Le second Traité Samouri-portugais et la construction du fort portugais à Chaliyam
Un des plus hauts fonctionnaires portugais partit de Kochi
par voie terrestre au nom de la paix, dissimulant tromperie
et trahison, pour se présenter devant le Samouri. Il était
très intelligent et rusé. Cet homme avait de bons rapports
avec certains notables musulmans à l’époque où les Portugais
étaient en paix avec les Samouri.
Arrivé à Ponnani, ce Portugais alla directement chez le roi
Tanour et resta avec lui jusqu’à ce qu’il fasse la paix
entre lui et les Samouri. Le Samouri, qui avait capturé le
fort portugais de Calicut, était un monarque faible et
déficient d’esprit, très adonné à l’alcool, tandis que son
frère Nanbiyadhar, qui devait lui succéder après sa mort,
était un homme fort, rusé, courageux et était connu pour son
attitude récalcitrante envers leurs anciennes coutumes qui
prévalaient parmi eux.
L’accord de paix que le Samouri conclut avec le roi Tanour
causa de grandes souffrances au souverain de Tanour, au
Samouri lui-même et à ses fonctionnaires et à ses
successeurs, car il permit aux Portugais de construire le
fort à Chaliyam qui était sur la route maritime du Samouri
et ses troupes. Il était également sur la route des
voyageurs de nombreux pays. Les voyages commerciaux de
Calicut à leurs destinations en Arabie via Chaliyam, situé
seulement à une distance d’environ huit milles de Calicut,
souffrirent également. Cependant, après avoir discuté des
choses avec le roi de Chaliyam, le Samouri permit enfin aux
Portugais d’y construire un fort.
Les Portugais arrivèrent très vite à Chaliyam dans un
immense navire, chargé des matériaux nécessaires à la
construction du fort. Ils entrèrent dans la rivière Chaliyam
vers la fin du mois de Rabi’ al-Akhir 938 (1531) et
construisirent un puissant fort tout en détruisant en même
temps l’ancien Masjid al-Jami’ (mosquée de congrégation) qui
avait été construit au début de l’avènement de l’Islam à
Malabar, comme nous l’avons déjà mentionné, ainsi que deux
autres mosquées. Ils utilisèrent les blocs et autres
matériaux des mosquées démolies pour construire le fort et
une église à l’intérieur du fort.
Au cours de la construction du fort, un Portugais vint
d’abord creuser un bloc du mur de la mosquée de la
congrégation, mentionnée ci-dessus, et l’emporta. Les
Musulmans s’en plaignirent au chef des Portugais.
Immédiatement, le policier vint avec un groupe de
travailleurs et rafistola la partie creusée à l’aide de
blocs et de ciment. Cet acte réjouit les Musulmans de la
localité et ils rentrèrent
chez eux joyeusement et avec gratitude.
Le deuxième jour de l’incident, les Portugais vinrent en
grand nombre et démolirent toute la mosquée. Ils
n’épargnèrent pas une seule brique. Les Musulmans se
plaignirent de nouveau au chef des Portugais mais il leur
dit que la mosquée et son emplacement leur avaient été
vendus par leur roi. Les Musulmans revinrent chagrinés.
Après cela, ils se réunissaient dans une petite mosquée
située plus loin. Les Portugais ne s’arrêtèrent pas là. Ces
cruels démons ouvrirent les tombes et les tombes des
Musulmans sur le site et utilisèrent leurs briques et leurs
blocs pour la construction du fort.
Avant l’achèvement de la construction du fort, le Samouri
qui autorisa sa construction mourut et son jeune frère,
Nanbiyadhar, prit le pouvoir en tant que nouveau Samouri. Il
annula le pacte et déclara la guerre au roi Chaliyam. Il
dévasta le territoire du roi Chaliyam et le roi se rendit
finalement au Samouri et conclut un pacte avec lui selon les
anciennes coutumes et conventions régnant sur ces questions
à cette époque.
Cette même année, ‘Amir Mustafa ar-Roumi arriva dans le port
de Diu au Gujarat en provenance de Mocha (Mouqwa) avec des
canons et un vaste trésor.
Malik Toughan, fils de Malik Ilyas, était alors gouverneur
de Diu au nom du Sultan Bahadour Shah. Apprenant l’arrivée
de Mustafa ar-Roumi, les Portugais se précipitèrent sur les
lieux pour mettre le port de Diu sous leur contrôle. ‘Amir
Mustafa les accueillit avec les canons et par la volonté
d’Allah, les Portugais furent mis en déroute et fuirent les
lieux, honteusement vaincus et humiliés.
Le troisième Traité Samouri-portugais
En l’an 940 de l’Hégire (1533), le Samouri fit la paix avec
les Portugais sous certaines conditions : L’une des
conditions était que les sujets du Samouri enverraient de
Calicut au moins quatre navires par an avec des marchandises
vers les côtes arabes. En conséquence, une flotte de quatre
navires entièrement chargés de marchandises partit en Arabie
la même année. Les sujets du Samouri commencèrent également
à faire des voyages commerciaux dans d’autres pays avec la
licence des Portugais.
Ensuite, le Samouri déclara la guerre au roi Tanour et le
combattit et l’assujettit jusqu’à ce que la paix soit
rétablie entre eux par laquelle le roi Tanour fut obligé de
céder à Samouri plusieurs territoires adjacents à Ponnani et
une petite île près de Chaliyam. Le médiateur du pacte était
le gentleman portugais venu de Kochi pour la construction de
leur fort à Chaliyam.
Dans la foulée du traité entre les Samouri et les Portugais,
Khawajah Houssayn Zanjaqdar ar-Roumi et le frère de
Faqih Ahmad Marakkar, Kounhi Marakkar, arrivèrent par
bateau sur la côte de Calicut le 16 Rabi’ al-Awwal 941
(1534). Ils avaient été envoyés au Samouri avec de nombreux
dons et cadeaux du Sultan Bahadur Shah. La demande du Sultan
était que les Samouri envoient des Musulmans de Malabar au
Gujarat pour combattre les Portugais en mer. Mais cela ne
servit à rien.
Conclusion de la Paix entre le Sultan Bahadour Shah et les portugais et la reddition de certains de ses ports aux portugais
Dès que Houmayoun, fils du Sultan Babar, (qu’Allah
illumine leurs tombes), prit le pouvoir à Delhi vers la fin
de l’année 941 de l’Hégire (1535), il tourna son attention
vers le Gujarat. Il attaqua et détruisit certaines des
villes du Gujarat. Le souverain du Gujarat, le Sultan
Bahadour Shah, fut dérouté. Terrorisé et effrayé par
Houmayoun, Bahadour Shah envoya des messagers aux Portugais
pour obtenir de l’aide. Les Portugais ne tardèrent pas à
réagir et un traité fut conclu entre eux, le Sultan cédant
quelques-uns de ses ports comme Vasai, Mahim, etc. aux
Portugais. Les Portugais prirent possession de ces ports et
étendirent leur domaine en annexant les régions voisines.
Les Portugais gagnèrent de grands avantages par ce traité et
leur pouvoir et leur influence augmentèrent. Le Sultan céda
également aux Portugais le contrôle du port de Diu et les
chargea de son gouvernement. Pour cela, les Portugais
devaient toucher la moitié des revenus perçus là-bas. Ainsi
les Portugais gouvernèrent Diu et la fortifièrent.
Dans le passé, les Portugais avaient voulu prendre
possession de l’île Diu et avaient tenté à plusieurs
reprises de la capturer sous le règne de Malik Ilyas et plus
tard sous le règne de ses fils. Mais ils ne furent jamais
capables de la soumettre et ils revinrent toujours déçus de
leurs espérances par la volonté d’Allah. Cette fois, leur
souhait et le décret d’Allah coïncidèrent, ce qui leur fut
facilité.
Allah, Gloire à Lui et qu’Il soit Exalté, avait également
décrété que le Sultan Bahadour Shah mourrait de leurs mains.
Ils le tuèrent et jetèrent son corps dans la mer. En vérité,
nous sommes à Allah et vers Lui nous revenons ! Cela se
passa le 3 Ramadan 943 (1537).
Après le martyre du Sultan, Diu dans son ensemble passa sous
le contrôle portugais et ils s’y installèrent. Tel était le
décret d’Allah, le Tout-Sage et le Tout-Puissant. Personne
ne doit repousser le Jugement d’Allah ni contester Sa
volonté.
En l’an 944 de l’Hégire (1537), les Portugais tombèrent sur
Parawanna et tuèrent Koutty Ibrahim Marakkar, le fils de
‘Omar ‘Ali Ibrahim Marakkar et ses amis avec lui. Ils mirent
également le feu à la ville puis revinrent. Cela se
produisit malgré le fait que le traité avec le roi Tanour
était toujours en vigueur et que les habitants de Tanour et
Parawanna faisaient des voyages commerciaux avec une licence
de leur part. La raison de cet acte de violence était que
Koutty Ibrahim aurait envoyé un navire chargé de poivre et
de gingembre séché au port de Jeddah sans permis des
Portugais. La seule chose que les Portugais détestaient le
plus était les voyages commerciaux de poivre et de gingembre
séché vers d’autres pays en particulier à Jeddah. (C’est là
une des caractéristiques majeures des mécréants de ne jamais
respecter les milliers de traités comme nous l’avons vu à
travers les milliers de page de notre histoire).
Ensuite, les Samouri se rendirent à Kodoungallour pour
combattre les Portugais et le dirigeant de Kochi. La guerre
dura plusieurs jours et Allah insuffla la crainte dans
l’esprit des Samouri par conséquent, ils revinrent sans rien
obtenir. Puis les Portugais construisirent un fort à
Kodoungallour et ce fut un obstacle important pour les
Samouri.
C’est après cet incident que ‘Ali Ibrahim Marakkar et Faqih
Ahmad Marakkar et son frère Kounhi Marakkar (qu’Allah
les bénisse) partirent pour Kayal Pattanan dans une flotte
de quarante-deux navires. Lorsqu’ils atteignirent Puttalam,
ils amarrèrent les navires et y restèrent vains et oisifs
pendant des jours. Les Portugais arrivèrent là-bas avec un
petit nombre de navires et combattirent puis, comme prévu
par Allah, ils capturèrent tous leurs navires. Beaucoup de
membres du groupe de Marakkar tombèrent martyrs dans
l’affrontement. Cela se produisit au mois de Sha’ban 944
(1538). Ceux qui survécurent retournèrent à Malabar. Près de
Nallambilly sur le chemin de retour, ‘Ali Ibrahim Marakkar
décéda. Puisse Allah répandre sur lui Sa généreuse
miséricorde et Ses bénédictions !
Les Portugais capturèrent aussi cette année quelques navires
appartenant aux habitants de Kakkad près de Kannour. Puisse
Allah Exalté ruiner ces transgresseurs diaboliques !
La visite de Souleyman Basha à Diu et dans les voisinages
C’est également en l’an 944 de l’Hégire (1538) que Souleyman
Basha, le Wazir (Vizir) du Sultan turc Souleyman Shah, que
nous avons déjà mentionné, arriva au port d’Aden entièrement
préparé pour la guerre, avec une flotte de cent navires de
guerre, plusieurs cargos et autre attirail de guerre. Il tua
Sheikh ‘Amir Ibn Daoud, le Sultan du lieu, et quelques
autres des gens là-bas et captura le port. Puis il marcha
contre le Gujarat et tomba sur Diu. Il détruisit la majeure
partie des murs du fort avec les énormes canons qu’il avait
apporté avec lui. Au cours du combat, Allah instilla la peur
du portugais dans l’esprit de Souleyman Basha et il retourna
en Egypte puis de là, partit pour Roum. Lorsque les
Portugais arrivèrent à Diu, ils réparèrent et
reconstruisirent les forts et les rendirent plus sûrs.
Un an après la mort de ‘Ali Ibrahim Marakkar, Faqih Ahmad
Marakkar et son frère Kounhi Marakkar partirent pour Ceylan
dans une flotte de onze navires. En apprenant cela, les
Portugais les chassèrent, les combattirent et capturèrent
leurs navires. Beaucoup d’entre eux furent martyrisés et
ceux qui survécurent allèrent à la rencontre du roi de
Ceylan. Faqih Ahmad Marakkar et Kounhi Marakkar
étaient parmi eux. Cependant, le roi de Ceylan les assassina
traîtreusement. En vérité, nous sommes à Allah et vers Allah
nous retournons.
Le quatrième Traité Samouri-portugais
Au mois de Sha’ban 946 de l’Hégire (1540), les Portugais
revinrent chez le Samouri en quête de paix. Ce dernier était
alors à Ponnani et la paix fut conclue en présence du roi
Tanour et du roi Kodoungallour. Par la suite, les sujets de
Samouri commencèrent à entreprendre des voyages commerciaux
avec des laissez-passer des Portugais.
Puis, le 8 Mouharram, 952 (1545), les Portugais
tuèrent un dirigeant éminent de Kannour, Abou Bakar ‘Ali.
Son beau-frère, Kounhi Souppy, fut également tué avec lui.
Abou Bakar ‘Ali était l’oncle d’Arakkal ‘Ali Adhraja et
Kounhi Souppy, son père, qu’Allah les bénisse. Cela provoqua
une hostilité durable entre les Portugais et les habitants
de Kannour. Finalement, la paix fut établie.
Hostilité entre les Samouri et les Portugais
Un Traité fut signé le 1 Mouharram 957 (1550) entre
le Samouri et l’un des dirigeants de Malabar, qui était
l’allié important du souverain de Kochi et dont le
territoire était adjacent à Kochi sur le côté sud. Les
Portugais l’appelaient le « roi du poivre » car de grandes
quantités de poivre étaient exportées de ses villes. Il
devint l’un des alliés du Samouri et lui donna son royaume.
En retour, le Samouri reconnaîtrait son frère comme le
quatrième dans la lignée des Samouri. Le Samouri fit donc de
son frère le quatrième de la succession conformément à
l’ancienne coutume prévalant à Malabar. Lorsque le « roi du
poivre » retourna dans sa ville, le dirigeant de Kochi et
les Portugais arrivèrent pour lui faire la guerre et dans la
bataille qui suivi, le roi du poivre fut brûlé vif.
Cela se produisit en Joumadah al-Awwal 957 de l’Hégire
(1550).
Lorsque la nouvelle de la mort du roi du poivre parvint au
Samouri, il partit immédiatement de Calicut pour combattre
les Portugais et leur allié. Il atteignit la ville du roi du
poivre et combattit les Portugais et le roi de Kochi. Il dut
dépenser énormément de sa richesse pour cela, mais retourna
à Calicut, sans rien gagner ni pour lui ni pour son allié.
Le 8 Joumadah al-Akhir, de la même année, un grand corps des
troupes du roi du poivre traversa la rivière et entra dans
Kochi. Ils mirent le feu à chaque maison qu’ils dépassèrent.
La dévastation qu’ils causèrent à Kochi fut immense. Ils le
firent parce que leur roi avait été tué dans la lutte contre
le dirigeant de Kochi et les Portugais. Puisse Allah les
châtier d’un châtiment sévère. Amin.
Cela provoqua un conflit entre les Samouri et les Portugais.
Les Portugais partirent de Goa avec des préparatifs massifs
de guerre et débarquèrent à Tikkodi. Ils incendièrent les
maisons, les centres commerciaux et la grande mosquée de
Joumou’ah. Cela se produisit samedi 14 Shawwal 957 (1550).
Puis, ils arrivèrent à Pantalayani le deuxième jour de cet
incident et incendièrent aussi les maisons et les magasins
là-bas, ainsi que la grande mosquée de Joumou’ah construite
au début de la propagation de l’Islam. Le jeudi suivant, ils
débarquèrent à Ponnani à l’aube et incendièrent plusieurs
maisons, entrepôts et quatre mosquées dont la grande mosquée
de Joumou’ah. Dans ces trois villes, un grand nombre de
Musulmans furent martyrisés.
Vers la fin de Joumadah al-Akhir 960 (1553), un rapport se
répandit largement à Malabar selon lequel ‘Ali ar-Roumi,
l’un des chefs militaires des Musulmans, fut martyrisé au
cours de son combat avec le Portugais près de Kilakkara et
que tous ses navires furent capturés. Puisse Allah détruire
les Portugais comme Il a détruit les ‘Ad et Thamoud. Amin.
En vérité, nous sommes à Allah et vers Allah nous retournons
! Tel est le décret d’Allah, le Tout-Puissant et
l’Omniscient. C’est juste avant cet incident que ‘Ali
ar-Roumi avait capturé quelques-uns des navires portugais et
débarqué à Punnakkayal près de Kayal Pattanam où les
Portugais avaient élu domicile. Il attaqua, dérouta les
Portugais et dévasta l’endroit.
En Rajab 960 de l’Hégire (1553), un Turc du nom de Youssouf
arriva à Ponnani en provenance des Maldives, même si ce
n’était pas la saison des voyages commerciaux. Il vint avec
un certain nombre de très énormes canons pris aux Portugais
qui vivaient sur l’île.
Le cinquième Traité Samouri-portugais
Lorsque les Portugais continuèrent leurs activités de la
même manière, la faiblesse et la pauvreté des Musulmans
augmenta. Les Samouri conclurent donc un traité avec les
Portugais et les sujets des Samouri commencèrent à
entreprendre des voyages commerciaux, comme d’autres, avec
la licence des Portugais. Ce Traité eut lieu au début de Mouharram
963 (1555).
Environ deux ans ou plus après ce Traité, les Musulmans de
Kannour, Darmadam et leurs voisinages eurent de graves
différends avec les Portugais. Ceux-ci durèrent environ deux
ans. Puis la paix fut rétablie et les habitants de ces
localités reprirent leurs voyages commerciaux avec la
licence des Portugais, comme ils le faisaient auparavant.
Au cours de la période de lutte contre les Portugais, ‘Ali
Adhraja, qui était un grand leader, énergique et zélé,
dépensa beaucoup d’argent dans cette guerre. Mais le
dirigeant Kolattiri et ses sujets dans d’autres villes
n’apportèrent pas leur soutien à Adhraja. C’est à cette
époque que les maudits Portugais enragés commencèrent à
dépouiller Adhraja de ses îles de Malabar. Les Portugais
embarquèrent dans leurs corvettes et attaquèrent l’île
d’Amini où ils tuèrent un grand nombre d’habitants,
capturèrent plus de quatre cents hommes et femmes, pillèrent
presque tout ce qui avait de valeur et brûlèrent de
nombreuses maisons et mosquées. Avant de descendre sur
Amini, ils se rendirent à Shaytalkam (Chetlatt) où ils
tuèrent une partie du peuple et en capturèrent quelques-uns.
Les habitants de toutes ces îles ignoraient l’usage des
armes et aucun d’entre eux n’était capable de combattre.
Malgré cela, un grand nombre de personnes se battirent
contre l’ennemi et tombèrent en martyrs. Parmi eux, leur
qadi (chef religieux et juge) et une femme pieuse méritent
d’être signalés. Le cadi, une personne âgée, était vertueux
et pieux.
Bien que les habitants de cette île ne possédaient pas
d’armes, ils étaient prêts à témoigner de leur foi pour leur
religion et à mourir en martyrs. Ils jetèrent de la terre et
des pierres sur les Portugais et leur infligèrent des coups
sévères avec des bâtons jusqu’à ce qu’ils soient tués.
Puisse Allah les envelopper de sa miséricorde infinie. Amin.
Les îles au large de la côte de Malabar sont nombreuses mais
les grandes qui ressemblent à des villes sont au nombre de
cinq : Amini, Kardib, Andour, Kalfini et Malki. Parmi les
petites îles, les plus peuplées sont Akti, Kanjamanjala,
Kaltan et Shaytlakam.
Quand Allah, Gloire à Lui et Exalté soit-Il voulut mettre
Ses serviteurs à l’épreuve, Il accorda un répit aux
Portugais. Il leur permit d’établir leur puissance dans un
grand nombre de ports comme les ports maritimes de Malabar,
Gujarat, Konkan et d’autres endroits. Dominant ces lieux,
ils ouvrirent des usines commerciales dans la plupart de ces
villes. Ils construisirent des forteresses à Hounnouz
(Ormuz, golfe Persique), Musqat (Maskat), Dewmahall
(Maldives), Shamtara (Sumatra), Malaqa (Malacca), Maloukou
(Moluques), Mylapour, Nakfatan et dans d’autres ports de
Sholamandal (Coromandel), et aussi dans de nombreux ports de
Silan (Ceylan). De plus, ils atteignirent la Chine. Leur
commerce était florissant dans ces ports et ailleurs, tandis
que les marchands musulmans de ces lieux étaient humiliés et
obligés de se soumettre aux Portugais comme serviteurs.
Les marchands musulmans n’étaient pas autorisés à faire le
commerce de marchandises excepté celles dans lesquelles les
Portugais avaient peu d’intérêt. Les marchandises dans
lesquelles les Portugais avaient intérêt rapportaient de
gros profits. Ils assumèrent des droits exclusifs sur le
commerce de ces produits et il n’était pas possible pour
d’autres d’empiéter sur leurs droits. Ils commencèrent leur
monopole avec le poivre et le gingembre, mais ajoutèrent
progressivement à la liste la cannelle, le clou de girofle,
les épices et autres articles, ce qui leur rapportait de
gros bénéfices. Il était interdit aux Musulmans de faire le
commerce de tous ces articles et / ou d’entreprendre des
voyages en mer à des fins commerciales vers la côte arabe,
Malacca, Ashi (probablement Aceh, Nord Sumatra), Danasri et
d’autres endroits.
Il ne resta donc rien pour les Musulmans de Malabar sauf le
petit commerce de la noix d’arec, de la noix de coco, des
vêtements et autres choses. Leur trafic maritime était
également limité au Gujarat, à Konkan, à Sholamandal et aux
alentours de Qail. Les Portugais construisirent des forts à
Honnawaram, Basarour et Mangalore pour empêcher les
Musulmans d’apporter du riz de ces endroits à Goa et
Malabar, et de même aux ports d’Arabie.
Les Portugais, qu’Allah les détruise, devinrent importateurs
de marchandises de différentes parties du monde, les
stockèrent dans diverses parties des districts et
continuèrent à l’augmenter. Les dirigeants des différents
ports se soumirent à eux à un tel point que l’autorité des
Portugais en ces lieux devint suprême. En peu de temps, il
devint impossible pour les Musulmans de voyager en mer
partout dans le monde, sauf sous leur protection et avec
leurs papiers. Il y avait beaucoup de commerce pour les
Portugais et ils possédaient de nombreux navires. En
revanche, il y avait peu de trafic sur la mer pour les
Musulmans et leur commerce devait se faire par les navires
des Portugais.
Personne ne s’aventura à capturer les forts construits par
les Portugais excepté le courageux Sultan ‘Ali al-Ashi,
qu’Allah remplisse sa tombe de lumière. Le Sultan captura
Sumatra et le transforma en un État Islamique, qu’Allah le
récompense pour ce service aux Musulmans ; le Samouri, le
souverain de Calicut, captura les forts portugais de Calicut
et de Chaliyam ; et le roi de Ceylan captura tous les forts
que les Portugais avaient construits dans son pays, mais ces
forts n’étaient pas construits aussi invincibles que le
reste de leurs forts.
Au début, les Portugais honorèrent et garantirent les
licences qu’ils avaient délivrées. Et ils n’interrompirent
ou firent de tort à aucun commerçant avec leur licence, sauf
pour une raison particulière.
En l’an 960 de l’Hégire (1558), ils délivrèrent une licence
à quiconque le voulait au début du voyage mais arrêtaient
les navires en pleine mer, les capturaient, pillaient leurs
marchandises et tuaient brutalement les voyageurs, qu’ils
soient Musulmans ou non-musulmans. Ils tuèrent cruellement
les voyageurs, par exemple en les piratant puis en les
jetant par-dessus bord dans la mer, les membres entièrement
liés ou en en attachant un certain nombre ensemble dans des
filets et en les jetant dans les mers. Qu’Allah Exalté les
maudisse. Amin
En 970 (1562) ou peu avant, ils capturèrent un groupe de
Musulmans éthiopiens à Goa. Ils forcèrent à se convertir au
Christianisme. Ils les torturèrent jusqu’à ce qu’ils se
convertissent extérieurement. Lorsqu’ils s’échappèrent de
leur emprise et quittèrent Goa, ils retournèrent tous à
l’Islam glorifiant Allah. Une femme abyssinienne que les
Portugais obligèrent d’accepter le Christianisme, refusa et
elle fut exécutée. Puisse Allah répandre sur elle sa
miséricorde et ses bénédictions ! Amin.
Cause de la rivalité Samouri et portugaise et début de l’échec portugais
La force musulmane diminua et leur commerce maritime fut
interrompu à cause des actes autoritaires des Portugais.
Puis les Musulmans de Walapattanam, Tikkodi, Pantalayani et
quelques autres endroits s’organisèrent et, sans obtenir de
licence portugaise, se mirent en mer dans des cargos, avec
des armes et des munitions prêts pour la guerre. Bientôt,
ils rencontrèrent les Portugais et dans la bataille qui
suivit, capturèrent plusieurs navires et bateaux portugais.
Cela agita les sujets des Samouri à Calicut, Ponnani,
Puttanangadi et Kakkad et eux aussi capturèrent de nombreux
navires et bateaux portugais et prirent de nombreux captifs
portugais. Grâce à ces entreprises, une grande partie de la
richesse portugaise tomba entre les mains des Musulmans.
Ils capturèrent également un grand nombre de navires qui
appartenaient aux impies du Gujarat, de Konkan et d’autres
endroits. En conséquence de ces activités, les Portugais ne
purent plus, depuis lors, entreprendre des voyages en mer
sans grande précaution et escortés de navires de guerre
entièrement équipés.
Cette situation conduit finalement au revers économique des
Portugais. Cela à son tour réduit l’opportunité pour les
Musulmans de capturer leur richesse. Ainsi régna une
situation dans laquelle les Musulmans commencèrent à se
piller les uns les autres. Les raisons souvent attribuées à
cet état de fait sont que la plupart des propriétaires
musulmans de corvettes n’étaient pas riches et que leurs
navires appartenaient conjointement à plusieurs personnes.
Ils furent donc contraints de chercher les moyens de
récupérer, avant de regagner le rivage, autant d’argent
qu’ils avaient dépensé lors de leur départ en mer.
Lorsqu’ils trouvaient insuffisant ce qu’ils avaient capturé
aux Portugais, ils n’hésitaient pas à s’emparer de qui ils
pouvaient, Musulmans ou non. Bien qu’ils eussent prêté
serment en partant pour le voyage de ne pas tendre la main
vers la richesse des Musulmans, ils ne rendirent pas dans la
pratique, tout ce qui leur était venu, même s’ils savaient
qu’il appartenait aux Musulmans. Ils n’avaient pas de leader
avec le pouvoir de porter un jugement contre eux ! Ceux qui
gouvernaient le pays ne souhaitaient que récupérer leur part
des richesses pillées. De simples et bons conseils ne
profiteront qu’à ceux qui sont conscients d’eux-mêmes et
pieux, et ces hommes sont peu nombreux parmi eux.
Vers le milieu du mois de Ramadan 974 de l’Hégire (1566), un
groupe de personnes de Ponnani, Pantalayani et d’autres
lieux quittèrent Ponnani à bord d’environ douze navires. Ils
capturèrent un énorme cargo appartenant aux Portugais qui
apportait du riz et du sucre du Bengale à Ponnani.
Le samedi 8 Joumadah al-Akhir 976 (1568 après JC), un autre
groupe de personnes de Ponnani, Pantalayani et d’autres
endroits partirent de Ponnani à bord de dix-sept navires.
Koutty Bocker faisait partie du groupe. Ils se retrouvèrent
face à face avec un énorme cargo portugais près de Chaliyam.
Ce cargo venait de Kochi. À bord, il y avait environ un
millier de personnes, des soldats, de nombreux nouveaux
convertis au Christianisme et des esclaves, avec beaucoup de
richesses et d’équipements. Une bataille féroce eut lieu
entre eux. Au cours de la lutte, le cargo prit feu et brûla
complètement. Les Musulmans réussirent à en extraire
quelques canons et capturer une centaine de soldats
portugais, quelques dignitaires, plusieurs esclaves et
quelques serviteurs. Les autres périrent dans le feu ou dans
la noyade. Louanges à Allah.
Quelques jours après l’incident, le même groupe musulman se
rendit à Kayal Pattanam. En chemin, ils capturèrent
vingt-deux navires appartenant aux Portugais. Ces navires,
venant avec du riz de Kayal Pattanam, Coromandel et d’autres
endroits, avaient à bord un certain nombre de nouveaux
convertis au christianisme et trois petits éléphants. Les
Musulmans capturèrent les nouveaux convertis chrétiens et
descendirent les petits éléphants près de la rivière
Ponnani.
Vers la fin de Joumadah al-Akhir 978 (1570), Koutty Bocker
entra de nuit dans la rivière Mangalore avec six navires. Il
débarqua et incendia presque tous les forts portugais puis
captura un petit navire portugais et revint sain et sauf,
avec tous ses navires intacts. Sur son chemin, il rencontra
environ quatorze navires portugais près de Kannour. Il
mourut martyr dans la confrontation avec eux. Son corps ne
put être retrouvé. Parmi les navires, seuls deux réussirent
à s’échapper. Qu’Allah bénisse Koutty Bocker. C’était en
effet un combattant sincère qui combattit courageusement les
Portugais.
Une figure de proue de Kannanour, Arakkal ‘Ali Adhraja,
puisse-t-il être béni par Allah, percevant la pauvreté, les
misères et l’effondrement du commerce dont les Musulmans
souffraient à cause des maudits portugais, écrivit au grand
Sultan généreux de Bijapour, ‘Ali ‘Adil Shah, cherchant son
aide pour mener le jihad dans la voie d’Allah dans le but de
sauver ces Musulmans qui devenaient plus faibles à cause de
la cruauté des Portugais. Il envoya également plusieurs
cadeaux à ‘Adil Shah avec la lettre.
Allah imprégna l’esprit du Sultan pour préparer la guerre
contre le port de Goa qui était le quartier général des
Portugais en Inde. Goa appartenait autrefois au Sultan ‘Adil
Shah, le grand-père de ‘Ali ‘Adil Shah. Après avoir détruit
Vijayanagar et tué son roi, ‘Adil Shah et Nizam Shah, le
dirigeant d’Ahmad Nagar, qu’Allah leur fasse
miséricorde, parvinrent à un accord pour conquérir le port
de Goa et Chaul.
Peu de temps après avoir reçu la lettre d’Adhraja, le Sultan
‘Ali ‘Adil Shah en personne avec ses ministres, arrivèrent
au port de Goa et commencèrent à se battre contre les
Portugais. Il bloqua la nourriture et les provisions
atteignant les Portugais. Puis ‘Ali ‘Adil Shah écrivit une
lettre au Samouri l’informant qu’il avait commencé les
hostilités contre les Portugais à Goa. Il écrivit au Samouri
que lui et son peuple devraient l’aider dans cette guerre et
couper les approvisionnements aux Portugais. Samouri et ses
sujets étaient, depuis des années, en état d’hostilité
ouverte contre les Portugais. La lettre lui fut remise par
l’intermédiaire d’un messager à Chaliyam où il était alors
engagé dans une guerre avec les Portugais.
Pendant ce temps, Nizam Shah et ses ministres arrivèrent à
Chaul avec leurs forces et commencèrent les hostilités avec
les Portugais. Ils détruisirent les forts portugais à l’aide
de gros canons. Ils étaient sur le point de gagner la guerre
et de conquérir le port de Chaul quant à ce stade
particulier, Nizam Shah eut un soupçon au sujet de ‘Adil
Shah. Il craignit également la force et la puissance
portugaises ! Il arrêta brusquement les hostilités et fit un
traité avec les Portugais. Quant au Sultan ‘Adil Shah, il
put être exonéré de la responsabilité de l’échec de sa
propre entreprise. Goa était loin de son campement, et la
rivière se trouvait également entre lui et la ville.
La forteresse de Goa était forte et inaccessible avec de
vastes fortifications et il était impossible pour quiconque
de la subjuguer sauf avec l’aide du Tout-Puissant Allah. De
plus, certains de ses ministres (la cinquième colonne des
mourtad) avaient déjà établi des relations clandestines avec
les Portugais et prévoyaient d’emprisonner ‘Adil Shah et de
remettre la royauté à l’un de ses parents à Goa qui était en
bons termes avec les Portugais. Confronté à tout cela, dans
son impuissance, ‘Adil Shah se faufila hors de son quartier
général militaire et quitta les lieux.
De retour dans son palais, ‘Adil Shah rechercha ceux de ses
ministres qui espionnaient pour le compte des Portugais, les
bannis de leurs postes et les emprisonna. Puis ‘Adil Shah
conclut la paix avec les Portugais pour certaines raisons
importantes. Les Portugais, quant à eux, construisirent des
structures plus invincibles à Goa et les fortifièrent
puissamment, ce qui rend impossible l’accès à tout étranger.
Ceci fut ordonné par Allah, le Tout-Puissant et le
Tout-Sage.
Nizam Shah, ses ministres ainsi que les ministres de ‘Adil
Shah trahirent ‘Adil Shah et livrèrent secrètement de la
nourriture et d’autres provisions aux ennemis en échange de
pots-de-vin. Qu’ils reçoivent d’Allah la récompense qui leur
est due pour avoir aidé les ennemis de l’Islam.
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