Règne : 926 - 973 (1520-1566)
Titres honorifiques et pseudonymes
: Al-Qanouni (le législateur), Mouhtajem (le
Magnifique, dont le règne fut l’un des plus brillants de
l’histoire du monde), Ghazi (Guerrier pour la foi), Mouhibbi
(Amant, son pseudonyme), Sahibkiran (Toujours -Le
souverain qui a réussi) et Saibou’l-aserati’l-kamilet
(Compléteur de la perfection - en tant que dixième Sultan
ottoman).
Nom du Père
: Sultan Salim I.
Nom de Mère
: Hafsa Sultan Valide.
Lieu et date de naissance
: Trabzon, le 6 Safar 900 (6 novembre 1494).
Âge à l’accession au trône
: 26 ans.
Territoires :
14.983.000 km2.
Cause et date du décès
: Cancer, le 7 septembre 1566.
Lieu de décès et de sépulture
: Szigetvar, Hongrie. Sa tombe se trouve près de la Mosquée
Süleymaniye, qu’il construisit à Süleymaniye, Istanbul.
Héritiers
: Salim II, Bayazid, ‘AbdAllah, Mourad, Muhammad, Mahmoud,
Jihangir et Mustafa.
Héritières
: Sultan Mihrimah et Sultan Raziye.
Né comme le fils unique du Sultan Salim I à Trabzon, où son
père passa ses années Shehzade comme gouverneur, Souleyman I
reçut une très bonne éducation dans son enfance et grandit
méticuleusement. Son éducation fut axée sur l’administration
d’état et militaire et les sciences Islamiques. A treize
ans, il déménagea à Sebinkarahisar et à Bolu l’année
suivante où il fut affecté au poste de gouverneur de Kaffa.
Souleyman soutint son père et participa à la marche de son
père de Trabzon à Istanbul.
Souleyman vécut à Istanbul et à Edirne à l’époque où son
père contestait ses oncles pour le trône. Il résida à
Istanbul lorsque le Sultan Salim Ier monta sur le trône en
918 (1512). Il resta ensuite gouverneur de Saroukhan
(aujourd’hui Manisa) dans l’Anatolie occidentale jusqu’à la
mort de son père. Le 17 Shawwal 926 (30 septembre 1520),
huit jours après que la triste nouvelle de la mort de son
père lui soit parvenue, il arriva à Istanbul et monta sur le
trône à la suite de la cérémonie au Palais de Topkapi.
Souleyman était un nouveau Sultan chanceux : son père lui
avait laissé un trésor impérial plein à craquer, une armée
loyale et forte, tant sur terre que sur mer, et aucun autre
héritier de sexe masculin ne pouvait le contester pour le
trône. La première loi de Souleyman I, qui sera connue plus
tard sous le nom de « Législateur » ou Qanouni en turc, fut
la levée de l’interdiction d’importer des bobines de soie.
Bien que son règne ait commencé avec d’énormes possibilités,
Souleyman I fut contraint dans les premières années de faire
face aux révoltes qui se multiplièrent en Anatolie et en
Égypte. Plus important encore, il resta occupé par révolte
du pro-shi’i Baba Zounnoun près de Yozgat en Anatolie en 932
(1526) et la révolte Kalenderoglu en 933 (1527) qui éclata
près de Karaman en raison de problèmes liés aux Titres de
Fief ou Timars. En Égypte, il dut mater les révoltes de
Janberdi Gazali en 927 (1521) et d’Ahmed Bacha en 930
(1524), qui tous deux firent leur possible pour rétablir
l’État Mamelouk. Ce n’est qu’alors que Souleyman I
s’aventura davantage dans de nouvelles conquêtes.
Sous le règne de Souleyman le Magnifique, Charles V
(1500-158) était l’Empereur du Saint-Empire romain des
Habsbourg, ayant des liens familiaux avec la Hongrie et
l’Autriche. La croissance de l’empire de Charles V, de
l’Europe centrale et de la Méditerranée, amena le Sultan à
marquer l’Europe comme la direction de ses futures
campagnes. Pour cette raison, l’armée ottomane opéra en
Occident pendant le règne de Souleyman le Magnifique, alors
qu’elle avait mené des guerres en Orient et au Sud pendant
le règne du Sultan Salim I.
Après avoir visité les tombes de ses ancêtres et d’Abou
Ayyoub al-Ansari (également connu sous le nom Sultan Ayyoub,
(radhiyallahou ‘anhou)) à Istanbul le 11 Joumadah ath-Thani
927 (19 mai 1521), le Sultan Souleyman le Magnifique
installa ses quartiers militaires à Halkahpinar. Peu de
temps après, son armée suivit son cours à travers Edirne, la
principale base militaire de toutes les campagnes de
conquête du XVIe siècle vers l’ouest de l’Europe, jusqu’au
nord par Plovdiv, Sofia et Nis. L’armée finalement atteignit
Belgrade, sa destination finale, et assiégea la ville
pendant vingt-huit jours. Le siège prit fin avec la conquête
de Belgrade en 927 (1521), la première conquête au crédit de
Souleyman. Le Sultan fit la Prière du Vendredi dans la
première mosquée de Belgrade, puis revint à Istanbul en tant
que « conquérant de Belgrade, » ce dont son grand-père, le
Sultan Muhammad al-Fatih, aurait été très
fier. La conquête de Belgrade aggrava les relations entre
les Ottomans et les Hongrois en laissant la voie largement
ouverte aux Ottomans vers la Hongrie et en leur fournissant
une base militaire vitale pour les conquêtes ultérieures en
Europe.
Souleyman le Magnifique entra dans sa première guerre navale
l’année suivante ; En conséquence, il visita l’île de
Rhodes, une autre région revendiquée par son grand-père Muhammad
al-Fatih afin de prendre le contrôle des Mers
Ottomanes. Située à onze milles à l’ouest des côtes
anatoliennes, l’île de Rhodes était devenue notoirement une
île de pirates. Les chevaliers de Saint-Jean à Rhodes
avaient piraté les Mers Ottomanes, entravant le commerce
ottoman en Méditerranée et menaçaient la sécurité de la côte
ouest anatolienne. La conquête de l’île, le 22 Safar 928 (21
janvier 1522), renforça un peu plus la sécurité de la route
maritime qui partait de l’Égypte et longeait la Syrie
jusqu’en Anatolie.
François Ier de France fut fait prisonnier à Pavie par
Charles Quint lors de la guerre qui éclata entre la France
et le Saint Empire romain germanique. En dernier recours,
les Français décidèrent de demander de l’aide aux Ottomans
et la mère de François I, Louise de Savoie, demanda à
Souleyman le Magnifique de sauver son fils. François Ier
pensait que Charles Quint le libérerait si les Ottomans
marchaient vers la Hongrie.
Le 21 Dzoul Qi’dah 932 (29 août 1526), l’armée ottomane
commandée par le Sultan Souleyman le Magnifique écrasa
l’armée hongroise à Mohács, sur la rive droite du Danube,
lors de l’une des plus courtes batailles acharnées de
l’histoire. Le roi français fut libéré. La déclaration de
François Ier à l’ambassadeur de Venise, Giorgio Gritti,
selon laquelle il considérait l’Empire Ottoman comme le seul
pouvoir permettant de protéger les pays européens contre
l’expansion belligérante de Charles Quint illustre la
manière dont les Européens perçurent le Sultan Souleyman le
Magnifique.
Après la grande victoire sur le terrain des Mohács, la
Hongrie tomba sous la suzeraineté ottomane. Le Sultan savait
qu’il serait trop difficile d’intégrer directement le
territoire hongrois aux territoires ottomans, qui se
trouvaient très loin du centre ottoman au-delà du Danube.
Par conséquent, il décida de maintenir la Hongrie sous la
suzeraineté ottomane avec une autonomie limitée et désigna
l’aristocrate hongrois Janos Zapolya comme nouveau roi de
Hongrie.
Ferdinand, le frère de Charles Quint et l’Archiduc des
Habsbourg d’Autriche, revendiqua le trône hongrois et ne
reconnut donc pas Janos Zapolya comme le nouveau roi de
Hongrie. Il se mit donc en route pour s’emparer de la
capitale hongroise de Buda, exila Janos, et se proclama
nouveau roi hongrois. Ces actes conduisirent Souleyman le
Magnifique à une autre campagne en Hongrie. Le Sultan repris
Buda et proclama Janos roi de Hongrie le 4 Mouharram
936 (8 septembre 1529). Janos accepta de payer un tribut
annuel aux Ottomans ; en retour, le Sultan laissa une
garnison de janissaires dans le fort Hongrois.
Bien que la saison des campagnes s’acheva, le Sultan
Souleyman continua de diriger son armée jusqu’à Vienne et
assiégea la capitale autrichienne en 936 (1529) afin
d’intimider Ferdinand l’Archiduc des Habsbourg. Puisque
l’objectif principal n’était pas un siège durable pour la
conquête de Vienne, les préparatifs militaires furent
courts. Ferdinand dû être soulagé au début de l’hiver
lorsque les Ottomans levèrent le siège qui dura trois
semaines.
Ferdinand d’Autriche envoya son mandaté au Sultan Souleyman
le Magnifique et lui demanda de le reconnaître et de le
soutenir au lieu de soutenir Janos. Pendant ce temps, il
attaqua Buda (Budapest) un territoire ottoman. Cette fois,
Souleyman le Magnifique prépara une campagne militaire
contre les Habsbourg. Une fin réussie de la campagne
signifierait la fin de l’Empereur des Habsbourg Charles V,
le soutien de Ferdinand. Le Sultan marcha vers l’intérieur
de l’Autriche et l’Europe centrale ; En dépit de ses
invitations incessantes à venir l’affronter sur le champ de
bataille, ni Ferdinand ni Charles Quint n’osèrent relever le
défi. La campagne non seulement garantie Sultan Souleyman
l’État Hongrois, mais aussi contraignit Ferdinand à demander
une trêve. Le Sultan, qui devait également faire face à la
menace croissante de la Perse shiite à l’est, accepta
l’offre de paix de Ferdinand en 939 (1533). Ainsi, Ferdinand
d’Autriche reconnut la supériorité de Souleyman le
Magnifique, Janos comme le roi, renonça à sa réclamations de
la Hongrie et promis de payer trente mille duchés d’or par
an aux Ottomans.
Quand Andrea Doria, l’amiral impérial des forces navales de
de Charles V, captura Koroni dans le sud-ouest de la Morée
des Ottomans, Souleyman le Magnifique se rendit compte que
la rivalité pour la Méditerranée avait commencé. C’est
pourquoi il assigna à Khayr ‘ad-Din Basha Barbaras, célèbre
marin turc et libérateur de l’Algérie, le commandant général
de la marine ottomane. L’insistance croissante des Français,
qui avaient cherché une alliance officielle avec l’Empire
Ottoman dès 937 (1531) dans le but de se mettre en sécurité,
aboutit à l’alliance signée en 942 (1536).
Shah Tahmasp succéda à Shah Ismaël pour le trône safavide.
Les shiites avaient subi une certaine défaite lors de la
bataille de Qaldiran pendant le règne du Sultan Salim Ier et
lorsque le nouveau Shah tenta de nouer des alliances avec le
royaume autrichien et le Saint-Empire romain germanique,
Souleyman le Magnifique marcha sur les shiites.
Shah Tahmasp avait également levé plusieurs Beys en Anatolie
contre l’autorité ottomane et avait menacé la domination
ottomane dans l’est et le sud-est de l’Anatolie, une autre
raison pour laquelle Suleyman le Magnifique entama
l’offensive contre la Perse shiite. Quelques mois après la
mort de sa mère, le Sultan mena sa première expédition en
Perse. Le Grand Vizir Ibrahim Bacha entra dans la capitale
Tabriz avec son armée. Le Sultan Souleyman dirigea sa
campagne vers Hamadan peu après avoir capturé l’Azerbaïdjan.
Shah Tahmasp, qui ne pouvait pas risquer de défier l’Empire
Ottoman, s’enfuit vers le centre de la Perse. Le Sultan
s’installa dans le sud et conquit Bagdad en 940 (1534).
La conquête de Bagdad à la suite de cette campagne signifia
que les six villes importantes de l’Islam, La Mecque,
Médine, Jérusalem, Damas, Istanbul, et Bagdad passèrent sous
domination ottomane. En outre, la campagne permit à
Souleyman le Magnifique de placer sous contrôle ottoman une
plus grande partie de la route de la soie.
Sur le théâtre méditerranéen Charles V avait capturé Tunis
en 941 (1535). Les forces navales ottomanes sous la
direction de Khayr ad-Din Bacha Barbaras (également connu
sous le nom de Khayr ad-Din Barberousse en Occident)
tourmentèrent plus tard les Européens en capturant plusieurs
forteresses vénitiennes dans la Mer Égée et en procédant à
un certain nombre de rafles le long des côtes italiennes
(pour ceux qui ignorent ce fait comme nous l’avons mentionné
dans nos précédents ouvrages, les Espagnols et les Portugais
et un certain nombre de pays européens particulièrement la
France procédaient à de fréquents enlèvements de populations
civiles musulmanes habitants le long des côtes, et c’est
particulièrement pour cette raison que Khayr ad-Din et plus
tard d’autres Reis furent envoyés et procédèrent de même
pour stopper ce piratage. Les populations civiles étaient
vendues comme esclave sur les marchés européens et servaient
aussi de rameurs). En conséquence, les trois états (Venise,
Gênes et Malte) unifièrent leurs forces dans l’île de Corfou
au large des côtes albanaises pour mettre fin à la
domination ottomane en Méditerranée. A cette époque, une
remarquable flotte croisée fut levée et soumise au
commandement d’Andrea Doria.
Khayr ad-Din Bacha Barbaros apprit la nouvelle de la flotte
croisée et dirigea sa flotte près de Prévéza, située à
l’embouchure du golfe d’Arta, sur la Mer Ionienne. Les
forces navales ottomanes, qui étaient dirigées par d’autres
éminents amiraux turcs tels que Salih Reis, Seydi
‘Ali Reis et Tourgout Reis, réussirent à disperser l’armée
des croisés, qui semblait initialement beaucoup plus
puissante en taille et en effectifs. Le 4 Joumadah al-Oula
945 (28 septembre 1538), les Ottomans remportèrent l’une des
plus prestigieuses victoires navales de l’histoire ottomane.
Andrea Doria lui-même s’enfuit après avoir échappé de peu à
la mort.
La victoire de Préveza scella la souveraineté ottomane en
Méditerranée. Le 28 septembre, l’anniversaire de la
victoire, est toujours célébré en Turquie comme « le jour
des forces maritimes turques. » En outre, cette victoire
obligea les Vénitiens à reconnaître le contrôle ottoman des
forteresses de la Morée et des rives dalmates, et les
régions que Khayr ad-Din Bacha Barbaros avait conquis.
Souleyman le Magnifique répondit aux envoyés de
Charles-Quint qu’il ne signerait aucun accord de paix tant
que les terres françaises ne seraient pas rendues aux
Français. La France récolta en effet les fruits de
l’alliance avec l’Empire Ottoman, la superpuissance de
l’époque.
À la mort du roi hongrois Janos en 948 (1541) et à son
remplacement par son fils Sigismond, Ferdinand d’Autriche
annonça qu’il ne reconnaîtrait pas Sigismond comme le
nouveau roi et envahit à nouveau la Hongrie. La mère de
Sigismond, Isabella, demanda cette fois l’aide de Souleyman
le Magnifique. Le Sultan répondit par une autre marche sur
la Hongrie et adopta celle-ci comme province ottomane
directe sous l’administration d’un gouverneur général, ou
Beylerbeyi.
Le roi de France François Ier fit appel à Souleyman le
Magnifique après avoir échoué dans ses poursuites contre
Charles V. Le Sultan dépêcha en France la flotte ottomane
commandée par Khayr ad-Din Bacha Barbaros. Barbaros ancra à
Marseille en 950 (1543) puis il captura le Fort de Nis et le
donna aux Français. La même année, le Sultan fit une
expédition à Esztergom, sur la rive droite du Danube, à une
trentaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale
hongroise, car les états européens étaient intervenus dans
les affaires intérieures de la Hongrie. Il conquit Esztergom
et Stolni Belgrade (maintenant Fehervar), mais la joie bien
méritée de sa victoire fut interrompue par la triste
nouvelle de son fils, la mort de Sehzade Muhammad. Il
demanda à ce que le corps de son fils, gouverneur de Manisa,
soit amené à Istanbul. Il conduisit également la prière
funèbre avec le public dans la Mosquée Bayazid, située sur
la place Bayazid. Le Sultan ordonna à Khoja Sinan Mimar (le
grand architecte Sinan) de construire la mosquée Shehzade à
la mémoire de son fils.
Les Safavides lancèrent une contre-attaque contre les
Ottomans alors que Souleyman le Magnifique se battait en
Europe centrale. C’est ainsi que le Sultan déclara une
deuxième campagne contre la Perse shiite en 955 (1548). Les
batailles qui suivirent et qui durèrent sept années de suite
se terminèrent avec la signature d’un accord à Amasya en 962
(1555). Le traité d’Amasya, signé par Souleyman le
Magnifique et Shah Tahmasp, fut le premier accord
ottoman-perse de l’histoire. Il stipulait que les Ottomans
conservaient la possession de l’Anatolie orientale, de
l’Azerbaïdjan, de Tabriz et de la Mésopotamie, y compris
Bagdad, donnant aux Ottomans l’accès au golfe Persique.
Charles V pris un grand nombre de chevaliers de Saint-Jean
de Rhodes et les plaça à Tripoli, qui leur fut assignée
comme base d’opération navale en Méditerranée. Souleyman le
Magnifique autorisa ensuite l’amiral ottoman Tourgout Reis
(connu sous le nom de Dragout en Occident) à frapper
Tripoli. Tourgout Reis attaqua Tripoli et conquit cette
ville portuaire stratégique en l’intégrant au domaine
ottoman au mois de Sha’ban 958 (août 1551).
Les croisés voulurent se débarrasser des Ottomans en Afrique
et bloquèrent les avancées de Tourgout Reis en Méditerranée
; Tourgout Reis assiégea donc Djerba, la plus grande île
d’Afrique du Nord dans le golfe de Gabès, qui appartenait
aux Espagnols. Quand Andrea Doria, l’amiral génois, entendit
parler du siège, il navigua avec sa flotte près de Djerba,
forçant Tourgout Reis à demander des renforts. La flotte
ottomane de l’amiral général Piyale Bacha affronta la flotte
des croisés et battit une seconde fois les croisés. Djerba
fut conquise par les Ottomans en 967 (1560) ; En outre,
l’Europe reconnut la domination ottomane sur la Méditerranée
occidentale ainsi que la présence ottomane en Afrique du
Nord, qui dura quatre siècles.
Le Sultan Souleyman le Magnifique ordonna le siège de Malte
en 973 (1565). Tourgout Reis fut affecté à la conquête de
Malte, mais le siège en cours de Malte fut suspendu après sa
mort martyre pendant le siège et les Ottomans ne tentèrent
pas de reprendre Malte. L’année suivante, l’île de Chios,
dans la Mer Égée, brandissait le drapeau ottoman.
La flotte ottomane acquit assez de force pour rivaliser avec
les états européens sous le règne de Muhammad al-Fatih
et passa un âge d’or sous le règne de Suleyman le
Magnifique, qui remporta de grandes victoires contre les
formidables ennemis de l’Empire Ottoman.
Les conquêtes d’Istanbul et de l’Egypte permirent le
contrôle ottoman des routes commerciales vitales. Les
Européens voulurent donc briser le commerce musulman et
commencèrent donc à attaquer le réseau ottoman pour
faciliter leurs activités commerciales. Les Portugais
naviguèrent vers l’océan Indien, établirent des colonies en
Inde et prirent les routes maritimes commerciales indiennes
sous leur contrôle. De plus, ils exercèrent une pression sur
les états musulmans en Inde et pillèrent les navires des
marchands musulmans. En réponse à tout cela et à l’appel à
Souleyman le Magnifique de l’état du Gujarat en Inde,
l’Empire Ottoman procéda à quatre expéditions successives en
Inde.
La première expédition sous le commandement de Souleyman
Khadim Bacha en 645 (1538) ajouta le Yémen, Aden, le Soudan,
et quelques étendues de l’Ethiopie au domaine ottoman. La
deuxième expédition navale menée en 958 (1551) sous le
commandement de Piri Reis entraîna la conquête de Muscat
dans le sud-est de la Péninsule Arabique. Les troisième et
quatrième expéditions de Mourad Reis en 959 (1552) et de
Seydi ‘Ali Reis en 960 (1553) ne donnèrent aucun résultat
tangible. Globalement, les expéditions navales en Inde
permirent de remplir la responsabilité ottomane de détenir
le Califat.
Le Sultan Souleyman le Magnifique, qui n’avait mené aucune
campagne importante depuis de nombreuses années, dirigea son
armée pour la dernière fois en 974 (1566) contre Ferdinand
d’Autriche, qui rompit l’accord de paix avec les Ottomans en
attaquant la principauté de Transylvanie sous la suzeraineté
ottomane. Malgré sa maladie et son âge de soixante-douze
ans, le Grand Vizir Muhammad Bacha Sokullu le convint
de commander personnellement l’armée ottomane au cours de
cette campagne. Le Sultan était trop malade pour monter son
cheval ; pire sa maladie devint critique après avoir passé
Edirne. L’armée ottomane assiégea la forteresse de Szigetvar
et environ un mois après avoir suivi le siège de son lit de
malade, Souleyman le Magnifique décéda le 21 Safar 974 (7
septembre 1566). La mort du Sultan fut gardée secrète afin
de ne pas distraire l’armée ottomane. Le fort fut conquis
après un siège de trente-quatre jours et la marche vers
Szigetvar s’avéra être la dernière campagne réussie de
Souleyman le Magnifique.
Les conquêtes, les activités culturelles et une civilisation
florissante marquèrent les quarante-six années de règne de
Souleyman le Magnifique. Ses exploits, dont l’un d’eux est
son incroyable parcours de cavalier à cheval d’environ 30000
milles lui valurent le titre mérité « le Magnifique, » qui
lui fut attribué en Occident. Son orientation politique
vis-à-vis de l’Europe et des pays méditerranéens changea
considérablement, après que l’économie européenne ait été
dynamisée par l’âge des découvertes au XVIe siècle.
Le Sultan Souleyman le Magnifique n’avait pas un caractère
bénin comme son grand-père, ni nerveux et féroce comme son
père. Il était prévoyant et agissait avec diligence. Son
père lui laissa non seulement un trésor à part entière et
une armée puissante, mais également un héritage sur lequel
il bâtit ses compétences futures en matière de leadership et
de commandement. Il mena son armée dans de nombreuses
batailles tant à l’est qu’à l’ouest et il mourut non pas
dans le Palais sur le champ de bataille, puisse Allah Exalté
lui faire miséricorde.
Souleyman le Magnifique n’était pas seulement un brillant
stratège et un homme d’état, mais également un législateur
acclamé. Il dirigeait une administration d’état fonctionnant
systématiquement et une armée moderne, puissante et assez
mobile. Pendant son règne, il n’y avait pas d’armée ou de
flotte plus forte que la sienne ; il avait une autorité
absolue sur ses forces militaires. Parallèlement à ses
grandes victoires en Occident et en Orient, le Sultan devint
célèbre pour ses réformes administratives et juridiques qui
lui valurent le nom de Qanouni, ou Législateur, qui
assurèrent la survie de l’état longtemps après sa mort.
Grâce à ses décisions infaillibles concernant la division du
travail et à son talent impressionnant pour attribuer des
tâches à la bonne personne ainsi que pour former son
personnel, les affaires de l’état furent traitées avec
beaucoup de succès pendant son règne.
Le règne de Souleyman le Magnifique, qui dura quarante-six
ans, témoigna également du zénith de l’art et de la culture
ottomans. Diverses sociétés artistiques impériales, appelées
la Communauté des Talentueux, étaient administrées sous son
patronage. Selon les registres du secteur artistique ottoman
et de son organisation (encore conservés dans les archives
du Palais de Topkapi), Souleyman le Magnifique inspecta
personnellement les œuvres des artistes et les récompensa
pour leurs réalisations exceptionnelles.
Au cours de cette période, les arts plastiques et décoratifs
se développèrent, notamment la calligraphie, la peinture
miniature, la peinture manuscrite, les gravures, la marbrure
à l’eau, la sculpture sur bois et sur la pierre, la
céramique, les carreaux et les textiles. Parmi les
réalisations architecturales les plus remarquables de cet
âge d’or figurent les mosquées des Salatin (pluriel du
Sultan) construites par le Sultan et les membres de la
famille impériale et conçues dans le cadre de kulliye,
ensemble de bâtiments destinés à divers services de
bienfaisance pour le bien public, comprenant les collèges,
les écoles de médecine, les hôpitaux, les soupes populaires,
les auberges et les bains publics. Le Sultan nomma Khoja
Sinan Mimar, considéré comme l’un des plus grands
architectes de l’histoire mondiale, en tant qu’architecte
royal en chef. Son héritage s’élève à plus de trois cents
structures dans différentes parties de l’empire, des Balkans
au Hijaz, dont 57 collèges, 46 auberges, 35 palais et
demeures, 42 bains publics, 22 tombes, 17 hospices, 3
hôpitaux, 7 aqueducs, 8 ponts, 8 et 135 mosquées. Les deux
mosquées construites au nom de Souleyman le Magnifique à
Istanbul et Damas sont considérés comme les monuments les
plus remarquables des deux villes. Sa fille Mihrimah désigna
aussi le célèbre architecte ottoman Sinan pour construire
deux mosquées en son nom à Istanbul, une à Uskudar sur la
rive asiatique de la ville et l’autre du côté européen à la
porte Edirne des anciens remparts de la ville. Cette
dernière mosquée rappelle la fondatrice avec son style
élégant et sa décoration élégante.
Les plus grands projets furent cependant entrepris dans les
terres saintes pendant l’administration du Sultan Suleyman.
D’abord, des abris furent construits pour accueillir les
pèlerins qui passeraient la nuit à La Mecque autour des
locaux de la Grande Mosquée (Masjid al-Haram), puis
un grand bain turc fut construit, en 974 (1566), pour le
bain et le nettoyage, empêchant la foule immense de pèlerins
de souiller la Grande Mosquée. C’est également à cette
époque que les toits en bois du portique autour de la Ka’bah
furent remplacés par des dômes en pierre qui se dressent
encore aujourd’hui. À la Mecque, la plus ancienne Madrassah
encore connue à ce jour fut également bâtie, en 973 (1565),
sous le règne du Sultan Souleyman. Le plan de construction
de la Madrassah fut conçu par le grand architecte Sinan avec
un budget alloué de 30 000 pièces d’or. La Madrassah fut
construite avec un cahier des charges adapté aux besoins des
quatre principales écoles de droit Islamique.
Les pèlerins avaient été menacés à Medina à plusieurs
occasions par des attaques d’assaillants bédouins pendant la
saison des pèlerinages et les murs existants autour de la
ville ne pouvaient pas décourager les attaques. Pour cette
raison, les habitants de Médine soumirent une demande au
Sultan Souleyman le Magnifique. L’ordre du Sultan qui
s’ensuivit entraîna la fortification et l’élévation des murs
en fonction de l’expérience de construction de l’armée
ottomane. Après sept années de travail acharné, de nouveaux
murs solides et hauts émergèrent autour de la ville de
Médine en 940 (1533). Des tours de guet furent ajoutées aux
murs qui incluaient le cimetière Jannat al-Baqi’.
De plus, une forteresse intérieure fut construite à
l’intérieur des murs et quatre-vingt-dix soldats ottomans
furent placés dans cette forteresse ; de ce fait, la ville
du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fut placée sous
protection.
Dans l’histoire ottomane, la tradition de la construction de
la Mosquée du Prophète (Masjid an-Nabawi) commença avec
Souleyman le Magnifique lorsqu’il envoya des ingénieurs et
des artisans d’Istanbul. Ces experts réparèrent et
rénovèrent la Mosquée du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) en partant des murs occidentaux de la tombe du
Prophète (Houjra as-Sa’adah) en 947 (1540). Toujours
à Médine, les érudits qui enseignaient dans la Mosquée du
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) occupaient des
postes permanents tandis qu’un budget annuel fut alloué pour
payer les personnes servant dans la Mosquée.
Le Sultan Souleyman le Magnifique rénova ensuite la tombe de
‘Aishah
(radhiyallahou ‘anha), l’épouse du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), localisée dans le cimetière
Jannat al-Baqi’ et procéda, dans la Mosquée al-Qiblatayn,
dans Médina, au projet de construction le plus complet
depuis l’époque du calife Abbaside, ‘Umar Ibn Abd al-‘Aziz
(Calife entre 717-720). Le Sultan ordonna également la
construction des remparts entourant Jérusalem, ainsi que les
fontaines et les grandes portes d’entrée de Jérusalem.
Mihrimah la fille du Sultan, Souleyman le Magnifique,
dépensa une fortune pour faire venir de ‘Arafat à La Mecque
le réservoir d’eau d’Ayn az-Zoubaydah, construit par
Zoubaydah, l’épouse du calife abbasside Haroun ar-Rashid
(calife entre 786-809). Depuis le règne de Souleyman le
Magnifique, la parure extérieure de la Ka’bah fut préparée
en Egypte et son tissu intérieur à Istanbul.
Le Sultan n’a pas limité ses services à la Terre Sacrée ; il
construisit également une série de forteresses avec des
réservoirs d’eau sur la route des caravanes pour les
pèlerins au cours de leur long et difficile voyage à travers
le désert de Damas à La Mecque. Pour cela, il construisit
une forteresse et creusa de nouveaux puits d’eau à Ma’an, en
Jordanie et sur la route vers La Mecque, leur offrant un
lieu d’arrêt en toute sécurité au cours de leur voyage
solitaire du désert qui était pleine de risques
d’épuisement, d’attaques, de peu de nourriture et d’eau. De
même, il construisit d’autres chaines de puits et érigea une
forteresse ottomane à Dhat al-Hajj dans la région de
Tabouk en Arabie.
En louant la forteresse construite par le Sultan à Ouhoud,
près de Médina, les pèlerins perses déclarèrent un jour que
« les matériaux de construction de cette forteresse ne se
trouvaient même pas à Istanbul. »
Après cela combien est étrange que les livres d’histoires
saoudiens qualifient les Ottomans d’envahisseurs après tout
ce qu’ils ont sacrifiés pour les Musulmans en général et en
particulier les habitants du Hijaz quand Laurence
d’Arabie le mécréant est qualifié de libérateur, lui qui
trahit les Musulmans en général, détruisit l’armée d’Ibn
Séoud et finalement contribua à la chute de l’Empire
Ottoman. On verra la place de ces derniers le Jour du
Qiyamah !
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