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						Qouraysh 
						refuse de verser le prix de sang
						 
						
						Le crime commis à al-Watir et à La Mecque par les 
						Qouraysh et les Bani Bakr était sans aucun doute 
						possible, une violation claire du traité de Houdaybiyah 
						et 
						
						le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						avait donc tous les droits de déclarer la guerre ce 
						qu’il ne fit pas directement voulant ainsi éviter 
						l’effusion du sang. 
						 
						
						Partant de ce principe, le Messager d’Allah (sallallahou 
						‘aleyhi wa sallam) donna la chance aux agresseurs 
						d’éviter ce dernier recourt menaçant. Il contacta le 
						principal signataire de la trêve et lui proposa trois 
						choix, exactement comme l’avait prévu ‘Abdallah Ibn Sa’d 
						Ibn Abi Sarah : 
						
						1 - Le payement du prix du sang des victimes, 
						
						2 - Renoncer à l’alliance avec les Noufatha, les 
						premiers responsables du massacre et,  
						
						3 - La guerre. 
						 
						
						Al-Waqidi a rapporté dans
						al-Maghazi, (t 
						2, p 786) : 
						 
						
						« D’après Ibn ‘Umar (radhiyallahou ‘anhoum), lorsque la 
						délégation Khouza’i informa le Messager d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) du (nombre) de leurs 
						victimes, ce dernier leur demanda : « Qui accusez-vous 
						? » 
						
						- « Les Bani Bakr. » 
						
						- « Tous les Bani Bakr ? » 
						
						- « Non, seulement les Bani Noufatha et leur chef Nawfal 
						Ibn Mou’awiyyah. » 
						
						- « Il s’agit donc d’un clan Bakr. Je vais contacter les 
						Mecquois et les interroger sur l’affaire. Après quoi, je 
						leur donnerai trois choix. » 
						 
						
						Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) leur 
						envoya Doumrah qui en arrivant à La Mecque, informa les 
						seigneurs qourayshi de ces trois solutions. 
						 
						
						Qarada Ibn ‘Abd ‘Amrou al-‘Ajami dit : « Payer le prix 
						de sang des victimes Khouza’i ne peut se faire; les 
						Noufatha sont touchés par des calamités, on ne peut 
						payer, sinon il ne nous restera « ni cilice ni bure[1]. » 
						Quant à annuler l’alliance avec les Noufatha, on ne peut 
						le faire; aucun clan arabe ne glorifie cette Demeure 
						comme le font les Noufatha lors du pèlerinage. Ce sont 
						nos alliés ! Il ne nous reste que la guerre. » Sur ce, 
						Doumrah retourna ((à Médine). 
						 
						
						Qouraysh dépêcha alors Abou Soufyan Ibn Harb dans 
						le but de confirmer la trêve avec le Messager d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avant de regretter la 
						réponse qu’ils donnèrent à l’émissaire. » 
						 
						
						Al-Waqidi rapporte toujours :  
						
						« J’ai rapporté cette version à Houzam Ibn Hisham 
						al-Ka’bi et il m’a dit : « Celui qui t’a rapporté cette 
						version n’a rien négligé et la chose se passa comme je 
						vais te le raconter : « Les Qouraysh regrettèrent le 
						soutien qu’ils accordèrent aux Noufatha et se dirent : 
						« Muhammad va nous attaquer.» » 
						 
						
						J’ai aussi mentionné la version de Houzam à Ibn 
						Ja’far et à d’autres traditionnistes et aucun d’eux ne 
						l’a désapprouvée. 
						 
						
						‘Ata' Ibn Abou Marwan a dit : « Le Messager d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit à ‘Ayshah 
						(radhiyallahou ‘anha) : « L’affaire des Khouza’i me 
						stupéfait. » 
						
						- « O Messager d’Allah, » demanda ‘Ayshah, « crois-tu 
						que les Qouraysh oseront violer la trêve alors que la 
						guerre les a durement touchés ? » 
						
						- « Ils violeront la trêve pour une raison voulue par le 
						Très-Haut. » 
						
						- « S’agit-il d’un bien ou d’un mal, ô Messager 
						d’Allah ? » 
						
						- « D’un bien, » répondit-il[2]. 
						 
						 
						L’émissaire 
						des Qouraysh 
						 
						
						Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						s’attendit donc à recevoir des Mecquois une personne 
						désignée pour confirmer la trêve ou, en d’autres termes, 
						avec la mission d’arracher des garanties pour éviter une 
						quelconque action militaire punitive en réaction au 
						crime abominable. Il leur donna même le nom de 
						l’émissaire et dit aux présents : « Il me semble que 
						vous allez voir Abou Soufyan venir vers vous pour 
						renouveler la trêve et retarder son terme[3]. 
						» 
						 
						
						La délégation Khouza’i qui quitta Médine, se dispersa en 
						plusieurs groupes, selon les recommandations du Messager 
						d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Un groupe prit 
						le chemin de la côte et les autres des routes 
						secondaires. 
						 
						
						Quant à Boudayl Ibn Oum Asram, il prit la route 
						principale et après avoir dépassé al-Abwa’, il croisa 
						Abou Soufyan qui se dirigeait vers Médine. Celui-ci, 
						effrayé que les Khouza’i l’aient précédé, sonda Boudayl 
						et ses Compagnons : « Dites-moi ! Depuis quand avez-vous 
						quitté Médine ? Informez-moi de ce qui s’y passe ! » 
						
						- « Nous ne sommes au courant de rien » 
						répondirent-ils ! 
						
						- « O Boudayl !, » insista Abou Soufyan, « étais-tu chez 
						Muhammad ? » 
						
						- « Non, je n’ai rien fait de tel. J’étais chez les Ka’b 
						et des Khouza’a le long de la côte, à cause d’une 
						personne tuée et je les ai réconcilies. » 
						
						- « Par Allah, je sais que tu es bon et que tu maintiens 
						les liens de parenté ! » répondit hypocritement Abou 
						Soufyan avant de faire la sieste en leur compagnie. Mais 
						le doute ne le quitta pas et il demanda de nouveau : « 
						Avez-vous des dattes de Médine ? Donnez-moi en un peu, 
						elles sont meilleures que celles de Touhamah ! » 
						
						- « Non, nous n’en avons pas » lui fut-il répondu. 
						 
						
						Abou Soufyan ne put toutefois croire à toutes ces 
						réponses et attendit leur départ pour se diriger vers 
						l’endroit où étaient stationnées les chamelles. Il y 
						trouva des noyaux de dattes médinoises et put conclure 
						que les Khouza’i étaient bel et bien chez le Messager 
						d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). « Je jure par 
						Allah, qu’ils étaient chez Muhammad[4], 
						» se dit-il ! 
						 
						
						De plus en plus découragé, il poursuivit quand même son 
						chemin vers Médine et désirant le succès de sa mission, 
						aussitôt arrivé dans la jeune capitale de l’Islam, il 
						alla chez sa fille, Oum Habibah (radhiyallahou ‘anha), 
						qui était, rappelons-le, l’épouse de l’Envoyé d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Cependant celle-ci lui 
						réserva un accueil bien particulier et quand il voulut 
						s’asseoir sur la couche de son époux, le Prophète, elle 
						manifesta son refus et ôta la couche. Choqué par le 
						comportement de sa fille, Abou Soufyan dit : « O ma 
						fille ! Je ne sais laquelle des deux suivantes choses tu 
						vises : me traiter avec égard ou m’insinuer que je ne 
						mérite pas de m’asseoir sur cette couche ! » 
						
						- « Il s’agit de la couche du Messager d’Allah et toi tu 
						es un homme impur et polythéiste. Je ne veux donc pas 
						que tu t’assieds sur la couche du Messager d’Allah. » 
						
						- « O ma fille ! Je jure par Allah qu’après m’avoir 
						quitté le mal s’est emparé de toi[5] 
						! » 
						
						- « Allah Exalté m’a guidé à l’Islam. Et toi, père, le 
						grand seigneur de Qouraysh, que perdras-tu si tu 
						embrasses l’Islam. Tu n’adores que des pierres qui ne 
						peuvent ni voir ni entendre. » 
						
						- « Que c’est étrange ! Toi aussi tu oses me parler 
						ainsi ! Veux-tu que je quitte ce qu’adoraient mes aïeux 
						et suivre la religion de Muhammad ?, » 
						demanda-t-il avant de sortir.  
						 
						
						Gardant son sang-froid après la brusquerie de l’accueil 
						qu’il venait de recevoir, il se dirigea vers le Prophète 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avec la conviction de le 
						persuader que sa venue était normale et de la nécessité 
						du Messager d’Allah de garantir la validité du pacte de
						Houdaybiyah d’autant plus qu’il n’était pas 
						présent lors de la signature de cette trêve. 
						
						- « O Muhammad, » expliqua-t-il, « j’étais absent 
						lors de la conclusion de la trêve de Houdaybiyah ; 
						consolidons-la et retardons son terme ! » 
						
						- « C’est pour cela que tu es venu, ô Abou Soufyan » 
						demanda le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ? 
						
						- « Oui ! » 
						
						- « Avez-vous donc commis quelque chose ? » 
						
						- « Qu’Allah nous préserve !, » répondit Abou Soufyan 
						tout en riant avec audace. Nous respectons toujours 
						notre engagement et notre pacte. Nous ne changerons 
						rien ! » 
						 
						
						Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) lui 
						répondit d’une telle manière qu’elle laissa le chef 
						mecquois perplexe : « Alors, nous respecterons, nous 
						aussi, le terme et le pacte (que nous avons signé) le 
						jour de Houdaybiyah et ne changerons rien. » 
						 
						
						Ce fut les seules paroles qui furent échangées et Abou 
						Soufyan se retira sans avoir rien obtenu mais il ne 
						désespéra pas et décida de contacter les grands Mouhajir 
						Qourayshi qui, selon lui, pourraient peut-être 
						convaincre le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						de changer d’avis. 
						 
						
						Le premier de ces Mouhajir fut Abou Bakr as-Siddiq qui 
						refusa catégoriquement. Le deuxième fut ‘Umar Ibn 
						al-Khattab qui eut une réponse plus dure : « Moi 
						intercédez pour toi auprès du Messager d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ? Je jure que si je 
						trouvai les Dzar[6] 
						en train de vous dévorer je les aiderai ! » Abou Soufyan 
						dit à ‘Uthman Ibn ‘Affan, le troisième : « D’entre ces 
						gens tu m’es le plus proche (‘Uthman et Abou Soufyan 
						appartenaient tous les deux à la même tribu, les Bani 
						Oumayya), fais de sorte que la trêve soit réaffirmée et 
						prolongée. (Muhammad) ne te refuseras jamais 
						cela. Par Allah, je n’ai jamais vu un homme qui honore 
						ses Compagnons comme Muhammad ! » 
						
						- « Mon protection, dépend de celle du Messager 
						d’Allah » refusa poliment ‘Uthman[7].  
						 
						
						Malgré ces tentatives et ces réponses négatives, le 
						grand seigneur mecquois insista quand même à poursuivre 
						ses contacts. Cette fois, il alla chez ‘Ali Ibn Abou 
						Talib et son épouse Fatima as-Zahra' (radhiyallahou 
						‘anha), la fille du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa 
						sallam). En entrant, il les trouva avec Hassan, leur 
						enfant. 
						
						« O ‘Ali, » commença-t-il, parmi ces gens tu m’es le 
						plus proche. Je suis venu à toi pour un service ; 
						j’espère que je ne reviendrai pas déçu, contrairement à 
						ma venue. Intercède en ma faveur auprès du Messager 
						d’Allah ! » 
						
						- « Malheur à toi, Abou Soufyan ! Par Allah, le Messager 
						d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) est occupé au 
						point où on ne peut lui adresser la parole[8] 
						! »
 
						
						- « O Abou al-Hassan » insista Abou Soufyan, « donne ta 
						protection aux gens et parle à Muhammad afin 
						qu’il prolonge le délai. » 
						
						- « Malheur à toi, Abou Soufyan !, » répéta ‘Ali, « si 
						le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a 
						décidé de ne pas le faire personne ne peut donc lui 
						parler au sujet d’une chose qu’il déteste[9]. 
						» 
						
						Ne s’avouant pas encore vaincu, Abou Soufyan essaya une 
						dernière tentative ; il se tourna vers Fatima az-Zahra' 
						(radhiyallahou ‘anha) et lui fit la même demande. Mais 
						elle s’excusa en disant : « Moi, je suis une femme ! » 
						
						- « Mais ta sœur a bien accordé sa protection à Abou 
						al-‘As Ibn ar-Rabi’ et (c’est ce qui a amené) Muhammad à 
						accepter ! ». 
						
						- « Cela dépendait en réalité du Messager d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) » 
						expliqua Fatima. Mais Abou Soufyan s’acharna 
						encore et lui demande de nouveau : « Demande donc à l’un 
						de tes enfants de m’accorder son support ! » 
						
						- « Ils sont jeunes et ne sont pas en mesure d’accorder 
						leur protection » répondit-elle ! 
						 
						
						N’ayant pas réussi auprès des grands Mouhajir, Abou 
						Soufyan ne se sentit pas pour autant abattu et alla 
						contacter le chef des Aws, Sa’d Ibn ‘Oubadah. 
						 
						
						Ibn Abou Habib a rapporté que Waqid Ibn ‘Amrou 
						Ibn Sa’d Ibn Mou’ad a dit : « Abou Soufyan alla voir 
						Sa’d Ibn ‘Oubadah et lui dit : « O Abou Thabit ! Tu n’as 
						surement pas oublié ce qui me liait à toi ; dans notre 
						sanctuaire j’étais pour toi un voisin et à Yathrib 
						(Médine) tu m’étais la même chose. De plus, tu es 
						seigneur dans cette cité. Annonce ta protection (pour 
						moi) au milieu des gens puis essaye de prolonger le 
						terme de la trêve. » 
						
						- « O Abou Soufyan ! Ma protection dépend de celle du 
						Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). 
						Personne ne peut accorder sa protection à ses dépens. » 
						 
						
						Déçu enfin, il retourna voir ‘Ali pour lui demander 
						conseil : «O Abou Hassan ! Je vois que toutes les issues 
						sont fermées devant moi. Que me conseilles-tu ? » 
						
						- « Tu es le plus grand et le plus puissant seigneur 
						Qourayshi. (Va et) demande que l’on t’accorde la 
						protection ! » 
						
						- « Tu crois que cela me servira à quelque chose ? » 
						
						- « Je ne crois pas, j’en jure par Allah ! Mais je ne te 
						trouve rien d’autre. » 
						 
						
						Sur ce, Abou Soufyan sortit et commença à crier : « Je 
						demande la protection à l’un d’entre vous. Par Allah, je 
						ne crois pas que je vais être refusé ! » Puis, il entra 
						directement voir le Prophète : « O Muhammad ! Je 
						viens de demander publiquement à ce que l’on m’accorde 
						la protection et je ne pense pas être déçu. » 
						
						- « O Abou Soufyan, » s’étonna le Messager d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), « c’est toi qui dis 
						cela ? »  
						
						Par cette réponse, le seigneur polythéiste vit ses 
						espoirs s’effondrer. Et, aussitôt après, il quitta 
						Médine pour prendre le chemin de La Mecque. 
						 
						
						Moussa Ibn ‘Ouqbah rapporte qu’après le départ d’Abou 
						Soufyan, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa 
						sallam) montra un nuage et dit : « Ce nuage (confirme) 
						le soutien des Bani Ka’b (les Khouza’i). O Grand 
						Seigneur, ôte l’ouïe et la vue (des polythéistes) afin 
						qu’ils ne nous voient et ne nous entendent que 
						brusquement ! » Ce fut, pour le Prophète, le premier 
						signe de la prise de La Mecque. 
						 
						 
						
						Le retour de l’émissaire à La Mecque 
						 
						
						A La Mecque, Les Qouraysh craignant l’invasion subite 
						des Musulmans après la violation de la trêve, 
						attendirent impatiemment Abou Soufyan et dans cette 
						angoissante atmosphère, l’absence de leur émissaire fut 
						perçue comme trop longue si bien qu’ils commencèrent à 
						avoir des doutes ce qui poussa certains à dire : « Par 
						Allah ! Il semble qu’il (Abou Soufyan) a apostasié et 
						suivit secrètement la religion de Muhammad. » 
						 
						
						A son retour, Abou Soufyan entendit sa femme, Hind, lui 
						dire : « Ton absence a été si longue, que ton peuple t’a 
						accusé mais si tu es revenu avec un bon résultat tu es 
						alors un vrai homme. » Et, comme il l’approcha, elle 
						saisit l’occasion et l’interrogea jusqu’à ce qu’elle ait 
						tous les détails de sa mission. 
						
						- « Et comme solution, » lui expliqua-t-il, « je n’ai 
						trouvé que ce que m’a dit ‘Ali. » A peine eut-il terminé 
						sa phrase qu’elle le frappa de ses deux pieds sur la 
						poitrine en lui disant : « Quel émissaire de malheur tu 
						es ! »  
						 
						
						Après cet incident conjugal, il quitta sa maison pour 
						aller rapporter sa mission aux autres chefs de La 
						Mecque. 
						 
						
						Moussa Ibn ‘Ouqbah a rapporté : « Après son arrivée à La 
						Mecque, Abou Soufyan fut interrogé par les Qouraysh : « 
						Qu’as-tu à dire ? As-tu rapporté de chez Muhammad 
						une missive ou un accord ? » 
						
						- « Par Allah, non! Il n’a pas voulu. De plus, j’ai 
						longuement observé ses Compagnons, et je n’ai jamais vu 
						de gens aussi obéissants à leur chef qu’eux. Toutefois, 
						‘Ali Ibn Abou Talib m’a dit : « Sollicite la protection 
						des gens. » Ce que j’ai fis avant d’entrer chez Muhammad 
						et l’informait en disant : « Je ne pense pas que tu vas 
						me reconduire ! » Mais, il me répondit : « C’est toi qui 
						dis cela, ô Abou Handalah ? » 
						
						- « Tu as alors fais une chose aberrante, » lui 
						répondirent-ils, « et tu nous as rapporté ce qui ne peut 
						être utile ni pour toi ni pour nous. Par Allah ‘Ali 
						s’est moqué de toi ; ta (demande) de protection ne 
						pouvait t’être accordée et te reconduire était dès lors 
						facile pour eux. » 
						
						- « Je jure que je n’ai pas trouvé mieux. » 
						 
						
						C’est dans ces conditions que La Mecque reçut son 
						émissaire qui ne put obtenir du Messager d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ni extension du traité 
						de Houdaybiyah ni des informations sur les 
						intentions punitives des Musulmans et encore moins de 
						ses Compagnons. 
						 
						 
						
						Les préparatifs
						 
						
						Ayant donc décidé d’envahir La Mecque, le Messager 
						d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) garda le projet 
						secret mais il proclama toutefois l’alerte générale et 
						appela les Musulmans à se préparer pour la guerre sans 
						confirmer leurs suppositions : Certains crurent que le 
						Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) voulait 
						attaquer les Byzantins ; d’autres Hawazin et Thaqif 
						tandis qu’un troisième groupe opta pour le Najd. 
						 
						
						Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						envoya aussi des émissaires aux bédouins qui habitaient 
						dans le voisinage de Médine avec le message suivant : « 
						Que celui qui croit en Allah Exalté et au Jour Dernier 
						se présente à Médine, au mois de Ramadan[10]. 
						»
 
						 
						
						Ses émissaires furent : 
						
						1 - Asma’ et Hind des Bani Haritha, pour la tribu 
						d’Aslam. 
						
						2 - Rafi’ et Joundoub des Bani Moukayth al-Jouhani, pour 
						Jouhaynah, leur propre tribu. 
						
						3 - ‘Ima' Ibn Roukhsa et Abou Roum Koulthoum Ibn 
						al-Houssayn, pour Ghifar, les Bani Doumrah et Bani 
						al-Houssayn. 
						
						4 - Mi’qal Ibn Sinan et Nou’aym Ibn Mas’oud, pour la 
						tribu d’Ashja’. 
						
						5 - Bilal Ibn al-Harith et ‘Abdallah Ibn ‘Amrou 
						al-Mouznit à Mouznah. 
						
						6 - Al-Hajjaj Ibn ‘Alat et Irbad Ibn Sariyah pour 
						leur propre tribu des Soulaym. 
						
						7 - Bishr Ibn Soufyan et Boudayl Ibn Warqa pour les Bani 
						Ka’b. 
						
						Et plusieurs tribus dont celles de Ghifar, Mouznah, 
						Ashaj’, Jouhaynah et Aslam répondirent favorablement à 
						l’appel du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). 
						 
						
						D’autre part, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi 
						wa sallam) demanda à son épouse ‘Ayshah (radhiyallahou 
						‘anha) de préparer son nécessaire de voyage en lui 
						recommandant de ne rien dire. Quelques temps après, son 
						père Abou Bakr (radhiyallahou ‘anhou) entra chez elle et 
						la trouva en train de préparer du blé, de la bouillie 
						sucrée, de la semoule et des dattes.  
						
						- «O ‘Ayshah !, » lui demanda-t-il, « est-ce que le 
						Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a 
						décidé de faire une expédition ? » 
						
						- « Je ne sais pas, » répondit-elle. 
						
						- « Si le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa 
						sallam) veut faire un voyage, tiens-nous au courant afin 
						que nous nous préparions. » 
						
						- « Je ne sais pas. » 
						
						- « Veut-il attaquer les Byzantins ?, » insista Abou 
						Bakr (radhiyallahou ‘anhou) qui remarqua le silence 
						étrange de sa fille. 
						
						- « Peut-être qu’il vise les habitants de Najd, » 
						continua-t-il vainement avant de reprendre : « Ou 
						Qouraysh ? » Mais il ne reçut aucune réponse de ‘Ayshah 
						(radhiyallahou ‘anha) qui resta silencieuse quand le 
						Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) entre. 
						Abou Bakr Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa 
						sallam) l’interrogea alors : « O Messager d’Allah, 
						penses-tu voyager ? » 
						
						- « Oui, » répondit le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa 
						sallam). 
						
						- « Dois-je me préparer ? » 
						
						- « Oui. » 
						
						- « Et qui vises-tu ? » 
						
						- « Qouraysh mais garde cela secret ! » 
						
						- « N’y a-t-il pas entre nous et eux un pacte ? » 
						
						Ils ont agi avec perfidie et ils ont violé le pacte. Je 
						vais les attaquer[11]. » 
						 
						
						En outre, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						consulta ses Compagnons les plus proches au sujet du 
						comportement adéquat à adopter envers les Mecquois. Abou 
						Bakr opta pour la modération tandis que ‘Umar eut un 
						avis tout à fait opposé : « O Messager d’Allah !, » dit 
						le premier, « c’est ton peuple. » 
						
						Quant au deuxième, il dit : « Ils sont la base de toute 
						mécréance. Ils ont prétendu que tu es un sorcier et 
						t’ont accusé d’être un menteur. Par Allah, les Arabes 
						n’abdiqueront qu’après l’abdication des habitants de La 
						Mecque ! » 
						
						- « Abou Bakr est comme Ibrahim, intervint le Prophète 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ; il était, pour la 
						cause d’Allah plus doux que la bonté. Quant à ‘Umar, il 
						ressemble à Nouh ; « qui était plus dur que la pierre 
						pour la cause d’Allah. La chose est comme a dit ‘Umar. » 
						
						Ainsi, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						décida de mettre fin au polythéisme dans la Cité sacrée. 
						 
						
						Dix mille hommes musulmans allaient entrer dans les 
						prochains jours  à 
						La Mecque mais pour dissimuler et persuader l’ennemi du 
						contraire, il envoya au début du mois de Ramadan une 
						patrouille à l’est de Médine, dans la vallée d’Idam 
						voulant ainsi persuader les gens qui se regroupaient 
						dans la capitale de l’Islam que l’objectif de la 
						mobilisation générale était le Najd et non La Mecque. 
						 
						
						Ibn Sa’d[12] 
						a rapporté : 
						
						« Après avoir décidé d’attaquer La Mecque, le Messager 
						d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya Abou 
						Qatada Ibn Rab’i, à la tête d’une patrouille, à Batn 
						Idam entre Dzi Khoushoub et Dzi Marwa, à trois Barid de 
						Médine dans le but de persuader les gens que c’était 
						cette région qu’il visait et pour faire courir les 
						bruits dans ce sens. 
						
						Ce détachement s’y rendit donc, s’y installa et ne le 
						quitta qu’après le départ du Prophète (sallallahou 
						‘aleyhi wa sallam) de Médine avec le plus gros de son 
						armée. Abou Qatada rejoindra les Musulmans à Souqya. 
						 
							 
								
								
								
								
								
								[1] 
								Ibn Hisham,
								Sirah 
								t IV, p 37. Deux vêtements particuliers.  
								
								
								
								
								
								[2] 
								Louange à Allah ! Cette réponse est une preuve 
								absolue du Qadar dans l’Histoire des Nations et 
								que tout ce qui arriva, arrive et arrivera ne le 
								sera que par la volonté d’Allah Exalté Seul et 
								aussi que le mal (guerre, massacre etc.,) peut 
								engendrer le bien. (Nde) 
								
								
								
								
								
								[3] 
								Al-Waqidi, t II, p 792 ; Ibn Hisham, t IV, p 38. 
								
								
								
								
								
								[4] 
								Ibn Hisham, t IV, p 38. 
								
								
								
								
								[5]
								
								
								Imta’ al-Asma’, 
								p 359. 
								
								
								
								
								
								[6] 
								Dzar, très-petits insectes comme les fourmis, 
								les termites etc. 
								
								
								
								
								
								[7]
								
								Imta’ al-Asma’, 
								p 359. 
								
								
								
								
								
								[8] 
								Ibn Hisham, 
								Sirah, t V, p38. 
								
								
								
								
								
								[9] 
								Al-Waqidi, 
								Maghazi, t II, p 794. 
								
								
								
								
								
								[10] 
								Al-Waqidi, t II, p 796.
								As-Sirah 
								al-Halabiya, t II, p 199. 
								
								
								
								
								
								[11] 
								Ibn Hisham,
								Sirah, 
								t IV, p 41. 
								
								
								
								
								
								[12] 
								Ibn Kathir ;
								al-Bidayah 
								wa-an-Nihayah, t IV, p 283. | 







