La prise de La
Mecque
Préambule
Voici le huitième chapitre de notre série. Il relate les
évènements de la prise de La Mecque par les Musulmans.
Il contient en t’autre, de magnifiques exemples de
justice, d’équité, de respect des engagements, d’honneur
et de mansuétude du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) et de ses Compagnons.
Dix mille combattants musulmans occupèrent La Mecque, le
plus redoutable fief qui manifesta tant d’hostilité à
l’encontre des Musulmans, le Prophète en tête
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
Dix mille hommes qui auraient pu saccager la cité
sacrée, abattre un bon nombre de ses habitants (surtout
les guerriers) et prendre comme esclaves des prisonniers
et des prisonnières, jadis un comportement traditionnel.
Mais pour un Prophète tout est différent. « O peuple de
Qouraysh, que pensez-vous que je vais faire de vous ? »
leur demanda-t-il ?
- « Tu es noble et fils d’un noble, » dirent les
vaincus.
- « Partez, vous êtes libres, » leur répondit le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
Quant à la cause directe de la prise de La Mecque, elle
se résume comme suit :
Appuyée par ses alliés Qourayshi, Kinana commit un crime
impardonnable contre les Khouza’i et abattit vingt-cinq
hommes alors qu’ils priaient.
Par cet acte de guerre, la trêve de Houdaybiyah
signée seulement trente mois auparavant devint caduque.
Cependant, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
ne saisit pas immédiatement l’occasion pour directement
punir, les agresseurs bien qu’il le pouvait. Au
contraire et pour éviter une nouvelle effusion de sang,
il présenta aux Qouraysh trois solutions pour régler
l’affaire :
1 - Les Qouraysh et leur alliés verseront le prix de
sang des victimes et ne faisant cela, la trêve de Houdaybiyah
restera valable toujours valable jusqu’à l’expiration
des dix années convenues.
2 - Qouraysh devra condamner l’agression et laisser le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) régler le
problème tout seul avec les agresseurs.
3 - Si les Qouraysh refusent les deux propositions
précédentes, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
se verra alors contraint de recouvrir aux armes car
Qouraysh est le premier responsable de l’application de
la trêve de Houdaybiyah qui vient d’être violée
par les Bakr encouragés par quelques chefs mecquois.
Comme d’habitude, la grande tribu fit le mauvais choix,
rejeta les deux premières propositions et choisit la
guerre. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) ne put alors rien faire de plus pour empêcher de
nouveau l’inévitable affrontement car il devait soutenir
ses alliés les Khouza’i contre les agissements de
Qouraysh et de ses alliés et ce en application de
l’engagement qu’il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pris
lors de la trêve de Houdaybiyah.
Ne laissant aucun temps à l’adversaire, il (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) marcha aussitôt sur La Mecque et
l’occupa sans aucune résistance.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
évita auparavant les combats contre Qouraysh et les
autres tribus non pas par faiblesse ou autre cause chose
de similaire mais parce qu’il n’aimait tout simplement
pas la guerre comme cela est rapporté dans un Hadith. On
peut aussi se demander si le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne connaissait pas
certains points du futur et sachant que son peuple
allait bientôt se convertir dans son ensemble, voulut
éviter à tout prix toute effusion inutile de sang et
Allah Exalté est Plus Savant.
En conclusion, on peut dire que la chute de La Mecque en
l’an 8 de l’Hégire fut vraiment une victoire sans
précédent pour les Musulmans. Une année plus tard, toute
l’Arabie passa sous l’autorité de l’Islam. Ce fut
l’année des délégations qui vinrent les unes après les
autres à Médine pour déclarer la conversion de leurs
tribus. Et le Qur’an est d’ailleurs parfaitement
explicite à ce sujet : «
Lorsque vient le
secours d’Allah ainsi que la victoire et que tu vois les
gens entrer en foule dans la religion d’Allah alors par
la louange, célèbre la gloire de ton Seigneur et implore
Son pardon. Car c’est Lui le grand Accueillant au
repentir » (Qur’an 110)
Les évènements militaires, politiques et
législatifs avant la prise de La Mecque
L’affaire Abou
Bassir
Après la signature de la trêve de Houdaybiyah
vers la fin de l’an six de l’Hégire, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fit face à un évènement
crucial qui peina beaucoup de Musulmans. N’avait-il pas
encore quitté la fameuse plaine, qu’il se vit contraint
de livrer aux païens de La Mecque le jeune musulman Abou
Joundoub Ibn Souhayl Ibn ‘Amr et ce conformément à
l’application de l’une des clauses de la trêve.
Ce test ne fut pas le dernier et à peine arriva-t-il à
Médine, qu’un deuxième problème surgit brusquement. Abou
Bassir ‘Outbah Ibn ‘Oussayd az-Zouhri s’échappa de la
prison de La Mecque et prit le chemin de la ville du
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ou il espérait
trouver refuge car il était musulman et que les Médinois
l’accueilleraient surement mais malheureusement, la
trêve de Houdaybiyah ne permettait pas au
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
d’accueillir les musulmans renégats de La Mecque (ou de
chez les alliés des Qouraysh) qui s’enfuyaient à Médine.
On ne put donc pas autoriser ce jeune musulman de rester
à Médine car cela serait une violation du pacte de Houdaybiyah
et pire, il fallut le remettre à sa tribu qui dépêcha
deux délégués pour la circonstance qui, quand ils
arrivèrent à Médine, remirent au Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) une lettre d’al-Akhnas Ibn Shourayq
et d’Azhar Ibn ‘Abd ‘Awf, deux chefs Azhari qui
exigeaient le retour d’Abou Bassir.
Convoqué par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam), le jeune musulman, qui venait de fuir les
persécutions de La Mecque où il avait laissé plusieurs
prisonniers Musulmans sous la torture des Qouraysh, dit
: « O Messager d’Allah, tu me rends aux païens pour
qu’ils me poussent à abandonner ma religion ! »
- « O Abou Bassir, nous avons donné à ces gens-là (les
polythéistes) (les engagements) que tu connais. Et dans
notre religion, on ne peut être perfide. En outre, Allah
Exalté t’accordera, ainsi qu’aux autres persécutés qui
sont avec toi, une issue. Retourne à ton peuple[1],
» expliqua le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam).
La compagnie quitta aussitôt Médine pour prendre le
chemin de La Mecque. Toutefois, en cours de route, Abou
Bassir ne put admettre qu’il allait de nouveau supporter
la prison et les tortures et arrivé à Dzoul Houlayfah
(Bir ‘Ali de nos jour), à sept miles environ de Médine,
les deux hommes armés firent une pause. Abou Bassir
profita de l’occasion et se montra doux et conciliant
avec ses gardiens. Puis il s’adressa à l’un d’eux : « O
frère ‘Amiri, penses-tu que ton épée-ci est tranchante
? »
- « Certes, elle l’est !, » affirma le ‘Amiri en
brandissant son arme. Par cette épée-ci je frapperai les
Aws et les Khazraj. »
- « Puis-je voir ? »
- « Si tu veux. »
A ce moment-là, Abou Bassir qui avait déjà réussi à
libérer ses mains; saisit rapidement l’épée et frappa
l’un de ses geôliers qu’il tua sur le coup puis, il
essaya de frapper le deuxième qui s’enfuit aussitôt et
regagna Médine.
Le fuyard entra dans la mosquée et trouva le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui en le voyant courir
en faisant voler les cailloux sous ses pieds, dit : «
Cet homme a vu quelque chose d’effrayant » avant de lui
demander : « Malheur à toi, qu’as-tu donc ? »
- « Votre homme (Abou Bassir) vient de tuer mon
Compagnon. Quant à moi, j’ai à peine pu lui échapper »
expliqua-t-il avant de demander la protection du
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui la
lui accorda. Quelques minutes après, arriva Abou Bassir
l’épée à la main qui expliqua : « O Messager d’Allah,
ton engagement a été tenu ; Allah Exalté s’en est
chargé. Tu m’as remis à ces gens-là (mais) j’ai pu, tout
seul, me défendre et défendre ma religion, de peur qu’on
me pousse à la délaisser. »
Abou Bassir demanda de nouveau l’autorisation de rester
à Médine et lui demanda aussi de lui laisser le
cinquième du butin qu’il put arracher à l’Amiri mais le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) refusa
de violer la trêve avant de dire : « Ah ! Il serait un
provocateur de guerre s’il avait quelques hommes avec
lui. »
Convaincu qu’il ne pouvait rester à Médine, Abou Bassir
le quitta sur le champ et prit la route de ‘Is, au bord
de la mer Rouge. C’était une région broussailleuse
couverte d’arbres ou se cacher était facile. Cependant,
le but d’Abou Bassir était autre que chercher un abri.
Il voulait organiser une guérilla contre les intérêts
vitaux de Qouraysh, les grandes caravanes de cette tribu
qui passaient près du futur fief des Musulmans
persécutés à La Mecque.
Et Abou Bassir seul mena une série d’attaques contre les
caravanes de Qouraysh. Les échos de ses opérations
arrivèrent jusqu’à la cité sacrée et encouragea
plusieurs autres Musulmans à prendre la fuite et
rejoindre al-‘Is et quelques mois plus tard, le nombre
de guérilleros atteignit soixante-dix jeunes, tous de
Qouraysh dont parmi eux, se trouvait Abou Joundoub Ibn
Souhayl Ibn Amrou qui avait été auparavant livré par le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) aux
polythéistes.
Mais les fuites ne se limitèrent pas aux seulement aux
Qouraysh. Plusieurs persécutés des Ghifar et des Jouhayn
fuirent leurs tribus et vinrent renforcer ces jeunes
Qouraysh et former une guérilla de trois cents hommes
qui désignèrent à leur tête Abou Bassir qui choisit à
son tour Abou Joundoub comme bras droit.
Les opérations contre les caravanes de Qouraysh
s’accentuèrent un point où le commerce de La Mecque fut
gravement touché. Les produits alimentaires se firent de
plus en plus rares et la famine menaça toute la cité.
Les guérilleros d’al-‘Is n’eurent aucun lien avec Médine
car le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) tenait à
la trêve de Houdaybiyah. Le malheur que
subissaient les Qouraysh ne serait pas produit s’ils
avaient été plus sages lors de la signature de la trêve.
N’était-ce pas eux qui insistèrent à inclure la
condition suivante : Tout musulman qui s’échappe et
rejoint les Musulmans à Médine doit être livré à
Qouraysh ?
Al-‘Is n’était donc que la conséquence directe de
l’intransigeance et de l’ignorance de la politique et de
la diplomatie des seigneurs de La Mecque. Personne ne
pouvait tenir le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) responsable de cela et aucun guérillero ne
dépendait de lui. Toutefois, on ne peut réfuter que
leurs opérations furent profitables à Médine du fait de
la souffrance des polythéistes et c’est pour cette
raison qu’ils allèrent changer de vue.
S’étant aperçu de leur faute, les seigneurs mecquois se
réunirent à Dar an-Nadwa dans le but de trouver une
solution à cette menace mais à part l’annulation de
cette condition, ils ne trouvèrent aucune autre parade.
Ils désignèrent aussitôt Abou Soufyan Ibn Harb,
leur grand chef, et lui confièrent la mission d’apporter
au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) la lettre
suivante :
« Nous acceptons d’annuler la condition concernée. Celui
d’entre eux (les musulmans qui fuiront La Mecque) qui
viendra à toi, retiens-le, il a la sécurité et tu
n’auras aucune inquiétude à craindre de notre part. Ces
rebelles nous causent un préjudice qu’il est
inconcevable de maintenir. »
Et bien que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) fut en position de force pour surenchérir
politiquement, il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
accepta aussitôt et envoya à Abou Bassir une lettre lui
recommandant de mettre un terme à ses opérations, de
quitter al-‘Is et de rentrer à Médine.
Ainsi les opérations pirates s’arrêtèrent mais sans Abou
Bassir car en recevant la lettre, il rendit l’âme avant
même de terminer la lecture et ce fut Abou Joundoub[2]
qui ordonna à ses hommes de cesser tout activité
militaire. Soixante-dix Qouraysh dont al-Walid Ibn
al-Walid, le frère de Khalid Ibn al-Walid qui succombera
à sa blessure à Médine[3],
regagnèrent la ville du Prophète. Quant au reste des
rebelles, ils préférèrent retourner chez eux.
Les Compagnons opposés à la signature de la trêve d’al-Houdaybiyah,
surtout contre la condition qui exigeait de livrer les
Musulmans fugitifs aux polythéistes, furent dès lors
convaincus qu’à Houdaybiyah, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) vit ce qu’eux même
n’avait pu concevoir avec leur imagination.
Le cas des Musulmanes qui fuirent les
persécutions
Avant la prise de La Mecque, mais sans que ne sache
précisément à quelle date, furent révélés les versets
qui imposèrent aux Musulmans de séparer l’épouse
croyante de son époux mécréant de même, que
l’interdiction de marier une Musulmane à un non
musulman.
Les causes sont dues aux évènements suivants : Oum
Koulthoum Bint ‘Ouqbah Ibn Abou Ma’it qui s’était
convertie à La Mecque et avait même prêté allégeance au
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avant son
Hégire et dont le père était l’un des redoutables chefs
polythéistes, décida, après la trêve de Houdaybiyah,
de s’expatrier à Médine. Ce fut la première femme qui le
fit après ce pacte et bien qu’informée des conditions
stipulant la remise des musulmans fugitifs, elle décida
donc de voyager seule et de traverser en marchant, le
chemin périlleux séparant La Mecque de Médine avec pour
seule crainte qu’elle soit retournée aux Mécréants dont
elle ne pouvait plus supporter les tortures.
Al-Waqidi a rapporté :
« (Les chroniqueurs) ont dit qu’à part Oum Koulthoum,
ils ne connaissent aucune autre des Qouraysh qui fuirent
le domicile parental pour s’expatrier pour la cause
d’Allah.
Et elle-même rapporta : « J’avais l’habitude de sortir
vers l’une de nos terres qui se trouvant dans la
campagne ou j’avais (quelques) parents. Je m’absentais
durant trois ou quatre jours avant de retourner chez moi
et aucun de mes parents ne voyait la chose étrange.
Un jour, je quittai La Mecque en faisant semblant
d’aller à la campagne et j’étais accompagnée par une
personne. Au retour de celle-ci, je pris route (de
Médine) quand tout à coup je croisai un homme qui me
demanda : « Où veux-tu aller ? »
- « C’est mon affaire, que me veux-tu et qui es-tu ? »
- « Un homme de Khouza’a. »
A peine le mot Khouza’a fut cité que je repris mon calme
car Khouza’a était l’allié du Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam). « Je suis une femme de Qouraysh, »
lui dis-je, « je veux rejoindre le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) mais je ne connais pas
bien route. »
- « Nous sommes les hommes de la nuit et du jour. Je
suis ton homme jusqu’à ce que tu arrives à Médine. »
Il me ramena une chamelle que je montai aussitôt. Par
Allah, il m’aida sans m’adresser la moindre parole ni
même me regarder. Qu’Allah le récompense, c’était un bon
Compagnon !
A Médine, je rentrai chez Oum Salamah
(radhiyallahou ‘anha), l’épouse du Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam). J’étais complètement voilée ; elle
ne me reconnut qu’après lui avoir dit mon nom et avoir
découvert mon visage. Elle me dit : « Tu t’es expatriée
pour la cause d’Allah et de Son Messager ? »
- « Oui, » lui répondis-je, « mais je crains que le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) me
livre aux polythéistes comme il l’a fait avec les
hommes, je veux dire Abou Joundoul Ibn Sahl et Abou
Bassir. »
- « O Oum Salamah, les femmes ne sont pas comme les
hommes. »
- « Les miens vont me chercher et me poursuivre ! » »
Al-Waqidi poursuit :
« (Plus tard) le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) rentra chez Oum Salamah. Qui l’informa de
l’arrivée d’Oum Koulthoum qui lui souhaita la bienvenue.
- « O Messager d’Allah, (implora la fugitive), je viens
de m’enfuir pour ma religion. Ne me livre pas à eux. Ils
vont me torturer et me soumettre à toutes sortes
d’épreuves. Je ne peux supporter la torture. Je suis une
femme et tu connais la faiblesse des femmes. Je t’ai vu
remettre aux polythéistes deux hommes, l’un d’eux s’est
enfui. Je suis une femme. » »
Mais cela parut insuffisant pour le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui eut l’intention de
la rendre à ses parents qui habitaient La Mecque,
n’était-ce l’intervention divine. Allah, à Lui les
Louanges et la Gloire, révéla en la circonstance ce
verset : « Ô vous
qui avez cru ! Quand les croyantes viennent à vous en
émigrées, éprouvez-les ; Allah connaît mieux leur foi ;
si vous constatez qu’elles sont croyantes, ne les
renvoyez pas aux mécréants. Elles ne sont pas licites
[en tant qu’épouses] pour eux, et eux non plus ne sont
pas licites [en tant qu’époux] pour elles. Et
rendez-leur ce qu’ils ont dépensé (comme mahr). Il ne
vous sera fait aucun grief en vous mariant avec elles
quand vous leur aurez donné leur mahr Et ne gardez pas
de liens conjugaux avec les mécréantes. Réclamez ce que
vous avez dépensé et que (les mécréants) aussi réclament
ce qu’ils ont dépensé. Tel est le jugement d’Allah par
lequel Il juge entre vous, et Allah est Omniscient et
Sage. » (Qur’an 60/10)
Après la révélation de ce verset, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) informa les frères d’Oum
Koulthoum, ‘Oumara et al-Walid. Ces deux derniers en
informèrent à leur tour les Qouraysh, qui acceptèrent à
l’unanimité[4].
De même, ce verset poussa les Compagnons s à répudier
leurs femmes païennes et ‘Umar Ibn al-Khatab répudia Oum
Koulthoum Bint Jarwal al-Khouza’iyah et Qariba Bint Abou
Oumayya Ibn al-Moughirah.
L’expédition
d’al-Khabat
Après la bataille de Mou'tah, les Musulmans entreprirent
quelques actions militaires. Parmi celles, l’expédition
d’al-Khabat au mois de Rajab, de l’an 8 de l’Hégire
contre les Jouhaynah, sur la côte de la mer Rouge, à
cinq nuits de marche de Médine. Une distance que les
trois cents hommes de ‘Oubaydah Ibn al-Jarrah
traverseront à pied n’ayant avec eux que quelques
chameaux qui leur assuraient le transport des vivres et
des ustensiles.
Aucun historien ne fait mention d’accrochage entre les
éléments de l’expédition et les Jouhaynah. Les seules
précisions qui nous sont parvenues portent sur l’arrivée
des Musulmans chez l’ennemi, les vivres épuisés qui
poussa les combattants à manger les feuilles d’arbres
cependant grâce à la générosité de Qays Ibn Sa’d qui
acheta à terme quelques chamelles, une partie fut
abattue au profit des combattants et enfin que les
hommes d’Abou ‘Oubaydah virent une baleine rejetée par
la mer qui fut d’un grand secours et dont ils mangèrent
durant vingt jours[5].
L’expédition de
Khadra
Les tribus de Ghatafan étaient en état de guerre avec
les Musulmans et donc par représailles, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya au mois de
Sha’ban de l’an 8 de l’Hégire, Abou Qatada al-Ansari à
la tête de quatorze hommes les attaquer à Khadra.
Ibn Abou Hadrad a rapporté les faits suivants :
« Nous quittâmes (Médine) alors que nous étions quatorze
hommes avec notre chef, Abou Qatada. Le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) nous avait ordonné
d’attaquer Ghatafan en dit : « Marchez de nuit et
arrêtez-vous le jour. Attaquez mais ne tuez pas les
femmes les enfants. »
Lorsque nous arrivâmes près des habitations de Ghatafan,
Abou Qatada nous exhorta, nous recommanda de craindre
Allah (quant à nos actes). Il nous répartit en paires et
nous dit : « Qu’aucun de vous ne quitte son Compagnon
sauf s’il est abattu ou que vous venez m’informer de ce
qui est arrivé à votre Compagnon. Qu’aucun de vous ne
vienne me voir en me disant si je l’interroge « je
ne sais pas ce qui est arrivé à son Compagnon. » Lancez
le Takbir lorsque je le lancerais et attaquez lorsque
j’attaquerais ! Pas de zèle à poursuivre (l’ennemi) ! »
Nous attaquâmes un grand nombre d’entre eux et les
encerclâmes.
Notre opération commença de nuit. En voyant Abou Qatada
dégainer son épée, nous fîmes de même, il lança le
Takbir et nous de le crier après lui puis, nous passâmes
à l’attaque et livrèrent bataille avec leurs hommes.
Tout à coup, je vis un homme grand de taille, qui
brandissait son arme en reculant et en disant : « O
musulmans, qui d’entre vous veut aller à (son) paradis
? » Je le poursuivis, il disait : « Votre homme (le
Prophète) est rusé, son cas est vraiment une affaire. Au
paradis, au paradis, » dit-il en se moquant de nous. Je
m’élançai alors à sa poursuite, et mon compagnon
m’appela : « Ne t’éloigne pas trop, notre chef nous a
interdit de poursuivre l’ennemi ! » Mais j’avais déjà
atteint mon objectif. Je lui décochais une flèche mais
il continua de me dire : « Approche, musulman, au
paradis ! » Je pus enfin l’abattre à l’aide de
flèches. » »
Enfin, après une absence de quinze jours, l’expédition
regagna Médine avec un butin de deux cents chameaux et
de mille brebis. En outre, l’opération prouva à tous les
ennemis de l’Islam que l’autorité de celui-ci était
devenue une réalité ; quatorze musulmans seulement
purent attaquer Ghatafan, la grande tribu Najdi qui
pouvait rassembler dix mille guerriers, et revenir sains
et saufs après avoir fait plusieurs victimes et un butin
considérable.
Dès lors Ghatafan qui tenta avec les Coalisés de
s’emparer de Médine en l’an 4 de l’Hégire ne fut plus en
mesure de défendre ses territoires et incapable
d’envahir la capitale de l’Islam, idée qu’elle oublia du
moins pour le moment.
Les causes de la prise de La Mecque
La trêve historique de Houdaybiyah visait à
instaurer une atmosphère de paix et de sécurité dans
tout le Hijaz et procurer aux habitants de cette
importante région la libre circulation afin qu’il y ait
entre eux des contacts normaux.
Pour les Musulmans, Houdaybiyah leur permit de
faire connaitre leur religion sans avoir à craindre qui
que ce soit. Pour les Qouraysh, c’était, croyaient-ils,
une victoire politique qui leur avait évité une guerre à
laquelle ils n’étaient pas prêts en dépit de leur
supériorité numérique.
D’autre part, près du territoire sacré de La Mecque, il
y avait deux tribus puissantes mais ennemies, les Bani
Bakr de Kinana et les Khouza’i du Yémen. L’état de
guerre entre ces deux tribus pouvait détruire à tout
moment la nouvelle sécurité du Hijaz donc les
concilier était nécessaire pour la pérennité de la paix.
Les Musulmans et les Qouraysh les invitèrent donc à se
joindre à eux et à choisir leur allié et les deux tribus
acceptèrent les clauses de la trêve. Les Khouza’i
(Musulmans et païens) choisirent d’être les alliés des
Musulmans et les Bani Bakr Ibn ‘Abd al-Manat (païens)
préférèrent le camp des Qouraysh. Ainsi, toute violation
du pacte par l’une des parties pourrait mener à son
annulation en plus de subir les conséquences des actes
de ses alliés. Autrement dit, les Qouraysh assumeront la
responsabilité des actes des Bani Bakr tout comme les
Musulmans celle des Khouza’i s’ils transgressaient la
trêve.
Les Musulmans, quant à eux, respectèrent leur engagement
et firent leur possible pour maintenir l’état de paix et
ce, en application des commandements du Noble Qur’an :
« Soyez fidèles
au pacte d’Allah après l’avoir contracté et ne violez
pas vos serments après les avoir solennellement prêtés
et avoir pris Allah comme garant [de votre bonne foi].
Vraiment Allah sait ce que vous faites ! » (Qur’an
16/91)
« A l’exception
des associateurs avec lesquels vous avez conclu un
pacte, puis ils ne vous ont manqué en rien, et n’ont
soutenu personne [à lutter] contre vous: respectez
pleinement le pacte conclu avec eux jusqu’au terme
convenu. Allah aime les pieux. » (Qur’an 9/4)
« Et remplissez
l’engagement, car on sera interrogé au sujet des
engagements. » (Qur’an 17/34)
Quant aux Qouraysh, ils se comportèrent différemment et
au lieu de mettre à profit les dix années de la trêve et
de juger clairement les évènements qui se déroulaient
sous leurs yeux en Arabie, ils complotèrent avec les
Bani Bakr contre les Khouza’i, les alliés des Musulmans
néanmoins en réalité, ils œuvraient contre leurs propres
intérêts tandis que durant cette même période, les
trente mois passés de la trêve furent tout à fait
suffisants au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
pour convaincre un très grand nombre d’Arabes
d’embrasser et de renforcer les rangs de l’Islam.
Plus de vingt Khouza’i allaient mourir dans les
évènements qui vont suivre. Personne d’entre eux ne se
doutait que les Bani Bakr allaient violer le pacte et
profiter de l’occasion de leur présence à al-Watir, pour
les tuer dans leur sommeil, assouvissant ainsi une
vengeance datant des années de la période préislamique.
Les historiens rapportent que Nawfal Ibn Mou’awiyyah, le
chef des Bani Bakr informa les Qouraysh de son plan et
leur demanda leur précieux appui afin que son opération
puisse mieux réussir contre les Khouza’i.
Les traditionnistes et les chroniqueurs affirment de
leur côté que les seigneurs de La Mecque approuvèrent
Nawfal et le soutinrent avec biens, armes et hommes.
Al-Waqidi a rapporté[6]
:
« Vingt-deux mois après la trêve de Houdaybiyah,
exactement au début du mois de Sha’ban, les Bani
Noufatha, qui étaient des Bakri, eurent des entretiens
avec les seigneurs de Qouraysh afin que ceux-ci les
soutiennent en hommes et en armes contre leur ennemi
Khouza’a tandis que les Bani Moudlaj s’absentèrent et
refusèrent de violer la trêve. Ils (les Bani Bakr) leur
rappelèrent leurs victimes qui furent abattues jadis par
les Khouza’i et insistèrent à leur rappeler aussi la
consanguinité et l’alliance qui les liaient à eux (qui
liaient Qouraysh et les Bani Bakr). De plus, ils
attirèrent l’attention des Mecquois que les Khouza’i
avaient choisi le camp de Muhammad (leur ennemi)
en s’alliant à lui.
Les Qouraysh approuvèrent rapidement, à l’exception
d’Abou Soufyan qui ne fut pas informé ni à qui on
demanda l’avis. On prétend aussi qu’il manifesta son
refus.
Les Bani Noufatha et les Bani Bakr enjolivèrent
flattèrent alors leurs soi-disant mérites en disant : «
C’est nous qui...», ce qui poussa les Qouraysh à les
soutenir au moyen d’armes, de chevaux et d’hommes.
L’accord resta secret pour ne pas attirer les soupçons
des Khouza’i confiants.
Les Qouraysh désignèrent alors al-Watir comme lieu de
rendez-vous pour l’opération et certains grands
seigneurs Qourayshi comme Safwan Ibn Oumayya, Mikraz Ibn
Hafs Ibn al-Akhyaf et Houwaytab Ibn ‘Abd ‘Ouzzah
se couvrirent même le visage et emmenèrent
avec eux leurs esclaves. Le chef des Bani Bakr,
Nawfal Ibn Mou’awiyyah ad-Dou’ali fut aussi au
rendez-vous.
De nuit, alors que les Khouza’i confiants se croyaient à
l’abri de leur (ancien) ennemi et ne prirent aucune
précaution, les
polythéistes lancèrent leur attaque et massacrèrent
leurs victimes jusque dans le territoire sacré. »
Bien que les Khouza’i étaient désarmés et qu’ils se
réfugièrent dans le sanctuaire, Nawfal insista toutefois
à les abattre, une stricte interdiction que les
polythéistes avaient jusqu’alors craintivement respecté.
« Nous sommes dans le sanctuaire, » lui dirent
quelques-uns de ses Compagnons, « crains ton dieu...
crains ton dieu, Nawfal ! »
- « Je n’ai pas de dieu aujourd’hui, » répliqua-t-il en
s’adressant aux siens ! « O Bani Bakr (saisissez cette
occasion) et vengez-vous ! J’en jure par ma propre vie,
vous voliez bien les pèlerins dans le sanctuaire, est-il
concevable que vous y abandonnez votre vengeance ?
Qu’aucun de vous ne touche sa femme qu’après ma
permission. Vous devrez tous vous venger aujourd’hui[7]
! »
A l’aube, les agresseurs les poursuivirent jusqu’à La
Mecque où ces derniers demandèrent même refuge chez
Boudayl Ibn Warqa al-Khouza’i et Rafi’ qui était l’un de
leur Mawlah (protecteur, cousin). Là, les Qouraysh qui
venaient de participer à cette perfidie, se retirèrent
de peur d’être identifiés par Boudayl et Rafi’. Quant
aux hommes de Nawfal Ibn Mou’awiyyah, ils continuèrent
leur chasse à l’homme, même après l’aube, et purent
abattre aux portes de Boudayl et Rafi’ vingt Khouza’i.
Durant toute cette poursuite tuerie, aucun des Qouraysh
n’essaya d’arrêter le bain de sang ; une preuve de plus
contre les Mecquois.
Ce n’est que beaucoup plus tard qu’al-Harith Ibn Hisham
et ‘Abdallah Ibn Abou Rabi’ah vinrent trouver Souhayl
Ibn ‘Amrou, ‘Ikrimah Ibn Abou Jahl, Mikraz Ibn Hafs
et Houwaytab Ibn ‘Abd al-‘Ouzzah pour leur
reprocher leur action et leur soutien accordé aux Bani
Bakr en leur rappelant qu’ils avaient signés une trêve
avec Muhammad. Convaincus, mais trop tard,
Souhayl, Safwan et leurs amis qourayshi se rendirent
chez Nawfal Ibn Mou’awiyyah pour arrêter le carnage. «
Tu as constaté ce que nous t’avons accordé, à toi et aux
tiens. En plus, tu vois aussi le nombre de victimes
Khouza’i que tu as abattues. Cependant, te voilà
maintenant à La Mecque avec l’intention de les tuer
tous. On ne peut être d’accord avec toi en cela.
Laisse-les-nous » Nawfal accepta et arrêta la tuerie.
Après quoi, il quitta La Mecque avec les siens[8].
Les regrets de
Qouraysh
Après cet odieux massacre, les Qouraysh réalisèrent
pleinement la portée de
leur nouvelle erreur d’autant plus que les signataires
en personne, Souhayl Ibn ‘Amrou, Mikraz Ibn Hafs
et Houwaytab Ibn al-‘Ouzzah avaient participé à
cet acte barbare. Al-Harith Ibn Hisham et
‘Abdallah Ibn Abou Rabi’ah allèrent trouver Abou Soufyan
Ibn Harb et lui dirent : « Cette affaire doit
être réglée. Par Allah, si elle n’est pas réglée, Muhammad
et ses hommes nous attaqueront ! »
- « Je n’étais, » rétorqua Abou Soufyan, « ni absent ni
présent dans toute cette affaire. De plus, cela fut fait
sans que l’on me demande mon avis et je fus contre une
fois informé. Par Allah, si je ne me trompe pas, Muhammad
va nous attaquer[9]
! »
Après cela, ils se rassemblèrent à Dar-an-Nadwa pour
trouver une issue à cette fâcheuse situation. ‘Abdallah
Ibn Sa’d Ibn Abou Sarah qui était présent dit au
Qouraysh : « Je pense que Muhammad n’attaquera
qu’après nous avoir mis en garde et proposé plusieurs
solutions, toutes plus supportables que son invasion. »
- « Quelles sont ces solutions, » demandèrent les
présents ?
- « Il vous demandera soit de verser le prix du sang des
vingt-trois victimes, soit de nier ceux qui parmi nous
viennent de violer le pacte, soit de choisir la guerre.
Quelle solution choisirez-vous ? »
- « La solution la plus facile pour nous et l’annulation
de l’alliance avec les Bani Noufatha, » dit Souhayl Ibn
‘Amr.
- « Ce n’est pas ainsi qu’on défend ses oncles
maternels, » riposta Shiba Ibn ‘Uthman al-‘Abdari !
- « Et le père de Qouraysh, ne vient-il pas aussi de
Khouza’a » répliqua Souhayl ?
- « Non » protesta Shiba ! « De toute façon nous
payerons le prix du sang des Khouza’i. Cela est plus
facile. »
- « Absolument pas, » opposa Qourta Ibn ‘Abd ‘Amr. » Par
Allah, nous n’allons ni payer le prix de sang, ni
annuler l’alliance des Noufatha Ibn al-Ghawth. C’est la
guerre que nous choisissons. »
Là, intervint Abou Soufyan : « Ce n’est pas ainsi que
l’on règlera l’affaire. Je pense qu’il faut tout nier :
ce n’est pas Qouraysh qui a violé le pacte. Et pourquoi
assumerons-nous ce que d’autres ont commis ? »
- « C’est ça la solution, » approuvèrent les présents,
« aucune autre solution n’est aussi meilleure : nier
tout. »
- « De plus, » reprit Abou Soufyan, « je n’ai pas
participé (à l’agression), je suis sincère. J’ai
désapprouvé votre acte; je savais que cela engendrera un
jour obscur. »
- « C’est toi donc qui va contacter (Muhammad)[10]
! »
C’est ainsi qu’Abou Soufyan fut désigné. Il se prépara
en hâte pour aller trouver le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) avant que celui-ci ne reçoive des
informations sur le massacre pouvant mettre Qouraysh
dans une situation dangereuse et dit : « Il faut que je
parte pour rencontrer Muhammad et le convaincre
de prolonger la trêve avant qu’il ne reçoive des
informations sur l’affaire ! »
Il quitta donc La Mecque en hâte avec l’un de ses
esclaves en emmenant avec lui deux montures croyant
qu’il était le premier à avoir quitté la cité sacrée
pour Médine[11].
Mais les Khouza’i plus rapides purent informer le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
plusieurs jours avant l’arrivée d’Abou Soufyan car
directement après la tuerie, ils envoyèrent ‘Amrou Ibn
Salim qui aussitôt arrivé, détailla le crime au Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) alors que pendant ce
temps, Abou Soufyan était encore à Dar an-Nadwa en train
de discuter avec les seigneurs de La Mecque pour trouver
une échappatoire.
Cet envoyé spécial entra dans la Mosquée du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), resta debout et fit
appel à ses dons de poète pour expliquer la situation :
« Seigneur ! Je conjure Muhammad. (O Muhammad)
je te conjure par l’alliance de notre père et de ton
père.
Vous étiez pour nous comme des fils et nous comme des
pères... Nous avons embrassé l’Islam et nous avons tenu
nos engagements.
Qouraysh t’a trahi et a violé ton pacte.
Aide-nous, que Allah te guide, et appelle les gens ! Ils
viendront surement en masses.
Le Messager d’Allah sera dans une armée comme un océan
de vagues.
C’est eux (les Qouraysh et les Bani Bakr) qui nous ont
attaqués de nuit alors que quelques-uns d’entre nous
priaient et récitaient le Qur’an. »
Ayant terminé son poème, ‘Amr Ibn Salim vit le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en colère. Il lui dit :
« Tu seras soutenu, ô ‘Amr Ibn Salim » avant de sortir
de la mosquée.
‘Abd al-Hamid Ibn Ja’far Ibn ‘Imran Ibn Abou Anas
a rapporté qu’Ibn ‘Abbas (radhiyallahou ‘anhoum) a dit :
« Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se
leva en laissant trainer le bout de son manteau et en
disant : « Je ne serai (jamais) soutenu si je ne
soutiens pas les Bani Ka’b (les Khouza’i) (comme) je
soutiens ma propre personne ! »
Khouza’a ne se contenta pas de l’envoi d’un seul
émissaire mais envoya aussi après lui une délégation de
quarante personnes, y compris leur chef Boudayl Ibn
Warqa. En arrivant à Médine, les membres de cette
délégation donnèrent les mêmes détails et insistèrent à
leur tour sur leur demande de soutien. Le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) les rassura de nouveau.
‘Ayshah (radhiyallahou ‘anha) a dit : « J’ai entendu le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dire
alors qu’il était en colère et en train de verser de
l’eau sur son (corps) : « Je ne serai (jamais) soutenu
si je ne soutiens pas les Bani Ka’b[12]
! »
Après ces assurances, les Khouza’i revinrent confiants
chez eux. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) leur ordonna de ne pas retourner en un seul
groupe en disant : « Retournez chez vous et
dispersez-vous dans les vallées ! »
[1]
Sirah Ibn Hisham,
t II, p 333.
[2]
Dans le texte original, il est écrit Abou
Jundul.
[3]
Al-Waqidi,
Maghazi, t II, p 669.
[4]
As-Sirah al-Halabiya
t II, p 150; al-Waqidi,
Maghazi,
t II, p 621.
[5]
Tabari,
t.3 pp 32-33, al-Waqidi,
Maghazi, t.II. p 774, Ibn Sa‘d,
Tabaqat,
t.II, p 132.
[6]
Maghazi,
t II, p 783.
[7]
Ibn Hisham
t II, p 32; al-Waqidi,
Maghazi, t II, p 783.
[8]
Al-Waqidi,
Maghazi, t II, pp 784-5.
[9]
Id, p 785.
[10]
Id, p 788.
[11]
Tabari, Ibn
Hisham, Ibn Sa’d.
[12]
Al-Waqidi,
Maghazi t II, p 791. |