Des leçons tirées de ces patrouilles

 

1 - L’exploration

Les musulmans purent explorer tous les chemins qui entouraient Médine et menaient à La Mecque, surtout ceux qui constituaient des voies vitales empruntée par les caravanes de commerce entre La Mecque et le pays de Sham. De même, ils purent aussi rencontrer les autres tribus avoisinantes et conclure avec elles un pacte de non-agression.

 

2 - Le combat

Les musulmans purent ainsi dévoiler leur force pour se défendre contre les idolâtres, les autres tribus, les non-musulmans vivant à Médine particulièrement les juifs et défendre en même temps leur religion en cas de nécessité. Leur intention dans toutes ces manœuvres n’avait pour but que d’assurer leur liberté de diffuser leur Dogme sans aucune intervention étrangère. Ainsi, ils réussirent à conclure des alliances avec des tribus arabes qui vivaient dans le voisinage de Médine et sur le chemin du pays de Sham.

 

3 - La dissimulation de l’objectif

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) inventa le concept de l’objectif dissimulé par le moyen de lettres anonymes cachant son objectif et empêcher ainsi l’ennemi d’en avoir connaissance particulièrement en ce qui concerne les déplacements musulmans. Cette dissimulation eut pour avantage d’attaquer l’ennemi à l’improviste et qui est, actuellement, le moyen utilisé par les armées.

 

4 - Le blocus économique

Les musulmans menacèrent constamment les caravanes commerciales entre La Mecque et Sham si bien que les voies qu’empruntaient les Qouraysh devinrent dangereuses ce qui engendra un effet néfaste sur le commerce en général car les Qouraysh n’avaient d’autre moyen pour assurer leur subsistance.

 

 

La lutte entre deux dogmes

 

« Grand Seigneur, voilà les Qouraysh protégés par leur arrogance et traitant Ton Prophète de menteur. Accorde la victoire que Tu m’as promise. Grand Seigneur, si ce groupe de croyants est tué, Tu ne seras jamais plus adoré. »

(Muhammad, le Messager d’Allah)

 

 

La grande expédition de Badr

 

 

Le premier combat décisif

 

La situation générale

1 - Les musulmans

A Médine, le nombre de musulmans s’accrut et leur cohésion devint de plus en plus solide et bien que les Médinois leur avaient partagé ce qu’ils possédaient, les conditions des Mouhajirines étaient misérables à cause du manque de ressources puisque ces derniers avaient laissé à La Mecque leurs familles et leurs biens. De ce fait, il n’était donc pas étonnant de voir les musulmans chercher à récupérer leurs biens des Qouraysh.

 

2 - Les polythéistes et les juifs

Après le meurtre de ‘Amr Ibn al-Hadrami, les polythéistes pensèrent constamment à la vengeance pour redonner aux Qouraysh leur dignité et leur honneur auprès des autres Arabes.

La route de commerce entre La Mecque et Sham, qui était une voie vitale pour les Qouraysh, tomba à la merci des musulmans et leurs alliés ce qui annonça pour eux la faillite éventuelle de leur commerce. Ajoutons à cela la croissance des forces musulmanes et leur influence sur les autres, une réalité qui ne convenait guère aux Qouraysh.

 

Tels étaient les facteurs principaux qui poussèrent les idolâtres à mettre fin à l’expansion de la nouvelle religion. Les juifs à Médine, de leur part, animaient la guerre froide contre les musulmans en leur créant toujours des problèmes. Ils formaient la cinquième colonne des Qouraysh et ne cessaient de dresser les non-musulmans contre les croyants.

 

Les forces des deux parties

1 - Les musulmans : L’effectif de l’armée musulmane était formé de 305 hommes parmi les Mouhajirines et les Ansars sous le commandement du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Les musulmans ne possédaient que deux chevaux et soixante-dix chameaux qu’ils  montaient à tour de rôle.

2 - Les polythéistes : Ils étaient au nombre de 950 hommes dont la majorité était de Qouraysh. Ils avaient deux cent chevaux et un grand nombre de chameaux servants de montures et pour transporter leurs effets et provisions. Cette armée fut confiée à des notables Qouraysh.

 

Les buts des deux partis

A - Les musulmans : Ces derniers voulaient s’emparer de la caravane des Qouraysh, protégée par environ quarante hommes, commandés par Abou Soufyan Ibn Harb. Ils avaient aussi l’intention de rester à Badr, après la fuite de la caravane afin que de montrer leur force aux polythéistes afin que les musulmans puissent répandre leur religion en toute liberté.

 

B - Les polythéistes : la protection de la caravane venant de Sham cependant, une fois que la caravane échappa aux musulmans, certains voulurent les affronter et d’autres cherchèrent à retourner à La Mecque. Ceux qui s’était décidés de combattre l’emportèrent surtout pour venger Amr Ibn al-Hadrami et anéantir la force des musulmans, montrer leur puissance aux autres tribus arabes et de rendre les routes des caravanes sûrs et paisibles.

 

Avant la bataille

1 - Les musulmans :

A - Au début de l’automne de l’an 2 de l’Hégire, Abou Soufyan Ibn Harb, sortit à la tête d’une grande caravane pour se rendre au pays de Sham. Les musulmans voulurent l’intercepter dans un endroit appelé al-‘Oushayrah comme nous l’avons précédemment mentionné mais les polythéistes purent s’esquiver. Les croyants durent attendre leur retour pour les attaquer. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) chargea alors Talha Ibn ‘Oubaydallah et Sa’id Ibn Zayd pour les surveiller. Arrivés à al-Lawra sur la route conduisant en Syrie (Sham), ces deux hommes, aperçurent la caravane et retournèrent informer le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Il demanda alors aux croyants d’attaquer en leur disant : « Voilà la caravane des Qouraysh, attaquez-la, peut-être Allah, Exalté et Loué, vous la livrera comme butin. »

 

Certains parmi les croyants s’empressèrent de répondre à l’appel du Prophète et d’autres prirent tout leur temps, croyant que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) n’allait pas livrer bataille mais qu’il se contenterait peut-être d’une escarmouche comme il fit durant certaines expéditions. Certains non-musulmans voulurent participer à cette bataille pour acquérir un butin, mais le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) refusa leur concours.

 

B - Le huitième jour de Ramadan de l’an 2 de l’Hégire, les musulmans prirent les dispositions militaires suivantes :

1 - L’envoi d’une patrouille de reconnaissance pour être informer sur les mouvements des polythéistes.

2 - Deux bataillons furent formés : le premier comprenait les Mouhajirine sous le commandement de ‘Ali Ibn Abi Talib et ‘Oumayr Ibn Hashim. Le deuxième comprenait des Ansars sous l’étendard noir de Sa’d Ibn Mou’ad.

3 - Une arrière-garde commandée par Qays Ibn Abi Sa’sa’a.

4 - L’étendard blanc des musulmans fut confié à Mis’ab Ibn Oumayr Ibn Hashim.

 

C - Les forces des croyants empruntèrent le chemin des caravanes, long de 160km, entre Médine et Badr. Le Messager d’Alla (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) partagea les soixante-dix chameaux entre ses compagnons. ‘Ali Ibn Abi Talib et Marthad Ibn Abi Marthad al-Ghanawi furent dans le groupe du Prophète avec qui ils devaient monter le chameau à tour de rôle. En lui proposant de monter le chameau et de l’accompagner à pied, il leur répondit : « Vous n’êtes pas plus forts que moi et j’ai besoin de la récompense que vous cherchez. » Ainsi le Messager d’Alla (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) voulut montrer aux croyants qu’il leur était égal.

 

D - Les musulmans s’élancèrent à la hâte pour rattraper la caravane et chargèrent quelques-uns pour la guetter. Arrivé tout près d’as-Safra’, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya une patrouille de deux hommes vers Badr pour lui faire un compte rendu des polythéistes, de leur force, de la caravane et de leur position. En atteignant la vallée Dzafiran, on fit part aux musulmans que les Qouraysh étaient sortis en grand nombre pour défendre la caravane.

 

E - Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) informa ses Compagnons et leur demanda leur avis. Après qu’Abou Bakr et ‘Omar aient donné leur avis, al-Miqdad Ibn ‘Amr se leva à son tour et dit : « O Envoyé d’Allah, exécute les ordres de ton Seigneur, nous sommes tous avec toi. Par Allah, nous n’allons pas te dire comme les Banou Isra'il dirent à Moussa ; « Mets-toi en marche, toi et ton Seigneur et combattez tous les deux ; quant à nous, nous attendons. ». Nous te dirons plutôt : « Allez-y toi et Ton Seigneur et combattez. Nous combattrons avec vous. Par Celui qui t’a envoyé avec la vérité, si tu nous conduisais vers Birk al-Ghimad[1], nous irons avec toi en supportant tout pour l’atteindre. »

Les hommes gardèrent le silence. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se tourna vers eux et redemanda leur avis. Il voulut entendre les Ansars qui lui avaient prêté le serment d’allégeance à al-‘Aqabah et qui s’étaient engagés vis-à-vis de lui de le défendre comme ils défendent leurs femmes bien que cette allégeance n’incluait pas sa défense une fois hors Médine. Il craignait que les Ansars ne le défendraient qu’à l’intérieur de leur ville.

 

A ce moment-là, Sa’d Ibn Mou’ad se leva et dit : «O Envoyé d’Allah, il semble que tu attends notre avis ? » - Oui, répondit-il. Sa’d dit alors : « Nous avons cru en toi et témoigné que ce que tu as apporté est la vérité. Nous nous sommes engagés vis-à-vis de toi à t’écouter et obéir. Exécute ce que tu veux et nous serons à tes côtés. Par Celui qui t’a envoyé avec la vérité, nous te suivrons même si tu plonges dans cette mer et nous ne reculerons pas si l’on rencontre notre ennemi demain. Nous ferons preuve de patience en cas de guerre et de sincérité en cas de rencontre, peut-être qu’Allah, Exalté et Loué, te fera voir des actes qui te satisferont. Guide-nous avec la bénédiction d’Allah. »

 

Les croyants se mirent en route et arrivés près de Badr, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et Abou Bakr prirent la tête de cette troupe. Ils rencontrèrent un vieillard et lui demandèrent ce qu’il savait des Qouraysh, de Muhammad et de ses compagnons. Il leur répondit : « Je ne vous dirai rien avant que vous me disiez d’où venez-vous ! » Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) répliqua : « Si on te dit qui nous sommes, nous raconteras-tu ce que tu sais ? »

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) put alors apprendre ce qu’il voulait savoir et que les chameaux des Qouraysh étaient tout proches. Puis il dit au vieillard avant de le quitter : « Nous sommes venus d’une eau (à savoir que toutes les créatures sont issues d’eau). » Le vieil homme se mit à répéter : « De l’eau ? De l’Iraq peut-être ? » Ainsi le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) utilisa une astuce et ne lui dévoila pas son identité afin que les Qouraysh ne s’aperçoivent pas de la présence des musulmans.

 

F - Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya deux patrouilles de reconnaissance pour découvrir le lieu de rassemblement des Qouraysh et estimer leur force.

 

La première patrouille était composée de ‘Ali Ibn Abi Talib, az-Zoubayr Ibn al-‘Awam, Sa’d Ibn Abi Waqqas et d’autres hommes Elle put atteindre la source (le puit) de Badr, puis retourna avec deux esclaves des Qouraysh. En les interrogeant, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) apprit que les Qouraysh se trouvaient derrière une petite colline sur le versant le plus éloigné. Quant à leur nombre, les esclaves n’en avaient aucune connaissance. Il leur demanda : « Combien d’animaux égorgez-vous chaque jour ? » « Un jour neuf chameaux, un autre dix, » répondirent-ils.

Ainsi il put estimer qu’ils étaient d’un nombre variant entre neuf cent et mille ainsi que des notables de Qouraysh étaient parmi eux.

 

La deuxième patrouille composée seulement de deux hommes put atteindre la source de Badr. Ils entendirent une esclave réclamer une dette à  une autre et celle-ci répondit : « La caravane arrivera demain ou après demain, je travaillerai et m’acquitterai de cette dette. » Les deux hommes retournèrent chez le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et lui firent part de cette conversation.

 

G - Les musulmans s’apprêtèrent alors pour combattre et campèrent dans un endroit tout près de la source de Badr. Al-Habbab Ibn al-Moundir vint trouver le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et lui dit :

- « Vois-tu cet endroit ? Est-ce Allah  qui te l’a désigné ? Nous ne pouvons ni avancer ni reculer ou bien il est relatif à la sagesse de l’état de guerre et la ruse ? » Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) répondit :

- « Plutôt la sagesse de l’état de guerre et la ruse. » Al-Habbab ajouta :

- « Ce n’est pas un endroit convenable. Ordonne aux hommes de s’approcher de l’eau, de s’installer dans un endroit approprié et de creuser afin que l’on fasse un bassin que l’on remplira d’eau. Nous pourrons ainsi combattre nos ennemis, boire et les priver d’eau. »

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) s’exécuta. Peu avant minuit, les musulmans s’établirent dans leur nouveau camp et contrôlèrent la source d’eau. Puis le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), déclara à ses Compagnons qu’il n’était qu’un mortel comme eux, qu’ils devaient délibérer ensemble, qu’il ne décidait rien sans les consulter et qu’il avait toujours besoin des conseils des gens avisés parmi eux.

 

Le bassin fut achevé et remplit d’eau sous le couvert de la nuit tandis que le puit fut recouvert pour faire disparaître l’eau de la source. Les musulmans se reposèrent alors afin de récupérer leur force pour affronter l’ennemi.

 

2 - Les polythéistes

Abou Soufyan Ibn Harb eut vent de la sortie du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pour intercepter la caravane et s’en emparer. Cette caravane était formée de mille chameaux transportant différentes marchandises car chacun des Qouraysh avait participé en avançant ce qu’il possédait à Abou Soufyan. Certains estimèrent la valeur de ces marchandises à cinquante mille dinars.

 

Craignant que cette caravane protégée par trente ou quarante hommes ne tombe entre les mains des croyants, Soufyan Ibn Harb paya une somme d’argent à Damdam Ibn ‘Amr al-Ghifari pour qu’il parte sur le champ avertir Qouraysh et les informer de la sortie du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et ses Compagnons.

 

Après avoir coupé l’oreille et le nez de son chameau pour le presser, Damdam arriva rapidement à La Mecque. Il changea la position du bât, déchira sa chemise par devant et par dernière et se mit à crier :

- « O Qouraysh ! Sauvez votre caravane ! Sauvez votre caravane ! Vos biens sont avec Abou Soufyan. Muhammad est sorti pour s’en emparer avec ses Compagnons. Je ne suis pas sûr que vous ne puissiez l’empêcher. Au secours ! Au secours ! »

 

Les Qouraysh n’eurent pas besoin d’un second appel car chacun d’entre eux avait une part dans cette caravane. Ils firent leurs préparatifs et s’apprêtèrent à sortir quand ils se rappelèrent l’hostilité des Bani Kinana envers eux et, craignant que ceux-ci ne les frappent dans le dos, ils craignirent cette trahison. Cependant, l’arrivée de Malik Ibn Jash’am al-Midlaji, un des notables des Bani Kinana dissipa leur peur. Celui-ci vint les rassurer en leur disant : « Je vous défendrai contre les Bani Kinana s’ils pensaient à vous attaquer dans le dos. »

 

En obtempérant aux ordres de leurs chefs, surtout Abou Jahl, le plus hostile envers les musulmans et ‘Amir, le frère de ‘Amr Ibn al-Hadrami que les croyants avait tué à Nakhlah et qui ne pensait qu’à le venger, les Qouraysh sortirent à la rencontre des musulmans. Seul Abou Lahab resta chez lui mais il désigna une autre personne pour lutter à sa place. Ainsi les polythéistes purent rassembler un grand nombre d’hommes capables de porter les armes.

 

Abou Soufyan Ibn Harb partit au-devant de la caravane pour s’enquérir de la force des musulmans. Arrivé auprès de la source de Badr, il rencontra Majdi Ibn ‘Amr et lui demanda : - « As-tu vu les musulmans ? »

- « Non, » répondit-il, « mais j’ai vu deux hommes se diriger vers cette colline, » et il lui montra l’endroit.

En suivant les traces de ces deux hommes et examinant les crottins de leurs montures, il constata qu’ils contenaient des noyaux de dattes de Yathrib. Il sut donc aussitôt que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se trouvaient avec ses Compagnons dans les parages. Il retourna immédiatement vers la caravane et ordonna aux hommes de changer leur itinéraire en empruntant le chemin du littoral, de sorte que la source Badr soit à leur gauche. Il hâta l’allure de la caravane pour être à l’abri de l’attaque des musulmans. Ensuite il envoya quelqu’un informer les Qouraysh qu’il était à l’abri de danger et que leur sortie était inutile.

 

Les Qouraysh, pour leur part, chargèrent ‘Oumayr Ibn Wahb al-Joumahi d’aller guetter les croyants pour estimer leur force. Une fois sa mission accomplie, il retourna les informer qu’ils étaient environ trois cent hommes, manquant de renforts et de provisions et qui n’auraient comme abris que leurs sabres, de sorte qu’aucun d’entre eux ne mourrait avant de tuer un de ses ennemis.

Les opinions des Qouraysh divergèrent alors : certains voulurent retourner et les Banou Zahra rebroussèrent chemin tandis que les autres, décidèrent d’avancer pour affronter les croyants. Abou Jahl qui était le chef de ces derniers s’écria : « Par Allah, nous ne retournerons pas avant d’avoir atteint le puit de Badr, d’y rester trois jours pour égorger les chameaux, manger, boire le vin, entendre la musique des chanteuses afin que les autres tribus arabes réalisent notre puissance et la redoute. »

 

Hakim Ibn Hizam se rendit chez ‘Outbah Ibn Rabi’ah et lui dit :

- « O al-Walid, tu es l’un des notables de Qouraysh et l’un de leurs maîtres. Voudrais-tu que l’on t’évoque par le bien jusqu’à la fin des temps ? »

- « De quoi s’agit-il ô Hakim, » répondit-il. Et Hakim de répliquer :

- « Retournes avec les hommes et charges-toi de l’affaire de ton allié ‘Amr Ibn al-Hadra ! » ‘Outbah rétorqua :

- « C’est déjà fait, tu peux le considérer ainsi. Il est en mon allié, je payerai sa compensation légale (Diya) et ce qu’il aura perdu de biens. Va chez Ibn al-Handhalyia (Abou Jahl) car j’ai peur qu’il ne divise les hommes. »

Hakim rapporta plus tard : « Je me rendis chez Abou Jahl et le trouva en train d’examiner son bouclier et le préparer pour le combat. Je lui dis :

- « Ô Abou al-Hakam, ‘Outbah m’a chargé de te dire telle et telle chose. » Abou al-Hakam répondit :

- « Par Allah, ‘Outbah a eu la chair de poule en voyant Muhammad et ses Compagnons. Par Allah, nous ne retournerons pas avant qu’Allah tranche entre nous et Muhammad. ‘Outbah est libre de dire ce qu’il veut. Il a vu que Muhammad et ses Compagnons ne sont que des mangeurs de viande de chameaux et son fils se trouve parmi eux. »

Puis Abou Jahl envoya dire à ‘Amir Ibn al-Hadrami :

- « Voici ton allié qui espère retourner chez lui avec les hommes. Tu viens de constater toi même que c’est bien le moment de venger ton frère. Lève-toi et rappelle-ton engagement. » ‘Amir lança alors :

- « O Amr ! O Amr (en évoquant son frère) ».

Quand on fit part à ‘Outbah des dires d’Abou Jahl « qu’il avait eu la chair de poule,» il répondit :

- « Ce poltron connaîtra bientôt qui l’un de nous à la chair de poule. »



[1] Une région au Yémen à l’extrémité d’al-Hijr.

 






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