Le rôle des ambassades européennes dans la mise en place des comités et partis arabes
À la suite de ces événements, les ambassades européennes
devinrent actives dans leurs contacts avec les Arabes. Par
conséquent, ils créèrent le Parti de la Décentralisation,
avec le Caire comme centre et Rafiq al-Athim comme
président. Ils créèrent également le Comité de Réforme à
Beyrouth et le Forum Littéral, entre autres. Les
Britanniques et les Français infiltrèrent les rangs des
Arabes qui avaient porté la tendance nationaliste et leur
ouvrirent les coffres de leur pays. Ainsi, le 18 juin 1913
et sous les auspices des Français, la jeunesse arabe tint
une conférence à Paris, et cela représenta la première
déclaration d’alignement des nationalistes arabes vers la
Grande-Bretagne et la France contre leur État Ottoman.
Quand les hommes de l’Union et du Progress le sentirent, ils
créèrent le Comité Turc Ojaghi, c’est-à-dire la famille
turque. Son objectif était d’éliminer l’Islam et de
transformer les éléments ottomans en éléments turcs. Puis
ils encouragèrent la publication de livres et de revues
athées, comme le livre écrit par le célèbre auteur turc
Jalal Nouri Bek sous le titre L’histoire du Futur, dans
lequel il écrivit : « C’est dans l’intérêt du gouvernement
d’Astana de contraindre les Syriens à quitter leur patrie.
Les terres arabes, en particulier l’Irak et le Yémen,
doivent être transformées en colonies turques, afin de
répandre la langue turque qui doit être la langue de la
religion. Afin de protéger notre entité, il est impératif
pour nous de transformer tous les pays arabes en pays turcs,
car la nouvelle génération arabe a commencé à ressentir un
chauvinisme racial et elle nous menace d’une calamité
majeure contre laquelle nous devons prendre des précautions
dès maintenant. » Ainsi, la tendance nationaliste et le
chauvinisme patriotique eurent un impact sur les âmes, et la
fidélité à l’Islam changea pour être remplacée par la
fidélité au nationalisme et au patriotisme. Cela conduisit à
résister à tout ce que l’Islam porte en termes de ce qui
pourrait être considéré comme une menace pour le patriotisme
et le nationalisme. Le critère de ceux qui prirent le
pouvoir au sein de l’état était celui du nationalisme et du
patriotisme plutôt que de l’Islam, même lorsqu’il s’agissait
d’appeler à l’unité des rangs entre Arabes et Turcs.
De plus, lorsque Jamal Bacha était en Syrie, il fut témoin
de la trahison de la jeunesse arabe contre l’état en
agissant sur la direction de la France et les ordres de la
Grande-Bretagne. Il en devint absolument certain lorsqu’il
saisit des documents trouvés au consulat de France à Damas.
Il voulait gagner les Arabes pour maintenir l’unité entre
les citoyens de l’état. C’est pourquoi il invita les
dirigeants arabes à un rassemblement tenu à Damas et
prononça un discours dans lequel il les exhorta à l’unité.
Voici ce qu’il dit dans son discours : « Et vous devez avoir
confiance dans le fait que le Comité turc, dont vous avez
été témoin à Astana et dans les autres régions habitées par
des éléments turcs, ne se heurte en aucune manière aux
aspirations arabes. Vous savez sans aucun doute que l’Empire
Ottoman fut témoin de l’établissement des mouvements
bulgare, grec et arménien, et qu’il existe maintenant un
mouvement arabe. Les Turcs avaient totalement oublié leur
existence au point qu’ils craignaient même de mentionner
leur peuple. L’esprit patriotique était complètement mort au
point que l’on craignait que le peuple turc soit sur le
point de se désintégrer complètement. C’est donc dans le but
d’étouffer cette menace imminente que les hommes des Jeunes
Turcs se sont levés avec un zèle qui mérite l’admiration.
Par conséquent, ils prirent les armes et se s’engagèrent à
enseigner aux Turcs l’esprit patriotique. » Il ajouta : «
Aujourd’hui, je me trouve capable de vous confirmer que les
aspirations turques ne sont en aucun cas en contradiction
avec les aspirations arabes, car les Turcs et les Arabes ne
sont que frères dans leurs objectifs patriotiques. » Il
ajouta également : « Et brièvement, les plus grandes
aspirations de ce parti, le parti des Jeunes Turcs (l’Union
et le Progrès), sont de gagner pour le peuple turc le
respect de tous les peuples du monde, et d’établir son droit
d’exister aux côtés des peuples du 20e siècle. »
C’est avec ces mots que Jamal Bacha voulut unir les
Musulmans sous la bannière du Califat Islamique et faire
échouer les efforts entrepris par les Arabes pour rompre
avec les Turcs, à savoir avec le califat et chercher l’aide
des Britanniques et des Français mécréants.
Il est juste de dire que Jamal Bacha eut raison de pendre
les traîtres qui avaient collaboré avec la France et la
Grande-Bretagne contre le Califat, car ils étaient soit des
mécréants ou des apostats musulmans pour avoir cru en
l’inadéquation de l’Islam. Il eut également raison de
frapper tous les traîtres et tous les individus qui
travaillaient contre le Califat, même s’il travaillait
lui-même pour le patriotisme, et encore moins si cet
individu travaillait contre le Califat avec les impies et
sous leur commandement. Cependant, Jamal Bacha et le parti
des Jeunes Turcs, à savoir l’Union et le Progrès, méritaient
d’être punis et emprisonnés pour avoir nourri l’idée
patriotique. Ce discours apaisant qu’il prononça était faux
et le séparatisme patriotique ne devrait pas être traité de
cette manière pour le moins car le discours indique en fait
la présence de doctrines corrompues et un mépris de l’Islam
comme étant le seul lien qui rassemble les citoyens de
l’état et comme étant la seule idéologie sur laquelle le
Califat est construit.
Les mots qu’il aurait dû prononcer, qui auraient été
considérés comme décisifs et définitifs, et il est interdit
de dire le contraire, sont que nous devons tous donner notre
loyauté au seul Dogme Islamique. Il est interdit d’être
loyal envers quoi que ce soit d’autre. Ce dogme devrait à
lui seul être le critère de nos actions. Cependant, au lieu
de dire cela, il calma les Musulmans arabophones en disant :
« Les aspirations arabes et les aspirations turques ne se
heurtent pas, » et en disant : « Les Turcs et les Arabes ne
sont que frères dans leurs objectifs patriotiques, » et
aussi en disant : « Les plus grandes aspirations de ce
parti, le parti des Jeunes Turcs, est de gagner pour le
peuple turc le respect de tous les peuples du monde et
d’établir son droit d’exister aux côtés des peuples du XXe
siècle, » à savoir avec les Britanniques, les Français, les
Italiens et les Grecs, autrement dit avec les mécréants.
Le missionnaire et les invasions culturelles
Par conséquent, les styles d’évocation de la tendance
nationaliste et du chauvinisme patriotique dans la capitale
du Califat portèrent leurs fruits et les pays européens, en
particulier la Grande-Bretagne et la France, obtinrent un
grand succès en portant à l’État Islamique un coup terrible
et dévastateur. Cependant, les pays européens et la
Grande-Bretagne en particulier ne se sont pas limités à
cette méthode, malgré sa malveillance et ses terribles
résultats car depuis le 16e siècle, ils avaient adopté une
autre technique contre l’Islam. Cela était dû à l’animosité
qui mijotait dans leur âme et à la rancune érodant leur cœur
contre l’Islam et contre les pensées et les lois de l’Islam.
Par conséquent, à côté de cette méthode, ils avaient
l’habitude de procéder avec une autre pour frapper les
Fondations (‘aqa'id) Islamique (doctrines) et la Législation
Islamique. Istanbul et Beyrouth étaient les deux principaux
centres repris par les impies comme base et ils tentèrent
également de transformer le Caire en un autre centre.
Quant au centre de Beyrouth, le plan conçu pour lui était
censé avoir un effet à long terme en diplômant les jeunes
qui seraient hostiles à l’Islam et en affectant les pensées
des Musulmans ordinaires. Ils procédèrent avec ce plan par
voie d’invasion missionnaire et d’invasion culturelle sous
le couvert de la science et ils se consacrèrent à ces
énormes dépenses. Par conséquent, ils établirent des comités
missionnaires, dont la plupart étaient des comités
britanniques, français et américains. Ils procédèrent
également à l’invasion culturelle via les missions et les
missionnaires afin de rallier les citoyens chrétiens à leurs
côtés et d’élever les doutes des Musulmans sur leur religion
et d’ébranler leur Dogme (‘aqida).
Allah Exalté dit : «
Ceux qui ne croient pas dépensent leurs biens pour éloigner
(les gens) du sentier d’Allah. Or, après les avoir dépensés,
ils seront pour eux un sujet de regret. Puis ils seront
vaincus, et tous ceux qui ne croient pas seront rassemblés
vers l’Enfer, afin qu’Allah distingue le mauvais du bon, et
qu’Il place les mauvais les uns sur les autres, pour en
faire un amoncellement qu’Il jettera dans l’Enfer. Ceux-là
sont les perdants. » Al-Anfal 8 : 36
Le rôle du centre maltais dans l’invasion missionnaire
Les mécréants établirent à la fin du siècle un grand centre
missionnaire à Malte qu’ils utilisèrent comme base pour leur
invasion missionnaire et culturelle des terres islamiques.
C’est à partir de là que les forces missionnaires étaient
envoyées. Ils s’installèrent à Malte pendant un certain
temps mais sentirent rapidement le besoin d’étendre leur
activité. Par conséquent, ils déménagèrent en Syrie en 1625
et tentèrent d’établir des mouvements missionnaires.
Cependant, leur activité était limitée et ne s’étendait pas
au-delà de la création de quelques petites écoles et de la
publication de quelques livres religieux. Ils endurèrent
beaucoup de souffrances, allant de la persécution, du rejet
et de l’hostilité de tous, Musulmans et Chrétiens.
Cependant, ils persévérèrent jusqu’en 1773, après quoi les
comités missionnaires des jésuite furent abolis et leurs
institutions fermées, à l’exception de certains des comités
missionnaires plus faibles tels que le comité des
missionnaires Azariyyin.
La diffusion des expéditions missionnaires en Syrie
Malgré la présence des comités missionnaires, l’effet des
missionnaires s’estompa et leur activité se limita à Malte.
Cependant, en 1820, ils renouvelèrent leur activité et ils
établirent le premier centre missionnaire à Beyrouth. Leur
attention principale était consacrée au travail missionnaire
religieux et à la culture religieuse, et leur souci de
l’éducation était partiel. En 1834, les expéditions
missionnaires se répandirent dans toute la Syrie grâce à
l’encouragement du traitre notoire Ibrahim Bacha, à la large
ouverture de ses territoires aux missionnaires, à sa
sympathie à leur égard et à leur soutien sous l’influence et
les instructions des Français. À cette époque, il avait
occupé la Palestine, le Liban et la Syrie. Par conséquent,
les missionnaires furent chaleureusement reçus et accueillis
par le gouvernement d’Ibrahim Bacha et, par conséquent, leur
activité s’intensifia. En conséquence, un collège fut ouvert
dans le village d’Ainturah au Liban et la mission américaine
transféré sa presse à Beyrouth afin d’imprimer et de publier
des livres. Le tristement célèbre missionnaire américain Eli
Smith devint remarquablement actif. Il travaillait à Malte
en tant que bénévole et avait l’habitude de superviser la
presse de la mission. Il vint à Beyrouth en 1827 mais devint
terrifié par les Musulmans et las du manque de productivité.
Il se rendit alors à Malte alors qu’il ne pouvait plus le
supporter. Il retourna ensuite à Beyrouth en 1834
lorsqu’elle passa sous influence française grâce à Muhammad
‘Ali et son fils Ibrahim. Le missionnaire et sa femme
ouvrirent une école pour femmes, puis son champ d’action
s’élargi. C’est pourquoi il consacra sa vie à travailler à
Beyrouth en particulier et en Syrie en général. De cette
manière, tous ces efforts contribuèrent à relancer le
mouvement missionnaire.
L’initiative lancée par Ibrahim Bacha pour mettre en œuvre
le programme éducatif en Syrie et qui était déjà appliquée
en Egypte, avait été pris du programme éducatif français.
Cela fut l’occasion pour ces missionnaires, de contribuer au
mouvement éducatif d’un point de vue missionnaire, selon ce
que les mécréants avaient prévu. Il s’élargit ensuite pour
inclure le mouvement de la presse. Par conséquent, le
mouvement missionnaire devint actif et participa au
mouvement éducatif de manière visible.
Incitation au conflit au sein de la population de Syrie
Lorsqu’Ibrahim Bacha se retira de Syrie en 1840, les
troubles, le chaos et les troubles s’y répandirent et dans
les émissaires occidentaux, en particulier les missionnaires
profitèrent du manque d’influence de l’État Ottoman pour
déclencher des conflits parmi la population. Par conséquent,
les massacres de 1860 eurent lieu. À la suite de ces
massacres, les pays occidentaux intervinrent et dépêchèrent
leurs navires de guerre sur les côtes de Syrie. La France
débarqua une force terrestre à Beyrouth et cela accrut
l’influence des missionnaires et renforca leur main. Les
Français devinrent actifs dans la création d’écoles et de
collèges et les jésuites ouvrirent leurs écoles et collèges,
parmi lesquels le Collège des Jésuites connu sous le nom
d’Université des Jésuites de St Joseph et en 1866. Les
Américains ouvrirent le Collège Protestant connu aujourd’hui
sous le nom d’Université Américaine de Beyrouth. Cette
université est considérée comme l’institution impie la plus
horrible des terres islamiques car elle lanca les campagnes
les plus féroces contre les pensées islamiques et contre les
Musulmans et réussit à déplacer l’allégeance de milliers de
jeunes Musulmans vers les pensées mécréantes.
L’attention accordée aux invasions missionnaires et
culturelles ne se limitait pas uniquement à l’Amérique, à la
France et à la Grande-Bretagne mais elle engloutit plutôt la
plupart des pays impies, comme la Russie tsariste, qui
envoya une foule d’expéditions missionnaires. Une expédition
prussienne arriva également dans le pays, formée de moniales
Karodt qui jouèrent leur rôle aux côtés des autres
expéditions missionnaires dans la lutte contre l’Islam,
malgré la différence de points de vue politiques entre les
expéditions missionnaires et les autres émissaires
occidentaux, quant à leur approche politique et leurs
intérêts étaient concernés, ils étaient d’accord sur
l’objectif : inspirer la culture occidentale à l’est,
établir le dogme de séparer la religion de l’état comme une
doctrine pour les Musulmans, susciter chez les Musulmans des
soupçons sur leur religion, et les inciter à ressentir et à
mépriser leur histoire et à glorifier l’occident et sa
culture. Tout cela avec une haine profonde indéracinable et
un mépris total pour l’Islam et les Musulmans.
En plus des écoles et des collèges, ils mirent en place un
mouvement visant à orienter les gens vers la langue arabe,
afin de les éloigner de l’Islam par elle, et vers ce qu’ils
appelèrent l’Arabisme. La bannière de ce mouvement fut
portée par les Chrétiens, malgré leur manque de
compréhension de la langue arabe, en raison de leur
incapacité à apprécier l’éloquence du Qur’an. D’où les
maronites, dont la plupart étaient au service des
expéditions missionnaires, avaient l’habitude de discuter du
renouveau de la littérature ancienne et de la restauration
des anciennes caractéristiques de la langue arabe classique.
Nassif al-Yaziji et le père Louis Sheikho ainsi que les
maronites dirigèrent la campagne pour le nationalisme arabe
et encouragèrent les gens à l’adopter. Ils dirigèrent
également la campagne pour la langue arabe et encouragèrent
les gens à y concentrer leur attention. En plus de cela, des
livres et des publications porteurs de pensées occidentales
commencèrent à émerger et une forte vague vers les Arabes,
l’arabisme et la langue arabe balaya la région, couplée par
un évitement accru de l’Islam et des pensées de l’Islam. Par
conséquent, le centre de Beyrouth porta un coup dur à :
- Les Aqa’id (doctrines) de l’Islam
- Les pensées de l’Islam et réussit à orienter les gens vers
l’Occident.
Ce centre obtint des résultats désastreux qui eurent un
effet majeur dans le retrait de l’Islam des relations, des
transactions, dans divers aspects de la vie et finalement
dans la destruction de l’État Islamique.
La tentative d’introduction des lois constitutionnelles occidentales
Quant au Centre d’Istanbul, les pays occidentaux ne se
contentaient pas de corrompre les enfants Musulmans dans les
universités et les écoles et par la propagande mais, ils se
concentrèrent également sur l’état lui-même dans le but de
changer le système au pouvoir et les Lois de la Shari’ah, en
les supprimant et en les remplaçant par les lois
occidentales. Ils poursuivirent plusieurs méthodes pour y
parvenir.
En 1839, ‘Abd al-Majid 1er accéda au poste de Califat alors
qu’il n’avait que 16 ans, tandis que Rashid Bacha était
l’ambassadeur de l’État Ottoman à Londres. Il rentra
précipitamment à Istanbul et fut nommé Ministre des Affaires
étrangères. À peine entré en fonction, il commença à faire
campagne pour le système constitutionnel parlementaire au
pouvoir. Il déclara également qu’il était déterminé à élever
l’État Ottoman au niveau d’un état développé grâce à une
constitution qui entérinerait les droits des citoyens. Il
déclara également l’abolition des lacunes les plus
importantes au sein de l’état. Rashid Bacha réussit
facilement à obtenir le soutien du jeune Sultan pour son
plan, et le document de la constitution fut préparé dans le
plus grand secret.
Le 3 novembre 1839, toutes les personnalités de premier plan
de la Sublime Porte, des représentants des habitants
d’Istanbul, des représentants des sujets de l’état en Europe
et des membres du corps diplomatique furent invités à la
tribune située du côté sud du palais gouvernemental le long
de la Mer de Marmara pour écouter une récitation du « Script
honorable » connu sous le nom de « Kalkhanah. » Le document
constitutionnel leur fut lu. Il contenait une foule de
règles européennes avec une tentative de donner une certaine
considération à l’Islam. Ce fut la première tentative
d’introduire les lois constitutionnelles occidentales dans
le système de l’état. Cependant, ce document resta
simplement encre sur papier et ne fut pas été mis en œuvre.
Cependant, en 1855, les états européens, en particulier la
Grande-Bretagne, pressèrent l’État Ottoman de procéder à des
réformes constitutionnelles. Sous la pression de ces états,
le Sultan émit le 1er février un projet de loi de réforme.
Ce projet de loi est devenu connu sous le nom de « Script
Humayun. » Le Sultan approuva dans ce projet de loi tous les
droits accordés aux sujets dans le « Script Honorable
(Kalkhanah). »
Une foule de droits spécifiques furent conçus pour les
Chrétiens, tels que le renvoi de l’administration des
affaires civiques à un comité restreint composé de civils,
de clercs et d’autres personnes directement élues par le
peuple, la non-contrainte du Musulman qui embrasse le
Christianisme à revenir à L’Islam, lui permettant plutôt de
rejeter l’Islam et d’embrasser la foi chrétienne. Le service
militaire devait être rendu obligatoire pour les Chrétiens
comme il était obligatoire pour les Musulmans, alors
qu’avant, il était exclusivement obligatoire pour les
Musulmans, et permettait également aux étrangers la
propriété de terres dans l’État Ottoman.
Ce projet de loi suscita une réaction négative de la part
des citoyens, car les Musulmans le jugeaient contraire à la
Shari’ah, tandis que les Chrétiens craignaient sa mise en
œuvre. Néanmoins, les états européens le poursuivirent sous
prétexte de réforme. Cependant, l’état étant islamique, les
califes ne purent pas se lancer dans la mise en œuvre de ces
lois constitutionnelles. Ce fut le cas jusqu’à ce que le nom
de Medhat Bacha devienne proéminent dans les cercles
gouvernementaux. Il était saturé des pensées occidentales et
séduit par la culture occidentale. Il décida donc d’établir
une constitution pour le pays en accord avec les pensées
occidentales afin de plaire à ses maîtres occidentaux et de
permettre à l’état d’agir au même niveau que les états
occidentaux.
La tentative de Medhat Bacha de rédiger une constitution pour l’état à partir des systèmes occidentaux
Medhat Bacha était à l’époque ministre de la justice dans le
gouvernement de Muhammad Rushdie Bacha, pendant le
califat de ‘Abd al-‘Aziz. Il s’efforça de persuader ‘Abd
al-‘Aziz de rédiger une constitution à partir des systèmes
démocratiques occidentaux. Il lui écrit donc et l’exhorta à
redresser le statu quo de l’état en lui établissant une
constitution. Il écrivit dans cette lettre, une fois qu’il
rendit compte de la corruption de l’état :
« ... Votre Excellence est bien consciente que le remède
efficace à cette maladie sera de déraciner ses causes que
nous connaissons trop bien. Si les causes étaient
supprimées, la maladie serait supprimée. Par conséquent, si
vous deviez émettre un nouveau Script Humayun dans laquelle
vous imposerez le respect des lois et des systèmes,
l’égalité entre les riches et les pauvres, les personnes
âgées et les jeunes aux yeux de la loi ; si vous deviez
rendre les institutions caritatives à leurs propriétaires
légitimes et dépenser l’argent sur ce pour quoi les
donateurs leur avaient promis ; si vous remettiez l’autorité
de l’état à la Sublime Porte (le gouvernement), pour qu’elle
adopte ses résolutions et les soumette ensuite à votre
excellence ; si vous ne monopolisez pas les finances de
l’état et les droits de propriété et si le Trésor ne devait
pas dépenser une seule piastre sans le consentement de la
Sublime Porte ; si les devoirs des fonctionnaires supérieurs
et subalternes étaient définis et si les ministres étaient
tenus responsables des conséquences de leurs actes, et cela
devait être appliqué à vos proches et à votre personnel
privé ; si tout cela était mis en œuvre, le résultat
souhaité serait atteint avec l’aide d’Allah, (à Lui les
Louanges et la Gloire), et l’état atteindrait le chemin que
votre Excellence désire. »
Avant de soumettre la lettre au calife, Medhat Bacha la
présenta au gouvernement et ils l’approuvèrent. Ils
convinrent également que le président devrait soumettre la
lettre au Sultan ‘Abd al-‘Aziz. Il le rencontra dûment et
lui remis la lettre. À la lecture de la lettre, ‘Abd
al-‘Aziz devint furieux et donna ses instructions de
renvoyer immédiatement Medhat Bacha du gouvernement et de
l’aliéner en le nommant wali de Salonique. Cependant, il n’y
resta pas longtemps et il retourna bientôt à Istanbul. Il
convint avec Hussein Awni Bacha, secrétaire de la
police d’état, de renvoyer ‘Abd al-‘Aziz. Ils contactèrent
ensuite le chef de la marine et Sheikh al-Islam. Les quatre
convinrent de la destitution du Sultan. Ils fixèrent une
date pour cela et c’était dans les premiers mois de 1876. À
la veille de cette date, le traitre Medhat Bacha envoya un
mémorandum anonyme aux états européens, à l’exception de la
Russie, dans lequel il déclara que le retrait du Sultan
était devenu une matière inévitable selon la Shari’ah
Islamique qui décrète que le chef de l’état doit être
totalement d’esprit sain. Tout en oubliant bien sûr que la
même Shari’ah condamne à mort les traitres et les apostats.
La veille du 30 mai 1876, la marine débarqua devant le
palais du gouvernement et les forces armées se rassemblèrent
et encerclèrent le palais. Le Sultan fut informé de son
écartement et la Fatwa de son désistement émise par Sheikh
al-Islam lui fut lue. Il fut emmené du Saray (Maison du
gouvernement) et la même nuit, Mourad 5 accéda au trône.
De cette manière Medhat Bacha évinça le calife avec la
collaboration des états européens, en particulier la
Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France, à l’exception de
la Russie, parce qu’elle refusa d’établir une constitution
pour l’État Islamique, dérivée des systèmes démocratiques
occidentaux.
On pensait que la nomination de Mourad 5 comme califes pour
les Musulmans, après la destitution de ‘Abd al-‘Aziz,
conduirait à l’établissement d’une constitution basée sur
les systèmes occidentaux car Mourad avait été élevé de façon
occidentale et il était connu pour être un homme éclairé.
Par conséquent, l’espoir d’établir et de mettre en œuvre la
constitution reposait sur lui. Cependant, sa santé se
détériora en raison de son instabilité mentale. Malgré cela,
Medhat Bacha tenta de déclarer la constitution. Il avait
l’habitude de rencontrer ses collaborateurs pendant la
maladie de Mourad, d’étudier les lois et les systèmes de
l’Europe et de rédiger la constitution jusqu’à ce qu’elle
soit finalisée. Cependant, l’état mental de Mourad devint
connu de tous et de son éloignement devint inévitable. En
conséquence, Sheikh al-Islam déclara dûment son abdication
le 31 août 1876.
Le 1er septembre, son frère ‘Abd al-Hamid accéda au
trône et devint calife des Musulmans. Peu de temps après,
Medhat Bacha reprit le poste de Grand Vizir sur quoi, la
Grande-Bretagne appela à une conférence à Istanbul
réunissant les ambassadeurs des grandes puissances, dans le
but de consolider la paix dans les Balkans grâce à
l’introduction d’une foule de nouvelles propositions. La
conférence eut lieu et l’État Ottoman fut incité à mettre en
œuvre les réformes, et en conséquence Medhat Bacha se lanca
dans la mise en œuvre des réformes internes. Il créa un
comité composé de 16 fonctionnaires, 10 universitaires et
deux officiers supérieurs de l’armée à qui il confia la
tâche de rédiger une constitution pour l’état. Après
quelques difficultés extrêmes, le comité approuva finalement
un projet de constitution qui s’inspirait de la constitution
belge qui fut promulgué sous le titre de Qanun Assas (Loi
fondamentale) le 23 décembre. Par conséquent, une
constitution belge, en tenant compte de certains aspects
islamiques, devint la constitution officielle de l’État
Islamique.
Parmi les questions stipulées par cette constitution était
de s’adresser à tous les citoyens de l’état comme des
Ottomans et de reconnaître leur liberté personnelle. Au lieu
que l’Islam soit la constitution de l’état, comme c’était le
cas jusque-là, la constitution stipulait que l’Islam était
la religion de l’état, ce qui signifie que les jours fériés
de l’état et d’autres questions connexes seraient examinés
d’un point de vue islamique. La constitution stipulait
également qu’une représentation populaire serait établie par
le biais de deux assemblées, l’une pour les députés connus
sous le nom de Conseil des députés et l’autre pour les
sénateurs connus sous le nom de Sénat, les membres des deux
chambres bénéficiant de l’immunité parlementaire. Ils ne
seraient soumis ni aux lois de l’état ni aux règles de la
Shari’ah tant que cette immunité n’aura pas été levée. Il
stipulait également que les deux assemblées devaient se
réunir le 1er novembre de chaque année, qu’elles devaient
être inaugurées par le discours du trône et que les lois
proposées par les deux assemblées devaient être mises en
œuvre une fois que chaque assemblée les avait approuvées et
une fois que le Sultan les auraient ratifiées. En d’autres
termes, la législation serait exécutée par les deux
assemblées. En outre, elle stipulait que l’élaboration du
budget devait être renvoyée au Conseil des députés et qu’une
Cour suprême composée de dix membres du Sénat, de dix
consultants gouvernementaux et de dix consultants de la Cour
d’appel devait être créée. Il stipulait que la règle dans
les wilayas devait être basée sur la décentralisation. |