Description des gazas contre certaines régions albanaises désobéissantes et n’ayant pas payé leurs impôts et rapport sur le butin que 
les Moujahidin ont rapporté.

 

(Al-Qassah) En 897 (1491-2) vint la bonne nouvelle que Yanko, le Kral de Hongrie, qui avait été hostile aux Musulmans pendant des années, était mort sans héritier. Il n’y avait aucun moyen dans les manières des impies de résoudre la situation, de sorte que certains chefs des mécréants, connus sous le nom de ban, c’est-à-dire souverain, conclurent un accord et mirent sur le trône un fils du roi de Pologne. Cependant, certains bans ne furent pas consultés. Ils contestèrent cette décision et un grand conflit commença parmi les notables.

 

Entre-temps, Souleyman Basha était gouverneur aux frontières avec la Hongrie et Wali de Semendere. Il conclut un accord amical avec le gouverneur de Belgrade, selon lequel le royaume de Hongrie étant laissé sans roi, deviendrait maintenant vassal du Sultan musulman. Le château de Belgrade fut la clé de la conquête de la Hongrie. Les deux gouverneurs uniraient leurs forces, et comme il avait lui-même d’autres régions des terres de l’Islam sous son commandement, le gouverneur de Belgrade serait le guide de l’armée du Sultan dans les terres hongroises et soumettrait tout le pays aux Sultan. Le gouverneur de Belgrade convint que lorsque le Sultan marcherait en personne dans la région, il rendrait lui-même le château au Sultan. La conquête de cette forteresse étant un pas vers l’assujettissement de la Hongrie, le Sultan convoqua toute son armée et, le 8 Joumadah ath-Thani, ils se lancèrent contre les mécréants. Bien que le plan du Sultan fût de se déplacer contre Belgrade, si le gouverneur de Belgrade ne tenait pas sa parole et si des difficultés surgissaient dans l’exécution de ce plan, les troupes reçurent l’ordre de faire un raid en Albanie.

 

Le Sultan ordonna au gouverneur de Gallipoli, Sinan Basha, de se diriger vers l’Albanie avec 300 navires chargés de provisions de guerre. Le Sultan conduisit l’armée vers Sofia. Il fut informé que les dirigeants hongrois, apprenant l’arrivée du Sultan, souhaitaient retirer l’accord que le gouverneur de Belgrade avait conclu avec les députés du Sultan. Le nouveau Kral de Hongrie envoya un envoyé au Sultan, pour lui rendre hommage et renouveler les anciens accords avec le palais ottoman. La possibilité de prendre Belgrade ayant disparu, le Sultan suivit son autre plan pour marcher contre l’Albanie. Il se dirigea vers l’Albanie via Manastir. Ils campèrent dans la wilayah de Tepelen, où ils passèrent le mois de Ramadan, puis l’armée des moujahidin se déplaça avec l’intention d’assujettir et de piller les terres des impies. Daoud Basha fut envoyé avec les janissaires pour prendre des places fortes dans cette région dure et montagneuse.

L’armée de Daoud Basha et des janissaires, qui étaient pour la plupart des fantassins, marchèrent à travers les montagnes. Les mécréants dans ces régions étaient désobéissants. Les moujahidin rassemblèrent environ 1500 prisonniers. On entendit dire que parmi les prisonniers se trouvait le fils du gouverneur d’Albanie mais aucun des prisonniers ne voulut le signaler. En raison de leur obstination, il fut ordonné que tous les prisonniers, et parmi eux cet éminent prince, seraient sévèrement punis et seraient gardés enchaînés. Un cinquième des prisonniers et le reste du butin furent remis au Sultan. À l’approche de l’été, ils retournèrent dans la capitale.

 

Description des gazas du gouverneur de Bosnie, Ya’qoub Basha, contre les grands seigneurs de Hongrie et l’opposition de Derencil

 

(Al-Qassah) Événements survenus en 898 (1492-3) sur les gazas miraculeuses de Ya’qoub Basha, gouverneur de la Bosnie, qui gardait les frontières avec les terres de la Hongrie, des Francs et de l’Autriche avec beaucoup de courage.

 

Le Sultan ordonna au gouverneur de Semendere ‘Ali Beg Mihal de lancer la ghazwa et de marcher contre la Hongrie. Il rassembla donc les troupes et les akinci de Roumélie et avec environ 20000 hommes, ‘Ali Beg traversa la rivière Tuna. Il attaqua et dévasta certaines régions et les moujahidin recueillirent de grandes quantités de butin. Lorsque le Kral de Hongrie en fut informé, il rassembla une grande armée et l’envoya repousser les ghazi. Comme les ghazi étaient lourdement chargés de marchandises et de richesses, ils furent déroutés. De nombreux ghazi s’enfuirent, y compris plusieurs commandants célèbres, mais beaucoup furent tués ou faits prisonniers et tout le butin que les moujahidin avaient rassemblé retourna aux mains des mécréants.

 

Le Kral de Hongrie et ses émirs se réjouirent de ce succès et se mirent aussitôt à se venger des terres de l’Islam. Les commandants qui avaient participé à cette victoire, comme Derencil, qui était le neveu du Kral, se prépara à attaquer à nouveau les Musulmans. Un conseil fut tenu par tous les bans. On y dit que « selon les méthodes des troupes musulmanes, des raids furent menés à travers les frontières avec le Semendere et la Bosnie. Il est donc prudent de lancer également un assaut contre la frontière de la Bosnie. Si les forces musulmanes sont sur nos terres, nous les affronterons de la même manière, mais si elles ne sont pas là, nous attaquerons et pilleront leurs frontières et nous collecterons beaucoup de butin. » Avec ces pensées, ils envoyèrent des messagers aux Francs et en Autriche pour demander l’aide de leurs voisins et coreligionnaires. Ils envoyèrent de nombreuses forces pour des raisons de religion et ils marchèrent sur la Bosnie. L’armée des impies était composée de 12000 soldats hongrois en armure montés. Le roi d’Autriche leur envoya six mille cavaliers, le Pape de Rome envoya deux mille croisés et les rois des Francs envoyèrent aussi six mille soldats supérieurs, excellents épéistes. En conséquence, environ quarante mille soldats à cheval atteignirent Derencil, et sept bans de la Croatie se joignirent à leurs forces.

 

À cette époque, le gouverneur de la Bosnie était Ya’qoub Basha. La wilayah de Croatie, située entre la Bosnie et la Hongrie, et son gouverneur Kir Qarli contrôlait plusieurs forts. Comme elle se situait entre les terres des mécréants et de l’Islam, il se soumettait tantôt au Sultan de l’Islam et tantôt au Kral de Hongrie. À cette époque, ils s’étaient retournés contre le règne de Ya’qoub Basha et n’avaient pas payé le kharaj nécessaire et le tribut.

Par conséquent, Ya’qoub Basha obtint l’autorisation du député du Sultan de mener un ghazwa contre eux et marcha contre Kir Qarli. En Croatie, il y avait un autre ban appelée Kir Enca, qui en raison de sa bravoure avait sous son contrôle plusieurs autres bans de la Hongrie. Il commença à s’opposer contre le Sultan de l’Islam et prit quelques forts de Kir Qarli, qui était du côté du Kral de Hongrie. Kir Qarli se plaignit au Kral, qui envoya Derencil avec une grande armée en Bosnie pour l’aider. Kir Enca se rangea alors du côté du Sultan de l’Islam et se soumis à lui avec ses châteaux. Le Kral ordonna à Derencil de piller un château de Kir Enca. Un membre au service du Sultan étant attaqué, Ya’qoub Basha fut sollicité pour l’aide. Les forces de Derencil étaient bien plus importantes que celles des moujahidin, mais ces dernières comptaient sur l’aide d’Allah Exalté.

 

Au début, l’armée ottomane se tourna vers la forteresse Yayca et ses environs, qu’elles pillèrent et dévastèrent. Ces événements furent décrits et vérifiés par des camarades soldats qui étaient présents lors de la campagne. Lorsque les habitants de Yayca virent que l’armée des moujahidin avait envahi tout leur mamlakat, leur gouverneur, qui était un noble hongrois, envoya un moine avec de nombreux cadeaux et argent à Ya’qoub Basha, afin de présenter leurs demandes. Ils lui demandèrent de ne pas leur faire du mal ou piller la ville s’ils se rendaient et lui donnaient tout ce qu’il pourrait demander. La réponse de Ya’qoub Basha fut la suivante : « Il nous a été rapporté que le gouverneur de cette mamlakat s’est rangé à la demande du Kral pour s’opposer au peuple de l’Islam dans cette région, pour dévaster les terres de Bosnie et tuer le gouverneur de Bosnie. Maintenant que nous sommes devant sa porte, il nous fait des promesses et envoie un messager, et la puissance de sa main n’a pas été testée une seule fois avec ces moujahidin ». Le moine transmit ce message au gouverneur du château. Il rassembla son armée et fit une sortie, mais se retira et fit demi-tour. Ya’qoub Basha sortit à sa rencontre avec ses cavaliers, mais les impies furent effrayés par le nombre formidable de l’armée musulmane et rentrèrent dans la forteresse.

 

Lorsqu’il fut clair qu’il avait remporté la victoire, Ya’qoub Basha se retourna contre Derencil et d’autres de ces sept bans. Il se dirigea vers le château Istar Sakha, dans les terres hongroises. Ils traversèrent une grande rivière connue sous le nom d’Ona et atteignirent une wilayah appelée Slovénie. Ils attaquèrent et pillèrent tout cette mamlakat. De là, ils allèrent contre les terres du roi d’Autriche, dont l’armée s’était alliée à Derencil. Ils atteignirent un fort appelé Qarwa et une grande rivière appelée Kawhi, qu’aucun Musulman n’avait encore traversée et personne ne savait à quoi elle ressemblait. Ils se rendirent à la wilayah de Qawrtan, dans laquelle même les hommes les plus âgés n’avaient vu des Musulmans que dans des dessins et en avaient entendu parler dans des histoires. Ils saccagèrent cette région pendant environ 15 jours et rassemblèrent beaucoup de butin. Après cela, ils se rendirent dans une wilayah, qui appartenait à Derencil et était la base de son gouvernement, y mirent le feu et rassemblèrent encore plus de butin. Dans cette région se trouvait un grand monastère, que les moujahidin pillèrent et tuèrent ou asservirent tous ses habitants.

 

Pendant ce temps, Derencil assiégea les châteaux de Kir Enca. Lorsque Ya’qoub Basha fut informé que de nombreux châteaux de Kir Enca étaient sur le point de se rendre, il alla immédiatement rejoindre tous les hommes qui étaient divisés dans les châteaux de Kir Enca. Lorsque Ya’qoub Basha atteignit le col connu sous le nom de Sadar, leur chemin fut bloqué par des arbres coupés et des pierres et ils furent encerclés par les ennemis. Dans la soirée, Derencil tint une assemblée avec les autres chefs, au cours de laquelle on supposa qu’en cas de bataille avec Ya’qoub Basha, il est certain qu’il serait vaincu car après tout le butin que les moujahidin avaient recueilli, ils seraient épuisés et à court de munitions. Lorsque Derencil fut informé de l’arrivée de Ya’qoub Basha avec ses moujahidin victorieux et leur butin, il fut confus. Il encouragea ses hommes en leur disant que bien que les moujahidin aient accumulé beaucoup de butin, ils n’avaient pas assez de munitions pour affronter l’ennemi, et que dans l’armée de leurs ennemis il y avait beaucoup de prisonniers qui ne pouvaient pas combattre, mais qu’ils pouvaient être vaincu comme le furent les hommes de ‘Ali Beg Mihal. Mais il ne savait pas que les moujahidin ne lâcheraient jamais leurs armes car ils savaient qu’ils ne pourraient pas s’échapper ou être secourus au milieu des terres des mécréants.

 

Dans la matinée, Ya’qoub Basha organisa ses troupes pour la bataille et encouragea ses soldats devant les nombreuses forces de l’ennemi. Dans cette confrontation entre les pieux et les mécréants, il y eut des signes particuliers : D’abord trois grands oiseaux comme des aigles aux griffes de fer apparurent dans le ciel au-dessus des troupes des Musulmans, volant d’un côté à l’autre, et sept autres, avec la même apparence, au-dessus des troupes des impies.

Avant la bataille, ces deux groupes d’oiseaux s’attaquèrent. Les trois aigles des Musulmans prévalurent sur ceux des impies. Ils poursuivirent les oiseaux du côté des ennemis avec une telle force que tous les sept oiseaux furent chassés. Pour tous ceux qui le virent, le message était clair. Les Musulmans furent très encouragés et allèrent bravement à l’encontre des ennemis. Une bataille féroce et sanglante suivit qui dura toute la journée.

 

Derencil fut capturé et emmené devant Ya’qoub Basha. Ils voulurent confirmer son identité, mais chaque fois que le Basha lui demandait s’il était Derencil, il ne le reconnaissait pas. L’ingénieux Basha amena alors devant lui le bourreau et dit que puisqu’il n’était pas Derencil, ils l’exécuteraient. L’un des hommes de Ya’qoub Basha, d’origine du mamlakat de Derencil, l’identifia et craignit lui-même d’être exécuté le confirma. Derencil devait être envoyé au Sultan, comme cadeau et preuve de la conquête. Ya’qoub Basha ordonna que Derencil soit placé sur un cheval et joint à lui pour compter les morts et les survivants de son armée.

Après cela, ils envoyèrent des messages de la bonne nouvelle de cette victoire au Sultan. Derencil et d’autres seigneurs captifs furent donnés au Sultan en cadeau ainsi que le cinquième du butin qui appartient au Sultan (au Bayt al-Mail). Tous ceux qui avaient fait preuve de bravoure sur le champ de bataille furent signalés au Sultan et, avec tous les détails de cette victoire, de nombreux cadeaux riches furent envoyés au Sultan. Le butin fut divisé et les Basha augmentèrent le salaire et les provisions des soldats.

 

 

Description de l’intention du roi de Pologne d’envahir les terres du Sultan par zèle religieux contre les Musulmans 

De la nomination de Bali Beg Malkochoglu et de quelques autres guerriers pour faire la ghazwa contre le roi de Pologne et de la victoire de l’Islam avec l’aide d’Allah Exalté. Si Allah, à Lui les Louanges et la Gloire le veut, ce Sultan glorieux et pieux de la Maison Ottomane, refuge de la religion, détruira les impies chaque fois qu’ils oppriment le peuple de l’Islam. Il y eut des informations selon lesquelles les troupes et les fantassins des terres des mécréants, venus du nord de Saqalibah, qui est la plus grande région de Pologne et des royaumes des Tchèques, de Hongrie, d’Italie et d’Autriche, perturbèrent constamment les frontières avec les domaines du Sultan.

 

(Al-Qassah) En 902 (1496-7), le roi de Pologne, qui est l’un des grands royaumes de Saqalibah qui se trouve au nord et dont la puissance militaire est de 100000 hommes voire plus, décida soudainement d’étendre sa grande puissance et de mener une campagne contre les terres de l’Islam. La distance entre son palais et les frontières du Sultan est de plus d’un mois de voyage. Il partit avec son armée, avec l’intention de piller et de ravager, de tuer et d’asservir les terres des Musulmans. Il souhaita passer par les terres de Bogdan, qui était un vieux vassal des Ottomans. Dès qu’il atteignit les frontières de Bogdan, le Kral de Pologne souhaita conclure un accord avec Bogdan basé sur leur religion commune et leur voisinage. Bogdan qui était un homme très rusé, savait que le Kral de Pologne n’était pas sincère mais qu’il serait dans son meilleur intérêt d’être en bons termes avec le Kral de Pologne et de lui permettre de traverser ses terres. Néanmoins, il était également conscient que ses terres étant proches des Musulmans, qu’ils attaqueraient les Polonais dans son domaine et que cela les détruirait totalement.

 

Dans tous les cas, il se montra amical envers le Kral de Pologne et l’informa de la conduite terrifiante des Musulmans et des histoires de batailles entre les Musulmans et les Hongrois et les Francs. Il l’informa également que la distance entre ses terres et les frontières de l’Islam était très longue et traversait de grandes rivières et d’épaisses forêts. Après que sa nombreuse armée les auraient traversés, la plupart de ses forces auraient été affaiblies par de telles difficultés. Bogdan informa immédiatement les émirs aux frontières musulmanes et demanda l’aide des Ottomans, afin que des ghazi viennent détourner l’armée polonaise de ses terres. Dans le même temps, Bogdan écrivit une lettre au Kral polonais, l’informant que l’avant-garde des troupes musulmanes avait traversé Tuna et était arrivée dans sa wilayah et d’innombrables autres devaient venir et demanda une aide d’environ 5 à 6000 personnes du Kral. Le Kral lui envoya 5000 hommes. Puis le gouverneur de Bogdan habilla 3-4000 de ses hommes comme des Musulmans et joignit environ 600 moujahidin.

Ils traversèrent la rivière Tuna et se cachèrent dans un col entre les montagnes. Lorsque les forces polonaises s’approchèrent, les soldats cachés apparurent et les attaquèrent. Les troupes de Bogdan et des moujahidin poursuivirent l’armée polonaise et tuèrent la plupart. Un millier seulement survécut sur les cinq mille. Ils se précipitèrent du côté du Kral et l’informèrent de l’arrivée de l’armée des moujahidin. Le Kral, alors incapable de faire face à toute l’armée ottomane, abandonna précipitamment la région et retourna dans son royaume. On rapporte que les troupes polonaises laissèrent derrière elles vingt mille chars de munitions, que les soldats de Bogdan et des moujahidin pillèrent après leur départ. Des cadeaux furent envoyés au Sultan à partir du butin.

 

Après cette grande victoire, le Sultan récompensa Bali Beg Malkochoglu pour sa bravoure, le plaça en charge des ghazi et des akinci de Roumélie et ordonna d’attaquer et de piller le royaume de Pologne. De la wilayah de Silistrie, ils traversèrent la rivière Tuna et atteignirent la wilayah de Bogdan. Avec l’aide de guides locaux, ils atteignirent les frontières de cette wilayah, un grand fleuve appelé Turla (Dniestr). Ils durent faire un pont pour le traverser et après cela, ils marchèrent encore huit jours avant d’atteindre les frontières de la Pologne. Il plaça son fils aîné, ‘Ali Beg, à la tête de l’arrière-garde et son plus jeune fils, Tour ‘Ali Beg, à l’avant-garde. Bien qu’il y ait eu au total de nombreuses grandes conquêtes au cours de cette campagne, huit conquêtes majeures et des événements illustres d’assujettissement de villes et de forteresses importantes seront seulement rapportées ici.

 

Première conquête : Au début, ils tombèrent sur un grand fort et une colonie connue sous le nom de Kakova qui se trouvait près de la rivière. Les habitants gardaient les murs et le pont solide de la rivière avec de gros canons pour que les ghazi ne puissent pas le traverser. Ils trouvèrent un endroit où ils pourraient nager à travers la rivière et bientôt, tous traversèrent. Ils attaquèrent ceux qui gardaient le pont et réussirent ainsi à conquérir le fort qu’ils saccagèrent pendant une journées. Des deux hommes, qui étaient en charge de la ville, l’un fut tué dans la bataille et l’autre fait prisonnier. Après cela, ils mirent le feu au château et partirent car ils avaient encore un long et dangereux chemin à parcourir.

 

Seconde conquête : Les ghazwa se poursuivirent pendant quelques jours en passant par des zones prospères mais pas de villes considérables. Puis ils arrivèrent dans une vallée avec un lac, des champs cultivés et quelques villes. Lorsque le roi de Pologne fut informé de l’arrivée des moujahidin, il envoya 500 hommes dans chacune de ces villes, pour les protéger des troupes des Musulmans. Les ghazi, qui ne s’attendaient à aucune opposition, attaquèrent immédiatement la première ville et la conquirent. Après cela, ils attaquèrent une autre ville, plus grande que la première. Celui-ci était protégé par l’eau du lac et résista davantage mais les guides musulmans les conduisirent à travers un pont et ils l’attaquèrent. Comme c’était une ville grande et riche, de nombreux habitants sortirent pour repousser les ghazi. Les courageux moujahidin, cependant, se battirent avec eux dans et hors des murs et la conquirent.

 

Troisième conquête : Après cela, ils atteignirent un fort et une ville appelés Glagori et un autre fort connu sous le nom de Kalabali. Les habitants de ces deux-là, ayant entendu parler du pouvoir des ghazi, eurent peur que les ghazi prennent aussi leurs châteaux et les abandonnèrent avec tous leurs biens et familles. Le ghazi pillèrent et détruisirent les bâtiments de la ville.

 

Quatrième conquête : Ils atteignirent alors les quartiers d’été du roi, appelés Aylah. Cette ville était pleine de jardins et tous les notables et hauts fonctionnaires y vivaient et y gardaient leurs propriétés. Dès qu’ils entendirent parler de l’approche de l’armée de l’Islam, craignant pour leurs vies et leurs biens, ils commencèrent à fuir vers les montagnes en emportant toutes leurs familles et leurs biens. Certains de ces impies étaient encore dans la ville prenant leurs biens ou étaient encore sur le chemin des montagnes, quand soudain les ghazi tombèrent sur eux. Les ghazi rassemblèrent de grandes quantités de butin puis mirent le feu à la ville, qui était en grande partie en bois. Ils ramassèrent tellement de butin dans cette ville, que certains craignaient de ne plus pouvoir les emmener. Ils devinrent inquiets pour leur retour. Le fils de Malkoch Beg, un grand chef ghazi, qui avait fait preuve d’excellence dans de nombreux gaz, suggéra que s’ils se rendaient dans une ou deux autres villes importantes ou passaient, le roi pourrait essayer de les venger. Ainsi, puisque les troupes des ghazi prévoyaient d’attaquer davantage de régions, elles allégèrent leurs charges.

 

Cinquième conquête : Par la suite, ils se rendirent dans une région montagneuse avec des villages, des colonies et de nombreux arbres et après l’avoir traversé, ils atteignirent une zone dégagée où il y avait une belle ville à travers laquelle une grande rivière coulait. Il y avait aussi un grand pont menant à la ville, qui était bien gardé par de nombreux cavaliers et fantassins. D’innombrables canons et armes à feu au bord du fleuve empêchèrent les moujahidin de traverser le fleuve. Une fois de plus, les ghazi traversèrent ce grand fleuve de toutes les manières possibles, ils attaquèrent les mécréants et les dispersèrent.

 

Sixième conquête : L’armée des musulmans se déplaça vers une ville appelée Radimin. Ils passèrent la nuit dans ce quartier, et le matin, ils réalisèrent qu’elle ne serait pas facile à maîtriser, alors ils poursuivirent leur route. Ils atteignirent une ville entourée de champs cultivés. Les ghazi s’arrêtèrent dans cette place calme et (Bali Beg) donna la permission de piller pour le butin. Il envoya son fils Tour ‘Ali Beg dans une direction, l’émirzade Bah Beg Ibn Yahya Basha, qui était un grand guerrier, dans une autre tandis que lui-même alla dans une autre direction avec le reste des ghazi. Tour ‘Ali Beg arriva pour la première fois dans une ville appelée Prevorsk, où il tua et asservi les impies, pilla la ville et y mit le feu. Deux ou trois jours plus tard, il retourna au camp de son père avec d’innombrables butins. Bali Beg Ibn Yahya Basha se rendit également dans une ville prospère. Quatre jours plus tard, il retourna au camp, chargé de butin.

 

Septième conquête : Une fois tous réunis à nouveau, les moujahidin marchèrent encore deux jours et se dispersèrent de nouveau dans une autre zone pour le pillage. Malkoch Beg envoya les ghazi dans une direction avec l’un de ses commandants, Hassan Aga. Ils atteignirent un champ, où ils rencontrèrent 700 bovins, qu’ils emportèrent avec eux. Après quelques jours, ils retournèrent et rejoignirent les autres moujahidin.

 

Huitième conquête : Les ghazi pensèrent qu’il serait très difficile de transporter plus de butin et dangereux de traverser les terres des ennemis alors, ils décidèrent de retourner. Ils furent informés de deux dangers sur le chemin : le premier était une grande rivière ou le roi avait brûlé le pont qui la traversait. Plus bas, il y avait un passage inaccessible à travers les montagnes, qui avaient été bloquées par des arbres sur l’ordre du Kral. Malkochoglu Beg envoya Hassan Aga vers le pont, avec des fournitures pour le réparer. Ils traversèrent ainsi la rivière en direction du col. Bien qu’ils aient trouvé l’entrée et la sortie du col bloquées par du bois, ils réussirent à le traverser et, ayant échappé à ces dangers, ils continuèrent. Après cela, ils traversèrent de beaux champs jusqu’à ce qu’ils arrivent devant quelques forces du Kral de Pologne. Les ghazi se battirent avec eux et les vainquirent et après cette victoire, ils menèrent une grande ghazwa dans cette région. Malkoch Beg envoya Mustafa Beg Ibn Qasim Beg avec 500 hommes pour piller la région. Il quitta les troupes principales et dû se battre à deux reprises contre les mécréants. Dans les deux cas, avec l’aide d’Allah Exalté, il sortit victorieux. Il atteignit une zone dégagée avec quelques villes et une grande rivière. Mille cinq-cents mécréants gardaient son pont. Les 500 entrèrent dans la bataille avec eux, les vainquirent et se déplacèrent vers d’autres régions.

 

Ils atteignirent une ville appelée Jaroslav avec un grand monastère, qui était fortifié et la population avec ses propriétés s’y était réfugiée. Les ghazi l’attaquèrent et réussirent à le conquérir. Puis ils rejoignirent leurs compagnons et, ayant échappé à tous les dangers, ils retournèrent dans les domaines du Sultan. Bien qu’ils aient rassemblé beaucoup de butin, ils devaient se dépêcher et allégèrent considérablement leurs fardeaux, mais il restait encore beaucoup de butin entre leurs mains. À Kilia, près de la rivière Tuna, Malkoch Beg soumit un cinquième du butin comme la part du Sultan et de là, les soldats retournèrent dans leur patrie.

 

Description de la nomination d’Iskandar Basha sur les terres de Bosnie pour la protection de cette frontière contre les rois de Hongrie 
et des Francs

 

De l’expédition de ghazwa et de raids d’Iskandar Basha contre les terres des Francs. La définition des frontières entre les mécréants et l’Islam est toujours soumise à la confirmation de l’épée. En tout temps, les serviteurs des pieux Sultans font preuve d’un grand courage dans la protection des frontières de l’Islam. La nomination de guerriers comme gouverneurs pour la défense et l’administration de ces zones est nécessaire. Parfois le Sultan miséricordieux est capable de garder sous contrôle ferme les parties de son royaume, et ses sujets sont obéissants et loyaux, et parfois ses ordres doivent leur être imposés. Par conséquent, tous les dirigeants nomment des chefs et des commandants forts aux frontières.

 

(Al-Qassah) En 904 (1498-9) Iskandar Basha fut nommé Vizir du Divan. A cette époque, le Sultan voulait faire un ghazwa contre les terres de certains rois des Francs, et surtout les forts de Lépante, Modon et Koron. La mamlakat de Bosnie est situé aux frontières entre les royaumes des mécréants et les terres de l’Islam, à la frontière de la Hongrie, de l’Autriche et de l’Italie, et a toujours souffert des tentatives des mécréants pour pénétrer dans les terres de l’Islam à travers elles. Le Sultan décida donc de diriger un ghazwa au Farankistan, en particulier la wilayah de Lépante. Dans l’environnement du Sultan, il était certain que cet émir compétent devait être nommé pour surveiller les frontières de l’Islam, en raison du tranchant de son épée et des manifestations de ses capacités en tant que grand chef d’armée de son temps. De plus, pendant le règne de Muhammad II, il avait longtemps été administrateur de cette région et avait conduit de nombreux ghazwa dans les terres des impies. Ainsi, après avoir démis Yahya Basha du poste de gouverneur de ce mamlakat, le Sultan y nomma à nouveau Iskandar Basha.

 

Le Sultan voulait mener un ghazwa contre Lépante, qui n’avait pas encore été conquise. Le doge de Venise, le plus riche des dirigeants parmi les Francs, envoya des messages à tous les dirigeants chrétiens pour demander de l’aide, aux rois d’Hongrie, d’Allemagne et d’Autriche, qui sont parmi les plus grands dirigeants de cette région. Le doge souhaitait que la Hongrie et l’Autriche attaquent la Bosnie, de sorte que peut-être cela détournerait l’attention du Sultan et le ferait se retirer du siège de Lépante. Lorsque le Sultan réalisa ces pensées corrompues des impies, il agit immédiatement et envoya Iskandar Basha pour se venger de ces maux causés par les mécréants. Iskandar Basha se dirigea vers les frontières et attaqua les impies. Des frontières de la Bosnie, il se tourna vers la wilayah de Zadine, qui était une possession vénitienne et la plus proche des terres de l’Islam de toutes les régions des Francs. Ils se déplacèrent extrêmement rapidement à travers les terres des impies, couvrant la distance de cinq jours de voyage en une seule journée, de sorte que les mécréants furent pris par surprise et ne purent leur résister. Le lendemain, ils dévastèrent et brûlèrent les terres leurs, détruisant tous leurs moyens de subsistance, pillant et passant les mécréants par l’épée. Puis, sans délai, ils retournèrent dans leur patrie, riche en butin.

 

Pendant ce temps, l’armée du Sultan était en route pour Lépante, mais n’était pas encore arrivée, Iskandar Basha envoya des messagers auprès de ces forces avec des cadeaux de la ghazwa au Sultan. Le Sultan ordonna alors la fin de cette expédition et récompensa le Basha. Mais comme l’armée était arrivée à Lépante, le Sultan ordonna de nouveau au Basha de piller les terres des Francs et de distraire les Vénitiens. Iskandar Basha avec 5000 hommes traversa la Bosnie en Autriche, qu’il attaqua pendant une vingtaine de jours. Ils atteignirent une grande ville près d’une rivière. Quand les impies virent les puissantes troupes de l’Islam, ils furent terrifiés. Les notables de la ville se retirèrent dans le château, mais devant la grandeur de l’armée ils se rendirent. Ils offrirent de nombreux biens aux moujahidin pour leur séjour, qui ensuite traversèrent le fleuve sans opposition.

Ils marchèrent pendant encore dix jours dans cette région prospère, pleine de villes fortes et de zones cultivées. Dans toutes les villes où les impies essayèrent de leur résister et de les combattre, les moujahidin combattirent avec beaucoup de courage et rassemblèrent ainsi d’innombrables butins et incendièrent leurs villes. Ils atteignirent une grande rivière appelée Dolina, où se rejoignaient sept affluents. Après avoir traversé les sept affluents, ils se retrouvèrent en face de la ville de Venise, située au nord des terres des Francs et la résidence de leur souverain. Alors que le Sultan avait l’intention d’attaquer Lépante, il envoya Iskandar Basha faire un raid et piller les zones proches de la résidence du souverain vénitien, pour détourner son attention.

 

Après de nombreux raids réussis dans la région, ils retournèrent à la rivière Dolina. Les infidèles s’y étaient rassemblés et bloquaient le passage des moujahidin, tellement chargés de butin que traverser la rivière était très dangereux. En outre, il y avait des informations selon lesquelles un grand nombre de soldats, envoyés par le dirigeant de cette région, s’étaient rassemblés sur les berges du fleuve, avaient bloqué tous les passages possibles par lesquels les moujahidin pourraient traverser, et étaient prêts pour la bataille. Cependant, le Basha rassembla tous les prisonniers devant lui et choisit tous les anciens et ceux de plus de vingt ans. Environ 3000 hommes furent avancés. Après de nombreuses menaces et de nombreux conseils précieux, les soldats réussirent à sortir de cette situation difficile au bord de la rivière. Après cela, ils continuèrent, ramassant du butin et attaquant toutes les villes qu’ils rencontraient, les incendiant et les soumettant et remplissant le cœur des infidèles de crainte.

 

Chargés de butin, ils atteignirent la rivière Aq Su (Tagliamento). Les infidèles qui la gardaient avaient entendu parler des victoires des ghazi. Quand les ghazi les affrontaient, les impies ne voyaient pas d’autre moyen de sauver leur vie que de fuir ; donc les troupes des Musulmans traversèrent sans être blessées. Après cela, l’armée fut libre de troubles pendant huit jours, au cours desquels ils pillèrent la région par la rivière. Puis ils passèrent par la wilayah de Boudassin, qui était soumise aux Francs de l’autre côté de la frontière. Les ghazi avaient remarqué qu’il y avait beaucoup de richesse dans cette région, ils envoyèrent donc 1000 cavaliers, qui l’attaquèrent et asservirent la population. En conséquence, cette campagne de trois mois fut couronnée de succès dans toutes les affaires divines et mondaines, elle satisfit le Sultan et gagna une grande renommée, gloire et richesse pour les moujahidin. Un cinquième du butin, la part du Sultan, lui fut envoyé.

 

Appendice : Quand Iskandar Basha était gouverneur de la Bosnie, il y avait toujours des problèmes avec la conquête des villes des impies et la répulsion des dommages causés par les tribus locales. Entre la Bosnie et la Hongrie, il y avait un château et une forteresse appelés Yayca. C’est un fort grand et large et un très bon point de garde, car il est situé sur les frontières et était le protecteur des terres de Hongrie contre les troupes musulmanes entrant dans le pays. Le Sultan précédent avait équipé une grande armée et avait réussi à la subjuguer, mais au moment où le Sultan actuel arriva au pouvoir, il appartenait à nouveau au roi de Hongrie. Le Sultan avait suggéré que pendant le poste de gouverneur d’Iskandar Basha, la conquête de ce château devait être définitive.

 

Sur l’ordre du roi de Hongrie, chaque année un grand commandant se rendait dans ce château avec une grande armée pour prendre des dispositions pour ses approvisionnements et ses provisions. Il n’y a pas d’autre ville ou village dans les environs de ce château sur environ huit jours de voyage, ni aucun autre refuge, à l’exception d’une autre forteresse, appelée Lofca. De plus, la plupart des attaques de l’armée musulmane et de leur pillage avaient eu lieu dans cette région depuis longtemps, et ces villes avaient fait l’objet de nombreuses batailles. La Hongrie n’a pas encore beaucoup aidé ces deux forts, qui souffraient le plus des attaques, mais au lieu de cela, si jamais les Musulmans pénétraient sur leur territoire et attaquaient le château de Lofca, par exemple, ils ne faisaient que dépeupler la région et faciliter ainsi la conquête du château de Yayca.

 

Ainsi, en 907 (1501-2), le Basha rassembla 1000 cavaliers et 2000 fantassins et les envoya à la conquête de Lofca sous le commandement de son propre fils, Mustafa Beg. Ce château est un fort, du genre où la fortification de chaque maison est reliée à celle de la maison voisine, les fondations et les pierres sont étroitement jointes, et les murs de la ville sont élevés avec des blocs de bois, et autour d’eux se trouvent deux douves profondes. L’émirzade partit à la conquête de la ville avec ses braves soldats. Ils assiégèrent le château du matin au soir, jusqu’à ce que les moujahidin entrent dans ses murs puis la ville fut conquise. Après cela, ils se rendirent dans un fort voisin appelé Brustza, qu’ils conquirent en un jour. Après avoir gagné beaucoup de richesses, de renommée et de récompenses, ils conclurent cette campagne et revinrent. En plus de cette victoire, lorsqu’en 908 (1502-3) le roi de Hongrie envoya des troupes à Yayca avec des approvisionnements et des provisions selon leur coutume, des messagers du service d’Iskandar Basha lui envoyèrent des nouvelles. Le Basha fut de nouveau envoyé son fils avec 400 cavaliers, pour attaquer ces troupes. Ils parcoururent un voyage de cinq jours depuis les frontières de la Bosnie en une seule journée. Ces braves ghazi mirent en déroute les impies, tuèrent beaucoup d’entre eux et transportèrent de nombreux butins dans leur camp de jour. Après cela, l’émirzade ordonna leur retour. Leur bravoure restera célèbre parmi les plus courageux guerriers.