Lorsque le matin arriva nous priâmes Salatoul Fajr et nous nous
assîmes en attendant le guide qui ne revint pas. Son retard nous
inquiéta et nous craignîmes une tromperie de lui. Le Démon commença
ses suggestions qui nous fit tous penser du mal de lui excepté Abou
Dzar, qui dit : « Pensez du bien de votre compagnon et ne craignez
ni complot ou tromperie de sa part car vous savez qui il est ».
Nous gardâmes tous le silence jusqu’à ce qu’il revienne subitement.
Quand nous le vîmes, nous devînmes fous de joie, croyant qu’il nous
dirait de nous lever pour aller contre l’ennemi. Mais, il vint et se
tint debout au beau milieu des musulmans et dit : « O Compagnons de
Muhammad, je jure par le Christ, le fils de Marie, que je ne
vous ai pas mentis. J’ai souhaité sincèrement le butin pour vous
mais il y a un obstacle. »
Ibn Ja’far demanda : « Quel est cet obstacle ? »
Il dit : « Le marché a déjà commencé. La plupart des chrétiens se
sont rassemblés dans le monastère d’Abou al-Qouds avec les prêtres,
les moines, les princes et les patriciens. Quand j’ai vu cela, je
n’ai pas voulu retourner avant de découvrir la raison pourquoi il y
avait tant de gens cette année. Je suis donc allé sur place et me
suis mélangé avec la foule jusqu’à que j’appris que le gouverneur de
Tripoli mariait sa fille à un prince romain et qu’ils étaient
présent pour recevoir la communion du moine. Elle était entourée
d’un grand nombre de cavaliers arabes de peur de vous, puisqu’ils
savent que vous êtes en Syrie. O musulmans, j’estime qu’il n’est pas
approprié pour vous d’y aller à cause de leurs immenses nombres.
Ibn Ja’far demanda : « Combien y a-t-il de civils et de soldats ? »
- « Il y a plus de vingt mille civils sur le marché y compris des
Romains et des Arméniens. Il y a des chrétiens, des coptes et des
juifs d’Egypte, de Syrie et d’Afrique. Il y a des patriciens et des
chrétiens arabes. Des soldats contre qui vous n’avez aucun pouvoir
sont au nombre de cinq mille. Ils peuvent appeler facilement un
nombre semblable de renforts de leurs terres contiguës, alors que
les vôtres sont éloignés ».
Ibn Ja’far demanda : « O musulmans, quelle est votre opinion ? »
Ils dirent : « Nous ne devrions pas nous lancer dans la destruction
comme nous instruit notre Seigneur dans Son Livre. Nous devrions
consulter le commandant Abou ‘Oubaydah. Allah ne laissera pas notre
récompense se perdre ».
Ibn Ja’far dit : « Quant à moi, je crains qu’Allah écrive mon nom
parmi les déserteurs. Je ne reviendrai pas et je n’offrirai pas de
faibles excuses à Allah, le Plus Haut. Allah récompensera quiconque
m’aidera et il n’y aura aucun blâme sur celui qui veut revenir ».
Les Musulmans honteux dirent : « Fait comme tu veux, les précautions
aideront que ce qui est prédestiné ».
Ibn Ja’far fut ravi de cette réponse. Il mit son armure, son casque,
sa ceinture et l’épée de son père puis monta son cheval. Il prit le
drapeau dans sa main et ordonna aux hommes de mettre leur
équipement. Lorsqu’ils furent prêts, il dit au guide :
« Conduis-nous à l’ennemi pour qu’ils puissent voir des choses
stupéfiantes des Compagnons (sahaba) du Messager d’Allah
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui)
Wathilah Ibn al-Asqa’ a dit :
J’ai vu le visage du guide tourner jaune et teint changé. Il
dit : « Vous les gens pouvez y aller et le faire. Je n’ai aucune
obligation dans votre affaire ». Il voulut partir mais Ibn Ja’far le
convaincu et il nous mena pendant quelque temps. Il s’arrêta enfin
et dit : « Attendez- ici car maintenant vous êtres près d’eux.
Cachez-vous ici jusqu’à l’aube et attaquez-les ensuite ».
Nous passâmes la nuit dans l’endroit qu’il nous conseilla, en
cherchant l’assistance d’Allah contre l’ennemi. À l’aube Ibn Ja’far
nous mena dans Salatoul Fajr et dit ensuite : « O gens, quand
devrions attaquer ? »
‘Amir Ibn ‘Oumayrah Ibn Rabi’ah dit : « Je vais vous montrer un plan
selon lequel vous devriez agir. Attaquez-les quand ils seront
complètement absorbés dans leur commerce ».
Tous les musulmans approuvèrent. Après ils se préparèrent et se
rassemblèrent sous le drapeau d’Ibn Ja’far. Lorsque le soleil se
leva, il divisa les musulmans en cinq escadrons de cent cavaliers et
dit à chaque commandant d’escadron : « Chaque escadron devra
attaquer un secteur différent du marché. Ne vous absorbés pas dans
le butin et le pillage, mais placez vos épées entre leurs têtes et
leurs épaules ».
Ils avancèrent et virent alors les Romains aussi nombreux que des
fourmis. Une grande foule entourait le monastère du moine et
l’écoutait attentivement alors qui parlait et avertissait les gens,
les conseillait et leur enseignait leur religion. La fille du
patricien de Tripoli était dans le monastère. Tous les patriciens et
leurs fils étaient couverts de brocart et d’or sur leurs armures
brillantes qui recouvraient leur corps supérieurs. Ils se
retournaient, gardant leur devant et arrière.
Quand Ibn Ja’far (qu’Allah soit satisfait de lui) vit le monastère,
les moines et tout ce qui les entouraient, il cria : « O Compagnons
du Messager d’Allah à l’attaque! Puisse Allah vous bénir. Si la
victoire, la sécurité, le bonheur et le butin sont pour nous alors
ce sera lors de cette occasion. Si cela ne peut-être, alors le
Paradis nous est promis et nous nous rencontrerons près du bassin du
Messager d’Allah (saluts et bénédictions d’Allah sur lui) avec ses
Compagnons ».
Il attaqua alors la foule, en les frappant avec son épée et sa lance
suivit par les musulmans. Quand les Romains entendirent les
musulmans crier : « La ilaha illallah, Allahou Akbar », ils crurent
que les armées musulmanes arrivaient. Comme ils étaient sur leurs
gardes, ils se saisirent de leurs armes pour protéger leurs vies et
leurs propriétés, et attaquèrent les musulmans comme des lions
sauvages. Ils encerclèrent le porteur de drapeau unique et
l’attaquèrent violemment soulevant des nuages de poussière. Les
musulmans étaient si peu nombreux, qu’ils ressemblaient à une tache
blanche sur la peau d’un chameau noir. Les Compagnons du Messager
d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) pouvait seulement
se reconnaitre à travers les cris de « La ilaha illallah et
Allahou Akbar » tandis qu’ils étaient tous occupés par eux même pour
venir au secours d’autrui.
Abou Sabrah Ibrahim Ibn ‘Abd Al ‘Aziz Ibn Abi Qays (qu’Allah soit
satisfait de lui) qui fut parmi les premiers musulmans et fit la
Hijrah[1]
deux fois, a dit :
Je fus parmi ceux qui émigrèrent en Éthiopie avec Ja’far Ibn Abi
Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) avant de rejoindre le
Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) à Badr, Ouhoud
et Hounayn. Je m’étais promis de participer à n’importe quel
événement semblable. Quand l’âme du Messager d’Allah (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) fut emportée, j’ai pleuré et fut
incapable de rester à Médine. Je suis donc allé à La Mecque où je
fus réprimandé dans un rêve pour avoir abandonné le Jihad
fis-Sabilillah. Je suis allé en Syrie où j’ai participé aux
Batailles d’Ajnadayn, de Damas, à la poursuite de Thomas et Herbius
avec Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) et l’expédition d’Ibn
Ja’far (qu’Allah soit satisfait de lui). Je fus avec lui au
monastère d’Abou al-Qouds ou je fus confronté à des évènements tels
que je n’ai pas connu avec le Messager d’Allah (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) lorsque nous attaquâmes les Romains
alors que nous étions si peu nombreux et qu’ils étaient tellement
nombreux que nous ne voyons rien d’autre qu’eux. Nous les vîmes
leurs corps totalement couverts d’armure si bien que nous ne voyons
rien de leur corps à part les yeux. Ils nous attaquèrent comme un
cyclone destructeur si bien que les musulmans furent noyés parmi eux
et aucun des musulmans ne put voir son frère, chacun étant piégé
dans leur milieu. Je ne pouvais pas entendre les musulmans à part
quelques cris de temps en temps et je me dis : « Ils ont été
détruits ».
Alors je vis ‘AbdAllah Ibn Ja’far (qu’Allah soit satisfait de lui)
lever le drapeau au-dessus de lui et attaquer les mécréants sans
être repoussé. Il combattait à un si jeune âge tandis que la
bataille se prolongea, ses flammes s’intensifièrent et
s’assombrirent. Il était au centre de l’ennemi encerclé de toute
part. Où il essayait d’attaquer, ils répondaient dans la même
direction. Nous luttâmes jusqu’à ce que nos bras s’affaiblirent, nos
épaules s’engourdirent et notre situation devint extrême. Nous
perdîmes patience et l’épée d’Ibn Ja’far devint émoussée. Son cheval
était sur le point de s’effondrer sous lui quand il décida de se
réfugier avec ses hommes dans un endroit commun. Ses hommes se
rassemblèrent autour de lui et quand les autres musulmans virent le
drapeau ils se dirigèrent vers lui, et tous furent blessés par
l’ennemi. L’armure d’Ibn Ja’far se fit lourde mais il était plus
peiné par la condition des musulmans que la sienne. Il chercha la
protection d’Allah, se soumit à Allah, leva ses mains au ciel et dit
:
« O Toi qui nous a créé, qui nous a éprouvé les uns par les autres
et en a fait une épreuve pour eux, je Te demande par le rang du Prophète
Muhammad sur lui les salutations et la paix que Tu nous accorde la
facilité et une solution dans notre affaire ».
Alors il revint à la lutte avec les Compagnons du Messager d’Allah
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) luttant avec lui sous son
drapeau. Louange à Allah comment Abou Dzar (qu’Allah soit satisfait
de lui) fut stupéfiant. Il vint à l’aide du cousin du Messager
d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et lutta devant
lui.
‘Amr Ibn Sa’idah a dit :
« Je l’ai vu avec un homme âgé qui attaquait les Romains avec son
épée et pénétrait dans leurs rangs. Quand il attaquait, cet homme
disait : « Je suis Abou Dzar ! »
Ibn Ounays va chercher de l’aide
‘AbdAllah Ibn Ounays al-Jouhani a dit :
J’aimais Ja’far (qu’Allah soit satisfait de lui) et parmi ses fils
j’aimais ‘AbdAllah. Quand le beau-père de ‘AbdAllah, Abou Bakr
(qu’Allah soit satisfait de lui) décéda, je vis sa mère, Asma Bint
‘Oumays beaucoup affligée et que sa vue me peina. Abou Bakr
(qu’Allah soit satisfait de lui) aimait aussi beaucoup ‘AbdAllah.
‘AbdAllah Ibn Ja’far (qu’Allah soit satisfait de lui) reçut la
permission de ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui)
d’aller en Syrie et il me dit : « O Ibn Ounays al- Jouhani, je pars
comme Moujahid avec vingt cavaliers en Syrie. M’accompagneras-tu ? »
Je lui répondis : « Oui ».
Il fit ses adieux à son oncle ‘Ali et ‘Omar, qu’Allah soit satisfait
d’eux, et nous partîmes pour la Syrie avec les vingt cavaliers
jusqu’à ce que nous atteignîmes Tabouk où il me demanda : « O Ibn
Ounays, sais-tu où est la tombe de mon père? »
Je lui dis : « Oui ».
Il me dit alors : « Je veux la voir ».
Nous continuâmes jusqu’à ce que nous arrivâmes à l’endroit et je lui
montrai où son père avait lutté puis sa tombe qui était
reconnaissable grâce à une pierre placée sur elle. Quand il l’a vit,
il descendit et nous sommes descendirent avec lui. Il pleura et
invoqua la miséricorde sur son père. Nous restâmes là, jusqu’au
matin du deuxième jour.
Quand nous partîmes, je le vis pleurer son visage ressemblant à du
safran. Quand je le questionnai, il me dit : « J’ai vu mon père la
nuit dernière dans un rêve. Il portait deux vêtements verts et une
couronne. Il avait deux ailes et avait dans sa main une épée verte
tirée qu’il m’a donnée en disant : « O mon fils, lutte contre tes
ennemis avec cela, cat tout ce que tu vois, je l’ai atteint par le
Jihad ». C’est comme si j’avais lutté avec jusqu’à ce qu’il devienne
émoussé ».
Nous continuâmes notre route jusqu’à ce que nous atteignîmes l’armée
d’Abou ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui) à Damas. Quand je
vis les Romains le piéger, j’ai dit : « ‘AbdAllah est sur le point
de périr ».
Je suis parti comme la foudre et revint chez à Abou ‘Oubaydah qui me
demanda : « As-tu de bonnes ou des mauvaises nouvelles, O Ibn Ounays
? »
Je lui dis : « Envoie les musulmans aider ‘AbdAllah Ibn Ja’far et
ceux qui sont avec lui », avant de lui raconter toute l’histoire.
Abou ‘Oubaydah dit : « En vérité nous appartenons à Allah et à Lui
font nous revenons. Est-ce que ‘AbdAllah Ibn Ja’far et ceux qui
doivent-être en difficultés sous ton drapeau, O Abou ‘Oubaydah,
quand c’est sa toute première mission ? »
Abou ‘Oubaydah se tourné vers Khalid et lui dit : « O Abou
Souleyman, je te demande au nom d’Allah d’y aller car tu es apte
pour cela ».
Khalid dit : « Si Allah veut, alors je le suis. J’attendais
seulement que tu me l’ordonnes ».
- « O Abou Souleyman, je n’osais pas te le demander ».
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) lui répondit : « Par Allah!
Si un petit enfant m’ordonnait, j’obéirais. Comment pourrais-je
m’opposer à toi quand ta Foi est plus vieille que la mienne et tu
m’as précédé dans l’Islam avec les prédécesseurs. Vous vous êtes
empressés d’apporter la Foi aux autres, comment puisse-t-il être
possible pour moi de vous atteindre ou d’atteindre votre haut statut
en plus que le Messager d’Allah (saluts et bénédictions d’Allah sur
lui) t’a surnommé « l’homme de confiance » ? Je te prends à témoin
que j’ai sacrifié ma vie pour la lutte dans la voie d’Allah et ne
m’opposerai jamais à toi ni jamais n’accepterai de nouveau le poste
de commandant en chef ».
Les musulmans aimèrent ses paroles et Abou ‘Oubaydah (qu’Allah soit
satisfait de lui) lui dit : « Rejoins tes frères, Abou Souleyman.
Puisse Allah Exalté te faire miséricorde ».
Khalid se leva d’un bond comme un lion et alla se préparer.
Il mit l’armure de Moussaylamah al-Kaddab, qu’il prit de lui le jour
de la Bataille de Yamamah, puis il se couvrit la tête d’un casque et
d’un turban.
Il attacha alors sa ceinture et glissa pratiquement sur sa selle
comme le courant d’un ruisseau et cria aux forces de l’avant-garde :
« En avant, sabre en avant !»
Ils répondirent aussitôt et vinrent en hâte comme des aigles volant
dans l’obéissance à Allah le Très Miséricordieux. Khalid (qu’Allah
soit satisfait de lui) agita le drapeau en cercle tandis que les
musulmans tournoyaient autour de lui.
Puis après avoir salué les musulmans, ils partirent alors au galop,
sabres, lances et drapeaux en avant comme un torrent impétueux avec
‘AbdAllah Ibn Ounays en avant.
Rafi’ Ibn ‘Oumayrah a dit :
J’étais ce jour-là parmi les troupes de Khalid Ibn al-Walid
(qu’Allah soit satisfait de lui). Nous avons voyagé rapidement et
Allah Exalté raccourcit pour nous la longue distance. Alors que le
soleil s’apprêtait à se coucher, nous vîmes les Romains aussi
nombreux que des sauterelles en vol noyant les musulmans par leurs
grands nombres. Khalid cria : « O Ibn Ounays, où trouverai-je le
cousin du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui)
? »
Ibn Ounays lui dit : « Il a fait un serment avec ses hommes soit de
se rencontrer au monastère du moine ou dans le Paradis ».
Khalid regarda vers le monastère et vit le drapeau islamique dans
les mains d’Ibn Ja’far. Tous les musulmans étaient blessés et avait
renoncé à la vie temporaire et attendaient impatiemment la Vie
Éternelle. Les Romains les affrontaient et leur infligeaient
beaucoup de coups d’épées et de lances. Ibn Ja’far
criait : « Repoussez les mécréants ! Soyez patients dans le combat
des égarés. Sachez que le Plus Miséricordieux des Miséricordieux
vous a déjà montré la victoire ».
« Combien de fois une troupe peu nombreuse a, par la grâce d'Allah,
vaincu une troupe très nombreuse! Et Allah est avec les endurants »
[2:249].
Khalid vit leur patience et leur fermeté dans le combat contre leur
ennemi et ne put résister à venir à leur secours. Il agita son
drapeau et appela ses hommes : « Anéantissez cette laide nation
laide et abreuvez vos épées de leur sang. O gens, recevez les bonnes
nouvelles du salut. Accourez au succès ».
Ibn Ja’far et ses compagnons se trouvaient dans une terrible et
difficile situation quand soudain, les chevaux des musulmans
apparurent. Ils arrivèrent comme des hommes montés sur des oiseaux
ou plutôt comme des aigles aux griffes acérés et des lions sauvages
couverts de fer. Les lions rugirent et les aigles glatirent. Quand
les musulmans piégés virent les chevaux arriver, ils crurent que
c’étaient des Romains. Ils pensèrent que leurs destructions étaient
maintenant certaines.
Les mécréants infligèrent la destruction et tombèrent sur les
musulmans comme un feu ravageur. Les épées scintillèrent, les têtes
roulèrent et la terre fut couverte de cadavres. Les musulmans
étaient complètement à la merci de l’ennemi et les glaives faisaient
des ravages quand ils entendirent une voix criant : « Le confiant
est abandonné et le faible secourut. O porteurs du Qur’an, le
secours du très Miséricordieux est arrivé. Nous allons vous aidez
contre les adorateurs de la croix ».
Les hommes d’Ibn Ja’far avaient leurs cœurs dans leurs gorges à ce
moment précis. Subitement un cavalier en tête de la cavalerie se
détacha comme s’il était un lion rageur avec un rayon de lumière
dans sa main. Il cria : « Bonnes nouvelles d’une d’aide ferme, O
porteurs du Qur’an! Je suis Khalid Ibn al-Walid ».
Quand les musulmans virent le drapeau et entendirent la voix de
Khalid, ce fut comme s’ils furent tirés d’une mer profonde après la
noyade. Ils répondirent alors avec des voix tonnerre grondantes :
« La ilaha illallah, Allahou Akbar! »
Khalid attaqua alors avec ses troupes, qui ne se séparèrent jamais
de lui, et trancha les Romains avec son épée.
‘Amir Ibn Souraqah a dit :
Rien ne ressembla à son attaque excepté l’attaque d’un lion contre
des moutons.
Chaque mécréant essaya de se défendre pendant que Khalid (qu’Allah
soit satisfait de lui) essayait d’atteindre ‘AbdAllah Ibn Ja’far
(qu’Allah soit satisfait de lui). Les musulmans ne surent pas qui
étaient sur les chevaux jusqu’à ce qu’ils entendent la voix de
Khalid criant : « O gens, à vous l’ennemi. L’aide vous est venue du
Seigneur des Cieux ». Alors il attaqua avec les musulmans.
Wathilah Ibn al-Asqa’ a dit :
Nous avions perdu tout espoir de vivre et étions sûrs que nous
allions être détruits quand l’aide d’Allah arriva. Nous attaquâmes
avec nos frères. Avant que l’obscurité ne survienne, nous vîmes
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) avec le drapeau dans sa main
poussant les chrétiens de côté comme un berger déplace ses moutons.
Les musulmans tuèrent et capturèrent des Romains, mais louanges à
Allah, Abou Dzar al-Ghifari (qu’Allah soit satisfait de lui) et
Dirar Ibn al-Azwar (qu’Allah soit satisfait de lui) furent brillants
!
Ils avancèrent lentement comme s’ils étaient dans une parade,
brandissant leurs épées dans chaque direction en tuant des Romains.
Dirar rejoignit Ibn Ja’far. Il vit que le protège bras de son armure
couverte de sang comme le foie d’un chameau et dit : « Louanges à
Allah pour t’avoir sauvé O cousin du Messager d’Allah. Par Allah !
Tu as vengé ton père et étanché ta soif de vengeance ».
Ibn Ja’far lui demanda : « Qui me parle ? »
Il ne reconnut pas Dirar en raison de l’obscurité intense de la nuit
qui était tombée et parce que Dirar avait aussi son visage entier
couvert hormis les yeux.
Dirar lui répondit : « Je suis Dirar Ibn al-Azwar, un Compagnon du
Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) ».
- « O frère, ton aide est bienvenue ».
‘AbdAllah Ibn Ounays a dit :
Pendant qu’Ibn Ja’far et Dirar parlaient, Khalid vint avec son armée
et dit : « Puisse Allah être remercié pour vous qu’Il vous accorde
une excellente récompense ».
Ibn Ja’far se tourna vers Dirar et lui dit : « O Dirar, il y a une
force romaine et des patriciens au monastère protégeant la fille du
gouverneur de Tripoli. Elle a de grande richesse avec elle, mais une
cavalerie romaine la garde. Me joindras-tu dans une attaque ? »
Dirar demanda : « Où sont-ils ? »
Ibn Ja’far dit : « Ne les vois-tu pas ? »
Et il désigna avec ses yeux une force romaine. Les soldats et le
patricien de Tripoli avaient encerclé le monastère pour protéger la
fille. Ils avaient allumé des feux dont les flammes se reflétaient
sur les croix comme si elles étaient de flammes et ressemblaient à
un mur de fer.
Dirar dit : « Puisse Allah Exalté te guider vers le bien. Quel bon
guide tu es. Je me joindrai certainement à ton attaque ».
Il prit ses hommes avec lui, crièrent aux Romains et attaquèrent de
plusieurs directions. Les gardes se défendirent et le plus féroce
d’entre eux était le patricien. Il alla devant ses gens, blatéra
comme un chameau et un lion, disant ses mots d’incrédulité et
attaqua. Dirar se dirigea vers lui et bientôt les deux hommes
s’affrontèrent. Dirar l’examina et constata qu’il était lourdement
construit et ferme sur sa selle. Il frappait très dur et contrait
bien les coups. Les deux combattants devinrent plus prudents les uns
envers les autres, chacun tentant de percer la défense de l’autre.
Dirar se retrouva seul avec le patricien sans aucun musulman à
proximité. Il s’était un peu trop avancé pour prendre l’ennemi au
piège et ainsi le patricien et ses hommes vinrent l’attaquer. Il
cherchait un endroit où son cheval pourrait manœuvrer quand
subitement quelqu’un lui sortit de l’obscurité de la nuit. Son
cheval trébucha et il tomba au sol. Il se releva d’un bond pour
saisir le cheval, mais ne put trouver une prise. Il était donc face
à l’ennemi avec son épée et son bouclier dans les mains. Il lutta
contre l’ennemi et persévéra comme les nobles persévèrent pour que
personne ne puisse le critiquer en ce qui concerne son devoir envers
Allah Exalté. Le patricien voulut le frapper avec un pôle. Quand il
frappa, Dirar l’évita et bondit sur lui comme un lion et lui porta
un tel coup que le cheval désarçonna le patricien. Puis, il donna un
nouveau coup dans l’œil du cheval qui s’effondra.
Le patricien ne put se relever parce que son pied était coincé dans
l’étrier. Dirar alla s’occuper de lui avant que ses hommes
n’arrivent et le frappa sur le tendon de son épaule, mais l’épée
rebondit sans causer de dommage. Le chrétien résista et Dirar le
saisit et constata qu’il ressemblait à une grande montagne. Il
s’appuya sur sa poitrine et s’assit sur sa gorge. Il avait un
couteau fabriqué au Yémen qu’il gardait toujours avec lui. Il le
sortit de son étui et ouvrit l’ennemi d’Allah de sa poitrine
jusqu’au nombril jusqu’à ce qu’il meurt et Allah accéléré le voyage
de son âme vers l’enfer. Dirar se leva alors et monta sur le cheval
de l’ennemi d’Allah qui était couvert d’or, d’argent et d’une grande
quantité de pierres précieuses. Il cria : « Allahou Akbar » et
attaqua, dispersant les romains à droite et à gauche.
Entre-temps Ibn Ja’far avait capturé le monastère et tous ceux qui
étaient dedans. Les musulmans encerclèrent le monastère, sans rien
toucher attendant le retour de Khalid (qu’Allah soit satisfait de
lui) qui était parti à la poursuite de l’ennemi. Il les poursuivit
jusqu’à ce qu’il atteignit un grand fleuve qui les séparait de
Tripoli. Les Romains qui connaissaient les voies d’accès avaient
traversé tandis que Khalid était bloqué. Il revint vers les
Compagnons du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur
lui) et constata qu’ils avaient conquis le monastère qu’un groupe de
musulman gardait et tué le patricien. Quant au reste des musulmans,
ils collectaient les marchandises, les tapis, les tissus, les
vêtements, la nourriture et tout ce qu’ils trouvèrent sur le marché.
Wathilah Ibn al-Asqa’ a dit :
Nous réunîmes le butin et mangeâmes de la bonne nourriture. Puis
nous sortîmes du monastère la vaisselle d’or d’argent, les rideaux,
les sièges, toutes les richesses et la fille du patricien qui était
accompagnée de quarante esclaves filles toutes vêtues de robes
coûteuses et de bijoux. Nous avons tout chargé sur des chevaux
turcs, des mulets et des ânes et sommes revenus avec une immense
richesse et butin.
Il a été rapporté que le succès de cette expédition fut attribué à
trois hommes : ‘AbdAllah Ibn Ja’far, le commandant ; ‘AbdAllah Ibn
Ounays qui ramena les renforts et Khalid Ibn al-Walid qui sauva
l’expédition. Khalid subit de grandes difficultés et soutint de
pénibles blessures.
Alors qu’ils partaient, Khalid alla au monastère et cria après le
moine : « O moine ! » Mais il ne reçut aucune réponse et Khalid
l’appela une deuxième fois et le menaça si bien qu’il sortit de chez
lui.
Le moine demanda : « Que veux-tu donc ? Je fais le serment sur le
Christ que le Maître des Cieux, réagira contre vous pour le sang de
ceux que vous avez tué ».
Khalid lui dit : « Comment peut-Il réagir contre nous quand Il nous
a ordonné de lutter contre vous et de conduire le Jihad contre vous
en nous promettant le récompense si nous le faisons ? Par Allah ! Si
le Messager d’Allah (saluts et bénédictions d’Allah sur lui) ne nous
l’avait pas interdit, je ne quitterais pas ton monastère avant de
t’avoir tué de la plus vile manière ».
Le moine garda le silence et ne répondit pas.
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) et les musulmans revinrent
avec le butin à Damas ou ils furent salués, accueillis et
complimentés par Abou ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui).
Lors du partage du butin, il prit le cinquième pour l’état et divisa
le reste parmi les musulmans. Il donna à Dirar (qu’Allah soit
satisfait de lui) le cheval du patricien avec la selle incrustée
d’or, d’argent et de pierres précieuses. Dirar l’a donna à sa sœur
Khawlah qui décrusta les pierres précieuses et les distribua parmi
les femmes musulmanes, sachant qu’une seule pierre précieuse valait
une grande valeur.
Les captifs, dont la fille du patricien furent apportés devant Abou
‘Oubaydah.
Ibn Ja’far dit : « Je la veux ».
Abou ‘Oubaydah lui répondit : « Je dois d’abord demander la
permission à ‘Omar ».
Il écrivit à ‘Omar qui répondit : « Elle est pour lui ». Ibn Ja’far
l’a prise pour sa nouvelle esclave. Elle resta longtemps avec lui et
était une cuisinière spécialisé dans la cuisine persane et romaine.
Elle resta avec lui jusqu’au règne de Yazid à qui elle fut donnée.
‘Amir Ibn Rabi’ah a dit :
Je reçus du butin du marché du monastère, du brocart avec des motifs
romains. Chaque pièce de tissu avait une image de soi-disant ‘Issa
et Mariam (paix sur eux). Je pris le brocart au Yémen où je le
vendis pour un grand prix. ‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui)
m’écrivit et je reçus sa lettre alors que j’étais avec Abou
‘Oubaydah : « O mon neveu, envoie-moi de ces brocarts afin qu’ils
puissent consacrés pour les pauvres ».
Il a été rapporté que lorsque les musulmans sont revenus avec le
butin, Abou ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui) écrivit à
‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) pour l’informer de la
victoire et du butin d’Abou al-Qouds. Il loua, remercia et
recommanda Khalid et lui rapporta ce qu’il avait dit avant de partir
pour l’expédition. Il demanda aussi au Calife d’écrire à Khalid pour
lui demander son opinion sur l’attaque soit d’Héraclius ou de
Baytoul Mouqaddas. Il l’informa aussi que certains musulmans
s’étaient mis à boire du vin.
‘Assim Ibn Thou'yab al-‘Amiri qui participa à la conquête de Damas a
dit :
Certains des bédouins yéméni prirent l’habitude de boire du vin. Le
commandant Abou ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui) s’y
opposa. Un des bédouins, je crois que c’était Souraqah Ibn ‘Amir,
dit : « O musulmans, abandonnez le vin car il détruit les sens et
cause des péchés. Le Messager d’Allah (saluts et bénédictions
d’Allah sur lui) n’a pas seulement maudit le buveur de vin, mais
même le vendeur et celui qui le transporte ».
Oussama Ibn Zayd al-Layth a rapporté d’az-Zouhri qui a entendu Houmayd
Ibn ‘AbderRahmane Ibn ‘Awf al-Ghifari dire :
« J’étais avec Abou ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui) en
Syrie. Il écrivit à ‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) pour
l’informer de la conquête de la Syrie et lui écrivit aussi : « Les
musulmans boivent du vin et considère la punition prescrite comme de
la bagatelle ».
J’arrivais à Médine et je trouvai ‘Omar assit dans la Mosquée du
Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) avec des
compagnons et ils discutaient ensemble. Parmi eux, se trouvait
‘Uthman, ‘Ali et ‘AbderRahmane Ibn ‘Awf (qu’Allah soit
satisfait d’eux). Je remis la lettre à ‘Omar qui l’a lu puis
réfléchit quelque temps avant de dire : « En vérité Le Messager
d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a fouetté le buveur
de vin ».
Alors il a demandé ‘à Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) :
« Quelle est ton opinion sur le buveur de vin ? »
‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) dit : « Quand le buveur
devient ivre, il délire et quand il délire, il invente des choses[2] ».
‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) écrivit à Abou ‘Oubaydah
(qu’Allah soit satisfait de lui) : « Quiconque boit du vin devrait
être fouetté quatre-vingts fois. Je jure que la sévérité et la
pauvreté seront bonnes pour eux. Leur devoir est de craindre Allah,
de L’adorer, de croire en Lui et être reconnaissant envers Lui.
Inflige la punition prescrite à celui qui s’est remis à boire ».
Quand ‘la lettre d’Omar arriva, Abou ‘Oubaydah la lut devant les
musulmans et dit : « Quiconque est coupable d’avoir but du vin doit
se présenter pour être flageller et se repentir à Allah ».
Beaucoup s’avancèrent et tous furent fouettés.