Qouraysh refuse de verser le prix de sang

 

Le crime commis à al-Watir et à La Mecque par les Qouraysh et les Bani Bakr était sans aucun doute possible, une violation claire du traité de Houdaybiyah et le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avait donc tous les droits de déclarer la guerre ce qu’il ne fit pas directement voulant ainsi éviter l’effusion du sang.

 

Partant de ce principe, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna la chance aux agresseurs d’éviter ce dernier recourt menaçant. Il contacta le principal signataire de la trêve et lui proposa trois choix, exactement comme l’avait prévu ‘Abdallah Ibn Sa’d Ibn Abi Sarah :

1 - Le payement du prix du sang des victimes,

2 - Renoncer à l’alliance avec les Noufatha, les premiers responsables du massacre et,

3 - La guerre.

 

Al-Waqidi a rapporté dans al-Maghazi, (t 2, p 786) :

 

« D’après Ibn ‘Umar (radhiyallahou ‘anhoum), lorsque la délégation Khouza’i informa le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) du (nombre) de leurs victimes, ce dernier leur demanda : « Qui accusez-vous ? »

- « Les Bani Bakr. »

- « Tous les Bani Bakr ? »

- « Non, seulement les Bani Noufatha et leur chef Nawfal Ibn Mou’awiyyah. »

- « Il s’agit donc d’un clan Bakr. Je vais contacter les Mecquois et les interroger sur l’affaire. Après quoi, je leur donnerai trois choix. »

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) leur envoya Doumrah qui en arrivant à La Mecque, informa les seigneurs qourayshi de ces trois solutions.

 

Qarada Ibn ‘Abd ‘Amrou al-‘Ajami dit : « Payer le prix de sang des victimes Khouza’i ne peut se faire; les Noufatha sont touchés par des calamités, on ne peut payer, sinon il ne nous restera « ni cilice ni bure[1]. » Quant à annuler l’alliance avec les Noufatha, on ne peut le faire; aucun clan arabe ne glorifie cette Demeure comme le font les Noufatha lors du pèlerinage. Ce sont nos alliés ! Il ne nous reste que la guerre. » Sur ce, Doumrah retourna ((à Médine).

 

Qouraysh dépêcha alors Abou Soufyan Ibn Harb dans le but de confirmer la trêve avec le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avant de regretter la réponse qu’ils donnèrent à l’émissaire. »

 

Al-Waqidi rapporte toujours :

« J’ai rapporté cette version à Houzam Ibn Hisham al-Ka’bi et il m’a dit : « Celui qui t’a rapporté cette version n’a rien négligé et la chose se passa comme je vais te le raconter : « Les Qouraysh regrettèrent le soutien qu’ils accordèrent aux Noufatha et se dirent : « Muhammad va nous attaquer.» »

 

J’ai aussi mentionné la version de Houzam à Ibn Ja’far et à d’autres traditionnistes et aucun d’eux ne l’a désapprouvée.

 

‘Ata' Ibn Abou Marwan a dit : « Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit à ‘Ayshah (radhiyallahou ‘anha) : « L’affaire des Khouza’i me stupéfait. »

- « O Messager d’Allah, » demanda ‘Ayshah, « crois-tu que les Qouraysh oseront violer la trêve alors que la guerre les a durement touchés ? »

- « Ils violeront la trêve pour une raison voulue par le Très-Haut. »

- « S’agit-il d’un bien ou d’un mal, ô Messager d’Allah ? »

- « D’un bien, » répondit-il[2].

 

L’émissaire des Qouraysh

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) s’attendit donc à recevoir des Mecquois une personne désignée pour confirmer la trêve ou, en d’autres termes, avec la mission d’arracher des garanties pour éviter une quelconque action militaire punitive en réaction au crime abominable. Il leur donna même le nom de l’émissaire et dit aux présents : « Il me semble que vous allez voir Abou Soufyan venir vers vous pour renouveler la trêve et retarder son terme[3]. »

 

La délégation Khouza’i qui quitta Médine, se dispersa en plusieurs groupes, selon les recommandations du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Un groupe prit le chemin de la côte et les autres des routes secondaires.

 

Quant à Boudayl Ibn Oum Asram, il prit la route principale et après avoir dépassé al-Abwa’, il croisa Abou Soufyan qui se dirigeait vers Médine. Celui-ci, effrayé que les Khouza’i l’aient précédé, sonda Boudayl et ses Compagnons : « Dites-moi ! Depuis quand avez-vous quitté Médine ? Informez-moi de ce qui s’y passe ! »

- « Nous ne sommes au courant de rien » répondirent-ils !

- « O Boudayl !, » insista Abou Soufyan, « étais-tu chez Muhammad ? »

- « Non, je n’ai rien fait de tel. J’étais chez les Ka’b et des Khouza’a le long de la côte, à cause d’une personne tuée et je les ai réconcilies. »

- « Par Allah, je sais que tu es bon et que tu maintiens les liens de parenté ! » répondit hypocritement Abou Soufyan avant de faire la sieste en leur compagnie. Mais le doute ne le quitta pas et il demanda de nouveau : « Avez-vous des dattes de Médine ? Donnez-moi en un peu, elles sont meilleures que celles de Touhamah ! »

- « Non, nous n’en avons pas » lui fut-il répondu.

 

Abou Soufyan ne put toutefois croire à toutes ces réponses et attendit leur départ pour se diriger vers l’endroit où étaient stationnées les chamelles. Il y trouva des noyaux de dattes médinoises et put conclure que les Khouza’i étaient bel et bien chez le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). « Je jure par Allah, qu’ils étaient chez Muhammad[4], » se dit-il !

 

De plus en plus découragé, il poursuivit quand même son chemin vers Médine et désirant le succès de sa mission, aussitôt arrivé dans la jeune capitale de l’Islam, il alla chez sa fille, Oum Habibah (radhiyallahou ‘anha), qui était, rappelons-le, l’épouse de l’Envoyé d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Cependant celle-ci lui réserva un accueil bien particulier et quand il voulut s’asseoir sur la couche de son époux, le Prophète, elle manifesta son refus et ôta la couche. Choqué par le comportement de sa fille, Abou Soufyan dit : « O ma fille ! Je ne sais laquelle des deux suivantes choses tu vises : me traiter avec égard ou m’insinuer que je ne mérite pas de m’asseoir sur cette couche ! »

- « Il s’agit de la couche du Messager d’Allah et toi tu es un homme impur et polythéiste. Je ne veux donc pas que tu t’assieds sur la couche du Messager d’Allah. »

- « O ma fille ! Je jure par Allah qu’après m’avoir quitté le mal s’est emparé de toi[5] ! »

- « Allah Exalté m’a guidé à l’Islam. Et toi, père, le grand seigneur de Qouraysh, que perdras-tu si tu embrasses l’Islam. Tu n’adores que des pierres qui ne peuvent ni voir ni entendre. »

- « Que c’est étrange ! Toi aussi tu oses me parler ainsi ! Veux-tu que je quitte ce qu’adoraient mes aïeux et suivre la religion de Muhammad ?, » demanda-t-il avant de sortir. 

 

Gardant son sang-froid après la brusquerie de l’accueil qu’il venait de recevoir, il se dirigea vers le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avec la conviction de le persuader que sa venue était normale et de la nécessité du Messager d’Allah de garantir la validité du pacte de Houdaybiyah d’autant plus qu’il n’était pas présent lors de la signature de cette trêve.

- « O Muhammad, » expliqua-t-il, « j’étais absent lors de la conclusion de la trêve de Houdaybiyah ; consolidons-la et retardons son terme ! »

- « C’est pour cela que tu es venu, ô Abou Soufyan » demanda le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ?

- « Oui ! »

- « Avez-vous donc commis quelque chose ? »

- « Qu’Allah nous préserve !, » répondit Abou Soufyan tout en riant avec audace. Nous respectons toujours notre engagement et notre pacte. Nous ne changerons rien ! »

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) lui répondit d’une telle manière qu’elle laissa le chef mecquois perplexe : « Alors, nous respecterons, nous aussi, le terme et le pacte (que nous avons signé) le jour de Houdaybiyah et ne changerons rien. »

 

Ce fut les seules paroles qui furent échangées et Abou Soufyan se retira sans avoir rien obtenu mais il ne désespéra pas et décida de contacter les grands Mouhajir Qourayshi qui, selon lui, pourraient peut-être convaincre le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de changer d’avis.

 

Le premier de ces Mouhajir fut Abou Bakr as-Siddiq qui refusa catégoriquement. Le deuxième fut ‘Umar Ibn al-Khattab qui eut une réponse plus dure : « Moi intercédez pour toi auprès du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ? Je jure que si je trouvai les Dzar[6] en train de vous dévorer je les aiderai ! » Abou Soufyan dit à ‘Uthman Ibn ‘Affan, le troisième : « D’entre ces gens tu m’es le plus proche (‘Uthman et Abou Soufyan appartenaient tous les deux à la même tribu, les Bani Oumayya), fais de sorte que la trêve soit réaffirmée et prolongée. (Muhammad) ne te refuseras jamais cela. Par Allah, je n’ai jamais vu un homme qui honore ses Compagnons comme Muhammad ! »

- « Mon protection, dépend de celle du Messager d’Allah » refusa poliment ‘Uthman[7].

 

Malgré ces tentatives et ces réponses négatives, le grand seigneur mecquois insista quand même à poursuivre ses contacts. Cette fois, il alla chez ‘Ali Ibn Abou Talib et son épouse Fatima as-Zahra' (radhiyallahou ‘anha), la fille du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). En entrant, il les trouva avec Hassan, leur enfant.

« O ‘Ali, » commença-t-il, parmi ces gens tu m’es le plus proche. Je suis venu à toi pour un service ; j’espère que je ne reviendrai pas déçu, contrairement à ma venue. Intercède en ma faveur auprès du Messager d’Allah ! »

- « Malheur à toi, Abou Soufyan ! Par Allah, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) est occupé au point où on ne peut lui adresser la parole[8] ! »

- « O Abou al-Hassan » insista Abou Soufyan, « donne ta protection aux gens et parle à Muhammad afin qu’il prolonge le délai. »

- « Malheur à toi, Abou Soufyan !, » répéta ‘Ali, « si le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a décidé de ne pas le faire personne ne peut donc lui parler au sujet d’une chose qu’il déteste[9]. »

Ne s’avouant pas encore vaincu, Abou Soufyan essaya une dernière tentative ; il se tourna vers Fatima az-Zahra' (radhiyallahou ‘anha) et lui fit la même demande. Mais elle s’excusa en disant : « Moi, je suis une femme ! »

- « Mais ta sœur a bien accordé sa protection à Abou al-‘As Ibn ar-Rabi’ et (c’est ce qui a amené) Muhammad à accepter ! ».

- « Cela dépendait en réalité du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) »  expliqua Fatima. Mais Abou Soufyan s’acharna encore et lui demande de nouveau : « Demande donc à l’un de tes enfants de m’accorder son support ! »

- « Ils sont jeunes et ne sont pas en mesure d’accorder leur protection » répondit-elle !

 

N’ayant pas réussi auprès des grands Mouhajir, Abou Soufyan ne se sentit pas pour autant abattu et alla contacter le chef des Aws, Sa’d Ibn ‘Oubadah.

 

Ibn Abou Habib a rapporté que Waqid Ibn ‘Amrou Ibn Sa’d Ibn Mou’ad a dit : « Abou Soufyan alla voir Sa’d Ibn ‘Oubadah et lui dit : « O Abou Thabit ! Tu n’as surement pas oublié ce qui me liait à toi ; dans notre sanctuaire j’étais pour toi un voisin et à Yathrib (Médine) tu m’étais la même chose. De plus, tu es seigneur dans cette cité. Annonce ta protection (pour moi) au milieu des gens puis essaye de prolonger le terme de la trêve. »

- « O Abou Soufyan ! Ma protection dépend de celle du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Personne ne peut accorder sa protection à ses dépens. »

 

Déçu enfin, il retourna voir ‘Ali pour lui demander conseil : «O Abou Hassan ! Je vois que toutes les issues sont fermées devant moi. Que me conseilles-tu ? »

- « Tu es le plus grand et le plus puissant seigneur Qourayshi. (Va et) demande que l’on t’accorde la protection ! »

- « Tu crois que cela me servira à quelque chose ? »

- « Je ne crois pas, j’en jure par Allah ! Mais je ne te trouve rien d’autre. »

 

Sur ce, Abou Soufyan sortit et commença à crier : « Je demande la protection à l’un d’entre vous. Par Allah, je ne crois pas que je vais être refusé ! » Puis, il entra directement voir le Prophète : « O Muhammad ! Je viens de demander publiquement à ce que l’on m’accorde la protection et je ne pense pas être déçu. »

- « O Abou Soufyan, » s’étonna le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), « c’est toi qui dis cela ? »

Par cette réponse, le seigneur polythéiste vit ses espoirs s’effondrer. Et, aussitôt après, il quitta Médine pour prendre le chemin de La Mecque.

 

Moussa Ibn ‘Ouqbah rapporte qu’après le départ d’Abou Soufyan, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) montra un nuage et dit : « Ce nuage (confirme) le soutien des Bani Ka’b (les Khouza’i). O Grand Seigneur, ôte l’ouïe et la vue (des polythéistes) afin qu’ils ne nous voient et ne nous entendent que brusquement ! » Ce fut, pour le Prophète, le premier signe de la prise de La Mecque.

 

Le retour de l’émissaire à La Mecque

 

A La Mecque, Les Qouraysh craignant l’invasion subite des Musulmans après la violation de la trêve, attendirent impatiemment Abou Soufyan et dans cette angoissante atmosphère, l’absence de leur émissaire fut perçue comme trop longue si bien qu’ils commencèrent à avoir des doutes ce qui poussa certains à dire : « Par Allah ! Il semble qu’il (Abou Soufyan) a apostasié et suivit secrètement la religion de Muhammad. »

 

A son retour, Abou Soufyan entendit sa femme, Hind, lui dire : « Ton absence a été si longue, que ton peuple t’a accusé mais si tu es revenu avec un bon résultat tu es alors un vrai homme. » Et, comme il l’approcha, elle saisit l’occasion et l’interrogea jusqu’à ce qu’elle ait tous les détails de sa mission.

- « Et comme solution, » lui expliqua-t-il, « je n’ai trouvé que ce que m’a dit ‘Ali. » A peine eut-il terminé sa phrase qu’elle le frappa de ses deux pieds sur la poitrine en lui disant : « Quel émissaire de malheur tu es ! »

 

Après cet incident conjugal, il quitta sa maison pour aller rapporter sa mission aux autres chefs de La Mecque.

 

Moussa Ibn ‘Ouqbah a rapporté : « Après son arrivée à La Mecque, Abou Soufyan fut interrogé par les Qouraysh : « Qu’as-tu à dire ? As-tu rapporté de chez Muhammad une missive ou un accord ? »

- « Par Allah, non! Il n’a pas voulu. De plus, j’ai longuement observé ses Compagnons, et je n’ai jamais vu de gens aussi obéissants à leur chef qu’eux. Toutefois, ‘Ali Ibn Abou Talib m’a dit : « Sollicite la protection des gens. » Ce que j’ai fis avant d’entrer chez Muhammad et l’informait en disant : « Je ne pense pas que tu vas me reconduire ! » Mais, il me répondit : « C’est toi qui dis cela, ô Abou Handalah ? »

- « Tu as alors fais une chose aberrante, » lui répondirent-ils, « et tu nous as rapporté ce qui ne peut être utile ni pour toi ni pour nous. Par Allah ‘Ali s’est moqué de toi ; ta (demande) de protection ne pouvait t’être accordée et te reconduire était dès lors facile pour eux. »

- « Je jure que je n’ai pas trouvé mieux. »

 

C’est dans ces conditions que La Mecque reçut son émissaire qui ne put obtenir du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ni extension du traité de Houdaybiyah ni des informations sur les intentions punitives des Musulmans et encore moins de ses Compagnons.

 

Les préparatifs

 

Ayant donc décidé d’envahir La Mecque, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) garda le projet secret mais il proclama toutefois l’alerte générale et appela les Musulmans à se préparer pour la guerre sans confirmer leurs suppositions : Certains crurent que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) voulait attaquer les Byzantins ; d’autres Hawazin et Thaqif tandis qu’un troisième groupe opta pour le Najd.

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya aussi des émissaires aux bédouins qui habitaient dans le voisinage de Médine avec le message suivant : « Que celui qui croit en Allah Exalté et au Jour Dernier se présente à Médine, au mois de Ramadan[10]. »

 

Ses émissaires furent :

1 - Asma’ et Hind des Bani Haritha, pour la tribu d’Aslam.

2 - Rafi’ et Joundoub des Bani Moukayth al-Jouhani, pour Jouhaynah, leur propre tribu.

3 - ‘Ima' Ibn Roukhsa et Abou Roum Koulthoum Ibn al-Houssayn, pour Ghifar, les Bani Doumrah et Bani al-Houssayn.

4 - Mi’qal Ibn Sinan et Nou’aym Ibn Mas’oud, pour la tribu d’Ashja’.

5 - Bilal Ibn al-Harith et ‘Abdallah Ibn ‘Amrou al-Mouznit à Mouznah.

6 - Al-Hajjaj Ibn ‘Alat et Irbad Ibn Sariyah pour leur propre tribu des Soulaym.

7 - Bishr Ibn Soufyan et Boudayl Ibn Warqa pour les Bani Ka’b.

Et plusieurs tribus dont celles de Ghifar, Mouznah, Ashaj’, Jouhaynah et Aslam répondirent favorablement à l’appel du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

D’autre part, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) demanda à son épouse ‘Ayshah (radhiyallahou ‘anha) de préparer son nécessaire de voyage en lui recommandant de ne rien dire. Quelques temps après, son père Abou Bakr (radhiyallahou ‘anhou) entra chez elle et la trouva en train de préparer du blé, de la bouillie sucrée, de la semoule et des dattes.

- «O ‘Ayshah !, » lui demanda-t-il, « est-ce que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a décidé de faire une expédition ? »

- « Je ne sais pas, » répondit-elle.

- « Si le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) veut faire un voyage, tiens-nous au courant afin que nous nous préparions. »

- « Je ne sais pas. »

- « Veut-il attaquer les Byzantins ?, » insista Abou Bakr (radhiyallahou ‘anhou) qui remarqua le silence étrange de sa fille.

- « Peut-être qu’il vise les habitants de Najd, » continua-t-il vainement avant de reprendre : « Ou Qouraysh ? » Mais il ne reçut aucune réponse de ‘Ayshah (radhiyallahou ‘anha) qui resta silencieuse quand le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) entre. Abou Bakr Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) l’interrogea alors : « O Messager d’Allah, penses-tu voyager ? »

- « Oui, » répondit le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

- « Dois-je me préparer ? »

- « Oui. »

- « Et qui vises-tu ? »

- « Qouraysh mais garde cela secret ! »

- « N’y a-t-il pas entre nous et eux un pacte ? »

Ils ont agi avec perfidie et ils ont violé le pacte. Je vais les attaquer[11]. »

 

En outre, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) consulta ses Compagnons les plus proches au sujet du comportement adéquat à adopter envers les Mecquois. Abou Bakr opta pour la modération tandis que ‘Umar eut un avis tout à fait opposé : « O Messager d’Allah !, » dit le premier, « c’est ton peuple. »

Quant au deuxième, il dit : « Ils sont la base de toute mécréance. Ils ont prétendu que tu es un sorcier et t’ont accusé d’être un menteur. Par Allah, les Arabes n’abdiqueront qu’après l’abdication des habitants de La Mecque ! »

- « Abou Bakr est comme Ibrahim, intervint le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ; il était, pour la cause d’Allah plus doux que la bonté. Quant à ‘Umar, il ressemble à Nouh ; « qui était plus dur que la pierre pour la cause d’Allah. La chose est comme a dit ‘Umar. »

Ainsi, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida de mettre fin au polythéisme dans la Cité sacrée.

 

Dix mille hommes musulmans allaient entrer dans les prochains jours  à La Mecque mais pour dissimuler et persuader l’ennemi du contraire, il envoya au début du mois de Ramadan une patrouille à l’est de Médine, dans la vallée d’Idam voulant ainsi persuader les gens qui se regroupaient dans la capitale de l’Islam que l’objectif de la mobilisation générale était le Najd et non La Mecque.

 

Ibn Sa’d[12] a rapporté :

« Après avoir décidé d’attaquer La Mecque, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya Abou Qatada Ibn Rab’i, à la tête d’une patrouille, à Batn Idam entre Dzi Khoushoub et Dzi Marwa, à trois Barid de Médine dans le but de persuader les gens que c’était cette région qu’il visait et pour faire courir les bruits dans ce sens.

Ce détachement s’y rendit donc, s’y installa et ne le quitta qu’après le départ du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de Médine avec le plus gros de son armée. Abou Qatada rejoindra les Musulmans à Souqya.



[1] Ibn Hisham, Sirah t IV, p 37. Deux vêtements particuliers.

[2] Louange à Allah ! Cette réponse est une preuve absolue du Qadar dans l’Histoire des Nations et que tout ce qui arriva, arrive et arrivera ne le sera que par la volonté d’Allah Exalté Seul et aussi que le mal (guerre, massacre etc.,) peut engendrer le bien. (Nde)

[3] Al-Waqidi, t II, p 792 ; Ibn Hisham, t IV, p 38.

[4] Ibn Hisham, t IV, p 38.

[5] Imta’ al-Asma’, p 359.

[6] Dzar, très-petits insectes comme les fourmis, les termites etc.

[7] Imta’ al-Asma’, p 359.

[8] Ibn Hisham, Sirah, t V, p38.

[9] Al-Waqidi, Maghazi, t II, p 794.

[10] Al-Waqidi, t II, p 796. As-Sirah al-Halabiya, t II, p 199.

[11] Ibn Hisham, Sirah, t IV, p 41.

[12] Ibn Kathir ; al-Bidayah wa-an-Nihayah, t IV, p 283.