La contradiction de la démocratie avec l’Islam
8 - La démocratie contredit complètement l’Islam dans les
fondamentaux et dans les détails, et cela se reflète dans
plusieurs aspects:
(A) La démocratie, selon ce qui est écrit dans les livres
quand la réalité est toute différente, donne la souveraineté
au peuple et lui confie toute l’affaire. Par conséquent, les
gens sont la référence suprême en tout. Selon les règles de
la démocratie, les gens sont la source du pouvoir. Ainsi,
les gens sont la source du pouvoir législatif, du pouvoir
judiciaire et du pouvoir exécutif. Ce sont les gens qui
légifèrent les lois, nomment les juges et établissent les
dirigeants. C’est contraire à l’Islam qui confère la
souveraineté à la Shari’ah et non au peuple. De cette façon,
toute la question est à la Shari’ah et c’est la référence
suprême en tout. Quant aux pouvoirs, l’Islam confère le
pouvoir législatif à Allah, à Lui les Louanges et la Gloire,
pas aux gens. C’est Allah, à Lui les Louanges et la Gloire,
Seul qui légifère les règles en tout, que ce soit en ce qui
concerne le culte, les transactions, les punitions ou autre.
Il est interdit à quiconque de légiférer, même s’il s’agit
d’une seule règle. Les gens en Islam ont l’autorité, à
savoir le pouvoir, donc ce sont les gens qui élisent le
dirigeant et le nomment. Ainsi, les gens ne sont que la
source du pouvoir exécutif et choisissent l’homme qui assume
l’autorité et le pouvoir. Quant au pouvoir judiciaire,
celui-ci est assumé par le calife ou quiconque le remplace
en cela. C’est le calife qui nomme les juges ou qui nomme
quelqu’un qui nomme les juges. Aucune personne appartenant
au peuple, à l’individu ou à un groupe n’a le pouvoir de
nommer un juge. Ceci est plutôt limité au calife et à son
adjoint.
(B) Le leadership dans le système démocratique est collectif
et non individuel. Le pouvoir est aussi collectif et non
individuel. L’autorité ou la règle est assumée par le
conseil des ministres, c’est-à-dire le cabinet. Le chef de
l’état, que ce soit un roi ou un président, est une figure
nominale qui règne mais ne gouverne pas. L’organe qui
gouverne et assume le pouvoir est le cabinet. Ceci est
contraire à l’Islam, où le leadership est pour l’individu et
non pour un collectif et où le pouvoir est aussi pour
l’individu et non pour un collectif. Il a été rapporté sous
l’autorité d’Abou Sa’id Al-Khoudri (radhiyallahou ‘anhou)
que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a
dit : « Si trois
personnes partent en voyage, elles doivent désigner l’une
d’elles comme émir. »
‘Abdallah Ibn ‘Omar (radhiyallahou ‘anhoum) a également
rapporté que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) a dit : « Il
est interdit à trois personnes de se trouver n’importe où
sur la terre sans avoir nommé un émir parmi elles. » Le
mot « un » signifie exactement cela, et il se réfère à un
nombre, à savoir un et pas plus. Ceci est déduit de la
compréhension opposée du mot « un ». La compréhension
inverse peut être demandée et son indication est égale à
l’indication du texte en ce qui concerne la preuve. La
compréhension opposée ne peut être rendue redondante que
dans une seule instance, c’est-à-dire si un texte l’annule.
Dans ce cas, aucun texte n’est venu l’annuler, il est donc
applicable. Ceci stipule l’application de : « ils devraient
en nommer un comme émir » et pas plus, ou « sans avoir nommé
un émir » et pas plus. Par conséquent, la compréhension
opposée dans les deux Hadiths indique qu’il est
absolument interdit que l’Imara soit conféré à plus d’un
homme. Ceci est soutenu par l’action du Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), car dans toutes les
situations dans lesquelles il nomma des émirs, il n’a jamais
nommé plus d’un émir sur une seule zone. Ainsi, l’autorité,
à savoir la règle, est assumée par le chef de l’état, les
Amir al-Mou'minin (le calife) et tous les pouvoirs
obligatoires liés à l’état lui sont limités. Il est celui
qui a la compétence dans l’autorité et personne ne partage
aucune de cette compétence avec lui, elle lui est plutôt
exclusive. Ainsi, le leadership et l’autorité dans l’Islam
sont pour l’individu.
(C) L’état dans le système démocratique se compose de
plusieurs institutions et non d’une seule institution. Le
gouvernement est une institution, c’est-à-dire le pouvoir
exécutif, et chaque syndicat est une institution
indépendante avec compétence d’autorité et de pouvoir dans
le domaine pour lequel il a été créé. Par exemple, le
syndicat des avocats est une institution qui a le pouvoir et
l’autorité dans toutes les questions liées aux avocats,
allant de l’autorisation des avocats à exercer la
profession, ou les suspendre, ou les poursuivre, et il
traite de tous les questions liées aux avocats en termes de
pouvoir et d’autorité. De même, le syndicat des médecins, le
syndicat des pharmaciens et le syndicat des ingénieurs
civils, entre autres. Les syndicats jouissent dans leurs
domaines respectifs de la même compétence dont jouit le
gouvernement en termes de pouvoir. Le gouvernement lui-même
ne bénéficie pas du même pouvoir conféré au syndicat en son
domaine spécifique. Ceci est en contradiction avec l’Islam,
où l’état et le gouvernement sont un seul corps, qui détient
le pouvoir, le calife. Il est exclusivement celui qui a la
compétence et aucune autre personne n’a de compétence du
tout.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit :
« L’Imam est un
tuteur, et il est responsable de sa tutelle. »
L’expression « il est » se réfère dans un contexte
grammatical arabe à une forme restrictive et c’est un pronom
séparateur. Ainsi sa parole « et il est responsable » dénote
une restriction de la responsabilité de l’Imam. Par
conséquent, il n’existe personne au sein de l’état, des
individus ou des groupes, qui aient le pouvoir de gouverner
qui lui a été conféré à l’origine, en dehors du calife.
(D) Dans le système démocratique, rechercher l’opinion des
citoyens sur les questions de décision est considéré comme
une obligation. Le dirigeant doit rechercher l’opinion du
peuple ou l’opinion des conseils élus par le peuple, et il
n’a pas le droit de contredire les gens (Ceci bien sûr en
théorie, la réalité est ce que les élus font juste ce qu’ils
veulent. Ainsi les gens sortirent en masse contre la guerre
d’Irak des démons Bush-Blaireau qui conduisirent toutefois
la guerre qui valut des millions de morts et qui continuent
de mourir jusqu’à ce jour !) La recherche de l’opinion des
citoyens est donc obligatoire dans le système démocratique.
C’est contraire à l’Islam, où la recherche de l’opinion de
l’Oummah, la Shourah (consultation), est tolérée et non
obligatoire. Il est toléré pour le calife de rechercher
l’opinion de la Oummah sans être toutefois obligatoire pour
lui. Il en est ainsi parce que bien qu’Allah, Exalté et Loué
soit-Il, fait l’éloge de la Shourah, Il, Exalté, l’a
restreinte à la zone de Moubah uniquement. Ainsi, le
fait qu’elle soit confiné à la zone de Moubah sert de
conjonction qu’elle n’est pas obligatoire, car son sujet est
Moubah. Par conséquent, une consultation sur un tel
sujet ne peut être obligatoire. Par conséquent, il est
Mandoub pour le calife de consulter l’Oummah, parce
qu’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, a fait l’éloge de
la Shourah et parce qu’elle ne peut être que dans la zone
Moubah.
(E) Dans le système démocratique, le gouvernement est lié
par l’opinion de la majorité sur chaque question, que ce
soit dans la législation ou autre. Cependant, dans certains
cas, ils ont tendance à rendre la règle de la majorité
contraignante même si elle était de 51%, et dans d’autres
cas, ils ont tendance à imposer une majorité des deux tiers.
Dans tous les cas, l’avis de la majorité est contraignant
dans tous les cas. C’est contraire à l’Islam, où l’opinion
de la majorité n’a pas la prépondérance dans tout et n’est
pas toujours contraignante. Une élaboration plus approfondie
suit :
(a) Les règles de la Shari’ah, à savoir les opinions
législatives : elles ne sont soumises ni à l’opinion de la
majorité, ni à l’opinion de la minorité, mais chacun doit se
conformer à la preuve de la Shari’ah. La preuve à ce sujet
se reflète dans le fait que le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) s’est conformé à la question du traité
d’al-Houdaybiyah avec la révélation et écarta les
opinions de ‘Omar (radhiyallahou ‘anhou). Il écarta même
l’opinion de tous les Musulmans et rejeta catégoriquement
leur opinion, et il les força à se conformer à son opinion
malgré leur colère et leur ressentiment. Il leur dit : «
Je suis le serviteur
d’Allah et je ne violerai pas Son ordre. » Cela prouve
que ce qui est prépondérant n’est pas la majorité, ni la
minorité, mais plutôt ce qui a été établi par la révélation,
c’est-à-dire la preuve de la Shari’ah. S’il y avait
plusieurs preuves, les preuves les plus solides auraient la
prépondérance; ainsi, la règle est prise et donnée
prépondérante en fonction de la force de ses preuves ;
cependant, obliger les gens à adopter la règle et la
promulguer comme une loi relève exclusivement de la
compétence du calife car lui seul se réserve le droit
d’adopter les règles, et cela découle du consensus général
des Sahaba, qui dénote que l’Imam se réserve le droit
d’adopter des règles spécifiques et d’ordonner leur mise en
œuvre. Les Musulmans, pour leur part, devraient les
respecter et rejeter leurs propres opinions. Les principes
établis de la Shari’ah sont : « L’ordre de l’Imam lie
ouvertement et secrètement, » « l’ordre de l’Imam règle les
différends, » et « le Sultan se réserve le droit de générer
à partir des décisions ce qui est approprié aux nouveaux
problèmes qui se posent. » Ce qui s’applique aux règles de
la Shari’ah s’applique également aux définitions de la
Shari’ah, où le facteur prépondérant est la force de la
preuve, et c’est le calife seul qui se réserve le droit de
les adopter. Par conséquent, sa propre opinion serait le
facteur prépondérant et contraignant.
(b) L’opinion qui indique une pensée sur un sujet précis,
qu’elle génère une ou plusieurs actions. L’action ou les
actions seront étudiées en fonction du sujet. En d’autres
termes, l’opinion liée à la réalisation d’actions, c’est
lorsque les sujets nécessiteront compréhension et réflexion.
L’avis est sollicité dans le but de parvenir à une idée
précise du sujet. Ainsi, une décision est prise sur
l’opportunité d’entreprendre l’action ou de s’abstenir, ou
sur la manière dont l’action doit être entreprise, à savoir
ce qui est lié à « l’opinion, la guerre et la tactique. »
Cette opinion qui indique une pensée sur un sujet spécifique
doit être soumise à la correction et non soumise à la
majorité. Par exemple :
La renaissance de l’Oummah devrait-elle être travaillée en
élevant son niveau intellectuel ou en élevant ses normes
économiques ?
Les guerres d’apostasie qui éclatèrent à l’époque d’Abou
Bakr (radhiyallahou ‘anhou) furent-elles considérées comme
un rejet des règles de la Shari’ah ou comme une simple
rébellion armée ?
La façon dont ‘Ali (radhiyallahou ‘anhou) traita les Walis
quand il prit ses fonctions, aurait-il dû les garder ou les
révoquer, ou aurait-il dû en garder certains et retirer les
autres ?
La manière dont il (radhiyallahou ‘anhou) traita la question
de Mou’awiyyah (radhiyallahou ‘anhoum) en particulier,
aurait-il dû le retirer immédiatement de la wilaya
d’ash-Sham ou gardé jusqu’à ce qu’il ait établi son autorité
sur tous les territoires du califat ?
La construction par l’État Ottoman d’une voie ferrée entre
Istanbul et Bagdad, aurait-il dû la céder à des
entrepreneurs allemands ou belges ?
La tentative de la Grande-Bretagne d’adhérer à la Communauté
européenne en 1962, aurait-elle dû y adhérer ou non ? En
d’autres termes, son entrée lui aurait-elle permis de
maintenir sa position internationale et de garder intacte
son influence sur l’Europe ou aurait-elle entraîné des
pertes économiques et politiques ?
Le développement de la richesse en Égypte, aurait-il dû se
faire par la mise en place d’une industrie lourde ou par la
construction du haut barrage ?
Le programme d’armement nucléaire de la Turquie, aurait-elle
dû s’efforcer d’acquérir des armes nucléaires en comptant
sur ses propres ressources et dépenses ou devrait-elle
compter sur des investissements étrangers ?
L’action de l’État Ottoman pour améliorer l’éducation,
aurait-il dû opter pour l’augmentation du nombre d’écoles et
d’universités ou aurait-il dû revoir les programmes
d’enseignement ?
Par conséquent, dans toute action dont le sujet nécessite
une compréhension et une réflexion, la solidité doit avoir
la prépondérance sur la majorité. La preuve à ce sujet se
reflète dans l’action du Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam), car quand il, avec les Musulmans, arrêté
par l’eau la plus proche de Badr, al-Houbab Ibn
al-Moundir (radhiyallahou ‘anhou) n’aimait pas l’endroit et
il connaissant bien les lieux et un expert en guerre, il dit
donc au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) : «
Est-ce là le lieu qu’Allah t’a ordonné d’occuper, afin que
nous ne puissions ni avancer, ni nous en retirer, ou est-ce
une question d’opinion, de guerre et de tactique ? » Le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dit : «
C’est plutôt une
question d’opinion, de guerre et de tactique. » Sur ce,
al-Houbab déclara : « Ce n’est pas ici qu’il faut
s’arrêter. » Il désigna ensuite un endroit et bientôt le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et ceux qui
étaient avec lui se levèrent et suivirent l’opinion d’al-Houbab.
Dans ce Hadith, le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) abandonna son opinion et ne se référa pas
à l’opinion des Musulmans. Il suivit ce qui était sain et se
contenta de l’opinion d’une personne sur une question que le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a décrite
comme étant « une
question d’opinion, de guerre et de tactique. » C’est
ainsi qu’il imposa cette opinion à tous les Musulmans, car
c’était la bonne et la plus solide opinion. Cela indique que
toute opinion de ce type, c’est-à-dire « une question
d’opinion, de guerre et de tactique, » est prépondérante sur
la base de la solidité, et non de celle de la majorité.
C’est au calife seul de décider de ce qui est sain, car
c’est le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
qui décida de ce qui était sain dans la bataille de Badr, en
sa qualité de chef de l’état, non en sa qualité de Messager.
Semblable à l’opinion qui indique une pensée sur un sujet
spécifique, est l’opinion technique que les experts
comprennent, car elle est du type qui nécessite de la
compréhension, de la réflexion et de l’expertise. Les
preuves à ce sujet se reflètent dans le fait que l’opinion
d’al-Houbab (radhiyallahou ‘anhou) fut acceptée sur
une question stratégique. C’était une opinion sur une
question technique donnée par une personne qui connaissait
bien les lieux et l’expertise de la guerre. Semblables à
celles-ci sont les définitions non-Shari’ah, car elles
nécessitent également de la compréhension et de la
contemplation.
(c) L’opinion qui conduit à une action et qui ne nécessite
pas la compréhension et la réflexion des experts et des
techniciens. Dans ce type d’opinion, la prépondérance est
donnée à la majorité et elle est contraignante, comme
l’élection d’un calife ; votons-nous pour cet homme ou cet
homme ?
Ou comme la nomination d’un arbitre pour enquêter sur un
incident ; nommons-nous cette personne ou cette personne?
Ou comme la mise en place de projets de développement ;
construisons-nous des hôpitaux ou des écoles ?
Ou comme l’octroi d’une aide aux agriculteurs ; leur
accordons-nous de l’argent ou leur accordons-nous des
machines, des semences et des engrais ? Etc.
Par conséquent, toute action qui n’exige pas la
compréhension et la réflexion des experts et des techniciens
doit être soumise à l’avis de la majorité et l’état est lié
par une telle opinion. Par conséquent, le calife est lié par
une telle opinion. La preuve à ce sujet est reflétée dans le
fait que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
accepta l’opinion de la majorité à Ouhoud et sortit à
l’extérieur de Médine malgré le fait qu’il estima que cette
opinion était fausse et que la bonne opinion était
différente de celle de la majorité comme étant en fait le Sahaba
aîné qui eut également une opinion différente de celle de la
majorité ; leur opinion était celle du Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), qu’ils devaient rester à
Médine. Cela indique que l’opinion de la majorité dans une
telle action est celle qui est prépondérante et
contraignante.
Certaines personnes peuvent être confuses au sujet de la
différence entre une action dont le sujet nécessite la
compréhension et la contemplation et une action qui ne
l’exige pas. Cependant, si l’on examinait les preuves de
chacune des deux actions, la différence se manifesterait
clairement. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) demanda à al-Houbab (radhiyallahou ‘anhou)
lors de la bataille de Badr : «
Est-ce une question
d’opinion, de guerre et de tactique, » ce qui signifie
que camper dans un tel endroit est lié à des questions qui
devraient être renvoyées au experts, c’est-à-dire qu’il fait
partie des questions militaires qui nécessitent une
réflexion et une étude et une partie des tactiques mises en
place pour l’ennemi qui nécessitent un examen minutieux afin
de mettre en place de telles tactiques. Quant à la bataille
d’Ouhoud, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) dit aux Musulmans : «
Si vous pensez qu’il
est juste de rester à Médine et de les laisser là où ils ont
campé, car s’ils s’arrêtent, ils se seront arrêtés dans une
mauvaise position et si ils essaient d’entrer dans la ville,
nous pouvons les combattre là-bas. » Sur ce, certains
Musulmans dirent : « Ô Messager d’Allah ! Conduis-nous vers
nos ennemis, de peur qu’ils ne pensent que nous sommes trop
lâches et trop faibles pour les combattre. » Sur ce
‘Abdallah Ibn Oubay Ibn Saloul dit : « Ô Messager d’Allah !
Reste à Médine, ne sort pas à leur encontre. Nous ne sommes
jamais sortis pour combattre un ennemi mais nous avons
rencontré un désastre, et personne n’est venu contre nous
sans être vaincus, laisse-les là où ils sont. S’ils restent,
ils seront dans une mauvaise situation, et s’ils entrent,
les hommes les combattront et les femmes et les enfants leur
jetteront des pierres depuis les murs, et s’ils se retirent,
ils se retireront sereins comme ils sont venus. » Par
conséquent, la question était de savoir s’il fallait sortir
ou non, et non du lieu de la bataille, ce qui signifie que
la question n’était pas de savoir s’ils auraient dû se
fortifier à l’intérieur de Médine et se battre à partir de
là ou s’ils auraient dû se fortifier dans la montagne d’Ouhoud.
Le problème concernait l’ennemi qui approchait,
devraient-ils du sortir à leur rencontre et leur livrer
bataille ou rester sur place et s’ils seraient attaqués,
devrait-il riposter, tandis que si l’ennemi ne les attaquait
pas, devrait-il les laisser. Par conséquent, il y avait une
différence entre la réalité des deux situations et entre la
manière dont le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) traita chacune des deux situations. De cette
différence entre les deux situations, la différence entre
l’action qui fut renvoyée à l’avis solide et l’action qui
fut renvoyée à l’avis de la majorité devient manifeste. En
d’autres termes, il y a une différence entre l’action dont
le sujet nécessite la compréhension et la contemplation et
l’action qui ne nécessite pas de compréhension et de
contemplation. Il s’agit d’une part, d’autre part, de
l’action dont le sujet est critique et important et dont la
compréhension demande un effort, elle est différente par sa
nature de l’action qui n’a pas de sujet, ou dont le sujet
n’est pas critique ou est de notoriété publique. Bien que
cette différence entre les deux actions soit quelque peu
subtile, elle existe cependant et peut être comprise.
Par conséquent, l’opinion de la majorité en Islam n’est
prise que dans une seule situation, c’est-à-dire dans les
actions qui ne nécessitent pas la compréhension et la
réflexion des experts et des techniciens. Quant aux autres
actions, elles ne sont pas soumises à l’avis de la majorité.
Ceci est soutenu par ce que le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) dit à Abou Bakr et ‘Omar (radhiyallahou
‘anhoum) : « Si vous
conveniez d’une consultation, je ne vous contredirais pas.
» Cela prouve que l’opinion de la majorité est
prépondérante. Cependant, il limita leur accord à une
qualification explicative, ainsi il dit : «
Lors d’une
consultation. » Et : «
Je ne vous
contredirais pas, » était lié à sa contradiction avec
leur opinion à al-Houdaybiyah, et à son imposition de
l’opinion d’al-Houbab (radhiyallahou ‘anhou) sur eux,
il deviendrait clair que sa parole : «
Lors d’une
consultation » sert de qualification pour ne pas les
contredire. Aussi leur non-contradiction relève-t-elle d’une
consultation, qui est autre que ce qui est une révélation et
autre que ce qui est affaire «
d’opinion, de guerre
et de tactique. » Nous en déduisons que le Hadith
indique que l’opinion de la majorité est prépondérante dans
des matières autres que les règles de la Shari’ah et autres
que celles qui sont une question «
d’opinion, de guerre
et de tactique. ». Par conséquent, l’Islam contredit la
démocratie.
(d) En démocratie, certains individus bénéficient d’une
immunité qui les protège de la loi. Ainsi, la loi ne peut
pas les toucher en raison de l’immunité dont ils jouissent,
comme c’est le cas du chef de l’état et des parlementaires.
Si le chef de l’état commettait un crime, il ne serait pas
poursuivi et il ne serait pas soumis à la loi, car il
bénéficie de cette immunité. Il en va de même pour les
parlementaires, car si l’un d’entre eux commettait un crime
au cours d’une session parlementaire, il ne serait pas
poursuivi et il ne serait pas soumis aux forces de l’ordre
tant que son immunité n’aurait pas été levée. Ceci est en
contradiction avec l’Islam, où aucun citoyen de l’État
Islamique ne bénéficie d’une quelconque immunité. Le chef de
l’état est comme toute personne ordinaire en ce que s’il
commettait un crime, il serait poursuivi et la loi lui
serait appliquée. Il en va de même pour les membres du
Conseil de la Shourah, car chacun d’entre eux est comme
toute personne ordinaire. Toutefois, si le crime de l’accusé
n’était pas lié à sa profession au sein de l’état et qu’il
s’agissait d’une question autre que de décision ou
d’administration, il serait poursuivi devant le tribunal
judiciaire. Alors que si le crime dont il était accusé était
lié à sa profession au sein de l’état, à savoir un crime lié
à des questions judiciaires ou administratives, il serait
poursuivi devant le tribunal de Mazalim. L’immunité dans
l’État Islamique n’est accordée à personne, à l’exception
des envoyés qui viennent de l’étranger en mission
diplomatique. Seulement, ils jouissent d’une immunité
diplomatique et, à part eux, personne n’a du tout d’immunité
diplomatique. Les libertés générales en démocratie
contredisent l’Islam d’autant plus qu’elles ne servent qu’à
protéger les criminels. Les lois sont faites par eux et ils
sont protégés par elles.
e) Il existe dans le système démocratique ce que l’on
appelle les libertés générales : la liberté personnelle, la
liberté de propriété, la liberté de croyance et la liberté
d’expression. Par conséquent, chaque personne peut faire ce
qu’elle souhaite. Il n’y a donc pas de punition contre la
fornication ; il est même interdit de promulguer une telle
punition, car cela est considéré comme une atteinte à la
liberté personnelle. En outre, chaque personne peut acquérir
par tous les moyens, tout ce qu’elle souhaite. Ainsi, on
peut acquérir de la richesse par le jeu, la tromperie ou le
monopole. En outre, chaque personne peut embrasser la
‘Aqidah de son choix et exprimer toute opinion qu’elle
souhaite. Ceci est en contradiction avec l’Islam, car dans
l’Islam il n’y a pas de liberté, c’est-à-dire le non-respect
de quoi que ce soit lors de l’exécution d’actions. L’Islam
restreint en effet le Musulman au respect des règles de la
Shari’ah. Chaque action effectuée par le Musulman est
soumise au respect des règles de la Shari’ah. Ce que l’on
appelle les libertés générales n’existe pas dans l’Islam. Il
n’y a pas de liberté personnelle : les fornicateurs hommes
et femmes seront fouettés, les adultères hommes et femmes
seront lapidés, les pédérastes et les pédophiles exécutés.
Il n’y a pas non plus de liberté de propriété, car les
richesses acquises par le jeu ou par des transactions
illégales ne peuvent pas être détenues, et les richesses
dont l’acquisition est interdite par la Shari’ah comme la
Riba (usure) ne peuvent pas être détenues. On ne peut rien
posséder par tromperie et monopole. De plus, il n’y a pas de
liberté de croyance, car si le Musulman apostasie, il sera
tué s’il ne se repentait pas. Quant à ce que l’on appelle la
liberté d’expression, l’Islam permet au Musulman d’exprimer
sa propre opinion, à condition qu’elle ne soit pas coupable
et est également ordonné de dire la vérité partout et à tout
moment.
Dans le Hadith de ‘Oubadah Ibn as-Samit
(radhiyallahou ‘anhou), quand les Ansar portèrent leur
allégeance au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam), il dit parmi les conditions : « Que nous dirons la
vérité à tout moment et que nous ne craindrons la censure
d’aucun au service d’Allah. » L’Islam ordonna également la
confrontation et la comptabilité du dirigeant en ce qui
concerne ses actions. Le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) a dit : «
Le maître des martyrs
est Hamza, et un homme qui s’est tenu debout devant
un dirigeant tyran pour le conseiller et a été tué par lui.
» Cela n’est pas considéré comme la liberté d’expression,
mais comme une adhésion aux règles de la Shari’ah. C’est
aussi une permission d’exprimer son opinion dans certains
cas et une obligation de l’exprimer dans d’autres.
Par conséquent, l’Islam contredit la démocratie en termes de
ce que l’on appelle les libertés générales, car il n’y a pas
de libertés dans l’Islam à l’exception de la liberté qui
signifie la libération des esclaves de l’esclavage.
A partir de ces seuls sept points, la contradiction complète
entre l’Islam et la démocratie devient claire. Il devient
également clair que les règles de la démoncratie sont une
chose et les règles de l’Islam en sont une autre et qu’il
existe une nette différence entre elles. Chacun d’eux est
visiblement différent de l’autre. Par conséquent, la
démocratie est autre que l’Islam.
De tout ce qui a été mentionné dans ces sections, il devient
clair que l’idée qui dit : « Ce qui ne contredit pas l’Islam
et qui n’a pas été interdit par un texte peut être prise, »
est fausse par essence. Il devient également clair une fois
que les preuves ont été étudiées de près, que l’adoption de
toute règle autre que celle que la Shari’ah a apportée est
une adoption d’une règle impie, car c’est une adoption autre
que ce qu’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, a révélé.
Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, nous a interdit de
faire référence à autre chose que la Shari’ah, et en plus de
Son interdiction comme mentionné dans les preuves énumérées
précédemment, comme suit ou Il, à Lui les Louanges et la
Gloire, dit :
« Non !... Par ton
Seigneur ! Ils ne seront pas croyants aussi longtemps qu’ils
ne t’auront demandé de juger de leurs disputes. »
Qur’an 4: 65
Et la parole du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) : « Toute
action non basée sur notre ordre est rejetée. » Le
Seigneur, à Lui les Louanges et la Gloire, a clairement
interdit l’adoption de ce qu’Il n’a pas révélée ; car Il, à
Lui les Louanges et la Gloire, s’adresse à Son Messager
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en disant :
« Juge alors parmi
eux d’après ce qu’Allah a fait descendre. » Qur’an 5: 49
Et Il, à Lui les Louanges et la Gloire, dit aussi :
« Et prends garde
qu’ils ne tentent de t’éloigner d’une partie de ce qu’Allah
t’a révélé. » Qur’an 5: 49
Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, ne s’est pas arrêté
à cela mais continue à censurer ceux qui gouvernent
autrement que par ce qu’Allah a révélé. Il, à Lui les
Louanges et la Gloire, dit :
« Et ceux qui ne
jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, les voilà
les mécréants. » Qur’an 5: 44
Dans un autre verset, Il, à Lui les Louanges et la Gloire,
dit :
« Et ceux qui ne
jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là
sont des injustes. » Qur’an 5 : 45 ans
Et dans un troisième verset :
« Ceux qui ne jugent
pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont les
pervers. » Qur’an 5: 47
Cela indique l’accent mis sur le respect de ce qu’Allah, à
Lui les Louanges et la Gloire, a révélé et sur la
restriction de prendre la législation excepté de Lui et
l’interdiction absolue de prendre d’un autre que Lui, à Lui
les Louanges et la Gloire. Par conséquent, l’adoption des
lois occidentales et des règles démocratiques n’est pas
seulement une erreur, c’est plutôt l’adoption d’une loi de
la mécréance et c’est haram, qu’elles soient d’accord
avec la Shari’ah ou qu’elles la contredit. En fait, même si
la règle identique était adoptée, ce serait toujours haram
puisqu’elle a été adoptée sur une base autre que celle de la
Shari’ah. En conséquence, ce que les Musulmans mettent en
œuvre aujourd’hui dans leurs transactions selon les lois
occidentales est une mise en œuvre des lois de la mécréance,
indépendamment du fait qu’il soit d’accord ou en
contradiction avec la Shari’ah. Même si une personne
embauchait un ouvrier ou louait une maison ou une voiture,
et effectuait la transaction de location selon les lois
occidentales, ce sera une transaction effectuée selon une
loi impie. Alors que s’il devait effectuer la transaction
selon les règles de la Shari’ah, ce serait halal, que
cela soit conforme ou contraire à la loi.
L’impact de l’invasion culturelle et législative
La question de la régression des Musulmans aboutit à la
promulgation de la constitution et des lois dérivées des
constitutions et des lois occidentales. Cela aboutit à
l’adoption des lois impies par le calife de l’État
Islamique. Quoi qu’il en soit, l’invasion culturelle qui
balaya toutes les terres islamiques et l’invasion
législative de l’état dans le système au pouvoir et les lois
ébranlèrent les Aqa'id des Musulmans et les pensées
islamiques dans l’esprit de nombreux Musulmans. En outre,
cela secoua complètement l’entité de l’État Islamique, et la
détruisit même substantiellement tout en ne l’épargnant que
dans la forme. Il en est ainsi parce que l’entité de l’état
est une multitude de concepts, de critères et de convictions
et un groupe de personnes liées entre elles par l’autorité.
Ainsi, si ces concepts, critères et convictions étaient
détruites chez les Musulmans, l’entité de l’état serait
également détruite. Leur essence, qui est la base sur
laquelle se construit l’autorité, ou du moins en forme, ses
fondations seraient détruites même si son cadre restait
intact. Par conséquent, la destruction de ce cadre et la
frappe de cette forme seraient facilitées. Sans cette
invasion culturelle et législative, les états mécréants
n’auraient pas été en mesure de porter ce coup fatal à
l’État Islamique. Cependant, lorsque les états impies
réussirent à diviser les Musulmans par le nationalisme, en
particulier le nationalisme turc et arabe, en plus de leur
succès à ébranler les concepts, critères et convictions des
Musulmans, à supprimer les règles de la Shari’ah et à les
remplacer par les législations démocratiques et les lois
occidentales auxquelles les Musulmans se référaient dans le
jugement et sur lesquelles le califat se fondait, ils se
rendirent compte qu’il ne restait plus rien de l’état sauf
le cadre qui la contenait et la forme sous laquelle elle
apparaissait. Ainsi, ils commencèrent à penser à détruire le
Califat et à l’éliminer définitivement de l’existence par
les mains des mourtadine. A peine la Première Guerre
mondiale éclata ou l’État Ottoman participa aux côtés de
l’Allemagne, que les états impies estimèrent que
l’opportunité était venue de détruire le Califat et en
conséquence, ils se mirent à travailler dans ce sens.
La tentative de démembrement de l’état du Califat
Les états européens ne pouvaient pas imaginer qu’un jour les
Musulmans pourraient être gouvernés par d’autres que
l’Islam, ou qu’ils pourraient diriger les Musulmans
directement, puisqu’ils étaient et sont toujours considérés
comme des mécréants aux yeux des Musulmans. Par conséquent,
afin d’affaiblir le Califat et de l’éloigner, leur attention
se concentra sur le démembrement de l’État Islamique en
gouvernements islamiques qui seraient sous leur influence.
En effet, les négociations qui eurent lieu en 1915, pendant
la guerre entre la Russie, la Grande-Bretagne et la France,
en font mention.
Dans un mémorandum présenté à la Russie en réponse à son
propre mémorandum relatif à cette question, la France et la
Grande-Bretagne inclurent une clause qui stipulait : « La
sauvegarde des lieux sacrés dans les terres islamiques et
les terres arabes sous le règne d’un État islamique
indépendant. »
Et dans le mémorandum russe, envoyé en réponse aux
propositions anglo-françaises, il y avait une clause
stipulant : « L’engagement d’une décision cruciale relative
aux relations futures entre les États Islamiques que vous
entendez établir sur les ruines de l’État Ottoman et à les
séparer du Califat, est une question qui concerne le
gouvernement de Sa Majesté le César. » Il ajouta également :
« Le gouvernement de Sa Majesté le César souhaiterait de
tout cœur retirer le Califat des Turcs, mais en même temps,
ils souhaitent de tout cœur garantir la liberté du Hajj
et ne pas s’immiscer dans aucune petite chose qui pourrait
offenser les Musulmans. »
Dans un télégramme énumérant les demandes italiennes et
adressé au ministre russe des Affaires étrangères,
l’ambassadeur de Russie à Londres écrivit : « Le
gouvernement italien soutient l’opinion du gouvernement
russe sur la nécessité de séparer le gouvernement islamique
à établir au Hijaz, sur les débris du Sultanat
Ottoman, du Califat et de le placer sous le contrôle absolu
de la Grande-Bretagne. Le gouvernement italien soutient de
toutes ses forces le retrait du Califat des Turcs et son
abolition totale si nécessaire. »
Tout cela indique que l’objectif principal des Alliés était
d’affaiblir et d’éliminer le Califat. Cependant, il
n’existait personne parmi les Musulmans qui aurait voulu ou
accepté le retrait du Califat. Même les traîtres parmi les
Musulmans arabes qui collaboraient avec les Britanniques
avaient l’habitude de réclamer que le Califat soit aux
Arabes. Quant aux Turcs, ils étaient tous assidûment engagés
dans le Califat ; leur amour et leur dévouement étaient
profondément enracinés dans leur âme. Même le Comité des
Jeunes Turcs était attaché au Califat et engagé à maintenir
toutes les parties de l’État Islamique telles qu’elles
étaient. On n’a jamais entendu parler de quiconque
souhaitait ou acceptait le retrait du Califat, et encore
moins de qui travaillerait à son retrait.
Par conséquent, son retrait était un défi de taille même si
toutes les terres islamiques étaient occupées. Par
conséquent, les Alliés dissimulèrent leurs intentions et il
s’agissait d’un secret gardé que personne ne connaissait. Et
ainsi, ils travaillèrent à porter un coup à l’État Ottoman
de l’intérieur en entreprenant une foule d’initiatives pour
la faire se retirer de la guerre et maintenir une paix
séparée avec elle. Ils se concentrèrent sur cette idée et y
travaillèrent.
La tentative des Alliés de séduire Jamal Bacha
Personne n’était en mesure d’influencer l’État Ottoman et de
faire se retirer de la guerre ou de maintenir une paix
séparée avec lui en dehors des officiers influents de
l’armée. Quant aux autres, ils n’étaient pas en mesure de
faire quoi que ce soit. Quant à ces traîtres parmi les
Arabes qui collaborèrent avec les Britanniques et les
Français, ils ne se sont pas élevés au niveau des
politiciens, et leurs maîtres, les Britanniques et les
Français, ne s’attendaient pas à ce qu’ils influencent
l’état. Leur tâche était d’agir comme des espions contre
l’état et de commettre des actes de sabotage contre lui.
Même le principal traître, ash-Sharif Hussein Ibn
‘Ali, était trop faible pour avoir une quelconque influence
sur l’état. Tout ce que les Britanniques voulaient, c’était
de l’utiliser dans des actes de sabotage contre l’Armée
Islamique, l’Armée Ottomane, et en suscitant une opinion
publique en leur faveur parmi les forces armées, de peur que
les Musulmans n’aient des sentiments d’animosité à leur
encontre et ne déclarent sur eux le Jihad que la Shari’ah
commandait, considérant qu’ils étaient des mécréants. Par
conséquent, les Arabes ne furent au centre de l’attention
des Alliés pendant la guerre dans leur tentative de retirer
l’État Ottoman de la guerre et ils concentrèrent plutôt leur
attention sur les officiers turcs.
Parmi les Turcs, deux officiers étaient connus pour :
Premièrement, leur haine pour les Allemands et leur
opposition à l’entrée en guerre de l’État Ottoman en tant
qu’allié de l’Allemagne. Deuxièmement, leur ambition de
prendre le pouvoir et leurs efforts pour atteindre cet
objectif. Ces deux officiers étaient Jamal Bacha et Mustafa
Kemal. Quant à Mustafa Kemal, il était un officier
subalterne sans aucune valeur, bien qu’il était intelligent,
ambitieux et actif contre l’état. Alors que Jamal Bacha
était en mesure d’être influent, notamment en raison du fait
que l’ensemble de l’État Ottoman était gouverné par trois
hommes : Tal’at le Premier ministre, Anwar le ministre de la
guerre et Jamal Bacha lui-même, le commandant de la
quatrième division et gouverneur de la Syrie. Par
conséquent, les Alliés tentèrent d’attirer Jamal Bacha.
Pendant la campagne des Dardanelles (Campagne de Gallipoli)
et à la suite de son échec, les Alliés tentèrent de
contacter Jamal Bacha pour qu’il se révolte contre l’État
Ottoman. Cela était dû au fait que les Britanniques avaient
attaqué Istanbul et voulut s’emparer de Gallipoli le 25
avril 1915 ; cependant l’Armée Ottomane les affronta et
stoppa leur progression. Ainsi, ils ne purent avancer d’un
pas et subirent de lourdes pertes au point que le commandant
des forces alliées, le général Hamilton, fut contraint
d’envoyer le 16 août un télégramme à Lord Kitchener, le
secrétaire à la guerre britannique, une demande de renforts
et de munitions. (Nous avons détaillé non seulement cette
bataille mais aussi l’histoire « officielle » dans notre
second volume de l’Introduction à l’Histoire des Ottomans :
Les Désistoriens)
De plus, le 14 octobre, le gouvernement britannique limogea
le commandant de la campagne des Dardanelles, le général
Hamilton, et le remplaça par le général Charles Monro qui
reçut l’ordre d’enquêter sur la campagne des Dardanelles. Le
28 octobre, Monro arriva dans les Dardanelles et avec
l’état-major, il étudia la situation des forces alliées le
long du littoral des Dardanelles et autour des tranchées
britanniques. Il écrivit ensuite au cabinet de guerre pour
recommander l’évacuation immédiate. Cependant, le secrétaire
de guerre Lord Kitchener, inquiet du télégramme de Monro,
décida de se rendre lui-même aux Dardanelles. Il arriva le 9
novembre et inspecta les positions militaires le long du
littoral et autour des tranchées britanniques et françaises.
Il arriva à la conclusion que les forces alliées pourraient
maintenir leurs positions à moins que les Turcs ne
parviennent à acquérir des canons et des munitions de
l’Allemagne, ce qui rendrait la position des forces alliées
très critique.
Puis le 1er décembre, les forces alliées évacuèrent
soudainement leurs positions. C’est au cours de cette
période critique et de cette période de confusion dans
laquelle ils furent confus en raison de la campagne des
Dardanelles, que les Alliés tentèrent de contacter Jamal
Bacha et de négocier avec lui pour se rebeller contre l’État
Ottoman. Il semble que ces négociations aient effectivement
eu lieu et Jamal Bacha accepta en principe et posa ses
conditions car, le 26 novembre 1915, le ministère russe des
Affaires étrangères envoya à ses deux ambassades à Paris et
à Rome le télégramme n ° 6391; pour citer le télégramme : «
Les nouvelles qui nous parviennent des cercles arméniens à
Istanbul nous informent que Jamal Bacha est prêt à
entreprendre une action hostile contre le gouvernement
d’Istanbul si les conditions suivantes sont remplies :
1. Que les états alliés reconnaissent la souveraineté de
l’État Ottoman, dirigé par le Sultan, sur les états de
Syrie, la Palestine, l’Irak, La Péninsule Arabique, Kilikia,
l’Arménie et le Kurdistan.
2. Que le Sultanat soit assumé par Ahmed Jamal Bacha
et que ses fils et petits-fils assumeront le Sultanat après
lui.
3. Qu’Ahmed Jamal Bacha s’engagera à proclamer que le
Sultan actuel et son gouvernement sont prisonniers aux mains
des Allemands, et à leur déclarer la guerre.
4. Que dans le cas où Jamal Bacha déclarerait sa rébellion
et sa marche pour combattre le gouvernement, les Alliés
s’engageraient à fournir à son armée les armes, la
nourriture et le matériel militaire nécessaires.
5. Que les états alliés offriraient à Jamal Bacha l’aide
financière nécessaire jusqu’à la fin de la guerre.
6. Que Jamal Bacha accepte de rendre le détroit et Istanbul
aux Alliés.
7. Que Jamal Bacha s’engage à assurer une route gratuite
pour aider les Arméniens. »
Telle était la liste des conditions mentionnées dans le
télégramme et il semble que la Russie ait négocié avec les
Britanniques et les Français, et alors que la Russie avait
accepté les conditions de Jamal Bacha, les Britanniques et
les Français refusèrent. Le 12 décembre 1915, le deuxième
chancelier du ministère russe des Affaires étrangères envoya
le télégramme 6130 à l’ambassadeur de Russie à Bucarest ;
pour citer le télégramme : « Il est possible de donner à
Jamal Bacha un engagement sur ce qu’il propose et si
nécessaire, nous sommes en mesure d’obtenir des Alliés des
promesses de lui donner ce qu’il veut. »
Cependant, il semble que les Alliés aient rejeté cela. Le 27
décembre 1915, l’ambassadeur de Russie à Paris adressa à son
gouvernement un télégramme dans lequel il écrivit : « Nous
avons reçu votre télégramme n ° 6391, dont une copie a été
transmise à M. Brian qui a exprimé un grand intérêt pour son
contenu et a déclaré qu’il les présenterait devant le
cabinet demain, avant qu’il ne soit trop tard. Il m’a
également dit à cette occasion que si ces conditions nous
sont acceptables, elles ne sont cependant pas en accord avec
les ambitions britanniques et les rejeter. »
Puis les Français se rétractèrent d’accepter les conditions.
Le 29 décembre 1915, l’ambassadeur envoya un télégramme
annexé à son premier télégramme. Pour citer le télégramme :
« Ce que j’ai appris, c’est que les ministres français ont
fortement résisté à cet accord au point qu’ils n’ont pas
hésité à exprimer leur objection. » Il ajouta : « Ce qui est
certain, c’est que les Français apprécient certaines de vos
propositions et ils sont conscients de l’importance de
déclencher une révolte au sein du Sultanat Ottoman. Ils
pensent même que cette révolte leur serait très utile dans
la guerre mondiale. Cependant, ils ne voient dans les
propositions avancées pour négocier avec Jamal Bacha que la
réalisation de vos ambitions de saisir Istanbul et les
détroits, sans prendre de dispositions pour la souveraineté
française sur l’Orient. »
Les Britanniques déclarèrent par la suite leur refus de
participer à ces négociations.
Le 27 janvier 1916, l’ambassadeur de Russie à Londres
adressa un télégramme au ministre russe des Affaires
étrangères à Pétersbourg dans lequel il écrivit : «
Nicholson m’a ’informé qu’après avoir réexaminé la question
et examiné de près tous ses aspects, le gouvernement
britannique jugea nécessaire de renoncer à participer à ces
négociations et d’y renoncer pour de bon. »
Cela indique que l’idée des Alliés de forcer la Turquie à se
retirer de la guerre et d’inciter certains officiers à
prendre le pouvoir avait ses racines. Ils voulaient en plus
cependant démembrer l’État Ottoman et abolir le Califat.
Comme l’une des conditions de Jamal Bacha était de préserver
l’unité des terres islamiques, au moins en tant que
fédération et comme l’une de ses autres conditions était de
préserver le Califat, ils rejetèrent sa proposition et
refusèrent de négocier avec lui. Il est donc clair qu’ils
avaient entrepris d’autres initiatives.
Quant à leurs tentatives avec le Sharif de La Mecque, Hussein
Ibn ‘Ali, elles étaient connues, mais elles n’auraient pas
servi le but de faire retirer l’État Ottoman de la guerre,
et sans aucun doute, elles ont dû faire plusieurs autres
tentatives avec une foule d’officiers turcs. Rien n’indique
que d’autres négociations aient eu lieu avec quiconque parmi
les Turcs, mais les Britanniques avaient leurs agents au
sein de l’état, comme Arif Bacha, Damad Farid et d’autres.
Avant la Première Guerre mondiale, l’attaché militaire
britannique avait été très actif et avait l’habitude de
faire de nombreux mouvements et contacts, le tout avec les
mains libres. Cet attaché militaire rentra à Istanbul après
la signature du cessez-le-feu et il joua un rôle majeur,
avec le commandant des forces alliées, dans l’abolition du
Califat. Par conséquent, il est très probable qu’il ait noué
plusieurs contacts et établi des liens, bien qu’aucun de
ceux-ci ne se soit encore révélé.
La montée de Mustafa Kemal
Mustafa Kemal était un officier subalterne peu connu lorsque
la guerre éclata, bien qu’il était connu pour ses pensées
occidentales et sa rébellion contre les pensées islamiques,
et pour son inclination envers les Britanniques et sa haine
pour les Allemands. Ce n’est qu’après sa participation à la
bataille d’Ana Forta que son nom devint connu et célébré.
Depuis ce temps, il acquit une large publicité, son nom
devint connu et il devint célèbre.
Au printemps 1915, au début de la 2ème année de la guerre
mondiale, l’Allemagne stoppa ses tentatives de conquête des
territoires français car ni l’Allemagne ni la France ne
pouvaient se battre et remporter une victoire décisive. Les
Russes avaient entre-temps subi de graves coups, dont ils ne
pouvaient plus se relever et reprendre leur lutte à moins
que les états occidentaux n’agissent rapidement et ne
fournissent régulièrement à la Russie les munitions dont
elle avait grand besoin. Les Alliés occidentaux chargèrent
des navires à cet effet, mais ils furent assiégés en
Méditerranée et ne purent pas atteindre la Russie. Il devint
donc impératif de lancer une attaque sur Istanbul et
d’ouvrir le détroit afin de permettre aux navires d’entrer
et de ravitailler la Russie sur une base régulière. Le
commandement de l’armée ottomane était à l’époque entre les
mains du général allemand Otto Liman Von Sanders. Il avait
assigné le commandement d’une division à Mustafa Kemal Bek
et c’est à ce moment-là que l’offensive des Alliés eu lieu.
Le 15 avril 1915, les Britanniques tentèrent de monter une
énorme offensive, étant suffisamment préparés pour la
bataille. Ils entrèrent dans la bataille et les troupes
britanniques réussirent à atteindre Gallipoli et disperser
les troupes ottomanes. En conséquence, le général Sanders
fut contraint de renvoyer le commandant en charge de la
bataille et il le remplaça par Mustafa Kemal, qui à l’époque
était encore colonel. Mustafa Kemal prit le commandement des
troupes ottomanes près d’Ana Forta, l’une des zones les plus
sensibles près des Dardanelles. La bataille se déroulait
dans une vallée avec les Turcs occupant son sommet et les
Britanniques en bas essayant de l’occuper. La bataille dura
plusieurs jours sans qu’aucune des deux factions
belligérantes ne prenne le dessus. Le statu quo resta avec
les Ottomans conservant leurs positions et les Britanniques
conservant les leurs alors que les combats entre eux se
poursuivaient.
Cela dura plusieurs mois quand soudain, dans la nuit du 15
décembre, dans une atmosphère enveloppée de secret le plus
total, les Britanniques évacuèrent la position qu’ils
occupaient le long de la côte de Gallipoli. Les navires de
guerre mirent les voiles après avoir été chargés dans une
hâte étonnante. C’est cette évacuation qui mit fin à la
bataille.
Une fois les combats terminés, le commandant Mustafa Kemal
présenta au commandant général allemand son rapport sur la
bataille. Il présenta également sa montre qui avait été
complètement écrasée par une balle, manquant ainsi Mustafa
Kemal. Lorsque Liman Von Sanders reçut la montre, il sortit
immédiatement sa propre montre en or et l’offrit à Mustafa
Kemal, gardant la montre brisée en souvenir.
Après cette bataille, Mustafa Kemal devint une star, gagnant
en popularité parmi les forces armées ottomanes, car cette
bataille reçut une énorme publicité et fut considérée comme
une victoire significative de Mustafa Kemal sur les
Britanniques. Cependant, Mustafa Kemal avait l’habitude de
nourrir l’idée de ne pas participer à la guerre, et malgré
sa popularité nouvellement acquise à la suite de la bataille
d’Ana Forta, il maintenait toujours son opinion sur le
retrait de l’État Ottoman de la guerre. Il ne se contenta
pas de porter une telle opinion et avec sa renommée parmi
les forces armées et le peuple, il entreprit plusieurs
tentatives pour influencer une foule de personnalités
puissantes afin de les faire croire en ses idées, bien qu’il
ait été accueilli avec indifférence et vexation. En tant que
tel, il devint l’objet de soupçons. Malgré leur foi en sa
capacité militaire après cette bataille, personne n’était
prêt à l’encourager à se mêler des affaires politiques du
pays ; au contraire, ils lui faisaient obstacle chaque fois
qu’il tentait de participer efficacement à la politique du
pays. Il tenait les Britanniques en grande estime ; leur
faire confiance et croire en leur capacité et qu’ils
gagneraient sans aucun doute et que l’Allemagne serait
vaincue ; furent les raisons pour lesquelles il fut
soupçonné. En effet, même ceux qui se rapprochèrent de lui
furent aussi soupçonnés par les autorités et leur
surveillance.
Mustafa Kemal travaille au retrait de l’état de la guerre et à la signature d’un traité de paix avec les Britanniques
Ce qui est frappant, c’est que Mustafa Kemal revint des
Dardanelles à Istanbul victorieux des Britanniques. La
victoire eu ses effets sur le moral des forces armées
ottomanes et sur les Musulmans de tout l’État Ottoman. Cela
eut également un effet sur les Alliés. Néanmoins, Mustafa
Kemal revint de la bataille qu’il avait menée et dont il
était sorti victorieux pour éveiller le doute sur la
capacité de l’état à combattre les Britanniques, et susciter
l’idée d’un retrait de l’état de la guerre et de la
signature d’un traité de paix unilatéral avec les
Britanniques. Il revint pour lancer une bataille domestique
avec l’état afin de lui faire abandonner les Allemands et se
ranger du côté des Britanniques. Si, avant la bataille, il
avait eu la même opinion, il la garda pour lui, mais
maintenant qu’il était revenu de la bataille, il commença à
répandre ces opinions parmi les gens, en particulier les
officiers de l’armée, et tenta d’influencer les hautes
personnalités puissantes. Il commença même à rencontrer des
ministres et leur parla ouvertement de ses opinions et tenta
de les influencer.
À une occasion, il rendit visite au ministre des Affaires
étrangères dans son bureau. Le ministre des Affaires
étrangères de l’époque était Nassimi Bek, qui faisait partie
de ceux qui suggérèrent que la Turquie devait aller en
guerre aux côtés de l’Allemagne. Nassimi Bek accueillit
chaleureusement Mustafa Kemal en tant que héros d’Ana Forta
et lui parla de manière courtoise. Son discours fuit plein
d’optimisme gracieux, en particulier à la suite de la
victoire remportée par l’état et de sa défaite et de sa
répulsion des forces armées alliées dans les Dardanelles. Le
ministre des Affaires étrangères apprécia cette victoire et
était conscient de l’effet de la défaite sur les Alliés, car
cela signifiait garder la Russie privée des
approvisionnements en munitions de guerre dont elle avait
désespérément besoin et soumettre la France à un blitzkrieg
allemand en raison de l’incapacité de la Russie à se battre
par manque de ravitaillement, ce qui signifie que les
Allemands sécuriseraient le front oriental. Le rapport de
force avait basculé en faveur des Allemands et de l’État
Ottoman contre les Alliés. C’est pour cette raison que le
ministre des Affaires étrangères était optimiste. Cependant,
Mustafa Kemal tenta de soulever le pessimisme et de
convaincre le ministre de ses vues. Il sembla avoir senti la
force des arguments du ministre, alors il recourut à la
menace et dit au ministre : « Vous devriez prendre note de
ce que je vais vous dire ! Si vous permettez aux politiciens
de continuer à vous toucher, vous allez vous retrouvez face
à un problème plus important que vous et les politiciens
n’auront imaginé » Sur ce, le ministre fut inquiet et dit
avec arrogance : « Je ne sais pas ce que vous voulez dire. »
Mustafa Kemal déclara : « Je veux dire que le pays se dirige
vers la destruction, et maintenant vous prétendez ne pas le
voir aller dans cette direction. De toute évidence, vous
êtes obligé de le dire en raison de votre position de
ministre ; cependant, votre conviction personnelle doit être
complètement différente de ceci. Vous n’ignorez sans aucun
doute pas toute la réalité, et vous êtes sans aucun doute
conscient de la source de la maladie et de l’endroit où se
trouve la calamité. » Le ministre fut stupéfait. Il se
tourna alors vers Mustafa Kemal et lui dit d’un ton ferme :
« Colonel ! Si vous êtes venu ici pour émettre des doutes
sur la situation du pays, alors laissez-moi vous dire que ce
n’est ni le moment ni le lieu pour jeter de tels doutes.
Vous vous êtes trompé en venant à moi, car mes collègues
ministres et moi avons une totale confiance dans le
commandant en chef ; je vous suggère donc d’aller le voir
afin qu’il dissipe vos craintes et éradique les choses qui
sont vous inquiète. » Puis le renvoya ensuite de son bureau.
Le lendemain matin, l’officier étranger informa le
commandant en chef de la conversation qui avait eu lieu
entre lui et Mustafa Kemal et l’exhorta à lui infliger la
punition appropriée. Le commandant en chef décida de bannir
Mustafa Kemal dans le Caucase. Il fut instantanément banni
et y resta plus d’un an sans pouvoir entreprendre aucune
activité significative.
La rencontre avec le ministre des Affaires étrangères marqua
la première tentative officielle de Mustafa Kemal pour
attirer l’état hors de la guerre et persuader les hommes
d’état, ministres et officiers, de le faire. Rien
n’indiquait à l’époque qu’il poursuivit une telle initiative
sur la base de contacts spécifiques avec les Britanniques.
Son action était donc considérée comme une opinion
personnelle et un effort uniquement de sa part. En le
bannissant, l’état se débarrassa de cette idée. Cependant,
une série d’événements eurent lieu par la suite, ceux-ci
étant initiés par Mustafa Kemal afin de mettre en œuvre ses
pensées par la force et de s’emparer du pouvoir par la
force, sur quoi sa trahison devint manifeste.
Conspiration de Mustafa Kemal contre l’état
Quant au premier événement, il eut lieu alors qu’il était
dans le Caucase. Une tentative de coup d’état fut organisée
et on pensa qu’il était impliqué. Le major Yaqoub Jamil Bek
conspira avec ses amis pour renverser le gouvernement. Pour
citer ce qu’il a dit à ses amis : « Ces hommes qui se
croient grands sont en fait petits et le pays demande leur
démission de leurs postes pour les remplacer par des hommes
qui ont plus de patriotisme et plus de sincérité. » Ses amis
l’interrompirent : « La destitution de tels hommes est une
question simple, mais pouvez-vous nous parler de l’homme
qui, à votre avis, pourrait restaurer le régime dans son
ancien état ? » Sur ce Yaqoub répondit immédiatement répondu
: « Mustafa Kemal. » Le complot fut découvert plus tard et
Yaqoub et ses amis furent exécutés. Mustafa Kemal apprit
cette nouvelle dans le Caucase. Son impact sur lui fut comme
un coup de foudre. La nouvelle lui parvint via le docteur
Hilmi Bek, qui était un complice du complot mais qui
avait réussi à fuir Istanbul et à rejoindre Mustafa Kemal.
Le gouvernement d’Istanbul ordonna à Mustafa Kemal d’arrêter
le docteur Hilmi et de le renvoyer aussitôt, mais
Mustafa Kemal envoya un télégramme aux autorités dans lequel
il dit : « Le docteur Hilmi est désormais sous ma
protection. » Le gouvernement ne put pas faire grand-chose
sauf garder le silence car une confrontation avec Mustafa
Kemal aurait eu des conséquences néfastes. Par conséquent,
il devint clair pour le gouvernement et pour de nombreuses
personnalités au sein de l’état et de l’armée que Mustafa
Kemal aspirait à prendre le pouvoir et à se retirer de la
guerre. Ainsi, Mustafa Kemal apparut sur la scène politique
non seulement avec les pensées qu’il portait, mais aussi
avec une méthode par laquelle il visait à exécuter ces
pensées. Par conséquent, il devint l’objet de prudence et
d’appréhension.
Quant au deuxième événement, il eut lieu lorsque l’état fut
vaincu à Ard-Roum (terre romaine), et Bagdad tomba en mars
1917 aux mains des Britanniques. L’audace de Mustafa Kemal
contre l’état devint clairement manifeste et il commença à
appeler ouvertement le gouvernement à se retirer de la
guerre. En circonstance, les Russes intensifièrent leur
attaque contre Ard-Roum, qui tomba ensuite entre leurs
mains. La perte de la forteresse aurait pu être réduite et
les autorités auraient pu dissimuler le scandale. Cependant,
les Britanniques attaquèrent l’Irak et conquirent Bagdad,
ainsi la faiblesse de l’état fut exposée et sa défaite
devint manifeste.
Les Britanniques attaquèrent l’Irak avec une armée d’Inde,
mais l’armée ottomane les affronta et stoppa l’assaut
britannique. Ils réussirent également à repousser une force
opérationnelle de renforts britannique. Le 29 avril 1916,
ils forcèrent le contingent de Tomshend qui était assiégé à
Kout al-’Amara à se rendre et firent prisonnier tout le
monde. Cependant, les forces britanniques se dirigeant vers
l’Irak étaient plus importantes que les forces ottomanes
stationnées là-bas, de sorte que la supériorité militaire
britannique commença à se refléter dans les batailles et la
balance pencha en faveur des Britanniques.
En février 1917, les Britanniques reprirent Kout-al-‘Amara.
Puis, en mars 1917, ils s’emparèrent de Bagdad et
poursuivirent leur marche vers Mossoul. Cela provoqua
l’inquiétude au sein du gouvernement et une opinion publique
appelant à la destitution d’Anwar du ministère de la guerre
et son remplacement fut généré. Même le Comité Union et de
Progrès, qui à l’époque était le parti au pouvoir et dont
Anwar était l’une de ses personnalités les plus importantes,
était du même avis.
Ainsi, la question du remplacement d’Anwar à la tête du
ministère de la guerre par l’un des officiers compétents fut
discutée. Les noms proposés pour assumer un tel poste dans
de telles circonstances étaient Jamal Bacha, le maréchal
Izzet et Mustafa Kemal. Le ministre d’après-guerre avait
besoin d’expérience et de perspicacité en matière politique.
Ainsi, la nomination de Jamal Bacha ou du maréchal Izzet à
un tel poste aurait été une erreur, car le premier avait
échoué à son poste de gouverneur de Syrie et le second
n’avait aucune expérience de la politique. C’est ainsi que
Mustafa Kemal devint le choix évident.
Cependant, il était bien connu que Mustafa Kemal voulait
renverser le gouvernement et se retirer de la guerre. Ses
opinions sur la guerre étaient bien connues. Par conséquent,
il fut rejeté car il écrivit au gouvernement pour les
avertir de ne pas poursuivre la guerre. Il pensait que
l’Allemagne avait déjà perdu la guerre politiquement et
qu’elle n’était plus capable de gagner la guerre
militairement. Il douta également que la Turquie puisse se
distancer de la guerre, car il jugeait nécessaire que les
Alliés aient un passage dans les Dardanelles pour établir un
lien avec les pays alliés de l’est. D’un autre côté, la
Russie était considérée comme l’ennemi juré de l’Empire
Ottoman. Toutes ces opinions étaient bien connues et il les
déclarait ouvertement. Par conséquent, personne ne douta
jamais que si Mustafa Kemal avait assumé le commandement
général des forces armées, il aurait introduit des
changements radicaux dans le gouvernement et ses politiques.
Par conséquent, la voix de ceux qui appelaient à la
suppression d’Anwar se calma et ils demandèrent
la reprise de Bagdad immédiatement.
Anwar s’approcha du Haut Commandement allemand et les
exhorta constamment à lui fournir des renforts afin de
reprendre Bagdad. Les Allemands, pour leur part, se
donnèrent beaucoup de mal pour aider leur allié Anwar et le
maintenir au pouvoir. L’une des mesures qu’ils entreprirent
fut de mettre à sa disposition le général Erich Von
Falkenhayn et un grand nombre de contingents. Falkenhayn mit
sur pied une nouvelle force qu’il a appelée « Foudre, » avec
Alep comme quartier général du commandement général. Mustafa
Kemal fut promu au grade de général et nommé commandant de
la 4e armée sous le commandement général de Falkenhayn.
Mustafa Kemal était opposé à l’idée de confier le
commandement général à l’un des Allemands. Il estima que
tout effort pour reprendre Bagdad était futile et que les
efforts déployés pour la reprendre étaient perdus et en
vain. Il considérait même que l’entreprise d’une telle
action entraînerait de nouvelles pertes lourdes pour l’armée
ottomane. En conséquence, il s’engagea à prouver au pays
l’ignorance de ceux qui appelaient à la reprise de Bagdad et
l’erreur de la politique d’Anwar. Il entreprit également de
décrire les dommages que le pays subirait du fait de cette
politique tordue. Puis il parla en détail dans ses discours
des pertes subies par l’État Ottoman en raison de sa
capitulation face aux Allemands. Ainsi, il était inévitable
pour lui de se heurter au commandant allemand. Le commandant
allemand Falkenhayn, pour sa part, tenta de le convaincre et
de le pacifier par tous les moyens possibles, mais il
échoua. Il lui permit d’assister aux réunions du haut
commandement.
Le plan était d’attaquer Bagdad par voie terrestre et le
canal de Suez par voie aérienne. En attaquant le canal de
Suez, les forces britanniques seraient incapables de
renforcer leurs homologues en Irak. Cependant, Mustafa Kemal
critiqua ce plan et l’attaqua sévèrement, déclarant qu’il
était voué à l’échec. Cependant, les Allemands ignorèrent
son opposition et ses critiques et personne ne soutint ses
vues à l’exception de Jamal Bacha, car il partageait la même
opinion. En effet, ils étaient connus pour être les deux
officiers qui haïssaient les Allemands et qui prônaient le
retrait de l’état de la guerre. Par conséquent, Jamal Bacha
se tint aux côtés de Mustafa Kemal dans leurs discussions
avec le Haut Commandement, mais le plan resta en cours parce
que le commandant en chef Falkenhayn ainsi que les autres
commandants le jugèrent sain et réussi.
Puis les causes de la querelle entre Mustafa Kemal et
Falkenhayn se succédèrent. Un jour, le cabinet de guerre
tint une réunion pour commencer à exécuter les plans ; la
réunion fut éclipsée par des débats animés ; Falkenhayn
s’adressa à Mustafa Kemal avec des mots durs et Mustafa
Kemal pour sa part répondit en nature. En conséquence,
Mustafa Kemal présenta sa démission mais Anwar l’a rejeta et
lui ordonna de retourner dans le Caucase. Cependant, Mustafa
Kemal ne respecta pas l’ordre cette fois et refusa de
partir, ainsi Anwar se rétracta et estima que le meilleur
moyen de se débarrasser d’une situation aussi bizarre et de
dissimuler sa rébellion était de lui accorder un congé de
maladie indéfini. Cependant Falkenhayn n’accepta pas cette
autorisation et suggéra la poursuite du commandant rebelle
devant un maréchal de la cour. Finalement, ils décidèrent de
lui accorder un congé. À l’époque, Mustafa Kemal était à
Alep. Il tenta de quitter la ville et révéla qu’il avait
besoin d’argent. A cette époque, il possédait dix pur-sang
et voulut les vendre, mais ne put trouver d’acheteur. Sur ce
Jamal Bacha offrit de l’aider, il lui donna donc 2000 livres
et envoya 3000 supplémentaires une fois de retour à
Istanbul. Par conséquent, en adoptant ces activités, Mustafa
Kemal apparut clairement en désaccord avec l’État Ottoman en
ce qui concerne son conflit avec les Britanniques.
La persistance de Mustafa Kemal à s’emparer du pouvoir
Quant au troisième événement, il reflétait le fait que la
question n’était plus une simple expression d’une opinion et
une simple rébellion, car Mustafa Kemal persista dans sa
quête pour prendre le pouvoir. Il entreprit également une
foule d’activités dont on pouvait déduire qu’il avait établi
des contacts avec les Britanniques afin de mettre en œuvre
ses pensées.
Le 3 juillet 1918, le Sultan Muhammad Rashad mourut
et il fut succédé au trône par Muhammad Wahid
ad-Din, autrement connu sous le nom de Muhammad 5.
Mustafa Kemal décida que l’occasion était venue pour lui de
prendre le pouvoir, car il venait d’accompagner Wahid
ad-Din en Allemagne où ils rencontrèrent Hindenburg. Anwar
envoya Mustafa Kemal en Allemagne avec Wahid ad-Din,
qui à l’époque était l’héritier présumé, afin qu’il puisse
voir par lui-même la puissance de l’Allemagne dans l’espoir
qu’il changerait d’avis.
A peine revenus de leur voyage, la mort de Muhammad
Rashad eut lieu et Wahid ad-Din accéda au trône.
Mustafa Kemal sauta sur l’occasion et tenta de le convaincre
de son point de vue afin qu’il puisse le nommer à la tête du
gouvernement. Il rendit visite au nouveau Sultan sur une
base amicale et Wahid ad-Din le salua chaleureusement
et courtoisement et alluma même une cigarette pour lui. Cela
encouragea Mustafa Kemal à lui parler franchement de ses
opinions. Par conséquent, il se mit à expliquer sa stratégie
et à lui souligner que la dévastation qui menaçait le pays
était imminente. Aussi que le Sultan devrait personnellement
assumer le contrôle total sur les forces armées et
dépouiller Anwar et les commandants allemands de tous les
pouvoirs afin de devenir l’homme en charge efficace et pas
seulement un Sultan nominal. Le diable au travail de sape.
Il confirma également qu’il était prêt à assumer la
responsabilité du Haut Commandement, sauvant ainsi la
Turquie du précipice sur lequel elle vacillait. Il lui dit
également qu’il devrait se débarrasser de l’alliance
allemande et conclure un traité de paix unilatéral avant
qu’il ne soit trop tard.
Sur ce, Wahid ad-Din lui demanda : « Y a-t-il
d’autres officiers qui partagent votre point de vue ? »
Mustafa Kemal répondit : « Il y en a beaucoup, Votre
Honneur. » Cependant, Wahid ad-Din ne lui promit
rien. Alors il le rencontra une seconde fois mais Wahid
ad-Din ne lui promit toujours rien. Il le rencontra une
troisième fois et une fois de plus il lui expliqua son point
de vue. Wahid ad-Din l’écouta en silence jusqu’à ce
qu’il finisse ; puis il se tourna vers lui et lui dit d’un
ton dur et décisif : « J’ai organisé toutes mes affaires en
collaboration avec leurs Excellences Anwar Bacha et Tal’at
Bacha. » Puis il le congédia instantanément.
Moins de deux semaines plus tard, Wahid ad-Din
convoqua Mustafa Kemal, et il vint. Le Sultan était entouré
de son état-major et de quelques commandants allemands.
L’ayant accueilli chaleureusement, il se tourna vers eux et
dit : « Voici Mustafa Kemal Bacha. C’est l’un des officiers
les plus compétents en qui j’ai confiance. » Il se tourna
ensuite vers Mustafa Kemal et dit : « Excellence, je vous ai
nommé commandant du front syrien. C’est d’une grande
importance stratégique et je veux que vous vous y rendiez
immédiatement. Ne le laissez pas tomber entre les mains de
l’ennemi. Je suis convaincu que vous accomplirez la tâche et
je vous la délègue de la mener de la meilleure manière
possible et de la plus proche de la perfection. » Il lui
ordonna ensuite de partir instantanément sans lui donner la
possibilité de parler. |