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					Règne : 1003 - 1012 (1595-1603) 
					
					 
					
					Titres honorifiques et pseudonymes 
					
					: Ghazi (guerrier de la foi), Egri Fatihi (le 
					conquérant d’Eger) et ‘Adli (juste). 
					
					
					Nom du Père 
					: Mourad III. 
					
					
					Nom de la Mère 
					: Safiyah Sultan. 
					
					
					Lieu et date de naissance 
					: Manisa. 7 Dzoul Qi’dah 973 (26 mai 1566). 
					
					
					Âge à l’accession au trône 
					: 29 ans. 
					
					
					Cause et date du décès 
					: Crise cardiaque le 16 Rajab 1012 (20 décembre 1603). 
					
					
					Lieu de décès et de sépulture 
					
					: Istanbul. Sa tombe est située près d’Ayasofya. 
					
					
					Héritiers 
					: Ahmed I, Mustafa I, Salim, Mahmoud et 
					Jihangir. 
					
					  
					 
					
					Les chroniques mentionnent que Muhammad III naquit 
					pendant la campagne de Szigetvar menée par son 
					arrière-grand-père, le Sultan Suleyman le Magnifique, et que 
					c’est Suleyman le Magnifique qui le nomma d’après son 
					grand-père, le Sultan Muhammad al-Fatih. Muhammad 
					III, alors gouverneur de Manisa, monta sur le trône en 1003 
					(1595) à la suite du décès de son père Mourad III. Muhammad 
					III est le dernier des Sultans ottomans à monter sur le 
					trône après avoir été gouverneur pendant ses années Sehzade. 
					 
					
					La guerre ottomane-autrichienne était en cours lorsque Muhammad 
					III devint Sultan. En raison de la mauvaise gestion des 
					Principautés valaisanne, transylvanienne et moldave par le 
					Grand Vizir Sinan Bacha, ces Principautés se retournèrent 
					contre les Ottomans et s’allièrent avec l’Autriche. Pendant 
					ce temps, l’armée autrichienne assiégea et captura 
					finalement les forteresses d’Esztergom et de Visegrad. Les 
					Ottomans furent chagrinés lorsqu’ils apprirent la nouvelle, 
					en particulier la chute d’Esztergom.  
					 
					
					Les hommes d’état et les janissaires demandèrent au Sultan 
					de faire campagne contre l’Autriche malgré le nombre de 
					défaites. Sa mère Safiyah Sultan le surveilla avec vigilance 
					pendant ses années Shehzade, ce qui le rendit introverti et 
					facilement manipulables par elle. Mais malgré son 
					obstruction, le Sultan Muhammad III marcha et injecta 
					ainsi le moral parmi les soldats et le public, qui n’avait 
					pas vu un Sultan engagé dans une guerre depuis l’époque de 
					Souleyman le Magnifique. L’armée marcha d’Istanbul à 
					Belgrade en 1003 (1595). Au cours de la campagne, les 
					nouvelles de la mort de Jihangir, le fils âgé de trois mois 
					du Sultan, l’atteignit. Peu de temps après, Eger Var, l’une 
					des plus puissantes forteresses du nord de la Hongrie, non 
					encore sous contrôle ottoman, fut conquis. Suite à la 
					conquête, Muhammad III fut appelé le Conquérant 
					d’Eger. 
					 
					
					L’Autriche réagit à la conquête du fort en organisant une 
					armée croisée pour faire face aux Ottomans. Les deux armées 
					se rencontrèrent Mezokeresztes (également connu sous le nom 
					de Hagova) près d’Eger et se livrèrent une bataille féroce. 
					Le Sultan Muhammad III installa sa tente impériale à 
					un endroit approprié pour commander efficacement son armée. 
					L’armée ottomane subit de lourdes pertes et les soldats 
					commencèrent alors à se disperser et à déserter le champ de 
					bataille. Lorsque les croisés s’approchèrent de la tente de 
					Muhammad III, les Ottomans réalisèrent le danger 
					auquel leur Sultan était exposé. Certains lui suggérèrent 
					même de changer de vêtements et de fuir sous un déguisement. 
					Cependant, le Sultan, qui avait emporté avec lui le manteau 
					saint et l’épée du Prophète, décida de combattre sur le 
					champ de bataille et mena ses soldats à la victoire. Il fut 
					particulièrement inspiré par les conseils du Sheikh al-Islam 
					Khawajah Sa’d ad-Din, ou du plus haut responsable du droit 
					religieux, à l’époque : « Mon Sultan ! En tant que Sultan 
					ottoman qui est calife sur la voie du Prophète
					
					
					(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), il serait approprié que tu 
					revêts le manteau sacré et prie Allah. » Ce fut un exemple 
					de la détermination politique rare mais inestimable du 
					Sultan, qui prit le commandement un tel moment critique. 
					 
					
					Ayant constaté que leur Sultan était déterminé à rester et à 
					se battre, l’armée se ressaisit pour livrer un ultime combat 
					: non seulement les soldats, mais aussi les services 
					d’approvisionnement, y compris les cuisiniers, les 
					serviteurs du palais, les écuries, les chameliers et les 
					muletiers s’impliquèrent directement dans le combat. Une 
					résistance aussi puissante prit les croisés par surprise. À 
					la fin de la journée, l’armée rajeunie transforma la 
					tendance d’une défaite possible en une victoire certaine. 
					Après la victoire, le nouveau grand Vizir Cigalazade Sinan 
					Bacha se présenta et lut les noms des soldats en fuite. Peu 
					de temps après, des édits impériaux furent envoyés aux 
					provinces avec ordre de saisir les propriétés des fugitifs. 
					Un programme de confiscation d’une telle ampleur provoqua le 
					soulèvement des révoltes de Celali en Anatolie. Ce sont ces 
					révoltes qui perturbèrent l’ordre et la sécurité en Anatolie 
					et causèrent beaucoup de difficultés à l’État Ottoman 
					pendant le règne du Sultan Muhammad III. 
					 
					
					L’année suivante, en 1006 (1598), les forces autrichiennes 
					capturèrent Esztergom et Gyor dans le nord-ouest de la 
					Hongrie. Le Sultan, déçut par la nouvelle de défaites 
					consécutives, perdit également Salim, son fils âgé de 
					quatorze ans. En 1008 (1600), l’armée ottomane riposta pour 
					récupérer les terres perdues au profit de l’Autriche et 
					conquit la forteresse de Kanizsa en Hongrie, l’un des plus 
					importants fiefs de l’Europe. L’armée revint ensuite revenue 
					à Istanbul, laissant Hassan Tiryaki Bacha en tant que 
					gardien du fort. Une nouvelle armée croisée dirigée par 
					l’Autriche assiégea Kanizsa pour la récupérer. En raison de 
					la défense héroïque du commandant Hassan Tiryaki 
					Bacha et de sa tactique intelligente, les croisés ne purent 
					tenir longtemps et se retirèrent en 1601. 
					 
					
					Abbas I de la Perse shiite exploita les circonstances : 
					l’armée ottomane combattait les Autrichiens et les révoltes 
					de Celali provoquaient des ravages en Anatolie. À un moment 
					aussi opportun, Abbas Ier entreprit de reprendre les terres 
					que les shiites avaient perdues sous le Traité de Ferhad 
					Bacha. Il chercha également des alliances pour un soutien 
					avec la Papauté et les Pays Européens. En l’absence de ‘Ali 
					Bacha, le gouverneur général de Tabriz, Abbas Ier conquit 
					les régions de Tabriz et de Nakhitchevan. Au milieu de 
					luttes en cours avec l’Autriche à l’Ouest et la Perse shiite 
					dans l’est, la santé du Sultan Muhammad III se 
					détériora. En entrant dans le Palais le 20 Rabi’ ath-Thani 
					1012 (27 septembre 1603), un derviche avertit Muhammad 
					III qu’il ne devait pas être pris au dépourvu et non 
					préparé, un événement important se produirait dans 
					cinquante-six jours. Le 14 Rajab (18 décembre), sa maladie 
					devint insupportable et le Sultan décéda deux jours plus 
					tard, le 16 Rajab 1012 (20 décembre 1603), comme l’avait 
					prédit le derviche. 
					 
					
					Pendant le règne chaotique du Sultan Muhammad III, la 
					sécurité centrale et provinciale fut 
					fréquemment et sévèrement atteinte, principalement à 
					cause des mutineries des janissaires d’Istanbul et des 
					révoltes de Celali en Anatolie. L’Empire Ottoman était en 
					effet dans une situation désespérée : la détresse économique 
					s’accrue, l’inflation explosa, les Bachas lutèrent pour le 
					pouvoir et Istanbul, d’abord consumée par un grand incendie 
					en 1006 (1598) fut tourmentée par la peste noire.  
					
					En outre, d’autres problèmes apparurent du fait que le 
					Sultan avait été manipulé par sa mère Sultan Safiyah qui 
					était directement intervenu dans les affaires de l’état et 
					avait interféré avec des nominations administratives. En 
					conséquence, le Sultan Muhammad III omit de 
					reproduire sous son règne toute l’expérience administrative 
					et les compétences qu’il avait acquises de son poste 
					antérieur de gouverneur du sancak. En fait, il fut le 
					dernier des Ottomans Shehzades envoyés dans les provinces 
					pour acquérir une expérience militaire et administrative. 
					 
					
					Le Sultan Muhammad III avait un caractère calme ; Il 
					était indécis, de mauvaise humeur, facile à manipuler et un 
					véritable introverti. Avec ces traces de caractère, le 
					Sultan était un Musulman pratiquant et tout à fait tolérant 
					envers les croyants de diverses religions. Les chroniques 
					font allusion à la façon dont il prit au sérieux ses prières 
					quotidiennes et à sa révérence au Prophète (sallallahou 
					‘aleyhi wa sallam). Il abandonna une partie des pratiques de 
					son père. Il fut le premier Sultan pendant de nombreuses 
					années à participer personnellement à une campagne et il 
					déploya de nombreux efforts pour établir des liens avec ses 
					peuples. Son règne s’étendit sur une période relativement 
					courte néanmoins, elle annonçait une série de troubles 
					imminents. 
					
					  
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