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					Ainsi, il devint courant pour les Portugais de venir avec 
					des navires chargés de personnes et de cargaisons et de 
					revenir avec du poivre, du gingembre séché et plusieurs 
					autres produits, année après année. Lorsque les Portugais 
					s’installèrent à Kochi et Kannour et y trouvèrent une base 
					solide, les habitants de ces villes avec leurs dépendants se 
					s’engagèrent dans des voyages en mer emportant avec eux des 
					laissez-passer des Portugais pour éviter les risques. Chaque 
					navire, aussi petit soit-il, était muni d’un laissez-passer, 
					pour lequel les Portugais fixaient une redevance et au 
					moment du voyage, le capitaine du navire prenait le 
					laissez-passer contre paiement de la redevance. Les 
					Portugais firent comprendre aux gens que le système de 
					laissez-passer introduit par eux était à leur avantage et 
					les incitèrent donc à s’y soumettre. Chaque fois que les 
					Portugais tombaient sur un navire qui ne possédait pas leur 
					laissez-passer, ils saisissaient le navire, son équipage et 
					sa cargaison. En raison de cette grande injustice, les 
					Samouris, ses sujets et ses dépendants se battaient 
					constamment contre les Portugais. 
					 
					 
					
					Les Samouris dépensèrent une grande partie de leur richesse 
					dans cette guerre, et après un certain temps lui et des 
					sujets diminuèrent en force. Les Samouris envoyèrent donc 
					des lettres aux Sultans musulmans pour demander de l’aide 
					mais ils ne se présentèrent pas pour l’aider. Cependant, le 
					Sultan de Jazrat (Gujarat), le Sultan Mahmoud Shah, 
					le père du estimé Sultan Mouzaffar Shah, et ‘Adil Shah, le 
					grand-père du grand Sultan ‘Ali ‘Adil Shah (qu’Allah 
					illumine leurs tombes), donnèrent l’ordre de préparer leur 
					navires de guerre et leurs navires d’escorte qui se 
					révélèrent par la suite impropres à la mise en mer. Le 
					Sultan de Misr (Egypte), Qansouh al-Ghawri, qu’Allah 
					lui fasse miséricorde, avait envoyé un de ses émirs, ‘Amir
					Houssayn, avec treize navires et quelques troupes. 
					‘Amir Houssayn atteignit le port de Diu au Gujarat. 
					Puis ils s’embarquèrent pour Shiyul et avec eux se 
					trouvaient Malik Ilyas, le na’ib à Diu et ses navires 
					d’escorte. Ils tombèrent sur quelques navires portugais, et 
					dans le combat qui suivit, ‘Amir Houssayn captura un 
					gros navire portugais. ‘Amir Houssayn et ses troupes 
					retournèrent alors à Diu avec leurs navires. Il y resta 
					quelques mois pendant la saison des pluies. Par la suite, 
					sur instruction des Samouris, une quarantaine de navires de 
					sa ville et d’ailleurs arrivèrent à Diu pour renforcer ‘Amir
					Houssayn. 
					 
					
					En apprenant l’existence de ‘Amir Houssayn et de ses 
					hommes campant à Diu, les Portugais embarquèrent sur vingt 
					navires préparés pour la guerre et apparurent soudainement 
					devant Diu. Répondant à cette arrivée portugaise inattendue, 
					‘Amir Houssayn, sans préparation, mit en mer ses 
					navires et ceux de Malik Ilyas, ainsi que les petits navires 
					venus de Malabar. Lorsque les Portugais rencontrèrent les 
					forces combinées, ils fixèrent leur attention sur les 
					navires de ‘Amir Houssayn et capturèrent quelques-uns 
					de ses navires tandis que le reste se sépara. Ainsi, par le 
					décret d’Allah et son commandement incontestable, les 
					maudits portugais revinrent victorieux à Kochi. 
					 
					
					‘Amir Houssayn et quelques-uns de ses soldats purent 
					s’échapper avec les troupes de Malik Ilyas, les Malabaris et 
					leurs navires. ‘Amir Houssayn retourna en Egypte. 
					Qansouh al-Ghawri, le Sultan de Misr, s’indigna de la 
					défaite et dépêcha vingt-deux navires entièrement équipés de 
					tout l’attirail de guerre, sous le commandement de ‘Amir 
					Salman ar-Roumi avec ‘Amir Houssayn. Les forces 
					d’al-Ghawri avec leurs navires atteignirent le port bien 
					protégé de Jeddah et se rendirent ensuite au port de Camran. 
					 
					
					Là, ‘Amir Houssayn lutta contre le peuple du Yémen et 
					pilla son pays. Sur ce, Salman ar-Roumi le quitta et navigua 
					vers le port d’Aden avant de retourner à Jeddah ou une 
					bagarre éclata entre ‘Amir Houssayn et Salman 
					ar-Roumi à cause des combats de ‘Amir Houssayn et du 
					pillage des Musulmans. Salman dû alors quitter Jeddah et 
					retourner dans son pays. ‘Amir Houssayn fut capturé 
					peu après par le Sultan ash-Sharif Barakat du Hijaz 
					et mourut noyé dans la mer. 
					
					C’est après ces incidents, que la nouvelle parvint à Jeddah 
					qu’une guerre avait éclaté entre le Sultan Qansouh 
					al-Ghawri et le Sultan Salim Shah ar-Roumi. Qansouh 
					al-Ghawri perdit et fut bientôt assassiné et Salim Shah 
					ar-Roumi captura son royaume. 
					
					Allah est le Maître de Ses affaires. 
					 
					
					Le jeudi 22 Ramadan 915 (1510), les Portugais arrivèrent à 
					Calicut et attaquèrent la ville. Ils mirent le feu à la 
					mosquée de la congrégation, qui avait été construite par le 
					célèbre Nakhouda Mithqal. Puis ils entrèrent dans le palais 
					de Samouri affirmant qu’ils l’avaient capturé. Le Samouri 
					était absent à ce moment-là et était à quelque distance 
					de-là pour des questions liées à la guerre. Les soldats Nair 
					dans le palais combattirent les intrus portugais et les 
					chassèrent du palais. Ils tuèrent environ cinq cents soldats 
					du côté portugais. 
					
					Beaucoup moururent noyés en mer et les autres fuirent vers 
					leurs navires dans le désespoir, comme Allah, Exalté 
					soit-Il, l’a voulu. 
					 
					
					Quelque temps avant ou après cet incident, les Portugais 
					arrivèrent à Ponnani et mirent le feu à près de cinquante 
					bateaux de pêche qu’ils trouvèrent sur la plage. Quelque 
					soixante-dix Musulmans qui les combattirent furent 
					martyrisés. 
					 
					
					De même, les Portugais arrivèrent à Aden et une bataille 
					féroce eut lieu avec les Musulmans. Allah Exalté aida les 
					Musulmans et abandonna les Portugais qui durent fuir pour 
					sauver leurs vies, totalement vaincus. Cela se produisit 
					alors que ‘Amir Marjan était le dirigeant d’Aden, qu’Allah 
					lui fasse miséricorde. 
					 
					
					Les Portugais, après avoir sécurisé leurs positions à Kochi 
					et Kannour, conclurent un traité avec le roi de Kollam et 
					construisirent un fort. Kochi et Kollam, à l’époque, étaient 
					les centres qui attiraient la plus grande partie du commerce 
					du poivre, plus que tout autre endroit. 
					
					Puis les Portugais combattirent le peuple de Goa, 
					capturèrent la ville et l’occupèrent. Le port de Goa était 
					aux mains de ‘Adil Shah, le grand-père de ‘Ali ‘Adil Shah le 
					Grand. Les Portugais firent de Goa leur capitale en Inde et 
					établirent leur domination. Mais, peu après, ‘Adil Shah 
					combattit les Portugais, reprit Goa et les mis en déroute à 
					partir de là. Ainsi, elle redevint une partie du territoire 
					islamique (Dar al-Islam). Enragés, les Portugais revinrent 
					avec des préparatifs massifs. Ils combattirent les Musulmans 
					et capturèrent à nouveau Goa et en firent une partie de leur 
					domaine. On rapporta que les émirs et les principaux hommes 
					de Goa avaient un accord secret avec les Portugais ; par 
					conséquent, la reprise de Goa leur fut facilité. Ensuite, 
					les Portugais y construisirent plusieurs forts, d’immenses 
					bâtiments et tours. Si Allah veut quelque chose, Il 
					l’accomplit. Ainsi leur puissance commença à croître de jour 
					en jour. 
					 Certaines actions honteuses des Portugais 
					
					 
					
					Au début, une condition prévalait à Malabar qui permettait 
					aux Musulmans de mener une vie prospère et confortable en 
					raison de la bienveillance de leurs dirigeants, de leurs 
					coutumes ancestrales et de leur gentillesse. Mais, ils 
					déprécièrent les bénédictions d’Allah, transgressèrent et 
					devinrent insouciants. Alors Allah plaça sur eux les 
					Chrétiens portugais et qu’Il soit exalté, les abandonna. Ils 
					opprimèrent les Musulmans, les corrompirent et commirent 
					toutes sortes d’actes laids et infâmes contre eux, abjects 
					pour être décrit. 
					 
					
					Les Portugais se moquaient des Musulmans et les méprisaient. 
					Ils les harcelèrent sans raison, les insultèrent, les 
					humilièrent, les forcèrent à les porter sur leur dos pour 
					traverser des étendues sales et boueuses alors qu’ils 
					parcouraient la campagne, leur crachèrent dessus et sur 
					leurs visages, entravèrent leurs voyages, en particulier 
					ceux du Hajj, pillèrent leur richesse, saisirent 
					leurs véhicules, incendièrent leurs maisons et leurs 
					mosquées, piétinèrent et brûlèrent le Saint Qur’an et 
					d’autres livres religieux, insultèrent publiquement le 
					Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), souillèrent et 
					polluèrent les lieux de culte, leur firent dirent du mal et 
					contre la religion de l’Islam, les forcèrent à s’incliner 
					devant la croix et donnèrent de l’argent à ceux qui le 
					firent, ils défilèrent les femmes chrétiennes entièrement 
					ornées de riches ornements et vêtues de beaux vêtements 
					devant les femmes musulmanes pour tenter les femmes 
					musulmanes, tuèrent les pèlerins du Hajj et les 
					persécutèrent avec toutes sortes de cruautés, les 
					capturèrent et les enchainèrent aux pieds dans de lourdes 
					chaînes ou les menottèrent en les traînant dans les rues et 
					les marchés pour les vendre comme esclaves et, chaque fois 
					que quelqu’un osait les libérer par sympathie, ils les 
					fouettaient sans pitié pour exiger des prix plus élevés. Ils 
					les enfermèrent et les gardèrent confinés dans des pièces 
					sombres sales et pestilentielles, surpeuplées dans des 
					conditions dangereuses, les battirent avec des sandales et 
					les marquèrent avec des bâtons d’encens incandescents pour 
					avoir utilisé de l’eau pour se nettoyer après les besoins. 
					Ils capturèrent des Musulmans et les vendirent, réduisirent 
					certains en esclavage, les forcèrent à faire toutes sortes 
					de travaux forcés sans aucune compensation. C’étaient les 
					choses qu’ils faisaient habituellement aux Musulmans. 
					 
					
					Les Portugais, après de grands préparatifs, naviguèrent vers 
					les ports du Gujarat, Konkan et Malabar, et la côte 
					d’Arabie, attendirent les bateaux des Musulmans et les 
					saisirent. Ils accumulèrent ainsi une richesse abondante et 
					acquirent un grand nombre de prisonniers musulmans. Combien 
					de femmes musulmanes de noble naissance furent-elles prises 
					captives, et dont l’honneur fut violé pour mettre au monde 
					des enfants chrétiens qui deviendraient des ennemis de la 
					foi d’Allah et des agents pour causer l’affliction aux 
					Musulmans ! De nombreux savants, membres de la famille du 
					Noble Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et autres 
					grands personnages furent capturés, retenus en otages, 
					persécutés et finalement tués brutalement. Beaucoup d’hommes 
					et de femmes musulmanes furent convertis de force au 
					Christianisme. Combien de telles atrocités et cruautés ! Les 
					langues se lassent de les décrire et détestent les mettre en 
					mots. Puisse Allah, le Tout-Puissant, les châtier 
					éternellement pour leurs crimes. Amin ! 
					 
					
					Le désir ardent des Portugais comme des Chrétiens a toujours 
					été de faire renoncer les Musulmans à la foi de l’Islam et 
					de les convertir au Christianisme. Qu’Allah nous protège de 
					leur maux ! Cependant les Portugais durent maintenir des 
					relations pacifiques avec les Musulmans, par nécessité, car 
					ils devaient vivre parmi les Musulmans qui formaient le 
					principal corps de population dans tous les ports maritimes 
					de Malabar. Ainsi, les Portugais nouvellement arrivés 
					pendant certaines saisons de l’année, remarquant les 
					Musulmans et leur conduite à Kochi, disaient à leurs 
					compatriotes : « Jusqu’à aujourd’hui, les Musulmans n’ont 
					pas changé d’apparence. » Ils reprochèrent à leurs 
					prédécesseurs de ne pas avoir fait assez pour amener les 
					Musulmans à changer de religion. «
					Ils veulent éteindre 
					avec leurs bouches la lumière d’Allah, alors qu’Allah ne 
					veut que parachever Sa lumière, quelque répulsion qu’en 
					aient les mécréants. » (Qur’an, 9:32) 
					 
					
					Enfin, ils firent même fait appel au roi de Kochi pour 
					expulser en masse les Musulmans. Ils tentèrent d’influencer 
					le roi en lui disant que ses revenus des Musulmans étaient 
					très maigres et que s’il les chassait tous de son 
					territoire, ils lui donneraient ces revenus plusieurs fois 
					multipliés. La réponse du roi de Kochi fut que les Musulmans 
					ne pouvaient pas être expulsés de son pays car ils étaient 
					ses sujets depuis des temps immémoriaux et, en outre, ils 
					avaient beaucoup contribué au développement et à la 
					prospérité du pays. Les Portugais montrèrent de l’hostilité 
					uniquement envers les Musulmans et leur foi et non envers 
					les Nairs ou les autres incroyants de Malabar. 
					 Le Traité Samouri-portugais et la construction du fort portugais à Calicut 
					
					 
					
					Au fur et à mesure que la guerre se prolongeait, la 
					faiblesse des musulmans augmentait. Et le Samouri qui avait 
					dépensé une grosse somme dans ces guerres mourut et son 
					jeune frère lui succéda. 
					
					Ce nouveau roi était d’avis que la paix avec les Portugais 
					était la meilleure solution, car elle apporterait à ses 
					sujets musulmans la prospérité dans leur commerce comme la 
					prospérité dont jouissent ceux de Kannour et Kochi, et 
					supprimerait leur faiblesse et les sauverait de leur 
					pénurie. Et en conséquence, il conclut un traité avec les 
					Portugais par lequel il permit aux Portugais de construire 
					un fort à Calicut à condition qu’ils permettent à ses sujets 
					musulmans d’entreprendre des voyages commerciaux vers le 
					port arabe de Jeddah et Aden à bord de quatre navires chaque 
					année. 
					
					Puis les Portugais maudits commencèrent à construire un fort 
					solide tandis que les sujets de Samouri partaient vers les 
					ports arabes à bord de quatre navires chargés de poivre et 
					de gingembre séché. Comme d’autres, ils commencèrent 
					également à faire des voyages commerciaux comme auparavant 
					au Gujarat et à d’autres destinations avec des 
					laissez-passer portugais. C’était en 920 ou 921 de l’Hégire 
					(1514-15). 
					 
					
					Au moment où les quatre premiers navires revinrent à 
					Calicut, les Portugais avaient terminé la construction de 
					leur fort à Calicut. Alors, ils interdirent ensuite aux 
					Musulmans de faire d’autres voyages dans les ports arabes 
					avec du poivre et du gingembre dans leurs navires. Ainsi, 
					ils voulaient monopoliser le commerce du poivre et du 
					gingembre séché. Chaque fois qu’ils voyaient ne serait-ce 
					qu’une petite quantité de ces deux épices dans un navire, 
					ils s’emparaient du navire, de son contenu et de son 
					équipage. Les Portugais devinrent ainsi la source de grandes 
					afflictions et de détresse pour les Musulmans et autres 
					sujets. 
					 
					
					Le Samouri, qui respectait dûment la paix, endura leurs 
					mauvaises actions avec patience, parce qu’il craignait leur 
					inimitié. Néanmoins, il envoya secrètement des lettres aux 
					Sultans musulmans les exhortant à se préparer à la guerre 
					avec les Portugais, mais cela resta sans suite. C’était ce 
					qu’Allah voulut. 
					 
					
					Les Portugais, qu’Allah les maudisse, étaient intelligents 
					et perfides. Ils connaissaient très bien le cours qui 
					convenait le mieux à leur entreprise. Ils étaient tout à 
					fait cordiaux et polis envers leurs ennemis si nécessaire, 
					mais une fois qu’ils avaient atteint leurs objectifs, ils 
					les traitaient de manière abominable. Entre eux, ils étaient 
					assez unis dans le sentiment et la conduite. Ils ne 
					désobéissent pas à leurs aînés même s’ils étaient loin de 
					leurs dirigeants. Il était rare qu’un désaccord d’opinion se 
					produise entre eux, et rien n’a été entendu à ce jour sur le 
					fait que quiconque parmi eux ait assassiné l’un d’entre eux 
					pour avoir pris le pouvoir. Telles étaient les raisons pour 
					lesquelles les dirigeants de Malabar et d’autres se 
					soumirent aux Portugais malgré leur petit nombre. D’un autre 
					côté, les soldats musulmans et leurs émirs se disputaient 
					entre eux et s’efforçaient de se retirer du pouvoir même en 
					tuant. 
					 
					
					Une fois que les Portugais s’établirent fermement à Calicut 
					et consolidèrent leur position, ils invitèrent les Samouri à 
					leur résidence dans le fort sous prétexte de lui offrir des 
					cadeaux précieux qu’ils avaient reçus par lui de leur roi du 
					Portugal. Mais leur véritable intention était de le faire 
					prisonnier. Le Samouri, en arrivant là-bas, eut un soupçon 
					lorsqu’il vit la gesticulation d’un Portugais. Il quitta 
					donc rapidement les lieux en faisant semblant de répondre à 
					un appel de la nature. Ainsi, par la grâce d’Allah, il put 
					s’échapper sans tomber dans le piège que lui tendaient les 
					perfides Portugais. L’homme qui avait gesticulé et qui avait 
					permis au Samouri d’échapper fut punis et transféré de 
					Calicut à Kannour. 
					 
					
					Au mois de Mouharram, 923 de l’Hégire (1517), les 
					Portugais partirent de Goa avec des préparatifs de guerre 
					massifs, avec une flotte d’environ vingt-huit navires, ayant 
					en vue le port bien fortifié de Jeddah. Lorsqu’ils 
					atteignirent le port, les Musulmans furent terriblement 
					perturbés et effrayés. Salman ar-Roumi, qui avait été envoyé 
					plus tôt par Qansouh al-Ghawri pour aider les 
					Musulmans de Malabar contre les Portugais, y était alors 
					présent avec ses navires de guerre et environ deux cents 
					soldats. Il ouvrit le feu sur les Portugais depuis le 
					rivage, causant des dommages considérables à certains de 
					leurs navires. Les Portugais hissèrent toutes les voiles, 
					s’éloignèrent de la portée de tir des canons et s’enfuirent 
					craintifs. Cependant, Salman ar-Roumi envoya trente soldats 
					dans deux bateaux à leur poursuite. Ils capturèrent un 
					navire portugais à Camran et retournèrent à Jeddah avec 
					douze chrétiens qui étaient à bord du navire. Les Portugais 
					restèrent à Camran jusqu’à la fin de la saison de la mousson 
					et retournèrent à Goa, frustrés dans leurs espérances. Tel 
					était le plaisir d’Allah. 
					 La rivalité entre Samouri et les Portugais et la capture du fort de Calicut 
					
					 
					
					Sache que : Les atrocités et les excès portugais à Calicut 
					augmentèrent de jour en jour. Mais le Samouri ferma les yeux 
					sur ces atrocités. Leurs excès continuèrent jusqu’au jour où 
					une bagarre éclata à Calicut entre les Portugais et quelques 
					Musulmans de Pantalayani. L’incident se produisit le 10 Mouharram 
					931 (1524). Ainsi la paix fut rompue et les hostilités 
					reprirent. De plus, environ un an plus tôt en 930, lors d’un 
					autre incident, des personnes de Pantalayani, Chemmanad, 
					Tirourangadi, Parappanangadi et quelques autres endroits, 
					naviguant sur de petits bateaux, avaient capturé une dizaine 
					de navires de commerce appartenant aux Portugais. 
					 
					
					Pendant ce temps, un conflit civil éclata à Kodoungallour 
					entre les Musulmans et les Juifs de la localité. Les Juifs 
					avaient tué un Musulman ce qui conduisit à l’émeute. Les 
					Musulmans envoyèrent des messagers à leurs frères dans 
					diverses villes de Malabar pour demander leur aide pour 
					riposter contre les Juifs. Les habitants de Calicut avec 
					leurs proches de Pantalayani, les habitants de Kakkad, 
					Tikkodi et leurs proches de Chaliyam et les habitants de 
					Parappanangadi, Tirourangadi, Tanour, Parawanna, Ponnani et 
					Weliancode se réunirent dans la mosquée de la prière du 
					Vendredi de Chaliyam. Là, ils résolurent d’attaquer les 
					Juifs de Kodoungallour. Ils résolurent également de faire la 
					guerre aux Portugais et de ne faire la paix avec eux qu’avec 
					la permission du Samouri. Cela se produisit également en 
					l’an 931 de l’Hégire. 
					
					En conséquence, ils embarquèrent dans une flotte d’une 
					centaine de petits navires à Kodoungallour et y tuèrent 
					plusieurs Juifs. Les autres fuirent vers les zones rurales 
					de l’est de Kodoungallour. Les Musulmans incendièrent les 
					maisons et les synagogues des Juifs. Lorsqu’ils 
					s’aventurèrent à incendier les maisons et les églises 
					appartenant aux Chrétiens, la communauté de Nair protesta et 
					cela provoqua un affrontement entre les Musulmans et la 
					communauté de Nair. Quelques hommes de la communauté Nair 
					furent tués dans l’affrontement. Pour cette raison, il 
					devint intenable pour les Musulmans de la localité d’y vivre 
					et ils furent forcés de migrer vers d’autres endroits. 
					 
					
					Cette même année, les habitants de Darmadam, Edakkad, 
					Kannour, Tirouwangad, Ezhimala et Chemmanad, unirent leurs 
					forces pour déclencher une guerre contre les Portugais. Les 
					Musulmans d’autres villes firent également de même. 
					 
					
					Toujours cette même année, certains des chefs de Kochi comme 
					Faqih Ahmad Marakkar, son frère Kounhi ‘Ali Marakkar, 
					leur oncle Muhammad ‘Ali Marakkar et leurs partisans 
					ressentirent le besoin de combattre les Portugais et 
					naviguèrent donc de Kochi à Calicut. Lorsque les Portugais 
					prirent conscience que la plupart des Musulmans et des 
					Samouri étaient fermement opposés à eux, ils firent de grand 
					préparatif pour la guerre et levèrent les voiles de Kochi et 
					débarquèrent à Ponnani, le samedi matin, 3 Joumadah al-Oula 
					931. 
					
					Ils incendièrent d’innombrables maisons, centres d’affaires, 
					entrepôts et quelques mosquées sur le rivage. Ils abattirent 
					et détruisirent d’innombrables cocotiers sur le rivage. De 
					nombreux Musulmans furent martyrisés. Ensuite, les Portugais 
					naviguèrent après la deuxième nuit de l’arrivée et 
					atteignirent Pantalayani. Là, ils s’emparèrent d’une 
					quarantaine de navires appartenant à ses habitants et à 
					d’autres. Là encore, de nombreux Musulmans tombèrent 
					martyrs. 
					 
					
					Lorsque la discorde éclata à Calicut entre les Portugais et 
					certains Musulmans de Pantalayani, les Samouri résolurent de 
					lutter contre les Portugais. Mais lorsque les Portugais 
					arrivèrent, ils étaient absent et à une certaine distance de 
					Calicut, impliqué dans un autre conflit avec certains de 
					leurs ennemis. Le Samouri envoya donc son ministre en chef, 
					al-Yadh, avec l’ordre de lutter contre les Portugais. 
					Al-Yadh fit des préparatifs massifs en dépensant une énorme 
					somme d’argent. 
					 
					
					Les guerriers musulmans et les troupes Nair du Samouri 
					assiègent ensemble le fort portugais. Les Musulmans de 
					nombreuses régions du pays convergèrent à Calicut avec le 
					zèle de faire le jihad dans la voie d’Allah. Puis, le 
					Samouri lui-même arriva. À ce moment-là, les Portugais 
					étaient à court de provisions dans le fort et ils n’avaient 
					aucun espoir de se ravitailler de l’extérieur. Les 
					Portugais, désespérés, creusèrent la partie arrière du fort 
					sans être vu de l’extérieur et déplacèrent tous leurs objets 
					de valeur sur leurs navires et s’échappèrent. Cela eut lieu 
					en l’an 932 (1525). Au moment où cette campagne se termina 
					par la victoire, plus de deux mille personnes, parmi 
					lesquelles des Musulmans, des guerriers Nair et les 
					officiers du Samouri, avaient été tuées. L’inimitié des 
					Portugais envers les Samouri et les Musulmans s’accrut avec 
					la perte de leur fort. Et cet état de fait dura très 
					longtemps. 
					 
					
					Comme ils étaient résolus de faire la guerre aux Portugais, 
					les Musulmans commencèrent faire des voyages commerciaux par 
					navires et sans permis des Portugais, parfaitement préparés 
					pour la guerre. Ils transportèrent du gingembre séché, du 
					poivre, etc. au Gujarat et à quelques autres endroits. Bien 
					que certains de ces navires aient pu échapper aux Portugais, 
					la plupart d’entre eux furent capturés ou bloqués à terre à 
					cause de cela. En conséquence, les habitants de Darmadam et 
					leurs alliés se portèrent volontaires pour faire la paix 
					avec les Portugais vers la fin de la saison et commencèrent 
					leurs voyages commerciaux avec une licence portugaise comme 
					auparavant. Mais le Samouri et ses sujets poursuivirent leur 
					confrontation avec les Portugais pendant des années ce qui 
					affaiblit leur pouvoir et épuisa leurs ressources. 
					 
					
					En l’an 935 de l’Hégire (1528), au début de la mousson, un 
					navire portugais fit naufrage à Tanour au début de la saison 
					des pluies. Le roi de Tanour donna refuge ceux qui se 
					trouvaient à bord. Le Samouri écrivit au roi Tanour pour lui 
					demander de lui remettre le navire, ses marchandises et les 
					personnes à bord. Mais la demande du Samouri fut rejetée. 
					
					Cela incita donc le roi Tanour à conclure un pacte avec les 
					Portugais par lequel les habitants de Tanour devaient 
					reprendre leurs voyages commerciaux avec la licence des 
					Portugais, et les Portugais devaient construire un fort sur 
					le côté nord de la rivière Ponnani, qui était sous son 
					territoire. L’objectif principal derrière l’idée de 
					construire le fort ici était d’affaiblir la position des 
					Samouri, d’harceler les voyageurs et paralyser Ponnani. 
					
					Pour construire le fort, les Portugais partirent de Kochi à 
					bord de nombreux navires et bateaux transportant des briques 
					et de la chaux vive et jetèrent l’ancre au large de Ponnani. 
					C’est peut-être l’aide d’Allah envers les Samouri et les 
					Musulmans, que tous ces navires et bateaux furent détruits 
					dans une violente tempête et que certains d’entre eux furent 
					jetés du côté sud de Weliancode. Seul un petit bateau 
					échappa aux ravages. 
					
					Plusieurs personnes dont les Portugais, leurs ouvriers et 
					leurs esclaves se noyèrent en mer. Et parmi ceux qui 
					réussirent à s’échapper vers le rivage, plusieurs furent 
					arrêtés et tués. Un grand nombre d’hommes prisonniers entre 
					les mains des Portugais furent libérés par les Musulmans. 
					Les Samouris emportèrent tous les gros canons. 
					
					Ainsi, le complot secret des Portugais et de leurs alliés 
					locaux fut contrecarré. 
					 
					
					En 937 ou 938 de l’Hégire (1530-31), les sujets du Samouri 
					et quelques autres de l’extérieur firent ensemble un voyage 
					commercial dans une trentaine de navires vers divers ports 
					du Gujarat. Le groupe comprenait ‘Ali Ibrahim Marakkar, son 
					neveu Koutty Ibrahim Marakkar et leurs amis et quelques 
					autres personnes importantes. 
					
					La plupart descendirent à Joujar et Sourat et quelques 
					autres à Barouj. Apprenant cela, les Portugais 
					s’embarquèrent sur des navires et des bateaux pour leur 
					faire la guerre. Ils descendirent également dans les ports 
					de Joujar et Sourat et saisirent les navires qui y étaient 
					amarrés avec leurs marchandises. Ceux qui étaient descendus 
					à Barouj réussirent à s’échapper. 
					
					Avant cet incident, de nombreux navires appartenant à 
					Bahadour Shah, au Sultan du Gujarat et aux habitants de 
					Malabar, étaient tombés, par malheur, entre les mains des 
					Portugais à plusieurs reprises. 
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