C’est l’histoire de l’avènement et de la propagation de l’Islam à Malabar. Nous n’avons aucune preuve claire pour affirmer avec certitude en quelle année cela se produisit. L’opinion majoritaire est que cela se passé en l’an 200 de l’Hégire. Cependant, l’impression générale chez les Musulmans de Malabar est que la conversion du roi susmentionné à l’Islam eut lieu à l’époque du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Ils croient que le roi en personne vit une nuit la séparation de la lune, à la suite de quoi il partit à la rencontre du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et qu’après l’avoir rencontré, il décéda à Shahar al-Moukalla sur le chemin du retour à Malabar avec un groupe de Musulmans. Cependant cela est fort peu probable.

 

Il est aujourd’hui largement admis que la tombe du roi ne se trouve pas à Shahar al-Moukalla, mais à Zafar au Yémen et que cette tombe connue sous le nom de Samouri est bien connut par la population locale.

L’histoire de la disparition du roi est bien connue de tous les habitants de Malabar, Musulmans et Hindous. Il est également bien connu parmi eux que le roi divisa et distribua son territoire et son pouvoir; et on dit que le Samouri, qui devint plus tard le premier roi de Calicut, n’obtint aucune part puisqu’il n’y était pas présent au moment de la partition.

Quand il arriva plus tard, le roi lui remit son épée et dit : « Prends le pouvoir en combattant avec ça. » Ainsi les Samouri combattirent et prirent possession de Calicut.

 

Après un certain temps, les Musulmans commencèrent à s’y installer. Les commerçants et artisans y affluèrent de diverses régions. Ainsi Calicut fut transformée en une grande ville, où, avec des opportunités commerciales et d’emploi prospères, divers types de personnes, Musulmans comme non croyants, se rassemblèrent. Les Samouri devinrent ainsi plus influent et plus puissant que le reste des dirigeants de Malabar.

Tous les dirigeants de Malabar sont Hindous. Il y en a qui sont puissants et d’autres relativement faibles. Mais les forts, en fait, n’attaqueront ni n’occuperont le territoire des faibles. Cela pourrait être le résultat du conseil final de leur roi qui embrassa l’Islam et de ses supplications pour cet effet à Allah Exalté. Ce fut aussi à cause des bénédictions du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et de la religion de l’Islam qu’il fonda.

 

Il y a à Malabar des chefs dont les territoires ne dépassent pas un parasange (environ trois milles carrés ou moins que cela), tandis que d’autres ont des pouvoirs sur des territoires plus étendus. Parmi ceux-ci, certains ont à leur disposition cent soldats ou moins, ou deux cent à trois cent mille, cinq mille, dix mille, trente mille, cent mille et plus, et ainsi de suite. Certains territoires se liguent et sont gouvernés par deux ou trois personnes ensemble. Et parmi eux, certains ont un plus grand pouvoir et une plus grande armée. Des querelles et des escarmouches ont lieu occasionnellement entre eux, mais cela n’affecte pas leur gouvernement de coalition.

 

De tous les rois de Malabar, Tiru Wadi, le souverain des territoires entre Kollam et Kanyakumari, a le plus grand nombre de troupes. Puis vient Kolattiri, le dirigeant d’Ezhimala, Srikandapuram, Kannour, Edakkad, Darmadam et d’autres villes. Mais le Samouri jouissait d’un pouvoir et d’une réputation plus grands que les autres et il était assez influent parmi le reste des rois. Le Samouri vint à jouir de cette distinction en raison de la grandeur de l’Islam. Il traitait les Musulmans, en particulier les Musulmans étrangers, avec beaucoup d’affection et de respect. Cependant, les Hindous croyaient que cela était dû à la grandeur de l’épée qu’il obtint du roi susmentionné. Ils affirment que l’épée conservée dans le palais de Samouri est la même épée. Ils ont une grande adoration et un grand respect envers cette épée. Lorsque le Samouri sort au combat ou à une grande assemblée, un serviteur portant cette épée marche devant.

 

Chaque fois que le Samouri se bat pour une raison ou une autre contre un dirigeant faible et le soumet, la tradition veut que ce dirigeant donne au Samouri un tribut annuel ou, parfois, tout son royaume. Si le roi soumis ne cède pas, il ne sera pas obligé de le faire même si une longue période d’attente peut s'écouler. C’est parce que les gens de Malabar honorent et chérissent les traditions et les coutumes. Ils ne la violent pas délibérément, à l’exception de certaines violations involontaires qui se produisent rarement. Mais les rois autres que les Samouri ne suivent pas cette tradition. La seule chose qu’ils peuvent faire est de se battre pour détruire le royaume de l’adversaire pendant la guerre et de tuer des gens s’ils le peuvent.

 

Certaines coutumes étranges des Hindous à Malabar 

 

Sache que : Certaines coutumes très étranges et uniques sont répandues parmi les Hindous de Malabar, comme on en voit nulle part ailleurs dans le monde. Si un dirigeant est tué dans une bataille, toutes ses troupes se rassembleront pour lutter contre son adversaire, ses forces et son pays, jusqu’à ce qu’elles les aient toutes tuées ou aient dévasté toute la terre de son ennemi. Ils ne reviendront pas avant et à moins que l’un ou l’autre de ces événements ne se produise. Par conséquent, les deux camps redoutent l’idée de tuer le chef des forces de l’autre côté. Cela a été l’une de leurs anciennes coutumes, bien que moins en vogue de nos jours. Les dirigeants de Malabar sont principalement de deux groupes : les partisans de Samouri et ceux du roi de Kochi. Normalement, ils ne changent pas de camp, sauf en cas de problèmes temporaires. Lorsque le problème est réglé, le dirigeant qui a changé de camp retournera au sien. Les gens de Malabar ne sont jamais traîtres dans leurs guerres. Lorsque la guerre a été jugée inévitable, ils fixent une date à l’avance. Personne n’agit contre les termes de cet accord mutuel. La tromperie à cet égard est considérée comme indigne et vaine. L’abstinence d’un an est observée par les brahmanes, les charpentiers et autres membres du système patriarcal pour pleurer la mort des membres aînés du clan tels que le père, la mère ou le frère aîné ; et pour les Nair, qui sont du système matriarcal, l’abstinence est à la mort de la mère, de l’oncle et du frère aîné. Pendant la période d’abstinence, il est tabou pour eux de se couper les cheveux ou les ongles, de manger du poisson ou de la viande, de mâcher des feuilles de bétel ou d’avoir des relations sexuelles avec des femmes. Ils ne s’écartent jamais de cette pratique car ils croient que le défunt est béni en le faisant. Dans les communautés matriarcales comme les Nair, le défunt sera hérité par ses frères du côté maternel, les sœurs, les enfants, les tantes et autres parents de sa mère. Le droit d’héritage, que ce soit le droit à la propriété ou au pouvoir politique de la royauté, ne revient pas à ses enfants, mais à ses neveux et nièces. Cette coutume de refuser le droit de succession aux enfants de sexe masculin, suivant la pratique hindoue, s’est introduite dans la plupart des familles de la communauté musulmane de Kannour et des localités voisines. Ils lisent le Qur’an, l’apprennent par cœur et le récitent magnifiquement ; ils acquièrent le savoir religieux, accomplissent des prières et d’autres formes de culte pourtant, il est extrêmement étrange et surprenant que cette coutume prévaut parmi eux. Mais le droit d’héritage du père décédé est pour ses enfants dans les communautés brahmane, orfèvre, menuisier, forgeron, Thiyya et pêcheurs. Le mariage parmi ces communautés a certaines règles et coutumes à suivre. Mais le mariage chez les Nair est qu’un homme nouant une ficelle de fil autour du cou d’une femme. Après cela, les choses sont les mêmes qu’avant. Pour elle, il n’y a pratiquement aucune différence entre celui qui a noué la ficelle autour de son cou et les autres. Dans la communauté brahmane, s’il y a beaucoup de frères dans une famille, seul l’aîné ne prend jamais femme en mariage. Le prochain ne se marie que lorsque l’aîné ne risque pas d’avoir un problème.

 

Il s’agit d’éviter les querelles et les conflits d’héritage lorsque le nombre d’héritiers se multiplie. Les plus jeunes frères, en règle générale, ont des relations sexuelles illicites avec des femmes Nair. Les enfants nés d’eux par des femmes Nair n’ont donc pas le droit d’hériter de la richesse de leur père.

Les femmes de la communauté Nair ainsi que les communautés proches de celle-ci dans la hiérarchie ont généralement deux ou quatre maris, voire plus, chacun à son tour passant la nuit comme un mari musulman partage sa nuit entre ses épouses. L’hostilité ou la mauvaise volonté ne leur vient pas à l’esprit pour cette raison.

 

La pratique parmi les communautés, telles que les charpentiers, les Karoufas et les orfèvres, est que tous les frères épousent une seule femme. Tous les maris doivent être, sinon frères, du moins de la même famille. Cette coutume est strictement suivie pour éviter les différends sur l’héritage des propriétés ou du moins pour la minimiser.

 

Les Hindous de Malabar exposent leurs corps. Ils portent généralement un petit morceau de tissu qui couvre leur taille jusqu’en dessous de leurs genoux et gardent le reste du corps nu. Tous se ressemblent à cet égard : hommes et femmes, anciens et jeunes, riches et pauvres, rois et sujets, tous pareils ! En général, les femmes comparaissent avant tout le monde. Cependant, les femmes brahmanes, en règle générale, restent à l’intérieur. Ils ne sortent pas comme le reste des femmes. Les Nairs laissent leurs femmes se parer de vêtements et d’ornements coûteux et assistent à de grands festivals pour que leur beauté soit vue et appréciée par les hommes.

 

A Malabar, l’aîné, même s’il est âgé d’une minute, succède au trône, qu’il soit aveugle, stupide ou handicapé ou qu’il soit issu des fils de tantes maternelles. Cependant, rien n’a été entendu jusqu’à présent sur le fait que quiconque aurait tué une personne âgée pour prendre le pouvoir à la hâte.

La pratique de l’adoption d’un autre clan, quand il y a très peu ou pas d’héritage d’une propriété familiale ou d’un royaume, est répandue parmi les habitants de Malabar. L’adoption ne concerne pas toujours les enfants. Parfois, même les adultes sont adoptés. La personne adoptée est traitée comme un vrai fils, neveu ou frère et reçoit un héritage, un pouvoir et une position, sans discrimination.

Cette coutume d’adoption est répandue dans toutes les sections de la société hindoue, parmi les dirigeants et les gens ordinaires, parmi les hauts et les bas. Ainsi, à travers cette coutume, la ligne de succession n’est jamais rompue.

 

Les Hindous de Malabar maintiennent loyalement leur système de castes. Pour cette raison, ils rencontrent de nombreuses difficultés. Pourtant, ils n’essaient pas de violer les normes du système des castes ou de supprimer le système. Les Hindous appartiennent ici à de nombreuses castes différentes. Il y a parmi eux des castes hautes, des castes basses et des castes d’autres degrés entre les deux. Un bain est obligatoire pour les hautes castes hindoues en cas de contact physique avec les membres des castes basses ou ils se trouvent être ensemble dans les limites prescrites pour les rapports sexuels. Il est tabou de prendre de la nourriture avant le bain obligatoire qui le lave. S’il prend de la nourriture avant de le faire, il sera dégradé de son rang et aboutira à son excommunication. Dans ce cas, il n’aura d’autre choix que de quitter les lieux et de se rendre dans un endroit éloigné et inconnu, où il ne sera pas reconnu, pour passer le reste de sa vie. Sinon, le dirigeant local le saisira et le vendra à l’un des rangs inférieurs, que l’acheteur soit un garçon ou une femme. Ou bien, il vient à nous et embrasse l’Islam, ou devient yogi ou Chrétien. Le même sort attend un membre de haute caste s’il mange la nourriture préparée par la caste basse.

 

Ceux qui portent du Pounoul sont considérés comme des castes élevées. Ils portent généralement une ficelle suspendue à leurs épaules. Il existe d’autres divisions hiérarchiques en leur sein : faible, élevée et très élevée. Les plus hauts parmi les porteurs de Pounoul sont les Namboutiris.

Après les porteurs de Pounoul, vient la caste de Nair. Cette caste, connue pour sa force physique et plus nombreuse, est la caste martiale de Malabar. Eux aussi ont de nombreuses subdivisions, des rangs élevés, moyens et bas.

Les Thiyyas sont en dessous des Nairs dans la hiérarchie des castes.

Leur travail habituel est de grimper aux cocotiers pour en extraire une sorte de jus. Ce liquide peut être fermenté pour faire du toddy ou utilisé pour faire une sorte de sucre (shakkra).

 

Les charpentiers, les Karoufas, les orfèvres et les pêcheurs sont sous les Thiyyas sur l’échelle des castes. Il y a plusieurs castes en dessous de ces castes. Ils travaillent comme laboureurs et dans d’autres travaux liés à l’agriculture. Il y a des sous-castes même dans toutes ces castes.

Si une femme d’une caste supérieure, certaines nuits particulières de l’année, arrive à être frappée avec une pierre ou autre chose des mains d’un homme de caste inférieure et qu’elle n’était à ce moment-là accompagnée par aucun homme, elle sera écartée de sa caste. Dans de telles circonstances, elle n’a pas d’autre alternative que d’embrasser l’Islam, le Christianisme ou devenir yogi. Sinon, elle sera vendue par le souverain local.

 

Il en va de même lorsqu’une personne de la caste supérieure a eu des relations sexuelles avec une personne de la caste inférieure. L’homme ou la femme de la caste supérieure, dans de tels cas, deviendra hors caste et devra accepter l’un des destins mentionnés ci-dessus et ils n’auront pas d’autre alternative. Mais le cas des Pounoul portant des Brahmanes est différent. Ils peuvent avoir des relations sexuelles avec les femmes de la communauté Nair. Ils ne deviendront pas des parias à cause de cela, car c’est une coutume acceptée. Comme cela a été expliqué précédemment, seuls les fils aînés des familles Namboutiri se marient et les plus jeunes, en règle générale, peuvent tenir compagnie aux femmes Nair.

 

Combien de coutumes si détestables! En raison de leur ignorance et de leur stupidité, ils suivent strictement ces coutumes en croyant qu’il est de leur responsabilité morale de les faire respecter. C’est alors qu’ils vivaient dans ces conditions sociales que la religion de l’Islam les atteignit par la grâce d’Allah. Et ce fut aussi la principale raison pour laquelle ils étaient facilement attirés par l’Islam.

Ces questions ne sont pas, en fait, notre sujet. Seulement une parenthèse pour que certaines informations de grandes valeurs que les lecteurs doivent connaître. Nous revenons maintenant au sujet de notre récit.

 

Comme indiqué précédemment, les habitants des zones côtières de Malabar commencèrent sporadiquement à embrasser l’Islam à la suite des efforts de Sharaf Ibn Malik, Malik Ibn Dinar, Habib Ibn Malik et d’autres en construisant des mosquées et en propageant le message de l’Islam dans ces régions. Par conséquent, les commerçants de nombreuses régions du monde continuèrent à venir en grand nombre dans ces endroits. Ainsi des endroits comme Calicut, Weliancode, Tirourangadi, Tanour, Ponnani, Parappanangadi, Parawanna, les localités entourant le port de Chaliyam, Kakkad, Tikkodi, d’autres localités entourant Pantalayani, Kannour, Edakkad, Tirouwangad, Mahe, Chemmanad, les localités entourant Darmadam, au sud Walapttanam et Nadapouram, au sud de Kodoungallour, Kochi, Vypin, Pallippouram et plusieurs autres zones côtières sont devenues densément peuplées et sont devenues des villes avec des échanges prospères et un commerce florissants, le tout à cause des Musulmans. Les Musulmans et leur commerce prospérèrent grâce à la grande tolérance avec laquelle les dirigeants et leurs militaires, bien qu’ils soient Hindous, traitaient les Musulmans. Ils n’étaient pas Hindous uniquement de nom, mais des gens pieux qui observaient strictement leurs coutumes et rites ancestraux dans la pratique.

Ils firent rarement fait quelque chose de mal en ce qui concerne leurs rites religieux. Les Musulmans étaient alors, en fait, leurs sujets et ne représentaient même pas un dixième de la population. Pourtant, ils ne traitèrent les Musulmans d’aucune manière hostile ou inamicale, sauf en de rares occasions.

 

Calicut était un grand port bien connu de Malabar depuis des temps très anciens. Mais il commença à décliner et à perdre de son importance avec l’arrivée des Portugais à Malabar et les obstacles qu’ils créèrent pour les voyages commerciaux.

Les Musulmans de tout Malabar n’ont aucun chef ayant le pouvoir de les gouverner. Mais leurs dirigeants sont des Hindous, qui exercent l’autorité judiciaire et organisent leurs affaires en imposant le paiement d’une dette ou d’une amende si quelqu’un est soumis à un tel paiement.

 

Malgré cela, les Musulmans jouissaient d’un grand respect et d’une grande considération de la part des dirigeants Hindous. La raison principale en est que la construction et le développement du pays se fit en grande partie par les Musulmans. Par conséquent, les dirigeants permettent aux Musulmans d’organiser les prières de congrégation du Vendredi (joumou’a) et les célébrations comme ‘Id. La rémunération des mou’addin (ceux qui appellent à la prière) et des qadis (juges religieux) est payée par le gouvernement. Le gouvernement prend des dispositions spéciales pour mettre en œuvre parmi les Musulmans leurs propres règles et réglementations religieuses. Dans une grande partie de Malabar, quiconque néglige joumou’a (la congrégation du vendredi) est puni ou condamné à une amende.

Dans le cas où un Musulman commettrait un crime passible de la peine de mort, ils exécuteront la peine avec le consentement des anciens de la communauté musulmane, et la dépouille mortelle de l’homme sera remise aux Musulmans pour l’enterrement. Ensuite, le corps reçoit le lavage rituel, des prières pour les morts sont exécutées et il est enterré dans le cimetière musulman. Mais lorsqu’un non-musulman commet un crime similaire, il le tue ou le pende et laisse le corps afin qu’il soit dévoré par les chiens et les chacals.

Le gouvernement prélève un dixième des bénéfices des commerçants. S’ils commettent des infractions passibles d’une amende, ils devront payer ces amendes. Aucun impôt foncier ou impôt sur la récolte de quelque nature que ce soit n’est imposé aux agriculteurs ou aux propriétaires fonciers, quelle que soit la superficie de terre qu’ils peuvent avoir en leur possession.

 

Les gens des autres communautés n’entrent dans les maisons musulmanes qu’après avoir obtenu une autorisation préalable. Ils n’entreront pas dans leurs maisons sans autorisation pour attraper un accusé qui se cache à l’intérieur même s’il est recherché pour crime de meurtre. Ils demandent seulement au ménage de le forcer à sortir en le laissant mourir de faim ou par d’autres moyens.

 

Dans le cas d’Hindous embrassant l’Islam, les autres Hindous ne leur posent généralement aucun obstacle et ne leur font aucun mal.

D’un autre côté, ils sont habituellement traités avec respect avec le reste des Musulmans, même s’ils appartenaient à la caste inférieure. Dans les premiers temps, les commerçants musulmans collectèrent des fonds pour aider ces nouveaux convertis à l’Islam.

 

L’arrivée des Portugais à Malabar et un bref récit de leurs actes honteux

 

C’est en 904 de l’Hégire (1498) que les Portugais firent leur première apparition à Malabar. Ils arrivèrent à Pantalayani à bord de trois navires. À ce moment-là, la saison du commerce par les routes maritimes était presque terminée. De Pantalayani, ils déménagèrent à Calicut par voie terrestre et restèrent dans cette ville pendant quelques mois avant de retourner dans leur patrie après avoir recueilli des informations sur les conditions de Malabar. A cette occasion, ils ne s’engagèrent dans aucun commerce. Le but principal de leur voyage à Malabar, selon leurs propres récits, était de rechercher des informations sur le pays du poivre et d’établir le commerce de ce produit, car à l’époque ils achetaient du poivre à d’autres commerçants qui exportaient du poivre de Malabar.

 

Ils revinrent deux ans après, cette fois sur six navires. Ils débarquèrent à Calicut et s’engagèrent dans le commerce. Ils approchèrent des officiers des Samouri avec la demande d’empêcher les Musulmans d’effectuer leurs commerces et voyages commerciaux en Arabie, promettant de payer le double de la perte que les Samouri pourraient subir en empêchant les Musulmans à cet égard. Puis ils commencèrent à empiéter sur les droits des Musulmans dans toutes les directions. Les Samouri donnèrent donc l’ordre de capturer et de tuer les envahisseurs portugais. Suite à cela, environ soixante ou soixante-dix d’entre eux furent exécutés. Les autres s’enfuirent, se réfugièrent dans leurs navires et commencèrent à bombarder le rivage. Ceux sur le rivage ripostèrent sur les navires.

 

Les Portugais déménagèrent ensuite dans le port de Kochi et firent la paix avec les habitants de cette ville, construisirent un petit fort et s’établirent. Ce fut le premier fort portugais construit en Inde. Ils démolirent une mosquée située sur la côte et construisirent une église à sa place, employant des habitants locaux comme ouvriers.

Puis ils arrivèrent à Kannour, firent la paix avec les gens là-bas, construisirent un fort et firent du commerce. Ensuite, ils s’embarquèrent pour leur patrie avec leurs navires lourdement chargés de poivre et de gingembre séché. C’était, après tout, le but principal de leur venue ici en entreprenant de si longs voyages (c’est ce que croyait l’auteur, la vérité est qu’ils voulaient détruire l’Islam et appauvrir les Musulmans comme nous l’avons vu dans notre Introduction à l’Histoire des Ottomans, les Désistoriens).

 

Les Portugais revinrent au bout d’un an, cette fois sur quatre navires. Débarquant à Kochi et Kannour, ils accumulèrent autant de poivre et de gingembre séché qu’ils voulurent et rentrèrent chez eux. Deux ans plus tard, ils revinrent en Inde avec entre dix-huit et vingt-deux navires et ayant chargé leurs navires de marchandises diverses en plus du poivre et du gingembre séché, ils retournèrent dans leur propre pays. Ainsi leur influence ne cessa de croître.

 

C’est à cette époque que les Samouris attaquèrent Kochi en 908 (1503) et, selon leurs habitudes causèrent de lourdes dévastations et pertes. Dans cette rencontre, les Samouris tuèrent deux ou trois des chefs de Kochi, puis retournèrent à Calicut.

Les Samouri tuèrent les chefs parce que leur alliance avec les Portugais avait aidé les neveux des chefs à usurper le trône de Kochi et des lieux voisins avec l’aide des Portugais, contrairement à la coutume séculaire d’élire au trône l’homme le plus âgé parmi les parents. Ainsi les Portugais furent traités avec considération et respect par les usurpateurs. Les Portugais en retour les aidèrent beaucoup dans leurs guerres et, en cas de besoin, les aidèrent avec de l’argent et mirent aussi de côtés pour eux un dixième de leurs bénéfices du commerce. En conséquence, l’importance et l’influence des Portugais augmenta.

 

Un an après l’arrivée de la vingtaine de navires mentionnés ci-dessus, un autre groupe arriva dans une flotte de dix navires. Sept d’entre eux étaient des navires nouvellement arrivés tandis que les trois autres étaient ceux de la flotte précédente de vingt et un navire qui étaient venus l’année précédente. Comme leur passage avait été entravé pendant leur voyage de retour, ils rejoignirent et revinrent avec les sept navires. À leur arrivée à Kochi, les sept navires chargés de marchandises partirent pour leur voyage de retour. Les trois navires restèrent à Kochi.

 

Lorsque les Samouris eurent connaissance des trois navires portugais à Kochi, ils partirent pour Kochi avec une armée d’environ 100000 soldats Nair accompagnés d’un bon nombre de guerriers musulmans pour s’emparer des navires. Mais les Samouris et leurs soldats ne purent pas entrer dans Kochi. Les Portugais se battirent avec des canons et des flèches. Cependant, les Musulmans de Ponnani s’équipèrent de trois bateaux et combattirent les Portugais. Certains Musulmans furent martyrisés. Le jour suivant, les Musulmans de Ponnani et Weliancode dans quatre navires et les Musulmans de Pantalayani et Kakkad dans trois navires se mirent en mer et combattirent les Portugais dans une bataille féroce. Les Musulmans ne subirent aucune victime lors de cette occasion. La bataille fut indécise à cause du début de la saison des pluies. Par conséquent, les Samouris et leurs forces retournèrent à Calicut sains et saufs. Qu’Allah soit Loué.