La bataille du Mou'tah

Les causes primaires

 

Les terres de Basra, du Golan et du sud de la Syrie, jusqu’aux confins de l’Arabie, étaient sous la domination byzantine mais dirigées par  l’intermédiaire des Ghassassinah. Leur roi, al-Harith Ibn Abi Shoummar qui avait une certaine liberté, pouvait rassembler une armée pouvant atteindre, d’après quelques historiens arabes, cent mille hommes. Son armée bien équipée pu acquérir, grâce à sa dépendance de l’Empire romain de l’Orient, une haute performance dans les techniques de guerre.

 

Comme nous l’avons mentionné, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya à ce roi un émissaire, al-Harith Ibn ‘Oumayr qui, lorsqu’il arriva à Mou'tah en Syrie, fut interpellé par l’un des gouverneurs d’al-Harith Ibn Abi Shoummar, Shourahbil Ibn ‘Amrou al-Ghassani qui lui demanda[1]  : « Il parait que tu es l’un des émissaires de Muhammad. »

- « Oui, » répondit Ibn ‘Oumayr. Sur ce, Shourahbil ordonna de le ligoter et de lui trancher la tête tuant ainsi pour la première fois un des messagers du Prophète  (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), d’autre part, envoya le 1er Rabi’ al-Awwal de l’an 8 de l’Hégire, Ka’b Ibn ‘Oumayr avec quatorze hommes au nord de l’Arabie, au-delà de Wadi al-Qoura, à plus de six cents miles de Médine.

 

Selon tous les indices se rapportant à cet évènement[2], la mission de ce groupe était purement pacifique[3] : appeler les gens à l’Islam en leur faisant connaitre les principes de cette nouvelle religion mais en arrivant à Dzi Atlah, dans le territoire des Ghassassinah, le groupe de Musulmans fut soudainement attaqué par un grand nombre de cavaliers et de ces quatorze Compagnons, un seul survivra et blessé, retournera à Médine et informera le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Ajoutons à tous ces agissements hostiles à l’égard des Musulmans, l’annonce d’attaquer Médine du roi des Ghassassinah quand il reçut le messager du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

De plus, le clergé et les personnalités de l’Empire à Byzance n’étaient guère d’accord avec le l’accueil cordial d’Héraclius vis-à-vis de l’Islam surtout après la grande victoire remportée par les Byzantins contre les Perses espérant ainsi annexer les terres de l’Arabie et en faire une nouvelle colonie romaine.

 

C’est cette atmosphère assez tendue qui poussa le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à prendre les devants et à organiser une expédition visant à corriger les Syriens et montrer en même temps aux Byzantins qu’il n’était pas aussi facile qu’ils le pensaient et leur ôter ainsi toute idée d’envahir les Musulmans.

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya donc une armée musulmane de trois mille hommes à al-Jourf, à 3 miles de Médine ou il leur ordonna de se regrouper. Lorsqu’ils furent enfin prêts, il les informa du but de l’expédition : franchir les frontières de l’Arabie pour combattre en Syrie, ceux qui avaient abattu les treize missionnaires et le messager du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Les directives du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)

 

C’est à al-Jourf que le Prophète désigna les trois commandants de l’armée. Il dit aux musulmans : « Le commandant (de l’armée) est Zayd Ibn Haritha, s’il est abattu, Ja’far Ibn Abi Talib le remplacera et s’il est abattu, ‘Abdallah Ibn Rawahah en pendra le commandement. Les Musulmans désigneront eux-mêmes leur chef si ‘Abdallah Ibn Rawahah tombe (à son tour)[4]. »

 

L’Imam Ahmad a rapporté que l’armée, en se dirigeant vers Mou'tah, un certain Vendredi, fit halte avant la prière dans la banlieue de Médine à al-Jourf et qu’Ibn Rawahah profita de l’occasion resta à Médine pour accomplir la prière derrière le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui lui demanda en le voyant : « Quelle est la chose qui t’a empêché de partir avec tes Compagnons ? »

- « Je voulais accomplir la prière du Vendredi avec toi puis partir les rejoindre, » expliqua Ibn Rawahah.

- « Si tu dépensais (comme aumône) tous (les biens) de la terre, tu n’auras pas (le mérite) de leur départ ! »

Notons ici que ‘Abdallah Ibn Rawahah était un grand ascète qui se livrait à la dévotion d’Allah et qu’il était en plus un grand poète. En faisant ses adieux, il demanda au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) : « O Messager d’Allah, donne-moi quelques conseils que je puisse retenir ! »

- « Tu te diriges vers une région où l’on se prosterne peu ; multiplie y tes prosternations, » lui dit le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

- « Conseille-moi encore, ô Messager d’Allah ! »

- «  Invoque Allah Exalté, cela est une aide dans tes prières !»

Sur ce, Ibn Rawahah se leva, fit quelques pas pour partir puis revint : « O Messager d’Allah, Allah Exalté est Witr (Impair, Unique, Un) et aime ce qui est Witr[5]. »

- « O Ibn Rawahah, si la faiblesse te gagne en dix occasions, ne daigne pas de faire un bon choix (au moins) en une seule ! »

- « Je ne te demanderai aucune chose après cela[6]. »

 

Quelques traditionnistes, tels qu’Ibn Ishaq ont rapporté qu’Ibn Rawahah fondit en larmes au moment des adieux.

On lui demanda : « Quelle est la chose qui te fait pleurer ? »

- « Par Allah Exalté, jura-t-il, ce n’est ni l’amour de cette vie d’ici-bas ni mon affection envers vous qui me poussent à pleurer. C’est plutôt le verset que j’ai entendu le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) réciter où Allah Exalté cite le Feu : « Il n’en est aucun parmi vous qui n’y passera par ; cela est pour ton Seigneur une sentence irréversible. Je ne sais pas comment sera ma sortie après mon arrivée. ». Et les musulmans dirent : « Qu’Allah Exalté soit avec vous, vous protège et vous fasse revenir à nous ! » Mais Ibn Rawahah, qui désirait tomber en martyr pour la cause d’Allah répliqua : « J’espère clémence et pardon du Miséricordieux et un cou qui projettera mon sang. »

 

Avant de partir, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) s’adressa ainsi à l’armée :

« Je vous recommande de craindre Allah et de bien vous comporter envers les Musulmans qui sont avec vous[7]. Que votre démarche (commence) par le nom d’Allah et soit pour Sa cause. Combattez donc ceux qui dénient Allah. Ne fraudez pas et ne soyez pas perfides. Ne touchez pas aux enfants. »

 

Il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit ensuite au commandant :

« Lorsque tu rencontreras l’ennemi mécréant, appelle-le à l’une des trois choses, tu accepteras d’eux n’importe laquelle et tu devras alors les laisser : appelles-les à l’Islam, s’ils répondent favorablement accepte cela d’eux et laisse-les. Vous trouverez des personnes dans des chapelles loin des gens. Ne leur faites aucun mal ! Ne tuez pas les femmes, les nourrissons et les vieillards. Ne (touchez) pas aux palmiers, ne coupez pas les arbres, ne démolissez pas les maisons. »

 

Que dire devant ses paroles prophétiques ? N’est-ce pas là une preuve évidente que le Jihad n’a rien à voir avec la barbarie prétendue par les ennemis de l’Islam ?

 

Les Byzantins

 

Lorsque Shourahbil Ibn ‘Amrou al-Ouzdi, le gouverneur des régions du sud de la Syrie, reçut des espions qui étaient à Médine des informations sur les préparatifs militaires des Musulmans, il commença à rassembler les tribus alliées aux Byzantins et envoya en outre son frère Soudous à la tête d’une patrouille de reconnaissance.

 

L’armée musulmane après son départ, poursuivit sa marche jusqu’à Wadi al-Qoura où elle se reposa quelques jours puis reprit son mouvement vers le nord de l’Arabie ou les Musulmans croisèrent Soudous et ces hommes qui après un accrochage trouva la mort.

 

Pris de frayeur, à l’arrivée des nouvelles, Shourahbil se fortifia et demanda de l’aide aux autorités byzantines qui étaient alors stationnées à Jérusalem avec l’empereur Héraclius.

 

D’après al-Waqidi, les Byzantins rassemblèrent une armée de cent mille Arabes appartenant aux tribus de Bali, Bahra’, Wa’il, Bakr, Loukham, Joutham et Ghassan qui se regroupa sous les ordres d’un certain Malik dans la ville de Mou’ab. Ils rassemblèrent aussi une deuxième armée, cette fois-ci purement byzantine, de cent mille hommes dont le commandement fut confié à Théodore, le frère d’Héraclius.

 

Quelques historiens prétendent que ce fut Héraclius en personne mais la première hypothèse est plus plausible, vu que l’empereur n’était pas hostile à la nouvelle religion ; sa réponse et son accueil réservé à la proposition le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) le prouvent bien cependant, en ces temps-là, les affaires de l’Empire ne dépendaient pas uniquement d’Héraclius, surtout après son comportement cordial envers les Musulmans. Quelques historiens avancent même qu’il envisagea de se convertir à l’Islam et de convaincre les Byzantins de faire de même[8] ce qui lui attira l’hostilité de plusieurs groupes puissants.

 

L’armée musulmane

 

La petite armée musulmane quitta Wadi al-Qoura et pénétra dans les terres syriennes jusqu’à Ma’an (en Jordanie) où le commandant Zayd Ibn Haritha, reçut un rapport sur les mouvements de l’ennemi. Un rapport qui le poussa à convoquer les personnalités qui l’accompagnaient afin de débattre de la question suivante : Que peut faire une armée de trois mille hommes devant cent cinquante mille fantassins bien équipés et cinquante mille cavaliers ?

 

Les Musulmans se divisèrent alors en deux groupe : le premier soutint qu’il fallait attendre les directives de Médine qui, une fois informée, enverra peut être des renforts alors que le deuxième était pour l’affrontement car, disaient-ils, un Musulman est toujours vainqueur : soit en remportant la bataille ou soit en tombant martyr pour la cause d’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire. Ils ajoutèrent aussi un argument assez convaincant : l’armée ennemie était tout près d’eux maintenant et ne leur laisserait surement pas le temps de se retirer ou d’attendre, d’autant plus que les Musulmans étaient assez éloignés des frontières de l’Arabie, et cinquante miles dans les terres syriennes. Ils optèrent donc pour l’affrontement devant l’insistance de ‘Abdallah Ibn Rawahah qui dit :

« O hommes ! Ce que vous craignez n’est autre que ce dont vous êtes sortis pour l’avoir : le martyr (pour la cause d’Allah). Nous n’avons (jamais) combattu en nous basant sur le nombre ou sur la force. C’est en nous armant de cette religion, dont Allah Exalté a fait notre honneur, que nous combattons. Par Allah, à Badr nous n’avions que deux chevaux et un seul à Ouhoud ! Affrontons (l’ennemi) soit nous les vaincrons soit nous tomberons martyr pour rejoindre nos frères qui sont au Paradis[9]. »

Ces mots ébranlèrent vivement les présents qui approuvèrent en disant : « Tu dis vrai ! »

 

Sur ce, Zayd Ibn Haritha donna l’ordre aux troupes de se préparer pour la bataille et de se mettre en marche contre l’ennemi qui avait déjà changé de position. Les Musulmans les rejoindront aux confins de Balqa’, dans un village appelé Masharif.

 

Pour éviter de tomber dans un piège, Zayd Ibn Haritha choisit un terrain plus ou moins profitable pour échapper à l’encerclement total et s’installa dans le village de Mou'tah afin de s’y barricader. Et c’est là qu’il réorganisa son armée. Il désigna à la tête du flanc droit Qoutba Ibn Qatada, l’un des seigneurs des Bani ‘Outhra, donna le commandement du flanc gauche à Oubaya Ibn Malik al-Ansari tandis que lui-même commandait le centre en compagnie de Ja’far Ibn Abi Talib, et ‘Abdallah Ibn Rawahah. Le terrain avait une légère ondulation et une pente douce d’une petite crête derrière les Musulmans qui faisaient face aux ennemis au nord : un ilot de Musulmans coupés de tout renfort au milieu de vagues infinies d’ennemis.

 

Abou Hourayrah (radhiyallahou ‘anhou) a rapporté : « Ils (les Musulmans) virent alors des mécréants si nombreux et équipés au point où toute résistance paraissait vaine. Je fus pris de stupéfaction et de frayeur. (En me voyant ainsi), Thabit Ibn Arqam me dit : « Qu’as-tu, ô Abou Hourayrah? Tu parais abasourdi devant le grand nombre de l’ennemi ? »

- « Certes ! »

- « Tu n’étais pas à Badr. Ce ne fut pas par le nombre que nous vainquirent.[10] »

 

Un simple calcul nous montrera que chaque Musulman devrait affronter plus des soixante hommes et en venir à bout. Autrement dit, quelques heures suffirait à peine pour que les Byzantins et leurs alliés Arabes mettent fin aux affrontements. Mais à chaque attaque, les Byzantins et les Ghassassinah se retrouvèrent en face d’une farouche résistance si bien que quelques-uns d’entre eux prirent la fuite.

 

Les accrochages se livrèrent la nuit et les Syriens se virent contraints de cesser l’assaut à cause de l’obscurité. D’ailleurs, le bilan de leurs victimes, de plus en plus élevé, les convainquit  d’adopter cette tactique et ce jusqu’au sixième jour, où tombèrent en martyrs les trois chefs Musulmans désignés par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Le martyr de Zayd Ibn Haritha (radhiyallahou ‘anhou)

 

Les historiens sont unanimes à rapporter que ce fut Zayd qui tomba martyr en premier. Au premier rang, il donna l’exemple à ses hommes, levant l’étendard blanc que lui donna le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dans la banlieue de Médine.

 

Ibn Sa’d, dans Tabaqat tII, écrit à la page 128 : « Les commandants (Musulmans) combattirent ce jour-là à pied. Zayd Ibn Haritha prit l’étendard et alla combattre l’ennemi. Les Musulmans combattirent avec lui, chacun dans sa position, jusqu’à ce que les lances (de l’ennemi) le transpercent, qu’Allah lui fasse miséricorde ! »

 

Le martyr de Ja’far Ibn Abi Talib (radhiyallahou ‘anhou)

 

Comme nous l’avons déjà rapporté, Ja’far fut désigné par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pour remplacer Zayd, au cas où celui-ci venait à mourir et c’est ce qui arriva ; à peine Zayd s’effondra que Ja’far s’élança et attrapa l’étendard qui resta dressé sous les regards craintifs des Musulmans. Il devint ainsi, automatiquement, le chef de l’armée musulmane puis se jeta avec son cheval alezan, au sein de troupes ennemies. Son courage fut un exemple extraordinaire pour les Musulmans qui l’imitèrent et donnèrent aux combats une tournure beaucoup plus impressionnante.

Cependant, le nombre élevé de guerriers ennemis ne laissa pas suffisamment de liberté aux mouvements de Ja’far. Il descendit alors de son cheval et pour qu’aucune idée de fuite n’effleure son esprit, lui trancha les jarrets puis continua à combattre l’ennemi, toujours l’étendard à la main qui attira sur lui de plus en plus d’hommes.

Un cavalier arriva à lui couper la main ce qui poussa Ja’far à attraper l’étendard avec l’autre main mais un autre byzantin la lui coupa. Il étreignit alors avec les deux bras l’étendard du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) attirant l’attention d’un troisième cavalier Byzantin qui s’abattit de toutes ses forces, avec son épée, sur lui alors qu’il récitait ce poème :

« Oh que le Paradis est proche. Son odeur est délicieuse, ainsi que ses boissons !

 Quant aux Roum (les Byzantins), mécréants qu’ils sont, leur châtiment est proche.

Je les combattrais chaque fois que je les rencontrerais. »

 

Le martyr de ‘Abdallah Ibn Rawahah (radhiyallahou ‘anhou)

 

Suivant l’ordre désigné par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), après la mort de Ja’far ‘Abdallah devint le commandant des troupes qui restaient de l’armée musulmane. Et bien qu’il fut l’un de ceux qui optèrent pour l’affrontement, il eut un moment de faiblesse humaine au moment où il devint chef et incita sa propre personne :

« J’ai juré, ô mon, âme, que tu accepteras, de gré ou de force, de te plier à ma volonté de combattre.

Lorsque les armées s’entremêlent, pourquoi te vois-je détester le Paradis ?

Tu fus longtemps sereine ! (Oh !) tu n’es au fond qu’une goutte dans une outre usée. »

 

Sur ce, il descendit de son cheval, l’étendard à la main et fut sur le point d’attaquer quand un Musulman s’approcha de lui et lui donna un morceau de viande en lui disant : « Mange ça afin que tu reprennes des forces ; tu as beaucoup enduré ces jours-ci.» En effet, ‘Abdallah prit le morceau et en arracha avec les dents une partie, avant d’entendre les cris des accrochages des deux armées. Il jeta alors le morceau de viande en se disant : « Et toi, tu es toujours en vie ! » Il s’élança alors au milieu de la foule et combattit jusqu’à la mort.

 

Les Musulmans ne furent pas les seuls à perdre leurs commandants et les Byzantins perdirent aussi Malik Ibn Rafila, le commandant de l’armée arabe qui fut abattu par Qoutba Ibn Qatada, le commandant du flanc droit de l’armée musulmane[11].

 

La durée des combats et le nombre des chefs militaires abattus suffit largement à affirmer que le nombre des victimes fut assez considérable des deux côtés avant même que Khalid Ibn al-Walid ne prenne le commandement des Musulmans et que les événements prennent une autre tournure.

 

Khalid Ibn al-Walid (radhiyallahou ‘anhou)

 

Après la mort des trois commandants désignés par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), les combattants musulmans devinrent alors sans commandement et furent sur le point de supporter une douloureuse défaite quand l’anarchie gagna une partie de l’armée et que quelques-uns s’enfuirent ce qui présageait l’anéantissement total des Musulmans.

 

Devant cette situation inextricable qui dura jusqu’à la nuit, Thabit Ibn Aqram un vaillant cavalier Ansari prit l’étendard de Qoutba Ibn ‘Amir al-Ansari et commença à crier : « O Musulmans, mourir en combattant vaut mieux que de mourir en fuyant ! » Et Qoutba au nom des Ansar d’appeler avec succès les gens à se regrouper autour de lui. Thabit Ibn Aqram leva alors l’étendard et dit : « O Musulmans, choisissez un chef ! » Quelques-uns lui suggérèrent de prendre le commandement mais il refusa en disant : « Je ne le ferais pas, » avant d’appeler Khalid Ibn al-Walid : « O Abou Souleyman, prend l’étendard, « 

- « Je ne le prendrai pas, tu en as plus de droit que moi. En plus, tu es plus âgé, » rétorqua Khalid.

- « Prends-le, ô homme ! Par Allah, je ne l’ai pris que pour te le donner. Tu es plus savant que moi en matière militaire. »

 

Quant au reste des Musulmans, ils approuvèrent ce choix et ne laissèrent à Khalid aucune excuse car ce n’était ni le temps et ni le lieu de mener de longue discussions, l’ennemi lui, n’attendait pas.

 

Pour Khalid, Mou'tah fut sa première bataille en tant que Musulman et la première fois qu’il détint le commandement d’une armée musulmane dans une situation dramatique. Donc rien ne facilitait la tâche de ce génie militaire qui avait en plus de cette qualité, la chaleur de la foi qui ébranlait les cœurs de ses hommes.

 

Les Musulmans étaient sur le point de tout perdre et une victoire totale à ce moment précis était impossible. Tous étaient donc d’accord sur le fait de se retirer de Mou'tah sans autre perte. Cependant comment pouvaient-ils se retirer ?

 

Même si les Musulmans arrivaient à opérer un retrait, comment convaincre l’ennemi de ne pas se lancer à la poursuite de la petite armée qui se trouvait si loin de sa base arrière (mille kilomètre environ) ? Et si cela était possible, comment asséner à l’ennemi un dernier choc suffisamment puissant pour le contraindre à se satisfaire du résultat honorable ?

A toutes ces questions, Khalid envisagea un plan en deux points :

1- Persuader l’ennemi de l’arrivée de renforts de Médine avec l’ordre de poursuivre le combat.

2- Activer le plan sous le couvert de la nuit.

 

Le Plan de Khalid

 

Dès la tombée de la nuit, Khalid commença à rassembler ses hommes et à les organiser de nouveau.

Après l’organisation des troupes, il ordonna à quelques cavaliers de se diriger vers le sud, la direction de l’Arabie en évitant à tout prix les éclaireurs de l’ennemi. Puis il leur ordonna de se disperser, une fois à l’endroit convenu, en plusieurs corps, dont chacun avait son chef.

Il leur commanda de quitter leurs positions dès le lever de l’aube les uns après les autres à des intervalles de temps très proches en essayant de lever le plus de poussière et de faire le plus de bruit possible en criant les Takbir et les Tahlil en faisant passer les chevaux par un terrain résonnant pour persuader l’adversaire de l’arrivée de larges renforts.

De même, il changea les étendards des corps de l’armée, ainsi que la disposition des deux flancs et du centre et désigna enfin d’autres chefs pour donner l’illusion d’une nouvelle armée fraiche pas du tout fatiguée des accrochages des six derniers jours.

 

A peine le jour commença-t-il à pointer à l’horizon que les Byzantins et leurs alliés Arabes virent la « nouvelle armée » : les étendards, la disposition des corps, les chefs et à peine se posèrent-ils des questions au sujet de l’arrivée de renforts possibles, qu’un immense nuage de poussière se leva au loin vers le sud, derrière l’armée musulmane ainsi qu’un tumulte de sabots et de voix lanca des Tahlil. Et pour ne laisser aucun doute qu’il s’agissait de bel et bien de renforts, les Musulmans qui étaient à Mou'tah répondirent aux clameurs des Takbir.

Tout fut si parfaitement synchronisé que les Byzantins et les Syriens restèrent abasourdis et la crainte d’une nouvelle bataille contre une armée plus puissante les laissa perplexes.

 

Quand à Khalid, il observait à l’affut dans les moindres détails ce qui se passait dans le camp ennemi et sa réaction. Et, grâce à son don inné de chef militaire, il attendit le moment propice pour fondre sur l’ennemi d’un seul choc frontal tel un aigle majestueux planant très haut au-dessus de sa proie pour lancer subitement son attaque. Il attendit patiemment le moment où la peur et la perplexité atteignit son pic chez l’ennemi, cet instant de doute intense ou la volonté chancelle pour donner l’ordre à ses hommes de lancer l’assaut.

 

L’attaque fut fulgurante. Tous les rangs musulmans s’abattirent telle une vague impétueuse sur les premières lignes adverses. Khalid ne leur laissa prendre aucune initiative ni aucune manœuvre ou riposte et un grand nombre de soldats ennemi périrent sous le choc et la rapidité de la charge.

 

Al-Waqidi a rapporté : « Attaf Ibn Khalid a dit : « Lorsque Ibn Rawahah fut abattu durant la nuit, Khalid Ibn al-Walid (devint le chef). Au matin, on s’aperçut qu’il (Khalid) avait changé la disposition des corps de l’armée : l’avant-garde devint l’arrière-garde et l’arrière-garde l’avant-garde ; le flanc gauche devint le droit. De la sorte, (L’ennemi) ne put reconnaitre l’armée et ses membres se dirent : « Ils viennent de recevoir des renforts ! » Enfin, la peur s’empara d’eux et ils battirent en retraite vaincus après avoir subi un carnage qu’aucun n’a jamais subi. »

 

Ibn Sa’d rapporte qu’Ibn ‘Amir at dit : «Après avoir pris l’étendard, ‘Abdallah Ibn Rawahah combattit jusqu’à la mort après quoi, les Musulmans subirent une si grande défaite que je n’ai jamais vue de pareille au point où je ne vis aucun Musulman avec un autre Musulman. Ensuite, Khalid Ibn al-Walid prit l’étendard. Il attaqua alors l’ennemi à qui il fit subir, grâce à Allah Exalté, une très grande défaite que je n’ai jamais vu de semblable et les Musulmans purent alors mettre leurs épées là où ils voulaient[12]. »

 

Les accrochages furent si meurtriers que Khalid vit neuf sabres se briser entre ses mains et il dit par la suite : « Le jour de Mou'tah, neuf épées se sont brisées dans mes mains. Seul un sabre Yéménite résista[13]. »

 

Dans cette atmosphère de désordre, de défaite temporaire et de stupéfaction byzantine et syrienne, Khalid passa à la deuxième étape de son plan et ordonna aux chefs de corps de se retirer au sud, en gardant leur sang-froid et leur organisation et la petite armée musulmane réussit son retrait sans nulle difficulté.

 

Quant aux troupes adverses, qui auraient pu poursuivre aisément les Musulmans et les anéantir, elles préférèrent ne pas se risquer dans une aventure. Quelques historiens avancent que les Byzantins craignirent, en pourchassant Khalid et ses hommes, de tomber dans un piège (retrait feint) et d’autres, comme Muhammad Houssayn Haykal, dans La vie de Muhammad, prétendent que les Byzantins, après le retrait des Musulmans, se réjouirent craignant de n’avoir contre ces « bédouins arabes » aucune victoire.

 

Le plan de Khalid réussit à merveille et prouva son génie. Les Musulmans parcoururent plus de mille kilomètres avant de rentrer à Médine sans rencontrer de problèmes.

 

Mou'tah fut-elle donc victoire ou une défaite ?

 

La capitale de l’Islam attendait impatiemment les nouvelles car beaucoup avaient des proches parents dans l’armée. Cependant les nouvelles arrivèrent déformées et quelques-uns prétendirent que les combattants Musulmans avaient fui la bataille sans avoir montrer de résistance et que leur défaite, d’après le bruit qui courrait, était sans précédent.

 

Bref, pour beaucoup de Médinois, cette armée « vaincue » devint la honte de l’Islam et un accueil humiliant lui fut réservée. Une manifestation, organisée par une grande masse de personnes, sortit à al-Jourf dans la banlieue de Médine, pour protester contre les hommes de Khalid : « O fuyards, vous avez fui les combats pour la cause d’Allah. » Pire, on jeta du sable sur les combattants et les chefs des corps.

A Médine, beaucoup de familles refusèrent d’ouvrir la porte à leurs proches parents de retour de Mou'tah ; on leurs disait : « Vous auriez dû mourir comme vos Compagnons (qui sont tombés pour la cause d’Allah) ! » Ceux qui purent rejoindre leurs maisons préférèrent ne pas sortir craignant des offenses.

 

Quelques chroniqueurs rapportent qu’Abou Bakr Ibn ‘Abd ar-Rahman Ibn Harith Ibn Hisham a dit : « Salamah Ibn Hisham participa à la bataille de Mou'tah. (Après son retour à Médine), sa femme entra chez Oum Salamah, l’épouse du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et lui demanda : « Je ne vois pas Salamah Ibn Hisham ! Souffre-t-il d’un mal ? »

- « Par Allah, non ! Mais il ne peut sortir (de la maison). S’il le fait, les gens lui diront, ainsi qu’à ses Compagnons : « Fuyards ! Vous avez fui le combat pour la cause d’Allah. C’est pour cette raison qu’il reste à la maison. »

 

Quant au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), il eut un autre avis sur les membres de l’armée, du fait qu’il reçut un rapport détaillé sur le déroulement des évènements. Il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) prit alors la défense de l’armée et insista à montrer leur courage : « Ils sont plutôt des combattants (qui simulent la fuite pour revenir à l’attaque) pour la cause d’Allah » répondit-il  en guise de réponse aux accusations médinoises.

 

D’autre part singulièrement, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) n’interdit pas la manifestation et laissa les gens s’exprimer librement bien qu’il ne partageait pas le même avis. Un bon exemple pour les dirigeants qui veulent respecter les libertés des peuples dont ils ont la charge et aussi pour motiver les Musulmans à combattre farouchement leurs ennemis de peur d’être la risée des leurs dans le cas contraire.

 

La bataille de Dzat as-Salassil

 

La bataille de Dzat as-Salassil au mois de Joumadah al-Akhir de l’an 8 de l’Hégire fut la suite logique de la bataille de Mou'tah.

 

Qouda’a et ses ramifications (les tribus de Bali, Bahra’, Balqin et ‘Outhra) formaient l’une des plus grandes tribus hostiles à l’Islam et en même temps était alliées à l’Empire romain d’Orient. La bataille de Mou'tah venait de nous en donner la preuve et celle qui suivra, Dzat as-Salassil va nous le confirmer[14].  

 

Quinze jours après Mou'tah, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) reçut des informations sur les mouvements annonçant une probable attaque de Médine des tribus de Qouda’a habitant le territoire situé entre le nord-ouest de l’Arabie et le sud-ouest de la Syrie, du côté de Balqah. Ces manœuvres permettent de confirmer qu’elles sont une suite de la bataille de Mou'tah et une suite aux aspirations de ces tribus syriennes qui voulait, bien avant Mou'tah, mettre terme à la nouvelle religion naissante en plus du fait que ces ennemis étaient toujours soutenus par Byzance.

 

Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida d’amener les combats sur le territoire ennemi avant même que celui-ci ne termine ses préparatifs et marche sur Médine. Il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) réunit rapidement une armée de trois cents hommes seulement dont il donna le commandement à ‘Amrou Ibn al-‘As as-Sahmi ainsi qu’un étendard de couleur blanche avec l’ordre de neutraliser ces tribus.

 

Et si Mou'tah fut la première bataille de Khalid pour défendre l’Islam, Dzat as-Salassil fut aussi la première bataille de ‘Amr après sa conversion récente et bien qu’il y avait au sein de la petite armée un bon nombre de Mouhajirine dont Abou Bakr as-Siddiq, ‘Amir Ibn Rabi’ah, Souhayb ar-Roumi, Sa’id Ibn Zayd Ibn Noufayl, Sa’d Ibn Abi Waqqas et d’Ansar dont Oussayd Ibn Houdayr, ‘Abbad Ibn Bishr, Salamah Ibn Salamah, Sa’d Ibn ‘Oubadah, etc. Il fut rapporté que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) voulut une discipline exemplaire à l’occasion.

 

Le départ de l’armée

 

Au mois de Joumadah al-Akhir, de l’an 8 de l’Hégire, ‘Amrou Ibn al-‘As quitta Médine à la tête de trente cavaliers[15] et deux cents soixante-dix fantassins. Vu le petit nombre de ses hommes, il se vit dans l’obligation de compter sur l’effet de surprise et la discrétion était vitale c’est pourquoi, ‘Amrou marcha de nuit et s’arrêta de jour.

 

Après dix jours de marche, l’armée arriva aux limites du territoire ennemi et ‘Amr campa près d’une source appelée Salassil puis envoya quelques hommes s’infiltrer dans le camp de l’ennemi afin de connaitre sa force réelle. Après avoir reçu leurs rapports, ‘Amrou réalisa que les hommes de Bali, Qouda’a, ‘Outhra et Qayn étaient fort nombreux et qu’un affrontement direct tournerait à leur profit. Alors, il décida de ne pas hâter les choses, d’informer le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et d’attendre des renforts. Il ordonna donc à ses hommes de s’éloigner des positions de l’ennemi, et de rester discrets car c’est sur l’effet de surprise que reposait la réussite de l’opération. ‘Amr interdit donc aux membres de l’armée d’allumer des feux malgré le froid hivernal. Quelques Mouhajirine tentèrent de contester cette  décision mais vainement. « Ecoute et obéis, » dit-il à l’un de ces Mouhajirine.

 

Rafi’ Ibn Moukayth al-Jouhani, l’émissaire de ‘Amr, arriva à Médine et informa le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) sur la situation. Sans attendre, ce dernier leur envoya Abou ‘Oubaydah Ibn al-Jarrah à la tête de deux cents hommes et lui recommanda de ne pas se mettre en désaccord avec ‘Amrou. En rejoignant les trois cent hommes, Abou ‘Oubaydah voulut présider la prière, mais ‘Amr protesta en disant : « Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) t’a envoyé (avec ces hommes) en guise de renforts ; tu n’as pas à me présider, c’est moi le commandant. » Abou ‘Oubaydah ne manifesta aucune protestation et lui affirma au contraire, qu’il serait obéissant si bien qu’un bon nombre de grands Mouhajirine (comme Abou Bakr, ‘Umar et Sa’d Ibn Abi Waqqas) furent contre les propos de ‘Amrou en lui disant : « Non, tu es le chef de tes hommes et lui le chef de ses hommes ![16] »

 

Avec un nombre plus élevé d’hommes suffisant pour sa tactique, ‘Amrou lança ses attaques surprises contre les positions des Qouda’a, Bali, ‘Outhra et Balqin qui, malgré le soutien matériel byzantin, se trouvèrent dans l’incapacité de riposter. Ils se dispersèrent et se sauvèrent dans les vallées avoisinantes en laissant leurs biens et leurs demeures entre les mains des Musulmans. Quant à ‘Amrou, il continua à les pourchasser jusqu’aux limites de leur territoire, au-delà duquel il préféra ne risquer aucune poursuite craignant des pièges.

 

Al-Waqidi a rapporté :

« ‘Amrou reçut des renforts, ainsi le nombre (des Musulmans) s’éleva à cinq cents hommes. Ils marchèrent de nuits et se reposèrent le jour jusqu’à ce qu’ils arrivèrent dans le territoire de Bali qu’ils attaquèrent et dispersèrent ses membres. A chaque fois que ‘Amrou arriva dans un endroit où se trouvait un groupe d’ennemis ces derniers se dispersent en entendant l’arrivée des Musulmans et cela se poursuivit jusqu’aux limites extrêmes des territoires de Bali, de ‘Outhra et de Balqin.

A la fin de l’opération, il rencontra un groupe peu nombreux et les deux groupes se livrèrent bataille durant environ une heure et se lancèrent des flèches. C’est ce jour que ‘Amir Ibn Rabi’ah fut blessé par une flèche au bras. En lançant l’offensive, les Musulmans contraignirent l’ennemi à prendre la fuite et à se disperser.

Durant plusieurs jours, on n’entendit parler ni de rassemblement de l’ennemi, ni des endroits où ils se trouvaient.

 ‘Amrou envoya des cavaliers saisir les brebis et les chamelles de l’ennemi[17]. »

 

La mission de ‘Amrou fut positivement accomplie et les Musulmans n’eurent aucune victime, excepté la blessure de ‘Amir Ibn Rabi’ah. Il donna donc l’ordre de revenir au sud, à Médine, vers laquelle il envoya ‘Awf Ibn Malik al-Ashja’i, afin d’annoncer, avant l’arrivée de l’armée, la bonne nouvelle au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui fut satisfait.

 

Après le retour de ‘Amrou Ibn al-‘As à Médine, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) lui demanda des explications sur son interdiction aux membres de l’armée de faire du feu et de poursuivre l’ennemi. « Je craignais, en poursuivant l’ennemi que celui-ci ne reçoive des renforts. (Quant au feu), je voulais que l’ennemi ignore le petit nombre (de mes) hommes ». Et le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) l’approuva.

...

Moutah


[1] Maghazi al-Waqidi, t II, p 756.

[2] Cf. Tarikh at-Tabari t III, p 36, et Maghazi al-Waqidi t II, p 756.

[3] Car aucun historien n’a rapporté que la mission était d’ordre militaire.

[4] Cf. as-Sirah al-Halabiya t II, p 313; Maghazi al-Waqidi, t II, p 752 et Tabaqat al-Koubra Ibn Sa‘d t II, p 127.

[5] Cf. Al-Bidayah wa Nihayah t VI, p 241; Sirah Ibn Hisham t VI, p 15; et Maghazi al-Waqidi t II, p 756.

[6] Littéralement, impair. Ibn Rawahah sollicitait un dernier conseil.

[7] Maghazi al-Waqidi t II, p 758.

[8] Maghazi al-Waqidi t II, p 758.

[9] Cf. al-Maqrizi, Imta’ al-Asma’, p 347.

[10] Cf. As-Sirah al-Halabiya t II, p 368 ; al-Bidayah wa-an- Nihayah t III, p 366; at-Tabari, t II, p 650; Zad al-Mi’ad t VI, p 126.

[11] Cf, at-Tabari t III, p 37 et al-Waqidi t II, p 760

[12] Cf. Maqrizi, Imta’ al-Asma’ p 347.

[13] Cf Maghazi al-Waqidi t II, p 763; Sirah Ibn Hisham, t VI, p 23 et al-Bidayah wa-n- Nihayah t VI, p 250.

[14] Maghazi al-Waqidi t II, p 764.

[15] Tabaqat al-Koubra Ibn Sa‘d, t II, pp 129-130.

[16] As-Sirah al-Halabiya, t II, p 192.

[17] Cf. Tabaqat al-Koubra Ibn Sa‘d, t II, p 129.