Introduction du Traducteur
Foutouh ash-Sham est un livre arabe écrit par l’Imam
al-Waqidi qui
décrit la conquête de Syrie[1]
par les Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) du Messager
d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Ce livre que nous
vous présentons en langue française à d’abord été traduit en Anglais
par le Sheikh Souleyman al-Kindi sur demande et pour gagner le
plaisir d’Allah Exalté, du bien qu’il peut en être tiré et aussi
pour atteindre deux buts secondaires.
Premièrement, le Messager d’Allah
(Saluts
et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit concernant ses
Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) : « Quiconque
les aime, les aime parce qu’il m’aime ». Donc ce livre peut être
utilisé pour inculquer l’amour des Compagnons (qu’Allah soit
satisfait d’eux) et l’amour pour le Messager d’Allah
(Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui) s’en verra aussi augmenté.
Le deuxième but est de responsabiliser les Musulmans sur
l’importance et le besoins de l’Histoire. Les Musulmans restent
généralement ignorants de leur histoire et ont donc développé un
complexe d’infériorité, une
stratégie délibérée, de l’occident. Dans le passé, les grands
savants (‘oulama) ont rendu service à l’Histoire. Ibn Khaldoun
al-Maliki est mondialement reconnu pour être le père des principes
de recherches pour l’histoire. Ibn Jawzi al-Hanbali a dit : « Un
savant (faqih) doit avoir connaissance d’autres sciences comme
l’Histoire... ». L’interprétateur (moufassir) du Qur’an l’Imam Ibn
Kathir ash-Shafi’i a déployé de grands efforts pour son célèbre
livre d’Histoire « al-Bidayah wal-Nihayah ». De la même façon,
l’Imam al-Boukhari vit aussi
le besoin d’étudier et de compiler des travaux sur l’Histoire.
Aujourd’hui nous nous sentons qualifiés pour disséquer les travaux
de ces Savants (‘Oulama) et choisir ce que nous voulons : citer le
Tafsir d’Ibn Kathir et les Hadith d’al-Boukhari sans jamais
mentionner l’Histoire. Quelle autorité avons-nous pour décider quel
sujet doit être conservé tandis que d’autres sciences de nos
ancêtres doivent être ignorées ou rejetées? Le Sheikh Abou al-Hassan
‘Ali an-Nadwi, qui fut un des plus grand savant Hanafi de
notre temps, aurait-il atteint ce statut s’il n’avait pas maîtrisé
l’Histoire ? Parmi ses compilations, son œuvre la plus populaire est
« Tarikhoul Islam » (l’Histoire de l’Islam), une biographie du
Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Un des avantages
important de l’étude de l’Histoire est qu’elle est nécessaire pour
la conservation de Hadith. Le célèbre rapporteur de Hadith
(mouhaddith) Ibn Hajar al-‘Asqalani a dit dans « Noukhbatoul
Fikr » : Les ruptures dans les chaînes de narrateurs sont
découvertes en sachant que les narrateurs ne se sont pas rencontrés.
Il y a par conséquent un besoin de connaitre l’Histoire ».
Le Sheikh an-Nadwi donna un exemple de l’usage de l’Histoire pour le
savant (‘alim) : « Les Juifs produisirent un manuscrit de
papier mâché sur lequel était écrit en vieux script des
informations. Ils prétendirent que le
Messager d’Allah (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) exempta les Juifs de Khaybar du
paiement du tribut (jizyah) et que
Sa’d Ibn
Mou’ad signa ledit parchemin. Un savant peu versé en
Histoire donna un avis juridique (fatwa) qu’ils devraient être
exemptés. Cependant, le Sheikh de l’Islam Ibn Taymiyyah le déclara
faux grâce à sa connaissance de l’Histoire. Sa’d Ibn Mou’ad
(qu’Allah soit satisfait de lui) est mort avant la Bataille de
Khaybar et n’a pu donc signer le traité !
Allah Exalté Lui-même fait usage de l’Histoire pour nous rappeler
Ses faveurs. Par exemple, Allah Exalté cite dans le Qur’an un
certain nombre de faveurs qu’Il accorda aux Banou Isra'il durant
leur histoire.
Si on considère le nombre d’événements historiques mentionné dans le
Qur’an, on se rendra compte que pour une compréhension claire
(tafsir) de celui-ci, l’Histoire est essentielle. Et il en est
exactement de même pour l’interprétation des Ahadith.
Il peut aussi être déduit de l’Histoire mentionnée dans le Qur’an
d’importantes leçons qui nous permettent de
nous rectifier. Allah fait
donc souvent référence aux événements passés pour nous avertir, par
exemple Il dit :
« Ne leur est-il pas parvenue l’histoire de ceux qui les ont
précédés : le peuple de Noé, des ‘Aad, des Tamoud, d’Abraham, des
gens de Madyan, et des Villes renversées ? »
[9:70].
Les Prophètes adoptèrent aussi cette approche et rappelèrent à leurs
peuples les nations du passé. Shou’ayb dit à son peuple :
« Ô mon peuple, que votre répugnance et votre hostilité à mon égard
ne vous entraînent pas à encourir les mêmes châtiments qui
atteignirent le peuple de Noé, le peuple de Houd, ou le peuple de
Salih et (l’exemple du) peuple de Lot n’est pas éloigné de
vous »
[11:89].
Le croyant dans la cour de Pharaon (fir’awn) prévint aussi ses gens
des punitions passées :
« Ô mon peuple, je crains pour vous un jour semblable à celui des
coalisés. Un sort semblable à celui du peuple de Noé, des ‘Aad et
des Tamoud, et de ceux [qui vécurent] après eux ».
[40:30]
Ces versets démontrent amplement les vertus édifiantes du rappel de
l’Histoire pour nous, mais malheureusement nous n’en tirons ni
bienfait et ni leçons comme justement l’Histoire le prouve !
Un des événements les plus tristes dans l’Histoire de l’Islam est la
perte de l’Andalousie (maintenant l’Espagne et le Portugal). C’était
pourtant une terre Islamique avec une population musulmane
majoritaire. Les Musulmans furent battus, l’Islam banni et pas un
seul Musulman n’y resta. Cinq cents mosquées (massajid) furent
converties en églises. Toutes les causes de la chute de l’Andalousie
peuvent être trouvées parmi nous aujourd’hui : paresse pour la lutte
(jihad), absence de prédication (da’wa illa Allah), pas
d’implémentation de la Shari’ah, ivrognerie massive, traitrise des
Musulmans envers leurs frères, etc. Il est triste que nous ne
tenions pas compte de notre Histoire tandis que nos ennemis
l’étudient à notre place. Est-ce que nous nous réveillerons avant
que le désastre nous frappe aussi ?
Il est communément admis qu’en considérant la Création on reconnait
le Créateur. Allah dit :
« En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans
l’alternance de la nuit et du jour, il y a certes des signes pour
les doués d’intelligence »
[3:190].
Cependant, peu se rendent compte qu’Allah Exalté est libre de temps
et de restrictions d’espace qui sont aussi des créations. Donc le
temps et son passage (i.e. Histoire), si on les considère, sont
aussi un moyen de gagner Sa reconnaissance si nous considérons
qu’Allah Exalté organise. Allah dit :
« Du ciel à la terre, Il administre l’affaire, laquelle ensuite
monte vers Lui en un jour équivalant à mille ans de votre calcul »
[32:5].
Une interprétation de ce verset est que s’il faut mille années avant
qu’un événement se dissipe Allah crée de telle manière que la
re-matérialisation de l’évènement puisse survenir mille années plus
tard. Donc un examen de tels événements nous fera rendre compte
qu’il y a un Pouvoir plus haut puissant que l’Homme qui contrôle les
événements, qu’il y a un Créateur Tout-puissant : Allah.
Prenons la moitié de mille années et examinons comme Allah Exalté, à
Lui les Louanges et la Gloire, a utilisé la tribu de Khouza’ah
durant cinq siècles (525 années) pour rendre effectif la conquête de
La Mecque par le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah
sur lui).
En 120 A.D., l’imminence de la rupture menaçante du grand barrage de
Marib mena à la dispersion de la nation de Sabah et trois tribus
(Aws, Khazraj et Banou ‘Uthman) se dirigèrent vers Yathrib
(maintenant Médine). En route, les Banou ‘Uthman se séparèrent des
autres tribus, s’arrêtèrent à
Mar
azh-Zahran et furent appelé al-Khouza’ah (les
scissionnistes). Mar azh-Zahran était proche de La Mecque
afin que Khouza’ah puisse conquérir la Ville Sacrée et la diriger
durant deux cents années. Qoussayy, le chef de Qouraysh se maria à
Houlayl Bint Houbbah, la fille du chef des Khouza’ah, et conquit La
Mecque en 440 A.D. Leur fils, ‘Abd al-Manaf, était le prochain chef
et après lui, Hashim Ibn ‘Abd al-Manaf. Un homme nommé Nawfal usurpa
le pouvoir au fils de Hashim, ‘Abd al-Moutalib, et donc Khouza’ah
entra dans l’Histoire de La Mecque et s’allia aux Banou Hashim pour
assister ‘Abd al-Moutalib qu’ils considéraient comme le petit-fils
de leur fils, ‘Abd al-Manaf.
D’après le Traité de Houdaybiyah que le Messager d’Allah
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) signa avec les Qouraysh,
chaque tribu pourrait s’allier aux Musulmans ou rejoindre les
Qouraysh. La généalogie joua un grand rôle dans la politique arabe
et comme Khouza’ah avait des relations proches avec le Messager
d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), le petit fils de
‘Abd al-Moutalib, et était déjà alliés à la tribu des Banou Hashim,
Khouza’ah rejoignit les
Musulmans tandis que leurs ennemis, les Banou Bakr, rejoignirent les
Qouraysh. En l’an 8 de l’Hégire (629), les Banou Bakr et les
Qouraysh attaquèrent conjointement Khouza’ah et violèrent le traité
et ainsi dans un processus remontant à 525 années en arrière,
Khouza’ah joignit le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui) pour conquérir La Mecque au mois de Ramadan 8 de
l’Hégire, et « Ils complotèrent, mais Allah a fait échouer leur
complot, et Allah est le meilleur en stratagèmes » [8:30].
Nous demandons à Allah Exalté de nous pardonner pour toutes les
fautes que nous aurions pu commettre. De même que Nous lui demandons
de nous faire miséricorde dans ce monde et surtout dans l’Au-delà,
d’accepter nos humbles travaux et d’en faire une source de bienfait
pour notre communauté. Il n’existe pas vraiment d’index dans le
livre d’al-Waqidi, excepté des titres de chapitre clairsemés. Le
traducteur a créé des chapitres par conséquent et divisé le livre en
cinq parties selon sa propre discrétion.
Souleyman al-Kindi - 21 Joumadah Awwal 1423
Abdel Hakim Mouslim Islam Boutrif
Al-Imam al-Waqidi,
le grand historien
L’auteur de ce livre est l’Imam Abou ‘AbdAllah Muhammad Ibn
‘Omar al-Waqidi al-Madani puisse Allah le Très haut lui faire
miséricorde. Il est né au début de l’année 130 de l’Hégire (747) à
al-Madinah al-Mounawwarah (Médine). Son nom de famille dérive du nom
de son grand-père, Waqid, et quand il devint célèbre, il fut appelé
al-Imam al-Waqidi. Il commença ses études dans Médine. Parmi ses
proéminents professeurs, il y eut Ibn Abi Thahab Ma’mar Ibn Rashid,
al-Imam Malik Ibn Anas et al-Imam Soufyan ath-Thawri. Il gagna vie
au début comme un négociant en blé, mais quand il fut frappé par une
calamité, il émigra en Irak en l’an 180 de l’Hégire (796) sous le
règne d’ar-Rashid
Ma'moun. Grace à
sa grande érudition, il fut accueilli par Yahya al-Barmaki et
fut inclus dans l’élite de Ma'moun. Il fut bientôt nommé comme Juge
et resta à ce poste jusqu’à sa mort le 11 Dzoul Hijjah en 207
de l‘Hégire (822). Il fut enterré dans le cimetière de Khayzaran.
L’Imam fut un rapporteur de Hadith (mouhaddith) et un
Historien mais après qu’il se spécialisa dans l’Histoire, ses
transmissions de Hadith doivent être scrutées avant
acceptation. Néanmoins, il est indubitablement reconnu comme un
maître en Histoire. En plus de Foutouh ash-Sham, l’Imam al-Waqidi
écrivit aussi :
•
Al-Maghazi an-Nabawi (Les campagnes du Prophète
(saluts et bénédictions d’Allah sur lui))
•
Fath Ifriqiyah (conquête d’Afrique du Nord)
•
Fath al-‘Ajam (conquête d’Iran)
•
Fath Misr wa al-Iskandriyah (conquête d’Egypte et d’Alexandrie)
•
Akhbar Makkah (Récits de La Mecque)
•
At-Tabaqat (les générations)
•
Al-Foutouh al-‘Irak (La conquête d’Irak)
•
Sirah Abi Bakr wa al-Wafat (La vie et la mort d’Abou Bakr)
•
Kitab as-Sardah (Le Livre de la naissance du Prophète (saluts et
bénédictions d’Allah sur lui))
•
Tarikh al-Fouqahah (L’histoire des juristes)
•
Kitab al-Jamal-(La Bataille du Chameau)
•
Kitab as-Siffin (La Bataille de Siffin)
•
Maqtal al-Houssayn (L’assassinat d’al-Houssayn,
qu’Allah soit satisfait de lui)
•
Tafsir al-Qur’an (Interprétation du Qur’an).
Le mot « Syrie » utilisé dans ce livre ne fait pas référence au pays
actuel de la Syrie, mais à l’ancienne grande région appelée
« ash-Sham » par les Arabes et qui à une grande importance en Islam.
Le Qur’an la qualifie de « Terre Bénie » dans laquelle se trouve
al-Masjid al-Aqsa, qui est la maison de plus de Prophètes que
partout ailleurs. Beaucoup d’entre eux y sont enterrés comme Ibrahim
(saluts et bénédictions d’Allah sur lui). Beaucoup de Compagnons
(qu’Allah soit satisfait d’eux) y sont aussi enterrés comme
Mou’awiyah et d’innombrables savants (‘Oulama) comme l’Imam
an-Nawawi (qu'Allah leur fasse miséricorde). La Syrie produisit
beaucoup de grands guerriers comme Soultan Nour ad-Dine et des
martyrs comme le Sheikh ‘AbdAllah al-‘Azzam (qu'Allah lui fasse
miséricorde). ‘Issa Ibn Mariam (Jésus Fils de Marie, paix sur lui)
descendra à Damas et aura sa capitale à Jérusalem (Baytoul Mouqaddas
- la Maison Sainte). Le faux messie ad-Dajjal-sera tué par ‘Issa Ibn
Mariam à Loud. Les ‘Abdal, un groupe particuliers de saints, sont
principalement trouvé en Syrie qui sera aussi la Place du
Rassemblement pour le Jour du Jugement.
La Syrie de l’époque inclut aujourd’hui la Turquie, le Liban, la
Palestine, la Jordanie, l’Irak et une partie de l’Arabie ou de la
Péninsule Arabique (Hijaz).
Formules de Bénédictions après les noms
Sallallahou ‘aleyhi wa Salam : Saluts et Bénédictions d’Allah sur
lui (i.e. le Prophète Muhammad)
‘Aleyhi as-Salam : Paix sur lui (un prophète ou ange).
Radiyallahou
‘anhou :
Qu’Allah soit satisfait de
lui (un Sahabi ou un Compagnon)
Radiyallahou ‘anhoum :
Qu’Allah
soit satisfait d’eux (des Sahaba ou des
Compagnons)
Radiyallahou ‘anha : Qu’Allah soit satisfait d’elle (une Sahabiyyah
ou une Compagnonne)
Radiyallahou ‘anhounna : Qu’Allah soit satisfait d’elles (des
Compagnonnes)