Quand Abou Loubabah arriva dans leur principal fortin,
il vit les femmes et les enfants réunis pleurer
abondamment à cause du siège. Cette procession de
pleureuses fut organisée par les Juifs dans le but
d’attendrir d’Abou Loubabah sur leur sort. Ils lui
expliquèrent alors leur situation et lui décrivirent
l’état dans lequel se trouvait toute leur communauté
puis ils lui demandèrent son avis sur l’exigence du
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
Laissons Abou Loubabah raconter l’entrevue :
« Lorsque les Banou Qouraydah demandèrent au Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) la permission de
me parler, ce dernier me fit demander et me dit : « Va
chez tes alliés. De tous les Aws[1],
ils n’ont demandé que toi. »
«Je me rendis chez eux et Ka’b Ibn ‘Assad me dit : « O
Abou Bashir, tu sais ce qu’il y a encore entre nous. Le
siège devient de plus en plus pénible pour nous et Muhammad
ne quittera nos murs qu’après notre capitulation. S’il
nous laisse, nous gagnerons la Syrie ou Khaybar et ne
remettrons plus les pieds dans son pays. De plus, nous
lui promettrons de ne plus grossir les rangs contre lui.
Ne vois-tu pas que nous t’avons préféré à tout autre
?... (A ton avis), devons-nous nous plier à l’exigence
de Muhammad ? »
- « Oui, » lui dis-je en mettant mon doigt sur la gorge.
- J’hésitais après, puis me reprit en disant : « Il n’y
a de force et de puissance que par Allah. » Quand le
seigneur des Banou Qouraydah me vit dans cet état, il me
demanda: « Qu’as-tu donc Abou Loubabah ? »
Je lui ai répondu alors : « J’ai trahi Allah et Son
Messager. »
Puis, Abou Loubabah quitta immédiatement le fortin en
pleurant tiraillé par sa conscience qui lui dit qu’il
avait commis une grave erreur. Et, au lieu de rendre
compte au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), il
se dirigea honteux vers la mosquée avec la ferme
intention de se ligoter à un des piliers jusqu’à la mort
ou le pardon d’Allah.
Abou Loubabah décrivit lui-même cet incident : « Je jure
par Allah que mes pieds n’ont pas bougé de leur place
quand je compris que j’avais trahi Allah et Son
Messager. » Et, il s’attacha effectivement à un pilier.
Ibn Ishaq a rapporté à propos de cet incident : «
Puis, Abou Loubabah sortit tête baissée et ne retourna
pas chez le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) mais alla se ligoter dans la mosquée à l’un de
ses piliers en disant : « Je ne quitterai pas cet
endroit tant qu’Allah ne me pardonnera pas. »
Quand le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fut
informé, il dit : « S’il était venu à moi, je lui aurais
pardonné mais après ce qu’il a fait, je ne peux le
libérer que si Allah lui accorde Son pardon. »
Abou Loubabah resta dix-sept nuits attaché à ce poteau
jusqu’à ce que Allah Exalté lui pardonne et que le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) le
détacha. »
Ibn Ishaq a rapporté : Le pardon accordé à Abou
Loubabah descendit sur le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) alors qu’il se trouvait dans la
maison d’Oum Salamah. Oum Salamah raconta : « Avant
l’aube, j’entendis le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) rire, je lui ai alors demandé
pourquoi il riait. »
- « Parce que Abou Loubabah vient d’obtenir le pardon, »
me dit-il.
- « Puis-je lui annoncer la bonne nouvelle, ô Messager
d’Allah, » lui demandais-je ?
- « Oui, tu peux. »
Alors, je me suis levée et de la porte (sa maison était
contiguë à la mosquée) je dis à Abou Loubabah : « Sois
heureux de la bonne nouvelle. Allah Exalté t’a accordé
Son pardon. »
La joie d’Abou Loubabah à ce moment fut si intense qu’il
décida de donner tous ses biens en aumône. Mais le
Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui venait de le
libérer, l’épargna de donner tous ses biens en lui
disant : « Donne seulement le tiers et Allah Exalté te
récompensera[2]. »
Selon le témoignage d’Ibn ‘Abbas rapporté par Ibn Ishaq
Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, fit descendre à
propos de l’erreur d’Abou Loubabah le Verset : « Ô
vous qui croyez ! Ne trahissez pas Allah et le Messager.
Ne trahissez pas sciemment la confiance qu’on a placée
en vous. » (Qur’an 8/27)
Selon Ibn Ishaq, quand Son pardon fut accordé,
Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, fit descendre le
verset : « D’autres
ont reconnu leurs péchés, ils ont mêlé de bonnes actions
à d’autres mauvaises. Il se peut qu’Allah accueille leur
repentir. Car Allah est Pardonneur et Miséricordieux. »
(Qur’an 9/102)
Abou Loubabah, en confondant la bonne avec la mauvaise
action, ne savait pas que cela allait précipiter la
capitulation des Banou Qouraydah. En effet, ses
dernières paroles eurent l’effet d’un tremblement de
terre sur les Banou Qouraydah qui perdirent aussitôt
leur calme et pensèrent au pire. Au lieu d’être un
facteur de mobilisation et de résistance, ils se
laissèrent au contraire aller à la panique et à la
démoralisation bien qu’ils eurent les moyens de résister
encore longtemps et peut-être pour plusieurs mois car :
- Leurs murs les protégeaient largement contre le froid
et contre toutes les attaques musulmanes en plus qu’ils
disposaient de puits d’eau à l’intérieur des fortins et
suffisamment d’armes, de vivres tandis que les Musulmans
qui les assiégeaient venaient juste de sortir éreintés
d’une pénible épreuve durant laquelle ils ne purent même
pas dormir normalement en plus d’être totalement démunis
devant la faim et le froid glacial en cette période de
l’année.
Bien que ces facteurs matériels laissaient envisager un
très long siège, les Juifs flanchèrent subitement après
vingt-cinq, paralysés par la terreur malgré leur
supériorité en nombre, leur position imprenable et leurs
provisions.
Dans son livre
ar-Rassoul al-Qa'id, Mahmoud Sheit a dit : « La
guerre des Banou Qouraydah ne fut pas une guerre
physique mais une guerre de nerfs. Les Juifs ne purent
résister au siège, malgré leur suffisance en provisions
et en puits d’eau ainsi que leurs fortins difficilement
prenables. Ils préférèrent se rendre que de supporter le
siège. »
Cependant si les Qouraydi flanchèrent, ils ne se
rendirent pas encore et quand les Musulmans virent que
les assiégés tardaient à déposer les armes, ils
passèrent à l’offensive générale et marchèrent sur les
portes des fortins.
Au signal donné par ‘Ali Ibn Abi Talib[3],
les forces musulmanes se rapprochèrent des murs mais les
Juifs demandèrent aussitôt d’arrêter l’offensive et
immédiatement après, annoncèrent leur capitulation et
les assiégés ouvrirent les portes. Ils déposèrent leurs
armes et sortirent tous, hommes, femmes et enfants.
Après leur rassemblement, le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) donna l’ordre de séparer les femmes
et les enfants, de ligoter les huit cents hommes[4]
et de les emprisonner dans la maison d’Oussama Ibn Zayd.
Quant aux femmes et aux enfants au nombre d’un millier[5],
ils furent conduits dans la maison des Hôtes,
c’est-à-dire la maison de la fille d’al-Harth
al-Najriyah qui était toujours aménagée pour recevoir
les délégations.
Comme les Banou Qouraydah étaient depuis la Jahiliyyah
les alliés des Aws, et comme cette alliance existait
encore, une délégation Aws se rendit chez le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pour plaider la cause de
leurs alliés et lui demandèrent d’alléger la punition de
leurs alliés et lui rappelèrent en même temps la
punition relative qu’il infligea aux Banou Qaynouqa’
après l’intervention de leur allié Khariji ‘AbdAllah Ibn
‘Oubay.
Connu pour sa noblesse d’âme et son respect des
sentiments des autres, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) écouta avec attention les délégués car il
avait de la considération pour eux. N’était-ce pas grâce
à leurs sacrifices et leurs armes que ces mêmes Qouraydi
avaient abdiqué ? Il ne pouvait refuser de les écouter
bien que le crime commis suffisait à lui seul pour
rejeter n’importe quelle plaidoirie en faveur des Banou
Qouraydah qui étaient, il n’y avait pas si longtemps,
des ennemis sans moralité prêts à écraser sans pitié les
Musulmans.
Malgré ce crime odieux et bien qu’il fut le Messager
d’Allah, le signataire du pacte d’alliance avec ces
mêmes Juifs et l’assiégé menacé par tous les dangers, le
Prophète se désista pour juger les Qouraydi et pour plus
d’impartialité, il désigna Sa’d Ibn Mou’ad comme juge.
Les Aws venus plaider, sortirent de chez le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) satisfaits de la
décision car ils pensaient que leur seigneur allait
rendre une sanction légère mais quelle fut leur surprise
quand Sa’d Ibn Mou’ad prononça son jugement !
Quand les Banou Qouraydah se résignèrent à l’exigence du
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), les
Aws dirent alors : « O Messager d’Allah, ils étaient nos
Mawali (nos auxiliaires) contre les Khazraj et comme tu
sais ce que tu as fait auparavant avec les Mawali de nos
frères[6]
(en d’autres termes, ils lui demandèrent de faire de
même). »
Après les avoir entendus, le Messager (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) leur dit : Accepterez-vous, ô Aws,
qu’ils soient jugés par l’un de vous ? »
- « Oui, nous acceptons. »
- « Alors, vous avez Sa’d Ibn Mou’ad[7]. »
Ainsi, les Aws pensèrent que les Banou Qouraudah
n’allaient pas être punis sévèrement après que le
Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) eut laissé leur sort
entre les mains de Sa’d Ibn Mou’ad chez qui ils se
rendirent pour l’informer de la décision du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et pour lui demander
d’être indulgent avec ses alliés.
Sa’d Ibn Mou’ad
(radhiyallahou ‘anhou) ne put participer au siège des
Banou Qouraydah car il avait été grièvement blessé lors
du siège des Coalisés et il était sous soins dans une
tente montée par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) dans la mosquée, loin du champ de bataille.
Quand il fut informé, il prit conscience de l’importante
responsabilité dont il avait investi. Ils lui dirent que
le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) n’avait pris
cette décision que par clémence envers ces Juifs[8]
puis ils lui demandèrent avec insistance, malgré sa
grave blessure, de se rendre chez le Prophète afin de
décider du sort des prisonniers et comme il ne pouvait
se déplacer seul, on le transporta sur un âne.
Quand il arriva, les seigneurs Aws firent plus d’une
fois appel à son indulgence et à son esprit de
tolérance. Quand il jugea qu’il était temps de leur
répondre, il leur dit qu’il allait juger les Juifs
d’après ce qu’ils méritaient et que le lien entre eux ne
pouvait en aucun cas, empêcher la juste punition.
Dans al-Bidayah wa-an Nihayah d’Ibn Kathir il est rapporté : « Quand Sa’d
Ibn Mou’ad fut désigné par le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) comme juge dans l’affaire des Banou
Qouraydah, les seigneurs de sa tribu allèrent le
chercher et le ramenèrent sur un âne puis, ils lui
dirent : « O Abou ‘Amr, ce sont tes alliés et tes
Mawali, des gens vaincus et ce que tu sais déjà. O Abou
‘Amr, fais du bien ! Ne vois-tu pas que le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) t’a donné le
pouvoir pour que tu sois indulgent avec eux ? Comme ils
insistèrent de trop, il leur dit : « Il est temps que
Sa’d décide pour la cause d’Allah sans se soucier des
reproches de quiconque ! »
Quand le seigneur des Aws arriva chez le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ce dernier lui dit : « A
toi de les juger, ô Sa’d. »
- « Allah Exalté et Son Messager ont plus de droit pour
les juger, répondit Sa’d. »
- « Alors, Allah Exalté t’a ordonné de prononcer ta
décision, » lui dit le Prophète.
Avant de prononcer son verdict, Sa’d Ibn Mou’ad, qui
savait déjà l’intention des notables de sa tribu, voulut
d’abord s’assurer de la position de chaque partie (le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), les
Aws et les Banou Qouraydah) et que sa décision ne serait
révocable par aucune des parties. Il se leva, malgré sa
grave blessure, et devant tous les présents, il demanda
à chacun d’entre eux, s’ils acceptaient son jugement.
Chacune accepta de s’en remettre à son arbitrage[9]. »
Pour quelles raisons les Juifs acceptèrent-ils
l’arbitrage de Sa’d Ibn Mou’ad ?
Ils l’acceptèrent parce qu’ils savaient que leurs alliés
Aws avaient déjà intercédé en leur faveur, que le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) s’était désisté
de les juger et qu’enfin ils avaient pour juge un allié
de longue date.
Trois raisons significatives. A cet instant, ils
pensèrent peut-être dit que l’issue était proche,
puisqu’il y avait eu non un précédent mais deux, celui
des Banou an-Nadr et celui des Banou
Qaynouqa’. Ces
deux communautés juives avaient été vaincues après des
conflits armés dont l’un d’eux était à cause d’une
tentative d’assassinat du Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) qui n’eut pour sanction punitive
qu’une simple expulsion de Yathrib et qu’après leur
défaite, les Banou Qaynouqa’ avaient été sauvés par leur
allié, l’Hypocrite ‘AbdAllah Ibn Oubay.
D’un autre point de vue, les deux premières tentatives
juives d’étouffer dans l’œuf l’Islam et la fin plus ou
moins heureuse pour les Banou Qaynouqa’ et les Banou
an-Nadr auraient pu être non pas des avertissements mais
plutôt des stimulants pour les Banou Qouraydah puisque
le châtiment extrême ne pourrait être que l’exil puisque
nous avons nos alliés dans l’armée même de Muhammad
pensèrent probablement les seigneurs qouraydi.
Mais, le siège du Fossé ne fut pas un incident éphémère,
facile à oublier. Les Coalisés vinrent avec la ferme
intention déclarée d’écraser tous les Musulmans et
d’ensevelir définitivement l’Islam par l’élimination du
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
Dix-mille hommes, une véritable armée, pour les Arabes
de cette époque, vinrent encercler Médine et attendre
l’occasion pour fondre sur la petite armée de Muhammad.
Et, qui amena ces dix-mille guerriers menaçants ?
N’est-ce donc pas le Nadri juif Houyay Ibn Akhtab
qui coalisa Qouraysh et Ghatafan et qui se rendit chez
les Banou Qouraydah pour rallier ces derniers à Qouraysh
et Ghatafan.
L’idée pourrait nous effleurer que Houyay Ibn
Akhtab fut le seul responsable et que les Banou
Qouraydah furent poussés à ce qu’ils commirent mais cela
est faux car Houyay Ibn Akhtab ne se seraient pas
risqué derrière les lignes musulmanes s’il n’avait pas
été certain de leur trahison de l’alliance qui les
liaient au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et
de leur ralliement aux Coalisés. Quant aux Banou
Qouraydah, ils n’attendaient que cette occasion pour
basculer et afficher leur trahison et saisirent la
chance en or quand ils virent les dix-mille mécréants.
Et, s’ils gardèrent avec eux Houyay Ibn Akhtab,
c’était surtout pour s’assurer davantage de l’écrasement
de l’Islam. La présence de ce dernier n’a aucun sens ni
aucune signification ni n’a lieu d’être car les
seigneurs qouraydi, en tant qu’hommes responsables,
n’auraient jamais mis en péril l’existence de toute leur
tribu pour un seul homme, un étranger de surcroit. Pour
eux, la mort du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) et celle de ses Compagnons avaient été
certaines. Sinon, pourquoi cette trahison de l’alliance,
ce soutien militaire et cette aide alimentaire envoyée
aux Coalisés alors que leurs voisins et alliés immédiats
étaient affamés ?
Les Banou Qouraydah envisagèrent donc la mort et agirent
conséquemment sans attacher d’importance au pacte
d’alliance signé avec les Musulmans qu’ils pensaient
finis sans avoir bien saisi la portée de l’expulsion des
Banou Qaynouqa’
et des Banou an-Nadr qui était le non seulement le
résultat de deux véritables défaites mais aussi
l’expression de la clémence du Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam)[10].
Quel allait être le verdict du juge Sa’d Ibn Mou’ad
grièvement blessé ? Encore une fois la clémence ou une
sentence sévère ?
Sa’d Ibn Mou’ad, l’allié des Banou Qouraydah, avait-il
encore en tête, malgré sa blessure, les images et les
scènes des seigneurs qouraydi chez qui il se rendit en
mission pendant le Khandaq ?
L’allié des Banou Qouraydah pensait-il vraiment que ces
derniers méritaient d’être défendus alors qu’ils
n’étaient pas venus au secours de leurs alliés mais
pire, s’étaient rangés du côté des ennemis du Prophète
et des Musulmans ?
Sa’d Ibn Mou’ad le Musulman pensait-il au péril encouru
par l’Islam durant le long siège du Khandaq et que ces
prisonniers de guerre n’étaient il n’y a pas encore
longtemps arrogants et sur le point d’envahir Médine ?
N’y avait-il pas des similitudes qui se répétaient
chaque fois avec, les Banou Qouraydah, les Banou
Qaynouqa’ et les Banou an-Nadr ? Les Banou Qaynouqa’
après la bataille de Badr, les Banou an-Nadr après la
bataille d’Ouhoud et cette fois, les Banou
Qouraydah pendant le siège des Coalisés. Le juge
musulman allait-il encore réitérer avec ces Juifs
sachant que ces derniers allaient aussi récidiver avec
leurs cousins Nadri et d’autres tribus mécréantes ?
Tout cela traversa-t-il peut-être l’esprit de Sa’d Ibn
Mou’ad, l’allié des Banou Qouraydah et le Compagnon du
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Quand
il se leva, l’instant du verdict se rapprocha. Les Banou
Qouraydah, qui voyaient désormais leur destinée entre
les mains de leur allié, restèrent silencieux et
attentifs aux gestes et aux paroles qui allaient fuser
de la bouche de Sa’d tout comme les Musulmans car tous
ignoraient encore la décision qui allait tomber.
Sa’d Ibn Mou’ad se leva donc et prononça son verdict
irrévocable : « les hommes devraient être passés par les
armes, les femmes et les enfants le statut de captifs,
les biens confisqués et distribués comme butin aux
Musulmans qui assiégèrent les Banou Qouraydah. Il décida
aussi que les maisons des Juifs iraient uniquement aux
Mouhajirine qui n’avaient pas de maisons à Médine et
avaient laissé tous leurs biens à La Mecque. » Quand
quelques Ansar s’opposèrent, Sa’d Ibn Mou’ad
justifia sa décision en disant : « Je voulais
qu’ils soient indépendants de vous[11]. »
Voici le témoignage de ‘Ayshah (radhiyallahou ‘anha), la
Mère des Croyants rapporté dans
as-Sahih al-Boukhari : « Sa’d (radhiyallahou ‘anhou) fut blessé
pendant le Fossé (khandaq) par un Qourayshi nommé Hibban
Ibn al-‘Ariqa. Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) installa une tente dans la mosquée pour
s’enquérir de son état. Quand le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) revint du Khandaq et
alors qu’il nettoyait ses cheveux de la poussière,
Jibril vint et lui ordonna de marcher immédiatement sur
les Banou Qouraydah.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se
rendit chez eux jusqu’à ce qu’ils abdiquèrent devant son
exigence. Il donna à Sa’d Ibn Mou’ad le pouvoir de les
juger. Sa’d Ibn Mou’ad décida alors la mort des
guerriers, le statut de captif pour les femmes et les
enfants, et la répartition de leurs biens (entre les
Musulmans). »
Ibn Sa’d dit à propos de la capitulation des Banou
Qouraydah : « Ils étaient dans un désespoir
indescriptible à l’intérieur de leurs fortins. (Après
leur capitulation), ils acceptèrent alors l’arbitrage de
Sa’d Ibn Mou’ad. Celui-ci condamna à mort leurs
guerriers et décida le statut de captifs pour les
enfants ainsi que (d’après certains) la distribution des
maisons aux Mouhajirine seulement. (Quand les Ansar
s’opposèrent à cette dernière décision), il leur dit :
« J’ai aimé (je voulais) qu’ils soient indépendants de
vous[12]. »
Après le verdict de Sa’d Ibn Mou’ad relatif au sort des
Juifs, aucun des Aws ne protesta car chacun d’eux avait
juré de ne pas s’y opposer. Quant aux Juifs ils déjà
affligés, ils ne furent pas surpris par la sentence ni
ne la discutèrent.
Certains historiens dirent même à propos de la
capitulation des Banou Qouraydah que ces derniers
demandèrent avant de se rendre à l’arbitrage de Sa’d Ibn
Mou’ad et que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) accepta cette condition. Mais, la majorité des
historiens et des traditionnistes dirent que Sa’d ne fut
juge qu’après l’intervention des Aws auprès du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
La première hypothèse qui vient à l’esprit est que le
Compagnon du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
allait prendre en considération l’alliance qui le
reliait aux Banou Qouraydah depuis la Jahiliyyah, cette
relation spéciale qui permettrait d’alléger la sanction,
qui les sauverait au moins de la sanction capitale et
c’est pourquoi, les notables Aws envisagèrent une
sanction beaucoup moins sévère quand Sa’d fut désigné
tout comme d’ailleurs les Juifs et multiplièrent les
demandes d’indulgences auprès de leur seigneur Sa’d.
Malgré leurs demandes de compassion, leur seigneur
n’oublia pas que l’Islam et tous les Musulmans, que
Médine et tout ce qu’il y avait à Médine, les enfants,
les femmes, les parents et
les biens furent à deux doigts d’être perdus à cause
justement de la trahison et de la violation du pacte
d’alliance des Banou Qouraydah et que Médine fut été
sauvée grâce à la volonté d’Allah.
Il n’oublia pas non plus que si les Juifs et les
Coalisés avaient été victorieux, ils n’auraient eu
aucune pitié envers les Musulmans, auraient souillés
l’honneur de leurs femmes et saccagés leurs maisons.
C’est pour cela, qu’il prononça sa fameuse réplique :
« Il est temps que Sa’d décide pour la cause d’Allah
sans se soucier des reproches de quiconque !, puis avait
prononcé le juste verdict.
Après l’annonce du verdict final, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna l’ordre à ses
troupes de rentrer à Médine ou il entra le septième jour
de Dzoul Hijjah de l’an 05 de l’Hégire avec ses
valeureux hommes ainsi que les prisonniers sous la garde
d’un détachement commandé par Muhammad Ibn
Maslamah et ‘AbdAllah Ibn Sallam.
Après avoir séparé les enfants et les femmes des hommes,
le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
entama les dispositions d’application de la sentence. Il
ordonna d’abord de creuser des fosses destinées à
l’enterrement des dépouilles. L’endroit choisi fut
probablement ce qu’on appelle aujourd’hui le marché
d’al-Manakha.
La préparation des fosses terminée, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ordonna l’exécution des
condamnés à mort qui furent passés par le sabre en une
seule nuit sous la lumière des torches. Les exécutants
de la condamnation furent ‘Ali Ibn Abou Talib et
az-Zoubayr Ibn al-‘Awam[13].
Quant au nombre des exécutés, les historiens ne purent
le déterminer avec exactitude et certains l’estimèrent à
600, d’autres à 700, 800 et 900[14].
Les notables des Aws, selon quelques historiens,
demandèrent au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
de permettre à leur tribu de participer à l’exécution, à
cause des accusations des Khazraj qui dirent que les Aws
n’aimèrent pas la sentence contre leurs alliés. Ils
voulurent ainsi participer pour prouver qu’ils
rejetaient cette accusation et quelques Aws
participèrent effectivement à cette opération[15].
D’autre part, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) se rendit au marché de Médine et ordonna d’y
creuser des fosses puis de ramener les prisonniers qu’on
amena groupe après groupe et Ils furent passés par le
sabre l’un après l’autre puis enterrés[16].
L’un des premiers à être exécuté fut le grand criminel
et l’instigateur du complot du Fossé, Houyay Ibn
Akhtab, le seigneur des Banou an-Nadr, le rassembleur
des Coalisés et l’incitateur des Banou Qouraydah à
trahir le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Sa
mauvaise foi le mena à sa perte puisque Allah Exalté
voulut qu’il fût avec les Banou Qouraydah au moment du
siège.
Quand on l’amena, il ne cacha pas sa haine pour le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
Ibn Ishaq a rapporté à ce propos : « Houyay
Ibn Akhtab, l’ennemi d’Allah fut amené, les mains
derrière le dos attachées au cou par une corde. Il
regarda le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) et lui dit : « Par Allah, je ne regrette pas
d’avoir été ton ennemi mais qui quiconque trahit Allah,
Allah l’abandonne. »
As-Sahili ajouta dans
ar-Rawd al-Anaf
: « Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit à
Houyay Ibn Akhtab quand il le vit ligoté : « Allah
Exalté n’est-il pas venu à bout de toi ? » Et Houyay
de répondre : « Oui, et qui te trahit sera abandonné. »
Lors de son exécution, rien ne montra qu’il eut peur. Au
contraire, il fut courageux et accepta son sort avec
dignité et à la permission accordée de parler, il dit :
« O gens, il n’y a pas de mal dans la décision d’Allah.
C’est la destinée et le périple des Banou Isra'il
décidée par Allah puis s’assit pour être exécuté.
Quand vint le tour du seigneur des Banou Qouraydah, le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se rapprocha de
lui et lui parla. Ka’b était un homme raisonnable et
éduqué. Il conseilla à sa tribu d’embrasser l’Islam pour
éviter cette triste fin, mais sans succès. Quand le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) l’appela, il
répondit : « Oui, ô Abou al-Qassim. »
- « Vous n’avez pas suivi le conseil d’Ibn Kharash
alors qu’il croyait en moi. Ne vous a-t-il pas
donné l’ordre de me suivre et de me saluer quand vous me
verriez ? »
- « Oui, par la Torah, ô Abou al-Qassim. Je te suivrais
si les Juifs ne me reprocheraient pas d’avoir eu peur du
sabre. »
Alors, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna
l’ordre et il fut exécuté[17].
De tous les exécutés, seul un homme, Rifa’a Ibn Samaw’al
al-Qouraydi, échappa à la mort grâce à une femme Ansari
qui intercéda en sa faveur auprès du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Cette femme s’appelait
Salma Bint Qays Oum al-Moundir et elle fut l’une des
premières à embrasser l’Islam à al-‘Aqabah.
Ibn Ishaq a rapporté : « Salma Bint Qays Oum
al-Moundir et sœur de Soulayt du côté de la mère de ce
dernier (l’une des tantes maternelles du Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)) lui demanda
Rifa’a Ibn Samaw’al al-Qouraydi car cet homme était déjà
venu vers elle du fait qu’il la connaissait avant : « O
Messager d’Allah, (tu me tiens lieu de père et de mère),
fais-moi don de Rifa’a. Il a décidé de faire la prière
et de manger la viande de chameau. » Le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) lui fit remit alors
Rifa’a.
Ainsi, à l’exception de Rifa’a Ibn Samaw’al qui embrassa
l’Islam par 1a suite, tous les Qouraydi furent passés
par le sabre en conséquence de leur trahison et de leur
tentative d’attaquer Médine. Quant à leurs femmes, elles
furent protégées par l’Islam qui interdit formellement
de tuer la femme de l’ennemi sauf si elle prend part au
combat, par châtiment légal ou sous l’effet de la loi du
talion. Seule une de toutes les femmes juives, tomba
sous l’effet du talion parce qu’elle tua Khallad Ibn
Souwayd avec une roche qu’elle jeta du haut d’un fortin.
Cette femme juive, qui s’appelait Mazina, était avant
son exécution dans la maison de ‘Ayshah (radhiyallahou
‘anha), la mère des Croyants. Elle sut qu’elle allait à
juste punition car elle répondit sereinement quand elle
entendit qu’on l’appelait.
Lorsqu’elle entendit l’appel de la garde, elle répondit
de l’intérieur de 1a maison de ‘Ayshah (radhiyallahou
‘anha), la mère des Croyants : « Me voici, par Allah ! »
- « Malheur à toi, qu’as-tu donc » s’étonna ‘Ayshah
(radhiyallahou ‘anha) ?
- « Je vais être tuée, je le sais. C’est mon mari qui
m’a tuée. »
- « Et comment ton mari t’a-t-il tuée ? »
- « Il m’a demandé de jeter une roche sur les Compagnons
de Muhammad qui étaient sous les murs du fortin.
J’ai repéré alors Khallad Ibn Souwayd sur lequel j’ai
lâché une roche et s’est effondré mort car 1a roche l’a
touché à la tête. Je vais donc être tuée. »
Puis ‘Ayshah (radhiyallahou ‘anha) donna plus de détails
sur les raisons de son acte : « J’étais la femme d’un
Qouraydi, » dit-elle à ‘Ayshah (radhiyallahou ‘anha),
« et il y avait entre nous deux bien plus que de
l’amour. Lorsque le siège devint insupportable, je dis à
mon mari : « Hélas, les beaux jours de vie commune ne
vont peut-être plus revenir et vont être remplacés par
les lugubres nuits de la séparation. Quelle vie aurai-je
après toi ? »
Mon mari me dit alors : « Si ton amour est sincère,
voici un groupe de Musulman sous le fortin. Jette donc
une roche sur eux peut-être tombera-t-elle sur l’un
d’eux ainsi q’ils vainquent, ils te tueront à cause de
cela » et c’est que j’ai fait[18].
»
‘Ayshah (radhiyallahou ‘anha), la mère des Croyants
parlé avec étonnement de cette femme juive : « Par
Allah, elle était chez moi et elle me parlait
ouvertement pendant que le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) ordonnait l’exécution des hommes de
sa tribu dans le marché. Par Allah, je ne l’oublierai
pas. Elle m’a étonnée : elle était douce et riait alors
qu’elle se savait morte[19]
! »
Abou Dar (radhiyallahou ‘anhou) a dit que cette femme
(Mazina) était la femme d’un Juif du nom d’al-Hassan
al-Qouraydi.
Voici l’histoire d’une autre intercession pour un vieux
guerrier juif obstiné qui suscite l’étonnement. Ce Juif,
du nom d’az-Zoubayr Ibn Bata avait été dans son jeune
âge et dans la Jahiliyyah, un des chefs des Banou
Qouraydah. Avant l’avènement de l’Islam, il épargna par
une faveur, Thabit Ibn Qays Ibn ash-Shammas al-Khazraji,
un des Compagnons du Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam).
Lors de l’exécution des Banou Qouraydah, ce vieux
musulman intervint en faveur de son bienfaiteur auprès
du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui accepta
la demande du vieillard et annula la décision. Mais le
Juif refusa en définitive la grâce du Messager d’Allah
et préféra être exécuté pour rejoindre les siens.
Les détails de cette histoire insolite : La tribu des
Banou Qouraydah était considérée comme une partie de la
tribu des Aws, en temps de paix comme en temps de
guerre. Par conséquent, quand une guerre éclatait entre
les Aws les Khazraj, les Qouraydi se rangeaient au côté
de leurs alliés Aws comme le faisaient aussi les Banou
an-Nadr et les Banou Qaynouqa’ avec les Khazraj.
Lors de la bataille de Bou’ath qui ensanglanta ces
tribus et qui tourna en faveur des Aws, Thabit Ibn Qays
al-Khazraji fut pris prisonnier par le chef juif
az-Zoubayr Ibn Bata mais qui le libéra après lui avoir
coupé son toupet de cheveux et ce geste ne fut pas
oublié par Thabit Ibn Qays.
Quand les Banou Qouraydah abdiquèrent devant le siège de
l’armée du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam), Thabit se rappela alors sa dette envers Ibn
Bata et voulut alors le sauver de la mort comme l’avait
fait Ibn Bata lors de la bataille de Bou’ath.
Suivons le récit de l’histoire dans la
Sirah d’Ibn Hisham:
« Thabit Ibn Qays ash-Shammas alla trouver az-Zoubayr
Ibn Bata al-Qouraydi.
- « O Abou ‘Abd ar-Rahman. Me reconnais-tu » demanda
Thabit ?
- « Est-ce quelqu’un comme moi peut oublier quelqu’un
comme toi ? »
- « J’ai voulu te rétribuer pour le bien que tu m’as
fait. »
- « L’honorable ne rétribue que l’honorable, » dit
simplement az-Zoubayr.
Sur ce, Thabit Ibn Qays alla trouver le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et lui demanda : « O
Messager d’Allah, j’ai une dette envers az-Zoubayr et
j’aimerai le rétribuer. Fais-moi don de son sang. » Le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) lui
répondit : « Il est à toi. »
Quand Ibn Bata su qu’il était sauvé, il dit à son
sauveur que serait sa vie sans sa femme et sans son
fils. Alors Thabit revint chez le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et dit : « Tu me tiens
lieu de père et de mère, ô Messager d’Allah, fais-moi
don de sa femme et de son fils. » « Ils sont à toi » lui
répondit le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) (de
même que les biens de ce vieux guerrier).
-« Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
vient de m’octroyer tes biens. Ils sont à toi, » dit
Thabit à son ancien bienfaiteur.
- « Oh Thabit, qu’est devenu celui dont le visage
ressemble à une glace chinoise où l’on peut voir les
pures filles du quartier, Ka’b Ibn Assad ? »
- « Il est mort. »
- « Et le seigneur des citadins et des campagnards, Houyay
Ibn ‘Akhtab ? »
- « Mort aussi. »
- « Et Ghazzal Ibn Samaw’al ? »
- « Mort aussi. »
- « Et l’assemblée des notables (les Banou Ka’b et les
Banou ‘Amrou) ? »
- « Ils sont partis, ils sont morts. »
- « Oh! Thabit, je te supplie par ce que ma main t’a
fait de me laisser les rejoindre. Par Allah Exalté, la
vie n’a pas de gout après la mort de ceux-là. » Alors
Thabit le laissa prendre son chemin vers la mort[20]. »
Toujours dans le respect des décisions prises par Sa d
Ibn Mou’ad, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) désigna un groupe pour recenser tous les biens
des Banou Qouraydah (maisons, jardins, armes, meubles,
chevaux, chameaux...) ainsi que leurs femmes et enfants.
Mille femmes et enfants, mille cinq cents sabres, deux
mille flèches, trois cents boucliers, et cinq cents
cuirasses furent dénombrés.
Le groupe trouva aussi de nombreux tonneaux pleins de
vin qui furent détruits plus tard sur ordre du Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ce qui prouve
que la consommation du vin fut interdite bien avant la
campagne de Khaybar.
L’opération terminée, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) partagea alors tout le butin entre les
combattants qui participèrent au siège des Banou
Qouraydah. La distribution se fit selon le texte du
Qur’an : un cinquième au Prophète (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) qui le géra pour l’intérêt commun et les
quatre cinquièmes restants pour les combattants : « Et sachez que, de tout butin que vous avez ramassé, le cinquième
appartient à Allah, au Messager, à ses proches parents,
aux orphelins, aux pauvres, et aux voyageurs (en
détresse), si vous croyez en Allah et en ce que Nous
avons fait descendre sur Notre serviteur, le jour du
Discernement : le jour où les deux groupes se
rencontrèrent et Allah est Omnipotent. » (Qur’an
8/41)
Les quatre cinquièmes furent distribués par le procédé
des parts: trois parts pour le cavalier (une pour lui et
deux pour son cheval) et une part pour le fantassin car
le poids du cheval dans les batailles était décisif en
ces temps-là.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
octroya aussi une part qu’il évalua lui-même à sept
femmes musulmanes qui participèrent au siège. Ces femmes
étaient: Oum ‘Oumara, Safiyah Bint ‘Abd al-Mouttalib, la
tante du Prophète, Oum Salit, Oum al-‘Oula, as-Soumayrah
Bint Qays, Oum Sa’d Ibn Mou’ad et Kabsha Bint Rafi’. Ce
fut la première fois où le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) donna une part aux femmes comme ce
fut la deuxième fois où elles prirent part à la
bataille.
Ce fut la première fois aussi où le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna deux parts à deux
Shouhadah : Khallad Ibn Souwayd (tué par Mazina) et Abou
Sinan Ibn Mouhsin (décédé de mort naturelle
pendant le siège des Banou Qouraydah). Le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit à propos de
Khallad : « Il a eu une rétribution égale à celles de
deux Shouhadah. »
Lors de la distribution des prises, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) insista fortement sur le
fait de ne pas séparer l’enfant de sa mère ainsi que la
sœur de sa sœur.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit
: « Celui qui sépare une mère de son enfant. Allah Exalté le séparera de
ceux qu’ils aiment le Jour de la Résurrection. »
(At-Tirmidi).
Selon ‘Oubadah Ibn as-Samit (radhiyallahou ‘anhou), le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit :
« Ne séparez pas
la mère de son enfant. »
- « Jusqu’à quand » lui fut-il demandé ?
- « Que le garçon
devienne pubère et la fille menstruelle. »
At-Tirmidi a rapporté que ‘Ali Ibn Abou Talib
(radhiyallahou ‘anhou) a dit : « Le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) me fit don de deux
garçons. Quand je vendis l’un d’eux, il me demanda : « Qu’est
devenu ton garçon ? » Je lui répondis que je l’avais
vendu. Il me dit alors avec insistance : « Reprends-le,
reprends-le ! » Ce qui voulait dire que le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) détesta aussi la
séparation du frère de son frère.
Après la distribution du butin, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) vendit une partie des
captifs dans les pays voisins. Avec la vente de ces
captifs, il put acheter des chevaux et des armes qu’il
distribua aux Musulmans. Cette mission de vente de
captifs et d’achat fut accomplie par Sa’d Ibn Zayd
al-Ansari à Najd et Sa’d Ibn ‘Oubadah en Syrie.
La peine appliquée aux Banou Qouraydah mérite encore une
fois des éclaircissements non parce que nous doutons
dans notre Messager (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) mais
parce qu’il y a des voix qui prétendent que cette peine
était un acte de barbarie.
Il est donc de notre devoir de répondre à ces critiques
dénuées de tout fondement et de ces versions tronquées
qui n’ont pour but que de semer le doute et la confusion
dans l’esprit du Musulman.
D’abord et en tout premier lieu, le Musulman ne peut se
permettre d’émettre un avis ou de discuter une décision
prise par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ou
approuvée par lui car le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) ne prenait de décision que sur ordre
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et était sa
Voix. Allah Exalté ne dit-il pas dans le Noble Qur’an :
« Par l’étoile à son déclin ! Votre compagnon ne s’est pas égaré et n’a
pas été induit en erreur et il ne prononce rien sous
l’effet de la passion ; ce n’est rien d’autre qu’une
révélation inspirée. » (Qur’an53/1-4)
L’application de la peine de mort à l’encontre des Juifs
Qouraydi comme cela est rapporté dans le Sahih
al-Boukhari est une décision divine qui fit dire au
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à Sa’d Ibn
Mou’ad : « Tu as rendu la décision de celui qui est
au-dessus des sept Cieux. »
Bien que nous n’avons aucun droit de justifier les actes
du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ou
de parler à sa place néanmoins, et avec notre foi
indéfectible en cette juste sanction, nous allons
répondre à ces adversaires et leur prouver la légitimité
de cette décision qui est en totale conformité avec
toutes les règles de justice observées en toute époque
et en tout temps, même au vingtième siècle contrairement
au massacre et punitions collectives organisés par ces
même gens de nos jours.
Depuis l’arrivée du Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) à Médine, le cours des évènements
prouva que ces Juifs et tous les Juifs de Yathrib,
n’attendirent que le moment propice pour éliminer le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et mettre fin à
son Message avec n’importe quel moyen. Tous les moyens
furent employés : guerre psychologique, tentative
d’assassinat, opposition armée coïncidant toujours avec
le retour de l’armée du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) d’une bataille et enfin trahison et intelligence
avec l’ennemi malgré le traité signé par leurs
seigneurs.
Dans ce traité, tous les habitants de la région de
Yathrib, Juifs et Musulmans, avaient le même statut de
membre à part entière d’une même nation. Tous sans
distinction avaient des droits et des devoirs envers
leur nouvelle nation. Le Juif comme le Musulman avaient
le devoir, par exemple, de prendre les armes afin de
défendre l’intégrité de leur territoire (Yathrib) contre
toute invasion étrangère.
Mais, en quatre années d’existence de ce traité, les
évènements qui s’enchainèrent démontrèrent que les trois
tribus juives, en vérité, ne voulaient pas de ce traité
commun, et qu’elles n’avaient apposé leur signature que
par ruse dans l’attente d’une occasion propice pour le
renier.
Durant ces quatre années, le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) endura provocations et manigances,
insinuations et attitudes inamicales, bien qu’il
respecta avec une volonté sincère le traité. Quand il
prit les mesures nécessaires, ce ne fut que par réaction
préventive contre l’agressivité de ces Juifs. A aucun
moment, il ne prémédita ces réactions d’ailleurs tout à
fait légitimes contrairement à ces derniers qui virent à
chaque fois leur plan échouer.
Nous avons vu ce que perpétrèrent les Banou Qaynouqa’,
les Banou an Nadr et les Banou Qouraydah et comment
réagit le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui
expulsa simplement les Banou
Qaynouqa’ et les
Banou an-Nadr après leur abdication, malgré les
mauvaises intentions de ces derniers. Nous avons vu
comment il pardonna aux Banou Qouraydah qui se rangèrent
aux côté des Banou an-Nadr lors de l’essai infructueux
de ces derniers.
Cependant, ces Qouraydi n’hésitèrent absolument pas pour
trahir une deuxième fois quand ils crurent que la fin de
l’Islam était proche et certaine. Ils exploitèrent
l’éprouvante situation du siège de Coalisés non pas pour
venir en aide à leurs compatriotes et voisins musulman
mais pour trahir et rallier leur ennemi en rejetant le
pacte d’alliance et ce qui les liait à leurs voisins et
alliés.
Ces Juifs non seulement déchirèrent le traité d’alliance
mais le piétinèrent sous leur pieds quand ils mirent
leurs mains dans celles des ennemi coalisés des
Musulmans. Ils n’eurent aucune pitié quand les Musulmans
leur rappelèrent leurs engagements et leur engagement
avec le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) parce qu’à ce moment
précis, ils se sentirent totalement intouchables et
triomphant en plus de leur arrogance et se démasquèrent
en montrant leur vrai visage : « Qui est ce Muhammad
? Et qui est ce Messager d’Allah ? Nous ne connaissons
personne de ce nom et il n’y a aucun pacte entre nous et
cette personne » dirent-ils ! »
Ainsi fut la réponse des Banou Qouraydah aux Musulmans
lorsque 1a délégation musulmane leur demanda de rester
fidèles à leur engagement et de respecter leurs
obligations militaires.
Ces Juifs n’auraient pas opté pour cette voie extrême
s’ils n’avaient pas été convaincus de l’écrasement
définitif de la jeune communauté de l’Islam. Ne
voyaient-ils pas à cet instant-là ces milliers de
Coalisés en amures qui s’apprêtaient à envahir Médine
alors qu’eux étaient en aval ?
Seul Allah Exalté sait ce qui serait arrivé si la
bataille avait tourné au profit des Coalisés et de
Juifs. Ces Juifs auraient-ils hésité à punir sévèrement
les Musulmans, sachant qu’ils avaient accepté de rallier
les Coalisés qu’à la condition expresse d’exterminer
tous les Musulmans ? Ne renouvelèrent-ils pas cette
condition aux Coalisés dans les derniers jours du
Khandaq quand ils leur demandèrent les soixante-dix
otages[21]
?
Après donc leur trahison et intelligence avec l’ennemi,
un observateur neutre et juste pourrait-il dire : « La
condamnation à mort des Banou Qouraydah fut une
condamnation inhumaine et injuste ? »
Quant à nous, en toute sérénité et en toute confiance,
nous disons d’emblée, à l’adresse de ceux qui critiquent
cette décision qu’elle ne fut si sévère et ni cruelle
quand on sait que les troupes françaises conduisirent
des tribus berbères algériennes complètes et innocentes
dans des caves et qu’ils brulèrent vifs hommes, femmes,
enfants, vieillards et même animaux alors qu’ils
n’étaient même pas des combattants ou que les gens de
Sabra et Shatila et autres furent exécutés sans aucune
raison exceptés pour leur voler leur terre.
La sanction fut donc une punition juste qui s’applique
pour tout traitre et tout criminel qui intente à la vie
d’autrui, une punition que la conscience humaine ne
réprouve aucunement, que les lois internationales
acceptent, une punition qui s’applique encore de nos
jours. Et, pour prouver ce que nous avançons, nous
disons que :
1. Les Juifs faisaient partie des habitants de la région
de Yathrib Ils formaient avec les Musulmans une seule
nation, (selon les termes contemporains de la loi)
puisqu’ils habitaient le même pays avant et après
l’avènement de l’Islam.
Avec l’arrivée du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) et la conversion des Ansar à l’Islam, les
Juifs acceptèrent sans aucune pression et sans aucune
contrainte la signature du traité d’alliance. Avec ce
traité, les Juifs et les Musulmans avaient les mêmes
droits et les mêmes devoirs envers le même pays
(Yathrib).
2. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
signa avec ces Juifs le traité d’alliance ou chaque
partie s’engagea ainsi à participer à la défense du pays
(Yathrib, à l’époque) contre toute invasion. Dans
l’article 44 de ce traité, il est écrit à propos de la
défense commune : « Il est de leur devoir (les Juifs et
les Musulmans) de s’entraider contre les agresseurs de
Yathrib. »
Dans l’article 36 de ce même traité, il est écrit :
« Les Juifs ont leurs propres dépenses comme les
Musulmans ont leurs propres dépenses. Tous ensembles,
ils s’entraident contre celui qui attaque ce traité.
Entre eux, le conseil et la bienfaisance doivent être
des règles de conduite en dehors de tout mal. »
3. Les Juifs reconnurent donc en apposant leurs
signatures, qu’ils étaient avec les Musulmans une seule
Oumma (nation) dans leur pays et que chaque communauté
avait sa religion.
Dans l’article 25, il est écrit : « Les Juifs sont une
Oumma (nation) avec les Musulmans. Les Juifs ont leur
religion comme les Musulmans ont leur religion. »
Cet article est très clair. Il interdit à quiconque
d’entrer en liaison avec l’ennemi. Les Juifs, après la
signature du traité et leur intelligence avec les
Coalisés, devinrent désormais des traitres qui
méritaient selon la loi la peine à quiconque commet un
acte de haut trahison en temps de guerre.
5. De plus, les Juifs reconnurent le pouvoir musulman
nouvellement installé à Yathrib et qu’ils étaient
reconnus des citoyens de Yathrib à part entière ayant
les mêmes droits et devoirs que les Musulmans sauf dans
le domaine du statut personnel (mariage, divorce,
héritage) et celui qui concernait leur religion. Tout
comme ils reconnurent aussi que le chef du pouvoir était
Muhammad, le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam).
(Articles 35, 36, 42).
Voilà donc les principaux articles de ce traité qui est
en fait une loi qui régit les rapports entre les deux
communautés et les individus.
Une vue approfondie et dénuée de tout sentimentalisme
sur les articles de ce traité ainsi qu’une position
neutre devant les actes de haute trahison des Banou
Qouraydah commis en temps de guerre ne permet pas de
nier l’extrême gravité de ces mêmes actes tout comme il
est difficile pour une personne raisonnable dominant ses
sentiments de dire que la punition prise à l’encontre de
ces traitres et criminels s’opposaient aux règles de
justice, aux principes humanistes et aux bases du droit
international.
D’autre part les lois de cette époque ne peuvent pas
être appliquées aux lois du vingtième siècle même s’ils
elles restent totalement humanistes.
Les Banou Qouraydah commirent trois crimes dont un seul
suffit pour les accuser de haute trahison et qui
justifie comme dans toutes les lois de tout pays leur
condamnation à mort :
1. Contact de l’ennemi et divulgation de secrets
militaires qui exposèrent au danger l’armée musulmane.
2. Soutien logistique et soutien moral de l’ennemi dans
le but d’occuper Médine et d’écraser l’armée musulmane.
3. Levée des armes contre l’armée de leur propre pays et
violation du traité au moment le plus dangereux.
Finalement le verdict n’a pas été donné par le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) mais par une
tierce personne avec l’aval de toutes les parties
concernées et nulle nation jusqu’à ce jour n’a permis à
un juge accepté aussi par la partie adverse de juger ses
propres traitres que cela soit bien clair ce qui prouve
de loin la mansuétude du Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) prouvée encore une fois
par tous ceux qui vinrent intercéder pour les Juifs.
Nulle nation au monde et dans l’Histoire de l’Humanité
n’intercèderait pour des traitres.
Et maintenant, à ceux qui s’opposent encore au verdict
juste de Sa’d Ibn Mou’ad (radhiyallahou ‘anhou) qui fut
d’ailleurs aussi approuvé par le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), j’aimerai poser la
question : Quel verdict prononce-t-on aujourd’hui sur la
base de la loi de n’importe quel pays dans ce genre
d’affaire ? Quel verdict prononce-t-on contre celui qui
trahit les intérêts supérieurs de son pays et de son
peuple, qui se met en contact direct et indirect dans
une situation de guerre avec un ennemi, supérieur de
surcroit en tout domaine, ennemi qui menace d’envahir à
tout moment et d’écraser toute la population ?
Je crois, à mon humble avis, qu’aucun de ces adversaires
ne trouvera ne serait-ce un seul pays du monde qui
déclarerait à ce type de scélérats : « Partez donc, vous
êtes libres ! Allez-vous en, on a rien à vous
reprochez. »
Je vous rappelle aussi que même un grand nombre de
« présumés » traitres furent exécutés tout au long de
l’Histoire que dire alors des véritables coupables !
Donc ces adversaires, avec un peu de bon sens (s’ils en
ont ce dont je doute), devraient plutôt dire quand eux
même ont exécutés des traitres et des innocents des
manières les plus brutales : « Le verdict pour ceux qui
commettent ce genre de trahison et le plus indulgent est
la peine de mort ! » Car, dans toutes les lois de tous
les pays, la peine de mort est non seulement exigée mais
vite appliquée à ceux qui commettent ne serait-ce qu’un
des trois crimes cités.
Chez toutes les nations, actuelles ou des temps révolus,
cette question est très claire : On ne joue pas avec
l’intégrité territoriale, ni non plus avec la sécurité
des biens et des personnes. Que dira-t-on alors du
fondement religieux qui est la raison de vivre de
n’importe quelle communauté ?
Par conséquent, afficher des preuves de sectarisme, de
partialité et d’arbitraire et soutenir que la sanction
qui frappa les Banou Qouraydah fut un jugement injuste
et contraire aux principes humanistes ne peut venir que
de personnes de mauvaises fois, de criminels ou de
traitres eux-mêmes.
Si ces Juifs ne se suffirent pas à espionner en état de
guerre, leurs concitoyens au profit d’un ennemi et leurs
fournirent aussi de l’aide, ils allèrent encore plus
loin dans leur trahison en prenant les armes contre
leurs concitoyens et alliés occupés alors à repousser
l’ennemi écrasant ainsi toutes les valeurs, tous les
usages chevaleresques et même le traité d’alliance.
La stricte sanction des Banou Qouraydah est un juste
châtiment qui a pour solide et fondement reconnu, une
base internationale générale et acceptée par tous et à
travers tous les âges. Cette sanction n’a nullement
dévié des principes de justice et d’équité surtout à
cette époque-là dominée par un état de guerre.
D’autre part un autre aspect de la question peut être
levée par un de ces adversaires et que nous mentionnons
pour prouver notre partialité : Pourquoi le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne s’est-il pas comporté
avec les Banou Qouraydah comme un chef militaire
vainqueur ?
La réponse à cette question est toute simple :
Les Juifs, en ralliant les Coalisés se mirent en état de
guerre avec les Musulmans après avoir été des alliés
faisant partie d’une seule Oumma (nation). Ils avaient
tous, les Juifs et les Musulmans, le devoir de défendre
ensemble leur pays contre toute attaque étrangère, comme
stipulé dans le traité.
Les Banou Qouraydah ne pouvaient donc pas être traités
comme on traite un ennemi qui engage une guerre et qui
se rend ensuite. Le cas de ces Juifs est celui du
traitre qui complote contre son pays en état de guerre
et il n’y a qu’une seule réponse de la loi dans ce cas
particulier et dans toutes les nations : La Peine
Capitale !
|