Le Vingt-septième Sultan Ottoman
Règne : 1188 – 1203 (1774-1789)
Titres honorifiques et pseudonymes
: Ghazi (Guerrier de la Foi) et Veli (Ami de Dieu).
Nom du Père
: Ahmed III.
Nom de la Mère
: Sultan Rabi’a Sermi.
Lieu et date de naissance
: Istanbul. Le 5 Rajab 1737 (20 mars 1725).
Âge à l’accession au trône
: 49 ans.
Cause et date du décès
: Angoisse. Le 12 Rajab 1203 (7 avril 1789).
Lieu de décès et de sépulture
: Istanbul. Il fut enterré dans une tombe sous son nom à
Bahcekapi, Istanbul.
Héritiers
: Mustafa IV Mahmoud II, Mourad, Nousrat, Muhammad,
Ahmed et Souleyman.
Héritières
: Asma, Amina, Rabi’a, Saliha, ‘Alim Shah, Dourrou
Sehvar, Fatima, Malik Shah, et Hibatoullah Zakiyyah.
Le Sultan ‘Abd al-Hamid Ier remplaça son défunt frère aîné à
l’âge de quarante-neuf ans alors que l’Empire Ottoman
subissait de nombreux problèmes. Lorsque l’Empire Ottoman
avait cruellement besoin d’un Sultan compétent, il était
inopportun tant pour l’Empire que pour le Sultan qu’il soit
si inexpérimenté dans la direction du gouvernement lorsqu’il
en assumait la souveraineté.
Le plus grand défi auquel ‘Abd al-Hamid I fut
confronté au début fut la guerre russe-ottomane qui éclata
sous le règne de son frère Mustafa Ill et qui durait depuis
cinq ans. Il tenta de libérer la Valachie et la Moldavie de
l’invasion, ce qui, selon lui, aiderait également à se
permettre un Traité lucratif avec les Russes. L’armée
ottomane, cependant, fut vaincue près de Kozlica et Shumen.
Ainsi, au cours du sixième mois seulement de son règne, le
Sultan fut forcé d’accepter les termes d’une trêve que les
Russes dicteraient. Le 12 Joumadah al-Oula 1188 (21 juillet
1774), les Russes et les Ottomans signèrent le Traité de
Kaynarca Kuguk, l’un des plus encombrants que les Ottomans
aient jamais accepté. Ce traité stipulait que les Ottomans
accepteraient l’indépendance nominale de la Crimée ; dans
cette veine, les Ottomans perdirent leur premier territoire
à majorité musulmane. En particulier, les Ottomans perdirent
la région de Kabardino et, surtout, Azov. De plus, les
Russes établirent un protectorat sur les Chrétiens
orthodoxes ottomans, qu’ils utiliseraient pour interférer
avec les affaires intérieures ottomanes. Ils bénéficiaient
de la libre circulation dans les Détroits ainsi que de
privilèges commerciaux identiques à ceux accordés auparavant
aux Français et aux Britanniques.
Les Ottomans, en particulier le Sultan ‘Abd al-Hamid
I er, déplorèrent le simple fait qu’ils aient perdu la
Crimée, la terre qui ressemblait aux Turcs après 1500 ans de
présence. À la suite du traité de Kaynarca Kuguk, le Sultan
réprima plusieurs révoltes en Méditerranée, en Syrie, au
Maroc et en Egypte, le tout avec le soutien de l’amiral
ottoman général Gazi Hassan Bacha et d’Ahmed
Jazzar Bacha. Il mit également fin aux troubles que les
marines ottomanes avaient causés en Anatolie. C’est pendant
cette période aussi que le Wahhabisme[1]
sounnite se répandit dans la péninsule arabique et que ‘Abd
al-‘Aziz Ibn Sa’oud, l’émir du Najd, prit possession de
l’Arabie centrale.
La région de Crimée fut détachée du domaine ottoman sur la
base de la clause du Traité de Kaynarca Kuguk selon laquelle
la Crimée serait autonome cependant, les Russes attendirent
des opportunités pour la capturer. Le moment semblait venu
pour les Russes lorsque les troubles dans la Péninsule
Arabique s’avérèrent trop accablants pour être traités
rapidement. Lorsque Catherine II de Russie tenta de faire de
Shahin Giray le nouveau Khan de Crimée, les Criméens
demandèrent de l’aide aux Ottomans, avec lesquels ils
étaient liés sur la base de l’Islam. Le Sultan savait trop
bien que les Russes cherchaient des moyens d’envahir la
Crimée et il donna l’ordre de préparer l’armée en cas d’une
éventuelle invasion russe de la Crimée. Sur les réactions
des populations locales, Shahin Giray voulut cette fois que
Salim Giray III soit le nouveau Khan. Alors que le désaccord
diplomatique en cours était sur le point de se transformer
en une grande guerre russe-ottomane, la France intervint et
négocia avec les parties belligérantes ; finalement, les
parties se réunirent dans le Palais Aynalikavak pour la
Convention Aynalikavak à Istanbul en 1193 (1779). La
Convention conclut que la Crimée resterait indépendante, la
Russie retirerait ses forces de la région de Crimée et les
Ottomans approuveraient Shahin Giray comme le nouveau Khan
de Crimée. En outre, des droits plus libéraux seraient
accordés aux Ottomans chrétiens.
La Convention d’Aynalikavak renforça le rôle tutélaire de la
Russie non seulement en Crimée, mais également pour tous les
Chrétiens orthodoxes des Balkans. Farouchement opposé à la
diplomatie russe en Crimée, le Sultan ‘Abd al-Hamid I
voulut être plus efficace dans le sud du Caucase et en
pratique, les forts de Sogucak et d’Anapa furent fortifiés.
‘Ali Bacha, le connétable du fort de Sogucak, établit des
relations avec les tribus circassiennes, et les Ottomans
développèrent des relations avec les Daghestanais. En outre,
le Sultan ‘Abd al-Hamid I correspondit avec
Aboul-Ghazi Sayyid Muhammad Bahadir Khan, le
dirigeant de Boukhara. Il écrivit à Bahadir Khan un certain
nombre de lettres demandant son aide lorsque les Ottomans
marchèrent sur la Russie pour libérer la Crimée.
Pendant ce temps, le nouveau Khan de Crimée, Shahin Giray,
utilisa son soutien russe pour entreprendre des réformes
euro-centriques. Les Criméens se révoltèrent et Shahin Giray
dû fuir la Crimée. Lorsque cela se produisit, le maréchal
russe Potemkine se précipita en Crimée et tua cruellement
près de trente mille Musulmans Criméens puis rétablit Shahin
Giray en tant que Khan. La plupart des Musulmans restants
abandonnèrent la Crimée et Shahin Giray repeupla la ville
avec des immigrants russes. Potemkine retourna en Crimée
après un court moment pour l’annexer cette fois le 15 Safar
1198 (9 janvier 1784). L’Empire Ottoman n’était pas équipé
pour combattre la Russie et ainsi l’invasion de la Crimée
par la Russie fut acceptée, bien qu’à contrecœur.
Après plusieurs années sans guerres, la Russie et l’Autriche
se retrouvèrent à Saint-Pétersbourg pour discuter du partage
des terres ottomanes. Plus tard, les Russes agitèrent les
Beys mamelouks circassiens (esclaves) pour se révolter
contre l’autorité ottomane. À ce stade, l’Empire Ottoman
lança d’abord un ultimatum à la Russie, puis déclara la
guerre. Un autre objectif principal de la guerre était de
ramener la Crimée dans le domaine ottoman. Les Ottomans
durent se battre contre la Russie sur un front et contre
l’Autriche, alliée de la Russie, sur un autre. Bien que les
forces ottomanes aient gagné contre les Autrichiens, l’armée
russe vainquit finalement les Ottomans. L’état de santé du
Sultan s’aggrava continuellement pendant les guerres. La
prise d’Ochakiv, le fort le long du Dniestr, par les Russes
affecta profondément le Sultan et le paralysa. Finalement,
le Sultan ‘Abd al-Hamid I décéda dans la Chambre
Privée du Palais de Topkapi le 11 Rajab 1203 (7 avril 1789).
Les chroniques soulignent qu’‘Abd al-Hamid I était un
homme compatissant, de bonne nature et sincère. ‘Abd al-Hamid
I dû faire face à des problèmes sans fin tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur de son empire. Au cours de son règne,
diverses réformes militaires furent mises en pratique. Les
réformes visaient principalement à moderniser et à élever
les corps de bombardier, d’artillerie, de janissaires ainsi
que la marine impériale. Dans les affaires étrangères, le
Sultan ‘Abd al-Hamid I établit des relations étroites
avec le Khanat Ouzbek et les états musulmans du Maroc et
d’Inde.
Le Sultan ‘Abd al-Hamid I fit construire un bâtiment
composé d’une maison d’aumône, d’une école pour enfants,
d’un collège et d’une bibliothèque de recherche à Sirkeci,
Istanbul. Les livres survivants du règne de ‘Abd al-Hamid
Ier se trouvent aujourd’hui à la bibliothèque de
Souleymaniye. Au nom de sa mère Sultan Rabi’a, le Sultan
érigea une mosquée le long du bord de mer de Beylerbeyi,
ainsi que de nombreuses fontaines d’eau à travers Istanbul,
en particulier à Beylerbeyi et Qamlica du côté anatolien de
la ville. C’est lui qui ordonna la création de la Chambre
Privée, qui finit par être appelée par son nom, ainsi que
des appartements impériaux de Mabeyn (lieu intermédiaire)
car ils étaient situés entre les quartiers d’habitation et
les zones officielles du Palais.
Le Sultan entreprit les réparations du puits de Zamzam et
des voies navigables à La Mecque. Les Maqams (stations) du
Prophète Ibrahim (‘aleyhi salam) et de l’Imam Shafi’i (rahmatoullah
‘aleyhi) subirent tous deux un entretien complet tandis que
les deux tours de La Mecque, qui s’étaient usées avec le
temps, furent reconstruites. Fervent généreux de la science
et de la connaissance, le Sultan ‘Abd al-Hamid I
ouvrit une bibliothèque à Médine et expédia d’Istanbul 1669
unités de manuscrits pour une utilisation dans la
bibliothèque nouvellement ouverte de Médine. Il ordonna la
construction de la forteresse d’Ajyad (qui se tint jusqu’en
2001) sur une colline surplombant la Grande Mosquée dans le
but de la protéger des envahisseurs. Puisse Allah Exalté lui
faire miséricorde.
Le Vingt-huitième Sultan Ottoman
Règne : 1203 - 1222 (1789-1807)
Titres honorifiques et pseudonymes
: Jihandar, Ghazi, Halim et Ilhami.
Nom du Père
: Mustafa III.
Nom de la Mère
: Mihrishah Valide Sultan.
Lieu et date de naissance
: Istanbul. Le 27 Joumadah al-Oula 1175 (24 décembre 1761).
Âge à l’accession au trône
: 28 ans.
Cause et date du décès
: Assassinat. Le 4 Joumadah ath-Thani 1223 (28 juillet
1808).
Lieu de décès et de sépulture
: Istanbul. Il fut enterré dans le tombeau de Mustafa III à
Laleli, Istanbul.
La dynastie ottomane ne reproduisit aucun héritier après
1725 ; par conséquent, la naissance du Sultan Salim III
devint l’occasion pour un grand gala. Salim III avait 13 ans
lorsque son père décéda. Salim reçut une éducation
impressionnante en partie parce que son oncle paternel ‘Abd
al-Hamid I lui permit de grandir dans un
environnement libéral. Il était au courant de l’actualité
mondiale et avait un esprit novateur. Son ascension sur le
trône à un âge jeune mais mature, contrairement à ses
prédécesseurs, apportera des changements radicaux dans le
sort de l’Empire Ottoman.
Les guerres avec la Russie et l’Autriche étaient encore en
cours dans les premières années de son règne. Le Sultan
Salim III mena un certain nombre de campagnes de collecte de
fonds pour faire face aux dépenses de l’armée en guerre sur
deux fronts. La Suède s’allia à l’Empire Ottoman et fit la
guerre à la Russie. Cependant, les nouvelles des fronts de
pertes territoriales de plus en plus nombreuses étaient
décevantes. Tandis que la Russie s’emparait de Tighina sur
la rive orientale du Dniestr, Kilia et Akkerman, l’Autriche
prit possession de Bucarest et de Belgrade.
Il est rapporté que le Sultan Salim III, affligé par de
vastes pertes territoriales, rendit visite au tombeau du
Sultan Ayyoub ou il récita de longues prières. Pendant cette
période, la Prusse s’allia à l’Empire Ottoman et mobilisa
une partie de ses forces à sa frontière autrichienne.
L’Autriche craignait que les idées de la Révolution
Française ne se répandent dans le pays et pour cette raison,
elle abolit l’alliance avec la Russie et signa le Traité de
Svishtov avec les Ottomans en 1205 (1791). Le Traité
stipulait que l’Autriche rendrait les territoires annexés
aux Ottomans pendant la guerre.
La Russie continua la guerre pendant un certain temps.
Cependant, quelque chose d’inattendu se produisit. Pour la
première fois de son histoire, les commandants ottomans en
guerre écrivirent une pétition au Sultan et lui demandèrent
de mettre fin à la guerre en cours, un acte révélateur des
problèmes au sein de la chaîne de commandement de l’armée
qui s’étaient dégradée et devenus arrogants pendant que
l’armée elle-même exposé à une mauvaise administration. Au
moment où la Révolution Française avait des ramifications de
grande portée dans toute l’Europe et que la Suède s’était
liée avec l’Empire Ottoman, une administration efficace de
l’armée promettrait des victoires définitives. Cependant, le
Sultan Salim III résolut de signer avec les Russes le Traité
de Jassy en 1206 (1792) et perdit un peu plus de terres. Le
Dniestr traça la nouvelle frontière entre l’Empire Ottoman
et la Russie. La conséquence la plus importante du Traité
fut que les Ottomans en vinrent à comprendre qu’il n’y avait
aucun moyen de récupérer la Crimée. Les guerres menées par
les Ottomans pour récupérer la Crimée ne donnèrent aucun
résultat positif, seulement plus de pertes territoriales.
Après quatre années consécutives de combats, le Sultan salua
le retour de son armée à Davut Basha.
Les deux problèmes principaux au cours de cette période
tournaient autour de la tourmente politique et sociale en
Anatolie et de la vague croissante de migration vers
Istanbul. Répondant à la pression des notables locaux, de
nombreux paysans abandonnèrent leurs terres et se rendirent
à Istanbul, la capitale où ils provoquèrent des troubles
civiques, une pénurie alimentaire et contribuèrent à la
montée de l’inflation.
Le Sultan Salim III était très préoccupé par les nombreux
problèmes qui sévissaient dans la capitale et se lanca donc
dans une série de réformes lorsque le cours des événements
ne s’améliorait pas. Conscient que l’Empire Ottoman était
loin derrière l’Europe du point de vue économique et
militaire, le Sultan reçut des idées des hommes d’état avant
de lancer ses réformes. En particulier, un comité de
collaboration dirigé par Abou Bakr Ratip Efendi,
l’ambassadeur ottoman à Paris, Bertranaud de France et
D’Ohsson de Suède rédigèrent un rapport complet de 72
articles sur l’application des réformes et les méthodes de
traitement des problèmes dans la capitale.
En réponse au fait évident que l’armée ottomane avait subi
défaite après défaite, le Sultan créa un petit corps de
nouvelles troupes appelé le Nizam-i Jadid (Nouvel Ordre) en
1207 (1793), alloua le lrad-i Jadid (Nouveau Revenu) pour
leur dépenses, et habilla le nouveau corps à la manière des
armées européennes.
Plus tard, le Nizam-i Jadid (Nouvel Ordre), le nom
précédemment donné au nouveau corps militaire, sera utilisé
pour identifier largement le mouvement de réforme du Sultan
Salim Ill. Des experts européens s’impliquèrent dans la
modernisation des unités d’artillerie, de bombardier et de
mineur-sapeur. En outre, l’École de Génie Terrestre (un
nouveau collège militaire) ouvrit et les chantiers navals
impériaux furent réorganisés et soumis à la discipline. À
leur tour, ils réussirent à construire des navires et des
cuirassés modernes dont l’empire avait désespérément besoin.
La même année, les Ottomans instituèrent des ambassades
permanentes à Londres, Paris, Vienne et Berlin dans le but
de suivre les développements en Europe.
Afin de prévenir de futurs incendies destructeurs ou de
circonscrire leurs effets à Istanbul, le Sultan Salim III
publia des décrets réglementaires afin d’uniformiser les
positions et la hauteur des structures.
La France bénéficia grandement de ses relations
diplomatiques et commerciales avec les Ottomans et en fait,
les Français firent fortune. Pour cette raison, les Ottomans
furent surpris lorsque le commandant français Napoléon
Bonaparte envahit l’Égypte en 1212 (1798) pendant le règne
du Sultan Salim Ill. En effet, l’invasion consterna le
gouvernement ottoman. Les Britanniques incendièrent la
flotte française amarrée au port d’Aboukir principalement
parce que la pénétration de la France dans la Méditerranée
les gênait. Finalement, cet acte entraîna un rapprochement
entre la Grande-Bretagne et l’Empire Ottoman. Avec le
soutien de la Grande-Bretagne et de la Russie, le Sultan
Salim III déclara la guerre à la France, son ancien consort.
Napoléon marcha sur la Syrie pour forcer les Ottomans à une
trêve et gagner du temps pour reconstruire sa flotte. Les
troupes de Nizam-i Jadid firent leur test décisif contre les
Français. En fin de compte, les Ottomans remportèrent une
victoire définitive. Napoléon, le commandant de l’armée
française, fit face à la défaite et évacua l’Égypte
conformément au Traité signé à Arish sur la côte
méditerranéenne de la péninsule du Sinaï en 1215 (1801).
Alliée aux Ottomans pendant l’occupation française de
l’Égypte, la Russie commença à causer rapidement des
problèmes dans les Balkans. Les Ottomans ripostèrent en
relevant les Beys de Valachie et de Moldavie, tous deux
partisans de la Russie, et en empêchant les navires russes
de traverser le Détroit. La Russie voulut que les Beys
retournent à leurs postes et se déplaça pour annexer la
Valachie et la Moldavie. Le Sultan Salim III fut consterné
une deuxième fois après l’invasion française de l’Égypte par
le simple fait que les Russes avaient ignoré l’alliance
récemment signée avec les Ottomans et que la Russie était
toujours déterminée à faire tout ce qu’il faudrait pour
envahir les Balkans supérieurs. Les Ottomans engagèrent une
nouvelle guerre contre les Russes, une guerre qui durera
plus longtemps que le règne du Sultan Salim Ill.
Les érudits ottomans, les marchands, les minorités, les
janissaires et le grand public n’épousèrent pas le mouvement
de réforme du Sultan Salim III sous la rubrique Nizam-i
Jadid. Les catastrophes naturelles qui frappèrent le pays en
1220 (1805) furent de mauvais augures pour eux et ils
réagirent au fait que le Sultan voulait lancer ses réformes
dès la Roumanie. Un soulèvement social s’ensuivit et se
répandit. Finalement, la révolte dirigée par Mustafa
Kabakgi, qui travaillait comme apprenti à Rumelikavachi sur
le Bosphore, aboutit à un grave chaos.
Le Sultan Salim III aurait pu facilement maîtriser la
révolte s’il avait utilisé ses nouvelles forces militaires,
modernisées, fortement investies et suffisamment fortes pour
vaincre l’armée de Napoléon Bonaparte. Cependant, il choisit
de ne pas les employer car il ne voulait plus verser de
sang. Malgré ses intentions humaines, l’état de l’empire
était bien trop clair. Le Sultan appela son neveu Shehzade
Mustafa, l’informa qu’il allait lui abandonner le trône et
lui souhaita bonne chance. Cela signifiait que toutes les
réformes, pour lesquelles le Sultan avait consacré beaucoup
de temps, d’efforts et d’argent, étaient abandonnées et
finalement, le défaitisme du Sultan précipitera la chute de
l’Empire Ottoman.
Environ un an avant son assassinat, le Sultan Salim III
s’isola dans la section Haram (littéralement, lieu
inviolable sacré) du Palais, passant la plupart de son temps
à lire le Noble Qur’an et à jouer de la flûte de roseau, un
instrument à vent qui ressemble à la voix humaine et dont
les airs plaintifs sont considérés dans la compréhension
soufie comme une allégorie du chagrin de l’âme d’être séparé
de Dieu. Salim III n’avait aucun désir de reprendre le trône
; cependant, le Sultan Mustafa IV ordonna l’exécution du
Sultan et de Shehzade Mahmoud après qu’un de ses
partisans, Mustafa Alamdar Bacha de Rousse, marcha avec ses
forces sur Istanbul, anéanti les rebelles et assiégea le
Palais de Topkapi. Le Sultan Salim III fut appelé à sortir
de sa chambre et fut assassiné. Le corps du Sultan décédé
fut jeté devant la Salle d’Audience du Palais de Topkapi.
Mustafa Alamdar Bacha s’était précipité dans le Palais pour
sauver Salim III, l’ex-Sultan et éclatera en deuil que
lorsqu’il verra le cadavre de Salim couvert de sang. Il ne
put sauver que Shehzade Mahmoud, l’héritier du trône,
qu’avec l’aide de Kalfa Cevri, un surintendant du Palais.
Le Sultan Salim III était très préoccupé par les réformes,
la panacée aux maux de son empire. Le public ottoman le
connaissait trop bien pour ne pas le reconnaître lors des
visites qu’il leur rendait incognito, en tant que simple
soldat humbaraci. En outre, ces visites lui apprirent ce que
les gens vivaient. Salim III voulut résoudre les problèmes
qu’il avait observés lors de ces visites avec de nombreuses
réglementations, comme celles sur l’utilisation des produits
domestiques, la prévention de l’extravagance, le code
vestimentaire pour les femmes et les dispositions pour les
nécessiteux. Ses vêtements étaient confectionnés avec de
beaux textiles domestiques d’Istanbul et d’Ankara, et non
d’Inde ou de Perse. En fait, il reprocha à ceux qui
n’avaient pas emboîté le pas des réformes.
Salim III était un homme d’art et un musicien talentueux. Il
fut un grand maître de la musique classique turque dont les
compositions sont toujours jouées en Turquie. Ces
informations vous sont données pour vous montrer la
différence entre les derniers et les premiers Sultans. En
même temps, il était un poète de renom ainsi qu’un expert en
calligraphie ottomane.
Son règne vit la création de la Mosquée Salimiye d’Uskudar
et de la caserne Salimiye, qui fonctionnent toujours. La
Mosquée Sultan Ayyoub, largement endommagée par le
tremblement de terre, fut restructurée pendant son règne.
Salim III ajouta au Palais de Topkapi une chambre privée
sous son nom et une chambre pour sa mère. Il expédia en
outre, de précieux morceaux de textiles à La Mecque et à
Médine pour couvrir et orner les préfectures sacrées et les
tombes qui gardent vivants les souvenirs du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), de sa famille et de ses
Compagnons (radhiyallahou ‘anhoum).
[1]
Un renouveau sounnite prôné par le Sheikh de l’Islam
Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab. Le Wahhabisme
n’est ni une secte ni une déviation de l’Islam mais
un pur retour aux préceptes originaux de l’Islam.
Quant à son utilisation politique Allah est Plus
Savant et Lui Seul connait exactement ce qui s’est
passé. |