Règne
: 816 - 824
(1413-1421)
Titres honorifiques et pseudonymes
: Chalabi (Courtois et gentilhomme) et Kirishi (archer d’une
force extraordinaire pour encorder les extrémités de l’arc).
Nom du Père
: Sultan Bayazid I.
Nom de la Mère
: Devlet Khatoun.
Lieu et date de naissance
: Edirne, 789 (1387).
Fonctions précédentes le règne
: Gouverneurs des régions de Tokat, Sivas et Ankara en
Anatolie centrale ainsi qu’Amasya au nord.
Âge à l’accession au trône
: 26 ans.
Décès
: Joumadah al-Oula 824 (mai 1421).
Lieu de décès et de sépulture
: Edirne. Sa tombe fut construite à Bursa.
Héritiers
: Mourad II, Mustafa, Qassim, Ahmad, Youssouf et Mahmoud.
Héritières
: Khatoun Seljouk, Khatoun Hafsa, Khatoun ‘Ayshah,
Khatoun Sultan et Khatoun Ilaldi.
La défaite du Sultan Bayazid Ier lors de la bataille
d’Ankara détruisit l’unité anatolienne et engendra des
luttes pour le trône entre les Shehzades. Tamerlane, qui
avait assiégé Izmir, octroya à Souleyman Chalabi un
certificat lui assurant sa souveraineté en Roumélie. Bien
qu’il convoqua aussi Sultan Bayazid, un autre fils de Muhammad
Chalabi, à Kutahya, Muhammad Chalabi ignora sa
demande.
Les Shehzades se livrèrent à une lutte intensive pour le
contrôle du territoire ottoman. Muhammad Chalabi
livra bataille contre les principautés de Tokat et d’Amasya
et les subordonna, ce qui accrut ses forces militaires. Sa
première confrontation avec les autres Shehzades fut contre
‘Issa Chalabi, qui réussit à ôter Bursa de Moussa Chalabi.
Quant au troisième Shehzade Muhammad Chalabi, il
captura Bursa lors de la bataille d’Ouloubat et déclara son
règne. Plus tard dans le conflit, Moussa Chalabi se rangea
au côté de Muhammad Chalabi alors que ‘Issa Chalabi
soutint Souleyman Chalabi. Muhammad Chalabi résista
avec succès à l’assaut de l’armée de ‘Issa Chalabi, qui
s’était allié avec les principautés anatoliennes. Ainsi, le
potentiel danger créé par ‘Issa Chalabi fut éliminé en 805
(1403). Le règne sur Bursa changea de mains pour la
quatrième fois lorsque Souleyman Chalabi, le gouverneur de
Roumélie, s’empara de la ville ainsi que d’Ankara de Muhammad
Chalabi en 805 (1404). Pendant ce temps, Muhammad
Chalabi se retira près d’Amasya ou il mobilisa une armée
commandée par Moussa Chalabi qu’il envoya en Roumélie pour
lutter contre Souleyman Chalabi. Le succès de Moussa Chalabi
dans l’est des Balkans obligea Souleyman Chalabi à
abandonner Bursa ce qui entraîna un combat entre les deux
frères. Moussa Chalabi captura Edirne où il proclama sa
propre règne. Peu après, Moussa et Muhammad Chalabi
s’affrontèrent cependant, bien que
Muhammad Chalabi fut vaincu au premier tour des
combats, il remporta finalement la guerre près de Sofia le 5
Rabi’ Thani 816
(5 juillet 1413), mettant ainsi fin à l’ère d’Interrègne,
qui dura onze ans.
Le chroniqueur ottoman Nashri rapporte qu’après la bataille
d’Ankara en (804) 1402, Souleyman Chalabi régna durant huit
ans, dix mois et dix-sept jours; Moussa Chalabi durant deux
ans, sept mois et vingt jours et Muhammad Chalabi
durant sept ans et onze mois. La principale raison de la
longue durée de l’ère d’Interrègne fut que les pays des
Balkans, principalement Byzance, et les principautés
anatoliens incitèrent, divisèrent et appuyèrent les
Shehzades uns contre les autres.
Après son ascension sur le trône, le Sultan Muhammad
Chalabi fit d’abord des alliances avec Byzance, la
principauté valaque et le despotat de Morée afin de
sécuriser les frontières occidentales. Puis, Muhammad
Chalabi entreprit de rétablir l’unité politique qui était
depuis longtemps interrompue en Anatolie. Cette politique
avait pour fonction de réduire le risque de conduire des
guerres simultanées à l’est et à l’ouest.
Mustafa Chalabi organisa une rébellion près de Salonique et
Thessalie et reçut le soutien de l’Aydinide Jounayd Bey, le
gouverneur de la frontière de Nikopol. L’apparition de
Mustafa Chalabi devint une raison suffisante pour encourager
les États d’Anatolie et de Roumélie, qui s’attendaient à un
conflit interne régénéré dans l’Empire Ottoman.
Mustafa Chalabi et Jounayd se sentirent plus forts avec le
soutien militaire que leur avait fourni Mirce, le Voïvode de
Valachie, mais ils ne purent gagner le soutien des forces de
la frontière ottomane. Ils retournèrent donc à Istanbul.
Lorsque Byzance envoya le Shehzade à Salonique cette fois en
819 (1416), Muhammad Chalabi dû déclarer la guerre
contre Byzance. Muhammad Chalabi demanda que les
rebelles lui soient livrés ; Cependant, l’Empereur Byzantin
Manuel, qui envisageait d’exploiter pleinement la situation,
rejeta cette idée. Finalement, l’Empereur Byzantin promis de
garder Mustafa Chalabi en prison tant que le Sultan Muhammad
Chalabi serait en vie. La compensation pour cette faveur
coûtera aux Ottomans un versement annuel à Byzance de 300000
Akche ou 10000 ducats d’or.
Muhammad Chalabi assura la loyauté des principautés
Sarouhan, Aydin et Menteshe à l’Empire Ottoman et établit
ainsi une solide présence ottomane sur la rive orientale de
la Mer Égée. Dans la guerre maritime entre les Ottomans et
les Vénitiens, en 819 (1416), la marine ottomane dirigée par
Chali Bey fut défaite près de Gallipoli. Cette défaite est
révélatrice du fait que les Ottomans n’avaient pas encore
développé une puissante force navale. En conséquence, un
accord fut conclu avec la médiation de Byzance. L’accord
stipulait que les états belligérants libéreraient les
captifs dans leurs réserves et que les Ottomans
autoriseraient les Vénitiens à exporter librement dans le
Royaume Ottoman.
Muhammad Chalabi mena une campagne contre Mirce, le
Voïvode Valachie, qui s’était immiscé dans les luttes du
trône pendant l’ère d’Interrègne et contraignit la Valachie
à payer un tribut à l’Empire Ottoman. De plus, Muhammad
Chalabi organisa une expédition réussie au nom des
Bosniaques, qui appelèrent les Ottomans pour les protéger
contre l’oppression hongroise et acquit ainsi l’allégeance
des Bosniaques en retour.
Le Sultan Muhammad Chalabi craignait que Byzance
libère Mustafa Chalabi afin de tirer profit d’un éventuel
conflit interne dans l’Empire Ottoman. Il était terrifié par
la possibilité que les Ottomans subissent une autre époque
d’Interrègne.
Muhammad Chalabi voulut que son fils aîné Shehzade
Mourad accède au trône l’esprit en paix. Il déguisa donc sa
maladie et ordonna que sa mort soit gardé secrète jusqu’à ce
que Shehzade Mourad arrive d’Amasya. Cela fit de lui le
premier Sultan Ottoman dont la nouvelle de la mort ne fut
pas annoncée immédiatement. Pendant ce temps, ceux qui
soutenaient Shehzade Mourad entreprirent la responsabilité
publique de répandre rapidement une rumeur que Mustafa
Chalabi était mort et que la personne à Byzance qui
revendiquait le trône était Mustafa le Prétendant et rien de
plus qu’un pantin.
Ainsi Muhammad Chalabi sauva de nouveau l’Empire
Ottoman de la désintégration et par conséquent, il est
considéré comme le second fondateur de l’État Impérial
Ottoman. Au cours de son règne, sa priorité fut de récupérer
l’Anatolie Ottomane et la Roumélie des effets traumatiques
de la bataille d’Ankara. Avec succès, il fortifia son empire
pour le ramener à un pouvoir souverain dans la région,
malgré le cumul des efforts opposés en Anatolie et en
Roumélie, il réussit à mettre fin à la guerre civile en
raison de son habileté inhérente à la détermination avec
perspicacité.
Muhammad Chalabi savait bien contrôler sa colère et
avait le caractère d’une personne calme, sérieuse et
déterminée, qualités qui donnèrent confiance à ses hommes
d’état et à son armée. Il était très doué dans le maniement
des armes et assez audacieux pour se battre au premier rang.
Les chroniques racontent qu’il avait plus de quarante
cicatrices sur le corps, rappelant vingt-quatre batailles
majeures qu’il conduisit.
Muhammad Chalabi était philanthrope : il entreprit de
vastes projets de construction à Bursa, incluant des
mosquées, madrassas,
hospices et son propre tombeau. En outre, l’Eskijami’
(l’ancienne mosquée) construite à Edirne et la mosquée
Yeshil (verte) à Bursa furent achevées au cours de son
règne. Il traita ses sujets, Musulmans et non-musulmans,
équitablement.
Muhammad Chalabi, un inconditionnel de la lutte avec
une large poitrine, était assez fort pour tendre la corde
d’un arc avec ses mains nues. Il avait un visage apaisant,
des sourcils minces et longs, les yeux noisette sombres et
le nez crochu. Son menton était équilibré et ses mains
musclées et fortes.
Il préférait porter un caftan à col haut fabriqué de
textures brillantes et fourré à l’intérieur. Son sank,
le long turban monobloc enroulé autour d’un couvre-chef,
était fabriqué d’un tissu uni.
Muhammad Chalabi suivit la tradition de la procession
surre, qui commença avec son père et envoya les
caravanes de dons impériaux en espèces et en nature aux Haramayn.
La Fitnah du « Sheikh » Badr ad-Din
Le Sultan Muhammad al-Awwal naquit en 781 (1379), et
reprit le règne de la nation après la mort de son père,
Bayazid. Il fut historiquement connu sous le nom de Muhammad
Jalabi et était de taille moyenne, avec un visage arrondi,
des sourcils joints, une peau claire, des joues rouges et
une large poitrine. Il vainquit ses frères, les uns après
les autres, jusqu’à ce qu’il resta seul pour prendre le
règne de l’état. Il passa sa période de gouvernement à
reconstruire l’état et à rétablir ses infrastructures.
Ce Sultan fut connu pour avoir été ferme, mais indulgent,
dans ses relations avec ceux qui enfreignaient les règles de
l’état. Quand il vainquit l’émir de la province
d’al-Karaman, il lui pardonna après son vœu de ne plus
jamais trahir la confiance de l’état, mais il devait lui
pardonner une fois de plus après avoir rompu ce vœu.
Sa politique se concentra sur la reconstruction de l’état en
renforçant son système interne de gouvernement. Il conclut
un accord pacifique avec l’Empereur de Constantinople,
faisant de lui son allié en lui rendant certaines villes de
la rive de la Mer Noire et Tsalia. Il fit la paix avec
Venise, après la défaite de sa frégate à Gallipoli. Il
maîtrisa les révolutions en Asie et en Europe, et regagna
tous les émirats conquis par Timour Link sous son autorité.
Sous le règne du Sultan Muhammad, un homme du nom de
Badr ad-Din assuma le statut de « Sheikh » ou érudit
islamique et fut nommé juge dans l’armée de Moussa, le frère
du Sultan Muhammad, ce qui était le plus haut rang de
l’État Ottoman. À Iznik, le « Sheikh » Badr ad-Din Ibn
Isra'il commença à appeler à sa secte déviante. Il appela à
l’égalité dans l’héritage pour les hommes et les femmes, à
l’égalité des religions car il ne faisait aucune distinction
entre les Musulmans et non musulmans. Il affirma que tous
les gens sont frères les uns envers les autres, malgré la
diversité de leurs croyances. De nombreuses personnes
ignorantes et corrompues rejoignirent ce mouvement parce que
les disciples du « Sheikh » corrompu réussirent à propager
sa doctrine. Parmi eux, se trouvait un homme appelé Bir
Kalijah Mustafa et un autre homme d’origine juive nommé Tor
Kamal. L’influence de ce mouvement corrompu se répandit de
manière diversifiée car ce « Sheikh » malfaisant avait de
nombreux adeptes. Le Sultan Muhammad Jalabi affronta
cette secte déviante en envoyant l’un de ses généraux à la
tête d’une grande armée contre le « Sheikh » Badr ad-Din.
Malheureusement, le commandant Souleyman fut tué par le
traître Bir Kalijah et son armée fut vaincue. Le Sultan Muhammad
prépara donc en conséquence une autre grande armée dirigée
par son Premier Vizir, Bayazid Basha, pour lutter contre Bir
Kalijah, qui fut vaincu lors de la bataille de Bumo. Bir
Kalijah Mustafa fut capturé et condamné à mort, conformément
à l’ordre d’Allah, Exalté et Loué soit-Il :
« La récompense de
ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui
s’efforcent de semer la corruption sur la terre, c’est
qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur
main et leur jambe opposées, ou qu’ils soient expulsés du
pays. Ce sera pour eux l’ignominie ici-bas ; et dans
l’au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment. »
(Qur’an 5: 33)
Le « Sheikh » Badr ad-Din poursuivit sa transgression et
pensa qu’il serait en mesure de prendre le contrôle de la
nation, en raison de l’état de troubles qui prévalait dans
tout le pays. Il dit : « Je me révolterai jusqu’à ce que je
prenne le contrôle du monde. Avec mes croyances, je
partagerai le monde entre mes adeptes, avec le pouvoir de la
connaissance et le secret du monothéisme. J’annulerai les
lois des peuples des traditions et de leur mouvement et je
rendrai certaines interdictions légales. »
L’émir d’al-Aflaq, en Roumanie, soutint financièrement et
militairement ce vil « Sheikh », mais le Sultan Muhammad
Jalabi était préparé pour faire face à son mouvement
corrompu et pu le forcer à déménager dans la province de
Dali Orman, dans l’actuelle Bulgarie. Cependant, le soutien
européen, champion à soutenir toutes les sectes déviantes à
toutes les époques, commença à atteindre ce « Sheikh »
diabolique et l’étendue de sa révolution se répandit jusqu’à
ce que son armée de partisans atteigne entre sept et huit
mille. Le Sultan Muhammad qui surveillait de près la
situation, commanda personnellement une grande armée pour
lutter contre le « Sheikh » déviant, à Dali Orman. Le Sultan
prit Sizor (dans la Grèce actuelle) comme base de sa
direction et envoya ses forces pour vaincre les rebelles. Le
vil « Sheikh » tenta de s’échapper après la défaite de son
armée, cependant, les services secrets du Sultan Muhammad
réussirent à briser les rangs des rebelles et à tendre un
piège au chef rebelle, qui fut finalement capturé et amené
au Sultan.
Quand le Sultan fit face à Badr ad-Din, il dit : « Pourquoi
ton visage est-il pâle ? » Badr ad-Din répondit : « Le
soleil, ô leader, devient jaune lorsqu’il approche de son
crépuscule. »
Les érudits de l’état menèrent un débat islamique
scientifique ouvert avec Badr ad-Din, puis un tribunal
judiciaire fut conduit, qui condamna le vil « Sheikh » à
mort, suite à la Fatwah (édit islamique) des érudits, qui
était basée sur les paroles du Prophète (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) : « Quand
vous êtes tous d’accord qu’il y a un homme qui veut se
rebeller et semer la discorde parmi vous, diviser votre
groupe, alors tuez-le. »
Sahih
Mouslim
L’idéologie corrompue prêchée par le « Sheikh » Badr ad-Din
est la même idéologie que celle prêchée par le mouvement des
francs-maçons contemporains du vingtième siècle et qui est
basé sur l’élimination de toutes les barrières entre les
personnes de croyance islamique saine et celles de croyances
corrompues. Elle appelle à l’unité entre Musulmans, Juifs,
Chrétiens, Hindous et communistes. Cette idéologie s’oppose
au Crédo Islamique, qui insiste sur le fait qu’il n’y a pas
de fraternité entre les Musulmans et les personnes de
confessions corrompues. Comment pourrait-il y avoir une
fraternité entre ces gens, qui s’opposent quotidiennement et
violemment depuis plus d’un millénaire à Allah et à Son
Messager, (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et les Musulmans
croyants ? Comment pourraient-ils être frères quand ils
haïssent les Musulmans du plus profond de leurs êtres ?
Le Sultan Muhammad al-Awwal apprécia grandement la
poésie et la littérature. Il fut rapporté qu’il fut le
premier Sultan ottoman à avoir envoyé un cadeau annuel à
l’émir de Makkah sous la forme d’argent de charité à
distribuer parmi les pauvres de Makkah.
Le public ottoman aima le Sultan Muhammad Premier et le
surnomma « le héros » en raison de ses nobles actions et de
sa bravoure.
En vérité, beaucoup de dirigeants ottomans le dépassèrent en
célébrité et il peut être considéré comme l’un des plus
nobles de tous les Ottomans. Les historiens orientaux et
grecs admirent sa bonne nature humaine. Les historiens
ottomans pensaient qu’il était comme un brillant capitaine
qui gérait si bien la direction de l’État Ottoman, alors
qu’il était menacé par les invasions étrangères des Tatars
en plus des guerres civiles.
Sa mort
Le Sultan Muhammad al-Awwal consacra sa vie à
éradiquer toutes les traces de l’épreuve subie par l’État
Ottoman, et prit des mesures internes pour empêcher toute
anarchie à l’avenir, tout en étant toujours absorbé par sa
mission. Sentant que sa fin approchait, il appela Bayazid
Basha et lui dit : « J’ai nommé mon fils, Mourad al-Awwal,
comme mon successeur calife, alors obéissez-lui et soyez
honnête avec lui comme vous l’avez été pour moi. Je veux que
tu amènes Mourad maintenant, car je ne peux pas quitter mon
lit. Si le Décret Divin a lieu avant son arrivée, prend
garde de ne pas déclarer ma mort, jusqu’à ce qu’il arrive. »
Il mourut en 824 (1421) dans la ville d’Edirne a à l’âge de
quarante-trois ans.
|