Le retour des
belligérants
1 - Les
polythéistes
Les polythéistes retournèrent à La Mecque et arrivés
dans un endroit appelé ar-Rawha, on informa
Abou Soufyan que les musulmans étaient sortis de
Médine et s’étaient lancés à leur poursuite. Il
s’effraya à l’idée que le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) avait peut-être reçu des renforts
d’autant plus qu’à ce moment arriva Ma’n
al-Khouza’i, qui venait de croiser le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et ses Compagnons et
Abou Soufyan le questionna à propos des musulmans.
Ma’n, qui était encore idolâtre lui répondit Muhammad
et un grand nombre de musulmans étaient à leur
trousse, qu’ils étaient pleins de rancune et de
haine et qu’ils voulaient se venger.
Alors Abou Soufyan pensa qu’une nouvelle rencontre
avec les musulmans signifierait une défaite et
l’éclat de leur victoire à Ouhoud serait
ternie sans compter le nombre de nouvelles victimes
des Qouraysh. Il songea à une ruse et envoya avec
une petite caravane appartenant aux Bani ‘Abd
al-Qays dire à Muhammad : « Abou Soufyan a
décidé de revenir pour vous affronter et vous
anéantir. » Puis, il ordonna aux Qouraysh de
regagner rapidement La Mecque.
2 - Les
musulmans
Lorsque
les polythéistes quittèrent le champ de bataille et
que le Messager d’Allah (rallallahou ‘aleyhi wa
sallam) revint à Médine avec les croyants, il
échafauda une tactique osée qui pourrait amoindrir
le choc de la défaite et remonter le moral aux
croyants et en même temps, semer la peur dans les
cœurs des juifs à Médine.
Il décida de sortir à la poursuite des polythéistes
qu’avec ceux qui avaient pris part à la bataille. Il
quitta Médine le lendemain, le dimanche 16 Shawwal
de l’an 3 de l’Hégire et se rendit à Hamra
al-Assad, un endroit à huit milles de Médine sur le
chemin qui mène à La Mecque. Là, il fut informé que
les Qouraysh avaient décidé de revenir pour
l’affronter. Le moral des musulmans demeura très
élevé et ils attendirent les Qouraysh durant trois
jours. Mais quand ils surent qu’ils étaient
retournés à La Mecque, ils retournèrent à Médine.
C’est ainsi que, grâce à cette action, les musulmans
récupérèrent une grande partie de leur moral. Les
polythéistes perdirent 22 hommes et les musulmans
71.
Les causes de
la défaite
1 - La
bataille fut-elle une défaite ou une victoire ?
Je ne suis contre l’avis des historiens qui
considérèrent que la bataille d’Ouhoud fut
une défaite pour les musulmans et une victoire pour
les polythéistes. Car, si on étudie les évènements
du point de vue militaire, on constate que les
musulmans l’emportèrent malgré leur perte
considérable. Pour l’expliciter, militairement, il
faut connaitre les causes réelles de la bataille
d’Ouhoud.
Au début
du combat, les musulmans réussirent à chasser les
polythéistes de leur camp, à encercler leurs
familles et leurs biens et à abattre leur étendard.
Cependant, le geste imprévu de Khalid Ibn al-Walid
et la controffensive des polythéistes leur donnèrent
l’occasion de vaincre les croyants. Ces imprévus
furent la cause de la grande perte que subirent les
croyants bien que la victoire resta leur du fait,
que dans toute attaque ou bataille, le côté
militaire n’est pas le seul point qu’on doit
envisager en parlant des pertes, mais plutôt le but
pour lequel cette bataille fut déclenchée et ce but
consistait à exterminer l’ennemi. La question qui se
pose est : les polythéistes ont-ils pu réaliser leur
but et anéantir les musulmans ?
Les
actions militaires des polythéistes et
particulièrement l’opération de Khalid Ibn al-Walid
et la contre-attaque, alors que leur nombre était
cinq fois supérieur à celui des musulmans, auraient
dû en tout état de cause, anéantir définitivement
les musulmans. Un grand corps de cavalerie commandée
par Khalid assiégeant quelques archers qui put se
sauver sans subir de grande perte ne constituait-il
pas une victoire emportée par ces quelques individus
?
On ne
peut pas considérer l’échec d’exterminer le petit
groupe par le plus grand comme une victoire pour ce
dernier. Ainsi les Qouraysh ne réussirent ni à
briser la résistance des croyants ni à les
démoraliser sans quoi, les musulmans ne seraient pas
sorti le lendemain à leur poursuite avec le même
nombre de combattants en plus que l’ennemi préféra
se retirer plutôt que de les affronter de nouveau.
Le
retournement de la situation critique pour les
musulmans fut en fait une grande victoire car
l’encerclement des polythéistes avec toute leur
force en cette circonstance ne pouvait signifier
dans une situation pareille, que l’anéantissement de
leur ennemi ce qu’ils furent incapable de réaliser.
De même, la bataille d’Ouhoud eut comme
avantage pour les musulmans d’abord de pleinement
réaliser le résultat de la désobéissance au
commandant ainsi que dévoiler les hypocrites qui
vivaient parmi eux et ceci, sans aucun doute apporta
un gain inestimable si l’on considère le nombre de
victimes du côté des musulmans.
2 -Les causes
du revers apparent
Il est dû
à plusieurs raisons :
A -
D’abord au début pour ne pas avoir poursuivi les
polythéistes en fuite qui s’étaient éloignés de leur
campement et plutôt pour avoir préféré de s’occuper
du butin avant que le résultat de la bataille n’ait
été clairement établi. S’ils avaient poursuivi les
Qouraysh après leur défaite, ils auraient pu
facilement les exterminer et auraient eu par la
suite, largement le temps de s’intéresser au butin.
B - Parce
qu’ils ont désobéi aux ordres puisque la soumission
est la première caractéristique qui distingue un bon
soldat. Les archers désobéirent aux ordres du
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), en
quittant leur place pour aussi ramasser le butin par
manque de jugement et en croyant trop rapidement que
le bataille avait été remportée. Ils exposèrent
ainsi inutilement le dos de l’armée musulmane sans
défense ce qui permit à Khalid Ibn al-Walid de
saisir cette occasions pour lancer sa
contre-attaque.
C - La
surprise joue un grand rôle dans la guerre et
constitue 1’un ses principes essentiels. Il s’agit
de frapper l’ennemi dans un endroit particulier ou à
un moment où il s’attend le moins voir en utilisant
des moyens imprévus pour détruire les forces
matérielles et morales de l’ennemi de manière
décisive. C’est ainsi qu’agit Khalid Ibn al-Walid.
Il put frayer sa cavalerie à travers les rangs des
croyants et les séparer de leur compagnons ce qui
les jeta dans la confusion. Ils devinrent incapables
de distinguer le compagnon de l’ennemi et se
sentirent isolés.
Bien que
cette promptitude permis aux Qouraysh de pulvériser
la cohésion du groupe et de désorganiser leur force,
ils ne profitèrent pas de l’élan pour rendre cette
bataille décisive quant à ses conséquences, ceci
grâce au renversement de la situation désastreuse
dans laquelle se trouvait les musulmans, lorsqu’ils
prirent appui sur une des collines proches.
Des leçons tirées d’Ouhoud
1 - Le recueil
des informations
Grâce à la lettre qu’envoya secrètement
qu’al-‘Abbas, l’oncle paternel du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), les musulmans
acquirent tous les renseignements concernant les
polythéistes au moment opportun avant leur sortie de
La Mecque pour Médine. Le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) envoya aussi une patrouille de
reconnaissance vers le camp des Qouraysh près d’Ouhoud.
Ces renseignements qu’ils pu recueillir leur épargna
l’attaque surprise de Médine.
2 - Le
commandement
Les Qouraysh avaient un seul commandant, Abou
Soufyan Ibn Harb, mais qui manquait de talent
militaire et son pouvoir sur les hommes était si
faible qu’il ne put empêcher les femmes de mutiler
les martyrs parmi les musulmans du fait qu’il
n’avait aucune autorité sur. S’il avait été un
commandant émérite, il aurait pu accabler les
croyants de perte plus considérable après leur
encerclement.
Quant au
commandement du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam), il fut totalement différent. Il choisit
d’abord le lieu du combat et y contraignit les
Qouraysh, disposa stratégiquement les archers dans
une place qui pouvait protéger les musulmans contre
une attaque imprévue et confia à chaque partie de
son armée une tâche déterminée.
Tout ceci
n’est pas à comparer avec sa manœuvre lors de la
contrattaque quand les musulmans furent cernés par
les polythéistes alors que les forces de ces
derniers étaient cinq fois supérieures. Là, son
génie militaire fut exemplaire bien que la grande
partie de ses Compagnons semblèrent accablés et
démoralisé, surtout lorsqu’ils entendirent que le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
avait été tué. Un petit groupe resta avec lui tandis
que les autres s’enfuirent vers les hauteurs.
Dans
cette situation critique et difficile, il put se
frayer, avec ses Compagnons, un chemin entre les
rangs des polythéistes et les mener vers un endroit
plus sûr. De là, il prit l’initiative de réorganiser
sa petite armée faible et démunie, pour résister à
l’ennemi et repousser ses attaques. Ainsi il réussit
à changer la défaite en une victoire et empêcher les
Qouraysh de réaliser leur dessein d’exterminer les
croyants dans un combat désespéré et les obligea
finalement à quitter le champ de bataille.
Ajoutons
à cela que, le lendemain, il sortit à la tête de la
même troupe à la poursuite des polythéistes qui
avaient pris le chemin de retour vers La Mecque
malgré la ruse d’Abou Soufyan.
Tel fut le génie militaire du Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avant et après cette
bataille où les forces des deux partis furent
inégales tant en nombre qu’en équipement. Je n’ai
jamais trouvé dans un quelconque livre d’histoire
qu’un commandant avant cette époque n’avait
transformé sa défaite en une victoire dans des
circonstances aussi difficiles. Cependant, nous
avons pu voir à travers nos
Abrégés
Historiques que lorsque les musulmans furent
battus sur le champ de bataille et que le commandant
de l’armée resta combattre, la défaite se transforma
en victoire pour les musulmans à moins que le
commandant n’ai été lui-même tué dans la bataille,
un cas de figure très rare.
3 - Les
problèmes de la mobilisation
A - La désobéissance aux ordres
Les
archers commirent la faute très grave d’enfreindre
l’ordre du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
en quittant leur place pour la convoitise du butin.
S’ils n’avaient pas agi ainsi, Khalid Ibn al-Walid
n’aurait jamais réussi à surprendre les musulmans
sur leur arrière ni les Qouraysh à les encercler.
Cette insubordination coûta très cher aux croyants
et elle est une leçon primordiale pour les guerriers
rebelles dont les conséquences peuvent s’avérer
catastrophiques.
B - Le
retard de la poursuite
Les
musulmans commirent aussi la grande erreur
d’ajourner la poursuite des incroyants alors qu’ils
avaient la main haute. Si les musulmans avaient
poursuivi les Qouraysh, après avoir encerclé leur
camp, sur une distance de dix milles par exemple,
ils auraient pu les octroyer une perte considérable
et la bataille aurait été une grande victoire pour
eux.
C - La
tactique
Les deux
partis adoptèrent la méthode des rangs ce qui donna
aux Qouraysh un certain avantage depuis qu’ils
appliquaient auparavant la méthode d’attaque et
replit.
4 - Les
problèmes de logistique
A - Les
provisions
Les
Qouraysh s’équipèrent en conséquence tant de
provisions que d’équipement, et ceci leur apporta un
certain avantage.
B -
L’enterrement des morts
Les Qouraysh
enterrèrent leurs morts et laissèrent le champ de
bataille jonché des cadavres musulmans après les
avoir mutilés scandaleusement. On raconte que Hind
Bint ‘Outbah et les autres femmes tranchèrent le nez
et les oreilles des martyrs musulmans.
Ouhoud,
un évènement de l’histoire
L’ensemble des historiens ont rapporté que la
bataille d’Ouhoud marqua une grande victoire pour
les polythéistes, mais en réalité, sur le plan
militaire, rien ne l’affirme d’autant plus que les
Qouraysh furent incapables d’anéantir les musulmans
pourtant cernés de toutes parts et que le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pu sauver
les 9/10 de son armée en se frayant un chemin entre
les rangs de l’ennemi pour gagner l’abri sdes
hauteurs du mont Ouhoud. Puisque la victoire
consiste à écraser l’ennemi et à le neutraliser de
manière à ce qu’il ne soit pas capable de reprendre
l’affrontement du moins dans l’immédiat, on peut
considérer de ce point de vue que la bataille fut un
échec pour les polythéistes et une victoire pour les
musulmans puisqu’aucun de ses buts ne furent
achevés.
D’autre
part, cette bataille permis aux croyants d’épurer
leur armée, avant et après la bataille et de se
débarrasser des hypocrites, comme nous l’avons déjà
remarqué.
Les conséquences de cette bataille démontrèrent le
succès de la mobilisation des croyants et l’échec
des incroyants qui ne purent réaliser le but de leur
campagne. Allah, Exalté et Loué,
le Très Haut
est Véridique quand II dit : «
Voilà un
exposé pour les gens, un guide, et une exhortation
pour les pieux. Ne vous laissez pas battre, ne vous
affligez pas alors que vous êtes les supérieurs, si
vous êtes de vrais croyants. Si une blessure vous
atteint, pareille blessure atteint aussi l’ennemi.
Ainsi faisons-Nous alterner les jours (bons et
mauvais) parmi les gens, afin qu’Allah reconnaisse
ceux qui ont cru, et qu’Il choisisse parmi vous des
martyrs - et Allah n’aime pas les injustes, et afin
qu’Allah purifie ceux qui ont cru, et anéantisse les
mécréants. Comptez-vous entrer au Paradis sans
qu’Allah ne distingue parmi vous ceux qui luttent et
qui sont endurants ? » [Qur’an 3/138-142]
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