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						La prise de La 
						Mecque
						 Préambule
						 
						
						Voici le huitième chapitre de notre série. Il relate les 
						évènements de la prise de La Mecque par les Musulmans. 
						Il contient en t’autre, de magnifiques exemples de 
						justice, d’équité, de respect des engagements, d’honneur 
						et de mansuétude du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa 
						sallam) et de ses Compagnons. 
						 
						
						Dix mille combattants musulmans occupèrent La Mecque, le 
						plus redoutable fief qui manifesta tant d’hostilité à 
						l’encontre des Musulmans, le Prophète en tête 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
 
						
						Dix mille hommes qui auraient pu saccager la cité 
						sacrée, abattre un bon nombre de ses habitants (surtout 
						les guerriers) et prendre comme esclaves des prisonniers 
						et des prisonnières, jadis un comportement traditionnel. 
						Mais pour un Prophète tout est différent. « O peuple de 
						Qouraysh, que pensez-vous que je vais faire de vous ? » 
						leur demanda-t-il ? 
						
						- « Tu es noble et fils d’un noble, » dirent les 
						vaincus. 
						
						- « Partez, vous êtes libres, » leur répondit le 
						Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						 
						
						Quant à la cause directe de la prise de La Mecque, elle 
						se résume comme suit :  
						
						Appuyée par ses alliés Qourayshi, Kinana commit un crime 
						impardonnable contre les Khouza’i et abattit vingt-cinq 
						hommes alors qu’ils priaient. 
						 
						
						Par cet acte de guerre, la trêve de Houdaybiyah 
						signée seulement trente mois auparavant devint caduque. 
						Cependant, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						ne saisit pas immédiatement l’occasion pour directement 
						punir, les agresseurs bien qu’il le pouvait. Au 
						contraire et pour éviter une nouvelle effusion de sang, 
						il présenta aux Qouraysh trois solutions pour régler 
						l’affaire : 
						
						1 - Les Qouraysh et leur alliés verseront le prix de 
						sang des victimes et ne faisant cela, la trêve de Houdaybiyah 
						restera valable toujours valable jusqu’à l’expiration 
						des dix années convenues. 
						
						2 - Qouraysh devra condamner l’agression et laisser le 
						Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) régler le 
						problème tout seul avec les agresseurs. 
						
						3 - Si les Qouraysh refusent les deux propositions 
						précédentes, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						se verra alors contraint de recouvrir aux armes car 
						Qouraysh est le premier responsable de l’application de 
						la trêve de Houdaybiyah qui vient d’être violée 
						par les Bakr encouragés par quelques chefs mecquois. 
						 
						
						Comme d’habitude, la grande tribu fit le mauvais choix, 
						rejeta les deux premières propositions et choisit la 
						guerre. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa 
						sallam) ne put alors rien faire de plus pour empêcher de 
						nouveau l’inévitable affrontement car il devait soutenir 
						ses alliés les Khouza’i contre les agissements de 
						Qouraysh et de ses alliés et ce en application de 
						l’engagement qu’il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pris 
						lors de la trêve de Houdaybiyah. 
						 
						
						Ne laissant aucun temps à l’adversaire, il (sallallahou 
						‘aleyhi wa sallam) marcha aussitôt sur La Mecque et 
						l’occupa sans aucune résistance. 
						 
						
						Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						évita auparavant les combats contre Qouraysh et les 
						autres tribus non pas par faiblesse ou autre cause chose 
						de similaire mais parce qu’il n’aimait tout simplement 
						pas la guerre comme cela est rapporté dans un Hadith. On 
						peut aussi se demander si le Messager d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne connaissait pas 
						certains points du futur et sachant que son peuple 
						allait bientôt se convertir dans son ensemble, voulut 
						éviter à tout prix toute effusion inutile de sang et 
						Allah Exalté est Plus Savant.  
						 
						
						En conclusion, on peut dire que la chute de La Mecque en 
						l’an 8 de l’Hégire fut vraiment une victoire sans 
						précédent pour les Musulmans. Une année plus tard, toute 
						l’Arabie passa sous l’autorité de l’Islam. Ce fut 
						l’année des délégations qui vinrent les unes après les 
						autres à Médine pour déclarer la conversion de leurs 
						tribus. Et le Qur’an est d’ailleurs parfaitement 
						explicite à ce sujet : «
						Lorsque vient le 
						secours d’Allah ainsi que la victoire et que tu vois les 
						gens entrer en foule dans la religion d’Allah alors par 
						la louange, célèbre la gloire de ton Seigneur et implore 
						Son pardon. Car c’est Lui le grand Accueillant au 
						repentir » (Qur’an 110) 
						 
						 
						
						
						Les évènements militaires, politiques et 
						législatifs avant la prise de La Mecque
						 
						L’affaire Abou 
						Bassir
						 
						
						Après la signature de la trêve de Houdaybiyah 
						vers la fin de l’an six de l’Hégire, le Prophète 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fit face à un évènement 
						crucial qui peina beaucoup de Musulmans. N’avait-il pas 
						encore quitté la fameuse plaine, qu’il se vit contraint 
						de livrer aux païens de La Mecque le jeune musulman Abou 
						Joundoub Ibn Souhayl Ibn ‘Amr et ce conformément à 
						l’application de l’une des clauses de la trêve. 
						 
						
						Ce test ne fut pas le dernier et à peine arriva-t-il à 
						Médine, qu’un deuxième problème surgit brusquement. Abou 
						Bassir ‘Outbah Ibn ‘Oussayd az-Zouhri s’échappa de la 
						prison de La Mecque et prit le chemin de la ville du 
						Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ou il espérait 
						trouver refuge car il était musulman et que les Médinois 
						l’accueilleraient surement mais malheureusement, la 
						trêve de Houdaybiyah ne permettait pas au 
						Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						d’accueillir les musulmans renégats de La Mecque (ou de 
						chez les alliés des Qouraysh) qui s’enfuyaient à Médine.  
						
						On ne put donc pas autoriser ce jeune musulman de rester 
						à Médine car cela serait une violation du pacte de Houdaybiyah 
						et pire, il fallut le remettre à sa tribu qui dépêcha 
						deux délégués pour la circonstance qui, quand ils 
						arrivèrent à Médine, remirent au Prophète (sallallahou 
						‘aleyhi wa sallam) une lettre d’al-Akhnas Ibn Shourayq 
						et d’Azhar Ibn ‘Abd ‘Awf, deux chefs Azhari qui 
						exigeaient le retour d’Abou Bassir. 
						 
						
						Convoqué par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa 
						sallam), le jeune musulman, qui venait de fuir les 
						persécutions de La Mecque où il avait laissé plusieurs 
						prisonniers Musulmans sous la torture des Qouraysh, dit 
						: « O Messager d’Allah, tu me rends aux païens pour 
						qu’ils me poussent à abandonner ma religion ! » 
						
						- « O Abou Bassir, nous avons donné à ces gens-là (les 
						polythéistes) (les engagements) que tu connais. Et dans 
						notre religion, on ne peut être perfide. En outre, Allah 
						Exalté t’accordera, ainsi qu’aux autres persécutés qui 
						sont avec toi, une issue. Retourne à ton peuple[1], 
						» expliqua le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa 
						sallam). 
						 
						
						La compagnie quitta aussitôt Médine pour prendre le 
						chemin de La Mecque. Toutefois, en cours de route, Abou 
						Bassir ne put admettre qu’il allait de nouveau supporter 
						la prison et les tortures et arrivé à Dzoul Houlayfah 
						(Bir ‘Ali de nos jour), à sept miles environ de Médine, 
						les deux hommes armés firent une pause. Abou Bassir 
						profita de l’occasion et se montra doux et conciliant 
						avec ses gardiens. Puis il s’adressa à l’un d’eux : « O 
						frère ‘Amiri, penses-tu que ton épée-ci est tranchante 
						? » 
						
						- « Certes, elle l’est !, » affirma le ‘Amiri en 
						brandissant son arme. Par cette épée-ci je frapperai les 
						Aws et les Khazraj. »  
						
						- « Puis-je voir ? »
 
						
						- « Si tu veux. » 
						
						A ce moment-là, Abou Bassir qui avait déjà réussi à 
						libérer ses mains; saisit rapidement l’épée et frappa 
						l’un de ses geôliers qu’il tua sur le coup puis, il 
						essaya de frapper le deuxième qui s’enfuit aussitôt et 
						regagna Médine. 
						 
						
						Le fuyard entra dans la mosquée et trouva le Prophète 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui en le voyant courir 
						en faisant voler les cailloux sous ses pieds, dit : « 
						Cet homme a vu quelque chose d’effrayant » avant de lui 
						demander : « Malheur à toi, qu’as-tu donc ? » 
						
						- « Votre homme (Abou Bassir) vient de tuer mon 
						Compagnon. Quant à moi, j’ai à peine pu lui échapper » 
						expliqua-t-il avant de demander la protection du 
						Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui la 
						lui accorda. Quelques minutes après, arriva Abou Bassir 
						l’épée à la main qui expliqua : « O Messager d’Allah, 
						ton engagement a été tenu ; Allah Exalté s’en est 
						chargé. Tu m’as remis à ces gens-là (mais) j’ai pu, tout 
						seul, me défendre et défendre ma religion, de peur qu’on 
						me pousse à la délaisser. » 
						 
						
						Abou Bassir demanda de nouveau l’autorisation de rester 
						à Médine et lui demanda aussi de lui laisser le 
						cinquième du butin qu’il put arracher à l’Amiri mais le 
						Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) refusa 
						de violer la trêve avant de dire : « Ah ! Il serait un 
						provocateur de guerre s’il avait quelques hommes avec 
						lui. » 
						 
						
						Convaincu qu’il ne pouvait rester à Médine, Abou Bassir 
						le quitta sur le champ et prit la route de ‘Is, au bord 
						de la mer Rouge. C’était une région broussailleuse 
						couverte d’arbres ou se cacher était facile. Cependant, 
						le but d’Abou Bassir était autre que chercher un abri. 
						Il voulait organiser une guérilla contre les intérêts 
						vitaux de Qouraysh, les grandes caravanes de cette tribu 
						qui passaient près du futur fief des Musulmans 
						persécutés à La Mecque. 
						 
						
						Et Abou Bassir seul mena une série d’attaques contre les 
						caravanes de Qouraysh. Les échos de ses opérations 
						arrivèrent jusqu’à la cité sacrée et encouragea 
						plusieurs autres Musulmans à prendre la fuite et 
						rejoindre al-‘Is et quelques mois plus tard, le nombre 
						de guérilleros atteignit soixante-dix jeunes, tous de 
						Qouraysh dont parmi eux, se trouvait Abou Joundoub Ibn 
						Souhayl Ibn Amrou qui avait été auparavant livré par le 
						Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) aux 
						polythéistes. 
						 
						
						Mais les fuites ne se limitèrent pas aux seulement aux 
						Qouraysh. Plusieurs persécutés des Ghifar et des Jouhayn 
						fuirent leurs tribus et vinrent renforcer ces jeunes 
						Qouraysh et former une guérilla de trois cents hommes 
						qui désignèrent à leur tête Abou Bassir qui choisit à 
						son tour Abou Joundoub comme bras droit. 
						 
						
						Les opérations contre les caravanes de Qouraysh 
						s’accentuèrent un point où le commerce de La Mecque fut 
						gravement touché. Les produits alimentaires se firent de 
						plus en plus rares et la famine menaça toute la cité. 
						 
						
						Les guérilleros d’al-‘Is n’eurent aucun lien avec Médine 
						car le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) tenait à 
						la trêve de Houdaybiyah. Le malheur que 
						subissaient les Qouraysh ne serait pas produit s’ils 
						avaient été plus sages lors de la signature de la trêve. 
						N’était-ce pas eux qui insistèrent à inclure la 
						condition suivante : Tout musulman qui s’échappe et 
						rejoint les Musulmans à Médine doit être livré à 
						Qouraysh ?  
						 
						
						Al-‘Is n’était donc que la conséquence directe de 
						l’intransigeance et de l’ignorance de la politique et de 
						la diplomatie des seigneurs de La Mecque. Personne ne 
						pouvait tenir le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa 
						sallam) responsable de cela et aucun guérillero ne 
						dépendait de lui. Toutefois, on ne peut réfuter que 
						leurs opérations furent profitables à Médine du fait de 
						la souffrance des polythéistes et c’est pour cette 
						raison qu’ils allèrent changer de vue. 
						 
						
						S’étant aperçu de leur faute, les seigneurs mecquois se 
						réunirent à Dar an-Nadwa dans le but de trouver une 
						solution à cette menace mais à part l’annulation de 
						cette condition, ils ne trouvèrent aucune autre parade. 
						Ils désignèrent aussitôt Abou Soufyan Ibn Harb, 
						leur grand chef, et lui confièrent la mission d’apporter 
						au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) la lettre 
						suivante : 
						
						« Nous acceptons d’annuler la condition concernée. Celui 
						d’entre eux (les musulmans qui fuiront La Mecque) qui 
						viendra à toi, retiens-le, il a la sécurité et tu 
						n’auras aucune inquiétude à craindre de notre part. Ces 
						rebelles nous causent un préjudice qu’il est 
						inconcevable de maintenir. » 
						 
						
						Et bien que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa 
						sallam) fut en position de force pour surenchérir 
						politiquement, il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						accepta aussitôt et envoya à Abou Bassir une lettre lui 
						recommandant de mettre un terme à ses opérations, de 
						quitter al-‘Is et de rentrer à Médine. 
						
						Ainsi les opérations pirates s’arrêtèrent mais sans Abou 
						Bassir car en recevant la lettre, il rendit l’âme avant 
						même de terminer la lecture et ce fut Abou Joundoub[2] 
						qui ordonna à ses hommes de cesser tout activité 
						militaire. Soixante-dix Qouraysh dont al-Walid Ibn 
						al-Walid, le frère de Khalid Ibn al-Walid qui succombera 
						à sa blessure à Médine[3], 
						regagnèrent la ville du Prophète. Quant au reste des 
						rebelles, ils préférèrent retourner chez eux. 
						 
						
						Les Compagnons opposés à la signature de la trêve d’al-Houdaybiyah, 
						surtout contre la condition qui exigeait de livrer les 
						Musulmans fugitifs aux polythéistes, furent dès lors 
						convaincus qu’à Houdaybiyah, le Messager d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) vit ce qu’eux même 
						n’avait pu concevoir avec leur imagination. 
						 
						 
						
						
						Le cas des Musulmanes qui fuirent les 
						persécutions
						 
						
						Avant la prise de La Mecque, mais sans que ne sache 
						précisément à quelle date, furent révélés les versets 
						qui imposèrent aux Musulmans de séparer l’épouse 
						croyante de son époux mécréant de même, que 
						l’interdiction de marier une Musulmane à un non 
						musulman. 
						 
						
						Les causes sont dues aux évènements suivants : Oum 
						Koulthoum Bint ‘Ouqbah Ibn Abou Ma’it qui s’était 
						convertie à La Mecque et avait même prêté allégeance au 
						Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avant son 
						Hégire et dont le père était l’un des redoutables chefs 
						polythéistes, décida, après la trêve de Houdaybiyah, 
						de s’expatrier à Médine. Ce fut la première femme qui le 
						fit après ce pacte et bien qu’informée des conditions 
						stipulant la remise des musulmans fugitifs, elle décida 
						donc de voyager seule et de traverser en marchant, le 
						chemin périlleux séparant La Mecque de Médine avec pour 
						seule crainte qu’elle soit retournée aux Mécréants dont 
						elle ne pouvait plus supporter les tortures. 
						 
						
						Al-Waqidi a rapporté : 
						
						« (Les chroniqueurs) ont dit qu’à part Oum Koulthoum, 
						ils ne connaissent aucune autre des Qouraysh qui fuirent 
						le domicile parental pour s’expatrier pour la cause 
						d’Allah. 
						
						Et elle-même rapporta : « J’avais l’habitude de sortir 
						vers l’une de nos terres qui se trouvant dans la 
						campagne ou j’avais (quelques) parents. Je m’absentais 
						durant trois ou quatre jours avant de retourner chez moi 
						et aucun de mes parents ne voyait la chose étrange. 
						
						Un jour, je quittai La Mecque en faisant semblant 
						d’aller à la campagne et j’étais accompagnée par une 
						personne. Au retour de celle-ci, je pris route (de 
						Médine) quand tout à coup je croisai un homme qui me 
						demanda : « Où veux-tu aller ? » 
						
						- « C’est mon affaire, que me veux-tu et qui es-tu ? » 
						
						- « Un homme de Khouza’a. » 
						
						A peine le mot Khouza’a fut cité que je repris mon calme 
						car Khouza’a était l’allié du Prophète (sallallahou 
						‘aleyhi wa sallam). « Je suis une femme de Qouraysh, » 
						lui dis-je, « je veux rejoindre le Messager d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) mais je ne connais pas 
						bien route. » 
						
						- « Nous sommes les hommes de la nuit et du jour. Je 
						suis ton homme jusqu’à ce que tu arrives à Médine. » 
						
						Il me ramena une chamelle que je montai aussitôt. Par 
						Allah, il m’aida sans m’adresser la moindre parole ni 
						même me regarder. Qu’Allah le récompense, c’était un bon 
						Compagnon ! 
						
						A Médine, je rentrai chez Oum Salamah
						
						
						(radhiyallahou ‘anha), l’épouse du Prophète (sallallahou 
						‘aleyhi wa sallam). J’étais complètement voilée ; elle 
						ne me reconnut qu’après lui avoir dit mon nom et avoir 
						découvert mon visage. Elle me dit : « Tu t’es expatriée 
						pour la cause d’Allah et de Son Messager ? » 
						
						- « Oui, » lui répondis-je, « mais je crains que le 
						Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) me 
						livre aux polythéistes comme il l’a fait avec les 
						hommes, je veux dire Abou Joundoul Ibn Sahl et Abou 
						Bassir. » 
						
						- « O Oum Salamah, les femmes ne sont pas comme les 
						hommes. » 
						
						- « Les miens vont me chercher et me poursuivre ! » » 
						 
						
						Al-Waqidi poursuit : 
						
						« (Plus tard) le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi 
						wa sallam) rentra chez Oum Salamah. Qui l’informa de 
						l’arrivée d’Oum Koulthoum qui lui souhaita la bienvenue.  
						
						- « O Messager d’Allah, (implora la fugitive), je viens 
						de m’enfuir pour ma religion. Ne me livre pas à eux. Ils 
						vont me torturer et me soumettre à toutes sortes 
						d’épreuves. Je ne peux supporter la torture. Je suis une 
						femme et tu connais la faiblesse des femmes. Je t’ai vu 
						remettre aux polythéistes deux hommes, l’un d’eux s’est 
						enfui. Je suis une femme. » » 
						 
						
						Mais cela parut insuffisant pour le Prophète 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui eut l’intention de 
						la rendre à ses parents qui habitaient La Mecque, 
						n’était-ce l’intervention divine. Allah, à Lui les 
						Louanges et la Gloire, révéla en la circonstance ce 
						verset : « Ô vous 
						qui avez cru ! Quand les croyantes viennent à vous en 
						émigrées, éprouvez-les ; Allah connaît mieux leur foi ; 
						si vous constatez qu’elles sont croyantes, ne les 
						renvoyez pas aux mécréants. Elles ne sont pas licites 
						[en tant qu’épouses] pour eux, et eux non plus ne sont 
						pas licites [en tant qu’époux] pour elles. Et 
						rendez-leur ce qu’ils ont dépensé (comme mahr). Il ne 
						vous sera fait aucun grief en vous mariant avec elles 
						quand vous leur aurez donné leur mahr Et ne gardez pas 
						de liens conjugaux avec les mécréantes. Réclamez ce que 
						vous avez dépensé et que (les mécréants) aussi réclament 
						ce qu’ils ont dépensé. Tel est le jugement d’Allah par 
						lequel Il juge entre vous, et Allah est Omniscient et 
						Sage. » (Qur’an 60/10) 
						 
						
						Après la révélation de ce verset, le Messager d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) informa les frères d’Oum 
						Koulthoum, ‘Oumara et al-Walid. Ces deux derniers en 
						informèrent à leur tour les Qouraysh, qui acceptèrent à 
						l’unanimité[4].  
						 
						
						De même, ce verset poussa les Compagnons s à répudier 
						leurs femmes païennes et ‘Umar Ibn al-Khatab répudia Oum 
						Koulthoum Bint Jarwal al-Khouza’iyah et Qariba Bint Abou 
						Oumayya Ibn al-Moughirah. 
						 
						 
						
						L’expédition 
						d’al-Khabat
						 
						
						Après la bataille de Mou'tah, les Musulmans entreprirent 
						quelques actions militaires. Parmi celles, l’expédition 
						d’al-Khabat au mois de Rajab, de l’an 8 de l’Hégire 
						contre les Jouhaynah, sur la côte de la mer Rouge, à 
						cinq nuits de marche de Médine. Une distance que les 
						trois cents hommes de ‘Oubaydah Ibn al-Jarrah 
						traverseront à pied n’ayant avec eux que quelques 
						chameaux qui leur assuraient le transport des vivres et 
						des ustensiles.  
						
						  
						
						Aucun historien ne fait mention d’accrochage entre les 
						éléments de l’expédition et les Jouhaynah. Les seules 
						précisions qui nous sont parvenues portent sur l’arrivée 
						des Musulmans chez l’ennemi, les vivres épuisés qui 
						poussa les combattants à manger les feuilles d’arbres 
						cependant grâce à la générosité de Qays Ibn Sa’d qui 
						acheta à terme quelques chamelles, une partie fut 
						abattue au profit des combattants et enfin que les 
						hommes d’Abou ‘Oubaydah virent une baleine rejetée par 
						la mer qui fut d’un grand secours et dont ils mangèrent 
						durant vingt jours[5]. 
						 
						 
						
						L’expédition de 
						Khadra
						 
						
						Les tribus de Ghatafan étaient en état de guerre avec 
						les Musulmans et donc par représailles, le Prophète 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya au mois de 
						Sha’ban de l’an 8 de l’Hégire, Abou Qatada al-Ansari à 
						la tête de quatorze hommes les attaquer à Khadra.
 
						 
						
						Ibn Abou Hadrad a rapporté les faits suivants : 
						« Nous quittâmes (Médine) alors que nous étions quatorze 
						hommes avec notre chef, Abou Qatada. Le Messager d’Allah 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) nous avait ordonné 
						d’attaquer Ghatafan en dit : «  Marchez de nuit et 
						arrêtez-vous le jour. Attaquez mais ne tuez pas les 
						femmes les enfants. » 
						
						Lorsque nous arrivâmes près des habitations de Ghatafan, 
						Abou Qatada nous exhorta, nous recommanda de craindre 
						Allah (quant à nos actes). Il nous répartit en paires et 
						nous dit : « Qu’aucun de vous ne quitte son Compagnon 
						sauf s’il est abattu ou que vous venez m’informer de ce 
						qui est arrivé à votre Compagnon. Qu’aucun de vous ne 
						vienne me voir en me disant si je l’interroge «  je 
						ne sais pas ce qui est arrivé à son Compagnon. » Lancez 
						le Takbir lorsque je le lancerais et attaquez lorsque 
						j’attaquerais ! Pas de zèle à poursuivre (l’ennemi) ! » 
						
						Nous attaquâmes un grand nombre d’entre eux et les 
						encerclâmes.  
						
						Notre opération commença de nuit. En voyant Abou Qatada 
						dégainer son épée, nous fîmes de même, il lança le 
						Takbir et nous de le crier après lui puis, nous passâmes 
						à l’attaque et livrèrent bataille avec leurs hommes. 
						Tout à coup, je vis un homme grand de taille, qui 
						brandissait son arme en reculant et en disant : « O 
						musulmans, qui d’entre vous veut aller à (son) paradis 
						? » Je le poursuivis, il disait : « Votre homme (le 
						Prophète) est rusé, son cas est vraiment une affaire. Au 
						paradis, au paradis, » dit-il en se moquant de nous. Je 
						m’élançai alors à sa poursuite, et mon compagnon 
						m’appela : « Ne t’éloigne pas trop, notre chef nous a 
						interdit de poursuivre l’ennemi ! » Mais j’avais déjà 
						atteint mon objectif. Je lui décochais une flèche mais 
						il continua de me dire : « Approche, musulman, au 
						paradis ! » Je pus enfin l’abattre à l’aide de 
						flèches. » » 
						 
						
						Enfin, après une absence de quinze jours, l’expédition 
						regagna Médine avec un butin de deux cents chameaux et 
						de mille brebis. En outre, l’opération prouva à tous les 
						ennemis de l’Islam que l’autorité de celui-ci était 
						devenue une réalité ; quatorze musulmans seulement 
						purent attaquer Ghatafan, la grande tribu Najdi qui 
						pouvait rassembler dix mille guerriers, et revenir sains 
						et saufs après avoir fait plusieurs victimes et un butin 
						considérable.  
						 
						
						Dès lors Ghatafan qui tenta avec les Coalisés de 
						s’emparer de Médine en l’an 4 de l’Hégire ne fut plus en 
						mesure de défendre ses territoires et incapable 
						d’envahir la capitale de l’Islam, idée qu’elle oublia du 
						moins pour le moment. 
						 
						 
						
						
						Les causes de la prise de La Mecque
						 
						
						La trêve historique de Houdaybiyah visait à 
						instaurer une atmosphère de paix et de sécurité dans 
						tout le Hijaz et procurer aux habitants de cette 
						importante région la libre circulation afin qu’il y ait 
						entre eux des contacts normaux. 
						 
						
						Pour les Musulmans, Houdaybiyah leur permit de 
						faire connaitre leur religion sans avoir à craindre qui 
						que ce soit. Pour les Qouraysh, c’était, croyaient-ils, 
						une victoire politique qui leur avait évité une guerre à 
						laquelle ils n’étaient pas prêts en dépit de leur 
						supériorité numérique. 
						 
						
						D’autre part, près du territoire sacré de La Mecque, il 
						y avait deux tribus puissantes mais ennemies, les Bani 
						Bakr de Kinana et les Khouza’i du Yémen. L’état de 
						guerre entre ces deux tribus pouvait détruire à tout 
						moment la nouvelle sécurité du Hijaz donc les 
						concilier était nécessaire pour la pérennité de la paix. 
						 
						
						Les Musulmans et les Qouraysh les invitèrent donc à se 
						joindre à eux et à choisir leur allié et les deux tribus 
						acceptèrent les clauses de la trêve. Les Khouza’i 
						(Musulmans et païens) choisirent d’être les alliés des 
						Musulmans et les Bani Bakr Ibn ‘Abd al-Manat (païens) 
						préférèrent le camp des Qouraysh. Ainsi, toute violation 
						du pacte par l’une des parties pourrait mener à son 
						annulation en plus de subir les conséquences des actes 
						de ses alliés. Autrement dit, les Qouraysh assumeront la 
						responsabilité des actes des Bani Bakr tout comme les 
						Musulmans celle des Khouza’i s’ils transgressaient la 
						trêve.  
						 
						
						Les Musulmans, quant à eux, respectèrent leur engagement 
						et firent leur possible pour maintenir l’état de paix et 
						ce, en application des commandements du Noble Qur’an :  
						 
						
						« Soyez fidèles 
						au pacte d’Allah après l’avoir contracté et ne violez 
						pas vos serments après les avoir solennellement prêtés 
						et avoir pris Allah comme garant [de votre bonne foi]. 
						Vraiment Allah sait ce que vous faites ! » (Qur’an 
						16/91) 
						 
						
						« A l’exception 
						des associateurs avec lesquels vous avez conclu un 
						pacte, puis ils ne vous ont manqué en rien, et n’ont 
						soutenu personne [à lutter] contre vous: respectez 
						pleinement le pacte conclu avec eux jusqu’au terme 
						convenu. Allah aime les pieux. » (Qur’an 9/4) 
						 
						
						« Et remplissez 
						l’engagement, car on sera interrogé au sujet des 
						engagements. » (Qur’an 17/34) 
						 
						
						Quant aux Qouraysh, ils se comportèrent différemment et 
						au lieu de mettre à profit les dix années de la trêve et 
						de juger clairement les évènements qui se déroulaient 
						sous leurs yeux en Arabie, ils complotèrent avec les 
						Bani Bakr contre les Khouza’i, les alliés des Musulmans 
						néanmoins en réalité, ils œuvraient contre leurs propres 
						intérêts tandis que durant cette même période, les 
						trente mois passés de la trêve furent tout à fait 
						suffisants au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						pour convaincre un très grand nombre d’Arabes 
						d’embrasser et de renforcer les rangs de l’Islam. 
						 
						
						Plus de vingt Khouza’i allaient mourir dans les 
						évènements qui vont suivre. Personne d’entre eux ne se 
						doutait que les Bani Bakr allaient violer le pacte et 
						profiter de l’occasion de leur présence à al-Watir, pour 
						les tuer dans leur sommeil, assouvissant ainsi une 
						vengeance datant des années de la période préislamique. 
						 
						
						Les historiens rapportent que Nawfal Ibn Mou’awiyyah, le 
						chef des Bani Bakr informa les Qouraysh de son plan et 
						leur demanda leur précieux appui afin que son opération 
						puisse mieux réussir contre les Khouza’i.  
						 
						
						Les traditionnistes et les chroniqueurs affirment de 
						leur côté que les seigneurs de La Mecque approuvèrent 
						Nawfal et le soutinrent avec biens, armes et hommes. 
						 
						
						Al-Waqidi a rapporté[6] 
						: 
						
						« Vingt-deux mois après la trêve de Houdaybiyah, 
						exactement au début du mois de Sha’ban, les Bani 
						Noufatha, qui étaient des Bakri, eurent des entretiens 
						avec les seigneurs de Qouraysh afin que ceux-ci les 
						soutiennent en hommes et en armes contre leur ennemi 
						Khouza’a tandis que les Bani Moudlaj s’absentèrent et 
						refusèrent de violer la trêve. Ils (les Bani Bakr) leur 
						rappelèrent leurs victimes qui furent abattues jadis par 
						les Khouza’i et insistèrent à leur rappeler aussi la 
						consanguinité et l’alliance qui les liaient à eux (qui 
						liaient Qouraysh et les Bani Bakr). De plus, ils 
						attirèrent l’attention des Mecquois que les Khouza’i 
						avaient choisi le camp de Muhammad (leur ennemi) 
						en s’alliant à lui. 
						 
						
						Les Qouraysh approuvèrent rapidement, à l’exception 
						d’Abou Soufyan qui ne fut pas informé ni à qui on 
						demanda l’avis. On prétend aussi qu’il manifesta son 
						refus. 
						 
						
						Les Bani Noufatha et les Bani Bakr enjolivèrent 
						flattèrent alors leurs soi-disant mérites en disant : « 
						C’est nous qui...», ce qui poussa les Qouraysh à les 
						soutenir au moyen d’armes, de chevaux et d’hommes. 
						L’accord resta secret pour ne pas attirer les soupçons 
						des Khouza’i confiants. 
						 
						
						Les Qouraysh désignèrent alors al-Watir comme lieu de 
						rendez-vous pour l’opération et certains grands 
						seigneurs Qourayshi comme Safwan Ibn Oumayya, Mikraz Ibn
						Hafs Ibn al-Akhyaf et Houwaytab Ibn ‘Abd ‘Ouzzah 
						se couvrirent même le visage et emmenèrent 
						avec eux leurs esclaves. Le chef des Bani Bakr, 
						Nawfal Ibn Mou’awiyyah ad-Dou’ali fut aussi au 
						rendez-vous. 
						 
						
						De nuit, alors que les Khouza’i confiants se croyaient à 
						l’abri de leur (ancien) ennemi et ne prirent aucune
						 précaution, les 
						polythéistes lancèrent leur attaque et massacrèrent 
						leurs victimes jusque dans le territoire sacré. » 
						 
						
						Bien que les Khouza’i étaient désarmés et qu’ils se 
						réfugièrent dans le sanctuaire, Nawfal insista toutefois 
						à les abattre, une stricte interdiction que les 
						polythéistes avaient jusqu’alors craintivement respecté. 
						« Nous sommes dans le sanctuaire, » lui dirent 
						quelques-uns de ses Compagnons, « crains ton dieu... 
						crains ton dieu, Nawfal ! »  
						
						- « Je n’ai pas de dieu aujourd’hui, » répliqua-t-il en 
						s’adressant aux siens ! « O Bani Bakr (saisissez cette 
						occasion) et vengez-vous ! J’en jure par ma propre vie, 
						vous voliez bien les pèlerins dans le sanctuaire, est-il 
						concevable que vous y abandonnez votre vengeance ? 
						Qu’aucun de vous ne touche sa femme qu’après ma 
						permission. Vous devrez tous vous venger aujourd’hui[7] 
						! »
 
						 
						
						A l’aube, les agresseurs les poursuivirent jusqu’à La 
						Mecque où ces derniers demandèrent même refuge chez 
						Boudayl Ibn Warqa al-Khouza’i et Rafi’ qui était l’un de 
						leur Mawlah (protecteur, cousin). Là, les Qouraysh qui 
						venaient de participer à cette perfidie, se retirèrent 
						de peur d’être identifiés par Boudayl et Rafi’. Quant 
						aux hommes de Nawfal Ibn Mou’awiyyah, ils continuèrent 
						leur chasse à l’homme, même après l’aube, et purent 
						abattre aux portes de Boudayl et Rafi’ vingt Khouza’i. 
						Durant toute cette poursuite tuerie, aucun des Qouraysh 
						n’essaya d’arrêter le bain de sang ; une preuve de plus 
						contre les Mecquois. 
						 
						
						Ce n’est que beaucoup plus tard qu’al-Harith Ibn Hisham 
						et ‘Abdallah Ibn Abou Rabi’ah vinrent trouver Souhayl 
						Ibn ‘Amrou, ‘Ikrimah Ibn Abou Jahl, Mikraz Ibn Hafs 
						et Houwaytab Ibn ‘Abd al-‘Ouzzah pour leur 
						reprocher leur action et leur soutien accordé aux Bani 
						Bakr en leur rappelant qu’ils avaient signés une trêve 
						avec Muhammad. Convaincus, mais trop tard, 
						Souhayl, Safwan et leurs amis qourayshi se rendirent 
						chez Nawfal Ibn Mou’awiyyah pour arrêter le carnage. « 
						Tu as constaté ce que nous t’avons accordé, à toi et aux 
						tiens. En plus, tu vois aussi le nombre de victimes 
						Khouza’i que tu as abattues. Cependant, te voilà 
						maintenant à La Mecque avec l’intention de les tuer 
						tous. On ne peut être d’accord avec toi en cela. 
						Laisse-les-nous » Nawfal accepta et arrêta la tuerie. 
						Après quoi, il quitta La Mecque avec les siens[8].  
						 
						 
						 
						
						Les regrets de 
						Qouraysh
						 
						
						Après cet odieux massacre, les Qouraysh réalisèrent 
						pleinement la portée  de 
						leur nouvelle erreur d’autant plus que les signataires 
						en personne, Souhayl Ibn ‘Amrou, Mikraz Ibn Hafs 
						et Houwaytab Ibn al-‘Ouzzah avaient participé à 
						cet acte barbare. Al-Harith Ibn Hisham et 
						‘Abdallah Ibn Abou Rabi’ah allèrent trouver Abou Soufyan 
						Ibn Harb et lui dirent : « Cette affaire doit 
						être réglée. Par Allah, si elle n’est pas réglée, Muhammad 
						et ses hommes nous attaqueront ! » 
						
						- « Je n’étais, » rétorqua Abou Soufyan, « ni absent ni 
						présent dans toute cette affaire. De plus, cela fut fait 
						sans que l’on me demande mon avis et je fus contre une 
						fois informé. Par Allah, si je ne me trompe pas, Muhammad 
						va nous attaquer[9] 
						! » 
						 
						
						Après cela, ils se rassemblèrent à Dar-an-Nadwa pour 
						trouver une issue à cette fâcheuse situation. ‘Abdallah 
						Ibn Sa’d Ibn Abou Sarah qui était présent dit au 
						Qouraysh : « Je pense que Muhammad n’attaquera 
						qu’après nous avoir mis en garde et proposé plusieurs 
						solutions, toutes plus supportables que son invasion. » 
						
						- « Quelles sont ces solutions, » demandèrent les 
						présents ? 
						
						- « Il vous demandera soit de verser le prix du sang des 
						vingt-trois victimes, soit de nier ceux qui parmi nous 
						viennent de violer le pacte, soit de choisir la guerre. 
						Quelle solution choisirez-vous ? » 
						
						- « La solution la plus facile pour nous et l’annulation 
						de l’alliance avec les Bani Noufatha, » dit Souhayl Ibn 
						‘Amr. 
						
						- « Ce n’est pas ainsi qu’on défend ses oncles 
						maternels, » riposta Shiba Ibn ‘Uthman al-‘Abdari ! 
						
						- « Et le père de Qouraysh, ne vient-il pas aussi de 
						Khouza’a » répliqua Souhayl ? 
						
						- « Non » protesta Shiba ! « De toute façon nous 
						payerons le prix du sang des Khouza’i. Cela est plus 
						facile. » 
						
						- « Absolument pas, » opposa Qourta Ibn ‘Abd ‘Amr. » Par 
						Allah, nous n’allons ni payer le prix de sang, ni 
						annuler l’alliance des Noufatha Ibn al-Ghawth. C’est la 
						guerre que nous choisissons. » 
						
						Là, intervint Abou Soufyan : « Ce n’est pas ainsi que 
						l’on règlera l’affaire. Je pense qu’il faut tout nier : 
						ce n’est pas Qouraysh qui a violé le pacte. Et pourquoi 
						assumerons-nous ce que d’autres ont commis ? » 
						
						- « C’est ça la solution, » approuvèrent les présents, 
						« aucune autre solution n’est aussi meilleure : nier 
						tout. » 
						
						- « De plus, » reprit Abou Soufyan, « je n’ai pas 
						participé (à l’agression), je suis sincère. J’ai 
						désapprouvé votre acte; je savais que cela engendrera un 
						jour obscur. » 
						
						- « C’est toi donc qui va contacter (Muhammad)[10] 
						! » 
						 
						
						C’est ainsi qu’Abou Soufyan fut désigné. Il se prépara 
						en hâte pour aller trouver le Prophète (sallallahou 
						‘aleyhi wa sallam) avant que celui-ci ne reçoive des 
						informations sur le massacre pouvant mettre Qouraysh 
						dans une situation dangereuse et dit : « Il faut que je 
						parte pour rencontrer Muhammad et le convaincre 
						de prolonger la trêve avant qu’il ne reçoive des 
						informations sur l’affaire ! » 
						 
						
						Il quitta donc La Mecque en hâte avec l’un de ses 
						esclaves en emmenant avec lui deux montures croyant 
						qu’il était le premier à avoir quitté la cité sacrée 
						pour Médine[11]. 
						 
						
						Mais les Khouza’i plus rapides purent informer le 
						Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) 
						plusieurs jours avant l’arrivée d’Abou Soufyan car 
						directement après la tuerie, ils envoyèrent ‘Amrou Ibn 
						Salim qui aussitôt arrivé, détailla le crime au Prophète 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) alors que pendant ce 
						temps, Abou Soufyan était encore à Dar an-Nadwa en train 
						de discuter avec les seigneurs de La Mecque pour trouver 
						une échappatoire. 
						 
						
						Cet envoyé spécial entra dans la Mosquée du Prophète
						
						
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), resta debout et fit 
						appel à ses dons de poète pour expliquer la situation : 
						
						« Seigneur ! Je conjure Muhammad. (O Muhammad) 
						je te conjure par l’alliance de notre père et de ton 
						père. 
						
						Vous étiez pour nous comme des fils et nous comme des 
						pères... Nous avons embrassé l’Islam et nous avons tenu 
						nos engagements. 
						
						Qouraysh t’a trahi et a violé ton pacte. 
						
						Aide-nous, que Allah te guide, et appelle les gens ! Ils 
						viendront surement en masses. 
						
						Le Messager d’Allah sera dans une armée comme un océan 
						de vagues. 
						
						C’est eux (les Qouraysh et les Bani Bakr) qui nous ont 
						attaqués de nuit alors que quelques-uns d’entre nous 
						priaient et récitaient le Qur’an. » 
						
						Ayant terminé son poème, ‘Amr Ibn Salim vit le Prophète 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en colère. Il lui dit : 
						« Tu seras soutenu, ô ‘Amr Ibn Salim » avant de sortir 
						de la mosquée.
 
						 
						
						‘Abd al-Hamid Ibn Ja’far Ibn ‘Imran Ibn Abou Anas 
						a rapporté qu’Ibn ‘Abbas (radhiyallahou ‘anhoum) a dit : 
						« Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se 
						leva en laissant trainer le bout de son manteau et en 
						disant : « Je ne serai (jamais) soutenu si je ne 
						soutiens pas les Bani Ka’b (les Khouza’i) (comme) je 
						soutiens ma propre personne ! » 
						 
						
						Khouza’a ne se contenta pas de l’envoi d’un seul 
						émissaire mais envoya aussi après lui une délégation de 
						quarante personnes, y compris leur chef Boudayl Ibn 
						Warqa. En arrivant à Médine, les membres de cette 
						délégation donnèrent les mêmes détails et insistèrent à 
						leur tour sur leur demande de soutien. Le Prophète 
						(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) les rassura de nouveau.  
						
						‘Ayshah (radhiyallahou ‘anha) a dit : « J’ai entendu le 
						Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dire 
						alors qu’il était en colère et en train de verser de 
						l’eau sur son (corps) : « Je ne serai (jamais) soutenu 
						si je ne soutiens pas les Bani Ka’b[12] 
						! » 
						 
						
						Après ces assurances, les Khouza’i revinrent confiants 
						chez eux. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa 
						sallam) leur ordonna de ne pas retourner en un seul 
						groupe en disant : « Retournez chez vous et 
						dispersez-vous dans les vallées ! »  
						 
						 
							 
								
								
								
								
								
								[1]
								
								Sirah Ibn Hisham, 
								t II, p 333. 
								
								
								
								
								
								[2] 
								Dans le texte original, il est écrit Abou 
								Jundul.  
								
								
								
								
								
								[3] 
								Al-Waqidi, 
								Maghazi, t II, p 669. 
								
								
								
								
								
								[4] 
								As-Sirah al-Halabiya 
								t II, p 150; al-Waqidi,
								Maghazi, 
								t II, p 621. 
								
								
								
								
								
								[5]
								
								Tabari, 
								t.3 pp 32-33, al-Waqidi,
								Maghazi, t.II. p 774, Ibn Sa‘d,
								Tabaqat, 
								t.II, p 132. 
								
								
								
								
								
								[6]
								
								Maghazi, 
								t II, p 783. 
								
								
								
								
								
								[7]
								
								Ibn Hisham 
								t II, p 32; al-Waqidi, 
								Maghazi, t II, p 783. 
								
								
								
								
								
								[8] 
								Al-Waqidi, 
								Maghazi, t II, pp 784-5. 
								
								
								
								
								
								[9] 
								Id, p 785. 
								
								
								
								
								
								[10] 
								Id, p 788. 
								
								
								
								
								
								[11]
								
								
								Tabari, Ibn 
								Hisham, Ibn Sa’d. 
								
								
								
								
								
								[12] 
								Al-Waqidi, 
								Maghazi t II, p 791. | 








