Al-Houdaybiyah

La Trêve d’al-Houdaybiyah

 

Les évènements qui précédèrent la trêve historique d’al-Houdaybiyah ne furent pas d’ordre militaire contrairement aux expéditions de Badr, Ouhoud, al-Ahzab et Khaybar, puisqu’il n’y eut aucun affrontement. Si les conséquences heureuses de cette trêve ne furent pas moins importantes que ces batailles, al-Houdaybiyah réalisa sur tous les plans : politique, spirituel, militaire et psychique ce qu’aucune de ces batailles ne put réaliser.

Cela fut reconnu par les grands Compagnons du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui manifestèrent leur opposition farouche à la trêve et le Qur’an qualifie lui-même al-Houdaybiyah comme étant une victoire éclatante.

 

Donc, c’est pour ces raisons que nous avons placé cette trêve dans les campagnes du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui ne parvint à ce pacte qu’après maintes difficultés soit avec ses Compagnons, qui étaient contre toute trêve, soit contre les Qouraysh qui voulurent le défier. Quant à lui (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), il voulut éviter la guerre, coute que coute et n’y avait recourt qu’en dernier lieu pour ne rien imposer aux autres.

 

Les évènements entre le siège des Banou Qouraydah et la Trêve d’al-Houdaybiyah

 

A l’avènement de l’Islam, presque toutes les tribus arabes païennes eurent un comportement hostile à l’égard de cette nouvelle religion. Leur animosité s’accentua après que le Prophète trouva assistance auprès des Ansar qui surent le protéger aux dépens de leurs enfants et de leurs épouses. Ces Arabes (bédouins Arabes) attendirent le moment propice pour mettre un terme à la religion naissante et plusieurs d’entre eux voulurent attaquer Médine, la capitale du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Et, puisqu’à la fin de la quatrième année après l’Hégire, la bataille d’al-Ahzab eut lieu entre les Musulmans d’un part et les Arabes de Najd, du Hijaz et les juifs d’autre part, il était tout à fait conforme dans l’ordre des choses que le reste des Arabes païens fussent de tout cœur avec leurs frères qui s’étaient déclarés ennemis de l’Islam et espérèrent que la victoire soit du côté des Coalisés mais les choses se déroulèrent contrairement à leurs aspirations et les Coalisés se dispersèrent entre le Najd et La Mecque après leur échec humiliant laissant leurs alliés juifs à leur sort douloureux ainsi que le principal conspirateur Houyay al-Akhtab an-Nadri.

Quant à son ami, l’autre conspirateur, Sallam Ibn Abi al-Houqayq, il fut exécuté, après sa fuite à Khaybar, par un commando de cinq hommes des Ansar après quoi, le rapport de force pencha au profit des Musulmans d’une lanière remarquable, surtout lorsqu’ils furent convaincus que rien n‘arrêterait les agissements hostiles des Juifs et des Arabes excepté des expéditions militaires pour assurer la sécurité de la région.

 

Pour cette raison, le Messager d’Allah Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida d’augmenter le nombre des opérations militaires au Najd et au Hijaz et de mettre définitivement un terme au danger que représentait les Juifs.

 

L’expédition de Qarta

 

L’expédition de Qarta le 10 Mouharram 05 de l’Hégire fut la première expédition punitive que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya après les batailles des Coalisés et des Banou Qouraydah contre les tribus Najdi des Bani Bakr Ibn Kilab à Qarta près de Dar’iyah, à sept nuits de marche de Médine.

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna le commandement d’un groupe de trente cavaliers à Muhammad Ibn Maslamah al-Ansari avec l’ordre d’attaquer ces tribus sans toutefois toucher aux femmes et aux enfants.

 

Ibn Maslamah quitta Médine marchant de nuit et s’arrêtant de jour pour surprendre les Bani Bakr chez eux. Ces derniers résistèrent peu et finalement prirent la fuite en laissant derrière eux, d’après as-Sirah al-Halabiya, dix victimes. Quant à Ibn Sa’d, dans ses Tabaqat, il affirme que les Musulmans prirent cinquante chamelles et trois mille brebis en butin. Cette expédition dura dix-neuf nuits[1].

 

De même en cours de route, les membres de l’expédition mirent la main sur l’un des chefs des Bani Hanifah, Thoumamah Ibn ‘Outhal al-Hanafi qui sur l’incitation de Moussaylimah le menteur, se dirigeait vers Médine pour assassiner le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui toutefois, le traita avec égard et un court emprisonnement où Thoumamah fut touché par le bon comportement des Musulmans et c’est l’une des raisons qui le poussa plus tard à embrasser l’Islam.

 

L’expédition de Ghamr

 

Les tribus des Bani Assad, qui étaient l’une des plus puissantes tribus du Najd commandée par Toulayhah Ibn Khouwaylid avaient déjà participé à la bataille des Coalisés contre les Musulmans et il était donc tout à fait logique que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) les considèrent comme des ennemis et entreprenne des mesures punitives contre elles afin de leur prouver que les Musulmans n’étaient pas aussi faibles qu’elles le pensaient et qu’ils pouvaient frapper au cœur même de leurs ennemis.

 

C’est dans cette atmosphère que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) chargea ‘Oukkashah Ibn Mihsan, à la tête de quarante hommes, d’attaquer les Bani Assad dans leur propre territoire.

Au mois de Rabi’ al-Awwal de l’an 5 de l’Hégire, ‘Oukkashah quitta Médine avec ses hommes et se dirigea vers l’ennemi qui fut informé de l’opération avant que l’arrivée des Musulmans et se retranchèrent dans les montagnes avoisinantes si bien qu’en arrivant, ‘Oukkashah ne trouva personne. Il chargea alors Shouja’ Ibn Wahb de patrouiller la région et qui à son retour, informa ‘Oukkashah de l’existence de traces d’un troupeau de chamelles. ‘Oukkashah donna alors l’ordre de suivre ces traces qui menèrent à un homme endormi. Interrogé sur les Bani Assad, celui-ci répondit : « Ils ont été informés de votre venue et se sont retranchés dans les montagnes de leur pays. » Interrogé ensuite sur les troupeaux, effrayé, il désigna aux Musulmans un pâturage de deux cents chamelles.

 ‘Oukkashah se contenta alors de ce butin et rebroussa chemin vers Médine.

 

Dans cette expédition il n’y eut donc pas de combat mais cela suffit et prouva aux bédouins que les Musulmans étaient une puissance qu’il fallait craindre et éviter.

 

 

L’expédition des Bani Lihyan

 

En l’an 4 de l’Hégire, les Bani Lihyan arrivèrent du Hijaz à Médine en prétendant avoir embrassé l’Islam. Ils demandèrent au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de leur envoyer un groupe de ses Compagnons afin qu’ils enseignent aux membres de cette tribu les principes de leur nouvelle religion.

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) accepta leur demande et leur envoya dix Sahabi à leur tête ‘Assim Ibn Thabit. Malheureusement, ces Sahabi furent trahis par les Bani Lihyan qui les exécutèrent avant même d’arriver dans leurs tribus. La perte de ces Compagnons instruits peina fortement le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui décida de corriger les Bani Lihyan mais la menace des Juifs et des Coalisés ne lui laissa pas l’occasion de la faire.

 

Il fallut attendre l’an 5 de l’Hégire, deux mois après la bataille des Coalisés, pour voir le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en personne quitter Médine à la tête de deux cents hommes dont vingt cavaliers et pour le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), l’expédition des Bani Lihyan fut la première après la bataille des Bani Qouraydah.

 

Le territoire de l’ennemi était situé à plus de deux cents miles autrement dit, un parcours assez pénible pour une expédition mais cela ne découragea pas le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui, pour dérouter les espions, prit la route du nord bien que les Bani Lihyan se trouvaient au sud de Médine.

Ayant gardé l’expédition secrète, même ses Compagnons crurent que l’expédition se dirigeait vers la Syrie. Ce n’est qu’à Batra, à 20 miles au nord de Médine, que Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) changea de direction vers le sud et qu’ils furent informé de leur destination.

 

Cependant malgré ces discrétions, les Bani Lihyan furent toutefois informés des mouvements de la petite armée et en arrivant, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) trouva la place vide puisqu’ils s’étaient enfuis aux sommets de leurs montagnes. Il campa alors avec ses hommes au milieu de leurs habitations puis donna l’ordre de les poursuivre. Cette mission vaine dura deux jours après quoi, et en guise de défi, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida de rester deux autres jours dans le territoire de l’ennemi pour prouver aussi aux autres tribus que les Musulmans étaient sont seulement capables de frapper là où ils voulaient et défiaient leurs ennemis dans leur propre camp.

 

D’autre part, et puisque La Mecque était en état de guerre avec les Musulmans, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida de profiter de sa présence dans les lieux et de faire une parade militaire pour impressionner les polythéistes de Qouraysh et arrivé à Wadi-‘Ousfan, il convoqua Abou Bakr as-Siddiq et lui donna l’ordre de se diriger à la tête de dix cavaliers aux alentours de La Mecque qui s’exécuta et se rapprocha de la Cité sacréee, à Koura al-Ghamim.

A La Mecque, la peur s’empara de ses habitants et les Qouraysh s’alarmèrent aussitôt, craignant une attaque musulmane. Après quoi, Abou Bakr rejoignit le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui donna alors l’ordre de retourner à Médine après une absence de quatorze nuits.

 

A son retour, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), d’après Ibn Sa’d[2] dit : « Nous revenons repentants, en adorant notre Seigneur... en (Le) louant. »

 

En cours de route, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) arriva à Ghouran, l’endroit où furent assassinés ses Compagnons, ou il invoqua la miséricorde d’Allah et pria pour eux.

 

L’expédition d’al-Ghaba

 

‘Ouyaynah Ibn Hisn al-Fazari, surnommé le stupide, était l’un des plus redoutables chefs Najdi et avait sous ses ordres dix mille guerriers qui participa en plus dans le siège de Médine lors de la bataille des Coalisés. Donc, après la bataille d’al-Ahzab, l’état de guerre fut déclaré et les Fazari, se comportèrent avec hostilité contre les Musulmans dans la logique des choses.

 

Al-Ghaba était une terre fertile, où les Musulmans avaient quelques propriétés agricoles et l’un des importants pâturages de Médine proche du territoire de ‘Ouyaynah Ibn Hisn.

Une fois, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya un nombre considérable de chamelles dans ces pâturages et en plus du serviteur du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), Abou Dar al-Ghifari, son fils et Salamah Ibn al-Akwa’ conduisirent le troupeau.

En arrivant à al-Ghaba, ils furent surpris, à l’aube, par une attaque Fazari menée par ‘Abd ar-Rahman Ibn ‘Ouyaynah Ibn Hisn à la tête d’un groupe de plusieurs cavaliers. Après avoir tué le fils d’Abou Dar, les Fazari s’emparèrent du troupeau et emmenèrent l’épouse de ce dernier comme captive.

Quant à Salamah Ibn al-Akwa’, qui montait un cheval appartenant à Talha Ibn ‘Oubaydillah, il lui fut impossible d’affronter seul tous ces cavaliers. Il appela Rabah, le seul berger encore vivant, lui céda son cheval afin que ce dernier parte à Médine informer le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Et comme Salamah était un très bon archer, il commença à cribler de flèches les assaillants. Quelques temps plus tard, le berger arriva en criant : « Au danger, au danger ! » et ces mots suffirent pour alarmer tout Médine.

 

Les Musulmans virent cet acte hostile d’un œil sérieux : « Il se pourrait, se dirent-ils, que les Fazari sont en train d’évaluer le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pour mener une autre attaque beaucoup plus importante » et au mois de Rabi’ al-Awwal de l’an 5 de l’Hégire, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) quitta Médine à la tête de sept cents hommes et se dirigea vers al-Ghaba précédé par Sa’d Ibn Zayd Ibn Malik al-Ansari à la tête d’un petite nombre de cavaliers pour occuper les Fazari avant l’arrivée de la force principale menée par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Les cavaliers musulmans accrochèrent ‘Abd ar-Rahman Ibn ‘Ouyaynah et avant que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) n’arrive, ils purent, malgré leur petit nombre, repousser l’ennemi, récupérer le troupeau et se lancer à la poursuite de de l’ennemi. Quant à l’épouse du fils d’Abou Dar, elle put s’échapper toute seule et rejoindre Médine.

 

Les victimes de cette expédition furent au nombre de six ; trois Musulmans (Mihraz Ibn Nazala, Waqqas Ibn Mihraz, et le fils d’Abou Dar) et trois Fazari (Habib et ‘Abd ar-Rahman, les deux fils de ‘Ouyaynah Ibn Hisn et un cavalier du nom de Mas’adah).

 

La patrouille de Dzil Qassa

 

Au mois de Rabi’ al-Akhir de l’an 5 de l’Hégire, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya une patrouille de reconnaissance de dix hommes récolter des informations sur les Bani Tha’labah, une tribu Ghatafani. En arrivant à Dzil Qassa, à vingt-quatre miles de Médine, les dix Musulmans ne remarquant rien d’anormal cédèrent au sommeil sans se rendre compte du piège mortel préparé par les Bani Tha’labah qui avaient déjà été informé sur la mission de Muhammad Ibn Maslamah al-Ansari et ses hommes.

A peine endormis, ils se réveillèrent en sursaut pour se voir encerclés par cent cavaliers. Ils se jetèrent vainement sur leurs armes mais n’eurent aucune chance devant l’attaque fulgurante des Bani Tha’labah qui les abattirent tous, excepté le commandant Muhammad Ibn Maslamah qui blessé, échappa à la mort. Les attaquants dépouillèrent leurs victimes puis s’en allèrent.

Quelques temps après, un Musulman passant par les lieux, trouva Ibn Maslamah encore vivant et l’emmena avec lui à Médine où il se rétablira de ses blessures.

 

L’expédition de Dzil Qassa

 

Ayant reçu des informations que les Bani Mouharib, les Bani Tha’labah et les Anmar se dirigeaient sur Taghlibin et Marad, à trente-six miles de Médine, dans le but d’attaquer les pâturages[3] des Musulmans, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) nomma aussitôt Abou ‘Oubaydah Ibn al-Jarrah à la tête de quarante cavaliers pour sortir défendre les troupeaux.

Toujours ce même mois,  après la prière du Maghrib, Abou ‘Oubaydah quitta Médine en toute hâte et en arrivant, à l’aube, il trouva les polythéistes sur le point d’attaquer.

Cependant, il ne leur laissa pas l’initiative et les attaqua en profitant de l’effet de surprise ce qui les poussa à prendre alors la fuite en se dirigeant vers les montagnes avoisinantes. Ce fut pour eux une belle leçon.

 

Abou ‘Oubaydah rebroussa chemin avec ses hommes en ramenant avec lui un prisonnier et quelques biens enlevés comme butin. Le prisonnier, après avoir embrassé l’Islam, recouvrit sa liberté. Quant au butin, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), après avoir prélevé le Khoums[4], le partagea entre les cavaliers.

 

L’expédition d’al-Jamoum

 

Les Bani Soulaym qui étaient en guerre avec les Musulmans pour avoir participé avec sept cents de leurs hommes au siège des Coalisés étaient sur la liste des ennemis du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et il était tout à fait normal qu’il prouve à ses ennemis qu’il était capable de punir tous ceux qui voulaient du mal à l’Islam, même s’il s’agissait de tribus lointaines, comme les Bani Soulaym dont le territoire était près de La Mecque.

 

Toujours au mois de Rabi’ al-Akhir de cette même année, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna le commandement de cette expédition à Zayd Ibn Haritha, à qui il ordonna d’attaquer la tribu dans un endroit appelé al-Jamoum. Zayd accomplit sa mission et put même ramener à Médine des prisonniers, des chamelles et des ovins, grâce à une femme Mouzayni qui lui avait indiqué l’endroit où se trouvaient les Bani Soulaym.

 

Malgré l’aide de cette femme, Zayd la fit ligoter et la ramena à Médina avec les prisonniers et à son retour, Zayd raconta l’expédition au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui l’a fit libéré avec son époux que les Musulmans avaient aussi capturé[5].

 

L’expédition d’al-‘Is

 

Qouraysh, qui était en guerre avec les Musulmans, attendait une caravane de commerce[6] en provenance de Syrie et il fallait s’attendre à ce que les Musulmans interceptent toute les ressources pouvant aider les Mecquois polythéistes dans leur guerre contre le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), surtout après leur participation au siège d’al-Khandaq qui faillit mettre un terme à l’Islam et aux Musulmans.

 

C’est dans cette atmosphère tendue que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) reçut des informations qu’une caravane Qouraysh de retour de Syrie venait de traverser les frontières du Hijaz.

Aussitôt après au mois de Joumadah al-Awwal de l’an 5 de l’Hégire, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna le commandement de cent soixante-dix cavaliers à Zayd Ibn Haritha en lui ordonnant de s’emparer de la caravane et Zayd quitta aussitôt Médine.

En arrivant à al-‘Is, les Musulmans croisèrent la caravane qu’ils prirent sans aucune résistance des caravaniers qu’ils prirent prisonniers avec leur chef, Abou al-‘As Ibn ar-Rabi’ Ibn Oumayya Ibn ‘Abd ash-Shams, l’ex-époux de Zaynab, la fille du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

D’après les historiens, amené à Médine, Abou al-‘As Ibn ar-Rabi’ sollicita la protection de Zaynab (radhiyallahou ‘anha) qui, après que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) eut terminé la prière de Fajr, se leva et dit aux gens : « Je viens d’accorder ma protection à Abou al-‘As » Sur ce, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) s’adressa aux présents et leur dit : « Avez-vous entendu ce que j’ai entendu ? »

- « Oui, » répondirent-ils.

- « Par Celui qui détient mon âme entre Ses mains, je n’étais pas au courant de cela, » reprit le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avant d’approuver Zaynab et de dire : « Et nous accordons notre protection à celui à qui tu as accordé la tienne. »

 

Mais Zaynab (radhiyallahou ‘anha) ne se contenta pas de cette protection et demanda aussitôt au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de rendre la caravane à son ex-époux, toujours polythéiste. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne lui signala aucun refus de sa part cependant il préféra appeler Zayd Ibn Haritha et les membres qui avaient participé à l’expédition pour leur dire : « Vous connaissez le lien qui est entre nous et cet homme, à qui vous avez enlevé quelques biens. Si vous voulez par charité, vous pouvez lui rendre ce qui lui appartenait. Nous aimerions cela, mais si vous refusez, (ces biens) sont des prises de guerre qu’Allah Exalté vous a accordés. Vous en avez plus le droit. »

- « O Messager d’Allah, répondirent-ils, nous préférons les lui rendre. » Et ils lui rendirent tous ses biens, même ceux que les Mecquois lui avaient confiés[7].

 

L’expédition de Touraf

 

Au mois de Joumadah al-Akhir de cette même année, une patrouille formée de quinze hommes commandé par Zayd Ibn Haritha fut envoyé contre les Bani Tha’labah des Ghatafan qui participèrent comme nous l’avons déjà mentionné avec les Coalisés lors du siège de Médine.

 

Après une marche qui ne dépassa pas les quatre nuits, Zayd arriva à Touraf, le territoire des Bani Tha’labah qui se trouvait alors à trente-six miles de Médine mais les Musulmans ne trouvèrent personne car les membres de cette tribu s’étaient déjà réfugiés dans les montagnes avoisinantes. Néanmoins, Zayd put faire un butin de vingt chameaux avant de retourner à Médine après quatre nuits d’absence.

 

Le but de cette opération était, comme d’habitude, de convaincre les Arabes de la puissance des Musulmans afin qu’ils abandonnent leurs projets d’attaquer Médine et en constatant la fuite des Bani Tha’labah, on peut affirmer que la mission atteignit son objectif sans accrochage.

 

L’expédition de Hisma

 

L’expédition de Hisma fut une expédition punitive commandée par Zayd Ibn Haritha contre la tribu de Joutham qui se trouvait près de Hisma, derrière Wadi al-Qoura[8].

 

Dihyah al-Kalbi, l’émissaire du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à Héraclius, était de retour de sa mission quand il fut surpris, au nord-ouest de l’Arabie, à Hisma exactement, par l’attaque de quelques Jouthami dont Hounayd Ibn ‘Arid et son fils ‘Arid qui étaient avec d’autres personnes. Ils lui barrèrent la route et le dépouillèrent de tout ce qu’il avait en ne lui laissant qu’un seul vêtement usé.

Toutefois, quelques membres musulmans des Bani ad-Doubayb, eux même des Jouthami, décidèrent de récupérer les biens de Dihyah en usant de la force.

 

Quant à Dihyah, il poursuivit sa route, et une fois à Médine, informa le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Sur ce, ce dernier, (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida de corriger les agresseurs en leur envoyant une expédition punitive de cinq cents hommes au mois de Joumadah al-Akhir de l’année 5 de l’Hégire.

 

Avec un éclaireur ‘Outhri[9], Zayd commandant l’expédition, marcha la nuit et s’arrêta le jour pour surprendre l’ennemi et, avant le lever de l’aube, les Musulmans atteignirent leur camp et donnèrent directement l’assaut sans donner une occasion de riposte aux adversaires qui perdirent plusieurs des leurs dont al-Hounayd et son fils ‘Arid. Puis, Zayd s’empara des troupeaux des Hounayd, mille chameaux et cinq mille brebis et prit une centaine de prisonniers.

Les Bani ad-Doubayb, informés de l’attaque protestèrent contre les agissements de Zayd et de ses hommes et rappelèrent à l’armée qu’ils étaient musulmans et que c’étaient eux qui avaient récupéré les biens de Dihyah al-Kalbi.

Zayd, pour s’assurer de leur conversion, demanda au chef des Bani ad-Doubayb de réciter la Fatiha et bien qu’il l’a récita parfaitement, Zayd décida toutefois de ne rien leur rendre et préféra retourner à Médine.

 

Constatant le refus de Zayd, quelques Jouthami musulmans décidèrent de précéder l’armée musulmane et se dirigèrent sur Médine pour présenter l’affaire devant le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). En arrivant dans la capitale de l’Islam, Zayd Ibn Rifa’i al-Jouthami protesta contre Zayd Ibn Haritha en disant au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) : « O Messager d’Allah ne nous interdis pas ce qui est permis et ne nous rends pas ce qui illicite, licite. » Après cet entretien où les délégués confirmèrent de nouveau qu’ils étaient bel et bien Musulmans[10], le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida de leur restituer leur biens et prisonniers et en plus de cela, il s’inquiéta au sujet des victimes en disant :

- « Et qu’est-ce que je vais faire des victimes ? »

- « O Messager d’Allah !, » dit Abou Zayd Ibn ‘Amrou, l’un des délégués, « libère les vivants. Quant à ceux qui ont été abattus, nous n’en parlerons plus. »

- « Abou Zayd dit vrai, » rétorqua le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avant d’appeler ‘Ali Ibn Abi Talib et de l’envoyer rejoindre Zayd afin que celui-ci libère les prisonniers et rend les troupeaux.

- « O Messager d’Allah » dit ‘Ali, Zayd ne va pas m’obéir !

- « Prends mon épée (en guise de signe), » dit le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

‘Ali, et la délégation Jouthami, quitta Médine et croisa en cours de route, Rafi’ Ibn Makith al-Jouhani sur une chamelle qui lui avait été donnée du butin par Zayd qui l’avait envoyé à Médine annoncer la « bonne nouvelle » au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

‘Ali lui enleva la chamelle et la rendit aux Jouthami puis l’invita à monter en croupe derrière lui. Après quoi, il continua son chemin. Plus tard, il rencontra Zayd et ses hommes à Fahlatayn, un endroit situé entre Médine et Dzi-Marwa[11] et lui transmit les ordres du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en lui montrant le signe. Zayd se plia aux ordres et rendit aux Joutham tout ce qu’il leur avait enlevé.

 

L’expédition de Wadi al-Qoura

 

Les informations concernant cette expédition sont minces et nous n’avons trouvé que ce qu’Ibn Sa’d a rapporté dans ses Tabaqat. Après avoir développé les évènements de l’expédition de Hisma, il rapporta : « Après cela, il y eut l’expédition de Zayd Ibn Haritha contre Wadi al-Qoura, 6 ans après l’Hégire. »

Et dans un autre endroit de ses Tabaqat, Ibn Sa’d fait mention de l’expédition commandée par Zayd Ibn Haritha contre les Bani Fazara au mois de Ramadan, toujours à Wadi al-Qoura. S’agit-il de la même expédition ? Nous la rapporterons toutefois.

 

D’après Yaqout dans son Mou’jam, l’appellation Wadi al-Qoura vient du fait que c’était une vallée (Wadi) le long de laquelle il y avait plusieurs villages (Qoura) et ceci est le témoignage d’Abou Moundir.

Quant au témoignage d’Abou ‘Oubaydallah as-Soukouri, toujours rapporté par Yaqout, Wadi al-Qoura, Hajr et Janab étaient les territoires de Qouda’a, de Jouhaynah, de ‘Outhra et de Bali, qui se trouvent entre Médine et la Syrie.

Enfin, dans les premiers temps de l’Islam, Wadi al-Qoura était magnifique, ses jardins luxuriants et elle attira les poètes. Jamil Bouthayna, le grand poète ‘Outhri ne dit-il pas :

« Plaise à Allah Exalté que je puisse passer une seule nuit à Wadi al-Qoura ; je serais alors comblé de joie. »

 

L’expédition de Dama al-Jandal

 

L’expédition de Dama al-Jandal[12] eut lieu au mois de Sha’ban 5 de l’Hégire et fut une grande expédition contre les Bani Kalb. D’après al-Waqidi dans son Maghazi, elle compta sept cents hommes commandé par ‘Abd ar-Rahman Ibn ‘Awf az-Zouhri.

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) le désigna en le coiffant d’un turban noir et lui dit : « Va au nom d’Allah et pour la cause d’Allah. Combats ceux qui renient Allah Exalté. Ne te comporte ni avec perfidie ni avec trahison et ne touche pas aux enfants ! Cela est l’engagement d’Allah et la tradition de votre Prophète. »

 

‘Abd ar-Rahman quitta Médine, marchant la nuit et s’arrêtant le jour, jusqu’à son arrivée à Damât al-Jandal. Puisque les habitants de cette région étaient chrétiens, ‘Abd ar-Rahman ne les attaqua pas aussitôt comme cela se faisait avec les polythéistes mais, il fallait, avant tout, les inviter à embrasser l’Islam, ce qu’il fit durant trois jours mais sans résultat. Ces chrétiens refusèrent et menacèrent les Musulmans de guerre. Toutefois, et le troisième jour, leur roi, al- ‘Ousbough Ibn ‘Amrou al-Kalbi, accepta la proposition et proclama sa conversion et plusieurs de ses sujets le suivirent. Quant au reste, ils gardèrent leur croyance et payèrent la Jaziyah.

 

L’expédition des Bani Sa’d à Fadak

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) reçut des informations sur un accord conclu entre les Juifs de Khaybar et les Bani Sa’d, stipulant que ces derniers aideraient les premiers dans la bataille de Khaybar en échange d’une grande quantité de dattes. Ainsi, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida de prendre des mesures pour neutraliser les Bani Sa’d.

 

Au mois de Sha’ban de l’année 6 de l’Hégire, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) nomma ‘Ali Ibn Abi Talib à la tête de cent cavaliers et lui donna l’ordre de les attaquer. ‘Ali exécuta aussitôt les ordres et quitta Médine. Il marcha le jour et s’arrêta la nuit durant six jours.

Le septième jour, il arriva aux limites de Fadak où il trouva un homme à qui il demanda de lui montrer où se trouvaient les Bani Sa’d après l’avoir rassuré que rien de grave ne lui arriverait. L’homme paniqua toutefois et demanda l’aman (la sécurité) qui lui fut accordé puis, il leur montra la vallée où  se rassemblaient d’habitude les Bani Sa’d.

 

‘Ali saisit l’occasion et passa directement à l’attaque. L’ennemi, qui était sous le commandement de Wabr Ibn ‘Alim, ne montra aucune résistance, malgré le nombre élevé de ses guerriers. Leur seul souci fut de s’enfuir en laissant derrière eux leurs troupeaux que les hommes de ‘Ali prirent comme butin soit cinq cents chameaux et deux mille brebis.

Al-Houdaybiyah



[1] As-Sirah al-Halabiya, tII, p297.

[2] At-Tabaqat al-Koubra, t II, p 79.

[3] Qui se trouvaient à sept miles de Médine.

[4] Le cinquième.

[5] Ibn Sa’d, ath-Tabaqat, tII, p86.

[6] La caravane transportait une grande quantité d’argent qui appartenait à Safwan Ibn Oumayya.

[7] S’il l’on se demande quel intérêt eut donc cette expédition. Une petite analyse nous donnera la réponse :

1 - Cette expédition prouva aux différentes tribus arabes ennemies de l’Islam que les Musulmans pouvaient s’attaquer aux plus grandes puissances de l’Arabie.

2 - Elle convainquit Qouraysh, la grande tribu de La Mecque, de l’insécurité de la route de leurs caravanes tant qu’ils seraient en guerre contre les Musulmans et à notre avis, cette expédition influença d’une manière ou d’une autre, les Qouraysh à accepter la Trêve d’al-Houdaybiyah.

3 - La libération d’Abou al-‘As et de toute la caravane poussera plus tard quelques personnes y compris Abu al-‘As à embrasser l’Islam.

[8] D’après Yaqout, dans Mou’jam al-Bouldan, Hisma était une terre qui se trouvait dans le désert de la Syrie. Elle était située à deux nuits de Wadi al-Qoura (Littéralement, La vallée des Cités). Quant à Ibn Soukayt, Hisma était une terre qui appartenait à Joutham avec des plaines et des montagnes situées entre Ilat, le territoire de l’Exode et les terres des Bani ‘Outhra. Autrement dit, Hisma se trouvait entre le golfe d’al-‘Aqabah et le Sinaï.

[9] De la région de Hisma.

[10] Mais, malgré cela, quelques-uns d’entre eux agressèrent l’émissaire personnel du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). C’était un acte qui méritait d’être corrigé sévèrement, sinon les Arabes profiteraient de l’occasion pour manifester leur irrespect à l’égard de Médine. Ce qui aurait pu déclencher une série de représailles que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) voulait éviter coûte que coûte. Cependant, les protestations des Joutham étaient contre le comportement de Zayd qui ne fit pas de distinction entre les agresseurs et les autres.

[11] Dzi-Marwa était un village situé à Wadi al-Qoura.

[12] Dama al-Jandal, ou al-Joundal, était une oasis luxuriante située à l’extrême nord de l’Arabie, tout près des frontières irakiennes. On l’appelait ainsi parce que son fort était bâti avec des pierres grandes (jandal) et dures. Avant l’avènement de l’Islam, c’était un royaume aux mains des Kindi.