L’expédition
punitive des Bani Fazara
Du vivant du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam),
Fazara était l’une des plus grandes tribus du Najd. Son
chef était, comme nous l’avons déjà mentionné ‘Ouyaynah
Ibn Hisn, surnommé le stupide, avait sous ses ordres dix
mille hommes.
Cette tribu qui était l’un des plus redoutables ennemis
des Musulmans et voisin immédiat de Médine essayèrent à
plusieurs reprises de s’attaquer aux Croyants en plus du
fait que les Juifs utilisaient cette tribu dans maintes
circonstances.
Ainsi, il était tout à fait normal que le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) entreprenne des actions
militaires contre cette tribu et comme les Musulmans
étaient sur le point d’affronter d’autres ennemis, il
fallait donc sécuriser les arrières de Médine c’est
pourquoi au mois de Ramadan de l’an 6 de l’Hégire, le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) nomma,
d’après Mouslim dans son
Sahih,
Abou Bakr as-Siddiq à la tête d’une importante force
militaire dont le nombre n’a pas été rapporté par les
historiens. Cependant Ibn Sa’d a rapporté dans ses
Tabaqat que le commandant de l’expédition fut Zayd Ibn Haritha.
Les historiens ne divergent pas sur les détails
importants, exception faite pour la date de l’envoi des
troupes ; Ibn Hazm situe l’expédition au mois de Ramadan
de l’an 6 de l’Hégire tandis que les autres la
rapportent en
l’an 7.
Quant à nous, nous choisissons la version de Mouslim
parce que l’authentification de son
Sahih
est plus rigoureuse. Et, pour la même raison nous
croyons que l’an 6 est plus plausible.
Lorsque les Musulmans arrivèrent dans les terres de
l’ennemi, les Bani Badr un clan des Fazara, ils
attaquèrent aussitôt avant l’aube. Ils firent plusieurs
victimes et prirent plusieurs prisonniers dont la
redoutable Oum Qarafa, le véritable chef des Bani Badr,
qui ordonna à trente de ses fils et de ses petits-fils
d’assassiner le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) à Médine même[1].
En plus d’Oum Qarafa, sa fille, Jariyah Bint
Malik Ibn
Houdayfah Ibn Badr qui était l’une des beautés de
l’Arabie fut aussi prise prisonnière. C’est grâce à elle
que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) libérera
plus tard les prisonniers Musulmans détenus par les
Mecquois qui demandaient une rançon.
La
Sariyyah de Karz al-Fihri
Au mois de Shawwal de l’an 6 de l’Hégire, huit ‘Ourayni
vinrent déclarer leur conversion au Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et tombèrent malades peu
après. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) donna alors l’ordre de les emmener à Joudour,
près de Qouba, à six miles de Médine ou le climat était
meilleur afin qu’ils guérissent rapidement et ou le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) y laissait ses
meilleures chamelles laitières qu’il leur recommanda
d’utiliser jusqu’à ce qu’ils retrouvent leur santé.
Ils s’y rendirent donc, se rétablirent et prirent même
du poids mais ils se comportèrent comme des perfides,
volèrent les chamelles du Prophète (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) et essayèrent de s’enfuir vers leur
territoire. Yassar, l’affranchi du Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) vit leur vil
comportement et se jeta à leurs trousses avec un petit
groupe de Musulmans et après un accrochage, les ‘Ourayni
eurent le dessus et tuèrent Yassar, lui coupèrent une
main et un pied et lui enfoncèrent des épines dans la
langue et les yeux.
Informé de leur actes barbares, le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) choisit vingt cavaliers dont il donna
le commandement à Karz Ibn Jabir al-Fihri et lui ordonna
de rattraper les assassins. Le commandant de Sariyah put
rattraper les ‘Ourayni et les ramener au Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui leur infligea une
peine correspondant à leur crime.
L’expédition de Zayd Ibn Haritha à Madian
Ni la date et ni l’objectif de cette expédition ne sont
rapportés par les historiens. Les seuls détails
mentionnés nomment Zayd Ibn Haritha commandant de la
mission, le lieu et un nombre inconnu de prisonniers.
Cependant, la date peut se situer en l’an 5 de l’Hégire
car cette expédition est citée, dans
as-Sirah
al-Halabiya, tout juste avant l’expédition de
‘Ali Ibn Abi Talib contre les Bani Sa’d au mois de
Sha’ban de cette même année.
La mort du roi de Khaybar, Abou Rafi’
Après l’exécution de Houyay Ibn Akhtab an-Nadri, Abou
Rafi’ Sallam Ibn Abi al-Houqayq devint le chef de
Khaybar. Son animosité envers le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) n’avait d’égale que
celle de Houyay avec qui, il fut l’un des instigateurs
du siège de Médine par les Coalisés. Il fut aussi
derrière la tentative d’assassinat du le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui, confiant,
se rendit avec quelques Sahaba chez les Bani Nadr pour
discuter avec eux sur des engagements stipulés par le
pacte signé.
Malgré cela, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
pardonna à Abou Rafi’ mais ce dernier, ne changea pas
son comportement et comme nous l’avons déjà mentionné,
dès son arrivée à Khaybar, il contacta les tribus du
Najd et du Hijaz pour mettre un terme à l’Islam qui
résultat par la bataille d’al-Khandaq, le Fossé. Après
sa fuite à Khaybar, ce riche usurier utilisa sa fortune
pour inciter les tribus païennes, particulièrement celle
de Ghatafan, contre les Musulmans dans le but de
déclencher une autre guerre, un acharnement qui causera
sa mort.
Le commandement suprême des Musulmans se vit convaincu
de la nécessité d’arrêter ces manigances mortelles et
l’élimination d’Abou Rafi’ était la seule et unique
solution surtout que les ennemis de l’Islam en Arabie ;
Qouraysh et les autres tribus du Hijaz et du Najd, les
hypocrites qui se trouvaient à Médine et enfin les Juifs
de Khaybar, à soixante-dix miles de Médine attendaient
non seulement nombreux mais attendaient tous le moment
propice.
Ce danger urgent préoccupait particulièrement les
Musulmans et la disparition d’Abou Rafi’ pousserait
peut-être les juifs de Khaybar à la neutralité c’est
pourquoi, au mois de Ramadan de l’an 6 de l’Hégire,
l’Envoyé d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) confia
l’élimination d’Abou Rafi’ à un commando de cinq Ansar
de la tribu de Khazraj :
1 - ‘AbdAllah Ibn ‘Outayk, le chef,
2 - Mas’oud Ibn Sinan,
3 - ‘AbdAllah Ibn Ounays,
4 - Al-Harith Ibn Rab’i Abou Qatada et,
5 - Khouza’i Ibn Aswad.
Al-Boukhari a rapporté l’opération : « Le groupe
musulman arriva au coucher du soleil et approcha du fort
d’Abou Rafi’ au Hijaz au moment où les gens retournaient
des pâturages avec leurs troupeaux. ‘Abdallah dit à ses
Compagnons :
- « Restez-ici ! Je vais m’approcher du portier
peut-être me laissera-t-il entrer. » Il s’approcha de la
porte se couvrant avec son vêtement et mima un besoin au
moment-même alors que les gens regagnaient la citadelle.
Le portier lui dit :
- « Hé toi, veux-tu entrer ou non, je vais fermer la
porte ? »
Et ‘Abdallah de poursuivre le récit : « J’entrai et me
retira dans un coin isolé tandis que les gens entraient
toujours. A la fin, le portier ferma la porte, accrocha
les clés et partit.
Je me glissai alors, pris les clés et me dirigea pour
ouvrir la porte d’Abou Rafi’ qui était dans une pièce en
haut de sa demeure avec d’autres personnes. Une fois que
ces derniers le quittèrent, je montai vers lui pour
l’abattre. A chaque fois que j’ouvrais une porte je la
fermais tout de suite derrière moi en me disant :
« Ainsi ils ne pourront me rattraper qu’après l’avoir
abattu ! »
En entrant dans une pièce, je me rendis compte de sa
présence dans une chambre au milieu de sa famille mais
sans pouvoir exactement le localiser du fait de
l’obscurité. Je pris alors le risque de crier : « O Abou
Rafi’ ! »
- « Qui est là » demanda-t-il ?
Je dirigeai
immédiatement mes coups d’épée vers la source de la voix
sans pouvoir l’abattre car j’étais agité. Il cria et je
sortis de la chambre pour aller me cacher mais je revins
en lui disant cette fois : « O Abou Rafi’ ! Qu’est-ce
que c’est que ces cris ? »
- « Il y a un homme à l’intérieur de la maison qui vient
de me frapper avec son épée ! » Sur ce, je le frappai de
nouveau, mais cette fois je pus le toucher gravement
sans toutefois l’abattre puis je mis la pointe de mon
épée au milieu de son ventre et le transperçais.
Ayant terminé, je retournai en ouvrant les portes une à
une mais en arrivant à la fin de l’escalier, je crus que
j’étais arrivé au rez-de-chaussée mais malheureusement
tombai et me fracturait la jambe que je pus bander avec
un turban et m’assit près de la porte en me disant :
« Je ne quitterai ces lieux qu’en s’assurant si je l’ai
vraiment tué ! »
Enfin, au premier chant de coq, le Na’i (celui qui
annonce la mort d’une personne), monta sur la muraille
et cria : « J’annonce la mort d’Abou Rafi’, le grand
commerçant du Hijaz. » En entendant la nouvelle, je me
dirigeai tout de suite vers mes Compagnons et leur
dit : « Sauvez-vous, Allah Exalté a tué Abou Rafi. »
Ruine Masjid d'al-Houdaybiyah
La mort du deuxième roi de Khaybar, Oussayr Ibn
Zarim
Après la mort d’Abou Rafi’, les Juifs de Khaybar
désignèrent leur nouveau roi, Oussayr Ibn Zarim qui
poursuivit la politique de son prédécesseur envers les
Musulmans. Il voulut, comme Rafï’, organiser une grande
opération militaire contre Médine et imagina un projet,
nouveau en partie : « Je vais faire à Muhammad, dit-il,
ce que mes prédécesseurs n’ont pas fait. »
- « Et que vas-tu faire » demandèrent les notables
juifs ?
- « J’irai en personne chez les Ghatafan et les
rassemblerai pour lui faire la guerre. »
- « Bonne idée, » répondirent-ils[2].
Puis Oussayr quitta Khaybar et se rendit dans les
différents territoires des tribus Ghatafani en les
incitants à rassembler une armée contre les Musulmans.
Et pour dissiper leur crainte, il adopta la même méthode
de Houyay Ibn Akhtab et de Sallam Ibn Abi al-Houqayq :
l’argent.
Cependant, Médine était aux aguets. La trahison juive
pendant le siège des Coalisés leur avait enseigné une
leçon et leur crainte se révéla justifiée. Le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fut informé du
nouveau projet juif que Oussayr était en train de tramer
et pour la vérifier, il convoqua ‘Abdallah Ibn Rawahah,
ainsi que deux de ses Compagnons, et lui commanda
d’aller à Khaybar pour vérifier la chose.
De retour, ‘Abdallah confirma l’existence du complot et
le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) désigna
‘Abdallah Ibn Rawahah de nouveau à la tête de trente
hommes et lui donna l’ordre de se diriger sur Khaybar,
de contacter Oussayr et d’essayer de le convaincre de
délaisser le projet et d’entrer en pourparlers avec le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pour une
nouvelle paix.
‘Abdallah Ibn Rawahah quitta Médine avec ses hommes au
début du mois de Shawwal de l’an 6 de l’Hégire. En
arrivant, à Khaybar, il envoya une personne au roi pour
l’informer de l’arrivée des Musulmans qui désiraient
parler avec lui et demandèrent aussi l’aman : - «
Sommes-nous en sécurité afin que nous t’informions de la
chose pour laquelle nous sommes venus ? » demanda
‘Abdallah.
- « Oui et puis-je avoir de même de votre part »
répliqua Oussayr ?
- « Oui, » acceptèrent les Musulmans[3].
Après ces garanties réciproques, les Musulmans entrèrent
à Khaybar, et une fois avec Oussayr, ‘Abdallah l’informa
du message du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
qui se résumait en deux points :
1 - L’invitation de Oussayr de se rendre à Médine pour y
rencontrer le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) et mettre fin à l’état de guerre et,
2 - Oussayr, après l’accord, restera à la tête des
Khaybar[4].
En plus de ces deux points, Ibn Rawahah confirma à
Oussayr qu’il serait traité avec égard par le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
Après cet entretien, le roi de Khaybar se retira pour
discuter la proposition avec le reste des chefs juifs
qui manifestèrent alors leur opposition qu’Oussayr
refusa et décida d’aller toutefois à Médine en
s’appuyant sur cet argument « il (le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam)) en a assez de la guerre
» et décida d’accompagner ‘Abdallah Ibn Rawahah avec
trente Khaybari, exactement comme le même nombre de la
délégation musulmane. Et comme la confiance était la
dernière des choses à exister entre les deux, ils
demandèrent à ce que chaque Musulman mette en croupe un
Juif et Oussayr se mit derrière ‘Abdallah Ibn Ounays.
Tout se déroula sans embuches quand, tout à coup, les
Juifs essayèrent, au cours du chemin, de trahir leur
engagement et Oussayr Ibn Zarim en personne essaya
d’abattre son Compagnon de route en voulant lui arracher
son épée. Mais comme ‘Abdallah Ibn Ounays était sous ses
gardes, la tentative du roi se solda par un échec et
c’est le Khaybari qui trouva la mort.
Le reste des Juifs s’accrocha avec les Musulmans et
furent tous abattus à l’exception d’un seul d’entre eux
qui put prendre la fuite et rejoindre Khaybar.
Les Qouraysh
Après l’expatriation du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) et de ses Compagnons à Médine, Qouraysh ne put
contenir sa rage. La première décision prise par les
Mecquois, à Dar an-Nadwa, fut la déclaration de leur
hostilité à l’égard des Musulmans qu’ils considéraient
comme des ennemis qu’il fallait abattre là où ils les
croiseraient. Pire, La Mecque, la capitale du
polythéisme arabe, décida d’interdire son Sanctuaire aux
adeptes de la nouvelle religion. Cette interdiction
durera six ans ou aucun Musulman n’eut le droit de faire
ses processions du pèlerinage autour de la Ka’bah.
D’autre part, durant cette période, Qouraysh ne se
contenta ni de ses déclarations hostiles ni de ses
interdictions injustes mais essaya d’assassiner le
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à plusieurs
reprises et mena plusieurs opérations militaires contre
lui dont les plus dangereuses furent :
1 - La bataille de Badr, en l’an 2 de l’Hégire
2 - La bataille d’Ouhoud, en l’an 3 de l’Hégire
3 - Le siège des Coalisés (al-Ahzab ou al-Khandaq), en
l’an 4 de l’Hégire.
Cependant, aucune de ces opérations, même celle
d’Ouhoud, ne donna le dessus aux polythéistes bien au
contraire, les bases de l’État musulman naissant se
consolidèrent de plus en plus en Arabie, le nombre des
nouveaux convertis augmenta avec une rapidité
spectaculaire et les Musulmans devint une puissance
respectable surtout après l’échec total des Coalisés et
la punition sévère que reçurent les Bani Qouraydah
La seule puissance que craignaient les Musulmans fut les
dix mille guerriers de Khaybar qui guettaient le moment
propice pour passer à l’action mais le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) put les contraindre à la
défensive, surtout après l’exécution de leur roi Abou
Rafi’ et la mort de son successeur, Oussayr.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) décide d’accomplir la ‘Oumrah
Bien que les Musulmans considéraient les Juifs de
Khaybar comme une menace mortelle, ils furent convaincus
de la volonté réduite à néant de ces derniers incapables
de prendre aucune initiative contre eux, du moins
temporairement.
Médine imposa donc réellement son autorité dans les
régions voisines et saisissant cette occasion, le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida
de faire la ‘Oumrah avec un certain nombre de ses
Compagnons, un rêve qui ne put se réaliser durant cinq
ans, à cause de l’interdiction des Qouraysh mais
désormais le poids de la balance avaient changé et
Qouraysh n’était plus cette puissance qu’on craignait
jadis.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
n’eut nullement l’intention de provoquer les Mecquois
bien au contraire, pour leur faire part de ses
intentions pacifiques, il (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) leur dépêcha un ambassadeur tout en restant
méfiant à leur égard du fait de l’état de guerre.
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) décida donc
de faire le petit pèlerinage et lança un appel général à
tous les Musulmans, nomades et citadins. Mille quatre
cents personnes seulement accompagneront le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) tandis que les
hypocrites de Médine et les Arabes à faible conviction,
trouvèrent maintes excuses et crurent que les Qouraysh
utiliseraient la force pour interdire l’entrée de La
Mecque aux pèlerins Musulmans.
Certains ne cachèrent pas leur crainte : « Comment
pouvons-nous aller chez des gens (les Qouraysh) qui
l’ont (le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam)) attaqué en son foyer même, Médine, et en plus
abattu ses Compagnons[5]. »
Même le Noble Qur’an les
confondis : « Ceux
des Bédouins qui ont été laissés en arrière te diront :
« Nos biens et nos familles nous ont retenus : implore
donc pour nous le pardon. » Ils disent avec leurs
langues ce qui n’est pas dans leurs cœurs. Dis : « Qui
donc peut quelque chose pour vous auprès d’Allah s’Il
veut vous faire du mal ou s’Il veut vous faire du bien?
Mais Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous
œuvrez. Vous
pensiez plutôt que le Messager et les croyants ne
retourneraient jamais plus à leur famille. Et cela vous
a été embelli dans vos cœurs ; et vous avez eu de
mauvaises pensées. Et vous fûtes des gens perdus.
» (Qur’an 48/11-12)
En plus de cette mauvaise volonté, les hypocrites
entamèrent une campagne outrancière dans le but de
détourner le reste des croyants d’aller avec le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) mais toutes leurs
démarches se révélèrent vaines. Mille quatre cents
Mouhajirine et Ansar répondirent favorablement à l’appel
et se préparer pour La Mecque.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
demanda en outre à Bousr Ibn Soufyan al-Khouza’i de lui
acheter des chamelles et des vaches pour les offrandes
avant de lui dire : « O Bousr, attend, ne quitte pas
Médine ! Tu sortiras avec nous. Si Allah Exalté le veut,
nous accomplirons la ‘Oumrah. » Bousr s’exécuta et
acheta au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) soixante-dix bêtes dont se chargera Najiya Ibn
Joundoub al-Aslami et les emmènera à Dzoul Houlayfah.
Lorsque les préparatifs du voyage furent achevés et
après que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) laissa le commandement de Médine à Noumayla Ibn
‘Abdallah al-Laythi et la présidence de la prière à Ibn
Oumm Maktoum, il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna
le signal du départ un lundi au début du mois de Dzoul
Qi’dah de l’année 7 de l’Hégire.
Après avoir fait ses ablutions majeures et s’être
habillé de deux pièces d’étoffe blanches à la porte de
sa maison, il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) monta sa
chamelle al-Qaswa et se dirigea vers Dzoul Houlayfah.
Après avoir marché dix miles, les Musulmans dont deux
cents cavaliers arrivèrent à Dzoul Houlayfah où le
Prophète le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) se sacralisa. Ainsi, les présents, non encore
informés des intentions du Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam), furent au courant du véritable but
de ce voyage : le pèlerinage.
C’est aussi à Dzoul Houlayfah que ‘Umar Ibn al-Khatab et
Sa’d Ibn ‘Oubadah lui suggérèrent de laisser ses
Compagnons armés. « Tu veux t’en aller sans armes chez
des gens qui sont en guerre avec toi » s’étonna ‘Umar !
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) accepta leur
remarque et envoya quelques-uns d’entre eux à Médine
pour rapporter les armes.
A Dzoul-Houlayfah, il présida la prière de Zouhr avant
de couvrir les bêtes et de saigner quelques chamelles
sur leurs bosses en les orientant sur la Qibla pour
distinguer les bêtes d’offrande des autres bêtes.
Quant à la sacralisation (l’Ihram), il la commença sur
sa monture même tout en se dirigeant vers La Mecque, en
prononçant la Talbiyyah : Me voilà, ô Seigneur, me
voilà...! Me voilà... Tu n’as aucun associé... Me voilà
! Les louanges et les bienfaits sont à Toi, ainsi que la
Royauté... Tu n’as aucun associé. »
Quatre femmes sortirent avec le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) :
1 - Oum Salamah
(radhiyallahou ‘anha), l’épouse du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam),
2 - Oum ‘Amara (radhiyallahou ‘anha),
3 - Oum Mani’ (radhiyallahou ‘anha),
4 - Oum ‘Amir
(radhiyallahou ‘anha) et les trois dernières toutes des
Ansar.
Les éclaireurs
L’état de guerre ne permet aucune négligence et bien que
le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne voulait
pas la guerre, il envisagea toutefois la possibilité
d’être attaqué à tout moment par Qouraysh.
Les Musulmans étaient en état de sacralisation, état que
tous les Arabes païens respectaient mais rien ne
prouvait que les Mecquois allaient le respecter.
Il fallait donc connaitre les effets que provoqueraient
un pèlerinage des Musulmans au sein des Qouraysh et le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) appela
Bousr Ibn Soufyan al-Khouza’i et lui dit : « Qouraysh
vient d’être informé sur ma ‘Oumrah, enquière-toi puis
vient m’informer de leur réaction. » Bousr se rendit
aussitôt à La Mecque et y resta le temps nécessaire pour
accomplir sa mission avant de rejoindre le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à ‘Assafane.
D’autre part, et toujours dans le but d’être
suffisamment informé pour prévenir tout danger, le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avant
d’arriver à ‘Assafane forma à Dzoul Houlayfah une
avant-garde de vingt cavaliers parmi lesquels se
trouvaient al-Miqdad Ibn al- Aswad, Abou ‘Ayash
az-Zourqi, al-Houbab Ibn Moundir, ‘Amir Ibn Rabi’ah,
Muhammad Ibn Maslamah al-Ansari, Sa’d Ibn Zayd et dont
il donna le commandement à ‘Abbad Ibn Bishr al-Ansari.
Grace à ces mesures, le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) put poursuivre son chemin vers La
Mecque.
Al-Waqidi a rapporté :
« Mille six cents d’entre les Musulmans sortirent avec
lui (le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam)), certains avancent le nombre de mille quatre
cents et d’autres mille cinq cent vingt-cinq hommes. Les
Aslami comptaient à eux seuls cent hommes.
D’autre part, il y avait en tout et pour tout quatre
femmes.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
en allant à La Mecque passa par les Arabes
habitant entre Médine et La Mecque. Les cavaliers
marchaient en tête suivit par Najiyah Ibn Joundoub avec
les offrandes accompagné par deux jeunes Aslami.
Le mardi matin, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) arriva à Malal[6].
Sayala fut sa station de nuit. Après quoi, le lendemain
matin, il atteignit Rawaha[7]
ou il croisa quelques groupes des Bani Nahd qu’il appela
à l’Islam mais qui refusèrent. Cependant, ils lui
envoyèrent ensuite avec un de leurs hommes un peu de
lait
que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
refusa en disant : « Je ne peux accepter le cadeau d’un
polythéiste » tout en commandant aux Musulmans d’acheter
ce lait, ce qui remplit de joie les Bani Nahd. »
La réaction de
Qouraysh
Les Arabes païens accordaient le droit de visiter la
Ka’ba à quiconque, sans distinction de race, de couleur
ou de religion. C’était une loi convenue entre les
différentes tribus et n’importe quelle personne pouvait
accomplir son pèlerinage sans nulle crainte, surtout
durant les mois sacrés. Donc, la ‘Oumrah du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et de ses Compagnons
n’avait rien de choquant ou de provoquant.
Pour Qouraysh, les gardiens des lieux sacrés qui avait
la responsabilité du respect du sanctuaire, tout devait
être facilité pour tous les pèlerins sans exception,
c’était son devoir et en même temps son honneur reconnu
par les Arabes mais en cette circonstance les Qouraysh
affichèrent orgueil et colère car pour les Mecquois, la
‘Oumrah du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
n’avait qu’un seul but : prouver leur incapacité et leur
faiblesse devant de telles provocations autrement dit,
prouver aux Arabes que Qouraysh n’avait plus ce fameux
rôle tant respecté en Arabie. Muhammad ne veut-il pas
montrer que nous avons perdu et notre rôle politique et
notre autorité militaire se dirent les Mecquois en plus
d’être convaincus que Muhammad cherchait à se venger[8].
Aux yeux des Qouraysh cela apparut comme une provocation
manifeste et une vague de colère, de malaise, d’angoisse
et de crainte se propagea dans la Cité Sacrée si bien
que les dignitaires se rassemblèrent dans-Dar-an- Nadwa
et décidèrent de faire face au danger. Et pour ne rien
laisser au hasard, ils désignèrent trois de leurs chefs
à qui plein pouvoir fut donné pour suivre l’affaire et
empêcher les Musulmans de s’approcher de La Ka’bah :
- ‘Ikrimah Ibn Abou Jahl al-Makhzoumi
- Safwan Ibn Oumayya al-Joumahi
- Souhayl Ibn ‘Amrou al-‘Amiri.
A ces trois personnes, on donna plein pouvoir
Al-Waqidi[9]
rapporta :
« Informé de la sortie du Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam), les polythéistes (de La Mecque)
furent saisis de crainte. Ils se réunirent et
demandèrent l’avis de leurs sages. Ils se dirent : « Il
(le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam))
veut entrer chez nous (à La Mecque) avec ses soldats
pour faire la ‘Oumrah. Les Arabes entendront (surement)
cela ! Le laisser entrer par force alors que nous sommes
en guerre avec lui ! Par Allah Exalté, jamais ! Tant que
nous aurons « un œil qui cligne » cela ne pourra
arriver. » Après quoi, ils se mirent d’accord pour
confier l’affaire à Safwan Ibn Oumayya, Souhayl Ibn
‘Amrou, et ‘Ikrimah Ibn Abou Jahl. »
Ce trio, après des entretiens avec les autres chefs,
envisagea un plan visant à affronter les Musulmans, si
affrontement il y aurait, et les repousser par la force
des armes si jamais ils insistaient à faire leur
pèlerinage Ce plan peut être résumé comme suit :
1 - Déclarer l’alerte générale et armer tous ceux qui
pouvaient combattre.
2 - Demander le soutien des alliés (les Ahabish, Thaqif
et autres) afin qu’ils aident militairement Qouraysh.
3 - Adopter un budget de guerre, surtout pour
ravitailler les soldats des alliés.
4 - Tous les gens en armes devraient sortir de La
Mecque, aux limites du territoire sacré pour interdire
les Musulmans d’y pénétrer.
5 - Faire aussi sortir les femmes et les enfants des
polythéistes
afin que les Musulmans soient convaincus de la
détermination de Qouraysh de de ne pas céder. D’autre
part, la présence des femmes et des enfants ne
laisserait aucun choix à l’hésitation on au
fléchissement de ceux qui pourraient être contre ces
dispositions.
6 – La formation d’une importante cavalerie commandée
par Khalid Ibn al-Walid qui stationnerait au milieu de
la route principale reliant Médine et La Mecque près du
territoire sacré pour barrer la route aux Musulmans et
de leur faire comprendre, d’une manière claire, la
décision de Qouraysh.
7 – Envoyer des informateurs pour tenir Qouraysh au
courant de tous les mouvements et les déplacements du
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et de ses
Compagnons, leur nombre et de leur force réelle dans les
moindres détails.
Ainsi, les Qouraysh rassemblèrent huit mille hommes
accompagnés des femmes et des enfants qui campèrent dans
la vallée de Baldah, à l’ouest de La Mecque. Quant à la
cavalerie sous les ordres de Khalid Ibn al-Walid, elle
prit position sur la crête d’al-Ghamim, près de la route
principale.
Pour la collecte de renseignements, Qouraysh choisit
minutieusement dix de ses hommes dont le chef était
al-Hakam Ibn ‘Abd al-Manaf qui les disposa sur les
sommets des monticules de manière à ce que le premier
d’entre eux et le plus près des Musulmans, puisse voir
ces derniers et transmettre ces observations au deuxième
et celui-ci au troisième, et ainsi de suite, jusqu’à ce
que l’information arrive le plus rapidement possible aux
chefs de Qouraysh.
C’est ainsi que les Mecquois qui se trouvaient à Baldah
purent être informés de tous les détails concernant le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et ses
Compagnons (leur nombre, direction, haltes, armement,
etc), avant même qu’ils n’arrivent dans le territoire
sacré.
D’autre part, Qouraysh put facilement convaincre ses
alliés. Devant le chef des Ahabish, al-Houlays Ibn
Zabban, Qouraysh mentit et prétendit que : les Musulmans
étaient venus pour combattre. Les Qouraysh réussirent
aussi à persuader ‘Ourwah Ibn Mas’oud, le chef de
Thaqif, et les guerriers de Ta’if de joindre les forces
polythéistes.
Enfin, le ravitaillement exigé par le plan fut assumé
par quatre chefs Qouraysh : les trois formant la
commission (Souhayl Ibn ‘Amrou, Safwan Ibn Oumayya,
‘Ikrimah Ibn Abou Jahl) et Houwaytib Ibn ‘Abd
al-‘Ouzzah.
De l’autre côté, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) fut informé par Bousr Ibn Soufyan al-Khouza’i,
de la réaction des Qouraysh. Ce Sahabi put, durant
plusieurs jours, après son entrée à La Mecque
s’introduire parmi les troupes de Qouraysh et aussi ses
alliés dans la vallée de Baldah. Malgré la difficulté de
la mission, Bousr ne quitta la vallée qu’après avoir
recueilli toute les informations nécessaires et
rejoignit le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) à Dzat al-Ashatat, près du territoire sacré de
La Mecque.
- « O Bousr, que nous rapportes-tu (comme
informations) » demanda le Prophète ?
- « O Messager d’Allah, j’ai laissé ton peuple, les Ka’b
et les ‘Amir Banou Lou’ay, effrayé lorsqu’ils furent
informés de ton voyage et ils craignent que tu rentres
(à La Mecque) malgré eux. Ils ont acquis le soutien des
Ahabish et de ceux qui leur obéissent. De même, les
femmes et les enfants sont sortis avec eux ! Et pour
t’interdire en plus l’accès à la Mosquée Sacrée, ils
« ont mis les peaux des tigres. » Leur campement est à
Baldah.
J’ai laissé leurs chefs ravitailler les Ahabish et ceux
qui ont accepté d’être sous leurs ordres ; ils ont
égorgé des chamelles. Ils ont aussi formé une troupe de
deux cents cavaliers stationnée à Ghamim sous le
commandement de Khalid Ibn al-Walid.
Enfin, ils ont placé plusieurs sentinelles qui font le
guet le long des montagnes[10]. »
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
consulte ses Compagnons
Après ces précieuses informations, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) regroupa les Compagnons
et les informa des dernières nouvelles : huit mille
hommes stationnés dans la vallée de Baldah et deux cents
cavaliers à al-Ghamim, tout près pour empêcher les
Musulmans d’accomplir leur pèlerinage.
« O Musulmans, que dites-vous à propos de ces gens (les
Qouraysh) qui viennent de regrouper ceux qui leur
obéissent afin de nous interdire l’accès à la Mosquée
Sacrée ?
Voulez-vous que l’on continue notre chemin, vers la
Demeure (la Ka’bah) et combattre toute personne qui
voudrait nous repousser » demanda le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ?
- « O Messager d’Allah, Allah Exalté et son Envoyé en
sont plus informés. Je pense que l’on doit poursuivre
notre chemin et combattre toute personne qui nous
repoussera » dit Abou Bakr !
- « Mais la cavalerie de Qouraysh sous les ordres de
Khalid Ibn al-Walid est à al-Ghamim, »
dit le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
- « O Messager d’Allah » dit al-Miqdad Ibn ‘Amrou
al-Kindi, « nous n’allons pas te dire ce que les Banou
Isra'il dirent auparavant à Moussa : « Va avec ton
Seigneur, et combattez ; nous, nous restons ici, » nous
te dirons plutôt : « Va, toi et ton Seigneur, et
combattez ; nous sommes avec vous pour combattre. Par
Allah ! Si tu nous conduisais (combattre) à Barak
al-Ghamad, nous irons tous avec toi ; aucun homme ne
restera. »
Oussayd Ibn al-Houzayr, le chef des Aws, prit aussi la
parole et présenta un avis proche de celui d’Abou Bakr.
Donc, et après tous ces avis, il se révéla que les
Musulmans tenaient à faire leur pèlerinage et qu’ils
étaient prêts à faire face à Qouraysh s’ils décidaient
de recourir à la force.
Cependant, et comme les Khouza’i étaient les alliés des
Musulmans, leur chef, Boudayl Ibn Warqa exposa son avis
et attira l’attention du Prophète (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) sur l’insuffisance des armes pour affronter
Qouraysh ce qui provoqua la colère d’Abou Bakr qui
adressa à Boudayl de dures paroles car il croyait qu’il
avait un penchant vers les Mecquois. Boudayl se défendit
: « Par Allah, je t’aurais répondu autrement si je ne te
réservais pas un certain respect. Ce n’est ni moi et ni
ma tribu qu’on accuse de ne vouloir que Muhammad ait le
dessus. Seulement voilà, j’ai constaté, (ô Muhammad) que
Qouraysh veut te combattre aux dépens de leurs enfants
et biens. Les voilà avec leurs femmes et leurs enfants
qui campent à Baldah. Ils s’entraident à égorger des
chamelles pour soutenir ceux qui se sont ralliés à eux
pour vous faire la guerre. Cela dit, tu es libre
d’adopter ton propre avis. »
Quant au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam),
parfaitement au courant de la situation des Musulmans et
du comportement injustifié de Qouraysh, résuma la
situation :
« Malheur à Qouraysh ! La guerre les a rompus.
Qu’ont-ils donc à perdre s’ils me laissent seul avec les
Arabes ? Si ces derniers me mettent dehors alors il
m’arrivera ce qu’ils voulaient déjà mais si c’est moi
qui ai le dessus, alors, avec l’Islam, ils gagneront. De
plus, s’ils s’abstiennent maintenant de me faire face,
ils pourront dans ce cas récupérer plus tard leurs
forces et me faire la guerre. Par Allah Exalté, je
lutterai pour quoi Allah Exalté m’a envoyé, et ce
jusqu’à ce qu’Il lui accorde le dessus ou que « ce cou
s’isole. »
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
évite la guerre
Malgré tous les préparatifs de guerre que La Mecque mis
sur pied, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) les ignora tout simplement pour ne verser aucune
goutte de sang et donna l’ordre aux pèlerins d’éviter la
route principale où se trouvaient Khalid et ses
cavaliers.
Khalid, avec une étonnante rapidité, préféra pousser la
provocation jusqu’à l’extrême et ordonna à ses hommes de
quitter al-Ghamim et de se rendre dans la vallée de
‘Ousfan où se trouvaient les Musulmans. Mais ces
derniers purent se contenir et se remirent aux
directives du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
alors qu’ils priaient en groupe et virent la cavalerie
mecquoise couvrir leur Qibla. Par cet acte, Khalid
voulut les provoque d’une part et prouver la force
militaire de Qouraysh d’autre part.
Cependant, se contenir est une chose et prendre ses
précautions en est un autre et le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ordonna sur le champ à
‘Abbad Ibn Bishr de se mettre avec ses cavaliers face à
Khalid Ibn al-Walid pour parer toute attaque sur les
Musulmans pendant la prière. Ce face-à-face aurait pu
déclencher la guerre ce qui poussa le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) semble-t-il, dire à
‘Abbad de ne réagir qu’en cas de légitime défense.
Le danger que représentait Khalid contraignit les
Musulmans à accomplir la prière dite de crainte.
Al-Waqidi a rapporté
[11]:
« Et Khalid dit (à ses hommes) : « Ils étaient
incapables de nous faire face[12]
et si nous les avions attaqué, nous les aurions surement
battu mais cela ne fait rien, il reste encore une prière[13]
qui leur est plus chère que leurs enfants et leur propre
personne.
Et, juste après le début du temps canonique de la prière
de ‘Asr, Bilal lanca le Adhan puis l’Iqama. Le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se leva et se mit en
face de la Qibla, l’ennemi devant lui. Il (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) prononça le Takbir d’entrée de la
prière et les deux rangs de Musulmans qui étaient
derrière lui firent de même. Puis, il s’inclina suivit
par les deux rangs et quand il se prosterna, seul le
premier rang suivit le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) tandis que l’autre resta debout pour surveiller
(l’ennemi). Lorsque le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) termina la prosternation avec le
premier rang et qu’ils se relevèrent, le deuxième rang
fit ses deux prosternations. Il (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) demanda ensuite au premier rang de reculer et de
laisser le deuxième s’avancer. A ce moment-là, tous les
Musulmans suivaient le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) mais lorsqu’il se releva de l’inclinaison pour
se prosterner, seul le premier rang le suivit tandis que
le second garda la position debout face à l’ennemi pour
le surveiller. Puis lorsque le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) accomplit les deux
prosternations, le second rang fit de même. Enfin, le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) (S.B
sur lui) prononça le Tashahoud suivit du Taslim
(salutations de fin de prière). »
[1]
Sirah al-Halabiya,
t II, p 303.
[3]
Ibn Sa‘d,
Tabaqat
t II, p 92
[4]
Ibn Hisham,
as-Sirah t II, p 618.
[5]
Sirah al-Halabiya,
t II, p 132.
[6]
A vingt-huit miles de Médine, d’après Yaqout
dans son Mou’jam.
[7]
A quarante miles de Médine.
[8]
Les évènements prouveront le contraire.
[9]
Maghazi,
t II, p 579.
[10]
Al-Waqidi,
Maghazi,
t II, p 58.
[11]
Maghazi,
t II, p 582.
[12]
Pendant qu’ils (les Musulmans) étaient en train
de prier Zouhr.
[13]
Celle du ‘Asr. |