne en leur faisant comprendre que celui
qui refusait serait considéré comme ayant refusé d’obéir
à Allah Exalté et à Son Envoyé.
Quant au reste des forces, les différentes tribus
rejoignirent l’armée médinoise au fur et à mesure de sa
marche :
1 - ‘Ouyaynah Ibn Hisn al-Fazari, le chef de Ghatafan
arriva à Médine avec quelques hommes deux jours après le
départ des Musulmans. N’ayant trouvé personne, il se
rendit à al-‘Arj où il attendra le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam). A l’arrivée de celui-ci, ‘Ouyaynah
s’excusa pour le peu d’hommes qui étaient avec lui[9]
: « O Messager d’Allah ! J’ai entendu parler de ta
sortie et du rassemblement (des hommes) alors je suis
venu en hâte sans être avisé préalablement pour pouvoir
rassembler mon peuple et être plus nombreux à venir. »
Puis il enchaina : « Mais je ne vois pas de signes de
guerre ; je ne vois ni drapeaux ni étendards ! Vises-tu
le Pèlerinage mais je ne vois pas non plus les marques
de sacralisation ! Quelle est ta destination, ô Messager
d’Allah ? »
- « Là où Allah veut. »
2 - Al-Aqra’ Ibn Habis, le chef des Bani Tamim rattrapa
l’armée à Souqya’ avec dix Compagnons bien que le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne les
appela pas à le rejoindre. La cause, semble-t-il, est
que les Bani Tamim n’étaient pas encore tous Musulmans.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
l’accepta toutefois et l’admit même au dans son
état-major comme il le fit d’ailleurs avec ‘Ouyaynah Ibn
Hisn.
3 - La tribu de Ghifar fut la première tribu qui se
joignit aux forces médinoises à soixante miles de la
capitale. Son territoire se trouvait directement au sud
de Médine, à Safra’, à Bidr et à Widdan[10].
L’effectif de trois cents hommes était commandé par Abou
Dar al-Ghifari.
4 - La tribu d’Ashja’, l’une des quatre principales
tribus formant Ghatafan, la fameuse et redoutable grande
tribu de Najd. Trois cents hommes de Mi’qal Ibn Sinan et
de Na’im Ibn Mas’oud joignirent l’armée musulmane.
5 - Les Bani Sa’d et les Bani Doumrah, de la tribu des
Bakr ; autrement dit, de la même tribu qui viola la
trêve de Houdaybiyah. Deux cents de leurs hommes
commandés par Abou Waqid al-Leythi renforcèrent les
rangs des Musulmans.
6 - Les Bani Leyth aussi des Bakri au nombre de deux
cents cinquante hommes sous le commandement de Sa’b Ibn
Jouthamah.
7 - Les Bani Ka’b, des Khouza’i cette fois. Cinq cents
de leurs hommes sous le commandement de Bousr Ibn
Soufyan rejoignirent les Musulmans à Qoudayd.
8 - Les Bani Soulaym fut la plus grande force tribale
qui arriva à Qoudayd. Mille hommes, tous des cavaliers,
commandés par ‘Abbas Ibn Mirdas, défilèrent devant le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui fut
ravi à leur vue.
‘Abd ar-Rahman Ibn Abi Bakr a rapporté que son père a
dit : « Les Bani Soulaym arrivèrent sur des chevaux avec
des lances et des armures, leurs étendards attachés et
dirent : « O Messager d’Allah ! Donne-nous un étendard
et mets nous là où tu veux ! »
Al-Waqidi a rapporté :
« Après son arrivée à Qoudayd, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) reçût les Bani Soulaym
qui répondirent rapidement à l’appel en envoyant,
d’après ce qui a été rapporté, mille cavaliers, chacun
avec sa lance et ses armes. Avec eux arrivèrent aussi
les deux émissaires que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) leur avait envoyés.
Ils dirent : « O Messager d’Allah ! (Il semble) que tu
ne nous fais pas confiance[11]
bien que nous sommes tes oncles maternels, la mère de
Hashim Ibn ‘Abd al-Manaf, ‘Atika était des Bani Soulaym,
laisse-nous à l’avant de l’armée et tu verras notre
(courage) ; nous endurons pendant les accrochages et
nous nous comportons comme de bons cavaliers ! »
- « Allez-y, » répondit le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) qui accepta de les laisser à
l’avant-garde. Khalid Ibn al-Walid était déjà à la tête
de l’avant-garde quand les Bani Soulaym arrivèrent à
Qoudayd puis le rejoignirent en ensemble campèrent à Mar
ad-Dahran[12]. »
Ainsi, les Bani Soulaym furent les derniers à arriver à
Qoudayd, entre Rabigh et Jeddah pour élever l’effectif
global de l’armée à dix mille hommes.
C’est après ce grand rassemblement que le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) commença à former les
corps de l’armée et à les organiser en plusieurs unités.
Ces dernières variaient suivant le nombre de participant
de chaque tribu ou de chaque clan. Exception faite pour
les Mouhajirine du fait qu’ils ne formaient pas une
tribu au sens propre du mot.
Et, bien qu’à Qoudayd le Prophète (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) venait de terminer toutes les préparations et
qu’il ne lui restait pour arriver à La Mecque qu’une
petite distance à parcourir, la grande majorité de
l’armée ignorait toujours l’objectif. Toutefois, les
seules probabilités restantes désignaient soit Qouraysh
ou Hawazin car au-delà de Qoudayd, il n’y aucun objectif
important hormis ces deux tribus. Ce n’est que
lorsqu’ils arrivèrent dans la vallée de Mar ad-Dahran
via ‘Ousfan qu’ils surent qu’il s’agissait de La Mecque,
la capitale du polythéisme en ces temps-là.
Il n’y avait pas seulement Qouraysh qui s’attendait à
une action militaire des Musulmans mais aussi les
redoutables tribus de Hawazin qui vivaient à l’est de La
Mecque et en état de guerre avec les Musulmans. De ce
fait, elles étaient donc prêtes à tous les scénarios, y
compris celui de mener une offensive contre le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam). C’est pour cette qu’ils
envoyèrent en Jordanie certains des leurs pour acheter
quelques catapultes et des chars (tour d’assaut).
Effectif et formation de l’armée Musulmane
Voici l’effectif de l’armée musulmane à Qoudayd juste
avant son entrée à La Mecque et sa formation :
- Quatre mille Ansars dont 500 cavaliers.
- Sept cents Mouhajir dont 300 cavaliers.
- Mille Mouzayni de Wadi al-Qoura dont 100 cavaliers.
- Huit cents de Jouhaynah dont 50 cavaliers.
- Quatre cents d’Aslam dont 30 cavaliers.
- Mille cavaliers des Bani Soulaym.
- Cinq cents de Khouza’a, nombre de cavaliers inconnu
ainsi que pour ceux qui suivent.
- Trois cents de Ghifar.
- Trois cents d’Ashja’.
- Deux cents cinquante des Bani Leyth (Kinana).
- Deux cents de Doumrah et des Bani Sa‘d.
- Dix des Bani Tamim et,
- Cinq cents quarante de différents territoires.
Nombre d’unités, nom des clans et de leur
commandant
1) Une unité des Bani ‘Abd al-‘Ashhal sous le
commandement d’Abou Na’ila.
2) Une unité des Bani Doufr
sous le commandement de Qatada Ibn Nou’man.
3) Une unité des Bani Haritha
sous le commandement d’Abou Bourda Ibn Nijar.
4) Une unité des Bani Mou’awiyyah
sous le commandement de Jabr Ibn ‘Outayk.
5) Une unité des Bani Katma
sous le commandement d’Abou Loubabah Ibn ‘Abd-Moundir.
6) Une unité des Bani Oumayya Ibn Zayd
sous le commandement de Mabid (ou Nabid).
La formation des Aws.
1) Une unité des Bani Sa’idah sous le commandement
d’Abou Oussayd as-Sa’idi.
2) Une unité des Bani Harith sous le commandement de
‘Abdallah Ibn Zayd.
3) Une unité des Bani Salamah
sous le commandement de Qoutba Ibn ‘Amir.
4) Une unité des Bani Malik Ibn Najjar
sous le commandement de ‘Oumara Ibn Hazm.
5) Une unité des Bani Mazin
sous le commandement de Soulat Ibn Qays.
6) Une unité des Bani Dinar
commandement inconnu.
La formation des Khazraj.
1) Trois unités des Mouhajirine sous le commandement de
‘Ali Ibn Abi Talib, Zoubayr Ibn al- ‘Awwam et Sa’d Ibn
Abi Waqqas.
2) Trois unités des Mouzaymah sous le commandement de
Nou’man Ibn Miqram, Bilal Ibn Harith et ‘Abdallah
Ibn ‘Amr.
3) Quatre unités de Jouhaynah sous le commandement de
Souwayd Ibn Sakhr, Rafi’ Ibn Moukayth, Abou Zour’a et
‘Abdallah Ibn Badr.
4) Trois unités des Bani Soulaym sous le commandement de
‘Abbas Ibn Mirdas, Khaffaf Ibn Nadba et Hajjaj Ibn ‘Iat.
5) Trois unités de Khouza’a
sous le commandement de Bousr Ibn Soufyan, Ibn Shourayh
et ‘Amrou Ibn Salim.
6) Deux unités de ‘Asla a
sous le commandement de Bouraydah Ibn Hasib et Najja Ibn
Salim.
7) Une unité de Ghifar sous le commandement d’Abou Dar
al-Ghifari.
8) Une unité d’Oumra et de Sa’d
sous le commandement d’Abou Waqid al-Leythi.
9) Une unité des Bani Leyth
sous le commandement de Sa’b Ibn Jouthamah.
10) Deux unités d’Ashja’ sous le commandement de Nou’aym
Ibn Mas’oud et Mi’qal Ibn Sinan.
La formation des Mouhajirine et des autres
tribus.
L’Imam Ibn Kathir a rapporté
dans al-Bidayah
wa-an-Nihayah, t IV, p 289 :
« Mou’ad Ibn Muhammad m’a rapporté que ‘Abdallah
Ibn Sa’d at dit : « Après avoir quitté al-‘Arj, le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) laissa
partir en avant de l’armée musulmane une cavalerie dont
les hommes capturèrent un espion des Hawazin avant même
d’arriver à Taloub qu’ils ramenèrent aussitôt le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en
disant : « O Messager d’Allah ! Il était sur sa monture
lorsque nous l’aperçûmes mais, il disparut (soudain)
dans un ravin pour réapparaitre de nouveau dans un lieu
élevé et dominant. Nous nous lançâmes à sa poursuite et
il essaya de nous échapper puisque son chameau était
caché en bas. Cependant, nous le capturâmes et
l’interrogeâmes :
- « D’où es-tu ? »
- « Un Ghifari, » répondit-il.
- « C’est vrai, ils habitent ce territoire, mais de
quelle tribu de Ghifar es-tu ? » Là, il resta perplexe
et ne sut que répondre. Notre doute s’est alors
confirmé.
- « Où est ton clan ?, » lui demandâmes-t-on. - Là-bas,
répliqua-t-il en faisant signe de la main vers un
endroit.
- « Près de quelle source d’eau et qui est avec toi
là-bas ? » Et de nouveau aucune réponse. Sur ce, nous
lui avons dit :
-« Soit que tu nous dis la vérité, soit on te
tranche le cou ! »
- « Est-ce que le vérité me sera utile ? »
- « Certainement, » lui fut-il répondu.
- « Je suis de Hawazin et des Bani Nasr exactement. Les
Hawazim m’ont envoyé comme espion et m’ont chargé de
rentrer à Médine en me disant : « Va et rapporte-nous
des renseignements sur ce que va faire Muhammad avec
Qouraysh. Va-t-il
leur envoyer des troupes ? Va-t-il être lui-même à la
tête de l’armée ? Nous pensons qu’il va les attaquer,
cela parait certain. S’il quitte (Médine), poursuis-le
jusqu’à la vallée de Sarif[13]
car s’il veut nous attaquer en premier, il suivra
surement la route de cette vallée et s’il veut attaquer
Qouraysh, il maintiendra le même itinéraire. »
Après ce rapport de la patrouille, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
questionna
lui-même l’espion :
- « Où sont les Hawazin ? »
- « Je les ai laissés à Baq’a' où ils ont rassemblé
plusieurs troupes. Ils ont envoyé certains des leurs à
Jourash dans le but de se faire fabriquer des chars et
des catapultes. Je les ai laissés en train de rassembler
tous les Hawazin. »
- « A qui ont-ils confié le commandement ? »
- « Au jeune Malik Ibn ‘Awf. »
- « Est-ce que tous les Hawazin ont répondu
favorablement à l’appel de Malik ? »
- « (Non), les plus importants parmi les Bani ‘Amir se
sont abstenus. »
- « Qui exactement ? »
- « Les Ka’b et les Kilab. »
- « Et les Hilal, qu’ont-ils fait ? »
- « Peu d’entre eux ont rejoint (Malik). D’autre part,
hier j’étais de passage à La Mecque, chez ton peuple. Je
les ai laissés (tous) contre ce qu’a rapporté Abou
Soufyan Ibn Harb, effrayés. »
- « Allah Exalté nous suffit comme garant, » dit alors
le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
avant de s’adresser aux présents : « Je crois que cet
homme vient de me dire la vérité. »
- « Est-ce que cela m’est utile, » demanda le captif ?
La réponse du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) fut de donner l’ordre à Khalid Ibn al-Walid de
garder ce prisonnier jusqu’à leur entrée à La Mecque, de
peur qu’il n’aille informer les siens ou les Qouraysh
des mouvements des Musulmans. Plus tard cet espion
combattra à Awtas dans les rangs de l’Islam contre les
Hawazin. »
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
ordonne de rompre le jeune
En quittant Médine, le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) laissa aux musulmans le choix de
jeûner ou pas car ces évènements se passait au mois de
>Ramadan comme nous l’avons précédemment mentionné.
Cependant, à environ dix kilométrés de La Mecque, à Mar
ad-Dahran, il donna l’ordre général de rompre le jeûne.
Jabir Ibn ‘Abdallah (radhiyallahou ‘anhou) a dit : «
Lorsque nous arrivâmes à Qoudayd[14],
entre la prière de Zouhr et de ‘Asr, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) prit devant tous les
Musulmans un vase rempli d’eau et rompit le jeûne. »
Abou Sa’id al-Khoudri (radhiyallahou ‘anhou) a dit :
« Et à Mar ad-Dahran, il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
dit : « Vous allez rencontrer votre ennemi dans la
matinée et la rupture du jeûne vous est plus profitable
physiquement ! » Après ces recommandations, on l’informa
que quelque membres de l’armée avaient préféré observer
le jeûne, ce qui l’amena à dire : « Ceux-là sont des
désobéissants. »
Qouraysh décide de ne pas résister
La tactique du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
avait donné de bons résultats, Qouraysh ne sut la
présence des musulmans qu’une fois ces derniers à Arak,
à quatre mile: seulement de La Mecque.
Toute résistance était donc pure aventure. Néanmoins,
les seigneurs polythéistes avaient déjà pris une
décision de passer à l’offensive au cas où Abou Soufyan,
leur délégué, remarquait quelque faiblesse manifeste
chez le: musulmans.
Al-Waqidi a rapporté :
« Les Qouraysh décidèrent d’envoyer Abou Soufyan [au
Prophète] afin d’avoir des informations. « En
rencontrant Muhammad, » lui dirent-ils, « essaye d’avoir
l’aman au cas où tu ne remarqueras aucune faiblesse,
sinon déclare-lu la guerre ! » »
En réalité, la tactique de discrétion était profitable
même pour le: Qouraysh. Car leur résistance aurait fait
plusieurs victimes pour rien sachant qu’ils ne pouvaient
faire face à dix mille combattants. De plus, s’ils
avaient demandé l’aide de Hawazin, cela aurait perduré
l’état de guerre sans n’en tirer aucun profit. Il valait
mieux rendre des décisions plus sages...
Al-‘Abbas (radhiyallahou ‘anhou)
L’oncle du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
quitta La Mecque pour Médine comme nouveau Mouhajir mais
comme les musulmans avaient déjà quitté la ville du
Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), il les croisa donc en
cours de route et revint de nouveau avec eux à La
Mecque.
En voyant la grande armée à Mar ad-Dahran, al-‘Abbas fut
terrifié pour son peuple, les Qouraysh, bien qu’il était
musulman. La pitié envers les siens l’envahit et il se
dit :
- « Quel malheur va frapper Qouraysh. Par Allah, si le
Messager d’Allah rentre de force à La Mecque avant que
ses habitants ne viennent lui demander l’Aman, ce sera
alors définitivement la fin de Qouraysh ! »
Il chercha donc une issue pour éviter aux Mecquois un
sort aussi malheureux et décida de les contacter et de
leur conseiller de demander l’Aman (protection). Il
chercha alors une personne pouvant être envoyée pour
cette mission quand il rencontra Abou Soufyan à Arak. Il
lui fit part de ses craintes qui persuadèrent le grand
chef Qourayshi. Celui-ci monta alors en croupe avec
al-‘Abbas sur le mulet du Prophète (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) en guise de protection avant le se présenter
devant ce dernier.
At-Tabari a rapporté :
« En voyant le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
avec une grande armée, al-‘Abbas dit : « Par Allah
Exalté, s’il rentre à La Mecque par la force, ce sera la
véritable fin de Qouraysh. » Sur ce, il monta un mulet
blanc appartenant au Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) en se disant : « Je dois aller à
Arak, peut-être y rencontrerais un bucheron, un berger
on quelqu’un d’autre voulant aller à La Mecque,
quelqu’un qui informera les Qouraysh de l’endroit où se
trouve le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) qu’ils viennent solliciter l’Aman. »
Il se rendit alors à Arak ou je commençai,
rapporta-t-il, à chercher ce qui m’avait poussé à
sortir. Tout à coup, j’entendis les voix d’Abou Soufyan
Ibn Harb, de Hakim Ibn Houzam et de Boudayl Ibn Warqa.
Ils étaient venus pour se renseigner sur le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). En voyant les
feux de l’armée musulmane, Abou Soufyan dit à ses
Compagnons : « Par Allah, je n’ai jamais vu de feux
aussi nombreux qu’aujourd’hui ! »
- « C’est Khouza’a qui est sortie pour la guerre, »
interpréta Boudayl.
- « Khouza’a est trop faible pour pouvoir faire cela, »
répliqua Abou Soufyan. Puis j’intervins à ce moment-là :
« O Abou Handalah (Abou Soufyan) ? »
- « Qui est-ce, Abou al-Fadl (al-‘Abbas) ? »
- « Oui. »
- « Je suis à toi, que ma mère et mon père soient
sacrifiés pour toi ! Qu’as-tu me dire ? »
- « J’ai laissé derrière moi le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui est venu le plus
rapidement possible à la tête de dix mille musulmans
avec l’intention de vous livrer bataille. »
À l’écoute du chiffre, le seigneur de La Mecque resta
bouche bée et abandonna vite toute idée de résistance.
Il demanda aussitôt l’avis d’al-‘Abbas.
- « Et que me conseilles-tu ? »
- « Monte en croupe (avec moi) sur ce mulet afin que je
demande pour toi l’Aman du Messager d’Allah. » »
Le seigneur Qourayshi n’ayant pas d’autre choix sauta
sur l’occasion de même que Hakim et Boudayl qui
accompagnèrent al-‘Abbas qui se dirigea aussitôt vers le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en traversant
les troupes musulmanes.
Il faisait nuit et la garde du camp était assurée par
‘Umar Ibn al- Khatab qui patrouillait aux alentours de
La Mecque. Hormis ‘Umar, aucun des musulmans ne
s’adressa à
al-‘Abbas en le voyant avec Abou Soufyan.
- « L’oncle du Messager d’Allah[15]
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
sur le mulet du Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) !, » se dirent les combattants
musulmans en le laissant passer avec ses protégés.
Quant à ‘Umar, à peine les vit-il qu’il s’écria : « Abou
Soufyan ! L’ennemi d’Allah ! Louange à Allah qui (nous)
a donné l’occasion de t’avoir sans que nous ayons envers
toi ni engagement ni pacte. » Et il se précipita pour
arriver le premier chez le Prophète (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) afin de lui demander l’autorisation d’abattre
Abou Soufyan.
‘Abbas conscient du danger qui menaçait la vie de son
protégé, éperonna le mulet pour prendre de la vitesse et
arriva le premier. Cependant, il n’avait pas encore
demandé l’Aman au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) que ‘Umar arriva en courant.
Ce fut, pour Abou Soufyan, le moment le plus pénible de
sa vie et en voyant Ibn al-Khattab, une peur paralysante
le saisit si bien qu’il eut la conviction qu’il allait
être bientôt exécuté.
Le futur Calife insista auprès du Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pour avoir
l’autorisation d’abattre l’ancien chef des polythéistes
mais vainement car le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) préféra entendre al-‘Abbas et accorder l’Aman à
Abou Soufyan. Quant à Boudayl et Hakim, ils embrassèrent
l’Islam juste après leur arrivée[16].
Les traditionnistes ont rapporté ce qui suit :
« En arrivant dans la tente du Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), ‘Umar lui demanda de le
laisser trancher le cou du seigneur des Qouraysh : « O
Messager d’Allah ! Voici l’ennemi d’Allah Abou Soufyan
qui est venu sans pacte ou engagement. Laisse-moi lui
frapper le cou ! »
Al-‘Abbas dit : « O Messager d’Allah ! Je viens de lui
accorder ma protection. » Mais ‘Umar insista ce qui
irrita fortement al-‘Abbas qui lui répondit : « Tout
doux ‘Umar ! Par Allah, tu n’agis ainsi que parce que
Abou Soufyan fait partie des Bani ‘Abd al-Manaf. Tu
n’aurais jamais fait cette demande s’il était l’un des
Bani Ouday Ibn Ka’b (le clan de ‘Umar) ! »
- Ne te hâte pas (à me juger), » répliqua ‘Umar, « je
jure par Allah que le jour de ta conversion à l’Islam me
fut plus cher que la conversion d’al-Khattab s’il avait
embrassé l’Islam car je savais que ta conversion était
plus chère au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) que celle d’al-Khattab. »
- « Va, » intervint le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) en s’adressant à al-‘Abbas, « nous
lui avons accordé l’Aman. Ramène-le-moi demain matin. »
[1]
Sirah al-Halabiya,
t II, p 200.
[2]
Ibn Hisham,
Sirah,
t IV, p 41.
[3]
Boukhari,
Sahih,
t V.
[4]
Tabari,
Tarikh, t III, p 49.
[5]
Al-Waqidi,
Maghazi,
t II, p 803.
[6]
Id, p 802.
[7]
Id, p 800.
[8]
Ghatafan pouvait rassembler à elle seule dix
mille hommes mais le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne les invita
pas.
[9]
Maqrizi,
Imta’,
p 373.
[10]
Al-Waqidi,
Maghazi,
t
II, p 813.
[11]
Les Bani Soulaym étaient auparavant de
redoutables ennemis des Musulmans. A Ouhoud,
sept cents d’entre eux combattirent dans les
rangs de Qouraysh.
[12]
Id, t II, p 806.
[13]
A 42 miles de La Mecque.
[14]
Al-Waqidi,
Maghazi,
t II, p 815;
Tabari,
t III. p 35; Ibn
Kathir,
al-Bidayah wa-an Nihayah IV, p 289.
[15]
Tabari,
t III. p 54;
al-Waqidi, t II, p 818.
[16]
Ibn ‘Assakir,
Sirah Abou
Soufyan;
al-Waqidi, t II, p 818;
Tabari,
t III, p 54. |