La division de l’armée musulmane
 
Après la fuite des polythéistes vers leur camp puis au-delà de leur camp, les Musulmans se divisèrent alors en trois ensembles :
1. Un premier qui regroupait le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et son état-major. Ceux-là ne participèrent pas à la poursuite des fuyards et leur nombre ne dépassait pas quatorze Compagnons[1].
2. Un deuxième groupe qui participa aux premières opérations mais qui ne s’aventura pas trop dans le camp ennemi et resta près du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) échappant ainsi à l’encerclement des mécréants. Ce groupe d’hommes qui étaient peu nombreux, réussit à se replier et à former une sorte de ceinture de sécurité autour du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
3. Enfin, un autre groupe qui formait le corps général de l’armée qui poursuivit les troupes ennemies jusque dans leur camp. C’est ce groupe qui fut encerclée, après l’abandon d’une partie des archers de leur poste, par les cavaliers de Khalid Ibn al-Walid.
 
Ce groupe qui se retrouva pris entre deux feux, se divisa en deux groupes :
a - Un groupe très restreint qui réussit à se replier sur Médine parce qu’il lui était impossible de se frayer un passage vers le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) replié après la débâcle sur les hauteurs. Cependant, ces éléments essayèrent de rejoindre le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) après que les femmes Médinoises leur signalèrent du haut des fortins que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) n’avait pas été tué. Selon certains chroniqueurs, quelques-uns de ces fuyards ne se montrèrent devant leurs Compagnons et le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) que trois jours après la bataille.
 
C’était à ces vaincus avant l’heure que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit : « Vous y étiez jusqu’au cou (défaits). » Et Allah Exalté révéla à leurs sujets : « Ceux d’entre vous qui ont tourné le dos, le jour où les deux armées se rencontrèrent, c’est seulement le Diable qui les fit fléchir, à cause d’une partie de leurs (mauvaises) actions. Mais, certes, Allah leur a pardonné. Car vraiment Allah est Pardonneur et Indulgent ! » (Qur’an 3/155)
 
b. Un deuxième groupe, la grande partie de l’armée, qui réussit à rallier le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) après le douloureux passage à vide. C’est dans ce moment de panique que des Musulmans furent tués par d’autres Musulmans, à l’exemple de Souhayl Ibn Jabir, le père de Houdayfah Ibn al-Yaman. Dans le Sahih d’al-Boukhari, nous trouvons ce témoignage de ‘Ayshah, la Mère des Croyants (radhiyallahou ‘anha) : « A Ouhoud, les mécréants furent au début clairement vaincus mais Iblis cria : « Attention, ô hommes d’Allah vos arrières ! » Les premières lignes revinrent sur leurs arrières et entrèrent toutes les deux en collision. Houdayfah qui vit son père cria : « O hommes d’Allah, c’est mon père, c’est mon père[2]. »
 
D’autre part, ce qui aggrava le mouvement de panique dans les rangs des Musulmans ne fut autre que la rumeur de la mort du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) propagée par un cavalier polythéiste du nom d’Ibn Qami’a qui en tuant Mous’ab Ibn ‘Oumayr al-‘Abd ad-Dari, le porteur de l’étendard des Musulmans, cru qu’il venait de tuer le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) car Mous’ab ressemblait beaucoup au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) surtout quand il s’armait comme lui.
 
Ce mécréant en criant : « Je viens de tuer Muhammad !, » ne savait pas que ces mots allaient compliquer davantage la situation des Musulmans dont certains jetèrent leurs armes et pensèrent même à contacter l’Hypocrite ‘AbdAllah Ibn Oubay afin qu’il intervienne en leur faveur auprès de Qouraysh. L’Histoire retint les paroles d’un de ces vaincus d’avant l’heure : « Ah, si un messager contactait ‘AbdAllah Ibn Oubay pour qu’il prenne une garantie pour nous de la part d’Abou Soufyan. O gens, Muhammad vient d’être tué. Revenez parmi vos tribus avant que les Qouraysh ne viennent vous tuer. »

L’Histoire retint également des réactions dignes d’un Musulman. Parmi elles, retenons celle d’Anas Ibn an-Nazr et celle de Thabit Ibn ad-Dahdah. Le premier, Anas, essaya de secouer ses Compagnons qui avaient jeté leurs armes : « Que vous arrive-t-il ? Pourquoi avez-vous jeté vos armes ainsi ? »
Et eux de lui répondre les yeux hagards : « Le Messager d’Allah vient d’être tué. »
- « Et alors ! Qu’est-ce que vous allez faire de la vie après lui ? Secouez-vous et mourrez pour le même idéal pour lequel est mort le Messager d’Allah. »
Puis, il alla au-devant des mécréants en disant : « Mon Seigneur, je renie ce qui vient de ceux-là (les mécréants) et je m’excuse de ce que disent ceux-là (les Musulmans qui déposèrent leurs armes) ».
Quant au deuxième musulman (Ibn ad-Dahdah), il dit à ses Compagnons : « O Ansar, si Muhammad a été tué, Allah est toujours immortel. Combattez pour votre foi et Allah vous donnera la victoire. » Après quoi, il fit face avec ses Compagnons à la cavalerie des Mecquois pour mourir héroïquement comme ‘Anas Ibn an-Nazr[3].


 
L’intervention énergique et courageuse du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
 
De telles réactions héroïques réveillèrent les Musulmans qui reprirent alors leurs esprits et leurs armes. En effet, leur lutte redevint ferme et énergique contre les vagues déferlantes des polythéistes qui essayèrent de leur barrer le passage vers le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) après qu’ils furent convaincus que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) était toujours en vie.
 
Pour contrer la rumeur démoralisante circulant à propos de sa mort, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) réagit sur le champ en lançant un appel à haute voix afin que ses Compagnons éparpillés sur le champ le rejoignent : « Venez à moi ! Je suis le Messager d’Allah ! »
 
En restant à son poste depuis le début de la bataille, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en tant que chef militaire responsable avait dû prendre en compte les différentes issues possibles et il démontra ainsi qu’il pensa à ce genre de situation, sinon pourquoi prit-il alors les décisions suivantes :
1. Installer son poste de commandement sur les hauteurs se protégeant ainsi le dos avec la muraille d’Ouhoud et des charges de la cavalerie.
2. De ne pas participer à la poursuite des troupes mecquoises.
 
En voyant la déroute de ses Compagnons, il n’eut pas d’autre choix que de risquer sa vie pour sauver celle de ses Compagnons des dangers de la dislocation et de l’élimination.
Cet esprit de sacrifice et de dévouement, Allah le signala dans le Noble Qur’an : « (Rappelez-vous) quand vous fuyiez sans vous retourner vers personne, cependant que, derrière vous, le Messager vous appelait. Alors Il vous infligea angoisse sur angoisse, afin que vous n’ayez pas de chagrin pour ce qui vous a échappé ni pour les revers que vous avez subis. Et Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. » (Qur’an 3/153)
 
D’une part, l’appel du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fut une bouée de sauvetage lancée à ses Compagnons éparpillés à laquelle, ils s’accrochèrent avec courage.
Grace à cette voix donc, l’espoir revint et bon nombre de Musulmans réussirent alors à rejoindre le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) sans attacher la moindre importance à la mort qui les guettait bien que cette même voix attira aussi l’attention des mécréants sur le fait qu’ils s’étaient trompés sur le sort du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et surtout sur l’endroit exact où ce dernier se trouvait.
Avec la découverte de l’emplacement du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), la bataille prit une autre tournure et tous convergèrent sur le Messager d’Allah : les proches Qouraysh polythéistes qui voulaient le tuer coute que coute ainsi que les Musulmans qui accouraient vers lui pour le protéger. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) devint donc le premier objectif de la bataille et donc l’étendard à défendre à n’importe quel prix contre les charges des cavaliers et les attaques des polythéistes.
 
Bien avant le ralliement de ses Compagnons, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se défendit héroïquement, aidé par quelques Compagnons qui ne l’avaient pas quitté depuis le début de la bataille et par ceux qui le rejoignirent rapidement dès qu’ils entendirent son appel.
Dans cette lutte terrifiante, le Messager (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) reçut plusieurs blessures, son casque protecteur se brisa sur sa tête suite aux coups violents des associateurs.
Celui qui avait tué Mous’ab Ibn ‘Oumayr, lanca rageusement son cheval en criant : « Où est Muhammad ? Que je meure s’il m’échappe !, » avant de blesser le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à l’épaule, malgré la cuirasse qui le protégeait et qui le fit souffrir un mois. Ibn Qami’a, ce maudit polythéiste le blessa aussi par deux fois au visage.
Cependant, la cicatrice qui resta définitivement sur sa joue fut celle qu’il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) reçue de ‘AbdAllah Ibn Shihab az-Zahri. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en plus d’une dent cassée eut la lèvre fendue par une grosse pierre jetée par ‘Outbah Ibn ‘Abi Waqqas, le frère de Sa’d Ibn Abi Waqqas (radhiyallahou ‘anhou). Il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fut blessé aux genoux quand il tomba dans une profonde crevasse où il s’était évanoui et d’où il ne put sortir qu’avec l’aide de ‘Ali Ibn Abou Talib et Talha Ibn ‘Oubaydallah (radhiyallahou ‘anhou.).
Le sang qui coulait de son visage lui fit fait dire ces mots au moment où il s’essuyait le visage : « Quelle réussite auront ces gens qui couvrent le visage de leur Prophète de sang ? La colère d’Allah augmenta alors contre ceux qui couvrirent de sang son visage et Il fit alors descendre à ce propos le verset suivant : « Tu n’as (Muhammad) aucune part dans l’ordre (divin) - qu’Il (Allah) accepte leur repentir (en embrassant l’Islam) ou qu’Il les châtie, car ils sont bien des injustes. » (Qur’an3/128)
 
L’acharnement des Qouraysh augmenta ainsi que leur nombre au fur et à mesure que l’un d’eux ratait son objectif mais en même temps, les Musulmans revenaient et grossissaient la muraille humaine qui se formait petit à pâtit autour de leur Compagnon bien-aimé. Et quand cette muraille humaine se compléta, plus aucun danger ne vint menacer le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) après les blessures qu’il reçut lorsqu’il fut seul avec la poignée de Compagnons.
A la vue du courage et de l’esprit de sacrifice des Musulmans, les associateurs s’enragèrent de plus en plus et, par conséquent accentuèrent leur hargne au plus haut degré sans qu’ils ne puissent atteindre le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). A chaque fois qu’une brèche s’ouvrait, un Musulman s’avançait et la colmatait devant les attaques meurtrières de Qouraysh, à tel point que sept valeureux Ansar tombèrent pour la défense du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).


 
Les archers
 
Sitôt que des archers prirent part à la défense du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), les Qouraysh perdirent alors leur courage de se rapprocher de la muraille humaine mais certainement pas leur colère et leur haine. Ces archers réussirent l’exploit de les tenir en respect jusqu’à la retraite complète du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et des Compagnons au sommet d’une colline.
 
Parmi les archers devenus célèbres par leurs exploits, se trouvaient Abou Talha al-Ansari, Sa’d Ibn ‘Abi Waqqas, Sahl Ibn Hanif al-Ansari.
 
A Ouhoud, Abou Talha fut non seulement un archer efficace mais aussi un courageux rempart de protection devant le Messager d’Allah et à chaque fois que celui-ci se levait pour voir où allait frapper la flèche décochée, Abou Talha se mettait devant lui, sa poitrine exposée, pour le protéger en disant : « O Messager d’Allah, tu me tiens lieu de mère et de père. Je ne veux pas qu’une flèche te touche. Mieux vaut ma mort que la tienne ! » Il lui dit aussi : « O Messager d’Allah, je suis résistant et très patient. Dis-moi ce dont tu as besoin. Ordonne-moi et j’exécute tout ce que tu veux ! »
Ce Compagnon de valeur exceptionnelle lutta si bien que trois arcs se brisèrent dans sa main[4]. Al-Boukhari rapporte quant à lui, qu’il cassa deux ou trois arcs.
 
Sa’d Ibn ‘Abou Waqqas contribua aussi très efficacement à la défense contre les tentatives acharnées des mécréants. Selon les chroniqueurs et les historiens, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit à Sa’d Ibn Abi Waqqas quand il le vit décocher si bien ses flèches : « Puisse mon père et de ma mère te servir de rançon[5] ! »
 
Dans as-Sahih al-Boukhari, nous trouvons aussi ce témoignage de ‘Ali Ibn ‘Abou Talib : « Je n’ai jamais entendu le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) associer ses parents à quiconque excepté pour Sa’d Ibn Malik (Sa’d Ibn Abi Waqqas). Je l’ai entendu dire à Ouhoud : « O Sa’d, décoche, puisse mon père et de ma mère te servir de rançon ! »
 
Quant à Sahl Ibn Hanif, il fut l’un des rares Compagnons à être resté près du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pendant les durs moments qui suivirent la débâcle des Musulmans. Il fut tellement confiant et courageux dans son face-à-face avec la mort que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit à ceux qui étaient à ses côtés : « Donnez des flèches à Sahl ! »
 
Dans al-Bidayah wan Nihayah, Ibn Kathir écrit que Sahl Ibn Hanif fut l’un des rares hommes qui, dès le revers de ses Compagnons, décida de se consacrer à la protection de son Compagnon bien-aimé.
 
Selon Ibn Jarir, quand Ibn Qami’a se mis à harceler le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), les quelques rares Compagnons qui étaient près de lui se dispersèrent. Mais, lorsque le Prophète bien-aimé (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) s’écria : « Venez à moi, hommes d’Allah! Venez à moi !, », trente Compagnons vinrent se rassembler aussitôt autour de lui et parmi ceux-ci, Talha Ibn ‘Oubaydallah et Sahl Ibn Hanif furent les seuls à s’interposer debout, protégeant ainsi le corps du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)[6].


 
Les sabreurs
 
Toutefois, ces archers ne furent pas les seuls à prendre une part active dans la défense énergique du Prophète bien-aimé (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Il y eut aussi des sabreurs dont les noms nous sont parvenus, comme les autres noms d’ailleurs grâce aux livres des historiens et des chroniqueurs, puisse Allah Exalté leur faire tous miséricorde.
De ces noms, citons ceux d’Abou Doujana al-Ansari, Hatib Ibn Abou Balta’a, Talha Ibn ‘Oubaydallah, Abd ar-Rahman Ibn ‘Awf.
 
Ces hommes d’exception, par leur dévouement pour la cause d’Allah, immortalisèrent leurs noms et chacun d’entre eux laissa des traces indélébiles dans l’histoire de l’Islam tant leurs faits d’armes parlent pour eux. Abou Doujana, le Musulman au turban rouge, fut l’exemple le plus frappant du fait qu’il protégea le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avec son corps tout en étant criblé de flèches dans le son dos.
 
En effet, les historiens rapportèrent é qu’Abou Doujana (radhiyallahou ‘anhou) reçut dans le dos les flèches des polythéistes alors qu’il protégeait de son corps son Compagnon bien aimé souffrant encore de ses blessures. Dans ce moment, il n’attacha aucune importance aux flèches qui venaient se planter sur son dos arc-bouté. Pour lui, la vie du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) devait être protégée même au prix de la sienne. Son dos fut tellement criblé de flèches qu’il ressembla à un hérisson.
 
Si Abou Doujana (radhiyallahou ‘anhou) rempli héroïquement un rôle purement défensif car la situation du moment l’imposait, Hatib Ibn Abou Balta’a (radhiyallahou ‘anhou) accomplit des actions dignes d’un héros. Ce fut lui qui s’aventura dans le camp des mécréants puis tua ‘Outbah Ibn Abi Waqqas avant de revenir à son poste auprès du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
 
Ibn Kathir en parlant de Hatib reprit le témoignage de ce dernier : « Quand je vis ce que fis ‘Outbah Ibn Abi Waqqas au Messager d’Allah, je demandai au Prophète ou s’était dirigé ‘Outbah. Il m’indiqua alors la direction, laquelle m’aida à le retrouver. Après quoi, je réussis à le tuer en le frappant d’un coup de sabre. Ensuite, je pris son cheval et son sabre que je remis, à mon retour, au Messager d’Allah. Ce qui l’amena à me dire : « Qu’Allah soit satisfait de toi ! Qu’Allah soit satisfait de toi (par deux fois) ! »
 
Sa’d Ibn Abi Waqqas tenu énormément à tuer son frère ‘Outbah mais il n’eut pas la chance de le rencontrer sur le champ de bataille. On entendit Sa’d dire à ce propos : « Je n’ai été aussi décidé à tuer quelqu’un comme je l’ai été pour ‘Outbah Ibn Abi Waqqas. »
 
Quant à Talha Ibn ‘Oubaydallah, il suffit de mentionner, pour montrer son héroïsme à défendre le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), qu’il reçut plus de soixante-dix blessures et eut un doigt tranché[7] ! »
 
‘Abd-ar-Rahman Ibn ‘Awf en outre, eut aussi sa part de blessures alors qu’il défendait le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avec ses Compagnons. Il eut en tout vingt blessures. Et ce fut lui qui malgré ses blessures, transporta le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) sur son dos pour le monter au sommet d’un rocher après la retraite réussie.


 
Le Musulman qui mourut le jour de son mariage
 
Parmi ceux qui prirent part au combat héroïque d’Ouhoud est Handalah Ibn ‘Amir ar-Rahib, ‘Amir ar-Rahib le Médinois qui combattit ce même jour aux côtés des Qouraysh et qui mena avec ses hommes la première offensive contre les Musulmans. Si le père se vendit pour la mécréance son fils au contraire, donna un extraordinaire exemple de courage et de fidélité pour la cause de l’Islam.
 
En effet, la matinée qui suivi sa première nuit de ses noces, le jeune Handalah n’hésita pas un seul instant pour prendre ses armes et rejoindre ses Compagnons qui s’apprêtaient à partir pour Ouhoud et avait demandé la permission de tuer son père (Abou ‘Amir) s’il venait à le rencontrer sur le champ de bataille mais le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) refusa.
 
Devant l’ennemi, ce jeune marié combattit vaillamment sans avoir peur de la mort jusqu’au moment où il fut tué par derrière. Les circonstances de sa mort furent rapportées par Ibn Ishaq : « Handalah Ibn Abou ‘Amir rencontra Abou Soufyan. Dans le combat qui les opposa, Handalah réussi à le faire tomber de son cheval après qu’il eut blessé l’animal d’un coup de sabre et au moment où il allait le frapper, il fut tué par Shaddad Ibn al-Aswad, connu aussi sous le nom d’Ibn Sha'oub. »
 
Ce jeune Shahid reçut le surnom de Ghasil al-Mala'ika, le lavé par les anges, car il mourut dans un état d’impureté. Comme l’a rapporté Ibn Kathir en voici la raison : « Après avoir passé sa première nuit avec la mariée, il quitta précipitamment sa maison au matin sitôt qu’il entendit l’appel au Jihad. Il rejoignit alors le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) sans avoir le temps de se laver. »
 
Quant à Ibn Ishaq, il rapporta ceci : « Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit : « Votre Compagnon (Handalah) est lavé par les anges. Allez demander à ses parents ce qui s’est passé. » Quand on demanda à sa femme Jamila Bint Oubay Ibn Saloul, selon al-Waqidi, elle dit qu’après sa première nuit de noce, son mari était sorti en état d’impureté, dès qu’il entendit l’appel (au jihad). » Le Messager conclu alors : « C’est donc pour cela qu’il fut lavé par les anges. »
 
Si les Musulmans déplorèrent sincèrement la mort de leur jeune Compagnon, son propre père éprouva un sentiment tout à fait contraire et chose inimaginable, il frappa son fils d’un coup de pied rancunier quand il passa près de sa dépouille à la fin de la bataille.
 
Dans al-Bidayah wan-Nihayah, il est rapporté qu’Abou Amir ar-Rahib passa, à la fin de la bataille, près de la dépouille de son fils Handalah et le frappa de son pied devant les chefs qourayshi qui l’accompagnaient.


 
La première femme qui lutta dans l’Islam
 
La bataille d’Ouhoud fut la première bataille qui vit la participation de la femme musulmane dans le combat de l’Islam contre les mécréants et il n’y eut qu’une seule femme qui prit part au combat direct lorsque le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fut encerclé par les Qouraysh. Elle combattit les armes à la main tant avec un sabre qu’avec un arc jusqu’à ce qu’elle fut blessée par Ibn Qami’a, celui-là même qui voulut tuer le Messager d’Allah.
 
Toutefois, cette femme ne sortit pas à Ouhoud dans le but de participer expressément à la bataille mais surtout pour secourir les Musulmans blessés. Oumm ‘Oumara Nassibah al-Maziniya, en accompagnant son mari et ses deux fils, prit de l’eau sur son dos pour la distribuer aux combattants et avec l’intention de donner aussi les premiers soins aux blessés. Néanmoins, elle se rendit célèbre par son courage et son esprit de sacrifice pour la protection du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
Laissons cette femme raconter son histoire à sa compagne ‘Oum Sa’d Bint Sa’d Ibn ar-Rabi’ : « Je suis sortie dès le matin pour voir ce que feraient nos gens et à l’occasion, je pris aussi avec moi une outre d’eau pour abreuver les hommes. Je me suis rapprochée du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui était alors avec ses Compagnons alors que le vent soufflait en faveur des Musulmans.
Dès que ces derniers furent mis en déroute, je me suis encore rapprochée davantage du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et je combattis avec le sabre et l’arc près du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) jusqu’au moment où je fus blessée. C’est Ibn Qami’a, qu’Allah l’avilisse, qui me blessa profondément à l’épaule lorsque les gens s’écartèrent du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). A ce moment-là, il s’avança en criant : « Où est Muhammad ? Montrez-le-moi ! Que je périsse s’il s’en sort vivant! » Je lui ai barré la route avec Mous’ab Ibn ‘Oumayr et d’autres qui étaient restés avec le Messager d’Allah. Il m’infligea alors cette blessure et je lui assénai plusieurs coups mais cet ennemi d’Allah portait deux cuirasses[8]. »
 
Oum ‘Oumara eut en tout douze blessures. A propos de sa bravoure et de son courage, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit : « A Ouhoud, quand je me tournais à droite, je la trouvais et quand je me tournais à gauche, je la trouvais combattre près de moi[9]. »
 
Dans as-Sirah al-Halabiya, il est aussi rapporté que Nassibah al-Maziniya sortit à Ouhoud avec son mari Zayd Ibn ‘Assim et ses deux fils Habib et ‘AbdAllah et que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) leur dit : « Que Allah vous bénisse ! Vous êtes de bonne famille. »
Oum ‘Oumara lui répondit alors : « Prie Allah que nous soyons tes Compagnons au Paradis. »
- « O Allah, fasse qu’ils soient mes Compagnons dans le Paradis !’ » pria alors le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
- « Je ne me soucie plus dès lors de ce qui me touchera dans cette vie d’ici-bas, » conclut Oum ‘Oumara[10] (radhiyallahou ‘anha). »
 
Hormis cette femme, aucune autre femme musulmane ne prit part au combat. Toutefois après le retrait des associateurs du champ de bataille, les historiens et chroniqueurs citent les noms de quelques femmes qui sortirent et secoururent les blessés et les autres combattants. Parmi ces femmes, il y eut ‘Ayshah (radhiyallahou ‘anha), la femme du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et sa fille Fatima az-Zahra' (radhiyallahou ‘anha).
 
Dans as-Sahih al-Boukhari, nous trouvons ce témoignage d’Anas : « Je vis ‘Ayshah et Oum Salim, pans de leurs robes retroussés en train d’aller et de venir entre (la source d’eau) et les gens (pour les abreuver)[11]. »
 
Tandis que dans at-Tabarani, il est rapporté à propos de Fatima az- Zahra' (radhiyallahou ‘anha) : « Les femmes sortirent après le retrait des polythéistes et secoururent les Compagnons. Fatima fut parmi celles qui sortirent. Lorsqu’elle rencontra le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), elle se jeta à son cou puis se mis à laver ses blessures. Mais quand elle vit que le sang ne s’arrêtait pas, elle prit alors de l’Alfa qu’elle brula ensuite pour la mettre (la poudre) sur la blessure. Ce n’est qu’après, que le sang s’arrêta[12]. »
 
D’autre part, certains historiens rapportent aussi que quelques femmes participèrent aux opérations de secours alors que la bataille était à son comble. Parmi elles, Oum Ayman (radhiyallahou ‘anha), la nourrice du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
 
Selon ces historiens, Oum Ayman était sur le terrain et jeta de la terre sur le visage des Musulmans qui voulurent fuir vers Médine alors que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) combattait encore, tout en les blâmant avec ses paroles blessantes : « Tiens, prends donc ce fuseau et donne-moi ton sabre!, » alors qu’elle était occupée à prodiguer les premiers secours au péril de sa vie.
 
Dans al-Kamil d’Ibn al-Athir, il est rapporté : « Oum Ayman abreuvait les blessés quand elle se renversa subitement et se découvrit suite à une flèche tirée par Hiban Ibn al-‘Araqa qui se mis alors à rire. Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), qui le vit rire à pleines dents, donna une flèche à Sa’d Ibn Abi Waqqas et lui demanda de tirer sur l’effronté. Sa’d tira la flèche qui le transperça sous la clavicule et qui le fit tomber à la renverse. Au moment où il s’effondra, le Messager d’Allah éclata alors de rire au point où toutes ses dents apparurent puis il dit : « Allah a exaucé la prière de Sa’d, qui tira pour elle une vengeance égale à l’offense[13]. »


 
La retraite du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et de ses Compagnons
 
Les polythéistes mecquois qui repérèrent la position du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se ruèrent enragés sur lui mais sans parvenir à leur funeste dessein et ce, malgré la réunion de conditions favorables comme la déroute des Musulmans, l’éloignement des Compagnons de leur commandant en chef, le Messager d’Allah, etc., car le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) su réagir énergiquement et rapidement aux charges d’Ibn Qami’a et de ses compères, pour être ensuite relayé par ses Compagnons qui se rattrapèrent au bon moment.
 
La ferme réaction du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et le courage de ses Compagnons eurent, d’une part, raison des polythéistes qui se persuadèrent, la rage dans le cœur, de leur impuissance à atteindre leur objectif et d’autre part, d’influencer le reste de leurs Compagnons, qui, dès qu’ils entendirent la voix de leur bien-aimé, cherchèrent à se rapprocher de lui.
Mais cette fois, l’objectif du Messager d’Allah, après le regroupement d’un plus grand nombre de ses combattants, n’était plus de rester sur place depuis la grave erreur des archers qui permit à la cavalerie mecquoise (200 cavaliers) de prendre activement part à la bataille et donc de changer les données offensives. Il dut faire vite pour sauver son armée, avant qu’elle ne soit de nouveau encerclée par le reste des troupes polythéistes qui commencèrent à commettre les actes les plus ignobles comme mutiler ignominieusement les dépouilles des Musulmans morts au combat sous le regard des autres.
 
Sans attendre un seul instant, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se mit en marche vers les hauteurs d’Ouhoud tandis que ces Compagnons le ralliaient au fur et à mesure. Sa retraite et celle de son armée fut facilitée en quelque sorte par la fausse rumeur de sa mort annoncée par Ibn Qami’a quand celui-ci tua Mous’ab Ibn ‘Oumayr. Ce qui fit alors croire à la majorité des Qouraysh y compris Abou Soufyan qu’il n’y avait plus aucune raison de continuer la bataille qui selon eux, avait tourné en leur faveur.
 
Pour preuve, voici ce que rapporta al-‘Isami : « Les polythéistes s’occupèrent à mutiler les dépouilles des Musulmans, en leur coupant oreilles, nez, parties et en les éventrant croyant qu’ils avaient tué le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)[14]. »
 
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) profita de l’effet de cette fausse rumeur sur les polythéistes pour assurer la retraite de son armée dans de relatives bonnes conditions. Il veilla aussi à ce que cette rumeur soit maintenue pour ce but bien évident. Pour preuve, voici ce qui se passa au moment de la retraite : « Ka’b Ibn Malik, en voyant le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), s’écria : « Oh Musulmans, bonne nouvelle ! Voici le Messager d’Allah !» Mais, celui-ci lui fit signe de se taire de peur de dévoiler sa position et qu’augmente le nombre des polythéistes. Malgré le cri de Ka’b Ibn Malik, l’ensemble des polythéistes n’y porta pas d’attention car ils crurent que c’était seulement pour encourager les Musulmans qui avaient baissé les armes.
 
Durant la retraite des Musulmans, les mécréants ne cessèrent d’harceler la muraille humaine ni ne diminuèrent leurs charges meurtrières. Un cavalier associateur, ‘Uthman Ibn ‘AbdAllah Ibn al-Moughirah, se précipita en criant : « Que je périsse s’il s’en sort vivant (le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)) ». A ses paroles, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se montra en se préparant au combat mais le cheval du polythéiste trébucha et son maitre tomba ce qui permit à al-Harith Ibn as-Simma de se précipiter sur lui et de l’abattre après un dur combat avant de retourner chez le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui lui dit alors : « Gloire à Allah qui lui a courbé l’échine ! »
 
Un autre cavalier, ‘Oubaydallah Ibn Jabir al-‘Amiri qui se précipita aussi blessa grièvement al-Harith Ibn as-Simma à l’épaule mais ne put faire plus car Abou Doujana, l’homme au turban rouge, le tua.
 
Puis un autre cavalier, Oubay Ibn Khalaf al-Joumahi voulu aussi tuer le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en criant : « Où es Muhammad ? Que je périsse, s’il s’en sort vivant » mais qui vit son élan brisé net par une lance tirée par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en personne et Oubay Ibn Khalaf fut le seul homme que tua le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de ses propres mains.
 
La raison pour laquelle le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) tua Oubay Ibn Khalaf de ses propres mains se trouve dans la Sirah d’Ibn Hisham : « Oubay Ibn Khalaf rattrapa le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) alors que celui-ci gravissait la colline avec ses Compagnons en disant : « Où est Muhammad ? Que je périsse s’il s’en sort vivant ! » Alors, les Compagnons du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)) dirent : « O Messager d’Allah, veux-tu que l’un d’entre nous s’en charge ? »
- « Laissez-le, » leur répondit-il.
Et, quand il se rapprocha, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) prit la lance d’al-Harith Ibn as Simma qu’il reçut dans le cou et devait mourir plus tard des suites du coup du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
 
Cet homme, Oubay Ibn Khalaf, était un ennemi très virulent qui menaça maintes fois de mort le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en plus du mal qu’il lui causa avant l’Hégire.
 
Dans la Sirah d’Ibn Hisham, il est rapporté : « Chaque fois qu’Oubay Ibn Khalaf rencontrait 1e Messager à La Mecque, il lui disait : « O Muhammad, j’ai ce qu’il te faut: uni jument que j’entretiens. Et c’est avec elle que je te tuerai. » Et à chaque fois le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) répondait : « C’est moi, au contraire, qui te tuerai, si Allah le veut. »
 
Quand Oubay retourna blessé dans son camp, il dit aux gens qui l’entourèrent : « Par Allah, Muhammad m’a tué. » On lui répondit alors : « Par Allah, tu as perdu la raison ! Par Allah, tu n’as rien de grave » car sa blessure ne semblait que superficielle. « Mais, » insista-il, « il me disait à La Mecque qu’il me tuerait.» Et l’ennemi d’Allah mourut effectivement sur son chemin du retour, à Sarif, un endroit situé à six mile de La Mecque.


 
Sur Ouhoud
 
Les Musulmans réussirent leur retraite après l’intervention héroïque du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)) et se barricadèrent en quelques sorte sur leur position, en dépit de l’harcèlement des cavaliers mecquois et des accrochages qui tournèrent en faveur des Musulmans cependant, le succès de ce repli ne put se réaliser que grâce, en premier lieu, à la perspicacité du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui, rappelons-le, fit judicieusement le bon choix stratégique en installant le camp dans un endroit très proche des hauteurs d’Ouhoud.
 
Lors du repli, le Messager d’Allah faillit être tué par un de ses Compagnons qui s’étaient enfuis sur les hauteurs lors du retournement de la situation en faveur des Qouraysh.
Ce Compagnon, qui était encore sous le choc de la débâcle, faillit décocher une flèche meurtrière sur le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) au moment où il le vit grimper avec ses Compagnons parce qu’il crut qu’il avait affaire à un groupe ennemi.
Heureusement qu’au bon moment, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) l’aperçu et cria : « C’est moi, le Messager d’Allah ! » Ce fut certainement pour ce Compagnon, le meilleur moment de sa vie lorsqu’il vit que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) était bel et bien vivant.
 
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) éprouva aussi des difficultés à escalader la pente à cause des blessures que lui infligèrent les polythéistes. Sa fatigue fut telle qu’il n’eut pas la force de gravir un rocher qui barrait son passage. A ce propos, voici ce que rapporta Ibn Ishaq : « Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se leva pour grimper le rocher bien qu’il fut affaibli et vêtu d’une cuirasse mais il ne put le gravir que grâce au concours de Talha Ibn ‘Oubaydallah qui lui prêta main forte[15].»
Cette action valut à Talha le mérite du Paradis. Ibn Ishaq rapporta que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit après que Talha l’eut soulevé sur le rocher : « Talha se l’est adjugé (le Paradis est devenu obligatoire pour Talha). » De plus, l’aide qu’il offrit au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fut bénéfique pour lui car par la suite, il se rétablit du pied qu’il boitait (déboitement qu’il contracta en protégeant le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)).
 
Lors du repli, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) éprouva aussi une grande soif et il ne se désaltéra que plus tard sur la colline grâce à Muhammad Ibn Maslamah al-Ansari après que ce Compagnon réussit à se procurer de l’eau potable. ‘Ali Ibn Abou Talib avait apporté une eau non- potable que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) utilisa seulement pour le nettoyage de ses blessures[16].
 
Le repli se termina sur un énorme et large rocher situé dans la partie est des collines, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et ses Compagnons purent alors surplomber la zone tandis que les autres Compagnons regagnaient au fur et à mesure la position. Cette nouvelle position choisie par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) contribua largement à stopper les actions hostiles des polythéistes. Du haut du rocher dont la pente abrupte était difficile à monter, les Musulmans purent tenir en respect les Qouraysh grâce à la menace redoutable des flèches.


 
La dernière offensive des polythéistes
 
Les polythéistes essayèrent à plusieurs reprises d’atteindre la position des Musulmans bien retranchés sur les hauteurs d’Ouhoud mais toutes leurs tentatives furent repoussées par la réaction ferme des Compagnons du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à tel point qu’ils perdirent espoir dans la réalisation de leur objectif.
 
La dernière attaque des Qouraysh contre les Musulmans fut conduite par un détachement de cavaliers dirigés par Abou Soufyan et Khalid Ibn al-Walid qui furent repoussés énergiquement par un groupe d’Ansar sous le commandement de ‘Umar Ibn al-Khattab.
 
Comme l’a rapporté Ibn al-Athir dans al-Kamil, Abou Soufyan monta à l’assaut avec un groupe de polythéistes ou des cavaliers et Khalid Ibn al-Walid, selon Ibn Ishaq. Cependant, ils furent aussitôt repoussés par ‘Umar Ibn al- Khattab et un groupe d’Ansari après que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna cet ordre : « Ils ne doivent pas nous atteindre ! »
Dans cette dernière offensive avortée, les polythéistes subirent la perte de trois hommes, tous tués par les flèches de Sa’d Ibn Abi Waqqas. A ce propos, nous trouvons ceci dans Maghazi al-Amawi : « Dès que les polythéistes commencèrent l’assaut de la position, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit à Sa’d : « Repousse-les! » Sur cet ordre pressant, Sa’d Ibn Abi Waqqas tira trois fois et à chaque trait, il fit mouche[17]. »
 
Avec la mort de ces trois Qouraysh et la réaction énergique du groupe de ‘Umar Ibn al-Khattab, Qouraysh désespéra et se convainquit que les Musulmans étaient désormais à l’abri de toute autre mauvaise surprise, d’autant plus qu’ils réorganisèrent leurs rangs autour de leur commandant en chef Muhammad Ibn ‘AbdAllah.
 
En plus de la fatigue de l’armée mecquoise et les éprouvants coups du début de la bataille qui semèrent la peur et la panique dans le cœur des hommes de troupe, Abou Soufyan décida en tant que commandant en chef de l’armée des Qouraysh la fin des opérations et donna l’ordre à ses hommes de troupe de se préparer pour le départ.
 
Ce fut ainsi que prit fin la bataille de Ouhoud cependant, avant le départ définitif des troupes vers La Mecque, des atrocités propres aux barbares furent commises sur les corps des Shouhadah musulmans. Des ventres furent crevés, des entrailles arrachées, des nez et des oreilles coupés ainsi que des organes génitaux sectionnés[18].
 
Le plus touché par ces actes barbares fut Hamza Ibn ‘Abd al-Mouttalib (radhiyallahou ‘anhou) qui reçut d’ailleurs à juste titre le surnom de Sayyid ash-Shouhadah, (le seigneur des martyrs) car les seigneurs et notables de Qouraysh avaient plus d’une revanche à prendre sur lui : il avait tué à Badr avec son neveu ‘Ali Ibn Abou Talib plus d’un seigneur des Qouraysh dont ‘Outbah Ibn Rabi’ah, Shaybah Ibn Rabi’ah et al-Walid Ibn ‘Outbah, le frère de Hind Bint ‘Outbah, tous des Banou Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams Ibn al-Manaf.
Ce fut, pour cette raison que Hind Bint ‘Outbah fut la personne la plus violente dans sa vengeance. Elle éventra le corps de Hamza puis retira le foie quelle mordit pour le manger cru mais en fut incapable. Elle enleva même les entrailles, les deux oreilles et le nez et les utilisa comme ornements après qu’elle eut donné ses bijoux et quelques vêtements en récompense à al-Wahshi qui à la fin de la bataille, était allé annoncer la bonne nouvelle à Hind Bint ‘Outbah.
- « Qu’aurais-je donc si je te disais que j’ai tué le meurtrier de ton père ? »
- Ce que j’ai sur moi comme bijoux et par extension quelques vêtements. »
Il lui confirma alors la mort de Hamza et en contrepartie, elle lui donna effectivement ses bijoux et ses vêtements, en plus de la récompense en or promise dès le retour à La Mecque.
 
Ibn Ishaq a aussi rapporté que Hind Bint ‘Outbah ainsi que les femmes qui l’accompagnaient mutilèrent les Compagnons du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en coupant les oreilles et les nez et qu’elle s’orna avec ces organes humains.
 
Plus tard, Hind Bint ‘Outbah se vanta dans un poème d’avoir eu sa vengeance mais elle reçut une belle réplique en poésie aussi de la part de Hind Bint Athatha Ibn ‘Abbad Ibn al-Mouttalib.
 
Et, pendant que les quelques polythéistes mutilaient les corps des Shouhadah, Abou Soufyan et les autres chefs mecquois s’affairèrent sur le champ de bataille à connaitre le nombre des morts de deux camps.
En passant près du corps de Hamza, il s’arrêta puis commença avec son arc à le frapper au coin de la bouche en disant : « Goutes comme c’est amer ! »
Mais, comme ces pratiques étaient reprouvées par les Arabes, le seigneur al-Houlays Ibn Zaban Ibn ‘Abd al-Manat se permit de dire : « O fils de Kinana, c’est le seigneur de Qouraysh (Abou Soufyan) qui fait cela à un parent (le fils de son oncle). Ce que tu vois n’est qu’un tas de chair (Hamza était mort et qu’il ne pouvait plus se défendre). » A ces paroles Abou Soufyan eut honte et dit : « Malheur à toi ! Oublie cela. Ce n’est qu’une erreur. »



[1] Samt an-Noujoum al-Awali, t.II, p.85.

[2] Sirah Ibn Hisham.

[3] As-Sirah al-Halabiya, t.II, p.22

[4] Témoignage rapporté par Ahmad Ibn Hajar dans al-‘Isaba.

[5] Al-Bidayah wan-Nihayah, t.IV.

[6] Al-Bidayah wan-Nihayah, t.IV, p.23.

[7] Al-Bidayah wan-Nihayah, t.IV, p.30

[8] Sirah Ibn Hisham, t.II, p.82.

[9] As-Sirah al-Halabiya, t.II, p.25.

[10] As-Sirah al-Halabiya, t.II, p.25.

[11] Voir aussi al-Bidayah wan-Nihayah, t.IV, p.27.

[12] Samt an-Noujoum al-‘Awali, t.II, p.88.

[13] As-Sirah al-Halabiya, t.II. p.22.

[14] Samt an-Noujoum al-‘Awali, t.II, p.87.

[15] Sirah Ibn Hisham, t.II, p.86.

[16] As-Sirah al-Halabiya, t.II. p.30.

[17] Zad al-Mi‘ad, t.II, p.240

[18] Samt an-Noujoum al-Awali, t.II, p.87.






Reconstitution de la Mosquée du Prophète