La destruction du Califat
« Ils veulent
éteindre avec leurs bouches la lumière d’Allah, alors
qu’Allah ne veut que parachever Sa lumière, quelque
répulsion qu’en aient les mécréants. C’est Lui qui a envoyé
Son Messager avec la bonne direction et la religion de la
vérité, afin qu’elle triomphe sur toute autre religion,
quelque répulsion qu’en aient les associateurs. »
At-Tawbah 32-33.
La lutte entre l’Islam et le koufr
La lutte acharnée entre les pensées islamiques et les
pensées koufr (mécréantes, impies), et entre les Musulmans
et les kouffar (mécréants, impies), est intense depuis
l’aube de l’Islam. Lorsque le Messager d’Allah ((sallallahou
‘aleyhi wa sallam - Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui)
fut envoyé, la lutte n’était qu’une lutte intellectuelle et
n’était associée à aucune lutte matérielle. Ce statu quo
continua jusqu’à l’établissement de l’État Islamique à
Médine, après quoi l’armée et l’autorité furent établies et
depuis lors, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) combina la lutte matérielle avec la lutte
intellectuelle. Les versets du Jihad furent révélés et la
lutte continua. Cela continuera ainsi, une lutte sanglante
aux côtés de la lutte intellectuelle, jusqu’à ce que l’Heure
arrive et qu’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, hérite
de la Terre et de ceux qui s’y trouvent. C’est pourquoi le
koufr est un ennemi de l’Islam et que les mécréants seront
ennemis des Musulmans tant qu’il y aura l’Islam et la
mécréance dans ce monde, Musulmans et mécréants jusqu’à ce
que tous soient ressuscités. C’est un fait décisif et
constant. Par conséquent, sa compréhension doit rester
claire pour les Musulmans à tout moment tout au long de leur
vie, et elle doit être considérée comme un critère pour
juger des relations entre l’Islam et la mécréance et entre
les Musulmans et les mécréants.
La lutte intellectuelle pure se poursuivit pendant treize
ans et ce fut la lutte la plus dure et la plus féroce.
Finalement, les pensées islamiques vainquirent les pensées
koufr, et Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, fit
triompher l’Islam. L’état qui protège l’honneur des
Musulmans, qui est le bouclier de l’Islam et répand la
direction parmi les gens par le biais du Jihad, fut établi à
Médine. Les guerres les plus féroces et les plus dures entre
l’Islam et le Koufr et entre les armées musulmanes et
mécréantes éclatèrent au cours de batailles successives. La
victoire dans toutes ces guerres revint aux Musulmans et
bien que les Musulmans furent vaincus dans certaines
batailles, ils gagnèrent toujours et ne perdirent pas de
guerre pendant six siècles, restant plutôt victorieux dans
toutes leurs guerres pendant cette période. L’État Islamique
resta la nation dominante tout au long de cette période. En
dehors des Musulmans, cela n’est jamais arrivé à l’humanité
et fut exclusif à l’État Islamique.
Cependant, les mécréants, en particulier les états
européens, restèrent conscients de l’Islam et voulurent
l’attaquer, tout comme ils restèrent attentifs aux Musulmans
et voulurent détruire leur entité. Ils tentèrent d’attaquer
ou de conspirer contre les Musulmans chaque fois que
l’occasion se présenta. Entre la fin du 6e siècle (9e
siècle) et le début du 7e siècle Hijri (12e siècle), les
pays européens sentirent la condition que le système au
pouvoir dans l’État Islamique avait atteint la fragmentation
concernant des wilayah ( provinces) du corps de l’état, et
l’indépendance de certains walis (gouverneurs) dans des
domaines clés concernant la politique interne tels que les
forces armées, les finances, l’autorité, etc. En fait, ils
ressemblaient davantage à une fédération d’états qu’à un
seul état uni. L’autorité du calife fut réduite dans
certaines wilayah à son invocation sur les chaires, la
frappe de monnaie portant son nom et à lui envoyer une somme
d’argent du Kharaj. Les états européens conscients de ce
fait en profitèrent pour lancer les croisades contre les
Musulmans et la guerre éclata. Les Musulmans furent vaincus
dans cette guerre et les mécréants capturèrent l’ensemble
d’Ash-Sham : la Palestine, le Liban et la Syrie. Ils
occupèrent ces territoires pendant des décennies, conservant
même certaines zones comme Tripoli pendant cent ans.
Bien que les batailles qui eurent lieu entre les croisés et
les Musulmans furent continues tout au long des cent ans et
bien que les tentatives des Musulmans de reprendre les
terres qu’ils avaient perdues ne cessèrent pas, ces guerres
cependant déstabilisèrent la Oummah Islamique, et
rabaissèrent le statut de l’État Islamique. Les Musulmans
perdirent la guerre et ils furent vaincus par les mécréants.
Bien que la victoire de la mécréance contre l’Islam ne se
soit jamais matérialisée, ni intellectuellement ni
spirituellement, la honte et l’humiliation qui frappa les
Musulmans dépassa l’imagination. Ainsi, l’ère des croisades,
est considérée comme une ère de défaite pour les Musulmans,
car malgré leur victoire finale contre les croisés avec leur
expulsion d’ash-Sham, ils cessèrent les conquêtes et les
guerres contre les mécréants.
A peine les croisades terminées, les Mongols arrivèrent et
le massacre de Bagdad eu lieu. Ce revers fut suivi par la
chute de Damas aux mains des Mongols en 656 (1258). Puis
vint la bataille de ‘Ayn Jalout le 3 septembre 1260 où les
Mongols furent détruits. À la suite de la destruction des
Mongols, le Jihad fut ressuscité dans l’âme des Musulmans et
ils sentirent la nécessité d’une reprise de la transmission
de la Da’wah dans le monde. Par conséquent, les conquêtes
musulmanes contre les mécréants recommencèrent et le Jihad
contre les Byzantins reprit.
Ce fut vers le septième siècle de l’Hijrah (13e siècle) que
l’Oummah Islamique reprit les conquêtes. Les guerres se
poursuivirent et plusieurs batailles successives eurent lieu
ou les Musulmans émergèrent toujours victorieux et bien
qu’ils aient été battus dans certaines batailles, ils
avaient l’habitude de gagner les guerres et de conquérir les
terres. L’État Islamique était la nation dirigeante et elle
continua à occuper la première place pendant quatre siècles,
jusqu’au milieu du 12e siècle de l’Hégire (18e siècle). Puis
la révolution industrielle en Europe apparue d’une manière
remarquable qui eut un impact profond sur les pouvoirs des
états. Les Musulmans restèrent inactifs et confus par cette
révolution, d’où l’équilibre des pouvoirs dans le monde
changea et l’État Islamique débuta progressivement sa
descente de la première place, jusqu’à ce qu’il devient
finalement l’objet convoité des cupides. Par conséquent, il
commença à évacuer les terres qu’il avait conquises et les
terres qui étaient auparavant sous son autorité. Les pays
impies commencèrent à lui usurper la terre de l’Islam
morceau par morceau, ce qui marqua le début du reflux et la
fin de la marée pour les Musulmans.
Depuis lors, les pays européens se concentrèrent sur le
retrait de l’État Islamique de la scène internationale et
sur le retrait complet de l’Islam des affaires de la vie et
des relations entre les peuples. En d’autres termes, ils
pensèrent à une nouvelle campagne de croisades. Cependant,
contrairement aux premières croisades, les nouvelles
croisades devaient être plus qu’une simple invasion
militaire pour vaincre les Musulmans et l’État Islamique.
Les nouvelles croisades furent plus horribles et eurent des
conséquences plus profondes. Elles furent conçus pour
déraciner l’État Islamique de manière à ne laisser aucune
trace de celui-ci et à ce qu’aucune racine ne puisse
repousser. Ils conçurent également pour déraciner l’Islam de
l’âme des Musulmans afin que rien ne puisse subsister sauf
une foule de rites cléricaux et les rituels spirituels.
Les complots des pays européens contre l’État Islamique
Malgré les divergences entre les mécréants sur la division
des terres des Musulmans, ils furent pleinement d’accord sur
l’idée de détruire l’Islam et ils suivirent plusieurs
méthodes à cet effet. Au départ, ils suscitèrent des
sentiments de nationalisme et d’indépendance dans les pays
européens. Ils incitèrent les gens contre l’État Islamique
et leur fournirent des armes et de l’argent pour se révolter
contre lui, comme ce fut le cas en Serbie et en Grèce. De
cette manière, les pays européens tentèrent de poignarder
l’État Islamique dans le dos. La France envahit l’Égypte et
l’occupa en juillet 1798, puis marcha sur la Palestine et
l’occupa. La France voulut occuper le reste d’ash-Sham afin
de porter le coup fatal à l’État Islamique, mais fut vaincue
et fut plus tard contrainte de quitter l’Égypte et de rendre
les terres de l’État Islamique qu’elle avait occupées.
La naissance des Wahhabi et la domination saoudienne
La Grande-Bretagne tenta par l’intermédiaire de son agent
‘Abd al-‘Aziz Ibn Muhammad Ibn Sa’oud de frapper
l’État Islamique de l’intérieur. Les Wahhabi réussirent
alors à établir une entité au sein de l’État Islamique,
dirigée par Muhammad Ibn Sa’oud et plus tard par son
fils Abd al-‘Aziz. La Grande-Bretagne leur fournit des armes
et de l’argent et ils agirent sur une base sectaire pour
s’emparer des terres islamiques qui étaient sous l’autorité
du Califat. Constamment alimentées et ravitaillées par les
Britanniques, ils prirent les armes contre le calife et
combattirent les forces armées islamiques (l’armée de l’émir
al-Mou'minin). Les Wahhabi voulurent s’emparer des terres
gouvernées par le calife afin de gouverner ces terres selon
leur Madhhab (école de pensée), et supprimer tous les autres
Madhha'ib islamiques qui différaient des leurs par la force.
Par conséquent, ils attaquèrent le Koweït et l’occupèrent en
1788, puis ils marchèrent vers le nord jusqu’à ce qu’ils
assiègent Bagdad. Ils voulurent s’emparer de Karbala et du
tombeau d’al-Hussein (qu’Allah l’agrée) pour le
détruire et en interdire la visite. Puis en 1803, ils
lancèrent une attaque contre La Mecque et l’occupèrent. Au
printemps 1804, Médine tomba sous leur contrôle. Ils
détruisirent les immenses dômes qui ombrageaient la tombe du
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et les
dépouillèrent de toutes les pierres précieuses et ornements
précieux. Ayant achevé leur capture de l’ensemble du Hijaz,
ils marchèrent vers la Syrie. Près de Hims en 1810,
ils attaquèrent Damas une seconde fois ainsi qu’an-Najaf.
Damas se défendit courageusement et glorieusement.
Cependant, en assiégeant Damas, les Wahhabi se déplacèrent
en même temps vers le nord et étendirent leur autorité sur
la plupart des terres syriennes jusqu’à Alep.
C’est un fait bien connu que cette campagne wahhabi fut
initiée par les Britanniques, car as-Sa’oud étaient un de
leurs agents. Ils exploitèrent le madhhab wahhabi, qui était
islamique et dont le fondateur était un moujtahid, dans des
activités politiques visant à combattre l’État Islamique et
à se heurter aux autres madhhab, afin d’inciter des guerres
sectaires avec l’État Ottoman. Malheureusement les adeptes
manipulés de ce madhhab n’étaient pas au courant du complot
contrairement à l’émir saoudien et les Saoudiens qui étaient
pleinement conscients. En effet, il n’y eut aucune relation
entre les Britanniques et Muhammad Ibn ‘Abd
al-Wahhab, mais entre les Britanniques et ‘Abd al-‘Aziz Ibn
Muhammad Ibn Sa’oud, puis avec son fils Sa’oud.
Lorsque les Wahhabi se rendront finalement compte de la
traitrise des Sa’oud, ils seront tous exécutés par
l’aviation britannique.
Avant de poursuivre, j’affirme que je n’ai rien contre le
Sheikh Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab et qu’Allah, à Lui
les Louanges et la Gloire, sait exactement ce que contient
le cœur de Ses serviteurs. J’évite donc de prononcer un
jugement sur l’affaire et je défends à chaque fois le Sheikh
contre ses détracteurs sur le fait que je n’existais pas à
l’époque et que je n’ai pas la science nécessaire qui me
permet de juger les autres. Allah est leur Maitre et Il est
Seul le Juge Suprême.
Allah Exalté dit de manière claire et nette : «
Voilà une génération
bel et bien révolue. A elle ce qu’elle a acquis, et à vous
ce que vous avez acquis. On ne vous demandera pas compte de
ce qu’ils faisaient. » Al-Baqarah 134
Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab qui était Hanbali,
fit l’ijtihad dans une foule d’affaires et estima que les
Musulmans qui suivaient d’autres madhhab partageaient son
opinion sur ces questions. Par conséquent, il se mit à
prêcher ses opinions, à les mettre en œuvre et à attaquer
férocement les autres opinions islamiques. Il fut confronté
à un barrage d’opposition et de rejet de la part des divers
érudits, émirs et personnalités éminentes, qui considéraient
que ses opinions différaient de ce qu’ils avaient compris du
livre d’Allah et de Son Messager (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam). Par exemple, il avait l’habitude de dire que
visiter la tombe du Messager Muhammad (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) était Haram et un péché. Il alla même
jusqu’à dire que quiconque partait en voyage pour visiter la
tombe du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam),
ne serait pas autorisé à abréger sa prière en voyageant, car
le but du voyage était de commettre un acte coupable,
faisant référence au Hadith dans lequel le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) at dit : «
Les voyages ne
devraient être effectués que vers trois mosquées : ma
Mosquée, la Mosquée Sacrée et la Mosquée al-Aqsa. »
Muhammad Ibn Abd al-Wahhab comprit de ce Hadith
que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
avait interdit de voyager ailleurs que dans les trois
mosquées. Par conséquent, si quelqu’un devait voyager pour
visiter la tombe du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam), il se rendait ailleurs que dans les trois mosquées,
par conséquent, ce serait haram et un péché. D’autres
madhhab considèrent la visite de la tombe du Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) comme étant la
Sounnah et une action Mandoub qui rapporte une récompense,
parce que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) a dit : « Je
vous avais interdit dans le passé de visiter les tombes,
mais vous pouvez maintenant leur rendre visite. »
De même, les adeptes d’autres Madhhab jugèrent ses opinions
fausses et contradictoires avec ce qu’ils avaient compris du
Livre et de la Sounnah. Bientôt, la différence entre lui et
eux s’intensifia et il fut banni du pays.
En 1740, il chercha refuge auprès de Muhammad Ibn
Sa’oud, le Sheikh de la tribu de ‘Anazah, qui était en
désaccord avec le Sheikh de ‘Ouyaynah et qui vivait à
ad-Dir’iyyah, qui n’était qu’à six heures de route de
‘Ouyaynah. Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab fut bien
accueilli et reçut avec hospitalité. Il commença à répandre
ses opinions et ses pensées parmi les gens d’al-Dir’iyyah et
des environs. Après un certain temps, ses pensées et ses
opinions gagnèrent des aides et des partisans. Muhammad
Ibn Sa’oud s’inclina vers ces pensées et opinions et
approcha le Sheikh.
En 1747, Muhammad Ibn Sa’oud déclara son approbation
et son acceptation des opinions et des pensées de Muhammad
Ibn ‘Abd al-Wahhab et lui promit également son soutien. Avec
cette alliance le mouvement wahhabite fut créé et il vit le
jour sous la forme d’une Da’wah et sous la forme d’une
règlementation et Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab fut
utilisé pour appeler et enseigner les gens à celle-ci,
tandis que Muhammad Ibn Sa’oud l’utilisa et
l’appliqua sur les personnes qui étaient sous son
commandement et son autorité.
Le mouvement wahhabite se répandit dans les régions et les
tribus voisines d’ad-Dir’iyyah. Le commandement de Muhammad
Ibn Sa’oud se répandit en même temps jusqu’à ce qu’il
réussisse en dix ans à soumettre une superficie de trente
milles carrés à son autorité et au nouveau Madhhab.
Cependant, ce fut une expansion réalisée grâce à la Da’wah
et à l’autorité du Sheikh de ‘Anazah. Personne ne le défia
et personne ne s’opposa à lui, même l’émir d’al-Ahsa
qui avait expulsé Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab de
‘Ouyaynah ne s’opposa pas à son ennemi dans cette expansion
et ne rassembla ses troupes qu’en 1757 pour le combattre.
Cependant, il fut vaincu, et Muhammad Ibn Sa’oud
saisit ses territoires. Par conséquent, l’autorité de
‘Anazah, représentée par l’autorité de Muhammad Ibn
Sa’oud et du nouveau Madhhab devenu l’autorité au pouvoir
d’ad-Dir’iyyah et ses environs, ainsi qu’al-Ahsa.
Cependant, à la suite de son affrontement avec l’émir d’al-Ahsa
et de la conquête de son dominion, le mouvement wahhabite
s’arrêta. On ne sait pas très bien s’il se développa
davantage ou poursuivit ses activités. Muhammad Ibn
Sa’oud tout comme le Madhhab s’arrêtèrent aux frontières de
cette zone et le mouvement se calma et stagna.
En 1765, Muhammad Ibn Sa’oud mourut et fut succédé
par son fils ‘Abd al-‘Aziz au royaume de ‘Anazah. Son fils
suivit les traces de son père et gouverna la zone sous son
contrôle. Cependant, il ne mena aucune activité pour le
mouvement, ni aucune expansion dans les zones environnantes.
Par conséquent, le mouvement resta léthargique. On
n’entendit presque plus parler de ce mouvement et aucun de
ses voisins ne le mentionna ni ne craignit son invasion.
Cependant, 41 ans après le début du mouvement wahhabite, de
1747 jusqu’à 1788, et 31 ans après son arrêt (de 1757 à
1787), son activité reprit soudainement. Le mouvement adopta
une nouvelle méthode pour diffuser le Madhhab et devint
largement et fortement médiatisé au-delà de ses frontières,
dans tout l’État Islamique ainsi qu’auprès des autres
puissances. Ce mouvement commença à inquiéter et inquiéta
ses voisins comme l’ensemble de l’État islamique.
En 1787, ‘Abd al-‘Aziz déménagea pour établir un siège de
pouvoir et adopter un système de règle héréditaire ou de
succession au trône, impliquant que ‘Abd al-‘Aziz confirmait
son fils Sa’oud comme son successeur. Une foule immense
dirigée par Sheikh Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab se
rassembla. ‘Abd al-‘Aziz s’adressa à celle-ci et déclara que
le droit de commandement était limité qu’à sa famille et que
le droit de lui succéder qu’à ses fils. Il déclara également
que son fils Sa’oud avait été confirmé comme son successeur
et cette immense foule fut d’accord avec lui et reconnut ses
déclarations. Un siège de pouvoir pour un état plutôt qu’une
tribu ou un ensemble de tribus fut donc été créé. Il semble
également et Allah Exalté est Plus Savant, que la succession
à la tête du Madhhab wahhabi se soit également limitée à la
famille de Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab. Une fois les
questions de succession à l’émir et à la tête du Madhhab
réglées, le mouvement reprit soudainement vie et reprit ses
conquêtes et ses expansions. Il recourut une fois de plus à
la guerre pour répandre le Madhhab.
En 1788, ‘Abd al-‘Aziz se lanca dans la préparation et
l’équipement d’un énorme raid militaire. Il attaqua le
Koweït, la conquit et le saisi. Les Britanniques avaient
pour leur part tenté d’ôter le Koweït à l’État Ottoman mais
avaient échoué du fait que d’autres états, comme
l’Allemagne, la Russie et la France s’y étaient opposés, et
parce que l’État Ottoman leur avait résisté. Par conséquent,
la séparation du Koweït de l’État Ottoman et l’avancée vers
le nord pour sa protection suffirent à captiver
l’imagination des grands états tels que la Russie,
l’Allemagne et la France, ainsi que l’État Ottoman. De plus,
les caractéristiques de cette guerre, sectaire, suscitaient
des émotions spirituelles.
De cette façon, les Wahhabi reprirent leurs activités
soudainement après une accalmie qui avait duré plusieurs
décennies. Ils reprirent ainsi leur activité à travers la
guerre et la conquête en attaquant le Koweït et en s’en
emparant ainsi que plusieurs tentatives d’expansion.
En conséquence, ils devinrent une source de préoccupation et
une nuisance pour leurs voisins de la Péninsule Arabique,
l’Irak, La Grande Syrie et l’État Ottoman en sa qualité
d’État du Califat. Ils brandirent l’épée pour combattre les
Musulmans, le Califat et conquirent les terres islamiques.
Puis en 1792, Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab mourut et
son fils lui succéda à son poste tout comme Sa’oud succéda à
son père ‘Abd al-‘Aziz. Les émirs saoudiens adoptèrent le
Madhhab Wahhabi comme un outil politique pour frapper l’État
Ottoman du Califat pour inciter à des guerres sectaires
entre Musulmans.
La conspiration britannique contre l’État Islamique
Le courtage et la loyauté d’as-Sa’oud envers les
Britanniques étaient une question bien connue de l’État
Ottoman et des grandes puissances telles que l’Allemagne, la
France et la Russie. On savait également qu’il était dirigé
par les Britanniques. Les Britanniques eux-mêmes ne
cachèrent jamais le fait qu’ils soutenaient les Saoudiens en
tant qu’état. De plus, les énormes arsenaux et équipements
qui les atteignaient via l’Inde et les finances pour couvrir
l’effort de guerre et équiper les forces armées n’étaient
que des armes et de l’argent britanniques. Par conséquent,
les autres pays européens, en particulier la France,
s’opposèrent à la campagne wahhabi car elle était considérée
comme une campagne britannique.
L’État Ottoman tenta de frapper les Wahhabi, mais en vain,
et ses walis à Médine et à Bagdad ne furent pas en mesure de
les freiner. En conséquence, il chargea Muhammad
‘Ali, son wali en Egypte, d’envoyer un groupe de travail
pour s’occuper d’eux. Muhammad ‘Ali hésita au début
car c’était un agent français, et c’est la France qui
l’avait aidé à organiser le coup d’état en Égypte, à
s’emparer du pouvoir et puis forcé les Ottomans à le
reconnaître. Ainsi, sur la base de l’accord et de
l’incitation de la France, Muhammad ‘Ali, non pas
pour faire plaisir aux Ottomans mais pour contrer
l’influence des britanniques au Moyen Orient, répondit aux
demandes du Sultan en 1811 et envoyé son fils Tosson
combattre les Wahhabi. Plusieurs batailles eurent lieu entre
l’armée égyptienne et les Wahhabi et l’armée égyptienne
réussit à conquérir Médine en 1812.
Puis en 1816, Muhammad ‘Ali envoya son fils Ibrahim
du Caire, qui écrasa les Wahhabi jusqu’à ce qu’ils se
retirent dans leur capital d’ad-Dir‘iyyah ou ils se
fortifièrent. Par la suite, Ibrahim les assiégea en avril
1818. Le siège se poursuivit tout au long de l’été jusqu’au
9 septembre 1818 lorsque les Wahhabi capitulèrent. Les
armées d’Ibrahim détruisirent ad-Dir’iyyah et la rasèrent au
sol. Il est rapporté qu’ils la labourèrent même pour qu’il
n’en reste aucune trace. Cela marqua la fin de la campagne
britannique.
La tentative de la France de frapper l’État Islamique
La France tenta ensuite de frapper l’État Islamique des
Ottomans dans le dos par l’intermédiaire de son agent Muhammad
‘Ali, le wali d’Égypte. La France le soutint ouvertement
internationalement et politiquement, et il affirma son
indépendance des Ottomans et leur déclara la guerre. Dans le
but de conquête, il marcha sur la Grande Syrie en 1831 et
occupa la Palestine, le Liban, la Syrie et commença à
s’infiltrer en Anatolie. Cependant, les Ottomans envoyèrent
une puissante armée pour le combattre.
La Grande-Bretagne, la Russie et deux des états allemands se
retournèrent contre Muhammad ‘Ali. En juillet 1840,
la Grande-Bretagne, la Russie et deux états allemands
organisèrent ce qui est devenu connu sous le nom d
‘«Alliance quadrilatérale», selon laquelle ces ils
s’engageraient à défendre l’unité de l’État Ottoman et
obliger Muhammad ‘Ali, par la force si nécessaire, à
rendre la Syrie. Cette prise de position des pays européens
tourna la situation internationale en faveur des Ottomans.
Cela les aida à résister à Muhammad ‘Ali et à le
chasser de la Syrie, de la Palestine et du Liban. Muhammad
‘Ali retourna en Egypte et accepta d’être un wali sous
l’autorité des Ottomans. Cependant, comment faire confiance
à un traitre ?
L’éveil du chauvinisme nationaliste et des tendances séparatistes
Les tentatives des pays européens, en particulier la
Grande-Bretagne, la France et la Russie, de d’anéantir
définitivement l’État Califal des Ottomans se poursuivirent.
Cependant, leurs tentatives visaient principalement à
frapper l’état dans le dos, par le biais de guerres
organisées, d’armées et de batailles mais elles échouèrent.
Cet échec n’était pas exclusivement dû aux capacités
défensives des Ottomans mais principalement à la situation
internationale et aux divergences sur le partage du butin
(les terres islamiques du califat) entre ces états.
Quant aux tentatives entreprises en Europe par les états
européens, principalement en Serbie, en Hongrie, en
Bulgarie, en Grèce et d’autres, elles furent couronnées de
succès parce que les pays européens agirent en incitant le
chauvinisme nationaliste et les tendances séparatistes
qu’ils appelaient « indépendance. » Ainsi, les pays
européens adoptèrent ce style (incitation au chauvinisme
nationaliste et aux tendances séparatistes) dans toutes les
terres ombragées par la bannière de l’Islam et gouvernées
par le calife des Musulmans. Ils concentrèrent
spécifiquement leur travail sur les Arabes et les Turcs. Les
ambassades britannique et française à Istanbul et celles des
principales régions des terres islamiques lancèrent cette
nouvelle vague de division. Leur travail fut
particulièrement notable principalement à Bagdad, Damas,
Beyrouth, Le Caire et Jeddah. Deux centres principaux furent
créés pour mener à bien cette mission :
Istanbul, pour frapper l’État Ottoman dans son centre
principal, et Beyrouth, pour le frapper dans les provinces,
notamment dans les pays habités par des Musulmans
arabophones.
Le rôle du centre de Beyrouth dans la lutte contre les Ottomans
Quant au centre de Beyrouth, il fut créé comme un centre de
la mécréance pour frapper l’Islam et l’État Islamique et son
plan était conçu pour fonctionner sur une base à long terme
qui donnerait des résultats d’une grande portée. Quant au
centre d’Istanbul, un plan à court terme fut conçu pour lui,
de sorte qu’il donna des résultats rapides mais aussi de
lourdes conséquences. Par conséquent, le centre de Beyrouth
fut utilisé comme un poison mortel, qui convertit des
milliers de fils musulmans en mécréants et transforma les
relations islamiques en général en relations conduites selon
les règles de la mécréance. En effet, l’effet du centre qui
frappa l’État Islamique lors de son affrontement avec les
mécréants pendant la Première Guerre Mondiale fut
dévastateur.
Les mécréants occidentaux commencèrent leurs activités
politiques à Beyrouth immédiatement après le retrait
d’Ibrahim Basha de Grande Syrie. En 1842, un comité fut
formé dans le but de créer une association scientifique sous
les auspices de la mission américaine et selon son
programme. Le comité procéda selon son programme pendant
cinq ans, jusqu’à ce qu’il parvienne en 1847 à créer une
association connue sous le nom d’Association des Sciences et
des Arts (toujours des noms trompeurs). Cette association
était dirigée par deux collaborateurs chrétiens, connus
comme les plus dangereux des collaborateurs britanniques :
Boutros al-Boustani et Nassif al-Yaziji, soutenus par
Churchill parmi les Britannique ainsi qu’Eli Smith et
Cornilos Van Dick.
Les objectifs de l’association étaient au départ vagues,
elle donnait cependant l’impression qu’elle visait à
diffuser diverses sciences parmi les adultes, comme le
feraient les écoles avec les enfants, et à motiver les
adultes, tout comme les enfants seraient motivés, à se
cultiver avec la culture et la pensée occidentale en les
orientant vers une direction spécifique. Cependant, malgré
l’activité des travailleurs de l’association et leurs
efforts considérables, sur une période de deux ans, seuls
cinquante membres actifs dans l’ensemble de la Grande Syrie
y adhérèrent. La plupart étaient Chrétiens et de Beyrouth et
personne parmi les Musulmans ne rejoignit l’association.
Ainsi, une autre association fut créée en 1850 sous le nom
d’Association Occidentale. Il fut établi par les jésuites,
sous la tutelle du père jésuite français Henri Debrenier, et
tous ses membres étaient Chrétiens.
En 1857, une autre association fut créée. Cette association
adopta cependant un nouveau style et offrit son adhésion
exclusive qu’aux Arabes et aucun étranger ne fut autorisé à
adhérer ; les fondateurs étaient également des Arabes. Par
conséquent, ils réussirent à persuader certains Musulmans et
certains Druzes de se joindre à eux en leur qualité
d’Arabes. Un grand nombre les rejoignirent et ils
atteignirent 150 membres. Parmi son conseil
d’administration se trouvaient des personnalités « éminentes
» telles que Muhammad Arsalan des Druzes, Hussein
Bayham des Musulmans, Ibrahim al-Yaziji et le fils de
Boutros al-Boustani des Chrétiens arabes. Ce sont ces deux
derniers qui adoptèrent l’idée et s’efforcèrent d’y
travailler. Le succès de l’association encouragea les
mécréants à adopter une approche directe en incitant au
chauvinisme nationaliste et aux tendances à l’indépendance
sans avoir à recourir au stratagème de diffusion de la
science et, à travailler de manière ouverte et non par
intrigue et tromperie.
En 1875, l‘Association Secrète fut créée à Beyrouth par cinq
jeunes hommes parmi les diplômés du Collège Protestant de
Beyrouth. Ils étaient tous Chrétiens et ils réussirent à
rassembler un petit nombre de personnes. L’association
entreprit de se concentrer sur une idée politique. Elle fut
établie en tant que parti politique et construit sur la base
du nationalisme arabe. Cette association est considérée
comme le premier parti politique à s’être établi dans les
terres islamiques sur la base du nationalisme arabe.
L’association faisait appel aux Arabes, à l’arabisme et au
nationalisme. Il incitait à la haine contre l’État Ottoman
et l’appelait l’État Turc. Elle travailla à séparer la
religion de l’état, à établir le nationalisme arabe comme
base de l’unité et à faire évoluer la loyauté des Musulmans
du Dogme Islamique vers une appartenance exclusive au
nationalisme arabe. Ce parti avait l’habitude de publier des
tracts et de les distribuer en secret. Certains de ses
tracts avaient l’habitude d’accuser la Turquie, selon eux,
d’avoir usurpé le Califat aux Arabes, violé la noble
Shari’ah Islamique et abusé de la Religion, malgré le fait
que ceux qui supervisaient et dirigeaient les affaires de
l’association étaient tous des Chrétiens qui nourrissaient
la haine contre l’Islam. Les mouvements nationalistes
commencèrent à se répandre et le chauvinisme nationaliste se
propagea. Cependant, les activités des pays européens au
centre de Beyrouth furent conçues pour recruter des espions
et mener des activités visant à détruire les pensées et les
âmes. Par conséquent, le statut politique de cette
association était rétrograde, bien que ses effets aient été
intellectuellement dévastateurs.
Le rôle du Centre d’Istanbul dans la lutte contre le Califat
Quant au centre d’Istanbul, il fut utilisé par les mécréants
occidentaux pour frapper l’État Islamique dans la capitale
et pour frapper les responsables de l’état. Les impies
entreprirent plusieurs actions, dont la plus importante et
la plus dévastatrice fut la création des « Jeunes Turcs »,
dont le pseudonyme était « Union & Progrès. ». Les mécréants
utilisent toujours des noms pompeux et trompeurs pour leurs
activités maléfiques. Le Comité fut d’abord établi à Paris
par la jeunesse turque qui avait été saturée par les pensées
françaises et profondément cultivés sur la Révolution
Française. Il fut établi en tant que comité révolutionnaire
secret. Le chef de ce groupe révolutionnaire était Ahmed
Reda Bek. Il était une personnalité éminente parmi les gens
et son idée était d’importer la culture occidentale dans son
pays d’origine, la Turquie. Le Comité créa d’autres antennes
à Berlin, Slanik et Istanbul.
Le centre parisien était méticuleusement organisé, son
programme était radical et les moyens de publicité sur
lesquels il s’appuyait étaient solides. Le comité publia un
bulletin d’information intitulé « Les Nouvelles. » Il était
introduit clandestinement à Istanbul avec le courrier
européen et pris en charge par un groupe de Turcs qui
promirent de le distribuer secrètement. L’association publia
également des tracts politiques qui furent passés en
contrebande de la même manière. Quant à la branche
berlinoise, elle était formée de modérés, d’anciens
ministres d’état, d’anciens hauts fonctionnaires et de
politiciens habiles. Ils appelèrent à des réformes et à
l’organisation des affaires de l’état selon le système au
pouvoir allemand. Ils suggérèrent d’unir les nombreux
groupes de personnes à partir desquels l’Empire Ottoman
avait été formé et d’établir parmi eux quelque chose qui
s’apparentait à la fédération allemande.
Quant à la branche de Slanik, l’écrasante majorité de ses
membres appartenait à des officiers instruits qui avaient
une forte influence au sein de l’armée et ils se préparèrent
à la révolution. Certains Sheikhs les rejoignirent,
augmentant encore leur force. Ils furent également rejoints
par des fonctionnaires subalternes, tels que Talât, qui
devint plus tard Premier Ministre. Cependant, ils étaient
gouvernés et contrôlés par le centre de Paris dont ils ne
violèrent jamais l’opinion. Le centre de Paris les guidait
avec un dévouement total vers les opinions et les théories
occidentales et suscitait en eux des inclinations à la
lutte.
Les loges maçonniques, en particulier la plus grande loge
italienne de Slanik, accueillaient les activités de cette
association et défendaient leur cause d’un point de vue
littéral. Les réunions avaient lieu dans les chambres des
loges maçonniques où il était impossible pour les espions
d’accéder, peu importe leurs efforts. De nombreux membres de
ces loges étaient affiliés à l’Union et le Progrès. Le
Comité réussit par ce moyen à accroître ses membres et à
renforcer son influence, grâce à l’aide qu’il recevait. De
plus, les membres de l’Union et du Progrès bénéficiaient des
styles maçonniques pour établir une liaison avec Istanbul et
même se rapprocher du Palais lui-même.
Les Jeune Turcs ou Comité d’Union et de Progrès tint
rapidement des réunions secrètes et se prépara à la
révolution. Il suivit cette tendance jusqu’en 1908, date à
laquelle il organisa un coup d’état et pris le pouvoir. Sa
force devint manifeste et l’Europe exprima son approbation
du Comité. En automne 1908, et peu avant l’ouverture du
parlement, les membres de la branche de Slanik tinrent une
conférence. Cela fut considéré comme son premier exercice de
flexion musculaire. Le chef du parti à l’époque était son
fondateur parisien Ahmed Reda Bek. Il prononça un
discours devant les délégués dans lequel il exprima sa joie
et se vanta du succès du parti. Il confirma également que
les pays européens avaient exprimé leur bonne volonté envers
le mouvement nationaliste et exprimé leur satisfaction quant
au statu quo du pays.
À cette époque, à l’automne 1908, la Grande-Bretagne nomma
un nouvel ambassadeur à Istanbul, Gerald Luther. Arrivé à
Istanbul, un groupe du Comité de l’Union et du Progrès
l’accueilli si chaleureusement, qu’ils enlevèrent les
chevaux de son char et le tirèrent eux-mêmes. Tout cela fut
inspiré par le Comité d’Union et de Progrès et de sa propre
initiative. La fascination des hommes du Comité pour les
pensées occidentales embellies atteignit le point où ils
n’étaient plus conscients de la contradiction de ces pensées
avec la réalité de l’état qu’ils gouvernaient, en plus de
leur incapacité à percevoir leur contradiction avec l’Islam.
L’ampleur de leur imprudence et de leur manque de vision
attira l’attention des Européens sur leur ignorance, jusqu’à
ce qu’un des diplomates travaillant à Istanbul à l’époque
dise à leur sujet : « Ils font souvent le deuxième pas avant
le premier. » Les militants de l’Union et du Progrès se
précipitèrent pour céder les rênes du gouvernement à ceux
qui connaissaient les lois occidentales et les pensées
occidentales, et ils prirent finalement le dessus au sein du
parti des jeunes turcs.
Lorsqu’ils réalisèrent que contrôler l’armée conduisait à
contrôler l’ensemble du pouvoir, ils s’efforcèrent de
procéder à de nouvelles nominations sur la base d’une
politique de parti. Par conséquent, tous les officiers
devinrent membres du parti plutôt que des experts ou des
militaires. Ils introduisirent également une législation
stipulant qu’en vertu de la loi, tout citoyen de l’État
Ottoman avait droit aux mêmes droits que ceux dont jouissent
les Turcs et devait remplir les mêmes obligations.
Ce Comité prit le contrôle total de tout l’état, de son
présent et de son avenir et l’idée que l’occident avait
adoptée de frapper l’état et de détruire le Califat se
concrétisa. Cette idée arriva au pouvoir grâce aux membres
du parti au pouvoir et à ses partisans qui non seulement
jugeaient que l’Islam était inadapté à cette époque, ils
estimaient plutôt que la pertinence dans son ensemble,
résidait dans les pensées occidentales et la culture
occidentale. Ils considéraient également que la préservation
du nationalisme turc faisait partie de leurs principales
activités en tant que parti, au point que leur loyauté au
nationalisme turc passait au-dessus de toute autre loyauté.
Par conséquent, ils s’en vantaient et y consacraient leur
attention, dans la mesure où ils considéraient la Turquie
comme meilleure que le reste des pays islamiques et le Turc
meilleur que le reste des Musulmans.
Par conséquent, la fondation des Jeunes Turcs ou du parti de
l’Union et du Progrès fut l’un des actes les plus horribles
perpétrés par l’Occident dans sa tentative de frapper l’État
Islamique et l’Islam. Les résultats d’un tel mouvement
furent rapides, car à peine le parti prit-il les rênes du
pouvoir que la pioche de la destruction commença à
travailler sur le corps de l’état et à creuser entre ses
sujets un fossé sur lequel un pont ne pouvait pas être
élevé. Il en est ainsi parce que le nationalisme est la
chose la plus nuisible qui divise les gens et génère entre
eux l’animosité, la haine et la guerre tout comme le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
nous a mis en garde contre lui. Bien que
l’affiliation au Comité était ouverte à tous les citoyens de
l’état, c’est la politique nationaliste des unionistes au
sein de l’état qui évoque l’idée nationaliste chez les
éléments ottomans. Par conséquent, les Albanais d’Astana
fondèrent leur propre comité, bientôt suivi par les
Circassiens et les Kurdes. Les Romains et les Arméniens
avaient établi dans le passé des comités organisés secrets,
ainsi ils furent légalisés.
Les Arabes, pour leur part, créèrent le Comité de la
Fraternité Arabo-Ottomane à Astana et ils ouvrirent le club
du Comité sous le même nom. Cependant, le Comité d’Union et
de Progrès était chauvin, en particulier envers les Arabes,
car ils permettaient à toutes les nationalités d’établir des
groupes ethniques, mais ils commençaient en même temps à
s’opposer à tous les comités arabes. Ainsi, ils révoquèrent
le Comité arabe et fermèrent son club par décret
gouvernemental. Ils menèrent également une politique de
discrimination ethnique au sein des forces armées. Ils
convoquèrent tous les officiers arabes de leurs terres
respectives à Istanbul et les empêchèrent de rejoindre la
mission académique des officiers en Allemagne. Ils
décidèrent d’empêcher les membres arabes de l’Union et du
Progrès de rejoindre le Comité Central de ce Comité. Ce
comité était ouvert à tous les citoyens de l’État Ottoman,
sans discrimination entre un Turc, un Arabe, un Albanais ou
un Circassien. Cependant, lorsque ce parti s’empara du
pouvoir et que les Turcs jouirent de la majeure partie de
l’influence, ils agirent de cette manière despotique et
exclurent les Arabes au sein de ce Comité des postes
sensibles tout comme leur maitres occidentaux leurs
suggérèrent. Ils entreprirent également de transformer le
Comité en un Comité exclusivement turc. Cela fut suivi par
de nombreuses mesures mises en œuvre dans certains
départements gouvernementaux, telles que le retrait du
Ministère des Awqaf du ministre arabe et sa remise à un
ministre turc, et comme la nomination délibérée de Turcs aux
postes des ministères des affaires étrangères et des
affaires intérieures. Également le détachement délibéré de
walis turcs dans les provinces arabes, choisis parmi des
personnes ne parlant pas l’arabe.
Puis ils couronnèrent cela en adoptant la langue turque
comme langue officielle, au point où ils enseignèrent la
grammaire arabe et l’inflexion en turc. Leur mépris de la
langue arabe était tel que l’ambassadeur de l’État Ottoman à
Washington publia un communiqué en 1909 dans lequel il
interdisait aux Ottomans vivant en Amérique de s’adresser à
l’ambassade dans une autre langue que le turc, malgré sa
pleine connaissance du fait que les sujets de l’état en
Amérique, pas moins d’un demi-million, ne parlait turc.
(Dire qu’ils essaient d’appliquer ces mêmes méthodes entre
les Berbères et les Arabes et de monter les pauvres tribus
africaines, les unes contre les autres. Cela ne leur a pas
suffi de les dépouiller de tous leurs biens, ils voudraient
les exterminer !)
Ce racisme entre Arabes et Turcs devint manifestement
endémique parmi les forces armées. Les officiers turcs
affiliés à l’Union et le Progrès prirent l’habitude
d’afficher ce racisme dans leur conduite et en matière de
promotions et d’accession aux postes militaires de haut
rang. Les officiers arabes exprimèrent leur colère mais
n’ont jamais douté de leur obligation de rester fidèles à
l’état, car le point en litige n’était pas une question
d’union entre Arabes et Turcs, c’était plutôt une question
d’une Oummah Islamique et d’un Califat à Istanbul dont
l’obéissance qu’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire,
commande et dont la désobéissance Il, à Lui les Louanges et
la Gloire, interdit ; le Musulman est le frère d’un autre
Musulman, il ne le rabaisse ni ne lui fait du tort. Par
conséquent, certains officiers arabes furent touchés par ce
statu quo et, à la fin de 1909, ils demandèrent une réunion
avec des personnalités influentes au sein du Comité de
l’Union et du Progrès. Ces derniers acceptèrent et ils
tinrent une longue réunion à Istanbul. Ils discutèrent des
mesures à prendre pour régler une fois pour toutes ce
différend entre Arabes et Turcs. La réunion était sur le
point de restaurer l’unité, de rejeter le racisme et de se
rallier autour du seul Dogme Islamique, mais une partie de
la jeunesse turque, à qui le nationalisme turc, préconisé
par le mécréant de Paris, avait pris le pas sur le Dogme
Islamique, comme Ahmed Agha Bek et Youssouf Aqshourah
Bek entre autres, trouvèrent trop douloureux d’abandonner
leur nationalisme et de vouer leur loyauté à l’Islam seul.
Par conséquent, ils intervinrent et s’en prirent aux Arabes
avec des mots durs et glorifièrent les Turcs. En
conséquence, la réunion se termina et la situation s’aggrava
par rapport à ce qu’elle était avant le début.
Le Comité continua à poursuivre sa politique de racisme et,
lorsque les Turcs prirent le dessus, ils entreprirent de
modifier le programme du Comité pour en faire une affaire
exclusivement turque. Cet amendement déclencha la démission
de tous les Arabes, les Albanais et les Arméniens ainsi que
les Turcs pour qui le Dogme Islamique plutôt que leur
nationalité restait la base. |