Règne : 724 - 763 (1324-1362)

Titres Honorifiques et pseudonymes : Ghazi, Ikhtiyar ad-Din, Sayf ad-Din et Shouja’ ad-Din.

Nom du Père : ‘Uthman Ghazi.

Nom de la Mère : Malhoun Khatoun.

Lieu et date de naissance : Sogut, 680 (1281).

Âge à l’accession au trône : 43 ans.

Territoires : 95.000 km2.

Cause et date du décès : Angoisse - 763 (1362).

Lieu de décès et de sépulture : Bursa. Sa tombe fut construite dans la nouvelle capitale, Bursa.

Héritiers : Souleyman, Mourad, Khalil, Ibrahim et Qassim.

Héritières : Khatoun Fatima et Khatoun Khadija.

 

Orkhan reprit le règne après la mort de son père ‘Uthman et suivit sa politique durant son règne et ses conquêtes. En 727 (1327), il libéra la ville de Nicomédie, située au nord-ouest de l’Asie Mineure, près de la ville de Constantinople (Istanbul). Il y fonda la première université ottomane et nomma Daoud al-Qaysari, un érudit ottoman qui avait étudié en Égypte, comme chancelier. Il se concentra sur la modernisation de l’armée, ce qui en fit l’armée organisée de l’état. Le Sultan Orkhan chercha à accomplir la bonne nouvelle de la prophétie faite par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) sur la libération de Constantinople (Istanbul). Il établit donc un plan stratégique visant à assiéger simultanément la capitale byzantine de l’est et de l’ouest. Pour atteindre cet objectif, il envoya son fils et héritier, Souleyman à travers les Dardanelles pour occuper quelques positions sur la rive ouest.

 

En l’an 758, Souleyman traversa le détroit de nuit, avec quarante guerriers puis quand ils atteignirent l’autre côté, ils saisirent des navires byzantins. Du côté oriental, Souleyman ordonna à ses soldats de faire naviguer les navires vers la côte européenne, où ils libérèrent les ports de Tarnab, de Gallipoli, où se trouvait les forteresses de Jana, Uppsala et Rodestu, toutes situés sur les Dardanelles du sud au nord. Ce fut la percée majeure du Sultan qui bénéficia son successeur lors de la libération de Constantinople !

 

L’établissement d’une nouvelle armée avec une base religieuse et éducative

 

L’une des principales œuvres liées à la vie du Sultan Orkhan fut sa création d’une armée islamique bien organisée. Il divisa son armée en unités de dix, cent ou mille soldats. Il affecta un cinquième du butin de guerre aux dépenses de l’armée. Il forma une armée professionnelle permanente, plutôt qu’une armée réunie uniquement en temps de guerre, ayant des camps d’entraînement militaire.

Il ajouta également une nouvelle armée, appelée al-Inkishari (janissaires), composée de Musulmans convertis, dont le nombre s’accrut, parallèlement à l’expansion de l’État Ottoman, suite à ses grandes victoires sur ses ennemis. De nombreuses personnes dans les régions nouvellement libérées embrassèrent l’Islam et rejoignirent l’armée Inkishari pour aider à diffuser le message de l’Islam. Les nouveaux musulmans reçurent une éducation militaire islamique, puis s’enrôlèrent dans l’armée ottomane. Le Sultan Orkhan et les clercs inculquèrent l’amour du jihad et du martyre au sein de l’armée. Leur devise était donc « Ouverture (fath) ou martyr (shahada). » lorsqu’ils entraient sur le champ de bataille.

 

La plupart des historiens étrangers affirmèrent que l’armée Inkishari était composée de jeunes chrétiens qui avaient été retirés de leur famille et forcés d’accepter l’Islam, conformément à une loi prétendument appelée « dafshariyah » affirmant que ce système était comme un prélèvement légal islamique qu’ils appelaient « la taxe des jeunes garçons » ou parfois « la taxe des enfants. » C’était une taxe qui, selon eux, permettait aux Ottomans de retirer un cinquième du nombre total d’enfants de toute ville ou village chrétien, et qui était considérée comme le cinquième du butin de guerre, qui est la partie de Bayt al-Mal (Trésor public) des musulmans. Les historiens étrangers qui forgèrent ces allégations et déformèrent la vérité furent Carl Brokelman, Gibbons et Jupp.

La vérité est que ce soi-disant système de « taxe pour les enfants » n’était rien d’autre qu’un mensonge à la longue liste de mensonges et de calomnies qui furent ajouté à l’histoire d’Orkhan Ibn ‘Uthman et de Mourad Ibn Orkhan, puis à celle de tous les Ottomans. En réalité, le système montrait la préoccupation temporelle de l’état pour les enfants chrétiens sans abri (les enfants abandonnés et les orphelins). L’Islam, qui était le système de gouvernement de l’État Ottoman, rejette catégoriquement cette soi-disant « taxe des enfants » alléguée par certains désistoriens étrangers.

Il est triste que ce mensonge grave, basé sur la haine des croisés envers les Musulmans et l’Islam, ait été approuvé par un groupe d’historiens musulmans et gouvernement hypocrites qui l’ont ensuite inclus dans leur programme éducatif dans les écoles et les universités. En fait, de nombreux historiens musulmans influencés par les écrits des orientalistes répétèrent ces affirmations dans leurs propres livres. Ils n’ont aucune preuve si ce n’est les allégations faites dans les écrits des orientalistes mécréants, comme Jupp, Comeauville ou Brokelman, etc. auxquels il ne faut pas faire confiance en raison de leurs mauvaises intentions envers l’Islam et son histoire.

 

A moins que l’on soit l’un des leurs, comment pourrait-on faire confiance à ces gens qui je vous rappelle ont sciemment falsifiés les écrits divins, tués leurs Prophètes et insulté les autres et qui ne cessent par leurs mensonges quotidiens et millénaristes de tuer et de blâmer les Musulmans et l’Islam en oubliant leurs propres perfidies et innombrables crimes contre l’humanité et violations. Ces gens qui se croient au-dessus de toute loi et de toute critique et qui accablent le monde par leurs maux sans fin. 

 

La vérité sur la nouvelle armée était qu’Orkhan créa une armée bien organisée qui était toujours prête, que ce soit en temps de guerre ou de paix. En fait les Ottomans sont les précurseurs des armées modernes tant sur le plan physique, martial et technologique. La nouvelle armée fut formée de cavaliers de sa tribu et des moujahidines, qui se sont précipités pour répondre à son appel au Jihad, ainsi que des chefs de l’armée romaine et de leurs soldats, qui embrasseraient plus tard l’Islam. Si l’on reproche aux Musulmans d’avoir des Chrétiens convertis dans leurs armées, les mécréants n’ont-ils pas des musulmans apostats dans leurs légions étrangères ? Alors que le Sultan achevait l’organisation de sa nouvelle armée, il se rendit à la résidence du grand savant pieux, al-Hajj Baktash, et lui demanda de faire une supplication pour l’armée. Le savant invoqua les bénédictions d’Allah sur l’armée, et demanda à Allah de les rendre victorieux sur tous leurs ennemis. Il se tourna ensuite vers le Sultan et lui demanda : « As-tu choisi un nom pour cette armée ? » le Sultan répondit : « Pas encore. » Le savant dit alors : « Son nom devrait donc être simplement « Yam Tishri (la nouvelle armée). » Le drapeau de la nouvelle armée était un tissu rouge centré par un croissant, sous lequel se trouvait une épée, qu’ils avaient nommée « Dzoul Fiqar, » en référence à l’épée de ‘Ali Ibn Abi Talib (radhiyallahou ‘anhou). Ce fut l’idée de ‘Ala' ad-Din Ibn ‘Uthman, le frère d’Orkhan, qui était un érudit en Shari’ah ainsi qu’un ascète célèbre.

 

Orkhan et ‘Ala' ad-Din convinrent que le but principal de la création de la nouvelle armée était de continuer le Jihad contre les Byzantins et de conquérir davantage de leurs terres, afin de diffuser le message de l’Islam et de libérer le peuple byzantin de la tyrannie. En effet, beaucoup d’entre eux embrassèrent l’Islam et reçurent une bonne éducation islamique fermement ancrée dans leur cœur.

 

Résumé de ce point :

Par conséquent, nous confirmons que le Sultan Orkhan n’a jamais enlevé des enfants chrétiens à leur famille ni ne les força à adhérer à l’Islam. L’Islam est basé sur l’acceptation personnelle de la foi et non pas sur la contrainte comme les Chrétiens espagnols ou portugais en autres, qui convertirent des nations entières sous le fléau de la violence. Toutes les affirmations de Brokelman, Jupp et Gibbons, leurs frères, compères et suivants furent fabriquées comme pratiquement toute leur histoire et celle des nations, et devraient donc être omis de tous les livres sur notre histoire islamique.

Leurs connaissances, leur confiance et leur fraternité islamique suggèrent que chaque Musulman concerné, qu’il s’agisse d’universitaires, d’intellectuels, d’historiens, d’enseignants, de chercheurs et de médias, devrait rejeter cette allégation calomnieuse faite contre les Ottomans, qui est devenue largement acceptée comme une vérité définitive, au-delà de tout argument !

 

La politique intérieure et étrangère d’Orkhan

 

Les ouvertures (foutouhat) d’Orkhan furent dirigées contre les Romains, mais en 736 (1336), le gouverneur de Kurah Se (l’un des Émirats construits après la chute de l’État Seljouk de Roum) mourut et ses fils en désaccord, se disputèrent sur la question du leadership. Orkhan profita du moment pour mettre fin à leur dispute, mais finit par s’emparer de l’Émirat lui-même. C’était l’un des objectifs du jeune État Ottoman de prendre le contrôle de l’État Byzantin Seljouk en Asie Mineure et de tout ce qui était sous son autorité. Le conflit se poursuivit avec les autres Émirats jusqu’à l’époque du Sultan Muhammad al-Fatih, qui réussit à placer l’Asie Mineure sous son autorité.

 

Orkhan se concentra sur la solidification des fondements de son état. Il conduisit des réformes, organisa les affaires de l’administration de l’état et des institutions de l’armée. Il construisit des mosquées et des instituts éducatifs, et ceux-ci étaient gérés par des savants et des enseignants compétents, très respectés par l’état. Chaque village avait son école, et chaque ville avait son université, où les étudiants étudiaient les langues, les sciences, les mathématiques, la métaphysique, l’architecture, l’astronomie, tout comme la mémorisation du Qur’an, la compréhension de sa signification, l’étude de la Sounnah, de la Jurisprudence Islamique et des questions de foi.

 

Par conséquent, après s’être emparé de l’Émirat, Orkhan passa vingt ans sans s’engager dans la guerre et au lieu de cela, il établit les systèmes civil et militaire de son état. Il renforca la sécurité de son état, construisit des mosquées avec des fonds de dotation et de nombreux vastes bâtiments publics, qui témoignaient de sa grande perspicacité, de sa sagesse et de sa piété. Il ne s’engagea pas dans des guerres pour envahir plus de terres, mais plutôt, il s’activa à renforcer son autorité dans les régions qu’il avait libérées, en établissant la norme de l’état dans toutes les questions civiles, militaires et éducatives. Cela confirma la compréhension d’Orkhan des progrès progressifs dans la construction d’un état, l’établissement d’une civilisation et la relance d’une nation.

 

Quand Orkhan finit d’organiser ses affaires chez lui, une lutte pour le pouvoir éclata au sein de l’État Byzantin, alors l’Empereur Jean VI Cantacuzène demanda l’aide du Sultan Orkhan contre son ennemi. En réponse, Orkhan déploya une force ottomane pour renforcer l’autorité ottomane en Europe. En l’an 759 de l’Hégire (1358), un tremblement de terre frappa les villes de Trakia, qui provoqua la chute des murs de Gallipoli et l’exode de la plupart de ses habitants ce qui facilita l’entrée des Ottomans. L’Empereur Byzantin protesta fortement et Orkhan répondit simplement que c’était un acte de Dieu qui avait ouvert les portes de la ville à ses forces.

Gallipoli devint la première base ottomane d’Europe, et le point de départ des premières foutouhat, qui furent couronnées par la prise de l’ensemble de la région des Balkans.

 

Lorsque Jean V (le Cinquième) prit le contrôle de l’État Byzantin, il réaffirma le contrôle d’Orkhan sur toutes les régions libérées d’Europe, en échange de l’accord du Sultan pour faciliter l’envoi de provisions à Constantinople. Orkhan envoya ensuite de nombreuses tribus musulmanes dans le but de Da’wah (appel) ; invitant à l’Islam, ainsi qu’en essayant d’empêcher les Chrétiens d’expulser les Ottomans hors d’Europe.

 

Certains des facteurs qui aidèrent le Sultan Orkhan à atteindre ses objectifs

 

(1) Le système périodique suivi par le Sultan Orkhan et l’apprentissage des efforts de son père ‘Uthman, ainsi que la disponibilité de moyens matériels et conventionnels, les aidèrent à libérer les régions byzantines d’Anatolie. Les efforts du Sultan Orkhan furent caractérisés par sa fermeté démontrée en élargissant son état, cependant, le monde chrétien ne prêta pas beaucoup d’attention à la propagation de l’État Ottoman, jusqu’à ce que les Ottomans aient traversé la mer et pris Gallipoli.

 

(2) Lors de leurs affrontements militaires contre les nations balkaniques, les Ottomans furent connus pour leurs rangs unifiés et l’objectivité de leur école de pensée religieuse (sounnite).

 

(3) L’État Byzantin atteignit sa chute, alors que sa société subissait une crise politique, ainsi qu’une rupture religieuse et sociale, qui tous aidèrent les Ottomans à prendre le contrôle des régions byzantines.

 

(4) La faiblesse de la coalition chrétienne, due à un manque de confiance entre les autorités au pouvoir dans l’État Byzantin et leurs alliés, comme la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie.

 

(5) Les différences religieuses entre Rome et Constantinople, entre les catholiques romains et les chrétiens orthodoxes, qui laissèrent une profonde impression dans l’esprit des deux groupes.

 

(6) L’apparition du nouveau système militaire, basé sur les principes de la foi, avec des méthodes éducatives et des objectifs divins, fut supervisée par les meilleurs chefs militaires ottomans.

 

 

Orkhan Ghazi fut élevé et formé pour devenir le futur Bey. ‘Uthman Ghazi, son père, l’envoya dans une série de campagnes avec des commandants expérimentés tels qu’Aqsha Koja, Qonouralp et Qoshe Mihai afin qu’il soit prêt pour sa carrière. Puis il remit sa principauté à son fils après que ses souffrances causées par la goutte l’aient rendu incapable de marcher. Peu de temps après la mort de son père, Orkhan monta sur le trône sans concurrent en vue. En fait, personne ne disputa son ascension au pouvoir malgré le fait qu’il avait d’autres frères.

 

La grande conquête de Bursa en 1324 marque l’ascension d’Orkhan Ghazi sur le trône. Bursa, de l’autre côté de la Mer de Marmara par rapport à Constantinople, devint le nouveau centre du beylik ottoman. Il est bien connu que de nombreux projets de construction entrepris à Bursa juste après la conquête rénovèrent la ville. Orkhan Ghazi construisit des établissements marchands ainsi que des bazars ouverts et couverts dans le but de faire de la ville de Bursa un centre commercial. À l’occasion de sa visite à Bursa, dix ans après la conquête, le célèbre voyageur contemporain Ibn Battouta décrivit la ville comme « une grande ville avec des bazars animés et des rues larges. »

La principauté frontalière ottomane n’était qu’une des nombreuses principautés de la période de formation, au cours de laquelle ‘Uthman Ghazi devint le Bey. Cependant, les activités historiques initiées sous le règne d’Orkhan Ghazi attribuèrent à la principauté ottomane une structure plus tardive lui permettant de trouver un vaste territoire de conquête vers les Balkans et de la relier à toutes les autres principautés au cours des trente prochaines années.

 

Après la conquête de Bursa, les ghazi ottomans conquirent les forts de la côte nord-ouest anatolienne, notamment ceux de Kocaeli, Kartal et Aydos, pour atteindre le Détroit de Constantinople du côté anatolien. Une autre victoire ottomane fut scellée en l’an 729 de l’Hégire (1329) lors de la bataille de Pélékanon (Maltepe), initiée par l’Empereur Byzantin Andronic III près de Danca dans le but de lever le siège autour d’Iznik et de récupérer les terres qu’il avait perdues au profit des Ottomans. Au cours de cette bataille, l’armée byzantine fut défaite par l’armée ottomane et l’Empereur Byzantin Andronic III put s’échapper blessé.

Andronic III proposa alors un traité de paix au Sultan Ottoman Orkhan Bey en 730 de l’Hégire (1330) et proposa aux Ottomans de ne pas attaquer les territoires byzantins en Bithynie en contrepartie du versement d’un tribut de 10000 pièces d’or byzantin. Cette victoire montra aussi à quel stade les Ottomans étaient parvenu à cette époque. Les Ottomans conquirent ensuite Iznik (Nicée) en 731 de l’Hégire (1331), Gemlik en 734 (1334) et Izmit (Nicomédie) en 737 (1337). En conséquence, il ne resta plus aucun territoire à proximité pour subjuguer les seigneurs de Byzance.

 

Le succès ottoman incarné dans le personnage d’Orkhan Ghazi vint comme une chaîne d’évènements interconnectés et lui donna accès à de nombreuses portes qu’il n’aurait peut-être jamais espérées. Les conflits internes dont souffrit la principauté turcomane de Karesid à l’est des Dardanelles donnèrent à Orkhan Ghazi l’occasion de revendiquer cette principauté. L’acquisition de la principauté de Karesid, première principauté d’Anatolie à rejoindre les Ottomans, en 746 de l’Hégire (1345), amorcèrent les activités navales lorsque les ghazi des Karesid commencèrent à préconiser une campagne à travers les Dardanelles.

 

En réponse à la demande de Johannes Cantacuzène, qui souhaitait être couronné empereur de Byzance après la mort de l’Empereur Andronic III Paléologue, Orkhan Ghazi envoya l’armée commandée par son fils Souleyman Bacha à Edirne et aida Cantacuzène à subjuguer la pression exercée par les Serbes et les Bulgares en 753 (1352). À travers cette relation, les Ottomans entrèrent en Europe et s’installèrent dans le fort de Qimpe (Tzympe) à Gallipoli en 754 (1353). Ce fut leur première colonie dans les Balkans à travers les Dardanelles où ils obtinrent une base militaire à utiliser pour de nouvelles conquêtes. Contrairement aux idées reçues, les demandes incessantes de Cantacuzène aux Ottomans afin qu’ils évacuent le fort prouvent que ce fort ne fut pas remis par l’Empereur de Byzance. Plus tard, Souleyman Bacha assiégea la forteresse de Gallipoli et commença à attendre sa reddition. De manière tout à fait extraordinaire, un violent tremblement de terre survint la nuit et détruisit les murs de la forteresse. Les Ottomans s’emparèrent de la forteresse beaucoup plus facilement qu’ils ne l’auraient imaginé, procédèrent aux habituelles réparations et retournèrent chez eux. Cela marque le premier peuplement permanent de Musulmans dans les Balkans ainsi que le premier signe de l’Islam dans la région qui ne sera jamais éradiqué.

 

La nouvelle atteignit Byzance et l’ensemble du monde chrétien avec une énorme anxiété. L’Europe prépara une croisade, cette fois-ci non pas pour récupérer Jérusalem mais pour sauver Constantinople des Ottomans. Grégory Palamas, l’Archevêque de Salonique qui avait été fait prisonnier de guerre au cours de ces années, déclara que les Ottomans lui avaient déclaré : « Dieu est leur plus grand défenseur pour faire avancer l’Islam de manière constante, de l’est vers l’ouest et c’est une preuve manifeste que l’Islam est la vraie religion. »

 

Orkhan Ghazi, qui poursuivit une superbe politique de peuplement pour assurer la permanence des conquêtes dans les Balkans, installa de nombreuses familles musulmanes d’Anatolie dans les terres nouvellement conquises et établit de nouvelles villes musulmanes dans les Balkans. Les émigrants qui firent le sacrifice de quitter leurs résidences permanentes pour s’installer dans un lieu inconnu jouèrent un rôle fondamental dans l’expansion de l’Islam et dans l’essor de leur principauté.

 

Cependant deux événements au cours de cette période interrompirent la progression des Ottomans dans les Balkans. Premièrement, Sehzade (héritier) Khalil fut kidnappé très jeune en 757 (1356) par des pirates génois au cours d’une excursion en bateau le long des rives d’Izmit. En 757 (1359), l’Empereur Byzantin Jean VI Cantacuzène navigua avec sa marine à Foga (près d’Izmir), paya 100000 pièces d’or pour lui porter secours, et le retourna à son père Orkhan Ghazi à Izmit. Deuxièmement, l’absence de Souleyman Bacha, décédé après être tombé de son cheval lors d’une expédition de chasse. Orkhan Ghazi attribua à son fils Sehzade Mourad les futures conquêtes dans les Balkans. Pour que l’absence de son frère aîné ne se fasse pas sentir, Sehzade Mourad fit de son mieux et se concentra sur les conquêtes en Roumélie avec son tuteur Shahin Bacha.

 

La nouvelle de la perte de son grand fils qu’il aimait tant détruisit pratiquement Orkhan Ghazi, qui était alors âgé de soixante-dix ans. Il demanda à Sehzade Mourad de diriger l’état, puis s’isola pour s’éteindre quelques années plus tard, en 763 (1362), très probablement à Bursa.

Orkhan Ghazi conquit trois villes majeures de l’époque : Bursa (Brousse), Iznik et Izmit et joua donc un rôle primordial dans la croissance de la principauté ottomane. Il transféra les Musulmans, confinés en Anatolie durant trois siècles, sur le continent européen grâce à ses conquêtes en Roumélie.

 

À cet égard, alors que ‘Uthman Ghazi permit la transition de sa tribu mineure Qayyi à une grande principauté, son fils Orkhan Ghazi entama le processus de transformation de la principauté en un état. Ce fut sous son règne et pour la première fois que l’administration, l’armée et la législation furent structurées. Le conseil d’état réunit sous sa direction sera également le point de départ du futur Conseil Impérial Ottoman. Alors que les provinces conquises étaient cloisonnées et réparties entre les ghazi, qui constituaient en quelque sorte une structure féodale pendant le règne de son père, Orkhan Ghazi construisit une administration centralisatrice qui assigna les fonctionnaires aux terres nouvellement conquises sous le conseil des Vizirs de la classe élite-intellectuelle.

 

Après le siège d’Izmit, Orkhan Ghazi insista pour que sa principauté dispose d’une armée de métier. Par conséquent, il établit une armée régulière composée d’unités d’infanterie et de cavalerie. En outre, le premier établissement d’enseignement supérieur, appelé Madrassa, ouvrit ses portes à Iznik en 731 (1331) et fut dirigé par Daoud de Kayseri, l’un des plus éminents universitaires contemporains.

 

Les sources racontent qu’Orkhan Ghazi construisit deux complexes de mosquées à Bursa et à Iznik pour divers services de bienfaisance pour la communauté. Il servit parfois de la soupe aux pauvres dans les cuisines de ses complexes. Orkhan Ghazi fut un dirigeant religieux. Il était aussi un commandant intelligent. En fait, il était un commandant si courageux qu’il montait à cheval et dirigeait son armée depuis les tout premiers rangs. Il accomplit la volonté de son père et fut toujours parmi le peuple et pour le peuple.

 

Célèbre pour son caractère sans prétention, Orkhan Ghazi fut recommandé par son frère ‘Ali ‘Ala' ad-Din à son père pour qu’il succède au trône. Les sources ottomanes montrent qu’il ne chercha pas mais accepta le trône que sur l’insistance son frère de le faire.

 

Le voyageur Ibn Battouta, qui rencontra Orkhan Ghazi à Bursa, rapporta dans son Voyages d’Ibn Battouta :

« Ikhtiyar ad-Din Orkhan Bek, Ibn Sultan ‘Othman Tchouk (Petit Othman). Ce Sultan est le plus puissant des rois turcomans, le plus riche en trésors, en villes et en soldats. Il possède près de cent forts, dont il ne cesse presque jamais de faire le tour. Il passe plusieurs jours dans chacun d’eux, afin de les réparer et d’inspecter leur état. On dit qu’il ne séjourna jamais un mois entier dans une ville. Il combat les infidèles et les assiègent. C’est son père qui conquit les Grecs la ville de Bursa et son tombeau se trouve dans la mosquée de cette ville. On raconte que ce prince assiégea la ville d’Yiznik pendant environ vingt ans, et qu’il mourut avant de la prendre. Son fils en fit le siège durant douze ans et s’en rendit maître. Ce fut là que je le vis. »