Il a été rapporté qu’Ibn ‘Othman, après avoir capturé la ville d’Alep, n’y entra qu’à trois reprises. D’abord quand il monta à la citadelle pour inspecter les magasins, parmi lesquels il trouva une étonnante quantité d’argent, d’armes et d’objets de valeur. L’argent s’élevait à environ un million de dinars. Il trouva également trouvé des chevaux et des étriers dorés, des haches et des selles incrustées d’or et de cristal, des tambours latéraux, des brides cloutées, des bagues coûteuses, des ensembles d’armures de cheval en acier peint, de splendides casques et d’autres armes, comme ni lui ni aucun de ses ancêtres n’avait jamais vu ou possédé auparavant, ni aucun des empereurs de Constantinople. Car ce qu’al-Ghawri avait recueilli par l’oppression et la violence, et les objets de valeur qu’il avait extraits des trésors des anciens rois des Turcs circassiens furent tranquillement pris possession par Salim Ibn ‘Othman sans aucun problème. Et non inclus dans cela était la propriété laissée à Halab par les émirs du commandement, les émirs de la Tablkhanah et d’autres émirs, ainsi que les officiers et soldats, sous forme d’argent, d’armes, de vêtements et d’équipement. On a également dit qu’Ibn ‘Othman prit possession de treize citadelles dans les domaines du Sultan et des biens qu’elles contenaient. En fait, la quantité d’argent, d’armes et d’objets de valeur qu’il captura fut illimitée. Il devint le propriétaire de tout, par le destin. Il prit également d’innombrables chevaux, mulets, chameaux et tentes.

 

La deuxième occasion de la visite d’Ibn ‘Othman à la citadelle fut lorsqu’il alla faire les prières du vendredi dans la mosquée d’al-Outroush, où son nom y était mentionné.

Des invocations lui furent également offertes depuis les chaires de la ville d’Alep et des quartiers environnants. La ville était illuminée, les bougies allumées dans les bazars, et des voix s’élevaient pour prier pour lui à son retour de la mosquée, et les gens se réjouirent.

Ibrahim as-Samarkandi, Younous al-‘Adli et al-‘Ajmi ash-Shenkji se déclarèrent pour lui. C’étaient des proches compagnons d’al-Ghawri, mais avaient été secrètement en correspondance avec Ibn ‘Othman au sujet des affaires du Sultan et du pays. Quand al-Ghawri fut parti, ils montrèrent la même amitié à Ibn ‘Othman, et se mirent à travailler pour déprécier al-Ghawri et à énumérer ses actions de base envers Ibn ‘Othman, devenant enfin ses adhérents, et oubliant toute les gentillesses d’al-Ghawri envers eux-mêmes.

Un autre qui complota secrètement contre le Sultan fut Khayr Bey, le gouverneur d’Alep. Il fut le premier à provoquer la rupture des troupes du Sultan, lorsqu’il déserta le flanc gauche et partit en direction de Hamah. Quand Ibn ‘Othman eut pris possession d’Alep, il fit appeler Khayr Bey et lui conféra une robe d’honneur. Il devint l’un de ses émirs et se mit à porter le turban rond et le gland noir d’un turkmène, et se coupa la barbe courte. Ainsi, il présenta sa soumission à Ibn ‘Othman, qui l’appela Kha'in Bey (traître) parce qu’il trahit son propre Sultan.

 

Quand cela eut lieu, ses propres Mamalik l’abandonnèrent et partirent avec les troupes en Egypte. Cet événement ressembla beaucoup au cas d’Ibn al-‘Alqami, le Vizir de Bagdad, qui complota contre le calife al-Mousta’sim Billah. Quand Houlagu devint le Sultan de Bagdad et tua le calife, il devint un proche de Hulagu, qui se retourna ensuite contre lui et le tua, en disant : « Tu n’étais pas bon pour ton propre maître et il est peu probable que tu me sois d’une quelconque utilité. » (Allahou Akbar !) Très probablement, la même chose arrivera à Khayr Bey.

La troisième fois qu’Ibn ‘Othman entra à Alep, c’est lorsqu’il se rendit aux bains et il accorda ensuite une somme considérable d’argent aux Mou’allim.

 

Quand Ibn ‘Othman entra à Alep, il proclama la sécurité pour tous et annonça que le commerce devait se poursuivre comme d’habitude. Il ordonna également que toutes les personnes qui avaient des chevaux, des armes ou des vêtements appartenant aux émirs ou aux troupes devaient les lui amener, et que quiconque ne le ferait pas, s’il était dénoncé, devait être pendu immédiatement.

 

Revenons maintenant à ce qui se passa au Caire.

A l’arrivée de la lettre de l’émir ‘Allan, le Sous-Dawadar, rendant compte de la terrible bataille et de la perte des émirs, nobles et juges, de grandes lamentations s’élevèrent dans la famille de l’Atabek Soudoun al-‘Ajmi, car c’était un émir pieux, bon et généreux. Il était connu sous le nom de Soudoun Ibn Jani Bey, et était à l’origine l’un des Mamalik d’Ashraf Qaytbay. Il occupa plusieurs hautes fonctions, dont celle d’émir Majlis et de chef des armures. Il montra un grand courage dans l’action et de splendides exploits de cavalier ; il continua à se battre jusqu’à ce qu’il soit tué sur son cheval. Que le Seigneur lui fasse miséricorde. Il y eut donc ce jour-là, le deuil du Sultan, des émirs et des nobles, des lamentations et des pleurs dans toutes les artères du Caire, pour ceux qui étaient tombés. Le Caire et ses habitants furent dans une grande agitation, une grande confusion et des vastes discussions régnèrent partout.

 

Le dimanche 17 Sha’ban, le Dawadar apprit que les bédouins des Bani ‘Atiyyah et Na'a’im avaient pillé les domaines de la province de Sharqiyah, emporté environ 400 têtes de moutons appartenant au Sultan et s’étaient rendus dans le Wadi ‘Abbasah. En entendant cela, le Dawadar exécuta les prières de mi-journée, puis sorti avec cinq cents Mamalik pour intercepter les bédouins sur qui il tomba à l’improviste. Les bédouins fuirent devant lui et l’émir récupéra tous les biens, les moutons et les récoltes avant de retourner au Caire le même jour.

 

Le vendredi 22, lorsque la mort du Sultan fut confirmée, les prédicateurs n’offrirent pas de prières pour le Sultan ni son nom mentionné sur les chaires mais seulement celui du calife et certains dirent : « Qu’Allah désigne notre meilleur sur nous, et non notre pire. »

Cet état de choses dura longtemps, l’Egypte demeura sans Sultan, de même que les dominions de Syrie.

Pendant ce temps, les bédouins commirent des déprédations dans l’est et dans d’autres districts. Ils pillèrent un certain nombre d’habitations, emportèrent tout le bétail et les moutons, et volèrent même aux femmes leurs bijoux. Un nombre énorme de bédouins fut tué pendant ces troubles en plus des messagers et d’autres. Les routes étaient fermées aux voyageurs, les affaires empirèrent lorsque la mort du Sultan devint connue et la confusion régna en Egypte. Toutes sortes de rapports de mauvais augure furent répandus sur le sort du Sultan et de son armée.

 

Les plus notoires de ces déprédations furent ceux du Sheikh bédouin l’émir Ahmad Ibn Bakar surtout envers les soldats et les marchands qui venaient avec les caravanes de Syrie. Ils en tuèrent un grand nombre, volant leurs biens et leurs chameaux. Ceux qui échappèrent à la mort furent laissé nus. En fait, les troupes souffrirent bien plus aux mains de ces bédouins que celles d’Ibn ‘Othman.

 

Au début du Ramadan, un messager apporta la nouvelle de l’état misérable des troupes qui atteignirent Damas, de la trahison des anciens amis d’al-Ghawri et qu’Ibn ‘Othman était seul maître de l’Euphrate à Alep.

 

Le vendredi 17, le Dawadar conduisit les prières du vendredi, puis rencontra les chefs des émirs, qui arrivaient de Damas. Le reste de l’armée vint, dans le plus pitoyable état de nudité, de faim et de faiblesse, les vêtements ouverts au cou, et manifesta son chagrin au sujet du Sultan. Ainsi, les émirs et l’armée entrèrent.

 

Jeudi 13, vit l’arrivée de tous les émirs restant. De retour au Caire, les émirs, ils furent unanimes pour l’élection de Touman Bey, le Dawadar, comme Sultan. Cependant, il persista dans son refus tandis que les émirs lui répondirent qu’il n’y avait personne d’autre que lui, et qu’il n’y avait pas moyen de s’en sortir, qu’il le veuille ou non. Ensuite, le Dawadar monta à cheval et accompagné d’un certain nombre des principaux émirs, il se rendit chez le Sheikh Abou Sou’oud, qui se trouvait à Qawm al-Jarih. Lorsqu’ils furent tous assis, ils lui expliquèrent la question, leur désir de nommer le Dawadar Sultan et de son du refus. Alors le Sheikh produisit un Qur’an et fit jurer aux émirs que s’ils le nommaient Sultan, ils ne le trahiraient pas ni n’intrigueraient contre lui, mais accepteraient joyeusement ce qu’il dirait et ferait. Et ils jurèrent tous. Le Sheikh leur fit jurer aussi qu’ils ne retourneraient pas à leur ancienne oppression du peuple, ni ne procéderaient contre aucun, sauf comme prévu par la loi ; qu’ils aboliraient les innovations tyranniques d’al-Ghawri, y compris les impositions sur les magasins, et s’occuperaient des affaires comme au jour d’al-Ashraf Qayt Bey, et dirigeraient la Hisbah comme le fit Yashbak al-Jamali lorsqu’il était Censeur. Ils jurèrent de tout cela, et le Sheikh leur dit qu’Allah avait apporté tous ces désastres et humiliations et la victoire d’Ibn ‘Othman seulement en réponse aux malédictions du peuple sur eux à la fois sur mer et sur terre.

A quoi ils répondirent qu’ils se repentiraient devant Allah à partir de ce jour pour leurs actes d’oppression.

Puis la réunion s’interrompit et ils partirent ; le Sheikh Abou Sou’oud accepta de nommer le Dawadar comme Sultan. Le Dawadar accepta leur pacte, confirmé par serment en sa présence, et devint Sultan. L’accession du Dawadar au Sultanat eut lieu comme nous l’avons décrit.

 

À ce stade, nous retournerons à Ashraf al-Ghawri.

Ce fut extraordinaire qu’al-Ghawri ne fut pas enterré au Collège sur lequel il dépensa quelque 100000 dinars, pensant qu’il serait enterré dans une belle tombe, mais il était destiné à en être autrement, étendu sur les détritus, la proie des loups et des léopards. Il mourut vers l’âge de 78 ans, ayant régné sur l’Égypte et la Syrie pendant 15 ans 9 mois 25 jours, dont chaque jour sembla au peuple mille ans.

Quant à son apparence, il était grand, volumineux, un gros ventre, le teint clair, le visage rond, les yeux clairs et la voix forte avec une barbe circulaire avec à peine quelques cheveux blancs.

Sans sa tyrannie et ses exactions, il aurait été l’un des meilleurs des Sultans circassiens et, en fait, l’un des meilleurs de tous les Sultans d’Égypte. Les lundis et jeudis, il descendait aux enclos royaux (pour le jeu), et les samedis et mardis au Maydan. Il avait l’habitude de descendre par Sab Hadrat, précédé d’une paire de chevaux avec des selles d’or et des tapis de selle brodés d’or, et il faisait souvent des expéditions d’équitation sur des selles bédouines et de larges étriers, et il avait l’habitude d’attacher une sangle dorée a sa taille au lieu de la ceinture Ba’lbec. Il avait l’habitude de porter des bagues de rubis, de turquoise, d’émeraude, de diamant et d’yeux de chats, et il aimait les odeurs douces, telles que le musc, l’aloès et l’ambre. Il était méticuleux dans sa robe, aimant les fleurs, les fruits et autres délices. Il inclina probablement aux vues de Nasimiyya pour son goût pour s’associer avec des étrangers. Il aimait planter des arbres et des jardins, écouter le chant des oiseaux et sentir les fleurs parfumées.

Il buvait dans des coupes d’or, aimait les plaisirs, mangeait et buvait avidement. Il était connu sous le nom de Qansouh Ibn Bibardi al-Ghawri. Il vivait constamment de manière luxueuse dans le royaume d’Égypte, obéit et craint de tous, gardant une emprise sur les émirs, les nawab et les soldats.

J’ai parcouru l’histoire des rois,

Et je n’ai pas entendu de pareils événements ;

Le temps ne cesse de faire des merveilles et des choses étranges parmi les hommes,

Mais un tel événement n’est jamais arrivé au Sultan ou au dirigeant.

Al-Ashraf al-Ghawri était notre roi.

Mais il pratiqua la tyrannie et la calomnie parmi nous,

La mort rendit inévitable sa défaite avec son armée,

Cela fut écrit dans les décrets divins ;

Ses actes se sont retournés contre lui-même,

Et le temps apporta le châtiment du destin.

 

Parmi les vertus du Sultan, on peut dire qu’il était de bonne humeur, contrôlait son tempérament et, compte tenu de ses fortes passions, n’était pas trop violent. Il croyait fermement aux derviches et aux pieux, était un bon juge des capacités de l’homme et ne vitupérait pas dans les accès de colère.

Il comprenait la poésie et aimait la musique instrumentale et le chant. Il n’était pas excitable. Il aimait beaucoup lire l’histoire, les voyages et les recueils de poésie. Il était affable, aimant plaisanter et plaisanter en sa compagnie ; bien que grossier, il était aimable et civil par nature, contrairement au caractère turc. Il n’avait en lui ni orgueil ni glorification de soi, ni l’extrême effronterie dont les anciens rois faisaient preuve dans leurs actes.

 

Lorsque Jamal ad-Din fut pendu, le Sultan nomma Mou’allim Ya’qoub, le Juif, au Trésor. Ce dernier agit comme l’avait fait Jamal ad-Din. Il s’estima en droit de faire ce qu’il voulait des biens des Musulmans.

En une seule nuit, le bon nisf d’argent se transforma en un simple cuivre rouge. L’adultération de la monnaie se poursuivit tout au long du règne du Sultan, jusqu’à sa mort. Il y a un axiome dans la tradition sacrée : « Celui qui nous trompe n’est pas de nous. »

Parmi les mauvaises pratiques, il avait l’habitude de nommer les inspecteurs et les Sheikhs bédouins sur les terres des fiefs et les fondations pieuses, et ceux-ci prenaient plusieurs fois leur dû. A partir de cette période, les affaires du pays se détériorèrent régulièrement.

 

Damas et Alep déclinèrent également ; ils les obligeaient à payer de grosses sommes chaque année, et à leur tour, ils arrachaient l’argent à leurs sujets paysans. Les propriétaires de fiefs et de colonies avaient donc hâte de quitter leur pays pour un autre, telle était l’oppression qu’ils subissaient de la part de leurs gouverneurs, plus particulièrement des bédouins de Jabal Naboulous, en raison des contributions qui leur furent imposées pour l’infanterie au moment de l’expédition. Le résultat était tout sauf bon pour la population syrienne.

 

Houssayn, le député de Jeddah, imposait une taxe de dix pour cent sur les marchandises des marchands indiens, alors ils renoncèrent à entrer dans le port et sa prospérité déclina. Il y eut une pénurie d’étoffes de coton en Egypte, et aussi des marchandises importées d’Europe, de riz et de cuir ; les ports d’Alexandrie et de Damiette déclinèrent également. Les marchands européens refusèrent d’y entrer en raison des extorsions qui y étaient pratiquées. Il plaça un impôt sur la vente de maïs, trois nisf étant pris sur chaque ardabb du vendeur et de l’acheteur, et une quantité égale sur les melons et les grenades.

 

Il mit même l’embargo sur le sel. Il renouvela de nombreux impôts du type de ceux qui n’avaient même pas été imposés par Houniade à son époque. Aucun commerçant important n’échappa à ce système d’extorsion.

Il imposa des contributions sur l’émir al-Mou'minin al-Moustamsik Billah Ya’qoub et lui prit une somme d’argent considérable. Il contracta de nombreuses dettes qui le conduisirent à concevoir ces plans pour payer la somme qui lui était demandée.

De nombreux émirs sont morts sous sa persécution et plusieurs fonctionnaires furent emprisonnés jusqu’à la mort.

 

Entre autres actes pervers du Sultan, il y eut l’expulsion des Awlad an-Nas de leurs terres et de leurs emplois sans motif valable pour mettre à leur place des Mamalik importés. Il suspendit les paiements aux personnes infirmes, aux orphelins des deux sexes et aux enfants, ce qui leur causa de graves privations.

Il enleva le marbre qui se trouvait dans la cour de Youssouf, l’inspecteur des domaines privés du Sultan, connu sous le nom de Nisf ad-Dounya, et le déposa à la cour des Bay Sariyyah dans la citadelle. Il priva les gens de ce qu’ils avaient l’habitude de recevoir de la bourse privée depuis des temps immémoriaux. Il rétablit le système de taxation des fiefs avant la montée du Nil et les semailles de la terre, les soumettant à des insultes et les réduisant à la misère.

Son avarice augmenta à tel point qu’il arracha aux petits cultivateurs une part des bénéfices qu’ils tiraient de la bouse de vache recueillie dans les gouttières du Maydan, les faisant verser dans les caisses impériales. Chaque fonctionnaire et employé souffrit de ses extorsions quotidiennes.

 

Après la mort de l’émir Khayr Bey, le trésorier, le Sultan se mit à gérer lui-même le Trésor. Il dépensa une partie des grosses sommes d’argent qu’il obtenait, pour des édifices qui n’étaient d’aucune utilité pour ses sujets, pour la décoration des murs et la dorure des plafonds. C’était un pur gaspillage de l’argent public. Il fuyait les procès en justice, comme un enfant s’enfuyait de l’école. Aucun des procès qui l’impliquaient ne fut mené de manière décente, mais dans des conditions répugnantes. Il ne faisait pas attention aux cas de meurtre, mais les remettrait au tribunal sacré, et les droits du peuple à cet égard furent méconnus.

Décrire tous ses défauts en détail occuperait beaucoup trop de place.

 

Parmi les bâtiments que le Sultan érigea, on peut citer :

À La Mecque, il construisit un collège avec une auberge pour les étudiants et les ermites ; il renouvela également l’approvisionnement en eau de Bazan, qui était coupé depuis quelques années. À Jeddah, il érigea une digue avec plusieurs tours, pour protéger le port contre les croisés (franja) ; ce mur était l’un des meilleurs bâtiments là-bas. Beaucoup d’autres bons bâtiments qui étaient au service des Musulmans furent érigés sous ses auspices.

 

Compte du Règne d’Ashraf Abou an-Nasr Touman Bey

Ce Sultan était le 47e des rois turcs et de leurs fils en Egypte, et le 21e des rois circassiens et de leurs fils. Il était à l’origine l’un des esclaves d’Ashraf Qayt Bey, ayant été acheté par le Sultan Qansouh al-Ghawri, dont il chercha la protection pour des raisons de relation. Après l’avoir acheté, le Sultan le présenta à Qayt Bey, raison pour laquelle il s’appela Touman Bey « Min » Qansouh. Il devint l’un de ses Mamalik Kitabi, et conserva ce poste jusqu’à l’avènement de Malik Nassir Muhammad Ibn Qayt Bey, qui lui donna des chevaux, des uniformes et des esclaves, et il devint l’une des personnes promues par an-Nassir. Pendant quelque temps, il fut un page en attente, puis un de la suite personnelle, restant dans cette position jusqu’à l’avènement de son parent Qansouh al-Ghawri. Ce dernier lui conféra le rang de Décurion, qu’il conserva jusqu’en 910 ; puis, lorsque le fils du Sultan mourut, le Sultan lui donna l’émirat de la Tablkhanah, et le nomma gardien des caves à la place de son fils décédé.

 

Il resta à ce poste, jusqu’en 913, mais lorsque l’émir Azdamar Ibn ‘Ali Bey mourut au mois de Joumadah al-Oula, alors qu’il voyageait dans le Jabal Nablous, le Sultan lui donna une robe d’honneur et le fit chef Dawadar au lieu du défunt émir. Il conserva cette fonction jusqu’au départ du Sultan pour son expédition contre Ibn ‘Othman, où il fut nommé vice-roi en l’absence du Sultan.

 

Il dirigea extrêmement bien le gouvernement pendant cette période ; le peuple était content et les troupes restées en Egypte lui obéirent. Il regroupa les fonctions du chef Dawadar, de Grand Chambellan, de l’inspecteur en chef et du vice-roi.

Touman Bey plaida une variété d’excuses, qu’il n’y avait pas d’argent dans le Trésor, donc il ne pouvait rien dépenser pour l’armée ; qu’Ibn ‘Othman était maître de la Syrie et avançait sur l’Égypte, tandis que les émirs ne consentiraient pas à partir pour une seconde expédition. Il dit également que s’il devenait Sultan, ils le trahiraient et le déposaient, l’emprisonneraient dans la ville frontière d’Alexandrie et ne le retiendraient sur le trône que pendant une courte période. Puis suivit l’administration d’un serment de fidélité aux émirs et l’acceptation de la souveraineté par Touman Bey.

Puis suivit l’administration d’un serment de fidélité aux émirs et l’acceptation de la souveraineté par Touman Bey.

 

Le vendredi 14 Ramadan de cette année, après avoir prononcé les prières da l’aube, le Dawadar, accompagné du chef des émirs, et précédé d’hommes portant des lampes et des torches, monta Bab as-Silsilah et y prit position. Puis il fit appeler l’émir des croyants Ya’qoub, père de l’émir des croyants al-Moutawakkil ‘ala Allah. L’émir se présenta à la convocation, accompagné de Sayyid Haroun, le fils du calife Muhammad al-Moutawakkil ‘ala Allah, et de leurs cousins, ​​les enfants de Khalil. Dautres étaient présents avec un certain nombre de juges suppléants du Caire. Quand tous furent rassemblés, y compris le chef des émirs et dautres de haut ou bas rang, et les troupes, l’émir des croyants Ya’qoub produisit une autorité de son fils Muhammad al-Moutawakkil pour le représenter, avec les pleins pouvoirs dans tous les domaines, concernant soit lui-même, soit le califat. Il avait envoyé la confirmation par la main du Qadi Shams ad-Din Ibn Wahish et cela fut accepté comme correct. Selon la rumeur, le califat allait être conféré à l’un des fils de Sayyid Khalil, puisque le calife al-Moutawakkil ‘ala Allah était prisonnier entre les mains d’Ibn ‘Othman, et son père Ya’qoub avait abdiqué le califat. Lorsque ce document fut produit portant l’autorité de son fils, le peuple fut satisfait.