D. Frontière sans frontières : La Mer
La Mer Méditerranée se révéla être un défi pour le
contre-espionnage ottoman. La frontière maritime entre
l’Empire Ottoman et les Européens se déplaça progressivement
vers l’ouest aux 15e et 16e siècles de la Mer Égée à
l’Adriatique et à la Méditerranée occidentale avec le déclin
des états maritimes italiens et la montée des corsaires
ottomans en Méditerranée occidentale. Ceci, cependant, ne
résolut pas le problème de la surveillance des frontières
maritimes puisque les navires chrétiens pouvaient encore
pénétrer profondément dans les eaux ottomanes.
Les difficultés de la supervision des frontières maritimes
façonnèrent la grande stratégie ottomane et les Ottomans
essayèrent d’empêcher les fuites d’informations en
conquérant les bases navales voisines. En 1522, ils
conquirent l’île de Rhodes aux Chevaliers de Saint-Jean qui
encourageaient les dirigeants chrétiens à attaquer les
Ottomans en leur envoyant des informations sur les alliés
possibles qu’ils pourraient trouver parmi les sujets
chrétiens des Ottomans. L’hypothèse selon laquelle, avec
l’expédition de Corfou (1537), les Ottomans auraient
également résolu le problème de la pénétration d’agents
ennemis, qui utilisaient l’île vénitienne pour débarquer sur
les côtes ottomanes mal gardées, mérite d’être discutée
davantage. L’une des principales raisons de la conquête
ottomane de Chios en 1566, selon Katib Çelebi (Chalabi),
était que les habitants envoyaient des informations
détaillées en Europe concernant la taille, l’équipage et les
allées et venues de la marine ottomane, profitant de leur
géographie de proximité.
Dans un rapport donné par un esclave qui s’enfuit de
Constantinople, il fut raconté que les Ottomans pouvaient
attaquer Ragusa et Monte de Santangel à Naples afin
d’empêcher les renseignements ennemis. La conquête de Chypre
aurait dû résoudre un problème similaire, même s’il y avait
également d’autres objectifs stratégiques. L’île abritait
non seulement les corsaires ennemis, mais aussi les espions
qui voulaient passer en Anatolie ottomane.
En 1531, un Vénitien du nom d’Andrea Morefin, par exemple,
fut arrêté à Alep et accusé d’y avoir amené un envoyé
espagnol pour la Perse à qui il fournit deux guides
jusqu’aux montagnes du Taurus. L’un des guides fut également
arrêté et Morefin exécuté. Malgré le déni de participation
des Vénitiens, les Ottomans les tinrent responsables.
Alors que la conquête ottomane de bases voisines comme moyen
de contre-espionnage nous démontre les difficultés que
Constantinople connut en revendiquant la mer avec sa marine,
les efforts des Ottomans pour combiner l’effort humain et
une technologie insuffisante pour empêcher le renseignement
ennemi fut encore compliqué par les vastes dimensions de la
mer et le problème qui en découle de la projection de
puissance et de son contrôle. La défaite des Ottomans fut
évidente dans leur attitude trop prudente à l’égard des
éléments suspects qu’ils rencontraient en mer. En 1569, par
exemple, ils arrêtèrent deux Espagnols sur un navire
vénitien, avertissant le Bailo que les Vénitiens ne
devraient pas accueillir les sujets des ennemis du Sultan
sur leurs navires, incapables ou du moins réticents à faire
une distinction entre les soldats des Habsbourg et
mercenaires vénitiens. Ils inspectèrent en outre les navires
qui arrivaient ou quittaient les ports ottomans, pour un
certain nombre de raisons, dont l’une était d’empêcher les
espions ennemis. Par exemple, en 1565, le Kapi Agasi,
l’eunuque en chef du palais ottoman, descendit au port et
interrogea l’équipage du navire qui apportait l’hommage
annuel des Génois de Chios à Constantinople. Quand l’un
d’eux informa qu’il y avait de nombreuses lettres des
habitants chrétiens de Pera dans le navire, il les confisqua
pour être lus dans le palais. Heureusement pour les
Chrétiens de Pera et les Génois de Chios, ils ne contenaient
pas d’informations critiques sur l’Empire Ottoman. De toute
évidence, il s’agissait d’événements réussis qui étaient
bien documentés ; on peut toutefois en déduire que le taux
de réussite de cette application d’une extrême vigilance
n’était pas très prometteur.
Là où les forces régulières échouèrent, des forces
irrégulières auraient pu réussir. Les Ottomans pragmatiques
manquèrent à peine de remarquer les avantages derrière
l’utilisation des corsaires, qu’ils commencèrent à utiliser
après le déclenchement de la guerre ottomane-vénitienne de
1499-1503. Leur aide fut cruciale pour les Ottomans, en
particulier dans la Mer Adriatique où la présence navale
ottomane était fragile. L’une de leurs nombreuses fonctions
était de patrouiller en mer et, par extension, d’aider le
contre-espionnage ottoman. Outre les raids occasionnels de
frégates qui transportaient de la correspondance vénitienne,
les corsaires affrontèrent également des navires ennemis qui
pénétraient dans les eaux ottomanes pour collecter des
informations ou faire de la contrebande de marchandises
interdites.
En 1574, par exemple, un certain corsaire du nom de Jafar,
qui revenait lui-même d’une mission de collecte
d’informations, trouva un galliot que Don Juan avait envoyé
sur les côtes ottomanes pour recueillir des informations. Il
s’empare du navire, libéra les prisonniers que les Chrétiens
avaient enlevés pour les interroger et massacra l’équipage.
Dans un autre incident, en 1540, des corsaires s’emparèrent
d’une frégate à destination de Naples avec un espion
espagnol nommé Pedro Secula qui portait les lettres du
vice-roi de Sicile. Ces corsaires interceptèrent également
la correspondance des Habsbourg entre les fonctionnaires et
les espions des Habsbourg ainsi que le centre et les
provinces des Habsbourg en Méditerranée. Ils compromirent
ainsi la rapidité et l’efficacité des communications et
augmentèrent les dépenses des Habsbourg.
En 1573, un agent espagnol à Raguse, Luis de Portillo se
plaignait de devoir payer 50 écus pour la frégate qu’il
avait envoyée à Barleta, car personne ne voulait y aller car
ils craignaient les corsaires. Portillo demanda aux
Habsbourg d’écrire aux autorités ragusaines pour qu’elles
lui fournissent des courriers quand il en avait besoin.
Philippe II lui-même se plaignit au Vice-roi de Sicile que
sa lettre du 24 juin 1574 avait été interceptée par un
navire corsaire, dont la frégate qui transportait le
courrier tomba en proie, sur les côtes méridionales de la
France. Le courrier réussit à sauver sa peau et arriva en
Espagne mais sans dépêches. Heureusement, après avoir appris
la nouvelle, le Vice-roi envoya les doublons via Naples.
Même en l’absence de coopération entre les habitants et
l’ennemi, les navires en mission de reconnaissance pouvaient
accoster et interroger les habitants pour recueillir des
informations. Les Ottomans tentèrent d’empêcher cela en
cherchant à isoler la population locale des navires
chrétiens. À l’apogée de la guerre de Chypre, deux galères
et trois galliots s’approchèrent des côtes de Tripoli en
Syrie, déguisés en navires musulmans. Ils saisirent un
navire chargé de savon afin de recueillir des informations
sur les efforts de guerre ottomane. Les Ottomans, alertés
par cette profonde pénétration des navires ennemis,
ordonnèrent au gouverneur général de Damas et au gouverneur
de Tripoli que les côtes soient gardées avec suffisamment
d’hommes pour empêcher le débarquement de l’ennemi. De plus,
ils ne devraient pas permettre aux troupeaux et aux bergers
de se rendre sur les côtes, mais plutôt les déplacer à une
journée de distance du rivage. Ces deux précautions avaient
pour but de couper la communication entre les locaux et
l’ennemi.
En Méditerranée orientale, les Ottomans employaient un petit
escadron de patrouille composé de 12 à 16 navires amenés par
les gouverneurs de la mer, des districts qui étaient
rattachés à la province du Grand Amiral de Cezâir-i Bahr-i
Sefîd. Ceux-ci se virent confier la tâche de protection des
côtes ottomanes en l’absence de la marine ottomane. Ils
assurèrent la sécurité du passage maritime entre les
provinces, escorté d’importants fonctionnaires ottomans à
leurs postes, empêchèrent le commerce de contrebande et
combattirent les navires ennemis qui non seulement
attaquaient les côtes et les navires ottomans, mais se
livraient également à la collecte d’informations.
E. Personne non Grata: Diplomates Incomunicado
Les premiers ambassadeurs modernes étaient des figures
importantes dans le monde de l’espionnage. Ils profitèrent
de leur accès facile à d’importants responsables du
gouvernement, des prérogatives diplomatiques qui leur
accordaient une liberté d’action relativement plus grande et
des moyens financiers pour recruter des espions dans la
capitale ottomane. Les Ottomans avaient tendance à
surveiller ces espions ainsi que leur entourage qui, en tant
que fonctionnaires éduqués, étaient des espions plus
dangereux que ceux déguisés dans d’autres professions.
Premièrement, ils limitèrent l’accès de ces envoyés à la
population locale en route pour Constantinople afin de les
empêcher de faire des observations, de prendre contact avec
de futurs collaborateurs et de propager des idées
religieuses. Leurs itinéraires étaient organisés par le
gouvernement qui envoyait des chavoush pour les accompagner
sur leur chemin vers la capitale et alerter les gouverneurs
locaux et les juges pour surveiller leur transport et
limiter leur accès aux locaux.
Les envoyés européens devaient parfois attendre un chavoush
ottoman à Raguse, dont la tâche était de les emmener à
Constantinople en suivant un itinéraire préalablement
spécifié. Les Ottomans réglementaient les itinéraires de
voyage même des ambassadeurs de leurs vassaux, comme ceux de
la République de Raguse. Les envoyés persans, en revanche,
créèrent un problème beaucoup plus grave en raison des
sympathies pro-safavides de la population anatolienne. Les
Ottomans ne purent pas empêcher ces sympathisants de
s’approcher de l’ambassadeur et de lui faire des offrandes
et les aumônes qu’ils collectaient au nom du Shah perse. Ce
que les Ottomans firent, au contraire, fut ingénieux. En
1568, ils ordonnèrent aux gouverneurs locaux de dresser un
registre de leurs sujets, qui contactèrent l’ambassadeur et
lui donnèrent des offrandes et des aumônes, puis de les
exécuter avec de fausses accusations telles que meurtre, vol
et banditisme. Plus tard, ils nommèrent même des scribes
pour accompagner l’ambassadeur de Perse pour rédiger de tels
registres. Enfin, il faut noter que les Ottomans interdirent
à l’ambassadeur safavide de distribuer des œuvres de
bienfaisance aux populations locales au nom du Shah et donc
de faire de la propagande safavide sur les terres ottomanes.
S’ils avaient de l’argent à dépenser pour des œuvres de
bienfaisance, un document ottoman enregistré, l’ambassadeur
devrait les distribuer plutôt entre les propres sujets du
Shah.
Une fois à Constantinople, un ambassadeur étranger pourrait
même mieux utiliser les canaux de collecte d’informations.
Pour éviter cela, les Ottomans supervisèrent strictement ces
ambassadeurs, surtout s’ils venaient d’un état avec lequel
les Ottomans avaient des relations amères. Le célèbre
ambassadeur d’Autriche, Busbecq, fut assigné à résidence
pendant six mois, au secret et isolé de l’extérieur
lorsqu’il vint à Constantinople pour la deuxième fois en
janvier 1556. Quelques années plus tard, il était sous
étroite surveillance ; tous les soirs, il était enfermé chez
lui par un chavoush qui lui enlevait ensuite les clés. Cela
fut fait en partie pour obtenir un effet de levier
psychologique dans les négociations diplomatiques, une
tactique ottomane courante. Cela assura également que
Busbecq ne pouvait participer à aucune activité de
renseignement.
L’envoyé espagnol Giovanni Margliani fit face à des
pressions similaires pendant qu’il négociait la trêve
ottomane-Habsbourg. En 1581, ses relations dans la capitale
ottomane lui conseillèrent même de placer une caution, pour
dissuader les Ottomans de le placer sous garde. Ils auraient
pu le faire parce qu’ils pensaient que Margliani, après
s’être vu refuser l’autorisation de partir à un moment où
les négociations entre les Ottomans et les Habsbourg
s’arrêtaient, pourrait choisir de s’enfuir.
Les diplomates vénitiens résidents étaient également sujets
à beaucoup de suspicion de la part des autorités ottomanes.
Ce soupçon devrait être la raison pour laquelle les Ottomans
limitèrent le séjour du Bailo vénitien à Constantinople,
d’abord à un an en 1503, puis à 3 ans après 1513. Leur
mécontentement grandit au point qu’ils expulsèrent même l’un
d’entre eux, Girolamo Marcello en 1492 parce qu’ils
interceptèrent et déchiffrèrent une de ses lettres où ils
virent qu’il envoyait des informations cruciales concernant
les Ottomans. Les conditions s’aggravèrent en temps de
guerre comme le montre le cas de Marc’antonio Barbaro, qui
dû rester à Constantinople pendant la guerre de 1570-1573.
Dès le début de la guerre, un ordre fut adressé au juge de
Galata et Mustafa Cavoush, l’officier ottoman affecté au
Bailo vénitien, que ce dernier soit maintenu en garde à vue
sans contact avec le monde extérieur. Ses serviteurs furent
fouillés en entrant et en sortant de la maison pour
s’assurer qu’ils ne portaient aucune lettre et le Bailo fut
forcé d’avoir des janissaires pour l’accompagner à
l’extérieur afin qu’il ne puisse parler à personne. Le
personnel de l’ambassade était également suspect. Les
Ottomans interrogèrent sous la torture le frère Paulo
Biscotto, un franciscain suspect qui portait des lettres
pour le vénitien Bailo sur sa propre motivation. Il nomma
l’aumônier du Bailo, Arcangelo de Lyo, comme destinataire
des lettres qu’il apporta, à la suite de quoi l’aumônier se
retrouva en prison pour être libéré avec la grande somme que
le Bailo vénitien paya pour sa liberté. Pourtant, son temps
en prison fit des ravages : une de ses jambes dû être
amputée et seulement un mois après sa libération, il mourut.
À la suite de cet incident, l’isolement du Bailo devint
encore plus difficile à endurer : le Grand Vizir Ottoman
Sokullu ordonna au subashi de Galata de murer les fenêtres
de Barbaro, plaça des espions dans la maison et confisqua
tous ses papiers et encriers. Pour intimider le Bailo,
l’exécution de Biscotto eut lieu dans le quartier de Bailo ;
après l’exécution, les Ottomans passèrent, la tête sur un
piquet, sous la fenêtre du Bailo. Le contact avec le monde
extérieur était strictement limité, même pour les autres
membres de la famille Barbaro. Une amende de 40 akqes fut
infligée à quelqu’un qui salua le fils de Barbaro qui se
promenait dans la ville uniquement pour des raisons de
santé, même alors accompagné de janissaires.
F. Interception de la correspondance
Les premiers états modernes limitaient le trafic des
courriers étrangers pour un certain nombre de raisons.
Premièrement, ils essayèrent d’affirmer leur souveraineté
sur leurs biens en régulant la circulation de l’information
et de la correspondance. Ils cherchaient en outre à empêcher
les espions ennemis d’une part et à recueillir des
informations à partir de la correspondance interceptée
d’autre part. Même si les Ottomans étaient censés s’abstenir
d’agresser les courriers étrangers en raison des obligations
imposées par les traités internationaux, ce n’était guère le
cas. Ils interceptaient fréquemment la correspondance
étrangère lorsque cela répondait à leurs besoins. La vie
d’un courrier était dangereuse : le Grand Vizir ordonna au
gouverneur général de Buda de fouiller diligemment les
courriers et même de les dépouiller jusqu’à leurs pantalons
et gilets pour voir s’ils portaient d’autres lettres avec
eux. Convaincu du manque de fiabilité des correos qui
transportaient les lettres entre Constantinople et Raguse,
le sage Giovanni Maria Renzo choisit de porter lui-même ces
lettres en 1567, malgré les risques encourus alors que les
Ottomans le cherchaient partout.
Les ambassadeurs vénitiens résidents furent une fois de plus
la cible principale des Ottomans. Les Vénitiens n’hésitèrent
pas à employer des sujets ottomans comme courriers depuis
l’époque byzantine, en particulier de deux régions du
Monténégro, Katun et Ljubotin. Que cela ait créé un problème
sur le statut politique de ces courriers, sujets ottomans
sous la juridiction de Constantinople, et justifié
l’intervention ottomane est évident à partir de la
divergence dans deux cas différents entre l’attitude de
l’ambassadeur autrichien en réclamant les lettres retenues
et le sort de deux courriers détenus.
En 1580, l’ambassadeur d’Autriche refusa sa responsabilité
quand un sujet musulman et ottoman, fut pris avec des
lettres adressées à l’Empereur et que les Ottomans
envoyèrent le courrier aux galères. Quelques jours plus
tard, cependant, sur la capture d’un autre courrier avec des
lettres similaires, l’ambassadeur prit une approche
différente et exigea la restitution de ses lettres et le
retour du courrier ; une demande que les Ottomans, après une
résistance initiale, durent remplir. La galère n’était pas
la seule forme de punition qui attendait les courriers
ottomans sous un emploi étranger. En 1582, un courrier
musulman de Macédoine fut accusé d’espionnage et pendu. En
1584, les Ottomans détectèrent que les Vénitiens employaient
cinquante ou soixante sujets ottomans du village de Karadag
dans le district d’Iskenderiye (Shkoder) comme courriers.
Ils devaient être jetés en prison tandis que les lettres
qu’ils portaient devaient être envoyées à Constantinople. En
1605, le gouverneur du district susmentionné fit arrêter et
battre plusieurs courriers vénitiens et jeter leurs sacs de
courrier dans la rivière.
Au 16e siècle, le seul service postal régulier entre
l’Europe et Constantinople appartenait à Venise. Par
conséquent, lorsque les Ottomans interceptèrent un courrier
vénitien, ils saisirent les lettres qui appartenaient aux
autres ambassadeurs comme celle de France, ainsi que les
lettres non diplomatiques écrites par des marchands, des
esclaves, des pèlerins, etc. Ceux qui envoyaient des lettres
en Europe savaient également que leurs lettres pourraient
être interceptées et que leur vie serait en péril au cas où
ces lettres contiendraient des informations cruciales sur
l’Empire Ottoman. Pour éviter cela, les espions ennemis
écrivaient leurs lettres avec une technique courante de
l’époque dans laquelle codes et chiffrements étaient
mélangés pour empêcher la cryptanalyse. Cependant, pour ne
pas être facilement identifiés au cas où un agent double
briserait leurs codes, ils utilisèrent également des alias
et utilisèrent différentes méthodes telles que l’écriture
des informations cruciales au dos d’une lettre avec un
script qui ne pouvait être lu qu’avec une méthode. La plus
courante de ces techniques de stéganographie était d’écrire
de manière invisible avec du jus de citron, ce qui ne
pouvait être rendu visible qu’en tourmentant la lettre avec
du feu. Pour éviter tout soupçon, il y avait une lettre
régulière en première page qui contenait des informations
commerciales ou était écrite par un esclave à un parent
demandant de l’argent pour sa rançon. Pourtant, même avec
ces précautions, il était difficile d’envoyer des rapports
réguliers. Par exemple, les lettres que les prisonniers
espagnols et italiens capturés lors de la bataille de Djerba
(1560) envoyèrent secrètement de Constantinople ne
contenaient aucune information, soit parce que les Ottomans
les entravèrent, soit qu’ils n’osèrent pas le faire. En
1580, le diplomate espagnol Giovanni Margliani écrivit qu’il
ne pouvait pas écrire de lettres même pendant la nuit car il
craignait que Sinan Bacha ou ‘Oulouj ‘Ali puisse envoyer un
chavoush à tout moment ; un autre cas de difficultés qu’un
diplomate négociant à Constantinople dût endurer.
Les Ottomans réussirent également à intercepter une
correspondance cruciale entre les Habsbourg espagnols et un
certain Mourat Agha, le majordome de ‘Oulouj ‘Ali et un
renégat lucquois de la masse salariale des Habsbourg. L’un
des envoyés de Don Juan à Constantinople, Antonio Avellan
fut choqué lorsque le fils d’un bacha ottoman, un prisonnier
de guerre qu’il racheta et amena à Constantinople (très
probablement le fils de Mouezzinzade ‘Ali Bacha), lui donna
une lettre écrite par Philippe II et adressée à Mourat Agha.
Lorsqu’on lui demanda de la déchiffrer, Avellan réussit à
mentir sur son contenu et la détruisit.
Afin d’obtenir des informations sur les lettres confisquées,
les Ottomans devaient les déchiffrer. À ce stade, des
spécialistes qui connaissaient les méthodes de chancelier
des ambassades étrangères étaient des atouts importants. Par
exemple, les Ottomans ne réussirent à déchiffrer les lettres
du Vénitien Bailo Vettore Bragadin qu’avec l’aide de l’un
des étudiants de langues, Colombina qui avait été envoyé à
Constantinople pour étudier l’ottoman. Selon Bragadin, ce
jeune apprenti, qui se convertit à l’Islam et fit défection
chez les Ottomans, connaissait le code secret vénitien parce
qu’il aurait dû voir et peut-être même aider les scribes
vénitiens de la maison du Bailo à déchiffrer les lettres.
Colombina servit dans la chancellerie ottomane pendant des
années, apparaissant fréquemment dans la correspondance
entre le Bailo et le Conseil des Dix. En 1578, il fut même
désigné comme envoyé ottoman à la Sérénissime, au grand dam
et protestation des autorités vénitiennes.
De toute évidence, les Ottomans ne réussirent pas toujours
réussi à déchiffrer la correspondance interceptée. Par
exemple, dans les deux cas mentionnés ci-dessus, où les
courriers de l’ambassadeur autrichien étaient détenus, les
Ottomans ne purent pas déchiffrer et connaître le contenu
des lettres qu’ils séquestraient. C’est pourquoi les
Ottomans furent contrariés par l’utilisation des techniques
de cryptographie par les ambassadeurs étrangers et
essayèrent de les pousser à écrire sans code ou à leur
remettre leurs clés.
En 1567, Sokullu avertit le Bailo vénitien de ne pas écrire
en code et Ibrahim Bey, l’envoyé ottoman à Venise, fit
savoir que le Bacha voulait une clause spéciale interdisant
l’utilisation du code ajouté aux capitulations à renouveler.
Cela créa un trafic diplomatique intéressant entre
Constantinople et Venise qui essayèrent d’éviter de telles
limitations à tout prix. Même si la question fut laissée de
côté, elle refit surface lorsqu’en 1570 Sokullu avertit de
nouveau Marc’antonio Barbaro et même alla jusqu’à lui
demander, bien qu’avec un rire dans son visage, d’apprendre
à l’un de ses propres hommes comment écrire codé. Le Bailo
refusa gentiment l’offre, disant que cela prendrait trop
d’efforts et de temps.
Les Ottomans furent également vigilants à l’est. En 1571,
ils détectèrent que des espions arméniens d’Ankara avaient
rejoint une caravane commerciale, qui partait d’Edirne pour
la Perse, afin de faire passer en contrebande des lettres
hors de l’Empire Ottoman, cachées dans leurs caisses de
soie. Une enquête approfondie de ces caisses fut ordonnée et
au cas où les lettres ne pourraient pas être trouvées dans
celles-ci, les marchands musulmans devraient également être
fouillés. Un registre, contenant les noms des coupables
incarcérés et le contenu des lettres confisquées, dû être
établi.
En 1584, un certain Seyyid Seccad, le dirigeant de Suster au
Khouzistan, qui venait de passer du camp safavide au camp
ottoman, fut détecté par les Ottomans, lorsqu’il écrivit une
lettre en persan au Sultan Hamza. Les Ottomans
ordonnèrent au gouverneur général de Bagdad une enquête
approfondie sur la question en envoyant des espions pour
voir s’il avait décidé de rejoindre ses anciens alliés. S’il
l’avait fait, il devait être exécuté.
G. Pression ottomane sur les états fournisseurs d’informations : Venise et Raguse
Le contre-espionnage ottoman aurait pu devenir un enjeu de
politique internationale. Les Ottomans essayèrent de faire
face à certains états qui fournirent à leurs ennemis des
informations concernant l’Empire Ottoman. Cette lutte, avec
au moins deux de ces états, peut être facilement documentée.
Venise et Raguse étaient deux grandes cités-états qui
alimentèrent le reste de l’Europe avec des informations sur
l’Empire Ottoman, en particulier avant l’établissement du
français (1535), autrichien (1547), anglais (1578) et les
ambassades permanentes néerlandaises (1614) à
Constantinople. Leur position unique entre l’Orient et
l’Occident leur procurait un grand avantage ; ils
connaissaient les deux mondes. Malgré des guerres
occasionnelles entre Venise et l’Empire Ottoman, Venise
avait des liens commerciaux avec le Levant et même au 16ème
siècle, avait de grandes colonies commerciales dans
certaines villes ottomanes. Raguse, malgré le fait d’être un
vassal ottoman, était également un partenaire commercial
important. Les citoyens des deux états pouvaient voyager
relativement sans encombre au sein de l’Empire Ottoman. Les
Ottomans firent pression sur les deux, non seulement pour
leur fournir des informations sur les événements du monde
chrétien, mais aussi pour arrêter d’aider les renseignements
ennemis en fournissant directement des informations, ou en
abritant des agents ennemis sur leurs terres, dangereusement
proches des frontières ottomanes.
La pression ottomane sur leur vassal Raguse était immense.
Même si Raguse tenta de restreindre les renseignements
étrangers sur leur sol en promulguant une loi en 1526 qui
interdisait à ses sujets d’envoyer des informations sur
l’Empire Ottoman, la légèreté de la peine (100 ducats d’or
et six mois de prison quel que soit leur statut social)
eurent peu d’effet.
En 1547, les Ottomans forcèrent les Ragusains à ordonner à
l’un de leurs sujets, Marino de Zamagno, de cesser de
nourrir les Habsbourg avec des informations concernant
l’Empire Ottoman. Un rapport daté de 1567 informe que
d’autres agents espagnols le suivirent à Raguse. Lorenzo
Miniati fonctionnait comme intermédiaire entre le réseau de
renseignement espagnol à Constantinople et les vice-royautés
de Naples et de Sicile. Il recevait les lettres de
Constantinople et les expédiait avec une frégate
spécialement affectée à Barleta d’où elle atteignait Naples
et Messine. À sa mort, il fut remplacé par son neveu Dino
Miniati et Donato Antonio Lubelo. Cependant, en 1567, les
autorités ragusaines leurs ordonnèrent de quitter la ville
sous trois jours, à nouveau sous la pression ottomane.
Le même rapport souligne l’importance de Raguse pour la
collecte d’informations espagnoles. Il pouvait y avoir
d’autres agents à Cattaro, Corfou, Céphalonie ou Zante dans
la masse salariale des Habsbourg ; néanmoins, aucun de
ceux-ci ne pouvait transmettre des lettres de Constantinople
aussi vite que celles de Raguse : une moyenne de 17 jours.
Conscient de ce fait, le Vice-roi de Naples, Duque de
Alcala, réagit et menaça de renvoyer tous les marchands
ragusains du royaume de Naples, à moins que ses agents ne
soient pas autorisés à rentrer dans la ville. La pression
ottomane semble avoir mis en péril les canaux de
communication et de transmission des Habsbourg, puisqu’en
août 1567 Giovanni Maria Renzo dut envoyer les duplicata de
ses lettres, via Venise plutôt que Raguse. Il raconta
également que son intermédiaire Ambrosio Judice avait choisi
une autre route de Venise à Constantinople.
Trois ans plus tard, le successeur de Judice, Mourat Agha
évitera également Raguse et se rendra à Naples via Corfou.
Le problème entre Duque de Alcala et les Ragusains,
cependant, fut résolu rapidement. Un compromis fut trouvé
lorsque les Ragusains suggérèrent qu’un nouvel agent devait
être dépêché et que son identité devait être dissimulée aux
autorités ragusaines qui tentèrent ainsi d’échapper à la
responsabilité aux yeux des Ottomans. Pourtant, cette
stratégie échoua également.
En 1571, Sokullu aurait été furieux contre les Ragusains qui
envoyaient des informations aux Espagnols et laissaient l’un
de leurs agents résider dans la ville. En raison de cette
fureur, Raguse fut considérée comme l’une des cibles
possibles de la marine ottomane. Sokullu interdit en outre
le commerce et le trafic des marchands entre Constantinople
et Raguse. Il fut justifié dans ses soupçons ; d’autres
agents espagnols suivirent Miniati. Néanmoins, les Habsbourg
n’étaient pas non plus satisfaits des Ragusains pris entre
deux feux, incapables de satisfaire l’une ou l’autre des
parties. L’officier habsbourgeois chargé de l’actualité du
Levant, Alonso Sanchez, se plaignit qu’il était difficile de
trouver des hommes de qualité pour travailler à Raguse, en
raison des mauvais traitements ragusains des agents
espagnols. Don Juan envoya une lettre à l’organe exécutif de
Raguse, le Consilium Minus, lui reprochant de n’avoir pas
envoyé d’informations sur les Ottomans ; ce à quoi les
Ragusains répondirent rapidement qu’ils informaient le
Vice-roi de Naples. L’agent des Habsbourg dans la ville,
cependant, était loin d’être impressionné par cette excuse ;
Selon lui, les Ragusains retardaient délibérément l’arrivée
des informations de sorte que lorsque celles-ci arrivaient,
elles étaient déjà publiques. Les espions des Habsbourg à
Raguse créèrent une troisième crise en 1581, lorsque les
Ottomans réussirent de nouveau à faire expulser de la ville
l’espion espagnol de Raguse, César de la Marea. Ce criminel
napolitain avait été exilé de sa terre natale parce qu’il
avait tué sa mère, puis envoyé à Raguse pour envoyer des
informations concernant l’Empire Ottoman par le Vice-roi de
Naples de l’époque, le Cardinal Granvela. Quand il rendit
son occupation publique, il devint trop de responsabilité
pour les autorités ragusaines qui le bannirent de la ville.
Le Vice-roi de Naples, Juan de Cuniga, protesta et donna 20
jours aux autorités ragusaines pour révoquer leur décision,
cette fois sans succès. Lorsque, au même moment, l’envoyé
espagnol à Constantinople, Giovanni Margliani, traversait la
ville, les Ragusains lui dirent que l’ordre venait de
Constantinople et qu’ils ne pouvaient pas faire grand-chose.
Margliani devrait écrire au Vice-roi pour qu’il n’insiste
pas. Il écrivit peut-être mais de toute évidence, il ne fut
pas assez convaincant.
La crise s’aggrava, lorsque le vice-roi écrivit à Margliani
qu’il emprisonnerait tous les marchands ragusains ainsi que
le consul ragusain dans le royaume de Naples. Après quatre
mois de correspondance, il exécuta sa menace. Il emprisonna
les six marchands les plus riches de Naples et gela les
comptes des marchands ragusains dans les banques
napolitaines. Parfois, les autorités ragusaines prirent
l’initiative et essayèrent de limiter les renseignements des
Habsbourg sans un avertissement des Ottomans. En 1532, ils
arrêtèrent Miho Bucincic, l’un des frères Bucincic qui
fournissait à Ferdinand I des informations sur les activités
militaires des Ottomans. Il fut condamné à un an
d’emprisonnement avec perte, à perpétuité, de ses droits aux
fonctions et privilèges dont jouissait un patricien.
Ferdinand protesta et voulut que la sentence soit révoquée,
mais en vain. Pendant ce temps, Miho s’échappa de la prison
et s’enfuit à Vienne où il fut rejoint par son frère. Les
deux commencèrent à comploter contre leur patrie en essayant
de faire attaquer Ferdinand Ston. Le Sénat Ragusain, après
avoir découvert cela, les proclama traîtres et saisit leurs
biens.
Les Vénitiens, même si à un moindre degré, furent également
mis sous pression par les Ottomans. Ils ne tardèrent pas à
rejeter la responsabilité dans l’affaire Andrea Morefin par
laquelle le Vénitien avait été détenu à Alep puis exécuté
par les Ottomans. Il avait aidé un ambassadeur espagnol en
Perse à débarquer en Anatolie et lui avait donné deux guides
pour les montagnes du Taurus. Le diplomate vénitien Pietro
Zen, expérimenté dans le traitement de la diplomatie
ottomane, fut immédiatement dépêché à Constantinople pour
expliquer que Venise n’avait aucune responsabilité dans
l’affaire et Morefin était un ennemi de l’état. La
Sérénissime fit de grands efforts pour empêcher l’échange
d’informations secrètes à Venise, la Mer Adriatique et le
Stato di Mar. En 1535, elle interdit le bijoutier vénitien
Marco de Nicolo, l’envoyé ottoman / espion à destination de
la France, mais en entretiens secrets avec l’ambassadeur
espagnol Lope de Soria, de la discussion de chose sur les
Turcs ? avec qui que ce soit ? .
En 1539, le gouverneur vénitien de Cattaro refusa
catégoriquement d’aider Estefano Seguri, envoyé par le
Vice-roi de Naples, Pedro de Toledo, à apprendre où se
trouvait la marine ottomane avec sa frégate. Les Espagnols
n’étaient pas non plus autorisés à engager quelqu’un à
Cattaro pour transporter leur dépêche à Castelnuovo,
brièvement sous contrôle espagnol entre 1538 et 1539. C’est
assez intéressant car l’incident se produisit en 1539,
lorsque les Habsbourg et les Vénitiens étaient alliés dans
une guerre contre les Ottomans.
En 1553, les Vénitiens poursuivirent une frégate sicilienne
qui était entrée dans la Mer Adriatique avec l’intention
d’espionner les Ottomans. Ils avertirent l’agent espagnol à
Corfou que la Mer Adriatique était libre et qu’il n’était
pas juste que les vassaux de l’Empereur naviguent dans
l’Adriatique à des fins de collecte d’informations, ce dont
la France, alliée ottomane, leur avait déploré. Ils firent
en outre pression sur les agents espagnols résidant sur
l’île vénitienne de la Mer Ionienne.
En 1541, ils renvoyèrent Camillo Stopa, qui envoyait des
informations concernant la marine ottomane depuis l’île de
Corfou, craignant que ses activités ne compromettent les
capitulations récemment signées avec les Ottomans. Un an
plus tard, le Conseil des Dix reprocha au Provéditeur de
Corfou d’avoir noué des relations cordiales avec un autre
agent des Habsbourg et ordonné son renvoi immédiat de l’île.
En 1552, les membres du Conseil étaient tellement perturbés
par les activités des espions des Habsbourg et maltais sur
leur sol qu’ils décidèrent à l’unanimité de rappeler à leurs
gouverneurs de renvoyer ces espions d’une part, et
d’informer le Bailo d’autre part afin qu’il puisse assurer
les Ottomans de la bonne volonté et des efforts sincères de
Venise, au cas où les Ottomans soulèveraient la question.
Dans un exemple, les Vénitiens menacèrent même l’agent
espagnol à Zante de brûler sa frégate avec son équipage. En
1563, le gouverneur de Corfou reçut l’ordre de renvoyer à la
fois l’agent des Habsbourg Zuan Thomas Napolitano et la
frégate qui venait secrètement sur l’île pour recueillir des
informations. En 1567, ironiquement après l’échec d’un
complot ottoman visant à capturer l’agent résident espagnol
à Corfou, Balthasar Prototico, les Vénitiens se rangèrent du
côté des Ottomans et expulsèrent l’agent espagnol.
Néanmoins, cela n’empêcha pas l’espion espagnol ; Prototico
revint et les lettres de Corfou et de Zante continuèrent
d’arriver à Lecce et à Naples. Par conséquent, en 1569, les
Ottomans protestèrent de nouveau. De Corfou, les Vénitiens
expulsèrent en outre Fernando Dispero en 1576 et de nouveau
Balthasar Prototico en 1581. Le Conseil des Dix, dans un
effort pour ne pas exaspérer les Habsbourg, se montrèrent
généralement indulgent envers leurs espions, exhortant les
gouverneurs à les renvoyer. Coincés entre deux puissants
empires, ils cherchèrent à trouver un compromis entre
l’insistance des Habsbourg à envoyer des espions et des
navires dans les îles Ioniennes et le mécontentement des
Ottomans vigilants à observer les renseignements ennemis si
près de leur territoire. Par exemple, en 1577, ils
renvoyèrent une fois de plus un espion des Habsbourg de
Corfou, parce qu’il faisait un travail qui exigeait une
personne discrète, très publique. Ils protestèrent également
sur la conduite des navires envoyés de Naples pour
recueillir des informations. Sous le commandement d’un
ennemi de longue date de la République, Pietro Lanza, ces
navires étaient non seulement entrés inutilement dans le
Canal de Corfou, au lieu de se rendre dans les îles voisines
où ils seraient tous logés par les autorités, mais également
engagés dans certaines activités hors du programme, telles
que la visite des rivages ottomans et l’asservissement des
sujets ottomans, qui mirent en péril les relations de la
Venise avec les Ottomans. Les Vénitiens demandèrent
naturellement
le retrait de Lanza du commandement de ces navires et
Madrid, sinon Naples, choisit de céder.
Bref, la prudence de Venise nous démontre que les pressions
ottomanes semblèrent avoir porté leurs fruits et malgré leur
résistance sur le plan diplomatique, les Espagnols durent
chercher des alternatives. Par exemple, en 1576, Bartolomeo
Brutti, qui travaillait pour les Espagnols à l’époque,
proposa d’envoyer des lettres via Cattaro et Raguse plutôt
que Corfou et de changer les courriers grecs par des Slaves. |