1 - La trêve et
la paix
L’Islam
ordonne aux croyants de répondre à l’ennemi quand
celui-ci propose la trêve et la paix mais à
condition que ce dernier soit sincère dans son appel
et s’il présente vraiment des signes qui l’appuient.
Nous avons vu qu’en général et tout au long de
l’histoire, les mécréants ont toujours trahi leurs
traités et pactes à 99,99% des cas.
Allah, Exalté et Loué, s’adressa à Son Prophète
(pallallahou ‘aleyhi wa sallam) par ces mots : « Et
s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci
(toi aussi) et place ta confiance en Allah, car
c’est Lui l’Audient, l’Omniscient.
Et s’ils veulent te tromper, alors Allah te
suffira. C’est Lui qui t’a soutenu par Son secours,
ainsi que par (l’assistance) des croyants. » [Qur’an
8/61-62]
2 -
Les prisonniers de
guerre
L’Islam donne le choix au commandant de faire grâce
à l’ennemi et de libérer ses prisonniers sans ou
contre une rançon en argent ou en échanges d’hommes.
Tout dépend de l’intérêt qu’il se présente. Allah,
Exalté et Loué, a dit: «
Lorsque vous
rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru frappez-en
les cous. Puis, quand vous les avez dominés,
enchaînez-les solidement. Ensuite, c’est soit la
libération gratuite, soit la rançon, jusqu’à ce que
la guerre dépose ses fardeaux. Il en est ainsi, car
si Allah voulait, Il se vengerait Lui-même contre
eux, mais c’est pour vous éprouver les uns par les
autres. Et ceux qui seront tués dans le chemin
d’Allah, Il ne rendra jamais vaines leurs actions.
» [Qur’an 47/4].
L’Islam
interdit le meurtre du prisonnier ainsi que celui
qui se convertit... S’il embrassa l’Islam avant sa
capture et même sous l’effet de la peur, il devra
être donc considéré comme un musulman dont le sang
est sacré.
K - Le respect
des engagements
L’Islam incite à respecter les engagements pris
vis-à-vis des autres, à se conformer à leurs clauses
et interdit la trahison ou la violation pour montrer
que le véritable but recherché est le rétablissement
authentique de la paix et de la sécurité à la place
de la guerre et des troubles. Il avertit, d’autre
part, de ne pas abuser d’eux pour s’empare des biens
d’autrui injustement, comme Allah, Exalté et Loué,
l’a ordonné en disant : «
Soyez
fidèles au pacte d’Allah après l’avoir contracté et
ne violez pas vos serments après les avoir
solennellement prêtés et avoir pris Allah comme
garant [de votre bonne foi]. Vraiment Allah sait ce
que vous faites ! Et ne faites
pas comme celle qui défaisait brin par brin sa
quenouille après l’avoir solidement filée, en
prenant vos serments comme un moyen pour vous
tromper les uns les autres, du fait que (vous avez
trouvé) une communauté plus forte et plus nombreuse
que l’autre. Allah ne fait, par-là, que vous
éprouver. Et, certes, Il vous montrera clairement,
au Jour de la Résurrection ce sur quoi vous vous
opposiez. » [Qur’an 16/91-92]
Les conditions
requises pour le recrutement
1 - La puberté
Elle est fixée à l’âge de seize ans comme dans la
plupart des pays de nos jours. Ce recrutement
comporte les deux sexes car on a rapporté que dans
ses expéditions, le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam), demanda à certaines de ses
femmes, après un tirage au sort, et aux femmes
musulmanes d’y prendre part. À l’époque des Califes
Bien Guidés (Rashidine)
nul n’objecta ou refusa cette demande ainsi que du
temps des Omeyyades cependant, lorsque les
Abbassides prirent le pouvoir, les ‘Oulama
stipulèrent la masculinité des soldats et les femmes
furent écartées du métier de soldat. L’armée perdit
un facteur pour remonter le moral des troupes et
leur agissement fut plus tard désavoué.
2 - Etre
musulman
Cette condition est indispensable car un
non-musulman ne pourrait se battre avec le même zèle
et sincérité. Cependant, il reste possible aux
non-musulmans de combattre aux côtés des musulmans.
Un musulman, consolidé par sa foi ferme et solide
peut lutter, résister et tout endurer tout pour la
cause d’Allah, Exalté et Loué,
et de Sa
Religion et ainsi la victoire pourra être obtenue.
3 - Le corps
saint
Un corps
et un esprit sains caractérisent le soldat duquel on
attend tout. Une maladie persistante et une cécité
constituent une exemption du métier de soldat.
Cependant, il a été prouvé dans un grand nombre de
conflit, certains grands commandants comme Sa’d Ibn
Abi Waqqas et Salah ad-Din al-Ayyoubi emportèrent
des victoires décisives sur leur ennemi malgré leur
maladie tandis qu’un grand nombre de malades ont
affirmé que leur souffrance disparaissait lors des
combats.
4 - La
vaillance
Elle
comporte deux facteurs essentiels : Un corps saint
pour pouvoir combattre et résister dans certains cas
et la manipulation des armes après un entrainement
qui le rendra apte à s’en servir avec art et
habileté.
La mobilisation
générale
A ce
propos, on distingue deux cas :
1 – Général
Lorsque
le pays est menacé d’une attaque, la mobilisation
s’avère être obligatoire pour le défendre. Chaque
musulman est tenu de prendre les armes et de lutter.
Nul ne peut faire défection à moins qu’il ne soit un
hypocrite et doit donc être puni.
Dans ce
cas particulier, le combat devient une obligation
pour toute personne et il incombe à tous les
musulmans, mâles et femelles, d’y participer avec et
par tous les moyens. L’obligation peut s’étendre
jusqu’au pays voisin voir à l’ensemble des musulmans
ou qu’ils se trouvent.
2 - Particulier
C’est le
cas où les musulmans veulent attaquer un autre pays
pour différentes buts ou raisons. Une partie des
hommes sera appelée à porter les armes pour
participer à cette expédition. On a donné à ce genre
de recrutement le terme « devoir de suffisance » car
une partie des musulmans exempte l’autre.
Nous
avons présenté très sommairement le côté théorique
du combat avant de parler plus particulièrement de
la lutte du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) contre les impies.
Il est
essentiel de comprendre que le concept de guerre en
Islam est différent de celui des autres nations.
L’Islam n’appelle à la guerre que si la liberté de
convoyer le message de la dernière révélation à
l’ensemble de l’humanité est menacée ; message qui
consiste à proclamer l’unicité d’Allah et
l’unification des croyants quels qu’ils soient sous
cet étendard.
L’Islam
ne mène pas des guerres pour contraindre les gens a
adopté la foi par la force puisque la foi ne peut
être qu’un choix personnel. De même, l’Islam ne mène
pas de guerre pour des intérêts personnels ou
financiers, telles que les guerres déclenchées sur
la majorité des pays musulmans pour voler leurs
richesses de manière officielle ou officieuse par
des personnes interposées.
Le combat
d’après l’Islam n’a pas non plus pour mobile
d’instaurer les relations entre musulmans et
non-musulmans et ceci est normal par rapport à la
religion qui ne cherche ni expansion et ni
exploitation, qui interdit les agressions car, ses
bons principes sont l’appel à l’égalité entre les
gens dont la vertu et les bonnes œuvres distinguent
les uns des autres.
La paix
est donc plutôt la base générale d’après l’Islam
tandis que la guerre n’est qu’une exception.
Avant de lancer
la guerre
La préparation
militaire générale
Les musulmans
1 - La
situation à la Mecque
A - L’appel en
secret
L’appel à la mobilisation débuta, en effet, lorsque
le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
reçut les premières révélations. Il commença alors à
appeler les gens à Allah, Exalté et Loué, et à
Son Unicité, à purifier les âmes, à unifier les
rangs et à sacrifier tout intérêt personnel pour
assurer l’intérêt public. Allah, Exalté et Loué, lui
ordonna: «
Expose donc clairement ce qu’on t’a commandé et
détourne-toi des associateurs. » [Qur’an15/94]
Le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
exposa et proposa cette nouvelle religion d’abord
aux membres de sa famille, puis à certains de ses
amis sincères auxquels il se confia. Une élite de
ces gens crut en lui et forma le noyau de l’armée
musulmane.
Cet appel demeura secret pendant trois ans jusqu’à
ce que cette nouvelle révélation descendit : «
Avertis tes
proches. » [Qur’an 26/214]. Après cela, il dut
lutter pour appeler à l’Unicité d’Allah, Exalté et
Loué, à adopter un dogme unique, à unifier les rangs
et à viser un seul but.
B - L’appel en
public
Le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
appela ouvertement les Qouraysh à l’Islam et ceux-ci
commencèrent à s’y opposer puis leur hostilité
s’intensifia chaque fois qu’un groupe de gens
embrassait la nouvelle religion. Les Qouraysh
considérèrent comme rebelles et désobéissants les
nouveaux musulmans. Ils se permirent alors de les
persécuter et même les tuer, à s’emparer des biens
des faibles qui n’avaient aucun appui pour les
défendre.
‘Ammar
Ibn Yassar, son père et sa mère (radhiyallahou
‘anhoum) furent un exemple cruel de cette
persécution après leur conversion. Les idolâtres les
conduisirent dans le désert au moment de la canicule
pour les torturer. Yassar expira sous l’effet de ces
tortures puis quand son épouse adressa des paroles
grossières à Abou Jahl, celui-ci la poignarda avec
sa lance et la tua. Ainsi ensuite, plusieurs
convertis trouvèrent la mort de la même façon.
Les
méfaits des Qouraysh ne s’arrêtèrent pas là et ils
tournèrent en dérision le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) ainsi que ses Compagnons,
prétendant qu’il n’était qu’un magicien, un devin,
un poète ou un possédé.
Certains
d’entre eux n’avaient pour tâche que d’accueillir
ceux qui arrivaient à La Mecque pour faire le
pèlerinage, la visite ou pour d’autres buts, en les
éloignant du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam). Mais celui-ci se rendait toutefois là où
ils se trouvaient pour leur demander de l’aide
contre les Qouraysh au vu et au su de ces derniers.
Comme les
méfaits et les agressions des Qouraysh contre les
croyants s’intensifièrent, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ordonna aux faibles
et aux opprimés des musulmans d’émigrer en Ethiopie,
en l’an cinq du message.
Les
Qouraysh idolâtres, devant le progrès de l’Islam,
conclurent entre eux un pacte considérant que tout
individu qui agréerait la nouvelle religion, se
montrerait compatissant envers eux ou les
protègerait sera l’un des leurs. Ils s’accordèrent à
ne conclure aucun négoce avec eux, ni achat ou
vente, à ne pas leur donner en mariage aucune de
leurs filles et à n’épouser aucune des croyants. Ils
mirent cela par écrit et attachèrent le pacte dans
la Ka’bah comme un engagement pour respecter ses
clauses.
Le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dû
alors demander l’aide des Bani Hashim et les Bani
al-Mouttalib s’engagèrent aussi à l’aider à
l’exception d’un homme, Abou Lahab qui se rangea du
côté des Qouraysh.
Le
boycottage ou l’état de siège pesa lourd sur les
musulmans et ils subirent un manque de nourriture,
de vêtements et leur peine s’aggrava et malgré cela,
l’hostilité des Qouraysh s’intensifia contre l’Islam
et les convertis en excitant les autres tribus. Les
musulmans supportèrent tout cela durant trois ans
quand certains parmi les Qouraysh éprouvèrent des
remords et violèrent le pacte en reprenant leur
relation avec les croyants.
C - La première
allégeance d’al-‘Aqabah
Souwayd Ibn as-Samit, l’un des notables de la tribu
Aws vint à La Mecque pour accomplir le petit
pèlerinage (‘Oumrah).
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
l’intercepta et l’appela à embrasser l’Islam. Après
qu’il écouta les paroles du Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam), il répondit : « Ce sont de
bonnes paroles. » En retournant à Médine, Souwayd
transmit ce qu’il entendit à ses concitoyens, mais
il fut, plus tard, tué le jour de Bou’ath lorsqu’une
guerre civile éclata entre les Aws et les Khazraj.
Pendant
la saison du pèlerinage, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) continua à appeler
ceux qui venaient à la nouvelle religion. Il
rencontra sept hommes de la tribu Khazraj près
d’al-‘Aqabah. Ils crurent en son message et
l’acceptèrent. Ces gens-là, une fois de retour à
Médine, informèrent les habitants de leur conversion
et les y appelèrent ; et c’est ainsi que l’Islam se
répandit à Médine.
Une année plus tard, douze médinois se rendirent à
La Mecque pour faire le pèlerinage. Ils
rencontrèrent le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) à ‘Aqaba et lui prêtèrent serment
d’allégeance en croyant en l’Unicité d’Allah Unique,
en promettant de s’attacher aux bonnes mœurs et de
se débarrasser du sentiment tribal qui remontait au
temps de l’ignorance (Jahiliyyah).
Le Prophète (Sallallahou ‘aleyhi wa sallam) chargea,
plus tard, Mous’ab Ibn ’Oumayr de se rendre à Médine
pour appeler les gens à embrasser l’Islam, leur
réciter du Qur’an et les instruire dans la religion.
Une grande partie des Médinois entra en masse dans
la religion d’Allah. Ainsi la première allégeance à
‘Aqabah constitua la première victoire militaire du
Messager d’Allah, Exalté et Loué,
(sallallahou
‘aleyhi wa sallam), en dehors de La Mecque, et à
Médine un groupe de croyants devint les soldats qui
allaient le secourir.
D - La deuxième
allégeance de ‘Aqabah
Après que
l’Islam se répandit à Médine, soixante-dix croyants
et une partie de leurs concitoyens, encore
polythéistes, se dirigèrent vers La Mecque pour
faire le pèlerinage et rencontrer en même temps le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). En
y arrivant, ils lui donnèrent un rendez-vous secret
pour le rencontrer de nuit à ‘Aqaba.
Après
l’écoulement du premier tiers de la nuit, les
croyants se rendirent vers cet endroit. Soixante-dix
hommes des deux tribus Aws et Khazraj et deux
femmes, Oum Amara Noussayba Bint Ka’b et Asma' Bint
‘Amr Ibn Adiyy. Le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) s’y rendit accompagné de son
oncle al-‘Abbas, qui était encore idolâtre mais qui
voulait s’assurer de la sécurité de son neveu.
Al-‘Abbas
prit d’abord la parole et le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) le suivit, récita du
Qur’an, appela les hommes présents à se convertir et
dit à la fin : « J’accepte votre allégeance à
condition que vous me défendez comme vous défendez
vos femmes et vos enfants. » Ils lui prêtèrent donc
serment en disant : « Nous te défendrons comme nous
défendons nos femmes, accepte donc notre allégeance
ô Messager d’Allah. Nous sommes des guerriers
vaillants et habiles dans la manipulation des armes,
un art que nous avons hérité de nos ancêtres. »
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
leur demanda alors de choisir douze chefs parmi eux
pour se charger de leurs concitoyens. Ils élurent
neuf chefs de la tribu Khazraj et trois des Aws.
Ainsi le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) commença à organiser un groupe de ses
partisans qui vivaient en dehors de
La Mecque.
Un des idolâtres, en passant par hasard près de cet
endroit, entendit tout et se dirigea aussitôt à La
Mecque pour avertir les autres en leur disant que Muhammad
et des apostats s’étaient mis d’accord pour les
combattre.
Les
croyants médinois, firent peu du cas et voulurent
attaquer les Qouraysh sur le champ. Le Prophète
(saluts et bénédictions d’Allah sur lui) les retint
et leur ordonna de retourner dans leurs tentes
puisqu’il n’avait pas encore reçu l’ordre divin de
combattre.
Le
lendemain matin, certains Qouraysh vinrent les
trouver et leur dirent : « O homme des Khazraj, on
nous a rapporté que vous avez rencontré notre ami
-le Prophète- pour l’inviter à nous quitter et que
vous lui avez prêté serment d’allégeance. Par Allah,
aucune des autres tribus n’acceptera qu’une guerre
se déclenche entre nous et vous. » A savoir que les
hommes de la tribu Khazraj qui étaient encore
polythéistes et n’avaient aucune connaissance de
cette allégeance, jurèrent aux Qouraysh : « Ceci n’a
pas eu lieu et aucun de nous n’y pris part. » Les
Qouraysh les crurent.
Ainsi
cette deuxième allégeance de ‘Aqabah fut la deuxième
victoire militaire du Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam).
E - La
mobilisation à Médine l’illuminée
Le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
donna alors l’ordre aux musulmans Mecquois d’émigrer
vers leurs frères coreligionnaires à Médine. Ils
s’exécutèrent en quittant leur ville les uns après
les autres en y laissant leurs biens et familles.
A Dar
an-Nadwa (une sorte d’assemblée), les Qouraysh se
réunirent et décidèrent de choisir un homme proche
et fort de chaque tribu, de lui donner un sabre
tranchant et chargèrent ces hommes choisis,
d’assassiner le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam). Ainsi toutes les tribus auraient
participé à son meurtre et les Bani Hashim se
trouveraient par la suite incapables d’affronter
toutes les tribus Qouraysh et se contenteraient du
prix du sang.
Le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) eut vent de
ce complot. La nuit, durant laquelle les hommes
avaient décidé de l’éliminé, il entreprit son
émigration vers Médine accompagné d’Abou Bakr
as-Siddiq. Ils purent, après quelques jours, y
arriver sains et saufs malgré les précautions prises
par les Qouraysh pour empêcher une telle fuite.
Les
Médinois au courant de cette émigration sortaient
chaque matin de leur ville espérant accueillir leur
Prophète mais au moment de la canicule, ils devaient
rentrer chez eux. Mais, plus tard, lorsqu’il arriva
près de Médine, les habitants armés jusqu’aux dents,
sortirent pour le recevoir avec son compagnon et ce
fut tel un jour de fête pour eux.
Ainsi
cette émigration vers Médine, permit au Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de
rencontrer ses partisans tout comme un chef
rencontre ses soldats. Grâce à cette émigration,
l’état islamique fut établi et cet évènement marqua
le premier jour de datation islamique : l’Hégire. En
s’installant à Médine, le pouvoir se concentra dans
la personne du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) en tant que chef suprême des musulmans
qui avaient pris Médine comme résidence et base
sûre.
2 - Les
dispositions à Médine
A - La
construction de la mosquée
A Médine,
le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
choisit une place pour y construire la mosquée. Il
la bâtit en briques cuites et en pierres. Lui et ses
Compagnons les portèrent sur leurs épaules et la
mosquée fut bâtie. Le sol fut couvert de sable et de
gravier, son toit couvert de branches de palmiers et
les colonnes de troncs d’arbres. Cette mosquée
devint la première caserne des musulmans.
B - La
fraternisation
Le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
établit ensuite la fraternisation entre les
Mouhajirines (Mecquois) et les Ansars (Médinois)
afin qu’ils s’entraident pour assurer une vie
commune et être comme une seule personne pour
réaliser leur but.
En établissant cette fraternité entre ‘Abd ar-Rahmane
Ibn ‘Awf et Sa’d Ibn ar-Rabi’, comme il fut
rapporté, celui-ci dit au premier : « Je suis
l’Ansar le plus riche, je veux partager mes biens
entre toi et moi. Et comme j’ai deux femmes choisis
celle qui te plait le plus afin que je la répudie et
te la donne en mariage après l’écoulement de sa
période de viduité. »
Un
exemple idéal de l’altruisme du à cette
fraternisation. Les droits de la fraternité étaient
pris en considération avant même ceux de la parenté
pour appliquer l’héritage et ce fut ainsi jusqu’à la
bataille de Badr, car après cette date et la
stabilité des affaires des croyants, ces droits
d’héritage furent abrogés pour appliquer ceux de la
parenté.
Cette
fraternisation fit des musulmans un seul homme avec
un dogme unique et un seul but sous le commandement
d’un seul chef.
C - Le pacte
Le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
conclut d’abord un pacte entre les musulmans d’une
part et les polythéistes ainsi que les juifs vivant
à Médine d’autre part. Il établit la sécurité entre
eux et laissa les non-musulmans pratiquer leur
propre culte et disposer de leurs biens. Grâce à ce
pacte, il put organiser la vie sociale, économique
et militaire à Médine.
Voici le
contenu de ce Pacte :
« Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très
Miséricordieux.
Voici ce qu’a prescrit le Prophète Muhammad
aux croyants et aux musulmans d’entre les Qouraysh
et les gens de Yathrib, à ceux qui les ont suivis
puis, se sont joints à eux et ont combattu à leurs
côtés. Ceux-là forment une seule et même communauté
en dehors du reste des humains. Les émigrés de
Qouraysh, comme de règle chez eux, se cotiseront
pour acquitter le prix du sang et paieront en toute
bienfaisance et en toute justice parmi les croyants,
la rançon de leurs prisonniers.
« Les
croyants ne laisseront aucun des leurs sous la
charge de lourdes obligations sans acquitter pour
lui, en toute bienfaisance, soit la rançon, soit le
prix du sang. Aucun croyant n’ira à l’encontre de
l’esclave affranchi d’un autre croyant. Les croyants
pieux devront se lever contre celui d’entre eux qui
commettra une violence ou cherchera à commettre une
injustice, un crime ou encore une transgression de
droits ou un désordre quelconque parmi les croyants.
Les mains de tous devront se lever contre celui-là,
fut-il le fils de l’un d’eux.
Nul croyant, ne devra, à cause d’un mécréant, tuer
un autre croyant ni soutenir un mécréant contre un
croyant. La garantie d’Allah, Exalté et Loué,
étant une,
la protection accordée par le plus humble d’entre
eux devra valoir auprès de tous car les croyants
sont frères les uns des autres, en dehors des autres
hommes.
Les juifs
des Banou ‘Awf formeront une communauté avec les
croyants : aux juifs leur religion et aux musulmans
leur religion, qu’il s’agisse de leurs esclaves
affranchis ou d’eux-mêmes. Quant à celui qui
opprimera ou se rendra criminel, il ne fera tort
qu’à lui-même et aux membres de sa propre famille.
Aux juifs des Banou Najjar, des Banou al-Harith, des
Banou Sa’ida, des Banou Jousham, des Banou Aws, des
Banou Tha’labah, Jafana et Banou Shoutayba les mêmes
droits qu’aux juifs de Banou ‘Awf.
Fin du
Pacte
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