Règne : 1012-1026 (1603-1617)

 

Titres honorifiques et pseudonymes : Ghazi (guerrier de la foi), Bahti.

Nom du Père : Muhammad III.

Nom de la Mère : Sultan Handan

Lieu et date de naissance : Manisa, le 22 Joumadah ath-Thani 998 (28 avril 1590).

Âge à l’accession au trône : 14 ans.

Cause et date du décès : Typhus et saignements gastriques ; 23 Dzoul Qi’dah 1026 (22 novembre 1617).

Lieu de décès et de sépulture : Istanbul. Sa tombe est située près de la Mosquée du Sultan Ahmed, dans Istanbul.

Héritiers : ‘Uthman II, Mourad IV, Ibrahim, Bayazid, Souleyman, Qassim, Muhammad, Hassan, Salim, Hanzade et ‘Oubaydah.

Héritières : Sultan Gevherhan, Sultan ‘Ayshah, Sultan Fatima et Sultan ‘Atika.

 

 

À la suite de la mort de son père Muhammad III, Ahmad Ier monta sur le trône à un âge précoce en tant que premier sultan sans expérience préalable de gouverneur, ce qui aurait été trop risqué face à la montée des révoltes Celali dans les provinces anatoliennes.

 

Au moment où Ahmed Ier reçut le trône, l’Empire Ottoman était en état de guerre contre l’Autriche à l’ouest et les shiites à l’est. L’armée ottomane sous le commandement de Cigalazade Sinan Bacha passa cet hiver à Van, au sud-est de l’Anatolie, sans faire de campagne. Sinan Bacha déplaça l’armée à Erzurum dès que les shiites avaient attaqué ; toutefois, son entreprise suscita la gêne parmi les soldats conduisit l’armée à ménager une saison de campagne en vain. Finalement, l’armée marcha dans le but de conquérir Tabriz en 1013 (1605). L’armée ottomane défit les shiites mais le commandant général Sinan Bacha se retrouva dans une situation difficile lorsque le gouverneur général d’Erzurum Sefer Kose Bacha détacha ses troupes de l’armée ottomane pour chasser l’ennemi et fut capturé et détenu prisonnier de guerre. Shah Abbas organisa une embuscade à un moment critique et vainquit les troupes de Sefer Kose Bacha. Les forces ottomanes restantes se retirèrent d’abord à Van, puis à Diyarbakir, situé sur les rives du Tigre. Après la mort soudaine de Sinan Bacha à Diyarbakir, Shah Abbas captura facilement Sirvan, Samakhi et Ganja dans le sud du Caucase. L’Empire Ottoman n’affecta pas toutes ses forces à la lutte contre les shiites, car il combattait simultanément l’Autriche et le conflit interne en Anatolie s’aggravait. Par conséquent, la guerre contre les shiites se termina par la signature d’une trêve nommée en l’honneur du Grand Vizir Nasouh Bacha.

 

Le défi de taille sous le règne du Sultan Ahmed I vint avec les révoltes qui éclatèrent en Anatolie. La montée des révoltes occupa une grande partie de son attention et s’étendit à une sphère d’influence plus large. Les révoltes à peine contrariées en entraîneraient d’autres dans les années à venir. En outre, le mécontentement suscité par les guerres intermittentes ottomane-autrichiennes augmenta lorsque de plus en plus de taxes alourdirent les sujets ottomans. De plus, les unités de cavalerie timariot titulaires de fief, qui devaient se réunir avec l’armée en temps de guerre et s’occuper de la terre qui leur avait été confiée en temps de paix, montraient des signes de faiblesse et formaient des cavaliers de moindre importance pendant les campagnes. Les soins et le contrôle des terres provinciales confiées aux timariots diminuèrent également. Cela donna un élan à la migration des zones rurales vers les villes, provoqua l’abandon des villages et des fermes et réduit les recettes fiscales du gouvernement pour la production agricole sur les terres timariotes.

 

Au moment où Ahmed Ier accéda au trône, les Ottomans avaient mené des batailles féroces contre l’Autriche comme ils le furent sous le règne de son père. La reconquête des forts de Visegrad et d’Esztergom en 1013 (1605) contribua à la consolidation de l’autorité ottomane en Valachie, en Moldavie et en Transylvanie, et le maintien du statu quo fut également reconnu par les Princes valaques, moldaves et transylvaniens, qui étaient agités par l’Autriche contre l’Empire Ottoman. L’Autriche n’eut alors d’autre choix que de demander la paix. Le Traité de Zsitvatorok suivant, signé à l’ancienne embouchure de la Zsitva, se jetant dans le Danube, en 1014 (1606), stipulait que les Ottomans conserveraient les forteresses d’Egri, d’Estergom et de Kanizsa. Bien que le traité semblait favoriser l’Empire Ottoman, il fut néanmoins révélateur de la future stagnation ottomane en Europe.

 

En concluant le Traité avec le Kaiser autrichien, le Sultan Ottoman reconnut le souverain autrichien pour la première fois comme son égal diplomatique. Il s’agissait de la première occasion d’égalité diplomatique entre un sultan ottoman et les monarques européens voisins, auxquels les Ottomans avaient précédemment attribué un statut subordonné égal à celui du Grand Vizir du Sultan. Ainsi, la supériorité ottomane absolue en matière de diplomatie internationale, depuis l’époque du Sultan Souleyman le Magnifique, prit fin. Le renouvellement du Traité dans les années suivantes fut en grande partie dû aux révoltes incessantes de Celali qui causèrent de graves problèmes aux Ottomans. Le Sultan Ahmed Ier renouvela également les privilèges de libre-échange accordés par les Sultans précédents à la Grande-Bretagne, à la France et à Venise ; il accorda également les mêmes privilèges à la Hollande.

 

Les chroniques indiquent qu’Ahmed I, qui devint le quatorzième Sultan ottoman à 14 ans et régna pendant quatorze ans, rencontra très tôt son destin en raison d’une hémorragie gastrique, le 23 Dzoul Hijjah 1026 (22 décembre 1617). Comme de nombreux autres Sultans, le Sultan Ahmed écrivit de nombreux poèmes sous son pseudonyme « Bahti. » Le Sultan Ahmed Ier, homme de religion et de bienfaisance, fut apprécié et respecté par ses sujets, en partie parce qu’il s’abstenait de plaisirs et de divertissements. En matière d’état, il exécuta sans relâche les peines infligées à ceux qui faisaient preuve d’abandon ou de traîtrise à leur poste. En fait, la montée des révoltes et son incapacité à les réprimer pendant son règne semblent l’avoir contraint à gouverner de stricte manière afin de rétablir son autorité.

 

Au cours de son règne, le changement le plus important de l’appareil d’état eut lieu avec la réforme des règles d’adhésion au trône ; en particulier, il abolit l’exécution de fratricide qui avait émergé lorsque les Shehzades avaient été contraints à la succession pendant la guerre civile après la défaite du Sultan Bayazid Ier lors de la bataille d’Ankara en 804 (1402) et avait promulgué de nouvelles lois sur la succession fondées sur l’ancienneté et la maturité politique personnelle. Conformément aux nouvelles lois, Mustafa I, le frère du Sultan Ahmed, devint héritier de droit au trône. En outre, la pratique consistant à envoyer les Shehzades dans les provinces en tant que gouverneurs pour acquérir une expérience militaire et administrative fut abandonnée ; au lieu de cela, ils vinrent à être retenus dans les pavillons jumeaux du Palais de Topkapi.

 

Le nouveau système de succession fondé sur l’ancienneté et la maturité conduisit les sultans ottomans à régner à des âges bien plus avancés. De plus, l’abolition de la tradition des Shehzades en tant que gouverneurs de provinces (sancak) réduisit l’opportunité pour les Shehzades d’acquérir une formation et une expérience administrative. À partir du Sultan Ahmed Ier, le trône commença à passer rarement du Sultan à son propre fils mais généralement à son frère, le membre le plus âgé de la dynastie. Aujourd’hui, le chef de famille de la dynastie ottomane est toujours déterminé par la règle de l’ancienneté. Contrairement aux attentes, les principes d’ancienneté et de maturité n’empêchèrent pas les luttes pour la succession entre frères. Cependant, un consensus classique parmi les historiens est que les héritiers fratricides du Sultan nouvellement intronisé au trône avaient été appliqués en particulier sous les règnes de Mourad III et Muhammad III afin d’étouffer toutes les ambitions de rivaux potentiels au trône. D’autres incidents malheureux semblent s’être produits alors qu’ils ne pouvaient pas être évités. Il était inévitable que les membres de la dynastie qui menaient des compétitions sanglantes pour le trône perdent la vie en cas d’échec.

 

Le Sultan Ahmed I construisit la Mosquée Sultan Ahmed, le grand opus de l’architecture ottomane, en face de la Mosquée Ayasofya. Le Sultan assista aux premiers travaux de terrassement avec une pioche en or pour commencer la construction du complexe de la mosquée. Sultan Ahmed participa avec joie à la onzième rénovation complète de la Ka’bah, qui venait d’être endommagée par les inondations. Il envoya des artisans d’Istanbul et la gouttière d’or qui empêchait la pluie de s’accumuler sur le toit de la Ka’bah fut rénovée avec succès. C’est encore à l’époque du Sultan Ahmed Ier qu’un filet de fer fut placé à l’intérieur du puits de Zamzam à La Mecque. La mise en place de ce filet à environ trois pieds sous le niveau de l’eau était une réponse aux insensés qui sautaient dans le puits, imaginant la promesse d’une mort héroïque.

 

À Médine, une nouvelle chaire en marbre blanc et expédiée d’Istanbul arriva à la Mosquée du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et remplaça l’ancienne chaire usée. On sait également que le Sultan Ahmed Ier érigea deux autres mosquées à Uskudar, du côté asiatique d’Istanbul cependant, aucun d’elles ne survécurent. Le Sultan avait un emblème sculpté de l’empreinte du Prophète Muhammad (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et illustrait l’un des exemples les plus significatifs d’affection envers le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dans l’histoire ottomane.

Il composa un quatrain gravé à l’intérieur de la crête : « Si seulement je pouvais supporter ma tête comme mon turban pour toi, toujours…»