Qouraysh
refuse de verser le prix de sang
Le crime commis à al-Watir et à La Mecque par les
Qouraysh et les Bani Bakr était sans aucun doute
possible, une violation claire du traité de Houdaybiyah
et
le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
avait donc tous les droits de déclarer la guerre ce
qu’il ne fit pas directement voulant ainsi éviter
l’effusion du sang.
Partant de ce principe, le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) donna la chance aux agresseurs
d’éviter ce dernier recourt menaçant. Il contacta le
principal signataire de la trêve et lui proposa trois
choix, exactement comme l’avait prévu ‘Abdallah Ibn Sa’d
Ibn Abi Sarah :
1 - Le payement du prix du sang des victimes,
2 - Renoncer à l’alliance avec les Noufatha, les
premiers responsables du massacre et,
3 - La guerre.
Al-Waqidi a rapporté dans
al-Maghazi, (t
2, p 786) :
« D’après Ibn ‘Umar (radhiyallahou ‘anhoum), lorsque la
délégation Khouza’i informa le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) du (nombre) de leurs
victimes, ce dernier leur demanda : « Qui accusez-vous
? »
- « Les Bani Bakr. »
- « Tous les Bani Bakr ? »
- « Non, seulement les Bani Noufatha et leur chef Nawfal
Ibn Mou’awiyyah. »
- « Il s’agit donc d’un clan Bakr. Je vais contacter les
Mecquois et les interroger sur l’affaire. Après quoi, je
leur donnerai trois choix. »
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) leur
envoya Doumrah qui en arrivant à La Mecque, informa les
seigneurs qourayshi de ces trois solutions.
Qarada Ibn ‘Abd ‘Amrou al-‘Ajami dit : « Payer le prix
de sang des victimes Khouza’i ne peut se faire; les
Noufatha sont touchés par des calamités, on ne peut
payer, sinon il ne nous restera « ni cilice ni bure[1]. »
Quant à annuler l’alliance avec les Noufatha, on ne peut
le faire; aucun clan arabe ne glorifie cette Demeure
comme le font les Noufatha lors du pèlerinage. Ce sont
nos alliés ! Il ne nous reste que la guerre. » Sur ce,
Doumrah retourna ((à Médine).
Qouraysh dépêcha alors Abou Soufyan Ibn Harb dans
le but de confirmer la trêve avec le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avant de regretter la
réponse qu’ils donnèrent à l’émissaire. »
Al-Waqidi rapporte toujours :
« J’ai rapporté cette version à Houzam Ibn Hisham
al-Ka’bi et il m’a dit : « Celui qui t’a rapporté cette
version n’a rien négligé et la chose se passa comme je
vais te le raconter : « Les Qouraysh regrettèrent le
soutien qu’ils accordèrent aux Noufatha et se dirent :
« Muhammad va nous attaquer.» »
J’ai aussi mentionné la version de Houzam à Ibn
Ja’far et à d’autres traditionnistes et aucun d’eux ne
l’a désapprouvée.
‘Ata' Ibn Abou Marwan a dit : « Le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit à ‘Ayshah
(radhiyallahou ‘anha) : « L’affaire des Khouza’i me
stupéfait. »
- « O Messager d’Allah, » demanda ‘Ayshah, « crois-tu
que les Qouraysh oseront violer la trêve alors que la
guerre les a durement touchés ? »
- « Ils violeront la trêve pour une raison voulue par le
Très-Haut. »
- « S’agit-il d’un bien ou d’un mal, ô Messager
d’Allah ? »
- « D’un bien, » répondit-il[2].
L’émissaire
des Qouraysh
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
s’attendit donc à recevoir des Mecquois une personne
désignée pour confirmer la trêve ou, en d’autres termes,
avec la mission d’arracher des garanties pour éviter une
quelconque action militaire punitive en réaction au
crime abominable. Il leur donna même le nom de
l’émissaire et dit aux présents : « Il me semble que
vous allez voir Abou Soufyan venir vers vous pour
renouveler la trêve et retarder son terme[3].
»
La délégation Khouza’i qui quitta Médine, se dispersa en
plusieurs groupes, selon les recommandations du Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Un groupe prit
le chemin de la côte et les autres des routes
secondaires.
Quant à Boudayl Ibn Oum Asram, il prit la route
principale et après avoir dépassé al-Abwa’, il croisa
Abou Soufyan qui se dirigeait vers Médine. Celui-ci,
effrayé que les Khouza’i l’aient précédé, sonda Boudayl
et ses Compagnons : « Dites-moi ! Depuis quand avez-vous
quitté Médine ? Informez-moi de ce qui s’y passe ! »
- « Nous ne sommes au courant de rien »
répondirent-ils !
- « O Boudayl !, » insista Abou Soufyan, « étais-tu chez
Muhammad ? »
- « Non, je n’ai rien fait de tel. J’étais chez les Ka’b
et des Khouza’a le long de la côte, à cause d’une
personne tuée et je les ai réconcilies. »
- « Par Allah, je sais que tu es bon et que tu maintiens
les liens de parenté ! » répondit hypocritement Abou
Soufyan avant de faire la sieste en leur compagnie. Mais
le doute ne le quitta pas et il demanda de nouveau : «
Avez-vous des dattes de Médine ? Donnez-moi en un peu,
elles sont meilleures que celles de Touhamah ! »
- « Non, nous n’en avons pas » lui fut-il répondu.
Abou Soufyan ne put toutefois croire à toutes ces
réponses et attendit leur départ pour se diriger vers
l’endroit où étaient stationnées les chamelles. Il y
trouva des noyaux de dattes médinoises et put conclure
que les Khouza’i étaient bel et bien chez le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). « Je jure par
Allah, qu’ils étaient chez Muhammad[4],
» se dit-il !
De plus en plus découragé, il poursuivit quand même son
chemin vers Médine et désirant le succès de sa mission,
aussitôt arrivé dans la jeune capitale de l’Islam, il
alla chez sa fille, Oum Habibah (radhiyallahou ‘anha),
qui était, rappelons-le, l’épouse de l’Envoyé d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Cependant celle-ci lui
réserva un accueil bien particulier et quand il voulut
s’asseoir sur la couche de son époux, le Prophète, elle
manifesta son refus et ôta la couche. Choqué par le
comportement de sa fille, Abou Soufyan dit : « O ma
fille ! Je ne sais laquelle des deux suivantes choses tu
vises : me traiter avec égard ou m’insinuer que je ne
mérite pas de m’asseoir sur cette couche ! »
- « Il s’agit de la couche du Messager d’Allah et toi tu
es un homme impur et polythéiste. Je ne veux donc pas
que tu t’assieds sur la couche du Messager d’Allah. »
- « O ma fille ! Je jure par Allah qu’après m’avoir
quitté le mal s’est emparé de toi[5]
! »
- « Allah Exalté m’a guidé à l’Islam. Et toi, père, le
grand seigneur de Qouraysh, que perdras-tu si tu
embrasses l’Islam. Tu n’adores que des pierres qui ne
peuvent ni voir ni entendre. »
- « Que c’est étrange ! Toi aussi tu oses me parler
ainsi ! Veux-tu que je quitte ce qu’adoraient mes aïeux
et suivre la religion de Muhammad ?, »
demanda-t-il avant de sortir.
Gardant son sang-froid après la brusquerie de l’accueil
qu’il venait de recevoir, il se dirigea vers le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avec la conviction de le
persuader que sa venue était normale et de la nécessité
du Messager d’Allah de garantir la validité du pacte de
Houdaybiyah d’autant plus qu’il n’était pas
présent lors de la signature de cette trêve.
- « O Muhammad, » expliqua-t-il, « j’étais absent
lors de la conclusion de la trêve de Houdaybiyah ;
consolidons-la et retardons son terme ! »
- « C’est pour cela que tu es venu, ô Abou Soufyan »
demanda le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ?
- « Oui ! »
- « Avez-vous donc commis quelque chose ? »
- « Qu’Allah nous préserve !, » répondit Abou Soufyan
tout en riant avec audace. Nous respectons toujours
notre engagement et notre pacte. Nous ne changerons
rien ! »
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) lui
répondit d’une telle manière qu’elle laissa le chef
mecquois perplexe : « Alors, nous respecterons, nous
aussi, le terme et le pacte (que nous avons signé) le
jour de Houdaybiyah et ne changerons rien. »
Ce fut les seules paroles qui furent échangées et Abou
Soufyan se retira sans avoir rien obtenu mais il ne
désespéra pas et décida de contacter les grands Mouhajir
Qourayshi qui, selon lui, pourraient peut-être
convaincre le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
de changer d’avis.
Le premier de ces Mouhajir fut Abou Bakr as-Siddiq qui
refusa catégoriquement. Le deuxième fut ‘Umar Ibn
al-Khattab qui eut une réponse plus dure : « Moi
intercédez pour toi auprès du Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ? Je jure que si je
trouvai les Dzar[6]
en train de vous dévorer je les aiderai ! » Abou Soufyan
dit à ‘Uthman Ibn ‘Affan, le troisième : « D’entre ces
gens tu m’es le plus proche (‘Uthman et Abou Soufyan
appartenaient tous les deux à la même tribu, les Bani
Oumayya), fais de sorte que la trêve soit réaffirmée et
prolongée. (Muhammad) ne te refuseras jamais
cela. Par Allah, je n’ai jamais vu un homme qui honore
ses Compagnons comme Muhammad ! »
- « Mon protection, dépend de celle du Messager
d’Allah » refusa poliment ‘Uthman[7].
Malgré ces tentatives et ces réponses négatives, le
grand seigneur mecquois insista quand même à poursuivre
ses contacts. Cette fois, il alla chez ‘Ali Ibn Abou
Talib et son épouse Fatima as-Zahra' (radhiyallahou
‘anha), la fille du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam). En entrant, il les trouva avec Hassan, leur
enfant.
« O ‘Ali, » commença-t-il, parmi ces gens tu m’es le
plus proche. Je suis venu à toi pour un service ;
j’espère que je ne reviendrai pas déçu, contrairement à
ma venue. Intercède en ma faveur auprès du Messager
d’Allah ! »
- « Malheur à toi, Abou Soufyan ! Par Allah, le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) est occupé au
point où on ne peut lui adresser la parole[8]
! »
- « O Abou al-Hassan » insista Abou Soufyan, « donne ta
protection aux gens et parle à Muhammad afin
qu’il prolonge le délai. »
- « Malheur à toi, Abou Soufyan !, » répéta ‘Ali, « si
le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a
décidé de ne pas le faire personne ne peut donc lui
parler au sujet d’une chose qu’il déteste[9].
»
Ne s’avouant pas encore vaincu, Abou Soufyan essaya une
dernière tentative ; il se tourna vers Fatima az-Zahra'
(radhiyallahou ‘anha) et lui fit la même demande. Mais
elle s’excusa en disant : « Moi, je suis une femme ! »
- « Mais ta sœur a bien accordé sa protection à Abou
al-‘As Ibn ar-Rabi’ et (c’est ce qui a amené) Muhammad à
accepter ! ».
- « Cela dépendait en réalité du Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) »
expliqua Fatima. Mais Abou Soufyan s’acharna
encore et lui demande de nouveau : « Demande donc à l’un
de tes enfants de m’accorder son support ! »
- « Ils sont jeunes et ne sont pas en mesure d’accorder
leur protection » répondit-elle !
N’ayant pas réussi auprès des grands Mouhajir, Abou
Soufyan ne se sentit pas pour autant abattu et alla
contacter le chef des Aws, Sa’d Ibn ‘Oubadah.
Ibn Abou Habib a rapporté que Waqid Ibn ‘Amrou
Ibn Sa’d Ibn Mou’ad a dit : « Abou Soufyan alla voir
Sa’d Ibn ‘Oubadah et lui dit : « O Abou Thabit ! Tu n’as
surement pas oublié ce qui me liait à toi ; dans notre
sanctuaire j’étais pour toi un voisin et à Yathrib
(Médine) tu m’étais la même chose. De plus, tu es
seigneur dans cette cité. Annonce ta protection (pour
moi) au milieu des gens puis essaye de prolonger le
terme de la trêve. »
- « O Abou Soufyan ! Ma protection dépend de celle du
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
Personne ne peut accorder sa protection à ses dépens. »
Déçu enfin, il retourna voir ‘Ali pour lui demander
conseil : «O Abou Hassan ! Je vois que toutes les issues
sont fermées devant moi. Que me conseilles-tu ? »
- « Tu es le plus grand et le plus puissant seigneur
Qourayshi. (Va et) demande que l’on t’accorde la
protection ! »
- « Tu crois que cela me servira à quelque chose ? »
- « Je ne crois pas, j’en jure par Allah ! Mais je ne te
trouve rien d’autre. »
Sur ce, Abou Soufyan sortit et commença à crier : « Je
demande la protection à l’un d’entre vous. Par Allah, je
ne crois pas que je vais être refusé ! » Puis, il entra
directement voir le Prophète : « O Muhammad ! Je
viens de demander publiquement à ce que l’on m’accorde
la protection et je ne pense pas être déçu. »
- « O Abou Soufyan, » s’étonna le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), « c’est toi qui dis
cela ? »
Par cette réponse, le seigneur polythéiste vit ses
espoirs s’effondrer. Et, aussitôt après, il quitta
Médine pour prendre le chemin de La Mecque.
Moussa Ibn ‘Ouqbah rapporte qu’après le départ d’Abou
Soufyan, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) montra un nuage et dit : « Ce nuage (confirme)
le soutien des Bani Ka’b (les Khouza’i). O Grand
Seigneur, ôte l’ouïe et la vue (des polythéistes) afin
qu’ils ne nous voient et ne nous entendent que
brusquement ! » Ce fut, pour le Prophète, le premier
signe de la prise de La Mecque.
Le retour de l’émissaire à La Mecque
A La Mecque, Les Qouraysh craignant l’invasion subite
des Musulmans après la violation de la trêve,
attendirent impatiemment Abou Soufyan et dans cette
angoissante atmosphère, l’absence de leur émissaire fut
perçue comme trop longue si bien qu’ils commencèrent à
avoir des doutes ce qui poussa certains à dire : « Par
Allah ! Il semble qu’il (Abou Soufyan) a apostasié et
suivit secrètement la religion de Muhammad. »
A son retour, Abou Soufyan entendit sa femme, Hind, lui
dire : « Ton absence a été si longue, que ton peuple t’a
accusé mais si tu es revenu avec un bon résultat tu es
alors un vrai homme. » Et, comme il l’approcha, elle
saisit l’occasion et l’interrogea jusqu’à ce qu’elle ait
tous les détails de sa mission.
- « Et comme solution, » lui expliqua-t-il, « je n’ai
trouvé que ce que m’a dit ‘Ali. » A peine eut-il terminé
sa phrase qu’elle le frappa de ses deux pieds sur la
poitrine en lui disant : « Quel émissaire de malheur tu
es ! »
Après cet incident conjugal, il quitta sa maison pour
aller rapporter sa mission aux autres chefs de La
Mecque.
Moussa Ibn ‘Ouqbah a rapporté : « Après son arrivée à La
Mecque, Abou Soufyan fut interrogé par les Qouraysh : «
Qu’as-tu à dire ? As-tu rapporté de chez Muhammad
une missive ou un accord ? »
- « Par Allah, non! Il n’a pas voulu. De plus, j’ai
longuement observé ses Compagnons, et je n’ai jamais vu
de gens aussi obéissants à leur chef qu’eux. Toutefois,
‘Ali Ibn Abou Talib m’a dit : « Sollicite la protection
des gens. » Ce que j’ai fis avant d’entrer chez Muhammad
et l’informait en disant : « Je ne pense pas que tu vas
me reconduire ! » Mais, il me répondit : « C’est toi qui
dis cela, ô Abou Handalah ? »
- « Tu as alors fais une chose aberrante, » lui
répondirent-ils, « et tu nous as rapporté ce qui ne peut
être utile ni pour toi ni pour nous. Par Allah ‘Ali
s’est moqué de toi ; ta (demande) de protection ne
pouvait t’être accordée et te reconduire était dès lors
facile pour eux. »
- « Je jure que je n’ai pas trouvé mieux. »
C’est dans ces conditions que La Mecque reçut son
émissaire qui ne put obtenir du Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ni extension du traité
de Houdaybiyah ni des informations sur les
intentions punitives des Musulmans et encore moins de
ses Compagnons.
Les préparatifs
Ayant donc décidé d’envahir La Mecque, le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) garda le projet
secret mais il proclama toutefois l’alerte générale et
appela les Musulmans à se préparer pour la guerre sans
confirmer leurs suppositions : Certains crurent que le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) voulait
attaquer les Byzantins ; d’autres Hawazin et Thaqif
tandis qu’un troisième groupe opta pour le Najd.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
envoya aussi des émissaires aux bédouins qui habitaient
dans le voisinage de Médine avec le message suivant : «
Que celui qui croit en Allah Exalté et au Jour Dernier
se présente à Médine, au mois de Ramadan[10].
»
Ses émissaires furent :
1 - Asma’ et Hind des Bani Haritha, pour la tribu
d’Aslam.
2 - Rafi’ et Joundoub des Bani Moukayth al-Jouhani, pour
Jouhaynah, leur propre tribu.
3 - ‘Ima' Ibn Roukhsa et Abou Roum Koulthoum Ibn
al-Houssayn, pour Ghifar, les Bani Doumrah et Bani
al-Houssayn.
4 - Mi’qal Ibn Sinan et Nou’aym Ibn Mas’oud, pour la
tribu d’Ashja’.
5 - Bilal Ibn al-Harith et ‘Abdallah Ibn ‘Amrou
al-Mouznit à Mouznah.
6 - Al-Hajjaj Ibn ‘Alat et Irbad Ibn Sariyah pour
leur propre tribu des Soulaym.
7 - Bishr Ibn Soufyan et Boudayl Ibn Warqa pour les Bani
Ka’b.
Et plusieurs tribus dont celles de Ghifar, Mouznah,
Ashaj’, Jouhaynah et Aslam répondirent favorablement à
l’appel du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
D’autre part, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) demanda à son épouse ‘Ayshah (radhiyallahou
‘anha) de préparer son nécessaire de voyage en lui
recommandant de ne rien dire. Quelques temps après, son
père Abou Bakr (radhiyallahou ‘anhou) entra chez elle et
la trouva en train de préparer du blé, de la bouillie
sucrée, de la semoule et des dattes.
- «O ‘Ayshah !, » lui demanda-t-il, « est-ce que le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a
décidé de faire une expédition ? »
- « Je ne sais pas, » répondit-elle.
- « Si le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) veut faire un voyage, tiens-nous au courant afin
que nous nous préparions. »
- « Je ne sais pas. »
- « Veut-il attaquer les Byzantins ?, » insista Abou
Bakr (radhiyallahou ‘anhou) qui remarqua le silence
étrange de sa fille.
- « Peut-être qu’il vise les habitants de Najd, »
continua-t-il vainement avant de reprendre : « Ou
Qouraysh ? » Mais il ne reçut aucune réponse de ‘Ayshah
(radhiyallahou ‘anha) qui resta silencieuse quand le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) entre.
Abou Bakr Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) l’interrogea alors : « O Messager d’Allah,
penses-tu voyager ? »
- « Oui, » répondit le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam).
- « Dois-je me préparer ? »
- « Oui. »
- « Et qui vises-tu ? »
- « Qouraysh mais garde cela secret ! »
- « N’y a-t-il pas entre nous et eux un pacte ? »
Ils ont agi avec perfidie et ils ont violé le pacte. Je
vais les attaquer[11]. »
En outre, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
consulta ses Compagnons les plus proches au sujet du
comportement adéquat à adopter envers les Mecquois. Abou
Bakr opta pour la modération tandis que ‘Umar eut un
avis tout à fait opposé : « O Messager d’Allah !, » dit
le premier, « c’est ton peuple. »
Quant au deuxième, il dit : « Ils sont la base de toute
mécréance. Ils ont prétendu que tu es un sorcier et
t’ont accusé d’être un menteur. Par Allah, les Arabes
n’abdiqueront qu’après l’abdication des habitants de La
Mecque ! »
- « Abou Bakr est comme Ibrahim, intervint le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ; il était, pour la
cause d’Allah plus doux que la bonté. Quant à ‘Umar, il
ressemble à Nouh ; « qui était plus dur que la pierre
pour la cause d’Allah. La chose est comme a dit ‘Umar. »
Ainsi, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
décida de mettre fin au polythéisme dans la Cité sacrée.
Dix mille hommes musulmans allaient entrer dans les
prochains jours à
La Mecque mais pour dissimuler et persuader l’ennemi du
contraire, il envoya au début du mois de Ramadan une
patrouille à l’est de Médine, dans la vallée d’Idam
voulant ainsi persuader les gens qui se regroupaient
dans la capitale de l’Islam que l’objectif de la
mobilisation générale était le Najd et non La Mecque.
Ibn Sa’d[12]
a rapporté :
« Après avoir décidé d’attaquer La Mecque, le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya Abou
Qatada Ibn Rab’i, à la tête d’une patrouille, à Batn
Idam entre Dzi Khoushoub et Dzi Marwa, à trois Barid de
Médine dans le but de persuader les gens que c’était
cette région qu’il visait et pour faire courir les
bruits dans ce sens.
Ce détachement s’y rendit donc, s’y installa et ne le
quitta qu’après le départ du Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) de Médine avec le plus gros de son
armée. Abou Qatada rejoindra les Musulmans à Souqya.
[1]
Ibn Hisham,
Sirah
t IV, p 37. Deux vêtements particuliers.
[2]
Louange à Allah ! Cette réponse est une preuve
absolue du Qadar dans l’Histoire des Nations et
que tout ce qui arriva, arrive et arrivera ne le
sera que par la volonté d’Allah Exalté Seul et
aussi que le mal (guerre, massacre etc.,) peut
engendrer le bien. (Nde)
[3]
Al-Waqidi, t II, p 792 ; Ibn Hisham, t IV, p 38.
[4]
Ibn Hisham, t IV, p 38.
[5]
Imta’ al-Asma’,
p 359.
[6]
Dzar, très-petits insectes comme les fourmis,
les termites etc.
[7]
Imta’ al-Asma’,
p 359.
[8]
Ibn Hisham,
Sirah, t V, p38.
[9]
Al-Waqidi,
Maghazi, t II, p 794.
[10]
Al-Waqidi, t II, p 796.
As-Sirah
al-Halabiya, t II, p 199.
[11]
Ibn Hisham,
Sirah,
t IV, p 41.
[12]
Ibn Kathir ;
al-Bidayah
wa-an-Nihayah, t IV, p 283. |