Les pays européens au 12ème (18e) siècle
La lutte pour le pouvoir contre les puissants pays au 12ème
(18e) siècle où ces puissants pays recherchaient
la supériorité et la domination affaiblit plus ou moins les
pays résistants. Les trois pays les plus puissants du 11ème
(17e) siècle, l’Empire Ottomans, la Suède et la Pologne
étaient en période de déclin au début du 12ème
(18e) siècle. Ce déclin se poursuivit tout au
long du siècle. La Pologne (Lech) tomba complètement tandis
que l’Empire Ottoman et la Suède s’affaiblirent.
La Russie, la Prusse et l’Autriche, qui se développèrent aux
dépens de ces pays, joueront un rôle important sur la scène
politique européenne. Les pays d’Europe occidentale, d’autre
part, eurent d’autres chances de se développer grâce à la
politique du colonialisme, qui était considérée comme
importante.
La Russie
Après sa fondation, la Russie lutta constamment pour son
expansion, et la zone à étendre ne comprenait pas seulement
les steppes sibériennes glacées à l’est, mais les parties
les plus importantes et les plus attrayantes étaient
principalement la côte de la Mer Noire de l’Empire Ottoman
au sud, l’Empire Austro-Hongrois et Lech (Pologne) à
l’ouest, les côtes de la Mer Baltique du Royaume Suédois au
nord, et d’autres. Tout comme la Russie, l’Empire
austro-hongrois nouvellement fondé commença son expansion
dans les territoires méridionaux des Balkans après la
défaite de l’Empire Ottoman près de Vienne, et se renforca
militairement, politiquement et économiquement.
Les guerres ottomane-vénitienne, ottomane-russe,
ottomane-autrichienne et ottomane-perse ainsi que les
combats pour le patrimoine en Europe se poursuivirent sans
cesse. D’une part, la Russie suivit le testament du Tsar
Pierre 1er et s’étendit vers le sud, cependant les hommes
d’état ottomans perçurent la gravité de la menace russe. Le
Sultan Ahmad, décida délibérément d’inventer la «
politique de la Mer Noire » comme mesure. Selon ces
politiques, les Russes ne devraient pas pouvoir accéder à la
Mer Noire par la Mer d’Azov. Par conséquent, toutes les
forteresses commençant par la forteresse de Kertch furent
fortifiées.
Le territoire de l’Empire Ottoman, qui était le voisin du
sud, ainsi que la Suède figuraient parmi les cibles
importantes de la Russie et de Pierre le Grand, connut
également sous le nom de Pierre le Fou par les historiens
turcs, qui fit campagne à deux reprises pour l’invasion de
la Mer d’Azov en 1106 (1695). L’année suivante, il décida
d’attaquer à la fois de la mer et de la terre. A cet effet,
22 galères et 4 brûlots furent construits à Woronesch, à
1300 km de la Mer d’Azov tandis que les pièces de rechange
pour ces navires furent achetées à un chantier naval situé à
400 km de Moscou.
Les plans impérialistes furent faits plus délibérément
pendant la période de Pierre le Grand (1689-1725). De toute
évidence, le testament censé appartenir à Pierre eut un
impact important à ce sujet.
La clause 4 du testament est liée à Lech (la Pologne).
L’article précise clairement le chaos à créer à Lech,
comment corrompre les personnes renommées, interférer avec
l’élection du roi, etc.
La clause 9 est liée au territoire de l’Empire Ottoman. Cela
montre clairement que le Tsar Pierre le Premier aspirait à
posséder Istanbul.
Il croyait que quiconque possédait Istanbul pouvait aussi
gouverner le monde entier. Par conséquent, des obstacles
devaient être inventés pour maintenir l’Empire Ottoman
occupé. L’une des suggestions était de constituer une
conspiration entre l’Empire Ottoman et la Perse.
La clause 11 du testament montre une étude sur la façon de
chasser les Turcs de Roumélie.
Après sa mort, ces clauses firent probablement toujours
partie de l’ordre du jour. C’est ainsi que les forteresses
d’Azov et de Kilbourne furent envahies par la Russie en 1149
(1736). Par ces moyens, la Russie viola la paix. Cela
sous-entend aussi que la Russie n’a pas abandonné son projet
de conquérir Istanbul et cela reste une forte probabilité.
Catherine II
qui était à l’origine la descendante d’une famille allemande
reçut le surnom de « Grande » comme dans le cas de Pierre,
car elle suivit la voie tracée par ce dernier et fit
beaucoup de réformes importantes dans l’administration
locale et conduisit également eu de nombreuses campagnes
réussies contre Lech et l’Empire Ottoman.
Catherine vit que la Prusse et l’Autriche se partagèrent
Lech en vertu d’un traité, de cette manière le royaume de
Lech fut aboli pour une période de temps et par la même
méthode, elle eut le désir d’anéantir l’Empire Ottoman. De
cette façon, les Russes pourraient avoir accès à la Mer
Méditerranée et à l’Océan Indien.
Avec l’Empereur d’Autriche Joseph II, elle planifia le
célèbre projet grec après sa première guerre contre les
Ottomans, et navigua vers la Mer Noire en 1182-1188
(1768-1774) et avant le début de la seconde guerre 1201-1205
(1787-1791).
Selon ce projet, une partie du territoire ottoman à
l’intérieur de l’Europe devait être divisée entre la Russie
et l’Autriche, une autre division devait reprendre vie sous
le nom d’Empire Byzantin, mais sous le contrôle de la
Russie.
Les moines byzantins firent passer le mot parmi la
communauté orthodoxe, que la Russie luttait pour libérer la
communauté chrétienne de la souveraineté ottomane depuis la
période Pierre Ier. Ils avaient tendance à montrer les Tsars
russes comme le « Sauveur de l’orthodoxie, » espérant ainsi
les rapprocher des Tsars orthodoxes russes par la pensée et
par cœur.
Pendant les guerres turques de Catherine II, cette
propagande se fit à plus grande échelle. La rébellion de la
communauté orthodoxe fut souvent observée dans la Péninsule
du Péloponnèse, dans les îles et en Roumélie. Les graines du
défi commencèrent à germer.
La tsarine Catherine II de Russie avait un immense intérêt
pour les questions concernant la mer. Elle était consciente
que les possibilités d’expansion et de développement avaient
des relations étroites avec l’accessibilité de la mer, elle
décida donc qu’il était inévitable de construire deux
flottes distinctes dans la Mer Baltique et la Mer Noire. La
flotte russe dans la forteresse d’Azov se composait de 9
grands et 70 petits navires, et ceux-ci étaient sous le
commandement de l’amiral Predal.
L’époque où les Russes commencèrent à atteindre les eaux
chaudes correspond à peu près à la même période où les
Ottomans commencèrent à rester à l’écart des mers. Par
conséquent, la chance était du côté des Russes en ce qui
concerne les relations entre la Russie et l’Empire Ottoman.
Bien que les Russes gardaient leur flotte dans la Mer
d’Azov, les Ottomans qui jusqu’alors ne gardaient qu’une
flotte en Méditerranée, la Mer Noire apparue comme un
deuxième lieu pour leurs opérations car les rives de la Mer
Noire du territoire ottoman s’ouvrirent aux menaces de la
mer.
La Russie ne perdit pas de temps sur les côtes de la Mer
Baltique et envahit les territoires suédois, navigua
librement dans la Mer Baltique et, suite à son alliance avec
l’Autriche en 1149 (1736), elle devint une menace pour les
territoires de Lech et de l’Empire Ottoman.
En 1149 (1736), les Russes prirent le contrôle de la
Péninsule de Crimée, à la suite des attaques contre les
forteresses d’Azov, Urkapi (Kirim) et Kilbourne.
Les Ottomans souffraient de ne pas avoir d’armada ou de
flotte présente dans une mer économiquement importante et
stratégique comme l’Azov. La flotte ottomane se rendit avec
des flottes plus petites vers la Mer Noire la même année.
La plus grande partie de l’armada était déjà arrivée dans le
port de Kefe sous le commandement du grand amiral Janim
Khoja Muhammad Bacha. Quatre galères et 40 frégates
quittèrent le port d’Istanbul pour la même destination sous
le commandement de Souleyman Bacha. Entre-temps, la galère
nommée Hediye-tul-mulk, offerte en cadeau au Sultan Mahmoud
par Charles XII de Suède, servait au transport des soldats
de Sinope en Crimée.
L’armada était alors sous le règne du Khan de Crimée, et il
l’utilisa à la fois pour la défense de la Crimée et pour
menacer l’arrière les forces russes près de Bahcesaray.
Cette situation conduisit à l’évacuation de la Péninsule de
Crimée par les forces russes.
La flotte ottomane ne revint pas à Istanbul à la suite de
cet événement, mais resta dans la même région. En 1151
(1738), Souleyman Bacha arriva à Rubat et assiégea la flotte
russe.
Afin d’éviter que la flotte ne tombe aux mains des Turcs,
l’amiral Predal de l’armada russe veilla à ce que toute sa
flotte soit bombardée après leur débarquement par ses
hommes. Lorsque le Grand Amiral Janim Khoja Muhammad
Bacha arriva sur le Dniepr, il rencontra 400 navires, qui
avaient été construits pour être utilisés pour
l’approvisionnement en biens et en personnel. Dès que la
flotte ottomane fut aperçue, les vaisseaux se dispersèrent
simplement sans se battre mais accostèrent ici et là.
Plus tard, les Français insistèrent sur un traité de paix,
et il fut signé le 14 Joumada ath-Thani 1152 (18 septembre
1739). Selon celui-ci, la guerre russe et les navires
commerciaux devaient abandonner la Mer Noire et la Mer
d’Azov, de cette manière un petit gain fut réalisé. Mais le
fait que la forteresse d’Azov, qui se trouvait à un endroit
stratégique, devienne neutre, n’était pas un si bon signe.
Parce que les Russes pourraient construire une flotte dans
la rivière et organiser une attaque dans la Mer d’Azov à
tout moment, ce qui serait un désastre pour les Ottomans.
Par conséquent, la flotte ottomane avait besoin d’une base
près de la Mer d’Azov. Mais cette situation ne fut pas prise
en compte et aucune mesure ne fut prise.
Contre la menace croissante de la Russie, les Ottomans
comptaient sur la puissance de la France. Le Sultan Mahmoud
I croyait que la France était de son côté sur la base de
leur soutien pendant les guerres ottomane-iranienne,
ottomane-autrichienne et ottomane-russe. Mais le soutien
français reposait sur la probabilité des Russes d’accéder à
la Mer Noire ou à la Mer Méditerranée, mais pas sur de
bonnes relations ni sur la camaraderie.
Un autre pays à souffrir d’un éventuel accès de la Russie
aux eaux chaudes allait être la France. Mais elle avait déjà
fait de gros profits grâce aux traités commerciaux à grande
échelle avec l’Empire Ottoman.
Le Sultan Mahmoud I pensait que le soutien apporté
par les Français dépendait uniquement de relations amicales,
plutôt que d’intérêts mutuels. Il voulait montrer combien il
était reconnaissant, et en plus des capitulations accordées
auparavant, en 1153 (1740), la France se vit accorder des
privilèges extraordinaires dans les milieux de travail de
l’ambassade, du consulat et dans les affaires spirituelles.
A cette époque où les relations franco-ottomanes se
développaient mais uniquement au profit d’un seul camp, les
guerres d’héritages commencèrent en Europe (1740-1768). La
question qui intéressait le plus l’Empire Ottoman était la
guerre entre l’Angleterre et la France, qui découlait de
leur intérêt et des avantages de la mer. Les deux pays
luttèrent pour la position de leader sur la plate-forme
économique et commerciale mondiale, en raison de leur statut
dominant en mer.
La Russie envoya pour la première fois dans son histoire une
frégate nommée Nadeschda Blagoputschja en Méditerranée en
1177 (1764), avec le subterfuge qu’il s’agissait d’un navire
impliqué dans le commerce maritime. Bien que le navire de la
Tsarine Catherine II n’ait pas été celui d’un succès
commercial, les marins russes à bord obtinrent suffisamment
d’informations sur la Mer Méditerranée. Cette expérience des
marins russes les aida éminemment à accéder à la Mer
Méditerranée par la Mer Baltique pendant la guerre
ottomane-russe entre 1182-1188 (1768-1774).
Puisque l’Empire Ottoman, qui possédait la partie orientale
de la Méditerranée, et les côtes nord-africaines renonça
volontairement à ses avantages compte tenu des questions
maritimes, sa position pendant la guerre entre l’Angleterre
et la France n’était que du spectateur. Ce que ces pays
voulaient posséder, c’était les avantages en mer, qui
étaient en fait sous la possession de l’Empire Ottoman. Les
guerres navales entre l’Angleterre et la France qui eurent
lieu dans le contexte des guerres d’héritage du patrimoine
autrichien atteignirent la Méditerranée et les rives de la
patrie des Ottomans. Les Ottomans ne purent ni importer ni
exporter de marchandises pendant ces guerres. Bien que
l’État Ottoman eut une attitude neutre contre les guerres du
patrimoine autrichien, elle en souffrit
beaucoup.
Après la fin des guerres du patrimoine, les Russes qui
n’avaient pas participé à la guerre et conservé leur force,
commencèrent à s’impliquer dans les affaires internes de
Lech. Sur l’insistance de la France et des représentants
catholiques de Lech, et la promesse que l’État de Podolie
serait accordé à l’Empire Ottoman, conduit à la déclaration
de guerre contre la Russie par le Sultan Mustapha III,
malgré l’opposition du Grand Vizir Khodja Raghib Bacha, et à
sa mort le 22 Joumada al-Oula 1182 (4 octobre 1768).
Dans l’intervalle, la percée maritime se poursuivie en
Russie. Vingt-six Russes furent envoyés en Angleterre entre
1175-1176 (1762 et 1763). De même entre 1177-1186 (1764 et
1772), 30 officiers anglais étaient en service actif dans la
marine russe. Parallèlement au désir de la Russie d’être
présente dans les eaux chaudes, la Russie développa l’idée
de provoquer le peuple orthodoxe vivant dans la Péninsule de
Mora contre l’État Ottoman. Ensuite, la Péninsule de Mora
contrôlait les routes maritimes de l’Empire Ottoman, et cela
eut un impact majeur sur l’économie et la stratégie de
l’état.
Cette idée fut adoptée par la Tsarine Catherine II et
appliquée avant la guerre qui eut lieu entre 1182-1185
(1768-1771). Un officier nommé Mavro Mihail d’origine
macédonienne, et en service actif dans les forces armées
russes fut envoyé à Mora, pour trouver une organisation et
commencer le soulèvement.
Mavro Mihail réussit à convertir une grande communauté de
Mora contre l’État Ottoman en utilisant simplement la
propagande concernant l’arrivée de la flotte russe dans la
région, depuis la Mer Baltique, et en soutenant la
communauté locale.
D’un autre côté, l’État Ottoman croyait que quel que soit
l’obstacle, il pouvait être évité grâce à ses forces
terrestres et surveillait donc les dangers potentiels de la
mer sans prendre aucune mesure contre ceux-ci. Peut-être que
les forces terrestres pourraient éviter les dangers qui
viendraient de la mer, mais cela nécessiterait d’avoir plus
de gens dans l’armée, et cela conduirait à avoir plus de
gens à la consommation au lieu de les faire travailler dans
la production. Cela signifierait aussi que plus de sang
coulerait pendant la guerre.
La Russie n’était pas le seul concurrent de l’Empire Ottoman
à cette époque. L’Angleterre et la France surveillaient de
près l’état et l’avenir de la flotte ottomane. Il était
évident que là où les hommes d’état ottomans ne pouvaient
pas percevoir l’importance de la puissance navale, et que
les états européens amélioraient techniquement, cela
finirait par le déclin de la marine ottomane.
La tsarine russe poursuivit les réformes engagées par Pierre
Ier le Grand entre 1762-1796, assura l’intégration complète
de son pays à l’Europe en termes de vie politique et
intellectuelle et accomplit des réformes dans le domaine de
la législation et de l’administration. Finalement, elle
envahit de grandes parties de la Crimée et de la Pologne.
Les efforts de réforme n’ayant produit aucun résultat
positif, Catherine changea sa politique en faisant une
excuse aux guerres ottomanes-russes (1768-1774). L’État
Ottoman était devenu l’ennemi traditionnel de la Russie
depuis Pierre I. Catherine qui veillait à ce que toute
l’attention de la nation soit concentrée sur ses propres
avantages grâce à la guerre, renforça temporairement sa
position après sa victoire lors de la bataille de Chisma en
1184 (1770). La guerre contre les Ottomans était loin d’être
terminée et d’autres nuisances les attendaient.
Catherine qui fit de son pays l’une des puissances
européennes et provoqua un développement révolutionnaire
dans l’histoire de son pays, prit possession de nombreuses
terres à l’ouest et au sud pendant son règne et avait fait
du vieux rêve des anciens empereurs russes de conquérir le
canal d’Istanbul un objectif que l’on croyait réalisable.
La marine ottomane
La stratégie de la marine turque pendant la période de
Barberousse Khayr ad-Din Bacha, qui régna sur les océans,
était énoncée comme suit : « La marine turque doit être plus
forte que la puissance totale des flottes du monde entier,
et être préservée ainsi. »
Bien que le nombre de navires de la flotte n’ait pas répondu
à ces critères, lorsque la perfection dans la construction
des navires, le niveau de culture, la discipline des marins
et la supériorité de la portée de leurs canons sont
considérés, la marine turque mis en œuvre avec succès cette
stratégie tout au long du 10ème (16e)
siècle.
Comme le révélerait l’histoire maritime mondiale des
guerres, à la suite de la marine turque, seuls le
Royaume-Uni et les États-Unis purent mettre en œuvre avec
succès une telle stratégie. À l’instar de la marine
britannique, jugée plus améliorée que l’ensemble de la
flotte mondiale au 19e siècle, la marine américaine
atteignit cette position dans les années qui suivirent la
Seconde Guerre mondiale.
D’autre part, ce critère, y compris les navires de guerre,
la formation du personnel, la supériorité des artilleurs ne
s’appliquait qu’à la marine. Mais la supériorité maritime
d’un pays ne se mesure pas seulement à la puissance de sa
marine. La flotte de commerce maritime d’un pays est aussi
fondamentale que sa puissance de combat. Les pays, qui
réussirent à garder leurs deux pouvoirs également efficaces,
ont toujours prospéré.
Les Ottomans, au contraire, furent soit réticents à gérer le
commerce maritime, soit ce ne fut pas leur priorité. Cela ne
se faisait que sous le monopole des non-musulmans ou des
étrangers. Par conséquent, de graves complications furent
éprouvées lors du processus de formation des marins.
D’abord la perte de 5000 marins à Chisma, puis la mort de
30000 marins à Inebahti, ce sont les événements les plus
significatifs qui firent subir à la marine ottomane un
déclin durable.
Pourtant, les conditions permirent de reconstruire la flotte
complète en moins d’un an, dans le chantier naval
d’Istanbul, qui fut l’un des plus grands chantiers navals du
monde. Mais, il fallut des années pour former le personnel
de la marine qui se composait de capitaines, d’artilleurs et
de marins.
Venise constitue un bon modèle pour un état, dont la
priorité était de développer son existence maritime en
mettant en œuvre les trois priorités du monde maritime ; les
navires de guerre, les navires de commerce, les bases
navales et les chantiers navals, afin de maintenir leur
présence politique et militaire.
L’amiral italien Fiorovano dit un jour : « Les Turcs ne se
sont jamais vraiment intéressés à diriger les mers, au
contraire, ils accordèrent aux étrangers des privilèges
extraordinaires pour faire du commerce sur leur propre
territoire maritime, et leur payèrent de grandes quantités
de fret pour transporter leurs marchandises. Cela mit fin à
leur empire. »
La gestion du commerce maritime signifie la durabilité du
commerce maritime, ainsi que la continuité des activités de
la Marine afin de préserver les activités commerciales.
L’Empire Ottoman choisit l’alternative la plus facile mais
de courte durée en percevant les droits de douane et les
taxes sur les navires de commerce, les ports et les
marchandises au lieu d’exécuter son propre commerce, ou du
moins le transport des marchandises produites localement.
Par conséquent, il y eut un manque de revenus suffisants de
la mer, d’un côté, et l’incapacité de profiter de la grande
capacité des marins des navires de commerce, de l’autre.
Le Sultan, qui se soucia réellement du pouvoir de la marine,
fut le Sultan Muhammad II (al-Fatih). Il
ordonna l’accélération de la construction navale dans les
chantiers navals de Gallipoli. Une flotte composée de 147
navires fut créée en très peu de temps. Baltaoglu Souleyman
Bey fut nommé amiral de la marine.
Les chantiers de construction navale du début de l’Empire
Ottoman étaient situés à Gallipoli et à Karamürsels, à
Edincik, capturé à l’état féodal de Karasi, et à Izmit
(chantier naval de Kocaeli) qui fut dépassé par l’Empire
Byzantin.
Le chantier naval de Gallipoli était le chantier naval
ottoman le mieux organisé et le plus grand. Le mur
d’enceinte de la ville partiellement effondré fut
complètement démoli en 792 (1390), et deux tours furent
construites, puis le port fut rénové, et devint un chantier
naval entièrement équipé avec ses lignes de construction,
ses entrepôts de matériaux, ses fontaines, ses boulangeries
pour les biscuits des marins, et usines de poudre à canon.
Suite à la conversion du port de Gallipoli en base navale,
la flotte hébergée dans les chantiers navals d’Izmit,
Karamürsels et Edincik furent transportée à Gallipoli.
Durant les dix années qui suivirent la conquête d’Istanbul,
le Sultan Muhammad II se concentra sur le
renforcement de la marine en particulier, et accéléra la
construction navale en construisant deux autres chantiers
navals à Istanbul. Au cours de cette période, la marine
ottomane commença à naviguer dans la Mer Égée et vainquit
une flotte de la marine vénitienne pour la première fois
lors de la bataille de l’île d’Egriboz, qui eut lieu en 867
(1463) et prit la forteresse d’Halkis.
Pendant ce temps, la Crimée fut conquise par la Marine
Ottomane, de sorte que la Mer Noire devint un lac à
l’intérieur des territoires de l’Empire Ottoman.
Entre-temps, les Ottomans mirent en œuvre une stratégie
différente en Mer Méditerranée, et conquirent les îles,
forteresses, bases et ports situés sur le cours de leurs
destinations commerciales, et surtout établirent leur
prédominance dans les eaux de la Méditerranée orientale.
L’administration ottomane de la période Bayazid II établit
une coopération étroite avec les marins musulmans, qui
vivaient à Alger et ses environs, afin d’apprendre les
techniques de construction des navires. À cette époque, les
constructeurs navals d’Alger utilisaient du chêne ou du
sapin pour la construction navale afin de construire des
navires plus légers, tandis que les Européens utilisaient du
bois de pin. Les navires européens furent construits bordés
à clins, tandis que les navires algériens furent construits
bordés à franc-bord,
puis goudronnés ou cirés pour l’étanchéité.
Il était particulièrement important de construire des arcs
solides pour ce type de navires. Il y avait des béliers à
tribord et à bâbord de la proue, et des étages étaient
construites sur les navires afin de placer les canons de
poursuite à bord. Aucun salon luxueux, couchette ou autre
objet ornemental n’était placé à l’intérieur des navires,
comme c’était le cas dans les navires construits dans les
pays chrétiens. Des pierres et du sable servaient de lest,
et ils étaient empilés pour faciliter leur transport d’un
endroit à un autre. Si le navire ennemi devait être percuté,
les ballasts étaient déplacés vers la poupe afin d’élever la
proue plus haut, et les sections les plus critiques du
bateau ennemi étaient ciblées pour le pilonnage.
La capacité de construction navale pendant les périodes du
Sultan Salim I (Le Brave) et du Sultan Souleyman I (Le
Magnifique) était d’environ 200 navires de différentes
tailles par an. Cette capacité atteignit un total de 300
navires par an avec la création des chantiers navals
supplémentaires. Outre le chantier naval de Gallipoli, qui
fut construit pendant la période de fondation, les
installations centrales de construction navale de la période
montante étaient le chantier naval d’Istanbul (200 cellules
de construction avec cales) et les chantiers de construction
navale à Sinop, Samsun, Kefken, Tuna (Ruscuk), Suez et
Birecik.
Bien que la construction et l’entretien des navires soient
liés à la puissance économique générale et à l’industrie du
pays, ainsi qu’à la capacité des chantiers navals, ces
chantiers navals n’agirent pas selon un certain plan et
programme. Le Sultan était le seul commandant des chantiers
navals.
Selon la loi, l’objectif était la construction d’au moins 40
nouveaux navires dans les chantiers navals ottomans chaque
année, mais personne n’était en mesure de démarrer quoi que
ce soit ou de produire quoi que ce soit, à moins que le
Sultan ne l’ordonne.
Les Ottomans apprécièrent particulièrement la construction
de galions, compte tenu de leur capacité à utiliser à la
fois des voiles et des rames pour la propulsion. Les états
chrétiens construisirent également des galions, et ils
installèrent quelques couches de cuivre sur ces navires pour
produire une sorte de bateaux blindés et aussi afin qu’ils
puissent transporter plus de troupes et de munitions.
Les Occidentaux apprécièrent également les voiliers
construits des galions et virent que leurs navires étaient
dans les mers toute l’année. Lorsque la flotte ottomane
revenait à Istanbul à l’automne, les flottes chrétiennes
prenaient le large et naviguaient avec de grands voiliers
puis attaquaient leurs cibles sur les côtes et les îles. Les
forteresses sur le littoral et les îles étaient défendues
par les militaires mais la marine ne se présentait qu’au
printemps. De cette façon, la marine ottomane dominait la
Méditerranée entre le printemps et l’automne tandis que les
flottes chrétiennes naviguaient sans égal dans les mers en
hiver. Les Ottomans ne se soucièrent jamais d’une présence
dans les mers en hiver et cela dura jusqu’à la chute de
l’empire.
La période de déclin de l’Empire Ottoman qui
vraisemblablement commença avec le traité de Karlowitz ou
Karlovci, le premier traité où pour la première fois
l’Empire perdit un territoire, ne se refléta pas sur la
marine jusqu’à la bataille de Chisma en 1184 (1770), en
raison des mesures prises par Mezomorto Hussein Bacha
et l’organisation de la flotte de galions.
Mezomorto Hussein Bacha reçut l’approbation du
gouvernement pour fonder une flotte composée de quarante
galions, et s’assura même que la seule façon dont ses
commandants étaient nommés était par la loi dont voici les
principaux articles :
1. - Toutes les questions concernant la Mer Méditerranée
seront de la responsabilité du Kaptan Bacha.
2. - Tous les apanages et commanderies du personnel affecté
à la navigation avec le Kaptan Bacha, mais qui ne l’ont pas
fait, ou sont morts pendant la navigation, ainsi que les
apanages et commanderies des unités Sanjak de Biga,
Gallipoli, Kocaeli, Sugla (Chisma) possédant des apanages et
des commanderies feront l’objet d’exclusion. Parmi ceux-ci,
les fils des fiefs, le cas échéant, recevront cinq mille
aspers pour un seul fils, quatre mille pour le second. Un
seul fils de l’apanage recevra trois mille aspers. Les fils
des martyrs seront payés en excédant. Les fils nés après la
mort de leurs pères ne seront pas payés.
3. - Aucune part ne sera prélevée sur la somme des
inscriptions pour payer quelqu’un d’autre.
4. - Aucun personnel étranger ne sera recruté pour la
marine.
5. - Les apanages et commanderies, qui n’ont pas de fils,
doivent être présentés avec une lettre au gouvernement, par
Kaptan Bacha, à condition qu’ils naviguent sous le pavillon
de leur propre capitaine.
6. - Le nombre de galions à construire sera de quarante en
finissant les deux galions qui sont en construction, et en
en construisant de nouveaux, en plus des vingt-cinq qui
étaient précédemment terminés, à la fin des années 1009
(1600), les munitions et le personnel de ceux-ci seront tels
que définis dans le livre, et cela ne sera pas changé.
7. - Suite à l’achèvement de la construction de quarante
galions, aucun relâchement ni négligence ne sera toléré, au
contraire le bois sera transporté des entrepôts de bois aux
chantiers navals, et de nouveaux galions seront construits
pour remplacer les vieux.
8. - Le Kaptan Bacha est le commandant de tous les beys
marins, capitaines, skippers et autres dignitaires de la
marine, et tous ceux-ci doivent se conformer aux
déclarations et aux ordres du Kaptan Bacha, et toute
l’organisation des conditions des divisions sera sous la
responsabilité de ce dernier.
9. - Les Beys Marins doivent garder 160 guerriers et entre
cinq à six galions-esclaves par galion présents, selon leurs
propres règlements et annuaires. Ils doivent également
garder les munitions et les outils des navires d’une manière
excellente, et quand ils doivent rejoindre la flotte en cas
de guerre, ils seront inspectés par le Kaptan Bacha, et ceux
qui seront trouvés en faute, doivent d’abord être avertis,
et alors leurs navires seront pris en charge, et le
gouvernement en sera informé.
10. - Tous les travailleurs acharnés de chaque classe
doivent être récompensés et encouragés par des récompenses,
ceux qui sont reconnus coupables doivent être mis en gardes
et formés, et ceux qui osent s’impliquer dans la trahison ou
le mal doivent être signalés au gouvernement pour la
punition.
11. - Le Kaptan Bacha, les amiraux, vice-amiraux,
arrière-amiraux et autres capitaines et skippers ne peuvent
être licenciés sans leur implication dans une activité qui
justifierait leur licenciement.
12. - Quand et si le Kaptan Bacha part ou s’il est contraint
de partir pour cause de mort, de meurtre, de trahison ou
pour toute autre raison de licenciement, ce poste ne sera
pas occupé par l’un des maréchaux de terre incompétent ou ne
connaît pas les questions maritimes, au contraire, le poste
doit être occupé par un amiral. Le poste d’amiral doit être
occupé par le vice-amiral et le poste de vice-amiral doit
être occupé par le contre-amiral.
13. - Si la personne qui n’est pas un amiral apte à devenir
Kaptan Bacha, un vice ou un contre-amiral doit être élu en
fonction de l’aptitude et d’un commun accord de l’ensemble
des commandants de la marine, et être présenté au Grand
Vizir pour son approbation. Mais s’il possède les qualités
nécessaires pour remplir les fonctions d’amiral, il ne sera
pas lésé.
14. - De cette manière, le plus approprié des capitaines de
galion sera nommé pour le devoir d’arrière-amirauté par le
Kaptan Bacha et les commandants navals ; non seulement
l’ancienneté, mais aussi l’expérience et l’intégrité feront
également partie des critères importants de sélection, et le
gouvernement sera informé de la question.
15. - Le Kaptan Bacha naviguera traditionnellement dans la
Bastarda en temps de paix et dans le galion avec les trois
ponts de canons en temps de guerre. Le navire doit être
hissé de trois pavillons et éclairé par trois lanternes.
L’ancien amiral sera appelé le deuxième amiral, et il en
sera responsable.
À la suite de la mort de Mezomorto Hussein Bacha 1112
(1701) qui décréta la transformation des navires de la
marine turque en galions, l’amiral sera nommé à son poste
conformément au règlement qu’il légiféra, mais les
nominations qui contredisaient cet article ne tardèrent pas.
La nomination de personnel, qui n’avait aucune expérience
maritime, au poste de Capitaine de la marine reprit
cependant, depuis que la Marine mit en œuvre les autres
articles du règlement, la capacité de combat augmenta très
rapidement.
En 1119 (1707), le Kaptan Hajji Muhammad, qui
commandait la flotte en Méditerranée, s’embarqua pour
l’Espagne et Majorque avec une flotte de vingt galions et
débarqua ses troupes à Messine sur le chemin du retour, pour
s’emparer de deux forteresses qu’il détruisit complètement
avant de revenir avec des captifs.
En 1122 (1710), la marine ottomane débuta une campagne
contre la Russie où elle attaqua avec une flotte composée de
360 navires et environ 35000 marins ; 1 galère réale
transportant 3.300 marins et 22 pièces cektiri du
Commandant ; 27 galions transportant 16000 marins ; 30
galères avec 225 marins ; 60 frégates avec 80 marins ; 120
caboteurs pour le transport de grains, de munitions avec 30
marins ; 100 broliks avec 7 marins chacun.
Cela fut suivi par une période en Europe où l’adaptation des
Ottomans devint extrêmement difficile. Entre-temps, la
Marine Ottomane naviguait chaque année en Méditerranée, mais
aucune activité sérieuse n’était entreprise à l’exception de
la confiscation et de la saisie de deux bateaux pirates. Le
code de Mezomorto Hussein Bacha fut abandonné tandis
que la flotte et les navires tombèrent sous le commandement
de personnes incompétentes.
La Marine Ottomane était toujours la première marine parmi
les flottes de l’époque avec le nombre de ses navires, mais
avait de graves problèmes. Alors que l’ère de la voile
commençait, les technologies de construction de canons en
constante amélioration et les tactiques de combat
nécessitaient une éducation sérieuse pour tous les marins
cependant, la Marine Ottomane ne réussit pas à fonder une
seule école. Ainsi, il y avait un manque de personnel
qualifié et expérimenté avec une éducation navale
contemporaine.
L’évaluation du Professeur Principal Isma’il Hakki
Ouzouncarsili sur cette période, comme on le voit
ci-dessous, est dramatique et suscite réflexion.
En dehors de cela, le fait que ces galions devraient servir
certaines fins fut supervisé, et les poupes de ces navires
furent équipées de chambres luxueuses et ornées, qui les
transformèrent en villas tandis que la formation de nouveaux
marins devint une question négligée. Les revenus des
chantiers et les revenus des places qui étaient allouées aux
navires des Bachas et les salaires des capitaineries (Sanjak
Beylics de Chios, Nakse, Mehdiye, Lefkosha, Baf, Girne)
devinrent des allocations, ce qui força les marins des
galions à s’impliquer dans le commerce.
Le registre d’expédition de Lloyd, qui est le premier au
monde, publia les nouvelles lois sur la construction navale
en 1760, et le roi du Royaume-Uni ordonna que ces lois
soient respectées et que les nouveaux navires devraient être
construits selon les règles de Lloyd.
Les compagnies d’assurances n’assuraient pas les
marchandises qui étaient transportées dans des navires non
classés ou réclamaient des frais très élevés.
La rapidité et la fiabilité des navires devinrent les
principales qualités demandées dans le monde maritime et le
commerce. Une activité trépidante de construction navale
commença dans toute l’Europe et en particulier au
Royaume-Uni, et les flottes commerciales furent renouvelées.
Les règles de l’amirauté commencèrent à s’appliquer pour la
construction de navires de guerre, comme c’est le cas avec
les règles de Lloyd, et la construction navale dû suivre ces
règles.
Le Lloyd turc ne fut créé qu’en 1382 (1962). Le premier
galion fut construit à Tersane-i Amire en 1644). Des
activités globales pour la construction de 30 galions furent
lancées en 1070 (1660), de sorte que la variété des navires
de la Marine subit un changement majeur.
Mais, la construction du galion ne dura pas longtemps
pendant cette période. En raison du manque de formation
suffisante et de sous-structure pour la navigation de
galions, les navires de type galère furent à nouveau les
navires construits et navigués en 1071 (1661).
La construction de galions commença avec la construction de
10 navires, toujours en 1090 (1679) ; quatre d’entre eux
contenaient trois ponts de canons chacun et la construction
de galions fut accélérée entre 1096 et 1110 (1685 et 1699).
À partir du début du 12ème siècle de l’Hégire
(18ème siècle), la construction de galions entra dans sa
période de déclin et les priorités à l’intérieur du chantier
naval de Tersane-i Amire passèrent de la construction navale
à la réparation des navires. |