Le Vingt-quatrième Sultan Ottoman
Règne : 1142 – 1167 (1730-1754)
Titres honorifiques et pseudonymes
: Ghazi, Kambour et Sabkati.
Nom du Père
: Mustafa II.
Nom de la Mère:
Sultan Saliha Valide.
Lieu et date de naissance
: Edirne, le 2 août 1696.
Âge à l’accession au trône
: 34 ans.
Date de décès
: 13 décembre 1754.
Lieu de décès et de sépulture
: Istanbul. Il fut enterré dans le tombeau de Sultan Valide
Khadija Tourkhan. Istanbul
Mahmoud I fut amené d’Edirne à Istanbul en compagnie
d’autres Shehzades qui avaient été transférés à Edirne avec
leur père, Mustafa II, lorsqu’il fut détrôné par l’incident
d’Edirne en 1115 (1703). Pendant ses années Shehzade, Mahmoud
s’engagea dans l’orfèvrerie à Edirne. À la suite de la
révolte de Khalil Patrona, il succéda au trône de son oncle
paternel, Ahmed III, qui avait été contraint de
renoncer à sa souveraineté le 19 Rabi’ al-Awwal 1143 (2
octobre 1730).
Au cours de ses premières années de règne, Mahmoud I
s’efforça de répondre aux demandes des rebelles. Les
kiosques et les pavillons érigés pendant l’ère des tulipes
furent démolis, les taxes nouvellement instituées annulées
et les favoris des rebelles reçurent des postes
administratifs. Inquiet du fait que Khalil Patrona et ses
partisans aient manipulé les affaires de l’état à leur
guise, le Sultan Mahmoud Ier obtint le soutien
d’officiers influents de l’armée, qui lui fourniraient plus
tard un soutien militaire contre les rebelles et mettraient
fin à la rébellion en en ayant Khalil Patrona, l’instigateur
corrompu du soulèvement et son cercle d’hommes, exécutés. Il
conduirait également ses compatriotes et les janissaires
hors d’Istanbul vers leurs terres d’origine. Le Sultan
s’occupa également personnellement de la corruption morale
dans son ensemble, inspecta les marchands et appliqua le
narh, ou initiative gouvernementale visant à fixer les prix
du marché, afin de protéger les intérêts des consommateurs.
Lorsque le Sultan Mahmoud Ier réussit à réprimer la
révolte et à rétablir l’ordre avec succès, il se concentra
sur les relations extérieures. Il ordonna une campagne
contre les shiites en 1144 (1731). Par conséquent, les
forces ottomanes mobilisées en Perse infligèrent une grave
défaite à Tahmasp II de Perse près de Hamadan et
récupérèrent Tabriz et Hamadan. Lorsque Shah Tahmasp II
appela à la trêve, Ahmed Bacha, gouverneur de Bagdad
promu au ministère de la Défense orientale, signa le Traité
avec lui en 1145 (1732). Selon le Traité Ahmed Bacha,
les Ottomans conservaient les régions de Ganja, Tbilissi,
Erevan et le Daghestan dans le Caucase alors qu’ils devaient
abandonner les régions de Tabriz, Hamadan, Kermanshah et
Lorestan. Le Sultan Mahmoud I s’opposa à la remise de
Tabriz aux shiites et substitua donc les hauts
fonctionnaires favorables à la paix à ceux qui ne l’était
pas puis déclara la guerre aux shiites. Nadir Shah, le chef
de la tribu turkmène Avshar, destitua Shah Tahmasp et nomma
Abbas III, âgé de huit mois, à la tête de la Perse shiite.
Il assuma ensuite l’administration en tant que chef adjoint
cette même année. Nadir Shah n’accepta pas le Traité et
assiégea Bagdad. Mais il fut vaincu et les Ottomans
récupérèrent la ville de Tabriz, donnant ainsi au Sultan Mahmoud
Ier le titre de Ghazi. Néanmoins, ils ne purent pas tenir
Tabriz longtemps. Après la défaite des forces ottomanes
commandées par ‘AbdAllah Bacha lors de la bataille d’Arpagay
dans le sud du Caucase en 1148 (1735) et que la chance de
combattre les forces russes devint tout à fait probable, le
Sultan Mahmoud Ier signa en 1149 (1736) un traité
fondé sur le Traité de Qasr Shirin conclu retour en 1639. Ce
Traité rejeta la reconnaissance du Ja’farisme par les
Ottomans en tant que cinquième école (madhhab) de l’Islam
sounnite, mais reconnut Nadir Shah comme nouveau souverain
de la Perse et de sa proclamation officielle de l’Islam
sounnite en Perse.
La Russie, alliée de l’Autriche, refusa de laisser les
forces de Crimée traverser la région de Kabardin dans le
Caucase en Perse pour renforcer l’armée ottomane. Peu de
temps après, les Russes attaquèrent le fort d’Azov en Crimée
en Shawwal 1146 (mars 1736). Face aux attaques russes, le
Conseil Impérial Ottoman prit la décision de guerre contre
la Russie. Pendant ce temps, les Autrichiens étaient
déterminés à aider leur allié russe et prirent l’offensive
contre les Ottomans en 1147 (1737) lors d’un assaut sur
trois fronts. Tandis que la Russie s’emparait des forts
d’Azov, de Kinburn et d’Ochakiv, l’Autriche s’empara de Nis
et de Bucarest. Le Sultan Mahmoud I ressentit une
immense douleur en apprenant ces pertes néanmoins, il dut
combattre les Autrichiens et les Russes sur différents
théâtres de guerre. Il divisa son armée en deux principaux
régiments pour combattre simultanément les Russes et les
Autrichiens.
Le Sultan Mahmoud, confia à Hafiz Ahmed
Kopruluzade Bacha le poste de gouverneur général de Roumélie
et l’envoya avec mission de reconquérir Nis. En outre, des
préparatifs furent faits dans le but de récupérer Belgrade.
Nis fut reprise et de violents combats eurent eu lieu entre
les Ottomans et les Autrichiens, qui attaquèrent depuis la
région de Timisoara. L’armée ottomane traversa le Danube et
fit des incursions à Timisoara. En 1151 (1738), l’Ada Kaleh
sur le Danube tomba aux mains des Ottomans. Le Grand Vizir
Muhammad Yegen Bacha du Sultan arriva plus tard à Nis
et d’où, il marcha sur Belgrade.
Sur le front russe, l’armée ottomane repoussa les Russes qui
tentaient de traverser le Dniestr. La flotte russe, qui se
dirigeait vers la Mer Noire par Azov, fut incendiée par la
flotte ottomane commandée par l’amiral général ottoman
Souleyman Bacha.
Sultan Mahmoud I remplaça de nouveau son état-major.
Cette fois, Muhammad Ivaz Bacha devint le nouveau
Grand Vizir. La nouvelle cible de l’armée ottomane était
Belgrade et finalement les Ottomans reprirent Belgrade après
une série de combats acharnés. L’Autriche agita le drapeau
blanc impuissant. Le Traité qui suivit contraignit les
Autrichiens à céder toutes les terres (à l’exception du
Banat) qu’ils avaient revendiquées avec le Traité de
Passarowitz. À la suite du Traité de Belgrade, l’Autriche se
retira au nord du Danube le 14 Joumadah ath-Thani 1152 (18
septembre 1739).
En attendant, la Russie avait l’intention d’attaquer de la
Bessarabie. En fait, la flotte française avait navigué dans
la Mer Baltique après l’alliance conclue entre la Suède et
la France, après que les relations prussiennes et ottomanes
avaient été observées dans un rapprochement manifeste et
après que les Ottomans eurent signé un traité commercial
avec la Suède. En conséquence, les Russes paniquèrent devant
ces victoires, ainsi que les développements diplomatiques et
économiques, tous à leur désavantage. Ce n’est que lorsque
les Autrichiens mirent fin aux combats qu’ils durent faire
la paix avec les Ottomans en 1152 (1739). Le Traité
stipulait les termes suivants : la Russie pouvait garder le
port d’Azov à condition de démolir le fort d’Azov ; il n’y
aurait pas de flotte russe dans la Mer Noire et la région de
Kabardin devait être une zone neutre. En tant que médiateur
pro-ottoman dans les pourparlers de paix, les capitulations
accordées à la France furent révisées et étendues en 1153
(1740). La même année, les Ottomans signèrent un Traité de
défense avec la Suède et un autre de commerce avec
l’Espagne. À la suite de ces Traités, les Ottomans
compensèrent l’équilibre des forces diplomatiques vis-à-vis
de l’Europe. Le Traité de Belgrade conduisit également à
trente longues années de paix sur le front occidental. Les
réformes militaires du Sultan Mahmoud Ier eurent des
conséquences tangibles. Finalement, le Traité de Belgrade
s’avéra être le plus avantageux des Traités jamais signés
par l’Empire Ottoman.
À l’est, Nadir Shah assiégea Baghdad en 1156 (1743),
exigeant que la ville lui soit livrée. Une nouvelle guerre
ottomane-perse éclata peu après la prise de Kirkuk et le
siège de Baghdad par Nadir Shah. Les combats près de Kars ne
donnèrent aucun résultat concluant. Le martyre de Muhammad
Yegen Bacha, commandant du front de l’Est, apporta un
changement de marée au cours de la bataille près d’Erevan.
L’armée ottomane vainquit l’ennemi et Kars tomba. Pressé par
les raids ottomans sur Hamadan, Nadir Shah offrit une trêve
aux Ottomans. Fondé sur le Traité de Qasr Shirin plus tôt en
1049 (1639), le Traité de Kerden (également appelé le
deuxième Traité de Qasr Shirin), puis en 1159 (1746). Le
Traité reconnut également que les Perses respecteraient les
Compagnons du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et
sécuriserait la route de pèlerinage à travers leur pays. En
tant que symbole d’amitié, Nadir Shah offrit au Sultan Mahmoud
I un trône en or appelé Taht-i Tavus, qui subsiste encore
dans le Palais de Topkapi. Curieusement, ce magnifique trône
resta à Bagdad quelque temps après l’assassinat de Nadir
Shah et n’arriva à Istanbul qu’après le décès de Mahmoud
I.
Fidèle à ses paroles et amoureux de la paix, le Sultan Mahmoud
I ne voulut ni exploiter les guerres de succession qui
secouèrent l’Europe, ni à marcher contre la Perse au cours
des conflits internes qui émanèrent après l’assassinat de
Nadir Shah.
Le Sultan Mahmoud Ier s’occupa des affaires
intérieures pendant son règne et s’efforça de fortifier et
de moderniser l’armée impériale. Mahmoud I ne tenta
pas d’éliminer le corps des janissaires, mais accorda une
attention particulière au paiement des janissaires à temps
et voulut les garder sous son contrôle. Le Sultan consulta
en outre Ibrahim Muteferrika sur les causes des défaites
militaires et sur les mesures à prendre. En réponse,
Muteferrika écrivit son conseil dans son fameux
Oussoul al-Hikam
fin-Nidam al-Oumzam (Les bases de la Sagesse dans la
gouvernance des nations). À la lumière de ses suggestions,
le Sultan nomma Ahmed Humbaraci (l’artilleur) Bacha,
nom pris par le comte français de Bonneval après sa
conversion à l’Islam, et le chargea de moderniser les unités
d’artillerie. Peu après, le Collège Technique Imperial
(également appelé Humbarahane, ou maison de fabrication de
bombes) ouvrit à Uskudar, Istanbul. C’est ce collège qui
servira de base aux futurs collèges d’ingénieurs.
Pendant le règne du Sultan Mahmoud Ier, les ayans ou
notables locaux acquirent un pouvoir considérable et
exercèrent une répression et un contrôle sur les habitants
des provinces. Le Sultan publia un Édit de justice pour
défendre le public contre leur oppression. Le Sultan chercha
ensuite à équilibrer les revenus et les dépenses du trésor
impérial. Conformément à ce projet financier, il paya les
dettes en basant l’année fiscale sur le calendrier grégorien
au lieu du calendrier Hijri. C’est sous le règne du Sultan
Mahmoud Ier que l’Empire Ottoman connut sa dernière
période de paix et de prospérité maximale au 18e siècle. Il
poursuivit des relations diplomatiques cohérentes et finit
par signer des traités fructueux et concluants qui
laisseraient aux Sultans successifs de longues années de
paix sur les fronts oriental et occidental. Le Sultan Mahmoud
Ier décéda sur cheval dans le Palais de Topkapi en revenant
de la Prière du Vendredi 27 Safar 1168 (13 décembre 1754).
Le Sultan était très attentif aux affaires de l’état. Il
assistait régulièrement aux réunions du Divan (Conseil) de
ses Vizirs dans la Salle du Conseil et discutait avec les
membres du conseil impérial des affaires de l’état et des
affaires publiques. Sultan Mahmoud I était bon,
juste, intelligent, pacifique, digne de caractère et
Musulman dévot. Mahmoud I écrivit des poèmes en Turc
et en Arabe. Il aimait les lancer du javelot et les courses
de chevaux.
Le Sultan lança des projets de construction à Istanbul comme
l’énorme Nuru ‘Uthmaniye (la Lumière de ‘Uthman) killliye à
côté du Grand Bazar, qui sera achevé sous le règne de son
frère et successeur le Sultan ‘Uthman III, afin de se
rappeler de ce dernier. En effet, le complexe portait à
l’origine le nom de ‘Uthmaniye, et plus tard, il s’appela
désormais Nuru ‘Uthmaniye. L’inscription du verset du Qur’an
« Allah est la
Lumière des cieux et de la terre, » à l’intérieur du
dôme de la Mosquée ainsi que l’existence d’entrelacs de
fenêtres en verre coloré et clair fournissait beaucoup de
lumière à l’intérieur de la mosquée et justifiait Son Nom.
Son complexe composé d’une bibliothèque contenant des
manuscrits rares dont la plupart étaient des collections
personnelles de Sultan Mahmoud I et ‘Uthman III, un
collège, une soupe populaire, une fontaine, quelques
comptoirs et une tombe où la mère du Sultan ‘Uthman III,
Sultan Sahsouvar Valide était enterrée.
Mahmoud Ier érigea le Sahil Sarayi de Topkapi (Palais
du bord de mer de Topkapi) sur les rives du Palais actuel de
Topkapi. Le nom de ce Palais fut donné plus tard au siège
plus grand et bien connu du gouvernement, seulement après la
destruction de Sahil Sarayi Topkapi par des
incendies.
Le Sultan entreprit la réparation de nombreuses mosquées,
grandes et petites, dans tout le pays. De plus, il
construisit la Mosquée Hajji Kamal ad-Din dans
Rumelihisan et le Port Arabe à Besiktas, tous deux du côté
européen du Bosphore, ainsi que les Mosquées du Sultan Mahmoud
et Kandilli à Uskudar du côté asiatique. Il convertit la
voûte de Kurgunlu en mosquée (connue aujourd’hui sous le nom
de Yeralli ou mosquée souterraine) et redessina les limites
de la Mosquée pour inclure les tombes voisines des
Compagnons du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Le
Sultan supervisa également l’approvisionnement en eau en
milieu urbain, les barrages et les aqueducs qu’il
construisit en particulier acheminaient de l’eau potable
vers un réseau de fontaines à travers la ville. Le Sultan Mahmoud
Ier construisit un réservoir dans la partie européenne de la
capitale. La principale région touristique et commerçante de
l’actuel Istanbul, Taksim (qui signifie division ou
distribution), tire son nom de ce réservoir de pierre, où
les principales conduites d’eau du nord d’Istanbul
convergeaient puis se ramifiaient vers d’autres parties de
la ville.
Selon les rumeurs, Sultan Valide Saliha, la mère de
Sultan Mahmoud Ier, fissura sa cruche en terre cuite
lorsqu’elle tomba dans la rue alors qu’elle était jeune
fille. Une femme du Palais vit la jeune Sultan Saliha
fondre en larmes, l’a consola et l’aida à entrer dans le
Palais. Dans le Palais, Sultan Saliha reçut une
remarquable éducation et fut formée à l’étiquette ottomane
élaborée et finalement épousa Mustafa II. Quand elle devint
la Sultan Valide, Sultan Saliha eut les moyens de
construire une magnifique fontaine appelée la fontaine Saliha
Sidtan dans la région d’Azapkapi à Istanbul, là où sa cruche
était tombée et s’était brisée de nombreuses années
auparavant. Valide Sultan Saliha participa pour la
première fois aux cérémonies d’ouverture des fontaines et
donna le feu vert pour les remplir d’eau.
Pendant le règne du Sultan Mahmoud Ier, Dar
al-Koutoub (Maison des Livres) s’ouvrit. Cette bibliothèque
contenait de collections riches de sources, en particulier
sur l’histoire, destinées aux chambres impériales du
Pavillon Revan du Palais de Topkapi. Au fil du temps, la
bibliothèque accumula une riche collection de manuscrits
rares soumis au Sultan. En outre, le Sultan parraina la
construction de bibliothèques à Belgrade et à Vidin sur le
Danube, ainsi que les mosquées impériales à Istanbul. Il
supervisa également le transfert de manuscrits rares des
provinces vers ces bibliothèques. Il ouvrit un lieu de
séminaire près de la Mosquée Fatih dans le but
d’étudier Sahih al-Boukhari, la collection la
plus digne de confiance des paroles et des traditions du
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
Un homme de charité, le Sultan avait l’empreinte sacrée du
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), qui avait été dans
le Pavillon des Reliques Sacrées du Palais de Topkapi, placé
pour les visites publiques dans une ceinture de marbre près
de la tombe de Sultan Ayyoub (Ayyoub al-Ansari), Compagnon
de Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), sur la paroi
faisant face à la direction de la Ka’bah. Il offrit à la
Grande Mosquée de La Mecque des chandeliers et des
candélabres inestimables et procéda à d’importantes
réparations sur les murs de la ville de Medina.
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