Règne : 982 - 1003 (1574-1595)
Titres honorifiques et pseudonymes
: Mouradi.
Nom du Père
: Salim II.
Nom de la Mère
: Nourbanou Sultan.
Lieu et date de naissance
: Bozdag, Manisa : 5 Joumadah al-Oula 953 (4 juillet 1546).
Âge à l’accession au trône
: 28 ans.
Territoires :
19.902.000 km2.
Cause et date du décès
: le 5 Joumadah al-Oula 1003 (16 janvier 1595).
Lieu de décès et de sépulture
: Istanbul. Sa tombe est située près d’Ayasofya.
Héritiers
: Muhammad III, Salim, Bayazid, Mustafa, ‘Uthman,
Jihangir, ‘Abd ar-Rahman, ‘AbdAllah, Hassan, Ahmed,
Ya’qoub, Alemsah, Youssouf, Huseyin, Korkud, ‘Ali, Ishaq,
‘Omar, ‘Ala' ad-Din et Daoud.
Héritières
: Sultan ‘Ayshah, Sultan Fatima, Sultan Mihrimah et Sultan
Fahriye.
Suite à la mort subite du Sultan Salim II, Muhammad
Sokullu Bacha assuma une nouvelle fois la responsabilité
d’informer un Shehzade des mauvaises nouvelles et Mourad III
fut invité pour le trône ; ainsi, le trône ottoman
accueillit une autre Mourad après 123 ans comme douzième
Sultan Ottoman. Curieusement, l’ordre séquentiel, qui suit
les règnes des Sultans en tant que troisième, sixième et
douzième, est un ensemble de nombres interdépendants et tous
désignent les Sultans nommés Mourad.
Le Sultan Mourad III était le gouverneur d’Akgehir et de
Saroukhan avant son accession au trône. Lors de la
succession, il était de coutume que les Sultans ceignent
leur épée dans la Mosquée Sultan Ayyoub, où Abou Ayyoub
al-Ansari (radhiyallahou ‘anhou), porte-drapeau du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), décéda (lors de la
tentative de conquérir Constantinople) et fut enterré.
Mourad III se rendit à la Mosquée du Sultan Ayyoub le
vingt-deuxième jour du mois de Ramadan. Il portait son épée
impériale dans le respect de la tradition impériale ottomane
et rendit visite aux tombeaux des précédents Sultans, ses
ancêtres.
Mourad III prolongea le mandat du Grand Vizir Muhammad
Sokullu Bacha, qui avait déjà occupé le même poste sous son
père et grand-père ; Muhammad Sokullu Bacha devint
ainsi le premier et le seul homme d’état de l’histoire
ottomane à assumer les fonctions administratives de Grand
Vizir régnant sur le règne de trois Sultans différents.
Sokullu avait en effet un rôle si profond dans
l’administration que cette période s’appellera plus tard
l’ère Sokullu. Il jeta en particulier, une longue ombre sur
le règne du Sultan Mourad III jusqu’à son assassinat
ultérieur.
La première participation politique de Mourad Ill en Europe
fut de remplacer le roi polonais décédé par Bathory, le
Prince de Transylvanie. Cette décision mettra fin à
l’influence russe et des Habsbourg dans la région. Le
royaume de Pologne passa finalement sous le protectorat
ottoman en 983 (1575). La domination ottomane s’étendit donc
jusqu’à la mer Baltique.
Les frontières ottomanes s’étendaient encore plus loin
jusqu’à l’océan Atlantique par le sud-ouest de l’Afrique
occidentale. Le Sultan Mourad III chargea le gouverneur
général d’Algérie, Ramadan Bacha, de conquérir le Maroc. Le
Maroc tomba sous contrôle ottoman lorsque Ramadan Bacha
honora ‘Abd al-Malik Ibn Muhammad en tant que Sultan
du Maroc en 984 (1576). Renforcée par les forces militaires
marocaines, l’armée ottomane fit face à l’armée croisée, que
les Portugais avaient formée avec le soutien de la papauté,
française et espagnole et lui affligea une défaite écrasante
à Qasr al-Kabir près de Tanger sur le détroit de Gibraltar
en 986 (1578). Sébastien, le Roi du Portugal mourut durant
l’attaque et toute l’Afrique du Nord passa aux mains des
Ottomans.
En Perse shiite, Shah Ismaël triompha dans la course au
trône après la mort de Shah Tahmasp. En tant que nouveau
roi, il annula le traité d’Amasya en 962 (1555) et
transgressa les frontières ottomanes. Ainsi Mourad III
envoya l’armée ottomane sous le commandement de Lala Mustafa
Bacha contre les shiites et mena la campagne en personne.
Les Ottomans vainquirent les shiites dans la Vallée de
Cildir, au sud-est de la région de la Mer Noire, en 986
(1578). Ils se lancèrent ensuite sur la Géorgie et
conquirent Tbilissi, la plus grande ville du Caucase.
L’année suivante vit une autre bataille durant laquelle
l’armée ottomane défit l’armée shiite une fois de plus.
En 991 de l’Hégire (1583), dans une bataille appelée « la
guerre des torches » contre les shiites, l’armée ottomane
dirigée par ‘Uthman Ozdemiroglu Bacha remporta une grande
victoire malgré sa désorientation initiale. ‘Uthman Bacha
s’installa ensuite à Kaffa et nomma Islam Chiray en tant que
nouveau Khan de Crimée. Lors de son retour à Istanbul, le
Bacha informa Mourad III durant trois heures sur son
expérience. Tout en l’écoutant, le Sultan fut agréablement
surpris et parfois excité, et lui offrit de généreux cadeaux
et ses prières. En outre, Mourad III promut ‘Uthman
Ozdemiroglu Bacha au Grand Vizirat. ‘Uthman Ozdemiroglu
Bacha, le nouveau Grand Vizir, fut envoyé à la conquête de
Tabriz. Tabriz reconnut l’autorité ottomane peu après 995
(1585) ; néanmoins, la gestion de la ville s’avéra être un
défi de taille. ‘Uthman Ozdemiroglu Bacha tomba malade et
décéda subitement. La nouvelle de sa mort noya la ville
d’Istanbul dans une mer de chagrin. Mais l’armée ottomane ne
s’arrêta pas ; au lieu de cela, elle avança sous la nouvelle
direction de Ferhad Bacha. L’avancée des troupes ottomanes,
conjuguée aux troubles du règne safavide, donna lieu à la
signature d’un traité entre Ottomans et les shiites qui
stipulait que les terres nouvellement conquises seraient
fusionnées dans les territoires ottomans. En effet, les
guerres intermittentes avec la Perse shiite se poursuivirent
de 986 à 998 (1578 à 1590) jusqu’à ce que les shiites
demandent un accord. Le Traité de Ferhad Bacha, également
connu sous le nom de Traité d’Istanbul, fut signé en 998
(1590) et scella les frontières ottomanes à l’est dans toute
la mesure du possible.
Les difficultés financières provoquées par les guerres
perses déclenchèrent toutefois une foule d’autres problèmes.
Par exemple, une révolte ultérieure janissaires menaça
sérieusement le Sultan et fut à peine réprimée. Au cours des
batailles en cours avec la Perse, Istanbul déplora la
nouvelle d’une autre mort : Sinan, l’architecte magistral
d’œuvres monumentales telles que les Mosquées Suleymaniye et
Salimiye, rencontra son destin en 996 (1588).
Durant son règne, le Sultan Mourad III poursuivit une
politique selon laquelle « l’ennemi de mon ennemi est mon
ami. » Mourad III privilégia particulièrement le maintien de
relations plus étroites avec la Grande-Bretagne, tout en
luttant contre l’Espagne et le Portugal. De plus, il permit
aux marchands britanniques de poursuivre le libre-échange
sur les routes maritimes ottomanes en 988 (1580). Il noua
des relations avec le Khanat Ouzbek en Asie centrale. En
fait, l’extension de la menace russe dans le Caucase et la
Sibérie ouvrit des liens plus étroits entre les deux pays.
Bien que les émissaires ouzbeks aient informé le Sultan
qu’un plus grand danger émanerait de la colonie russe à
Astrakhan, ouvrant l’ensemble de l’Asie Centrale à
l’entreprise russe et offrant un effort de collaboration
pour contrecarrer un tel danger, le Sultan déclina l’offre
en raison des événements en cours en Occident.
Le Traité d’Istanbul, signé par l’Empire Ottoman et
l’Autriche en 939 (1533), fut renouvelé en 975 (1568).
Cependant, en violation du Traité, l’Autriche refusa de
payer le tribut convenu aux Ottomans. De plus, les forces
autrichiennes commencèrent à attaquer les terres de la
frontière ottomane et à agiter les Princes de Valachie, de
Transylvanie et de Moldavie contre l’Empire Ottoman. Tous
ces actes amenèrent les deux pays au bord de la guerre. Puis
l’assassinat de Hassan Telli Bacha, gouverneur
général de la Bosnie, fut la goutte d’eau qui fit déborder
le vase. L’armée ottomane du Grand Vizir Sinan Khoja Bacha
avait continuellement remporté des victoires sur les
premiers théâtres de guerre cependant, l’armée ottomane fut
plus tard paralysée par les révoltes des Princes de
Valachie, de Transylvanie et de Moldavie. La nouvelle de la
mort du Sultan Mourad Ill en 1003 (1595) fut annoncée au
milieu de cette détérioration de la situation. Les sources
ne sont pas d’accord sur la cause de sa mort. Parmi les
causes citées figurent diverses maladies telles que le
rhume, les saignements gastriques, l’épilepsie et
l’inflammation intestinale.
Les sources racontent que Mourad III était voué à la
littérature, à la calligraphie et aux arts et s’intéressait
à l’histoire du monde. En outre, il était très gentil et
généreux avec les membres de sa famille. Il était brun et de
taille moyenne et avait une nature vive et bénigne. Il
s’abstenait de verser du sang et disait rarement « non. » Il
aimait porter de magnifiques costumes ornés de plumes et des
pierres précieuses sur son turban. Il était un cavalier et
tireur talentueux. Il fut critiqué pour avoir impliqué des
personnes non pertinentes et incompétentes, en particulier
des femmes du Palais, dans les affaires de l’état et pour ne
pas avoir participé à des campagnes en personne. Bien que
guerrier, Mourad III était entouré de ceux qui défendaient
l’idée qu’il devait diriger l’état depuis son Palais ; par
conséquent, il semble que ce ne soit pas lui mais les
personnes qui l’entourent qui l’incitèrent à ne pas faire de
campagne.
Durant son règne, l’Empire Ottoman mena des guerres longues
et coûteuses contre la Perse et l’Autriche, provoquant une
série de développements défavorables en spirale : le système
de fief se détériora, un nombre important de villages furent
abandonnés, la migration à Istanbul fut renforcée. Le nombre
de membres de l’armée régulière augmenta et le recrutement
de soldats incapables commença tandis que les salaires des
soldats ne purent être payés à temps. La peste noire
endémique et un puissant séisme à Istanbul aggravèrent
également la situation.
Le Sultan Mourad III, puisse Allah Exalté lui faire
miséricorde, était un homme de charité. Pendant son règne,
Mourad III rénova la Ka’bah et la Grande Mosquée (Masjid al-Haram)
à La Mecque. Il restaura également la Mosquée du Prophète
(Masjid an-Nabawi) à Médine et toutes les voies navigables
sur la route du pèlerinage. Il construit une madrasa, une
maison de charité, une école et une zawiya (pavillon soufi)
dans les deux villes sacrées de La Mecque et Medina. En
outre, il érigea à Manisa, la ville où il passa ses années
de Shehzade, la Mosquée Mouradiye, dont le plan fut tracé
par le grand architecte Sinan. C’était un magnifique
complexe comprenant une Mosquée et une madrasa, une auberge
de bonne qualité et un caravansérail. Il construisit
également construit des Mosquées dans la Morée et Navarin
(maintenant Pylos) ; cette dernière survit encore
aujourd’hui.
À Istanbul, Mourad III érigea la salle du trône (Has Oda)
dans le Palais de Topkapi. Il orna aussi la Mosquée Ayasofya
avec les deux minarets sur le côté nord, la chaire élégante
et le Mahfil (la galerie du Sultan) en treillis fin. Le
projet de construction à La Mecque qui débuta au cours du
règne de son père se poursuivit et une attention
particulière fut accordée à la sécurité des pèlerins et à la
protection des reliques sacrées du Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) de la Mecque. As-Sayf al-Moubarak, ou «
l’Épée Bénie » que le Prophète Muhammad (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) utilisa lors de la bataille d’Ouhoud et
qu’il donna plus tard à ‘Umar (radhiyallahou ‘anhou), fut
successivement transmis aux Omeyyades, aux Abbassides et aux
Mamelouks. Elle fut finalement amené à Istanbul et soumis au
Sultan Mourad III. Cette épée est toujours exposée dans le
pavillon des reliques sacrées du Palais de Topkapi.
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