Le Sixième Sultan Ottoman
Règne
: 824 - 848
(1421-1444) (Premier Mandat)
850 - 855
(1446-1451) (Second Mandat)
Titres honorifiques et pseudonymes
: Abou al-Khayrat (le Père des Biens).
Nom du Père
: Muhammad Chalabi.
Nom de la Mère
: Amina Khatoun (des Doulkadiride).
Lieu et date de naissance
: Amasya, Mouharram 807 (juillet 1404).
Poste avant le règne
: Gouverneur d’Amasya.
Âge à l’accession au trône
: 17 ans.
Date du décès
: 1 Mouharram 1451 (le 3 février 1451).
Lieu de décès et de sépulture
: Edirne. Sa tombe se trouve à Bursa.
Héritiers
: Muhammad II, Ahmed, ‘Ala’ ad-Din, Orkhan, Hassan et
Ahmed.
Héritières
: Sultan Shehzade et Sultan Fatima.
Le Sultan Muhammad Chalabi était déjà décédé à Edirne au
moment où son fils aîné Shehzade Mourad atteignit Bursa,
conformément au souhait de son père mourant. La mort du
Sultan fut conservée comme un secret d’empire pour éviter
d’éventuels conflits et la libération de Mustafa Chalabi par
Byzance. Quand il monta sur le trône en tant que successeur
de son père, Mourad II entreprit le plus grand défi de sa
vie alors qu’il était âgé de seulement dix-sept ans (18,
selon certains autres historiens).
Parmi les frères du Sultan Mourad, Shehzade Mustafa avait
douze ans et se trouvait à Hamidili, une principauté
frontière. Shehzade Youssouf avait huit ans et Shehzade Mahmoud
avait sept ans. Muhammad Chalabi qui avait trop bien
connu les conflits fraternels pour laisser ses fils se
battre et s’entretuer, conclut un accord avec l’Empereur
Byzantin que l’incident de Mustafa le Prétendant ne se
reproduise plus de nouveau. L’accord stipulait que Shehzade
Mourad serait son successeur et que Shehzade Mustafa
administrerait l’Anatolie. De plus, que Byzance ne
libérerait pas Mustafa Chalabi et, en retour, les frères
plus jeunes, Youssouf et Mahmoud, seraient envoyés à
l’Empereur Byzantin, les dépenses incluses étant à la charge
des Ottomans. Le Sultan Mourad II, cependant, refusa
d’envoyer ses frères plus jeunes à Byzance. Ainsi Byzance
envoya Mustafa Chalabi, le fils de Yildirim Bayazid et fit
valoir qu’il était le Sultan légitime de Gallipoli avec
Jounayd Bey de l’Émirat d’Aydin, afin qu’il puisse contester
le trône. Mustafa Chalabi accepta de retourner une telle
faveur à Manuel, l’Empereur Byzantin, par la remise de la
région de Thessalie et Gallipoli aussitôt qu’il reprendrait
le trône.
Mustafa Chalabi, l’oncle de Mourad II, soutenu par Byzance
fut envoyé à Gallipoli avec une flotte navale et il n’était
pas la seule difficulté à laquelle allait être confronté
Mourad II car les principautés en Anatolie rejoignirent
l’opposition. Les Germiyanide affirmèrent qu’ils ne
reconnaissaient pas l’autorité du Sultan Mourad Il et qu’ils
soutenaient Mustafa Chalabi. Les Karamanides occupèrent les
terres des Khamidi et les Mentesheoolous occupèrent les
terres de l’Émirat d’Aydin et des Sarouhanide. Lorsque le
Jandaride Isfendiyar Bey reprit les terres que Muhammad
Chalabi avait cédées à Qassim, le fils d’Isfendiyar,
l’Empire Ottoman se dirigea vers un conflit civil.
Après avoir débarqué à Gallipoli, Mustafa Chalabi quitta
Jounayd Bey l’Aydinide pour capturer le fort de Gallipoli
avant de se rendre à Edirne. Bien que le Sultan Mourad II
ait placé ses espoirs dans le Rumillien Beylerbeyi Bayazid
Bacha, qu’il dirigea vers son oncle, les forces de Bayazid
Bacha rejoignirent inopinément les rangs de Mustafa Chalabi.
Le jeune Sultan se retrouva bloqué. Mustafa Chalabi entra
dans la ville d’Edirne et proclama sa régence. Le fort de
Gallipoli, qui était en état de siège, lui emboîta le pas.
Bayazid Bacha, qui trahit et combattit pour Mustafa Chalabi,
fut exécuté et les masses acceptèrent sans hésitation
Mustafa Chalabi comme Sultan.
Mustafa Chalabi ne tint pas sa promesse de remettre
Gallipoli à l’Empereur Byzantin Manuel, ce qui amena Byzance
à annuler son soutien. Pendant ce temps, Mourad II annula
les dettes des Génois et en retour, Gênes lui offrit un
soutien naval et une vingtaine de soldats. En conséquence,
un équilibre des forces fut maintenu face à Mustafa Chalabi
qui détenait la marine ottomane, les forces rumilliennes et
les voies d’accès depuis Gallipoli.
Sans se soucier, Mustafa Chalabi se dirigea vers Bursa et
parvint jusqu’à Ouloubat, forçant le Sultan Mourad II dans
un bourbier. Cette fois, Mourad II était bien préparé à
faire face, sur le plan diplomatique, à son oncle paternel.
Tout d’abord, il promit d’accorder les provinces d’Izmir et
d’Aydin à Jounayd Bey, le plus grand partisan de Mustafa
Chalabi, qui se dissocia aussitôt de Mustafa Chalabi. Puis,
il envoya ensuite ses commandants rencontrer les Beys
frontaliers et les soldats de Roumélie. Sa stratégie permit
aussi à les gagner à ses côtés. Ainsi, les forces de Mustafa
Chalabi furent diminuées, ce qui entraîna un reflux
psychologique encore plus grand dans le camp de Mustafa
Chalabi. Mustafa Chalabi. Son armée fut affaiblie mais elle
pouvait encore annihiler l’armée du Sultan Mourad II. Avec
l’aide des génois, le Sultan put chasser Mustafa Chalabi,
qui s’était retiré à Edirne, et finalement le capturer.
Mustafa Chalabi qui organisa une rébellion notoire avec le
soutien byzantin fit massacrer de nombreux Musulmans, ce
qu’il paya de sa vie en
825 (1422).
Peu de temps après, le Sultan assiégea Istanbul pour punir
Byzance, qui avait systématiquement et continuellement
manipulé Mustafa Chalabi à se battre pour le trône, qui
avait fait couler le sang et empêché les Ottomans de mener
des ghazwa sous la forme de campagnes militaires. Au cours
du siège de 825 (1422), l’incident de Shehzade Mustafa se
renouvela.
Cette fois, Shehzade Mustafa, âgé de treize ans, suivant le
chemin de son oncle paternel, acquit le soutien des
principautés karamanide et germiyanide et assiégea Bursa. Le
Sultan Mourad II replia la remarquable division de son armée
du siège d’Istanbul et se rendit à Edirne. Les soldats de
Mourad II conduits par Mihaloglu réussirent à disloquer les
forces de Shehzade Mustafa. Le jeune Shehzade se réfugia
d’abord chez l’Empereur Byzantin avant de se rendre à Iznik
avec le soutien de l’Empereur. Après avoir été informé du
soutien byzantin donné au Shehzade, Mourad II marcha sur
Iznik. À la suite de combats acharnés, Shehzade Mustafa et
ses associés furent exécutés, ce qui empêcha le risque de
cette sédition susceptible de se propager en 826 (1423).
Après avoir écrasé son oncle paternel rebelle Mustafa
Chalabi et son frère Shehzade Mustafa, le Sultan Mourad II
continua à travailler pour la réalisation de l’unité en
Anatolie. Pour commencer, il regagna la loyauté du Jandaride
Isfendiyar Bey à son empire. L’Aydinide Jounayd Bey avait
appuyé Shehzade Mustafa Chalabi et défié l’Empire Ottoman
maintes fois et de nouveau. Par conséquent, Mourad II envoya
dans la région Hamza Bacha, le Beylerbeyi d’Anatolie,
pour finalement capturer Izmir. Les principautés d’Aydin,
Menteshe et Teke furent capturées. Les Germiyanide furent
réintégrés dans l’Empire Ottoman, car son souverain, le
Germiyanide Ya’qoub Bey, sans aucun héritier mâle, le
souhaita après sa mort en 832 (1429). Ainsi, la sécurité des
rives égéennes fut de nouveau rétablie.
Une lutte pour le trône dans la principauté de Karamanide
entraîna la mort du Karamanide Muhammad Bey. Durant
la compétition, le Sultan Mourad II aida Ibrahim Bey à
prendre la tête des Karamanides. Malgré tout, et malgré le
fait que Mourad II avait marié sa sœur à Ibrahim Bey pour
créer un lien de parenté avec les Karamanides, le nouveau
dirigeant Karamanide, Ibrahim Bey, maintint son attitude
d’hostilité contre l’Empire Ottoman et s’allia avec les
Hongrois. Mourad II fut obligé de marcher sur les
Karamanides. Au cours de cette campagne, Ibrahim Bey fut
écrasé et demanda grâce ; Mourad II lui pardonna, le
maintint à la tête de sa principauté et retourna à Edirne.
Durant le règne de Mourad II, le territoire ottoman
s’étendit de la Macédoine à l’Adriatique et jusqu’aux côtes
orientales et occidentales de la Mer Égée. Cette expansion
déconcerta complètement les Vénitiens, la principale
puissance navale de la région à cette époque. Le fait même
que les Vénitiens détenaient une forte puissance navale et
une grande partie des îles de la Mer Égée qui avaient été
sous leur possession laissa entrevoir la possibilité que les
Vénitiens puissent détacher les liens ottomans entre
l’Anatolie et la Roumélie, les terres ottomanes en Europe.
Le Sultan Mourad II plaça alors toute son armée du côté
roumain. En 833 de l’Hégire (1430), il occupa Salonique, la
ville portuaire macédonienne stratégique, et la reprit aux
Vénitiens, à qui Byzance avait autrefois donné la ville.
L’année suivante, les conquêtes d’Ioannina et de Serres dans
le nord de la Grèce donnèrent aux Ottomans une solide
emprise sur le sud de l’Albanie.
Les Serbes livrèrent Belgrade aux Hongrois après les guerres
ottomane-vénitiennes. De plus, les Valais et les Bosniaques
refusèrent de se soumettre aux Ottomans ; par conséquent,
les Hongrois, les Serbes, les Bosniaques et les Valaques
formèrent une alliance contre l’Empire Ottoman, ce qui
ouvrira la voie à l’alliance croisée qui émergera par la
suite.
En Hongrie, au cours de la course au trône consécutive à la
mort du roi hongrois Sigismond, les forces ottomanes
capturèrent Smederevo (Semendria), le centre vital des
Serbes dans les Balkans, en 842 (1439). Elles mirent ainsi
fin au despotisme serbe dans la région, firent pression sur
la Bosnie-Herzégovine et une tentative manquée de capturer
Belgrade.
En fait, l’échec du siège de Belgrade fut le signe
avant-coureur d’une séquence de défaites. Hunyadi Janos, le
nouveau Voïvode de Transylvanie nommé par le Roi Ladislas,
monta sur le trône hongrois, s’attaqua aux Ottomans et
récupéra avec succès Smederevo sur le Danube, signalant aux
Ottomans que de nouvelles pertes territoriales
s’ensuivraient. Venise accueillit avec enthousiasme la
nouvelle de la défaite ottomane et les Vénitiens la
célébrèrent pendant des jours. Pire encore, la défaite
encouragea les Karamanide de retour en Anatolie à agir
contre les Ottomans et ils marchèrent sur Akchehir et
Beychehir. La chaîne de catastrophe fut suivie par le
martyre de Mezid Bey, le Bey de frontière de la Serbie, dans
une embuscade en 844 (1441), et en (845) 1442 la défaite de
l’armée ottomane commandée par Shihab ad-Din Shahin Bacha,
le Beylerbeyi de Roumélie. Pendant ce temps, le Sultan
Mourad II marcha sur les Karamanides. Renforcé par les
forces de Shehzade ‘Ala’ ad-Din d’Amasya, il vainquit les
Karamanide et les Ottomans capturèrent Konya et Larende. Le
Sultan Mourad II, qui devait faire face à la situation
instable de Roumélie, signa un traité de paix avec les
Karamanide et retourna à Edirne.
La série de défaites subies par les Ottomans en Europe
procura aux Européens une joie et une excitation
extraordinaire et l’idée d’éloigner les musulmans des
Balkans à l’aide d’une nouvelle croisade refit surface. De
même, Byzance reconnut la croisade comme le seul moyen de se
débarrasser des Ottomans. En 840 (1437), Byzantine aida à la
signature d’un pacte stipulant la collaboration des Églises
orthodoxe et catholique et la création d’une croisade.
Enfin, l’armée croisée, dirigée par le Roi hongrois de
Voïvodie de Transylvanie Hunyadi Janos Ladislas, le despote
serbe et le prince valaque, traversèrent le Danube pour se
rendre sur les terres ottomanes. La première bataille éclata
près de Nis entre les escadrons de pionniers ottomans et les
croisés. Les Ottomans subirent une autre défaite, perdant
Nis et Sofia en 847 (1443).
Mourad II affronta cette armée de croisés au passage
d’Izladi (Zlatitsa) et l’interrompue partiellement. Les
croisés se retirèrent à cause des rudes conditions
hivernales. Cependant, l’avancée des Hongrois à l’intérieur
des Balkans entraîna de nouveaux développements. L’Albanais
Iskender Bey (également connu sous le nom de Skanderbeg)
s’échappa du champ de bataille pendant la guerre contre les
Hongrois et se révolta dans son pays. Puis le Sultan Mourad
II reçut une nouvelle qui l’écrasa : son fils aîné préféré,
‘Ala' ad-Din Ali Chalabi, avait décédé subitement à Amasya.
Pour le Sultan, les terribles événements ne s’arrêtèrent pas
là. Une nouvelle fois, les Karamanides exploitèrent la
situation pour attaquer les terres ottomanes.
Face à tout ce qui se passait dans les Balkans, Mourad II
approcha les Hongrois pour la paix. Par conséquent, les deux
parties signèrent le traité d’Edirne-Segedin en 848 (1444),
qui définissait les conditions d’une paix perpétuelle de dix
ans. Le traité redonna les terres conquises au Despote serbe
Djuradj Brankovic (également connu sous le Vilkoglu dans les
documents historiques turcs), reconnut le Danube comme la
frontière entre les deux, reconnut la souveraineté du Sultan
sur la Bulgarie, scella l’allégeance du prince valaque et
son tribut continu au Sultan. Le Sultan Mourad II fut
persuadé que ce traité lui donnerait la paix qu’il
souhaitait.
Après avoir achevé la stabilité dans les Balkans grâce au
traité de paix, le Sultan Mourad II marcha sur les
Karamanides. Cependant, il choisit cette fois-ci de ne pas
envahir la principauté de Karamanide mais de signer un
accord avec les ambassadeurs de Karamanide à Yenishehir,
Bursa. Il fut donc convenu que les Karamanides fourniraient
chaque année une force militaire aux Ottomans en échange de
la restauration de Beychehir, Seydichehir, Oklukhisari et
Akchehir à la principauté Karamanide.
Les défaites qui suivirent, la mort de son fils aîné et
l’opposition des autorités frontalières à son autorité
amenèrent probablement le Sultan à appliquer ces politiques.
À la suite des traités qu’il signa, le Sultan Mourad II dû
se retirer des territoires stratégiques vitaux qu’il avait
conquis à l’est et à l’ouest. Avec ces traités, il croyait
aussi avoir apporté la paix en Anatolie et dans les Balkans.
C’est cette conviction et ce sens qui le conduisirent à
Mihalich, au mois de Rabi’ Thani 848 (août 1444), à céder
son trône et son armée devant les Beys pour que son fils
Shehzade Muhammad (Muhammad) reçoive de
l’avancement. Cet acte fit de lui le premier Sultan à avoir
jamais céder le trône de son propre gré, ce qui fut suivi
par de sa meilleure dévotion à la pratique de ses prières à
Bursa.
Les États Européens rivaux traduisirent la montée d’un jeune
en tant que nouveau Sultan ottoman comme une terrible erreur
et une incroyable opportunité. La papauté demanda aussitôt
le rejet du traité d’Edirne-Segedin. Le roi hongrois
Ladislas rompit sa promesse d’une paix mutuelle et s’activa
à assembler et commander une armée de croisés composée de
Hongrois, de Polonais et de Vénitiens. Les croisés
traversèrent le Danube et envahirent le territoire ottoman
dans les Balkans. Les Vénitiens fermèrent les Dardanelles au
passage des navires ottomans. De plus, l’avancée des croisés
à travers les frontières proches de Varna, sur la mer Noire
en Roumanie, inquiétèrent les souverains et une migration
d’Edirne en Anatolie suivie. A la suite de tout cela, Mourad
II fut rappelé au travail par son fils, le Sultan Muhammad
II, ainsi que le Grand Vizir Khalil Bacha le Jandaride et
d’autres hommes d’état éminents. Mourad II se précipita vers
Edirne et se prépara à affronter les croisés en tant que
commandant de l’armée ottomane.
Au cours de la confrontation, que l’histoire rapportera plus
tard sous le nom de bataille de Varna, les unités hongroises
de cavalerie lourde dispersèrent d’abord les flancs ottomans
lors d’un assaut acharné. Lorsque les croisés se
rapprochèrent du camp de Sultan Mourad II, il envisagea de
se retirer mais à ce moment décisif, Karaca Bey intervint,
rejeta l’idée d’un retrait et incita les soldats à se
rassembler autour de leur Sultan. L’encerclement et
l’exécution du Roi hongrois Ladislas par les janissaires
suscitèrent un sentiment de panique parmi les croisés et
Hunyadi Janos échappa de peu à la mort.
La victoire de Varna atteignit Edirne, l’ensemble des terres
ottomanes, la demeure de l’Islam, et reçut un accueil
joyeux. Cette victoire fut interprétée comme un signe futur
de la chute de Byzance ; en fait, elle scella la suprématie
ottomane dans les Balkans en 848 (1444).
Autres détails
Le cardinal Cezarini et certains de ses collaborateurs
appelèrent à l’abrogation du traité de paix avec les
Ottomans et à les chasser d’Europe, surtout après la
nomination du fils de Mourad, Muhammad, qui était
trop jeune et inexpérimenté pour être perçu comme une menace
pour eux. Le Pape, Eugène IV (le quatrième), approuva cette
mauvaise idée et appela les Chrétiens à rompre (une nouvelle
fois) le traité et à attaquer les Musulmans.
Il souligna également que le traité conclu avec les
Musulmans était invalide car il avait été ratifié sans la «
bénédiction du Pape, » qui était le « représentant du Christ
sur terre. »
Ainsi, les Chrétiens rompirent le traité et mobilisèrent
leurs armées pour lutter contre les Musulmans. Ils
assiégèrent la ville bulgare de Varna, située sur la rive de
la Mer Noire, qui avait été libérée par les Musulmans.
Comme nous l’avons vu tout au long de nos traductions et
Abrégés, la violation des traités est une caractéristique
commune des ennemis de l’Islam. Ils ne respectent ni
serments ni conventions, ce qui est leur trait commun. Ils
n’hésitent pas à s’immiscer dans les affaires des nations
faibles et attaquer et tuer qui ils veulent et quand ils
veulent. Allah, Exalté et Loué soit-Il, les décrit
réellement :
« Comment donc !
Quand ils triomphent de vous, ils ne respectent à votre
égard, ni parenté ni pacte conclu. Ils vous satisfont de
leurs bouches, tandis que leurs cœurs se refusent ; et la
plupart d’entre eux sont des pervers. Ils troquent à vil
prix les versets d’Allah (le Qur’an) et obstruent Son
chemin. Ce qu’ils font est très mauvais ! Ils ne respectent,
à l’égard d’un croyant, ni parenté ni pacte conclu. Et
ceux-là sont les transgresseurs. » (Qur’an 9: 8-10)
C’est pour cette raison qu’Allah ordonna aux Musulmans de
les combattre, en disant :
« Et si, après le
pacte, ils violent leurs serments et attaquent votre
religion, combattez alors les chefs de la mécréance - car,
ils ne tiennent aucun serment - peut-être cesseront-ils
? » (Qur’an 9: 12)
Lorsque les Chrétiens marchèrent sur l’État Ottoman, les
musulmans furent informés et devinrent extrêmement inquiets.
Ils appelèrent le Sultan Mourad ath-Thani et insistèrent sur
son retour rapide pour faire face à leur avance. Le Sultan
quitta sa retraite et mena rapidement l’armée ottomane
contre la menace croisée. Il réussit à atteindre Edirne le
même jour que les Chrétiens. Le deuxième jour, une bataille
intense eut lieu entre les armées musulmane et chrétienne.
Le Sultan Mourad ath-Thani accrocha le traité rompu par les
Chrétiens à la tête d’une lance pour le montrer, afin que
les cieux et la terre soient témoins de la trahison et de
l’agression de l’ennemi, insufflant ainsi plus de zèle et de
courage à ses soldats.
Les deux groupes se battirent intensément et les Chrétiens
auraient pu gagner la bataille en raison de leur nature
croisée et de leur fanatisme accru, mais ils échouèrent en
raison de l’esprit sincère du jihad des Ottomans. Le roi
hongrois Ladislas, le contrevenant du traité, rencontra le
Sultan Mourad face à face au combat et le Sultan réussit à
le tuer d’un coup de lance qui le catapulta hors de son
cheval. Les moujahidine se précipitèrent alors pour le
décapiter, élevant sa tête, aux cris d’Allahou-Akbar (Allah
est le Plus Grand).
L’un des guerriers musulmans cria à l’ennemi : « Ô
mécréants, c’est la tête de votre roi ! » Cette vue eut un
effet puissant sur les soldats chrétiens qui furent pris de
peur et de terreur. Les Musulmans les attaquèrent alors
violemment et réussirent à décimer leur alliance.
Cette bataille eut lieu dans les plaines du Kosovo le 8
Sha’ban 852 (7 octobre 1448). Elle dura trois jours et se
termina par une victoire écrasante des Ottomans.
Mourad II se retira à Manisa à la suite de la victoire à
Varna, ce qui permit aux Hongrois et aux Valaques d’émerger
à nouveau. En outre, une mutinerie dirigée par les
janissaires éclata à Edirne, obligeant le vieux Sultan à
revenir sur le trône pour un troisième mandat.
Peu de temps après, le Sultan Mourad marcha sur la Morée,
puis contre l’Albanais Iskandar Bey. La Morée reconnut une
fois de plus la suzeraineté ottomane.
Composés de soldats hongrois, valaques, polonais et
allemands, les croisés envahirent la Serbie et
s’installèrent dans le domaine ottoman dans le but de
remédier aux conséquences néfastes de la défaite subie à
Varna, sur la côte ouest de la mer Noire. Le Sultan Mourad
II les affronta au Kosovo. Après une longue guerre de trois
jours, l’empire ottoman infligea une nouvelle défaite
écrasante aux croisés en 852 (1448). Cette victoire renforça
l’autorité ottomane dans les Balkans, la Valachie fut à
nouveau subordonnée aux Ottomans et les croisés devinrent
trop terrifiés
pour attaquer les Ottomans. Après cette guerre, les
Musulmans prirent l’offensive dans les Balkans et les
croisés se retranchèrent défensivement. Ce qui est également
frappant dans cette guerre, c’est que les Karamanides
envoyèrent des renforts militaires au Sultan Mourad II,
comme promis.
Le Sultan Mourad II tomba malade à Edirne après la cérémonie
de mariage de Shehzade Muhammad et de Sitti Khatoun, la
fille du Dzoul Qadiride Souleyman Bey. Il décéda quelques
mois plus tard, le 10 février 1451, à l’âge de quarante-huit
ans, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde. Il décéda
dans son palais d’Edirne, âgé de 47 ans, et conformément à
sa volonté, il fut enterré près de la mosquée Mourad
ath-Thani à Bursa. Il ordonna que rien ne soit construit sur
sa tombe et d’être enterré un vendredi. Son désir fut dûment
honoré.
Dans sa lettre de testament qu’il écrivit cinq ans avant sa
mort, il souhaita être enterré dans une tombe à ciel ouvert
à Bursa, à côté de son fils disparu depuis longtemps, ‘Ala'
ad-Din, et qu’aucun autre membre de sa dynastie ne soit
enterré dans la même cour.
Mourad II se tailla une réputation de Sultan qui ne s’est
jamais abstenu de s’engager à combattre pour la cause de
l’Islam, peu importe le temps ou les circonstances. Il était
généreux, de bonne humeur et traitait ses sujets
équitablement. Il ne prit pas de risque dans les affaires de
l’état, tout comme il n’a jamais combattu simultanément en
Anatolie et en Roumanie. Lorsque la situation était calme en
Anatolie, il fit campagne dans les Balkans et vice-versa.
L’espion Broquière voulu voir les Musulmans en personne pour
recueillir des renseignements supplémentaires pour les
croisades. Il visita donc les terres ottomanes sur le chemin
du retour de Jérusalem. Dans son
Voyage d’Outremer,
Broquière souligna que le Sultan était très fort et remarqua
: « Parmi les dirigeants que je connais, ce Sultan Ottoman
est celui qui reçoit le plus grand respect de son peuple »
Lors de sa visite à Edirne 835 (1432), Broquière décrivit la
force du Sultan de la manière suivante : « D’après ce qu’on
m’a dit, il (le Sultan) n’aime pas les guerres. L’impression
que j’ai de lui est la même ; il pourrait facilement
conquérir une plus grande partie de l’Europe s’il souhaitait
utiliser ses forces et ses vastes revenus, compte tenu de la
faible résistance du monde chrétien à laquelle il faisait
face. »
La vie ottomane du savoir acquit un prestige considérable au
cours du règne du Sultan Mourad II : Mollah Qurani, ‘Ata'
ad-Din at-Toussi, Sharaf ad-Din Kirimi, Saydi Ahmad Kirimi
venaient d’Arabie, du Turkestan et de Crimée. Beaucoup
d’érudits et d’intellectuels de l’époque du Sultan Muhammad
le Conquérant furent éduqués au cours de cette période, ce
qui, en d’autres termes, jettera les bases de la formation
savante si essentielle à la conquête d’Istanbul.
De plus, c’est pendant cette période que les ordres soufis
se développèrent. Les ordres de Zeyniyye, Mevleviyye et
Bayramiyye se répandirent dans les rangs officiels et le
public.
Mourad II fit construire à Bursa, près de la mosquée à son
nom, une Madrassah et un petit pavillon de derviches à
Bursa. Ce quartier de la ville appelé « Mouradiye » abrite
également les tombeaux du Sultan Mourad II et de son fils
‘Ala' ad-Din.
Mourad II fit construire ses œuvres majeures à Edirne. En
tête de liste se trouve le Dar al-Hadith (école
d’enseignement du Hadith) situé près de la rivière
Tunca et la Mosquée Yeni (nouvelle), également connue sous
le nom de Mosquée d’Ouch Sherefeli (Trois Galeries). Ce
dernier est considéré par les spécialistes du domaine comme
l’archétype des immenses mosquées ottomanes. Le Sultan
Mourad II jeta les bases de la mosquée alors qu’il se
préparait à faire campagne contre la Hongrie en 842 (1438)
et la mosquée entra en service en 851 de l’Hégire (1447).
On trouve également des mosquées et des fontaines en son nom
à Salonique, à Skopje, à Alacahisar et à Merzifon. C’est de
telles œuvres de charité qui lui valurent l’un de ses
surnoms, Abou al-Khayrat, « le père des Biens. »
À l’instar de son grand-père, le Sultan Bayazid Ier et de
son père Sultan Muhammad Ier, le Sultan Mourad II
maintint la tradition consistant à envoyer une procession
annuelle de cadeaux royaux aux Haramayn pendant la
saison du Hajj ; de plus, il prit l’habitude de
distribuer chaque année de l’or aux descendants du Prophète
Muhammad (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), vivant dans
son empire.
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