C’est l’histoire de l’avènement et de la propagation de
l’Islam à Malabar. Nous n’avons aucune preuve claire pour
affirmer avec certitude en quelle année cela se produisit.
L’opinion majoritaire est que cela se passé en l’an 200 de
l’Hégire. Cependant, l’impression générale chez les
Musulmans de Malabar est que la conversion du roi
susmentionné à l’Islam eut lieu à l’époque du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Ils croient que le roi en
personne vit une nuit la séparation de la lune, à la suite
de quoi il partit à la rencontre du Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) et qu’après l’avoir rencontré, il décéda
à Shahar al-Moukalla sur le chemin du retour à Malabar avec
un groupe de Musulmans. Cependant cela est fort peu
probable.
Il est aujourd’hui largement admis que la tombe du roi ne se
trouve pas à Shahar al-Moukalla, mais à Zafar au Yémen et
que cette tombe connue sous le nom de Samouri est bien
connut par la population locale.
L’histoire de la disparition du roi est bien connue de tous
les habitants de Malabar, Musulmans et Hindous. Il est
également bien connu parmi eux que le roi divisa et
distribua son territoire et son pouvoir; et on dit que le
Samouri, qui devint plus tard le premier roi de Calicut,
n’obtint aucune part puisqu’il n’y était pas présent au
moment de la partition.
Quand il arriva plus tard, le roi lui remit son épée et dit
: « Prends le pouvoir en combattant avec ça. » Ainsi les
Samouri combattirent et prirent possession de Calicut.
Après un certain temps, les Musulmans commencèrent à s’y
installer. Les commerçants et artisans y affluèrent de
diverses régions. Ainsi Calicut fut transformée en une
grande ville, où, avec des opportunités commerciales et
d’emploi prospères, divers types de personnes, Musulmans
comme non croyants, se rassemblèrent. Les Samouri devinrent
ainsi plus influent et plus puissant que le reste des
dirigeants de Malabar.
Tous les dirigeants de Malabar sont Hindous. Il y en a qui
sont puissants et d’autres relativement faibles. Mais les
forts, en fait, n’attaqueront ni n’occuperont le territoire
des faibles. Cela pourrait être le résultat du conseil final
de leur roi qui embrassa l’Islam et de ses supplications
pour cet effet à Allah Exalté. Ce fut aussi à cause des
bénédictions du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et
de la religion de l’Islam qu’il fonda.
Il y a à Malabar des chefs dont les territoires ne dépassent
pas un parasange (environ trois milles carrés ou moins que
cela), tandis que d’autres ont des pouvoirs sur des
territoires plus étendus. Parmi ceux-ci, certains ont à leur
disposition cent soldats ou moins, ou deux cent à trois cent
mille, cinq mille, dix mille, trente mille, cent mille et
plus, et ainsi de suite. Certains territoires se liguent et
sont gouvernés par deux ou trois personnes ensemble. Et
parmi eux, certains ont un plus grand pouvoir et une plus
grande armée. Des querelles et des escarmouches ont lieu
occasionnellement entre eux, mais cela n’affecte pas leur
gouvernement de coalition.
De tous les rois de Malabar, Tiru Wadi, le souverain des
territoires entre Kollam et Kanyakumari, a le plus grand
nombre de troupes. Puis vient Kolattiri, le dirigeant
d’Ezhimala, Srikandapuram, Kannour, Edakkad, Darmadam et
d’autres villes. Mais le Samouri jouissait d’un pouvoir et
d’une réputation plus grands que les autres et il était
assez influent parmi le reste des rois. Le Samouri vint à
jouir de cette distinction en raison de la grandeur de
l’Islam. Il traitait les Musulmans, en particulier les
Musulmans étrangers, avec beaucoup d’affection et de
respect. Cependant, les Hindous croyaient que cela était dû
à la grandeur de l’épée qu’il obtint du roi susmentionné.
Ils affirment que l’épée conservée dans le palais de Samouri
est la même épée. Ils ont une grande adoration et un grand
respect envers cette épée. Lorsque le Samouri sort au combat
ou à une grande assemblée, un serviteur portant cette épée
marche devant.
Chaque fois que le Samouri se bat pour une raison ou une
autre contre un dirigeant faible et le soumet, la tradition
veut que ce dirigeant donne au Samouri un tribut annuel ou,
parfois, tout son royaume. Si le roi soumis ne cède pas, il
ne sera pas obligé de le faire même si une longue période
d’attente peut s'écouler. C’est parce que les gens de
Malabar honorent et chérissent les traditions et les
coutumes. Ils ne la violent pas délibérément, à l’exception
de certaines violations involontaires qui se produisent
rarement. Mais les rois autres que les Samouri ne suivent
pas cette tradition. La seule chose qu’ils peuvent faire est
de se battre pour détruire le royaume de l’adversaire
pendant la guerre et de tuer des gens s’ils le peuvent.
Certaines coutumes étranges des Hindous à Malabar
Sache que : Certaines coutumes très étranges et uniques sont
répandues parmi les Hindous de Malabar, comme on en voit
nulle part ailleurs dans le monde. Si un dirigeant est tué
dans une bataille, toutes ses troupes se rassembleront pour
lutter contre son adversaire, ses forces et son pays,
jusqu’à ce qu’elles les aient toutes tuées ou aient dévasté
toute la terre de son ennemi. Ils ne reviendront pas avant
et à moins que l’un ou l’autre de ces événements ne se
produise. Par conséquent, les deux camps redoutent l’idée de
tuer le chef des forces de l’autre côté. Cela a été l’une de
leurs anciennes coutumes, bien que moins en vogue de nos
jours. Les dirigeants de Malabar sont principalement de deux
groupes : les partisans de Samouri et ceux du roi de Kochi.
Normalement, ils ne changent pas de camp, sauf en cas de
problèmes temporaires. Lorsque le problème est réglé, le
dirigeant qui a changé de camp retournera au sien. Les gens
de Malabar ne sont jamais traîtres dans leurs guerres.
Lorsque la guerre a été jugée inévitable, ils fixent une
date à l’avance. Personne n’agit contre les termes de cet
accord mutuel. La tromperie à cet égard est considérée comme
indigne et vaine. L’abstinence d’un an est observée par les
brahmanes, les charpentiers et autres membres du système
patriarcal pour pleurer la mort des membres aînés du clan
tels que le père, la mère ou le frère aîné ; et pour les
Nair, qui sont du système matriarcal, l’abstinence est à la
mort de la mère, de l’oncle et du frère aîné. Pendant la
période d’abstinence, il est tabou pour eux de se couper les
cheveux ou les ongles, de manger du poisson ou de la viande,
de mâcher des feuilles de bétel ou d’avoir des relations
sexuelles avec des femmes. Ils ne s’écartent jamais de cette
pratique car ils croient que le défunt est béni en le
faisant. Dans les communautés matriarcales comme les Nair,
le défunt sera hérité par ses frères du côté maternel, les
sœurs, les enfants, les tantes et autres parents de sa mère.
Le droit d’héritage, que ce soit le droit à la propriété ou
au pouvoir politique de la royauté, ne revient pas à ses
enfants, mais à ses neveux et nièces. Cette coutume de
refuser le droit de succession aux enfants de sexe masculin,
suivant la pratique hindoue, s’est introduite dans la
plupart des familles de la communauté musulmane de Kannour
et des localités voisines. Ils lisent le Qur’an,
l’apprennent par cœur et le récitent magnifiquement ; ils
acquièrent le savoir religieux, accomplissent des prières et
d’autres formes de culte pourtant, il est extrêmement
étrange et surprenant que cette coutume prévaut parmi eux.
Mais le droit d’héritage du père décédé est pour ses enfants
dans les communautés brahmane, orfèvre, menuisier, forgeron,
Thiyya et pêcheurs. Le mariage parmi ces communautés a
certaines règles et coutumes à suivre. Mais le mariage chez
les Nair est qu’un homme nouant une ficelle de fil autour du
cou d’une femme. Après cela, les choses sont les mêmes
qu’avant. Pour elle, il n’y a pratiquement aucune différence
entre celui qui a noué la ficelle autour de son cou et les
autres. Dans la communauté brahmane, s’il y a beaucoup de
frères dans une famille, seul l’aîné ne prend jamais femme
en mariage. Le prochain ne se marie que lorsque l’aîné ne
risque pas d’avoir un problème.
Il s’agit d’éviter les querelles et les conflits d’héritage
lorsque le nombre d’héritiers se multiplie. Les plus jeunes
frères, en règle générale, ont des relations sexuelles
illicites avec des femmes Nair. Les enfants nés d’eux par
des femmes Nair n’ont donc pas le droit d’hériter de la
richesse de leur père.
Les femmes de la communauté Nair ainsi que les communautés
proches de celle-ci dans la hiérarchie ont généralement deux
ou quatre maris, voire plus, chacun à son tour passant la
nuit comme un mari musulman partage sa nuit entre ses
épouses. L’hostilité ou la mauvaise volonté ne leur vient
pas à l’esprit pour cette raison.
La pratique parmi les communautés, telles que les
charpentiers, les Karoufas et les orfèvres, est que tous les
frères épousent une seule femme. Tous les maris doivent
être, sinon frères, du moins de la même famille. Cette
coutume est strictement suivie pour éviter les différends
sur l’héritage des propriétés ou du moins pour la minimiser.
Les Hindous de Malabar exposent leurs corps. Ils portent
généralement un petit morceau de tissu qui couvre leur
taille jusqu’en dessous de leurs genoux et gardent le reste
du corps nu. Tous se ressemblent à cet égard : hommes et
femmes, anciens et jeunes, riches et pauvres, rois et
sujets, tous pareils ! En général, les femmes comparaissent
avant tout le monde. Cependant, les femmes brahmanes, en
règle générale, restent à l’intérieur. Ils ne sortent pas
comme le reste des femmes. Les Nairs laissent leurs femmes
se parer de vêtements et d’ornements coûteux et assistent à
de grands festivals pour que leur beauté soit vue et
appréciée par les hommes.
A Malabar, l’aîné, même s’il est âgé d’une minute, succède
au trône, qu’il soit aveugle, stupide ou handicapé ou qu’il
soit issu des fils de tantes maternelles. Cependant, rien
n’a été entendu jusqu’à présent sur le fait que quiconque
aurait tué une personne âgée pour prendre le pouvoir à la
hâte.
La pratique de l’adoption d’un autre clan, quand il y a très
peu ou pas d’héritage d’une propriété familiale ou d’un
royaume, est répandue parmi les habitants de Malabar.
L’adoption ne concerne pas toujours les enfants. Parfois,
même les adultes sont adoptés. La personne adoptée est
traitée comme un vrai fils, neveu ou frère et reçoit un
héritage, un pouvoir et une position, sans discrimination.
Cette coutume d’adoption est répandue dans toutes les
sections de la société hindoue, parmi les dirigeants et les
gens ordinaires, parmi les hauts et les bas. Ainsi, à
travers cette coutume, la ligne de succession n’est jamais
rompue.
Les Hindous de Malabar maintiennent loyalement leur système
de castes. Pour cette raison, ils rencontrent de nombreuses
difficultés. Pourtant, ils n’essaient pas de violer les
normes du système des castes ou de supprimer le système. Les
Hindous appartiennent ici à de nombreuses castes
différentes. Il y a parmi eux des castes hautes, des castes
basses et des castes d’autres degrés entre les deux. Un bain
est obligatoire pour les hautes castes hindoues en cas de
contact physique avec les membres des castes basses ou ils
se trouvent être ensemble dans les limites prescrites pour
les rapports sexuels. Il est tabou de prendre de la
nourriture avant le bain obligatoire qui le lave. S’il prend
de la nourriture avant de le faire, il sera dégradé de son
rang et aboutira à son excommunication. Dans ce cas, il
n’aura d’autre choix que de quitter les lieux et de se
rendre dans un endroit éloigné et inconnu, où il ne sera pas
reconnu, pour passer le reste de sa vie. Sinon, le dirigeant
local le saisira et le vendra à l’un des rangs inférieurs,
que l’acheteur soit un garçon ou une femme. Ou bien, il
vient à nous et embrasse l’Islam, ou devient yogi ou
Chrétien. Le même sort attend un membre de haute caste s’il
mange la nourriture préparée par la caste basse.
Ceux qui portent du Pounoul sont considérés comme des castes
élevées. Ils portent généralement une ficelle suspendue à
leurs épaules. Il existe d’autres divisions hiérarchiques en
leur sein : faible, élevée et très élevée. Les plus hauts
parmi les porteurs de Pounoul sont les Namboutiris.
Après les porteurs de Pounoul, vient la caste de Nair. Cette
caste, connue pour sa force physique et plus nombreuse, est
la caste martiale de Malabar. Eux aussi ont de nombreuses
subdivisions, des rangs élevés, moyens et bas.
Les Thiyyas sont en dessous des Nairs dans la hiérarchie des
castes.
Leur travail habituel est de grimper aux cocotiers pour en
extraire une sorte de jus. Ce liquide peut être fermenté
pour faire du toddy ou utilisé pour faire une sorte de sucre
(shakkra).
Les charpentiers, les Karoufas, les orfèvres et les pêcheurs
sont sous les Thiyyas sur l’échelle des castes. Il y a
plusieurs castes en dessous de ces castes. Ils travaillent
comme laboureurs et dans d’autres travaux liés à
l’agriculture. Il y a des sous-castes même dans toutes ces
castes.
Si une femme d’une caste supérieure, certaines nuits
particulières de l’année, arrive à être frappée avec une
pierre ou autre chose des mains d’un homme de caste
inférieure et qu’elle n’était à ce moment-là accompagnée par
aucun homme, elle sera écartée de sa caste. Dans de telles
circonstances, elle n’a pas d’autre alternative que
d’embrasser l’Islam, le Christianisme ou devenir yogi.
Sinon, elle sera vendue par le souverain local.
Il en va de même lorsqu’une personne de la caste supérieure
a eu des relations sexuelles avec une personne de la caste
inférieure. L’homme ou la femme de la caste supérieure, dans
de tels cas, deviendra hors caste et devra accepter l’un des
destins mentionnés ci-dessus et ils n’auront pas d’autre
alternative. Mais le cas des Pounoul portant des Brahmanes
est différent. Ils peuvent avoir des relations sexuelles
avec les femmes de la communauté Nair. Ils ne deviendront
pas des parias à cause de cela, car c’est une coutume
acceptée. Comme cela a été expliqué précédemment, seuls les
fils aînés des familles Namboutiri se marient et les plus
jeunes, en règle générale, peuvent tenir compagnie aux
femmes Nair.
Combien de coutumes si détestables! En raison de leur
ignorance et de leur stupidité, ils suivent strictement ces
coutumes en croyant qu’il est de leur responsabilité morale
de les faire respecter. C’est alors qu’ils vivaient dans ces
conditions sociales que la religion de l’Islam les atteignit
par la grâce d’Allah. Et ce fut aussi la principale raison
pour laquelle ils étaient facilement attirés par l’Islam.
Ces questions ne sont pas, en fait, notre sujet. Seulement
une parenthèse pour que certaines informations de grandes
valeurs que les lecteurs doivent connaître. Nous revenons
maintenant au sujet de notre récit.
Comme indiqué précédemment, les habitants des zones côtières
de Malabar commencèrent sporadiquement à embrasser l’Islam à
la suite des efforts de Sharaf Ibn Malik, Malik Ibn Dinar,
Habib Ibn Malik et d’autres en construisant des
mosquées et en propageant le message de l’Islam dans ces
régions. Par conséquent, les commerçants de nombreuses
régions du monde continuèrent à venir en grand nombre dans
ces endroits. Ainsi des endroits comme Calicut, Weliancode,
Tirourangadi, Tanour, Ponnani, Parappanangadi, Parawanna,
les localités entourant le port de Chaliyam, Kakkad,
Tikkodi, d’autres localités entourant Pantalayani, Kannour,
Edakkad, Tirouwangad, Mahe, Chemmanad, les localités
entourant Darmadam, au sud Walapttanam et Nadapouram, au sud
de Kodoungallour, Kochi, Vypin, Pallippouram et plusieurs
autres zones côtières sont devenues densément peuplées et
sont devenues des villes avec des échanges prospères et un
commerce florissants, le tout à cause des Musulmans. Les
Musulmans et leur commerce prospérèrent grâce à la grande
tolérance avec laquelle les dirigeants et leurs militaires,
bien qu’ils soient Hindous, traitaient les Musulmans. Ils
n’étaient pas Hindous uniquement de nom, mais des gens pieux
qui observaient strictement leurs coutumes et rites
ancestraux dans la pratique.
Ils firent rarement fait quelque chose de mal en ce qui
concerne leurs rites religieux. Les Musulmans étaient alors,
en fait, leurs sujets et ne représentaient même pas un
dixième de la population. Pourtant, ils ne traitèrent les
Musulmans d’aucune manière hostile ou inamicale, sauf en de
rares occasions.
Calicut était un grand port bien connu de Malabar depuis des
temps très anciens. Mais il commença à décliner et à perdre
de son importance avec l’arrivée des Portugais à Malabar et
les obstacles qu’ils créèrent pour les voyages commerciaux.
Les Musulmans de tout Malabar n’ont aucun chef ayant le
pouvoir de les gouverner. Mais leurs dirigeants sont des
Hindous, qui exercent l’autorité judiciaire et organisent
leurs affaires en imposant le paiement d’une dette ou d’une
amende si quelqu’un est soumis à un tel paiement.
Malgré cela, les Musulmans jouissaient d’un grand respect et
d’une grande considération de la part des dirigeants
Hindous. La raison principale en est que la construction et
le développement du pays se fit en grande partie par les
Musulmans. Par conséquent, les dirigeants permettent aux
Musulmans d’organiser les prières de congrégation du
Vendredi (joumou’a) et les célébrations comme ‘Id. La
rémunération des mou’addin (ceux qui appellent à la prière)
et des qadis (juges religieux) est payée par le
gouvernement. Le gouvernement prend des dispositions
spéciales pour mettre en œuvre parmi les Musulmans leurs
propres règles et réglementations religieuses. Dans une
grande partie de Malabar, quiconque néglige joumou’a (la
congrégation du vendredi) est puni ou condamné à une amende.
Dans le cas où un Musulman commettrait un crime passible de
la peine de mort, ils exécuteront la peine avec le
consentement des anciens de la communauté musulmane, et la
dépouille mortelle de l’homme sera remise aux Musulmans pour
l’enterrement. Ensuite, le corps reçoit le lavage rituel,
des prières pour les morts sont exécutées et il est enterré
dans le cimetière musulman. Mais lorsqu’un non-musulman
commet un crime similaire, il le tue ou le pende et laisse
le corps afin qu’il soit dévoré par les chiens et les
chacals.
Le gouvernement prélève un dixième des bénéfices des
commerçants. S’ils commettent des infractions passibles
d’une amende, ils devront payer ces amendes. Aucun impôt
foncier ou impôt sur la récolte de quelque nature que ce
soit n’est imposé aux agriculteurs ou aux propriétaires
fonciers, quelle que soit la superficie de terre qu’ils
peuvent avoir en leur possession.
Les gens des autres communautés n’entrent dans les maisons
musulmanes qu’après avoir obtenu une autorisation préalable.
Ils n’entreront pas dans leurs maisons sans autorisation
pour attraper un accusé qui se cache à l’intérieur même s’il
est recherché pour crime de meurtre. Ils demandent seulement
au ménage de le forcer à sortir en le laissant mourir de
faim ou par d’autres moyens.
Dans le cas d’Hindous embrassant l’Islam, les autres Hindous
ne leur posent généralement aucun obstacle et ne leur font
aucun mal.
D’un autre côté, ils sont habituellement traités avec
respect avec le reste des Musulmans, même s’ils
appartenaient à la caste inférieure. Dans les premiers
temps, les commerçants musulmans collectèrent des fonds pour
aider ces nouveaux convertis à l’Islam.
L’arrivée des Portugais à Malabar et un bref récit de leurs actes honteux
C’est en 904 de l’Hégire (1498) que les Portugais firent
leur première apparition à Malabar. Ils arrivèrent à
Pantalayani à bord de trois navires. À ce moment-là, la
saison du commerce par les routes maritimes était presque
terminée. De Pantalayani, ils déménagèrent à Calicut par
voie terrestre et restèrent dans cette ville pendant
quelques mois avant de retourner dans leur patrie après
avoir recueilli des informations sur les conditions de
Malabar. A cette occasion, ils ne s’engagèrent dans aucun
commerce. Le but principal de leur voyage à Malabar, selon
leurs propres récits, était de rechercher des informations
sur le pays du poivre et d’établir le commerce de ce
produit, car à l’époque ils achetaient du poivre à d’autres
commerçants qui exportaient du poivre de Malabar.
Ils revinrent deux ans après, cette fois sur six navires.
Ils débarquèrent à Calicut et s’engagèrent dans le commerce.
Ils approchèrent des officiers des Samouri avec la demande
d’empêcher les Musulmans d’effectuer leurs commerces et
voyages commerciaux en Arabie, promettant de payer le double
de la perte que les Samouri pourraient subir en empêchant
les Musulmans à cet égard. Puis ils commencèrent à empiéter
sur les droits des Musulmans dans toutes les directions. Les
Samouri donnèrent donc l’ordre de capturer et de tuer les
envahisseurs portugais. Suite à cela, environ soixante ou
soixante-dix d’entre eux furent exécutés. Les autres
s’enfuirent, se réfugièrent dans leurs navires et
commencèrent à bombarder le rivage. Ceux sur le rivage
ripostèrent sur les navires.
Les Portugais déménagèrent ensuite dans le port de Kochi et
firent la paix avec les habitants de cette ville,
construisirent un petit fort et s’établirent. Ce fut le
premier fort portugais construit en Inde. Ils démolirent une
mosquée située sur la côte et construisirent une église à sa
place, employant des habitants locaux comme ouvriers.
Puis ils arrivèrent à Kannour, firent la paix avec les gens
là-bas, construisirent un fort et firent du commerce.
Ensuite, ils s’embarquèrent pour leur patrie avec leurs
navires lourdement chargés de poivre et de gingembre séché.
C’était, après tout, le but principal de leur venue ici en
entreprenant de si longs voyages (c’est ce que croyait
l’auteur, la vérité est qu’ils voulaient détruire l’Islam et
appauvrir les Musulmans comme nous l’avons vu dans notre
Introduction à
l’Histoire des Ottomans, les Désistoriens).
Les Portugais revinrent au bout d’un an, cette fois sur
quatre navires. Débarquant à Kochi et Kannour, ils
accumulèrent autant de poivre et de gingembre séché qu’ils
voulurent et rentrèrent chez eux. Deux ans plus tard, ils
revinrent en Inde avec entre dix-huit et vingt-deux navires
et ayant chargé leurs navires de marchandises diverses en
plus du poivre et du gingembre séché, ils retournèrent dans
leur propre pays. Ainsi leur influence ne cessa de croître.
C’est à cette époque que les Samouris attaquèrent Kochi en
908 (1503) et, selon leurs habitudes causèrent de lourdes
dévastations et pertes. Dans cette rencontre, les Samouris
tuèrent deux ou trois des chefs de Kochi, puis retournèrent
à Calicut.
Les Samouri tuèrent les chefs parce que leur alliance avec
les Portugais avait aidé les neveux des chefs à usurper le
trône de Kochi et des lieux voisins avec l’aide des
Portugais, contrairement à la coutume séculaire d’élire au
trône l’homme le plus âgé parmi les parents. Ainsi les
Portugais furent traités avec considération et respect par
les usurpateurs. Les Portugais en retour les aidèrent
beaucoup dans leurs guerres et, en cas de besoin, les
aidèrent avec de l’argent et mirent aussi de côtés pour eux
un dixième de leurs bénéfices du commerce. En conséquence,
l’importance et l’influence des Portugais augmenta.
Un an après l’arrivée de la vingtaine de navires mentionnés
ci-dessus, un autre groupe arriva dans une flotte de dix
navires. Sept d’entre eux étaient des navires nouvellement
arrivés tandis que les trois autres étaient ceux de la
flotte précédente de vingt et un navire qui étaient venus
l’année précédente. Comme leur passage avait été entravé
pendant leur voyage de retour, ils rejoignirent et revinrent
avec les sept navires. À leur arrivée à Kochi, les sept
navires chargés de marchandises partirent pour leur voyage
de retour. Les trois navires restèrent à Kochi.
Lorsque les Samouris eurent connaissance des trois navires
portugais à Kochi, ils partirent pour Kochi avec une armée
d’environ 100000 soldats Nair accompagnés d’un bon nombre de
guerriers musulmans pour s’emparer des navires. Mais les
Samouris et leurs soldats ne purent pas entrer dans Kochi.
Les Portugais se battirent avec des canons et des flèches.
Cependant, les Musulmans de Ponnani s’équipèrent de trois
bateaux et combattirent les Portugais. Certains Musulmans
furent martyrisés. Le jour suivant, les Musulmans de Ponnani
et Weliancode dans quatre navires et les Musulmans de
Pantalayani et Kakkad dans trois navires se mirent en mer et
combattirent les Portugais dans une bataille féroce. Les
Musulmans ne subirent aucune victime lors de cette occasion.
La bataille fut indécise à cause du début de la saison des
pluies. Par conséquent, les Samouris et leurs forces
retournèrent à Calicut sains et saufs. Qu’Allah soit Loué. |