La contradiction de la démocratie avec l’Islam

 

8 - La démocratie contredit complètement l’Islam dans les fondamentaux et dans les détails, et cela se reflète dans plusieurs aspects:

(A) La démocratie, selon ce qui est écrit dans les livres quand la réalité est toute différente, donne la souveraineté au peuple et lui confie toute l’affaire. Par conséquent, les gens sont la référence suprême en tout. Selon les règles de la démocratie, les gens sont la source du pouvoir. Ainsi, les gens sont la source du pouvoir législatif, du pouvoir judiciaire et du pouvoir exécutif. Ce sont les gens qui légifèrent les lois, nomment les juges et établissent les dirigeants. C’est contraire à l’Islam qui confère la souveraineté à la Shari’ah et non au peuple. De cette façon, toute la question est à la Shari’ah et c’est la référence suprême en tout. Quant aux pouvoirs, l’Islam confère le pouvoir législatif à Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, pas aux gens. C’est Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, Seul qui légifère les règles en tout, que ce soit en ce qui concerne le culte, les transactions, les punitions ou autre. Il est interdit à quiconque de légiférer, même s’il s’agit d’une seule règle. Les gens en Islam ont l’autorité, à savoir le pouvoir, donc ce sont les gens qui élisent le dirigeant et le nomment. Ainsi, les gens ne sont que la source du pouvoir exécutif et choisissent l’homme qui assume l’autorité et le pouvoir. Quant au pouvoir judiciaire, celui-ci est assumé par le calife ou quiconque le remplace en cela. C’est le calife qui nomme les juges ou qui nomme quelqu’un qui nomme les juges. Aucune personne appartenant au peuple, à l’individu ou à un groupe n’a le pouvoir de nommer un juge. Ceci est plutôt limité au calife et à son adjoint.

 

(B) Le leadership dans le système démocratique est collectif et non individuel. Le pouvoir est aussi collectif et non individuel. L’autorité ou la règle est assumée par le conseil des ministres, c’est-à-dire le cabinet. Le chef de l’état, que ce soit un roi ou un président, est une figure nominale qui règne mais ne gouverne pas. L’organe qui gouverne et assume le pouvoir est le cabinet. Ceci est contraire à l’Islam, où le leadership est pour l’individu et non pour un collectif et où le pouvoir est aussi pour l’individu et non pour un collectif. Il a été rapporté sous l’autorité d’Abou Sa’id Al-Khoudri (radhiyallahou ‘anhou) que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit : « Si trois personnes partent en voyage, elles doivent désigner l’une d’elles comme émir. »

‘Abdallah Ibn ‘Omar (radhiyallahou ‘anhoum) a également rapporté que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit : « Il est interdit à trois personnes de se trouver n’importe où sur la terre sans avoir nommé un émir parmi elles. » Le mot « un » signifie exactement cela, et il se réfère à un nombre, à savoir un et pas plus. Ceci est déduit de la compréhension opposée du mot « un ». La compréhension inverse peut être demandée et son indication est égale à l’indication du texte en ce qui concerne la preuve. La compréhension opposée ne peut être rendue redondante que dans une seule instance, c’est-à-dire si un texte l’annule. Dans ce cas, aucun texte n’est venu l’annuler, il est donc applicable. Ceci stipule l’application de : « ils devraient en nommer un comme émir » et pas plus, ou « sans avoir nommé un émir » et pas plus. Par conséquent, la compréhension opposée dans les deux Hadiths indique qu’il est absolument interdit que l’Imara soit conféré à plus d’un homme. Ceci est soutenu par l’action du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), car dans toutes les situations dans lesquelles il nomma des émirs, il n’a jamais nommé plus d’un émir sur une seule zone. Ainsi, l’autorité, à savoir la règle, est assumée par le chef de l’état, les Amir al-Mou'minin (le calife) et tous les pouvoirs obligatoires liés à l’état lui sont limités. Il est celui qui a la compétence dans l’autorité et personne ne partage aucune de cette compétence avec lui, elle lui est plutôt exclusive. Ainsi, le leadership et l’autorité dans l’Islam sont pour l’individu.

 

(C) L’état dans le système démocratique se compose de plusieurs institutions et non d’une seule institution. Le gouvernement est une institution, c’est-à-dire le pouvoir exécutif, et chaque syndicat est une institution indépendante avec compétence d’autorité et de pouvoir dans le domaine pour lequel il a été créé. Par exemple, le syndicat des avocats est une institution qui a le pouvoir et l’autorité dans toutes les questions liées aux avocats, allant de l’autorisation des avocats à exercer la profession, ou les suspendre, ou les poursuivre, et il traite de tous les questions liées aux avocats en termes de pouvoir et d’autorité. De même, le syndicat des médecins, le syndicat des pharmaciens et le syndicat des ingénieurs civils, entre autres. Les syndicats jouissent dans leurs domaines respectifs de la même compétence dont jouit le gouvernement en termes de pouvoir. Le gouvernement lui-même ne bénéficie pas du même pouvoir conféré au syndicat en son domaine spécifique. Ceci est en contradiction avec l’Islam, où l’état et le gouvernement sont un seul corps, qui détient le pouvoir, le calife. Il est exclusivement celui qui a la compétence et aucune autre personne n’a de compétence du tout.

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit : « L’Imam est un tuteur, et il est responsable de sa tutelle. » L’expression « il est » se réfère dans un contexte grammatical arabe à une forme restrictive et c’est un pronom séparateur. Ainsi sa parole « et il est responsable » dénote une restriction de la responsabilité de l’Imam. Par conséquent, il n’existe personne au sein de l’état, des individus ou des groupes, qui aient le pouvoir de gouverner qui lui a été conféré à l’origine, en dehors du calife.

 

(D) Dans le système démocratique, rechercher l’opinion des citoyens sur les questions de décision est considéré comme une obligation. Le dirigeant doit rechercher l’opinion du peuple ou l’opinion des conseils élus par le peuple, et il n’a pas le droit de contredire les gens (Ceci bien sûr en théorie, la réalité est ce que les élus font juste ce qu’ils veulent. Ainsi les gens sortirent en masse contre la guerre d’Irak des démons Bush-Blaireau qui conduisirent toutefois la guerre qui valut des millions de morts et qui continuent de mourir jusqu’à ce jour !) La recherche de l’opinion des citoyens est donc obligatoire dans le système démocratique. C’est contraire à l’Islam, où la recherche de l’opinion de l’Oummah, la Shourah (consultation), est tolérée et non obligatoire. Il est toléré pour le calife de rechercher l’opinion de la Oummah sans être toutefois obligatoire pour lui. Il en est ainsi parce que bien qu’Allah, Exalté et Loué soit-Il, fait l’éloge de la Shourah, Il, Exalté, l’a restreinte à la zone de Moubah uniquement. Ainsi, le fait qu’elle soit confiné à la zone de Moubah sert de conjonction qu’elle n’est pas obligatoire, car son sujet est Moubah. Par conséquent, une consultation sur un tel sujet ne peut être obligatoire. Par conséquent, il est Mandoub pour le calife de consulter l’Oummah, parce qu’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, a fait l’éloge de la Shourah et parce qu’elle ne peut être que dans la zone Moubah.

 

(E) Dans le système démocratique, le gouvernement est lié par l’opinion de la majorité sur chaque question, que ce soit dans la législation ou autre. Cependant, dans certains cas, ils ont tendance à rendre la règle de la majorité contraignante même si elle était de 51%, et dans d’autres cas, ils ont tendance à imposer une majorité des deux tiers. Dans tous les cas, l’avis de la majorité est contraignant dans tous les cas. C’est contraire à l’Islam, où l’opinion de la majorité n’a pas la prépondérance dans tout et n’est pas toujours contraignante. Une élaboration plus approfondie suit :

 

(a) Les règles de la Shari’ah, à savoir les opinions législatives : elles ne sont soumises ni à l’opinion de la majorité, ni à l’opinion de la minorité, mais chacun doit se conformer à la preuve de la Shari’ah. La preuve à ce sujet se reflète dans le fait que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) s’est conformé à la question du traité d’al-Houdaybiyah avec la révélation et écarta les opinions de ‘Omar (radhiyallahou ‘anhou). Il écarta même l’opinion de tous les Musulmans et rejeta catégoriquement leur opinion, et il les força à se conformer à son opinion malgré leur colère et leur ressentiment. Il leur dit : « Je suis le serviteur d’Allah et je ne violerai pas Son ordre. » Cela prouve que ce qui est prépondérant n’est pas la majorité, ni la minorité, mais plutôt ce qui a été établi par la révélation, c’est-à-dire la preuve de la Shari’ah. S’il y avait plusieurs preuves, les preuves les plus solides auraient la prépondérance; ainsi, la règle est prise et donnée prépondérante en fonction de la force de ses preuves ; cependant, obliger les gens à adopter la règle et la promulguer comme une loi relève exclusivement de la compétence du calife car lui seul se réserve le droit d’adopter les règles, et cela découle du consensus général des Sahaba, qui dénote que l’Imam se réserve le droit d’adopter des règles spécifiques et d’ordonner leur mise en œuvre. Les Musulmans, pour leur part, devraient les respecter et rejeter leurs propres opinions. Les principes établis de la Shari’ah sont : « L’ordre de l’Imam lie ouvertement et secrètement, » « l’ordre de l’Imam règle les différends, » et « le Sultan se réserve le droit de générer à partir des décisions ce qui est approprié aux nouveaux problèmes qui se posent. » Ce qui s’applique aux règles de la Shari’ah s’applique également aux définitions de la Shari’ah, où le facteur prépondérant est la force de la preuve, et c’est le calife seul qui se réserve le droit de les adopter. Par conséquent, sa propre opinion serait le facteur prépondérant et contraignant.

 

(b) L’opinion qui indique une pensée sur un sujet précis, qu’elle génère une ou plusieurs actions. L’action ou les actions seront étudiées en fonction du sujet. En d’autres termes, l’opinion liée à la réalisation d’actions, c’est lorsque les sujets nécessiteront compréhension et réflexion. L’avis est sollicité dans le but de parvenir à une idée précise du sujet. Ainsi, une décision est prise sur l’opportunité d’entreprendre l’action ou de s’abstenir, ou sur la manière dont l’action doit être entreprise, à savoir ce qui est lié à « l’opinion, la guerre et la tactique. » Cette opinion qui indique une pensée sur un sujet spécifique doit être soumise à la correction et non soumise à la majorité. Par exemple :

La renaissance de l’Oummah devrait-elle être travaillée en élevant son niveau intellectuel ou en élevant ses normes économiques ?

Les guerres d’apostasie qui éclatèrent à l’époque d’Abou Bakr (radhiyallahou ‘anhou) furent-elles considérées comme un rejet des règles de la Shari’ah ou comme une simple rébellion armée ?

La façon dont ‘Ali (radhiyallahou ‘anhou) traita les Walis quand il prit ses fonctions, aurait-il dû les garder ou les révoquer, ou aurait-il dû en garder certains et retirer les autres ?

La manière dont il (radhiyallahou ‘anhou) traita la question de Mou’awiyyah (radhiyallahou ‘anhoum) en particulier, aurait-il dû le retirer immédiatement de la wilaya d’ash-Sham ou gardé jusqu’à ce qu’il ait établi son autorité sur tous les territoires du califat ?

La construction par l’État Ottoman d’une voie ferrée entre Istanbul et Bagdad, aurait-il dû la céder à des entrepreneurs allemands ou belges ?

La tentative de la Grande-Bretagne d’adhérer à la Communauté européenne en 1962, aurait-elle dû y adhérer ou non ? En d’autres termes, son entrée lui aurait-elle permis de maintenir sa position internationale et de garder intacte son influence sur l’Europe ou aurait-elle entraîné des pertes économiques et politiques ?

Le développement de la richesse en Égypte, aurait-il dû se faire par la mise en place d’une industrie lourde ou par la construction du haut barrage ?

Le programme d’armement nucléaire de la Turquie, aurait-elle dû s’efforcer d’acquérir des armes nucléaires en comptant sur ses propres ressources et dépenses ou devrait-elle compter sur des investissements étrangers ?

L’action de l’État Ottoman pour améliorer l’éducation, aurait-il dû opter pour l’augmentation du nombre d’écoles et d’universités ou aurait-il dû revoir les programmes d’enseignement ?

 

Par conséquent, dans toute action dont le sujet nécessite une compréhension et une réflexion, la solidité doit avoir la prépondérance sur la majorité. La preuve à ce sujet se reflète dans l’action du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), car quand il, avec les Musulmans, arrêté par l’eau la plus proche de Badr, al-Houbab Ibn al-Moundir (radhiyallahou ‘anhou) n’aimait pas l’endroit et il connaissant bien les lieux et un expert en guerre, il dit donc au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) : « Est-ce là le lieu qu’Allah t’a ordonné d’occuper, afin que nous ne puissions ni avancer, ni nous en retirer, ou est-ce une question d’opinion, de guerre et de tactique ? » Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit : « C’est plutôt une question d’opinion, de guerre et de tactique. » Sur ce, al-Houbab déclara : « Ce n’est pas ici qu’il faut s’arrêter. » Il désigna ensuite un endroit et bientôt le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et ceux qui étaient avec lui se levèrent et suivirent l’opinion d’al-Houbab. Dans ce Hadith, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) abandonna son opinion et ne se référa pas à l’opinion des Musulmans. Il suivit ce qui était sain et se contenta de l’opinion d’une personne sur une question que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a décrite comme étant « une question d’opinion, de guerre et de tactique. » C’est ainsi qu’il imposa cette opinion à tous les Musulmans, car c’était la bonne et la plus solide opinion. Cela indique que toute opinion de ce type, c’est-à-dire « une question d’opinion, de guerre et de tactique, » est prépondérante sur la base de la solidité, et non de celle de la majorité. C’est au calife seul de décider de ce qui est sain, car c’est le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui décida de ce qui était sain dans la bataille de Badr, en sa qualité de chef de l’état, non en sa qualité de Messager.

Semblable à l’opinion qui indique une pensée sur un sujet spécifique, est l’opinion technique que les experts comprennent, car elle est du type qui nécessite de la compréhension, de la réflexion et de l’expertise. Les preuves à ce sujet se reflètent dans le fait que l’opinion d’al-Houbab (radhiyallahou ‘anhou) fut acceptée sur une question stratégique. C’était une opinion sur une question technique donnée par une personne qui connaissait bien les lieux et l’expertise de la guerre. Semblables à celles-ci sont les définitions non-Shari’ah, car elles nécessitent également de la compréhension et de la contemplation.

 

(c) L’opinion qui conduit à une action et qui ne nécessite pas la compréhension et la réflexion des experts et des techniciens. Dans ce type d’opinion, la prépondérance est donnée à la majorité et elle est contraignante, comme l’élection d’un calife ; votons-nous pour cet homme ou cet homme ?

Ou comme la nomination d’un arbitre pour enquêter sur un incident ; nommons-nous cette personne ou cette personne?

Ou comme la mise en place de projets de développement ; construisons-nous des hôpitaux ou des écoles ?

Ou comme l’octroi d’une aide aux agriculteurs ; leur accordons-nous de l’argent ou leur accordons-nous des machines, des semences et des engrais ? Etc.

Par conséquent, toute action qui n’exige pas la compréhension et la réflexion des experts et des techniciens doit être soumise à l’avis de la majorité et l’état est lié par une telle opinion. Par conséquent, le calife est lié par une telle opinion. La preuve à ce sujet est reflétée dans le fait que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) accepta l’opinion de la majorité à Ouhoud et sortit à l’extérieur de Médine malgré le fait qu’il estima que cette opinion était fausse et que la bonne opinion était différente de celle de la majorité comme étant en fait le Sahaba aîné qui eut également une opinion différente de celle de la majorité ; leur opinion était celle du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), qu’ils devaient rester à Médine. Cela indique que l’opinion de la majorité dans une telle action est celle qui est prépondérante et contraignante.

 

Certaines personnes peuvent être confuses au sujet de la différence entre une action dont le sujet nécessite la compréhension et la contemplation et une action qui ne l’exige pas. Cependant, si l’on examinait les preuves de chacune des deux actions, la différence se manifesterait clairement. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) demanda à al-Houbab (radhiyallahou ‘anhou) lors de la bataille de Badr : « Est-ce une question d’opinion, de guerre et de tactique, » ce qui signifie que camper dans un tel endroit est lié à des questions qui devraient être renvoyées au experts, c’est-à-dire qu’il fait partie des questions militaires qui nécessitent une réflexion et une étude et une partie des tactiques mises en place pour l’ennemi qui nécessitent un examen minutieux afin de mettre en place de telles tactiques. Quant à la bataille d’Ouhoud, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit aux Musulmans : « Si vous pensez qu’il est juste de rester à Médine et de les laisser là où ils ont campé, car s’ils s’arrêtent, ils se seront arrêtés dans une mauvaise position et si ils essaient d’entrer dans la ville, nous pouvons les combattre là-bas. » Sur ce, certains Musulmans dirent : « Ô Messager d’Allah ! Conduis-nous vers nos ennemis, de peur qu’ils ne pensent que nous sommes trop lâches et trop faibles pour les combattre. » Sur ce ‘Abdallah Ibn Oubay Ibn Saloul dit : « Ô Messager d’Allah ! Reste à Médine, ne sort pas à leur encontre. Nous ne sommes jamais sortis pour combattre un ennemi mais nous avons rencontré un désastre, et personne n’est venu contre nous sans être vaincus, laisse-les là où ils sont. S’ils restent, ils seront dans une mauvaise situation, et s’ils entrent, les hommes les combattront et les femmes et les enfants leur jetteront des pierres depuis les murs, et s’ils se retirent, ils se retireront sereins comme ils sont venus. » Par conséquent, la question était de savoir s’il fallait sortir ou non, et non du lieu de la bataille, ce qui signifie que la question n’était pas de savoir s’ils auraient dû se fortifier à l’intérieur de Médine et se battre à partir de là ou s’ils auraient dû se fortifier dans la montagne d’Ouhoud. Le problème concernait l’ennemi qui approchait, devraient-ils du sortir à leur rencontre et leur livrer bataille ou rester sur place et s’ils seraient attaqués, devrait-il riposter, tandis que si l’ennemi ne les attaquait pas, devrait-il les laisser. Par conséquent, il y avait une différence entre la réalité des deux situations et entre la manière dont le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) traita chacune des deux situations. De cette différence entre les deux situations, la différence entre l’action qui fut renvoyée à l’avis solide et l’action qui fut renvoyée à l’avis de la majorité devient manifeste. En d’autres termes, il y a une différence entre l’action dont le sujet nécessite la compréhension et la contemplation et l’action qui ne nécessite pas de compréhension et de contemplation. Il s’agit d’une part, d’autre part, de l’action dont le sujet est critique et important et dont la compréhension demande un effort, elle est différente par sa nature de l’action qui n’a pas de sujet, ou dont le sujet n’est pas critique ou est de notoriété publique. Bien que cette différence entre les deux actions soit quelque peu subtile, elle existe cependant et peut être comprise.

 

Par conséquent, l’opinion de la majorité en Islam n’est prise que dans une seule situation, c’est-à-dire dans les actions qui ne nécessitent pas la compréhension et la réflexion des experts et des techniciens. Quant aux autres actions, elles ne sont pas soumises à l’avis de la majorité. Ceci est soutenu par ce que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit à Abou Bakr et ‘Omar (radhiyallahou ‘anhoum) : « Si vous conveniez d’une consultation, je ne vous contredirais pas. » Cela prouve que l’opinion de la majorité est prépondérante. Cependant, il limita leur accord à une qualification explicative, ainsi il dit : « Lors d’une consultation. » Et : « Je ne vous contredirais pas, » était lié à sa contradiction avec leur opinion à al-Houdaybiyah, et à son imposition de l’opinion d’al-Houbab (radhiyallahou ‘anhou) sur eux, il deviendrait clair que sa parole : « Lors d’une consultation » sert de qualification pour ne pas les contredire. Aussi leur non-contradiction relève-t-elle d’une consultation, qui est autre que ce qui est une révélation et autre que ce qui est affaire « d’opinion, de guerre et de tactique. » Nous en déduisons que le Hadith indique que l’opinion de la majorité est prépondérante dans des matières autres que les règles de la Shari’ah et autres que celles qui sont une question « d’opinion, de guerre et de tactique. ». Par conséquent, l’Islam contredit la démocratie.

 

(d) En démocratie, certains individus bénéficient d’une immunité qui les protège de la loi. Ainsi, la loi ne peut pas les toucher en raison de l’immunité dont ils jouissent, comme c’est le cas du chef de l’état et des parlementaires. Si le chef de l’état commettait un crime, il ne serait pas poursuivi et il ne serait pas soumis à la loi, car il bénéficie de cette immunité. Il en va de même pour les parlementaires, car si l’un d’entre eux commettait un crime au cours d’une session parlementaire, il ne serait pas poursuivi et il ne serait pas soumis aux forces de l’ordre tant que son immunité n’aurait pas été levée. Ceci est en contradiction avec l’Islam, où aucun citoyen de l’État Islamique ne bénéficie d’une quelconque immunité. Le chef de l’état est comme toute personne ordinaire en ce que s’il commettait un crime, il serait poursuivi et la loi lui serait appliquée. Il en va de même pour les membres du Conseil de la Shourah, car chacun d’entre eux est comme toute personne ordinaire. Toutefois, si le crime de l’accusé n’était pas lié à sa profession au sein de l’état et qu’il s’agissait d’une question autre que de décision ou d’administration, il serait poursuivi devant le tribunal judiciaire. Alors que si le crime dont il était accusé était lié à sa profession au sein de l’état, à savoir un crime lié à des questions judiciaires ou administratives, il serait poursuivi devant le tribunal de Mazalim. L’immunité dans l’État Islamique n’est accordée à personne, à l’exception des envoyés qui viennent de l’étranger en mission diplomatique. Seulement, ils jouissent d’une immunité diplomatique et, à part eux, personne n’a du tout d’immunité diplomatique. Les libertés générales en démocratie contredisent l’Islam d’autant plus qu’elles ne servent qu’à protéger les criminels. Les lois sont faites par eux et ils sont protégés par elles.

 

e) Il existe dans le système démocratique ce que l’on appelle les libertés générales : la liberté personnelle, la liberté de propriété, la liberté de croyance et la liberté d’expression. Par conséquent, chaque personne peut faire ce qu’elle souhaite. Il n’y a donc pas de punition contre la fornication ; il est même interdit de promulguer une telle punition, car cela est considéré comme une atteinte à la liberté personnelle. En outre, chaque personne peut acquérir par tous les moyens, tout ce qu’elle souhaite. Ainsi, on peut acquérir de la richesse par le jeu, la tromperie ou le monopole. En outre, chaque personne peut embrasser la ‘Aqidah de son choix et exprimer toute opinion qu’elle souhaite. Ceci est en contradiction avec l’Islam, car dans l’Islam il n’y a pas de liberté, c’est-à-dire le non-respect de quoi que ce soit lors de l’exécution d’actions. L’Islam restreint en effet le Musulman au respect des règles de la Shari’ah. Chaque action effectuée par le Musulman est soumise au respect des règles de la Shari’ah. Ce que l’on appelle les libertés générales n’existe pas dans l’Islam. Il n’y a pas de liberté personnelle : les fornicateurs hommes et femmes seront fouettés, les adultères hommes et femmes seront lapidés, les pédérastes et les pédophiles exécutés. Il n’y a pas non plus de liberté de propriété, car les richesses acquises par le jeu ou par des transactions illégales ne peuvent pas être détenues, et les richesses dont l’acquisition est interdite par la Shari’ah comme la Riba (usure) ne peuvent pas être détenues. On ne peut rien posséder par tromperie et monopole. De plus, il n’y a pas de liberté de croyance, car si le Musulman apostasie, il sera tué s’il ne se repentait pas. Quant à ce que l’on appelle la liberté d’expression, l’Islam permet au Musulman d’exprimer sa propre opinion, à condition qu’elle ne soit pas coupable et est également ordonné de dire la vérité partout et à tout moment.

 

Dans le Hadith de ‘Oubadah Ibn as-Samit (radhiyallahou ‘anhou), quand les Ansar portèrent leur allégeance au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), il dit parmi les conditions : « Que nous dirons la vérité à tout moment et que nous ne craindrons la censure d’aucun au service d’Allah. » L’Islam ordonna également la confrontation et la comptabilité du dirigeant en ce qui concerne ses actions. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit : « Le maître des martyrs est Hamza, et un homme qui s’est tenu debout devant un dirigeant tyran pour le conseiller et a été tué par lui. » Cela n’est pas considéré comme la liberté d’expression, mais comme une adhésion aux règles de la Shari’ah. C’est aussi une permission d’exprimer son opinion dans certains cas et une obligation de l’exprimer dans d’autres.

Par conséquent, l’Islam contredit la démocratie en termes de ce que l’on appelle les libertés générales, car il n’y a pas de libertés dans l’Islam à l’exception de la liberté qui signifie la libération des esclaves de l’esclavage.

A partir de ces seuls sept points, la contradiction complète entre l’Islam et la démocratie devient claire. Il devient également clair que les règles de la démoncratie sont une chose et les règles de l’Islam en sont une autre et qu’il existe une nette différence entre elles. Chacun d’eux est visiblement différent de l’autre. Par conséquent, la démocratie est autre que l’Islam.

De tout ce qui a été mentionné dans ces sections, il devient clair que l’idée qui dit : « Ce qui ne contredit pas l’Islam et qui n’a pas été interdit par un texte peut être prise, » est fausse par essence. Il devient également clair une fois que les preuves ont été étudiées de près, que l’adoption de toute règle autre que celle que la Shari’ah a apportée est une adoption d’une règle impie, car c’est une adoption autre que ce qu’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, a révélé. Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, nous a interdit de faire référence à autre chose que la Shari’ah, et en plus de Son interdiction comme mentionné dans les preuves énumérées précédemment, comme suit ou Il, à Lui les Louanges et la Gloire, dit :

« Non !... Par ton Seigneur ! Ils ne seront pas croyants aussi longtemps qu’ils ne t’auront demandé de juger de leurs disputes. »  Qur’an 4: 65

 

Et la parole du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) : « Toute action non basée sur notre ordre est rejetée. » Le Seigneur, à Lui les Louanges et la Gloire, a clairement interdit l’adoption de ce qu’Il n’a pas révélée ; car Il, à Lui les Louanges et la Gloire, s’adresse à Son Messager (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en disant :

« Juge alors parmi eux d’après ce qu’Allah a fait descendre. » Qur’an 5: 49

 

Et Il, à Lui les Louanges et la Gloire, dit aussi :

« Et prends garde qu’ils ne tentent de t’éloigner d’une partie de ce qu’Allah t’a révélé. » Qur’an 5: 49

 

Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, ne s’est pas arrêté à cela mais continue à censurer ceux qui gouvernent autrement que par ce qu’Allah a révélé. Il, à Lui les Louanges et la Gloire, dit :

« Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, les voilà les mécréants. » Qur’an 5: 44

 

Dans un autre verset, Il, à Lui les Louanges et la Gloire, dit :

« Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont des injustes. » Qur’an 5 : 45 ans

 

Et dans un troisième verset :

« Ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont les pervers. » Qur’an 5: 47

 

Cela indique l’accent mis sur le respect de ce qu’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, a révélé et sur la restriction de prendre la législation excepté de Lui et l’interdiction absolue de prendre d’un autre que Lui, à Lui les Louanges et la Gloire. Par conséquent, l’adoption des lois occidentales et des règles démocratiques n’est pas seulement une erreur, c’est plutôt l’adoption d’une loi de la mécréance et c’est haram, qu’elles soient d’accord avec la Shari’ah ou qu’elles la contredit. En fait, même si la règle identique était adoptée, ce serait toujours haram puisqu’elle a été adoptée sur une base autre que celle de la Shari’ah. En conséquence, ce que les Musulmans mettent en œuvre aujourd’hui dans leurs transactions selon les lois occidentales est une mise en œuvre des lois de la mécréance, indépendamment du fait qu’il soit d’accord ou en contradiction avec la Shari’ah. Même si une personne embauchait un ouvrier ou louait une maison ou une voiture, et effectuait la transaction de location selon les lois occidentales, ce sera une transaction effectuée selon une loi impie. Alors que s’il devait effectuer la transaction selon les règles de la Shari’ah, ce serait halal, que cela soit conforme ou contraire à la loi.

 

L’impact de l’invasion culturelle et législative

 

La question de la régression des Musulmans aboutit à la promulgation de la constitution et des lois dérivées des constitutions et des lois occidentales. Cela aboutit à l’adoption des lois impies par le calife de l’État Islamique. Quoi qu’il en soit, l’invasion culturelle qui balaya toutes les terres islamiques et l’invasion législative de l’état dans le système au pouvoir et les lois ébranlèrent les Aqa'id des Musulmans et les pensées islamiques dans l’esprit de nombreux Musulmans. En outre, cela secoua complètement l’entité de l’État Islamique, et la détruisit même substantiellement tout en ne l’épargnant que dans la forme. Il en est ainsi parce que l’entité de l’état est une multitude de concepts, de critères et de convictions et un groupe de personnes liées entre elles par l’autorité. Ainsi, si ces concepts, critères et convictions étaient détruites chez les Musulmans, l’entité de l’état serait également détruite. Leur essence, qui est la base sur laquelle se construit l’autorité, ou du moins en forme, ses fondations seraient détruites même si son cadre restait intact. Par conséquent, la destruction de ce cadre et la frappe de cette forme seraient facilitées. Sans cette invasion culturelle et législative, les états mécréants n’auraient pas été en mesure de porter ce coup fatal à l’État Islamique. Cependant, lorsque les états impies réussirent à diviser les Musulmans par le nationalisme, en particulier le nationalisme turc et arabe, en plus de leur succès à ébranler les concepts, critères et convictions des Musulmans, à supprimer les règles de la Shari’ah et à les remplacer par les législations démocratiques et les lois occidentales auxquelles les Musulmans se référaient dans le jugement et sur lesquelles le califat se fondait, ils se rendirent compte qu’il ne restait plus rien de l’état sauf le cadre qui la contenait et la forme sous laquelle elle apparaissait. Ainsi, ils commencèrent à penser à détruire le Califat et à l’éliminer définitivement de l’existence par les mains des mourtadine. A peine la Première Guerre mondiale éclata ou l’État Ottoman participa aux côtés de l’Allemagne, que les états impies estimèrent que l’opportunité était venue de détruire le Califat et en conséquence, ils se mirent à travailler dans ce sens.

 

La tentative de démembrement de l’état du Califat 

 

Les états européens ne pouvaient pas imaginer qu’un jour les Musulmans pourraient être gouvernés par d’autres que l’Islam, ou qu’ils pourraient diriger les Musulmans directement, puisqu’ils étaient et sont toujours considérés comme des mécréants aux yeux des Musulmans. Par conséquent, afin d’affaiblir le Califat et de l’éloigner, leur attention se concentra sur le démembrement de l’État Islamique en gouvernements islamiques qui seraient sous leur influence. En effet, les négociations qui eurent lieu en 1915, pendant la guerre entre la Russie, la Grande-Bretagne et la France, en font mention.

Dans un mémorandum présenté à la Russie en réponse à son propre mémorandum relatif à cette question, la France et la Grande-Bretagne inclurent une clause qui stipulait : « La sauvegarde des lieux sacrés dans les terres islamiques et les terres arabes sous le règne d’un État islamique indépendant. »

Et dans le mémorandum russe, envoyé en réponse aux propositions anglo-françaises, il y avait une clause stipulant : « L’engagement d’une décision cruciale relative aux relations futures entre les États Islamiques que vous entendez établir sur les ruines de l’État Ottoman et à les séparer du Califat, est une question qui concerne le gouvernement de Sa Majesté le César. » Il ajouta également : « Le gouvernement de Sa Majesté le César souhaiterait de tout cœur retirer le Califat des Turcs, mais en même temps, ils souhaitent de tout cœur garantir la liberté du Hajj et ne pas s’immiscer dans aucune petite chose qui pourrait offenser les Musulmans. »

Dans un télégramme énumérant les demandes italiennes et adressé au ministre russe des Affaires étrangères, l’ambassadeur de Russie à Londres écrivit : « Le gouvernement italien soutient l’opinion du gouvernement russe sur la nécessité de séparer le gouvernement islamique à établir au Hijaz, sur les débris du Sultanat Ottoman, du Califat et de le placer sous le contrôle absolu de la Grande-Bretagne. Le gouvernement italien soutient de toutes ses forces le retrait du Califat des Turcs et son abolition totale si nécessaire. »

 

Tout cela indique que l’objectif principal des Alliés était d’affaiblir et d’éliminer le Califat. Cependant, il n’existait personne parmi les Musulmans qui aurait voulu ou accepté le retrait du Califat. Même les traîtres parmi les Musulmans arabes qui collaboraient avec les Britanniques avaient l’habitude de réclamer que le Califat soit aux Arabes. Quant aux Turcs, ils étaient tous assidûment engagés dans le Califat ; leur amour et leur dévouement étaient profondément enracinés dans leur âme. Même le Comité des Jeunes Turcs était attaché au Califat et engagé à maintenir toutes les parties de l’État Islamique telles qu’elles étaient. On n’a jamais entendu parler de quiconque souhaitait ou acceptait le retrait du Califat, et encore moins de qui travaillerait à son retrait.

Par conséquent, son retrait était un défi de taille même si toutes les terres islamiques étaient occupées. Par conséquent, les Alliés dissimulèrent leurs intentions et il s’agissait d’un secret gardé que personne ne connaissait. Et ainsi, ils travaillèrent à porter un coup à l’État Ottoman de l’intérieur en entreprenant une foule d’initiatives pour la faire se retirer de la guerre et maintenir une paix séparée avec elle. Ils se concentrèrent sur cette idée et y travaillèrent.

 

La tentative des Alliés de séduire Jamal Bacha

 

Personne n’était en mesure d’influencer l’État Ottoman et de faire se retirer de la guerre ou de maintenir une paix séparée avec lui en dehors des officiers influents de l’armée. Quant aux autres, ils n’étaient pas en mesure de faire quoi que ce soit. Quant à ces traîtres parmi les Arabes qui collaborèrent avec les Britanniques et les Français, ils ne se sont pas élevés au niveau des politiciens, et leurs maîtres, les Britanniques et les Français, ne s’attendaient pas à ce qu’ils influencent l’état. Leur tâche était d’agir comme des espions contre l’état et de commettre des actes de sabotage contre lui. Même le principal traître, ash-Sharif Hussein Ibn ‘Ali, était trop faible pour avoir une quelconque influence sur l’état. Tout ce que les Britanniques voulaient, c’était de l’utiliser dans des actes de sabotage contre l’Armée Islamique, l’Armée Ottomane, et en suscitant une opinion publique en leur faveur parmi les forces armées, de peur que les Musulmans n’aient des sentiments d’animosité à leur encontre et ne déclarent sur eux le Jihad que la Shari’ah commandait, considérant qu’ils étaient des mécréants. Par conséquent, les Arabes ne furent au centre de l’attention des Alliés pendant la guerre dans leur tentative de retirer l’État Ottoman de la guerre et ils concentrèrent plutôt leur attention sur les officiers turcs.

 

Parmi les Turcs, deux officiers étaient connus pour : Premièrement, leur haine pour les Allemands et leur opposition à l’entrée en guerre de l’État Ottoman en tant qu’allié de l’Allemagne. Deuxièmement, leur ambition de prendre le pouvoir et leurs efforts pour atteindre cet objectif. Ces deux officiers étaient Jamal Bacha et Mustafa Kemal. Quant à Mustafa Kemal, il était un officier subalterne sans aucune valeur, bien qu’il était intelligent, ambitieux et actif contre l’état. Alors que Jamal Bacha était en mesure d’être influent, notamment en raison du fait que l’ensemble de l’État Ottoman était gouverné par trois hommes : Tal’at le Premier ministre, Anwar le ministre de la guerre et Jamal Bacha lui-même, le commandant de la quatrième division et gouverneur de la Syrie. Par conséquent, les Alliés tentèrent d’attirer Jamal Bacha. Pendant la campagne des Dardanelles (Campagne de Gallipoli) et à la suite de son échec, les Alliés tentèrent de contacter Jamal Bacha pour qu’il se révolte contre l’État Ottoman. Cela était dû au fait que les Britanniques avaient attaqué Istanbul et voulut s’emparer de Gallipoli le 25 avril 1915 ; cependant l’Armée Ottomane les affronta et stoppa leur progression. Ainsi, ils ne purent avancer d’un pas et subirent de lourdes pertes au point que le commandant des forces alliées, le général Hamilton, fut contraint d’envoyer le 16 août un télégramme à Lord Kitchener, le secrétaire à la guerre britannique, une demande de renforts et de munitions. (Nous avons détaillé non seulement cette bataille mais aussi l’histoire « officielle » dans notre second volume de l’Introduction à l’Histoire des Ottomans : Les Désistoriens)

 

De plus, le 14 octobre, le gouvernement britannique limogea le commandant de la campagne des Dardanelles, le général Hamilton, et le remplaça par le général Charles Monro qui reçut l’ordre d’enquêter sur la campagne des Dardanelles. Le 28 octobre, Monro arriva dans les Dardanelles et avec l’état-major, il étudia la situation des forces alliées le long du littoral des Dardanelles et autour des tranchées britanniques. Il écrivit ensuite au cabinet de guerre pour recommander l’évacuation immédiate. Cependant, le secrétaire de guerre Lord Kitchener, inquiet du télégramme de Monro, décida de se rendre lui-même aux Dardanelles. Il arriva le 9 novembre et inspecta les positions militaires le long du littoral et autour des tranchées britanniques et françaises. Il arriva à la conclusion que les forces alliées pourraient maintenir leurs positions à moins que les Turcs ne parviennent à acquérir des canons et des munitions de l’Allemagne, ce qui rendrait la position des forces alliées très critique.

 

Puis le 1er décembre, les forces alliées évacuèrent soudainement leurs positions. C’est au cours de cette période critique et de cette période de confusion dans laquelle ils furent confus en raison de la campagne des Dardanelles, que les Alliés tentèrent de contacter Jamal Bacha et de négocier avec lui pour se rebeller contre l’État Ottoman. Il semble que ces négociations aient effectivement eu lieu et Jamal Bacha accepta en principe et posa ses conditions car, le 26 novembre 1915, le ministère russe des Affaires étrangères envoya à ses deux ambassades à Paris et à Rome le télégramme n ° 6391; pour citer le télégramme : « Les nouvelles qui nous parviennent des cercles arméniens à Istanbul nous informent que Jamal Bacha est prêt à entreprendre une action hostile contre le gouvernement d’Istanbul si les conditions suivantes sont remplies :

1. Que les états alliés reconnaissent la souveraineté de l’État Ottoman, dirigé par le Sultan, sur les états de Syrie, la Palestine, l’Irak, La Péninsule Arabique, Kilikia, l’Arménie et le Kurdistan.

2. Que le Sultanat soit assumé par Ahmed Jamal Bacha et que ses fils et petits-fils assumeront le Sultanat après lui.

3. Qu’Ahmed Jamal Bacha s’engagera à proclamer que le Sultan actuel et son gouvernement sont prisonniers aux mains des Allemands, et à leur déclarer la guerre.

4. Que dans le cas où Jamal Bacha déclarerait sa rébellion et sa marche pour combattre le gouvernement, les Alliés s’engageraient à fournir à son armée les armes, la nourriture et le matériel militaire nécessaires.

5. Que les états alliés offriraient à Jamal Bacha l’aide financière nécessaire jusqu’à la fin de la guerre.

6. Que Jamal Bacha accepte de rendre le détroit et Istanbul aux Alliés.

7. Que Jamal Bacha s’engage à assurer une route gratuite pour aider les Arméniens. »

 

Telle était la liste des conditions mentionnées dans le télégramme et il semble que la Russie ait négocié avec les Britanniques et les Français, et alors que la Russie avait accepté les conditions de Jamal Bacha, les Britanniques et les Français refusèrent. Le 12 décembre 1915, le deuxième chancelier du ministère russe des Affaires étrangères envoya le télégramme 6130 à l’ambassadeur de Russie à Bucarest ; pour citer le télégramme : « Il est possible de donner à Jamal Bacha un engagement sur ce qu’il propose et si nécessaire, nous sommes en mesure d’obtenir des Alliés des promesses de lui donner ce qu’il veut. »

 

Cependant, il semble que les Alliés aient rejeté cela. Le 27 décembre 1915, l’ambassadeur de Russie à Paris adressa à son gouvernement un télégramme dans lequel il écrivit : « Nous avons reçu votre télégramme n ° 6391, dont une copie a été transmise à M. Brian qui a exprimé un grand intérêt pour son contenu et a déclaré qu’il les présenterait devant le cabinet demain, avant qu’il ne soit trop tard. Il m’a également dit à cette occasion que si ces conditions nous sont acceptables, elles ne sont cependant pas en accord avec les ambitions britanniques et les rejeter. »

Puis les Français se rétractèrent d’accepter les conditions. Le 29 décembre 1915, l’ambassadeur envoya un télégramme annexé à son premier télégramme. Pour citer le télégramme : « Ce que j’ai appris, c’est que les ministres français ont fortement résisté à cet accord au point qu’ils n’ont pas hésité à exprimer leur objection. » Il ajouta : « Ce qui est certain, c’est que les Français apprécient certaines de vos propositions et ils sont conscients de l’importance de déclencher une révolte au sein du Sultanat Ottoman. Ils pensent même que cette révolte leur serait très utile dans la guerre mondiale. Cependant, ils ne voient dans les propositions avancées pour négocier avec Jamal Bacha que la réalisation de vos ambitions de saisir Istanbul et les détroits, sans prendre de dispositions pour la souveraineté française sur l’Orient. »

 

Les Britanniques déclarèrent par la suite leur refus de participer à ces négociations.

Le 27 janvier 1916, l’ambassadeur de Russie à Londres adressa un télégramme au ministre russe des Affaires étrangères à Pétersbourg dans lequel il écrivit : « Nicholson m’a ’informé qu’après avoir réexaminé la question et examiné de près tous ses aspects, le gouvernement britannique jugea nécessaire de renoncer à participer à ces négociations et d’y renoncer pour de bon. »

Cela indique que l’idée des Alliés de forcer la Turquie à se retirer de la guerre et d’inciter certains officiers à prendre le pouvoir avait ses racines. Ils voulaient en plus cependant démembrer l’État Ottoman et abolir le Califat. Comme l’une des conditions de Jamal Bacha était de préserver l’unité des terres islamiques, au moins en tant que fédération et comme l’une de ses autres conditions était de préserver le Califat, ils rejetèrent sa proposition et refusèrent de négocier avec lui. Il est donc clair qu’ils avaient entrepris d’autres initiatives.

 

Quant à leurs tentatives avec le Sharif de La Mecque, Hussein Ibn ‘Ali, elles étaient connues, mais elles n’auraient pas servi le but de faire retirer l’État Ottoman de la guerre, et sans aucun doute, elles ont dû faire plusieurs autres tentatives avec une foule d’officiers turcs. Rien n’indique que d’autres négociations aient eu lieu avec quiconque parmi les Turcs, mais les Britanniques avaient leurs agents au sein de l’état, comme Arif Bacha, Damad Farid et d’autres. Avant la Première Guerre mondiale, l’attaché militaire britannique avait été très actif et avait l’habitude de faire de nombreux mouvements et contacts, le tout avec les mains libres. Cet attaché militaire rentra à Istanbul après la signature du cessez-le-feu et il joua un rôle majeur, avec le commandant des forces alliées, dans l’abolition du Califat. Par conséquent, il est très probable qu’il ait noué plusieurs contacts et établi des liens, bien qu’aucun de ceux-ci ne se soit encore révélé.

 

La montée de Mustafa Kemal

 

Mustafa Kemal était un officier subalterne peu connu lorsque la guerre éclata, bien qu’il était connu pour ses pensées occidentales et sa rébellion contre les pensées islamiques, et pour son inclination envers les Britanniques et sa haine pour les Allemands. Ce n’est qu’après sa participation à la bataille d’Ana Forta que son nom devint connu et célébré. Depuis ce temps, il acquit une large publicité, son nom devint connu et il devint célèbre.

 

Au printemps 1915, au début de la 2ème année de la guerre mondiale, l’Allemagne stoppa ses tentatives de conquête des territoires français car ni l’Allemagne ni la France ne pouvaient se battre et remporter une victoire décisive. Les Russes avaient entre-temps subi de graves coups, dont ils ne pouvaient plus se relever et reprendre leur lutte à moins que les états occidentaux n’agissent rapidement et ne fournissent régulièrement à la Russie les munitions dont elle avait grand besoin. Les Alliés occidentaux chargèrent des navires à cet effet, mais ils furent assiégés en Méditerranée et ne purent pas atteindre la Russie. Il devint donc impératif de lancer une attaque sur Istanbul et d’ouvrir le détroit afin de permettre aux navires d’entrer et de ravitailler la Russie sur une base régulière. Le commandement de l’armée ottomane était à l’époque entre les mains du général allemand Otto Liman Von Sanders. Il avait assigné le commandement d’une division à Mustafa Kemal Bek et c’est à ce moment-là que l’offensive des Alliés eu lieu.

 

Le 15 avril 1915, les Britanniques tentèrent de monter une énorme offensive, étant suffisamment préparés pour la bataille. Ils entrèrent dans la bataille et les troupes britanniques réussirent à atteindre Gallipoli et disperser les troupes ottomanes. En conséquence, le général Sanders fut contraint de renvoyer le commandant en charge de la bataille et il le remplaça par Mustafa Kemal, qui à l’époque était encore colonel. Mustafa Kemal prit le commandement des troupes ottomanes près d’Ana Forta, l’une des zones les plus sensibles près des Dardanelles. La bataille se déroulait dans une vallée avec les Turcs occupant son sommet et les Britanniques en bas essayant de l’occuper. La bataille dura plusieurs jours sans qu’aucune des deux factions belligérantes ne prenne le dessus. Le statu quo resta avec les Ottomans conservant leurs positions et les Britanniques conservant les leurs alors que les combats entre eux se poursuivaient.

Cela dura plusieurs mois quand soudain, dans la nuit du 15 décembre, dans une atmosphère enveloppée de secret le plus total, les Britanniques évacuèrent la position qu’ils occupaient le long de la côte de Gallipoli. Les navires de guerre mirent les voiles après avoir été chargés dans une hâte étonnante. C’est cette évacuation qui mit fin à la bataille.

Une fois les combats terminés, le commandant Mustafa Kemal présenta au commandant général allemand son rapport sur la bataille. Il présenta également sa montre qui avait été complètement écrasée par une balle, manquant ainsi Mustafa Kemal. Lorsque Liman Von Sanders reçut la montre, il sortit immédiatement sa propre montre en or et l’offrit à Mustafa Kemal, gardant la montre brisée en souvenir.

 

Après cette bataille, Mustafa Kemal devint une star, gagnant en popularité parmi les forces armées ottomanes, car cette bataille reçut une énorme publicité et fut considérée comme une victoire significative de Mustafa Kemal sur les Britanniques. Cependant, Mustafa Kemal avait l’habitude de nourrir l’idée de ne pas participer à la guerre, et malgré sa popularité nouvellement acquise à la suite de la bataille d’Ana Forta, il maintenait toujours son opinion sur le retrait de l’État Ottoman de la guerre. Il ne se contenta pas de porter une telle opinion et avec sa renommée parmi les forces armées et le peuple, il entreprit plusieurs tentatives pour influencer une foule de personnalités puissantes afin de les faire croire en ses idées, bien qu’il ait été accueilli avec indifférence et vexation. En tant que tel, il devint l’objet de soupçons. Malgré leur foi en sa capacité militaire après cette bataille, personne n’était prêt à l’encourager à se mêler des affaires politiques du pays ; au contraire, ils lui faisaient obstacle chaque fois qu’il tentait de participer efficacement à la politique du pays. Il tenait les Britanniques en grande estime ; leur faire confiance et croire en leur capacité et qu’ils gagneraient sans aucun doute et que l’Allemagne serait vaincue ; furent les raisons pour lesquelles il fut soupçonné. En effet, même ceux qui se rapprochèrent de lui furent aussi soupçonnés par les autorités et leur surveillance.

 

Mustafa Kemal travaille au retrait de l’état de la guerre et à la signature d’un traité de paix avec les Britanniques

 

Ce qui est frappant, c’est que Mustafa Kemal revint des Dardanelles à Istanbul victorieux des Britanniques. La victoire eu ses effets sur le moral des forces armées ottomanes et sur les Musulmans de tout l’État Ottoman. Cela eut également un effet sur les Alliés. Néanmoins, Mustafa Kemal revint de la bataille qu’il avait menée et dont il était sorti victorieux pour éveiller le doute sur la capacité de l’état à combattre les Britanniques, et susciter l’idée d’un retrait de l’état de la guerre et de la signature d’un traité de paix unilatéral avec les Britanniques. Il revint pour lancer une bataille domestique avec l’état afin de lui faire abandonner les Allemands et se ranger du côté des Britanniques. Si, avant la bataille, il avait eu la même opinion, il la garda pour lui, mais maintenant qu’il était revenu de la bataille, il commença à répandre ces opinions parmi les gens, en particulier les officiers de l’armée, et tenta d’influencer les hautes personnalités puissantes. Il commença même à rencontrer des ministres et leur parla ouvertement de ses opinions et tenta de les influencer.

 

À une occasion, il rendit visite au ministre des Affaires étrangères dans son bureau. Le ministre des Affaires étrangères de l’époque était Nassimi Bek, qui faisait partie de ceux qui suggérèrent que la Turquie devait aller en guerre aux côtés de l’Allemagne. Nassimi Bek accueillit chaleureusement Mustafa Kemal en tant que héros d’Ana Forta et lui parla de manière courtoise. Son discours fuit plein d’optimisme gracieux, en particulier à la suite de la victoire remportée par l’état et de sa défaite et de sa répulsion des forces armées alliées dans les Dardanelles. Le ministre des Affaires étrangères apprécia cette victoire et était conscient de l’effet de la défaite sur les Alliés, car cela signifiait garder la Russie privée des approvisionnements en munitions de guerre dont elle avait désespérément besoin et soumettre la France à un blitzkrieg allemand en raison de l’incapacité de la Russie à se battre par manque de ravitaillement, ce qui signifie que les Allemands sécuriseraient le front oriental. Le rapport de force avait basculé en faveur des Allemands et de l’État Ottoman contre les Alliés. C’est pour cette raison que le ministre des Affaires étrangères était optimiste. Cependant, Mustafa Kemal tenta de soulever le pessimisme et de convaincre le ministre de ses vues. Il sembla avoir senti la force des arguments du ministre, alors il recourut à la menace et dit au ministre : « Vous devriez prendre note de ce que je vais vous dire ! Si vous permettez aux politiciens de continuer à vous toucher, vous allez vous retrouvez face à un problème plus important que vous et les politiciens n’auront imaginé » Sur ce, le ministre fut inquiet et dit avec arrogance : « Je ne sais pas ce que vous voulez dire. » Mustafa Kemal déclara : « Je veux dire que le pays se dirige vers la destruction, et maintenant vous prétendez ne pas le voir aller dans cette direction. De toute évidence, vous êtes obligé de le dire en raison de votre position de ministre ; cependant, votre conviction personnelle doit être complètement différente de ceci. Vous n’ignorez sans aucun doute pas toute la réalité, et vous êtes sans aucun doute conscient de la source de la maladie et de l’endroit où se trouve la calamité. » Le ministre fut stupéfait. Il se tourna alors vers Mustafa Kemal et lui dit d’un ton ferme : « Colonel ! Si vous êtes venu ici pour émettre des doutes sur la situation du pays, alors laissez-moi vous dire que ce n’est ni le moment ni le lieu pour jeter de tels doutes. Vous vous êtes trompé en venant à moi, car mes collègues ministres et moi avons une totale confiance dans le commandant en chef ; je vous suggère donc d’aller le voir afin qu’il dissipe vos craintes et éradique les choses qui sont vous inquiète. » Puis le renvoya ensuite de son bureau.

Le lendemain matin, l’officier étranger informa le commandant en chef de la conversation qui avait eu lieu entre lui et Mustafa Kemal et l’exhorta à lui infliger la punition appropriée. Le commandant en chef décida de bannir Mustafa Kemal dans le Caucase. Il fut instantanément banni et y resta plus d’un an sans pouvoir entreprendre aucune activité significative.

 

La rencontre avec le ministre des Affaires étrangères marqua la première tentative officielle de Mustafa Kemal pour attirer l’état hors de la guerre et persuader les hommes d’état, ministres et officiers, de le faire. Rien n’indiquait à l’époque qu’il poursuivit une telle initiative sur la base de contacts spécifiques avec les Britanniques. Son action était donc considérée comme une opinion personnelle et un effort uniquement de sa part. En le bannissant, l’état se débarrassa de cette idée. Cependant, une série d’événements eurent lieu par la suite, ceux-ci étant initiés par Mustafa Kemal afin de mettre en œuvre ses pensées par la force et de s’emparer du pouvoir par la force, sur quoi sa trahison devint manifeste.

 

Conspiration de Mustafa Kemal contre l’état

 

Quant au premier événement, il eut lieu alors qu’il était dans le Caucase. Une tentative de coup d’état fut organisée et on pensa qu’il était impliqué. Le major Yaqoub Jamil Bek conspira avec ses amis pour renverser le gouvernement. Pour citer ce qu’il a dit à ses amis : « Ces hommes qui se croient grands sont en fait petits et le pays demande leur démission de leurs postes pour les remplacer par des hommes qui ont plus de patriotisme et plus de sincérité. » Ses amis l’interrompirent : « La destitution de tels hommes est une question simple, mais pouvez-vous nous parler de l’homme qui, à votre avis, pourrait restaurer le régime dans son ancien état ? » Sur ce Yaqoub répondit immédiatement répondu : « Mustafa Kemal. » Le complot fut découvert plus tard et Yaqoub et ses amis furent exécutés. Mustafa Kemal apprit cette nouvelle dans le Caucase. Son impact sur lui fut comme un coup de foudre. La nouvelle lui parvint via le docteur Hilmi Bek, qui était un complice du complot mais qui avait réussi à fuir Istanbul et à rejoindre Mustafa Kemal. Le gouvernement d’Istanbul ordonna à Mustafa Kemal d’arrêter le docteur Hilmi et de le renvoyer aussitôt, mais Mustafa Kemal envoya un télégramme aux autorités dans lequel il dit : « Le docteur Hilmi est désormais sous ma protection. » Le gouvernement ne put pas faire grand-chose sauf garder le silence car une confrontation avec Mustafa Kemal aurait eu des conséquences néfastes. Par conséquent, il devint clair pour le gouvernement et pour de nombreuses personnalités au sein de l’état et de l’armée que Mustafa Kemal aspirait à prendre le pouvoir et à se retirer de la guerre. Ainsi, Mustafa Kemal apparut sur la scène politique non seulement avec les pensées qu’il portait, mais aussi avec une méthode par laquelle il visait à exécuter ces pensées. Par conséquent, il devint l’objet de prudence et d’appréhension.

 

Quant au deuxième événement, il eut lieu lorsque l’état fut vaincu à Ard-Roum (terre romaine), et Bagdad tomba en mars 1917 aux mains des Britanniques. L’audace de Mustafa Kemal contre l’état devint clairement manifeste et il commença à appeler ouvertement le gouvernement à se retirer de la guerre. En circonstance, les Russes intensifièrent leur attaque contre Ard-Roum, qui tomba ensuite entre leurs mains. La perte de la forteresse aurait pu être réduite et les autorités auraient pu dissimuler le scandale. Cependant, les Britanniques attaquèrent l’Irak et conquirent Bagdad, ainsi la faiblesse de l’état fut exposée et sa défaite devint manifeste.

 

Les Britanniques attaquèrent l’Irak avec une armée d’Inde, mais l’armée ottomane les affronta et stoppa l’assaut britannique. Ils réussirent également à repousser une force opérationnelle de renforts britannique. Le 29 avril 1916, ils forcèrent le contingent de Tomshend qui était assiégé à Kout al-’Amara à se rendre et firent prisonnier tout le monde. Cependant, les forces britanniques se dirigeant vers l’Irak étaient plus importantes que les forces ottomanes stationnées là-bas, de sorte que la supériorité militaire britannique commença à se refléter dans les batailles et la balance pencha en faveur des Britanniques.

 

En février 1917, les Britanniques reprirent Kout-al-‘Amara. Puis, en mars 1917, ils s’emparèrent de Bagdad et poursuivirent leur marche vers Mossoul. Cela provoqua l’inquiétude au sein du gouvernement et une opinion publique appelant à la destitution d’Anwar du ministère de la guerre et son remplacement fut généré. Même le Comité Union et de Progrès, qui à l’époque était le parti au pouvoir et dont Anwar était l’une de ses personnalités les plus importantes, était du même avis.

Ainsi, la question du remplacement d’Anwar à la tête du ministère de la guerre par l’un des officiers compétents fut discutée. Les noms proposés pour assumer un tel poste dans de telles circonstances étaient Jamal Bacha, le maréchal Izzet et Mustafa Kemal. Le ministre d’après-guerre avait besoin d’expérience et de perspicacité en matière politique. Ainsi, la nomination de Jamal Bacha ou du maréchal Izzet à un tel poste aurait été une erreur, car le premier avait échoué à son poste de gouverneur de Syrie et le second n’avait aucune expérience de la politique. C’est ainsi que Mustafa Kemal devint le choix évident.

Cependant, il était bien connu que Mustafa Kemal voulait renverser le gouvernement et se retirer de la guerre. Ses opinions sur la guerre étaient bien connues. Par conséquent, il fut rejeté car il écrivit au gouvernement pour les avertir de ne pas poursuivre la guerre. Il pensait que l’Allemagne avait déjà perdu la guerre politiquement et qu’elle n’était plus capable de gagner la guerre militairement. Il douta également que la Turquie puisse se distancer de la guerre, car il jugeait nécessaire que les Alliés aient un passage dans les Dardanelles pour établir un lien avec les pays alliés de l’est. D’un autre côté, la Russie était considérée comme l’ennemi juré de l’Empire Ottoman. Toutes ces opinions étaient bien connues et il les déclarait ouvertement. Par conséquent, personne ne douta jamais que si Mustafa Kemal avait assumé le commandement général des forces armées, il aurait introduit des changements radicaux dans le gouvernement et ses politiques. Par conséquent, la voix de ceux qui appelaient à la suppression d’Anwar se calma et ils demandèrent  la reprise de Bagdad immédiatement.

 

Anwar s’approcha du Haut Commandement allemand et les exhorta constamment à lui fournir des renforts afin de reprendre Bagdad. Les Allemands, pour leur part, se donnèrent beaucoup de mal pour aider leur allié Anwar et le maintenir au pouvoir. L’une des mesures qu’ils entreprirent fut de mettre à sa disposition le général Erich Von Falkenhayn et un grand nombre de contingents. Falkenhayn mit sur pied une nouvelle force qu’il a appelée « Foudre, » avec Alep comme quartier général du commandement général. Mustafa Kemal fut promu au grade de général et nommé commandant de la 4e armée sous le commandement général de Falkenhayn.

 

Mustafa Kemal était opposé à l’idée de confier le commandement général à l’un des Allemands. Il estima que tout effort pour reprendre Bagdad était futile et que les efforts déployés pour la reprendre étaient perdus et en vain. Il considérait même que l’entreprise d’une telle action entraînerait de nouvelles pertes lourdes pour l’armée ottomane. En conséquence, il s’engagea à prouver au pays l’ignorance de ceux qui appelaient à la reprise de Bagdad et l’erreur de la politique d’Anwar. Il entreprit également de décrire les dommages que le pays subirait du fait de cette politique tordue. Puis il parla en détail dans ses discours des pertes subies par l’État Ottoman en raison de sa capitulation face aux Allemands. Ainsi, il était inévitable pour lui de se heurter au commandant allemand. Le commandant allemand Falkenhayn, pour sa part, tenta de le convaincre et de le pacifier par tous les moyens possibles, mais il échoua. Il lui permit d’assister aux réunions du haut commandement.

Le plan était d’attaquer Bagdad par voie terrestre et le canal de Suez par voie aérienne. En attaquant le canal de Suez, les forces britanniques seraient incapables de renforcer leurs homologues en Irak. Cependant, Mustafa Kemal critiqua ce plan et l’attaqua sévèrement, déclarant qu’il était voué à l’échec. Cependant, les Allemands ignorèrent son opposition et ses critiques et personne ne soutint ses vues à l’exception de Jamal Bacha, car il partageait la même opinion. En effet, ils étaient connus pour être les deux officiers qui haïssaient les Allemands et qui prônaient le retrait de l’état de la guerre. Par conséquent, Jamal Bacha se tint aux côtés de Mustafa Kemal dans leurs discussions avec le Haut Commandement, mais le plan resta en cours parce que le commandant en chef Falkenhayn ainsi que les autres commandants le jugèrent sain et réussi.

 

Puis les causes de la querelle entre Mustafa Kemal et Falkenhayn se succédèrent. Un jour, le cabinet de guerre tint une réunion pour commencer à exécuter les plans ; la réunion fut éclipsée par des débats animés ; Falkenhayn s’adressa à Mustafa Kemal avec des mots durs et Mustafa Kemal pour sa part répondit en nature. En conséquence, Mustafa Kemal présenta sa démission mais Anwar l’a rejeta et lui ordonna de retourner dans le Caucase. Cependant, Mustafa Kemal ne respecta pas l’ordre cette fois et refusa de partir, ainsi Anwar se rétracta et estima que le meilleur moyen de se débarrasser d’une situation aussi bizarre et de dissimuler sa rébellion était de lui accorder un congé de maladie indéfini. Cependant Falkenhayn n’accepta pas cette autorisation et suggéra la poursuite du commandant rebelle devant un maréchal de la cour. Finalement, ils décidèrent de lui accorder un congé. À l’époque, Mustafa Kemal était à Alep. Il tenta de quitter la ville et révéla qu’il avait besoin d’argent. A cette époque, il possédait dix pur-sang et voulut les vendre, mais ne put trouver d’acheteur. Sur ce Jamal Bacha offrit de l’aider, il lui donna donc 2000 livres et envoya 3000 supplémentaires une fois de retour à Istanbul. Par conséquent, en adoptant ces activités, Mustafa Kemal apparut clairement en désaccord avec l’État Ottoman en ce qui concerne son conflit avec les Britanniques.

 

La persistance de Mustafa Kemal à s’emparer du pouvoir

 

Quant au troisième événement, il reflétait le fait que la question n’était plus une simple expression d’une opinion et une simple rébellion, car Mustafa Kemal persista dans sa quête pour prendre le pouvoir. Il entreprit également une foule d’activités dont on pouvait déduire qu’il avait établi des contacts avec les Britanniques afin de mettre en œuvre ses pensées.

 

Le 3 juillet 1918, le Sultan Muhammad Rashad mourut et il fut succédé au trône par Muhammad Wahid ad-Din, autrement connu sous le nom de Muhammad 5. Mustafa Kemal décida que l’occasion était venue pour lui de prendre le pouvoir, car il venait d’accompagner Wahid ad-Din en Allemagne où ils rencontrèrent Hindenburg. Anwar envoya Mustafa Kemal en Allemagne avec Wahid ad-Din, qui à l’époque était l’héritier présumé, afin qu’il puisse voir par lui-même la puissance de l’Allemagne dans l’espoir qu’il changerait d’avis.

A peine revenus de leur voyage, la mort de Muhammad Rashad eut lieu et Wahid ad-Din accéda au trône. Mustafa Kemal sauta sur l’occasion et tenta de le convaincre de son point de vue afin qu’il puisse le nommer à la tête du gouvernement. Il rendit visite au nouveau Sultan sur une base amicale et Wahid ad-Din le salua chaleureusement et courtoisement et alluma même une cigarette pour lui. Cela encouragea Mustafa Kemal à lui parler franchement de ses opinions. Par conséquent, il se mit à expliquer sa stratégie et à lui souligner que la dévastation qui menaçait le pays était imminente. Aussi que le Sultan devrait personnellement assumer le contrôle total sur les forces armées et dépouiller Anwar et les commandants allemands de tous les pouvoirs afin de devenir l’homme en charge efficace et pas seulement un Sultan nominal. Le diable au travail de sape. Il confirma également qu’il était prêt à assumer la responsabilité du Haut Commandement, sauvant ainsi la Turquie du précipice sur lequel elle vacillait. Il lui dit également qu’il devrait se débarrasser de l’alliance allemande et conclure un traité de paix unilatéral avant qu’il ne soit trop tard.

 

Sur ce, Wahid ad-Din lui demanda : « Y a-t-il d’autres officiers qui partagent votre point de vue ? » Mustafa Kemal répondit : « Il y en a beaucoup, Votre Honneur. » Cependant, Wahid ad-Din ne lui promit rien. Alors il le rencontra une seconde fois mais Wahid ad-Din ne lui promit toujours rien. Il le rencontra une troisième fois et une fois de plus il lui expliqua son point de vue. Wahid ad-Din l’écouta en silence jusqu’à ce qu’il finisse ; puis il se tourna vers lui et lui dit d’un ton dur et décisif : « J’ai organisé toutes mes affaires en collaboration avec leurs Excellences Anwar Bacha et Tal’at Bacha. » Puis il le congédia instantanément.

 

Moins de deux semaines plus tard, Wahid ad-Din convoqua Mustafa Kemal, et il vint. Le Sultan était entouré de son état-major et de quelques commandants allemands. L’ayant accueilli chaleureusement, il se tourna vers eux et dit : « Voici Mustafa Kemal Bacha. C’est l’un des officiers les plus compétents en qui j’ai confiance. » Il se tourna ensuite vers Mustafa Kemal et dit : « Excellence, je vous ai nommé commandant du front syrien. C’est d’une grande importance stratégique et je veux que vous vous y rendiez immédiatement. Ne le laissez pas tomber entre les mains de l’ennemi. Je suis convaincu que vous accomplirez la tâche et je vous la délègue de la mener de la meilleure manière possible et de la plus proche de la perfection. » Il lui ordonna ensuite de partir instantanément sans lui donner la possibilité de parler.