La Bataille de Chisma
2 Safar 1184 (5 Juillet 1770)
1 Chisma
Chisma en Arabe, Cheshme en Turque et Tchesmé en Français
Chisma est une colonie et un port situés sur le promontoire
d’une péninsule qui se projette dans la Mer Égée, en
Anatolie occidentale. Le corps principal de ce promontoire
connu sous le nom de Péninsule Urla ou Chisma qui s’étend
dans une direction nord-sud et la partie nord de la
péninsule est connu sous le nom de Karaburun. L’île de Chios
est orientée dans une direction similaire, et à l’ouest de
la péninsule.
L’histoire de Chisma, qui est directement liée à l’histoire
de la péninsule d’Urla, commença vers 5000 avant ‘Issa Ibn
Mariam (‘aleyhi salam), sur la base de sources indéfinies.
Les environs de Chisma furent explorés par les colonies sous
le commandement d’Erythoros et colonisés vers 3000 avant
‘Issa Ibn Mariam (‘aleyhi salam).
La région fut nommée Erythrae après avoir été fondée comme
une crique à 27 km de la ville actuelle de Chisma. La ville
était gouvernée par un royaume dans les années précédentes.
Chisma s’appelait Cyssus, et c’était à l’époque l’un des
ports les plus inébranlables et les plus sûrs d’Érythrées
(Erythrae,
Ionie). Avec l’île de Chios (Sakiz),
Érythrées
avait une part importante dans l’esclavage et le commerce du
vin.
La ville fut témoin de la bataille de Lade contre les
Perses, qui aboutit à leur défaite en 494 avant ‘Issa Ibn
Mariam (‘aleyhi salam). Elle devint ensuite devenu membre de
la Ligue délienne. Alexandre le Grand conquit
Érythrées en
334 avant ‘Issa Ibn Mariam (‘aleyhi salam) et accorda à la
région son indépendance. Elle fut gouverné par le royaume de
Pergame après la chute de l’Empire Macédonien, puis, suite à
la mort du roi Attale III de Pergame en 130 avant ‘Issa Ibn
Mariam (‘aleyhi salam), par l’Empire Romain. Après la
division de l’Empire Romain,
Érythrées
tomba dans les frontières du territoire romain oriental
(byzantin).
Les données historiques authentiques sur Chisma commencent
avec la défaite de la flotte d’Antiochos III, par les
Romains dans ces eaux en 190 avant ‘Issa Ibn Mariam (‘aleyhi
salam). On suppose qu’à la suite de cette confrontation
victorieuse, les Romains commencèrent leur invasion de
l’Anatolie et du Proche-Orient, dans la Péninsule de Chisma.
L’hégémonie turque autour de la région de Chisma débuta avec
la défaite et l’asservissement de l’Empereur Byzantin
Romanus IV Diogène à Malazgirt (Manzikert) en 463 de
l’Hégire (1071). L’Anatolie s’ouvrit complètement à la
domination des Turcs à la suite de cette victoire. Les Turcs
se répandirent alors rapidement à travers l’Anatolie et le
commandant seljouk Qoutalmish atteignit Chisma.
La Péninsule de Chisma devint sous la domination directe des
Turcs en 472 (1080). Zakhas (Chaka) Bey et ‘Umar (‘Umour)
Bey, deux Beys turcs, revivifièrent la région avant même que
l’Empire Ottoman ne devienne la puissance dominante sur ce
sol.
Zakhas (Chaka) Bey fut l’un des principaux commandants d’Alb
Arsalan, et aussi le premier amiral turc à naviguer dans la
Mer Égée. La flotte qui fut construite sous son commandement
à Izmir en 478 (1085) entreprit des campagnes contre les
îles de la Mer Égée et réussit à briser l’hégémonie
byzantine en mer. Zakhas (Chaka) Bey utilisa Chisma comme
base pendant cette campagne navale. Par conséquent, Chisma
joua un rôle particulièrement important pendant la campagne
turque dans la Mer Égée. Mais cela avait un motif purement
militaire et stratégique.
Ces motifs militaires et stratégiques ne favorisèrent pas
nécessairement le développement des colonies dans la région
de Chisma. Les succès obtenus pendant la période Zakhas Bey,
qui dura environ dix ans, diminua après sa mort. Son frère,
Yavas, qui lui succéda, ne put empêcher la résurgence du
contrôle byzantin dans la région.
Sasa Bey, qui était un seigneur germiyanide, s’intéressa à
la région pendant la période anatolienne turque des Beyliks
à la fin du 7ème
siècle de l’Hégire (13ème). Puis Muhammad
Bey, le Beylik d’Aydinogullari, qui fonda un état solide sur
la côte égéenne au début du 8ème
siècle (14ème siècle), ordonna à son frère
Ibrahim Bey d’envahir la péninsule de Chisma.
Par conséquent, Chisma tomba de nouveau sous la domination
turque. ‘Umar (‘Umour) Bey, qui était l’autre fils de Muhammad
Bey, devint le souverain de la région après la mort
d’Ibrahim Bey. ‘Umar Bey était à la fois un excellent
commandant et un grand homme d’état. Il joua également un
rôle très important dans l’histoire de la Mer Égée et de
Chisma.
Sous le règne de ‘Umar Bey, les Aydinogullari, se rendant
compte que le commerce maritime reposait particulièrement
sur les villes portuaires, entreprirent sérieusement le
développement du commerce avec l’Anatolie centrale. Le fait
qu’Éphèse et Milet, pour diverses raisons, aient perdu leur
importance pendant cette période, permirent à Izmir et
Chisma de se développer plus vite.
‘Umar Bey, prenant la sage décision de s’entendre avec les
Génois qui dominaient le commerce maritime, veilla à ce
qu’ils s’installent sur l’île de Chios et poursuivent leurs
relations commerciales avec l’Anatolie à partir de là sous
sa protection (728/1328). Comme Chios devint un centre
commercial et une porte d’entrée vers le monde occidental,
cela permis à Chisma, à son tour, de se développer plus
rapidement. En plus de son importance militaire et
stratégique, Chisma acquit dès lors son avantage commercial
pour la première fois de son histoire.
En conséquence, à partir du milieu du 8ème
siècle (14ème siècle), Chisma devint un
point d’intérêt pour les nouveaux colons. Il devint donc
indispensable, tant pour les Turcs que pour les nouveaux
arrivants nés à l’étranger, d’apprendre à faire partie d’une
société qui s’avéra plus tard caractéristique de la région.
Le nom Chisma, connu jusque-là sous le nom de Cyssus, fut
transformé en Passagio (Passage) dans le monde latin.
En 1328, Byzance envahit l’île de Chios pour mettre un terme
à ce développement qui menaçait gravement leurs intérêts.
Cependant, ‘Umar Bey reprit l’île lors d’un raid depuis
Chisma au cours de l’hiver 728 (1328-29), et l’a rendit aux
Génois à leur avantage sur la base de l’accord bilatéral
existant. Suite à cette opération militaire, le nom de
Chisma prit sa place dans les pages de l’histoire pour la
première fois.
La flotte des croisés fut organisée par le Pape avec
l’assurance que les Églises Orthodoxe et Catholique
s’uniraient au cours des conflits byzantins pour le trône.
La flotte reprit le château du port d’Izmir et détruisit
l’armada de ‘Umar Bey, en mettant le feu à toute la flotte,
sans pouvoir toutefois envahir Chisma et la péninsule.
Cette défaite ne limita pas les intérêts des Turcs, qui
comprirent l’importance et les avantages d’une présence
maritime, mais provoqua un déplacement du centre des
opérations d’Izmir à Chisma, ce qui entraîna le
développement ultérieur de Chisma.
Une évolution importante de la colonisation turque au 8ème
siècle (14ème siècle) fut causée par le
déclin d’Ildiri, l’héritier de la célèbre ville byzantine d’Érythrées,
avec son passé splendide et brillant, manifeste des ruines
encore visibles aujourd’hui. Ildiri, qui en plus de son port
bien gardé, possède d’immenses ressources d’eaux de source,
était habitée depuis le début de la conquête turque, comme
en témoignent les pièces de monnaie découvertes lors des
fouilles du site.
Les marchands génois de Chios étaient déterminés d’établir
de bonnes relations avec l’Anatolie au 8ème
siècle (14ème siècle) et le port de Chisma
étant la position la plus avantageuse sur la côte
anatolienne. La concurrence entre Musulmans et non musulmans
d’Izmir qui dura dans la seconde moitié du 8ème
siècle (14ème siècle), provoqua une
augmentation des activités commerciales des maisons de
commerce sur l’île de Chios. La présence du transport
maritime entre Chios et l’Anatolie, en raison des traités
préexistants entre les Génois et les Aydinogullari, mit fin
à la recherche d’un port adapté sur les rives occidentales
de la péninsule d’Urla. Par conséquent, Chisma fut préféré à
Érythrées,
qui était plus éloignée de Chios et avait une voie d’accès
plus complexe. Chisma est à seulement 18 miles (29km) de
Chios, et situé juste en face de Chios (Sakiz).
Bien que les conditions environnementales n’étaient pas
aussi bonnes que celles d’Érythrées,
le port de Chisma offrait des conditions similaires. Le
port, qui était protégé des vents de toutes les directions,
les fontaines et les terres arables des environs,
répondaient à tous les besoins des marins. Le fait que l’eau
potable était la priorité absolue parmi les besoins des
marins montre probablement l’origine du nom Chisma.
Avec le martyre de ‘Umar Bey en 1348, par un barrage de
flèches alors qu’il escaladait les murs du château de Smyrne
lors d’une tentative de recapture, les opérations
généralisées des Turcs dans la Mer Égée stoppèrent. Bien que
les Turcs locaux aient continué à utiliser leurs compétences
et leurs connaissances de la mer.
À la fin du 8ème siècle (14ème
siècle), le Sultan Bayazid I (Yildirim) envahit Chisma et en
fit une partie de l’Empire Ottoman. Lorsqu’il fut vaincu et
asservi par Tamerlan lors de la bataille d’Ankara, les
forces de Tamerlan s’emparèrent de la forteresse du port
d’Izmir. Là, de nouveau, les opérations maritimes se
réorientèrent vers Chisma et favorisèrent le développement
de la ville.
Après le départ des forces de Timour d’Anatolie, Chisma
passa une fois de plus sous la souveraineté des
Aydinogullari jusqu’à sa ré-annexion par les Ottomans en 825
(1422). Les relations commerciales entre l’île de Chios et
Chisma se transformèrent en une relation entre les Ottomans
et les Génois qui dura jusqu’en 973 (1566). L’efficacité des
marins turcs sur la route de transport entre Sakiz et Chisma
se poursuivit jusqu’au milieu du 13ème siècle
(19e siècle). Cela montre également que ce n’était pas un
hasard si Chisma fut à l’origine des premiers marins
ottomans.
La souveraineté turque sur Chisma se poursuivit depuis lors,
sauf pendant l’invasion grecque qui eut lieu plus de trois
ans après 1337 - 1340 (1919 -1922). Chisma fut témoin
d’événements historiques importants au cours de ses six
cents ans d’existence. Ceux-ci peuvent être résumés comme
suit:
Lors de la victoire des Ottomans sur les Turcomans (Hassan
Ouzoun) pendant la guerre d’Otlukbeli en 876 (1472), les
Vénitiens, qui étaient alliés des Turcomans à l’époque,
envoyèrent une flotte pour bombarder et piller Chisma et
d’autres colonies côtières sous la domination ottomane.
(Rabi’ ath-Thani 877/Septembre 1472). Ce bombardement
souligna de nouveau l’importance de Chisma en tant que
centre commercial important et cible stratégique au milieu
du 9ème siècle (15ème siècle). Les
dommages causés par cette attaque n’empêchèrent pas Chisma
d’exercer ses activités commerciales, mais soulignèrent la
nécessité de défendre les ports de commerce. Les Ottomans
remportèrent la victoire sur les rives de l’Adriatique
pendant la guerre entre les Turcs et les Vénitiens en
905 (1499).
Une deuxième campagne contre Chisma fut menée par les
Vénitiens en 907 (1501). Pour surmonter leur désespoir, les
Vénitiens envoyèrent une flotte en Mer Égée pour une
contre-attaque, ils bombardèrent Chisma et débarquèrent
leurs troupes pour ravager et piller la ville. Cette
deuxième campagne donna la priorité à la défense de Chisma
et aboutit à la construction de la forteresse de Chisma.
Pendant l’ère des avirons et des voiles, Chisma et ses
environs eurent un statut spécial pour la force navale
turque. Chaque année, la flotte ottomane quittait par
habitude Istanbul du port de Halic à l’occasion de la «
veille de la campagne navale » (le jour de Hidrellez, le 6
mai, était officiellement le début de l’été). Des biscuits
étaient fournis aux marins de Gallipoli. Ensuite, les
navires devaient être mis en cale sèche à Foca (Focia), où
les coques étaient traitées avec de la résine de pin. Cela
était suivi par la navigation des bateaux à Chisma comme
base finale. L’eau y était fournie, le personnel lavait ses
vêtements, se baignait dans le hammam et se rendait
sur le site de l’opération à Chisma, y compris les ports de
Pasa, Ildiri et ses environs. Cette coutume dura très
longtemps.
Dans l’histoire navale turque, Chisma pleure également en
souvenir de la bataille navale de Chisma, qui eut un impact
important dans l’histoire maritime turque lorsque la flotte
ottomane fut détruite par des brûlots[1]
envoyés par les Russes. En conséquence, la forteresse et la
ville furent pillées par les Russes et les Grecs.
En fait, il est plus intéressant que les Russes, qui
s’installèrent plus tard en Mer Égée pendant quatre ans,
bombardèrent la ville et la forteresse de Chisma à deux
reprises ; une fois le 6 Sha’ban 1186 (2 novembre 1772) et
une fois de plus les 29 et 30 Rabi’ al-Awwal 1188 (9 et 10
juin 1774). Ce qui est curieux car les seuls bombardements
des Russes sur les côtes anatoliennes pendant ces quatre
années, eurent lieu une fois à Canakkale et une fois à
Bodrum. Le fait que Chisma ait été bombardée et détruite
trois fois, alors que tous les ports et établissements de la
Mer Égée ne le furent pas, est une question curieuse qui
devrait être débattue en profondeur par les historiens et
les experts en stratégie militaire.
La forteresse de Chisma
Comme le montre l’histoire et en particulier les endroits
marécageux au climat chaud sur les côtes anatoliennes, n’ont
jamais été préférés pour l’habitation mais les emplacements
plutôt communs pour les colonies sont les plaines et les
plateaux.
Les rives occidentales d’Anatolie n’étaient pas dignes de
confiance, à l’époque où la Mer Égée n’était pas sous le
contrôle des Turcs, entre le 4 et 9ème (XIe et le
XVIe) siècle. Les pirates de la Mer Égée organisaient des
attaques soudaines pour incendier les maisons, asservir ou
tuer les gens. Par conséquent, des résidences ne furent
jamais construites sur les rives de la mer sans forteresse.
Les villes, et les villages que nous connaissons, étaient à
une certaine distance du bord de la mer. Urla, est à environ
4 ou 5km du rivage tandis que Seferihisar et Sigacik
sont à nouveau à peu près à la même distance du bord de mer.
La première colonie de Chisma, qui porte son nom, se
trouvait également à 3km du rivage. Ces faits peuvent
conduire à l’hypothèse que les colonies de bord de mer
furent fondées en tenant compte d’une certaine zone de
sécurité, consistant en une distance de marche d’une heure
du rivage.
Suite à la documentation primaire et exacte sur le statut de
Chisma et de ses environs datant de 870 et 872 (1466 et
1468), le premier événement survenu fut l’attaque de la
marine vénitienne contre le port de Chisma en 877 (1472).
Les Vénitiens envoyèrent leur flotte sur les côtes
anatoliennes afin d’éprouver les Turcomans. Focia, Klizman,
Izmir, et plus au sud Antalya, furent parmi les endroits qui
furent attaqués par la flotte vénitienne. Le but de la
flotte vénitienne était d’attaquer les ports les plus actifs
de l’Anatolie, et de nuire autant que possible aux
territoires turcs. Par conséquent, les ports qu’ils
choisirent pour les attaques furent ceux qui avaient été
fondés bien avant et qui étaient les plus efficaces.
Le listage de Chisma parmi ces ports avait deux causes
profondes importantes. C’était avant tout un port important
et efficace qui était vulnérable aux attaques ennemies. Et
deuxièmement, il n’y avait aucune installation pour assurer
la défense du port. La prévention contre une deuxième
attaque à Izmir, qui subit une catastrophe, fut la
construction de la forteresse du port, qui commença
initialement en 818 (1415), mais arrêtée par le Sultan Muhammad
Jalabi (Celebi ou Chalabi).
Les attaques contre Chisma eurent lieu avec Izmir et Klizman
en Rabi’ ath-Thani 877 (septembre 1472). Cette attaque, qui
n’a été rapportée que dans les sources occidentales, fut
dirigée vers le passage également connu sous le nom de
Passagio. Parce que c’était une porte importante pour
l’accessibilité à l’île de Chios. Les entrepôts commerciaux
et les entrepôts sur le rivage furent incendiés. Il fut
également rapporté que les tapis brodés dans les magasins,
les tissus de soie de toutes les couleurs et l’alpaga de
laine de chèvre Angora furent pillés. L’ennemi débarqua
soudainement et dévasta avant même l’arrivée des Turcs, et
repartirent avec leurs navires.
Les attentats de 877 (1472) montrèrent clairement que Chisma
était l’un des ports importants des côtes occidentales
d’Anatolie. C’était un centre important et en développement.
Mais les possibilités de défense et les installations
n’étaient pas aussi efficaces. Bien que de nouvelles mesures
défensives aient été prises à Izmir à la suite de l’attaque
de 877 (1472), Chisma ne prit pas sa part de ces mesures.
Cette attaque pouvait signifier l’arrêt du commerce de
Chisma et diriger toute l’attention sur Izmir, mais ce ne
fut pas tout simplement le cas, au contraire, le commerce de
Chisma resta aussi actif qu’avant.
Alors que le développement de Chisma se poursuivait, les
Ottomans obtinrent des succès importants pendant la période
du Sultan Bayazid II, à commencer par la guerre contre
Venise sur les rives de la Mer Adriatique en 905 (1499), et
Venise répondit à ces campagnes en attaquant Chisma pour la
deuxième fois en 907 (1501).
Ces deux attaques contre Chisma qui eurent lieu à 30 ans
d’intervalle prouvent l’importance économique croissante de
la région. Aucune forteresse ou installation défensive
similaire ne fut construite à Chisma pendant cette période.
Le fait qu’un important port de commerce comme Chisma était
fréquemment attaqué, força très probablement les hommes
d’état turcs à rechercher des mesures préventives.
Finalement, la construction de la forteresse commença. Elle
fut construite par Mir Haydar entre 914 et 915 de
l’Hégire (1508/1509). Il était indiqué sur l’épigraphe de
l’architecte de la forteresse que la forteresse avait été
construite par Muhammad Ibn Ahmad Ibn
Mou’allim, sans qu’il y ait de date sur l’épigraphe.
Une date de construction plus précise pour le fort de Chisma
peut être trouvée dans le registre des dons datant de la
période de Bayazid ath-Thani, et ceux-ci furent publiés par
Mr. Rifki Melul Meric. Son épigraphe et les registres du
journal de bord de Bayazid ath-Thani (II) indiquent
clairement que la Forteresse de Chisma était un nouveau
bâtiment construit par les Turcs.
La déclaration dans le journal de bord, en particulier, met
l’accent sur le fait que le bâtiment était nouvellement
construit le prouve, sans aucun doute. En bref, la
Forteresse de Chisma est un bâtiment complètement nouveau
avec son emplacement et d’autres caractéristiques, qui
découlent des conditions qui virent le jour à l’époque des
Turcs. Sa construction fut le résultat de la coopération
d’ingénieurs, d’architectes et d’ouvriers turcs, du fait que
la région était habitée à l’époque par une majorité turque.
Une équipe bondée de commandants participa à la construction
de la forteresse. Mir Haydar,
qui était le Sanjak Beg d’Aydin à l’époque est le premier
nom à retenir, qui fut également mentionné dans l’épigraphe.
Le deuxième responsable après lui fut Mawlana Mouslih
ad-Din en tant que Qadi d’Ayasulug. Cheikh Moussa Zaym fut
le dépositaire du bâtiment et il fut en fait responsable de
la construction. Le nom de son assistant était Muhammad
(Mehmed), et ils avaient tous leurs parts et
responsabilités dans la construction.
En 1082 (1671), Awliyah Jalabi (Celebi) vit la forteresse
qui figurait sur la carte de Biri (Piri) Raïs dessinée au
début du 10ème (XVIe) siècle et décrivit ce qui
suit :
« Elle est située sur un rocher bas sur le rivage ; la mer
se trouve sur son côté occidental. Il y a un champ décliné
et une montagne sur le côté oriental. Il y a un total de
cinquante maisons à l’intérieur de la forteresse toutes
couvertes de terre, et alignées dans la direction ouest vers
l’île de Chios. Son gouverneur (castellan) et les 185
soldats privés y vivent. C’est la forteresse de Houshabad,
faite de pierres dans un plan quadrangulaire. Elle est situé
dans le sens de la longueur est-ouest, mesure deux cents pas
(enjambés) le long du fossé qui descend et sa largeur est de
cent cinquante pas (enjambés).
La circonférence de la forteresse est alors calculée comme
sept cents pas. La forteresse est entourée de fossés sur
trois directions. Mais il n’y a pas de fossé dans la
direction ouest, là où les vagues heurtent les rochers. Elle
porte une solide porte en fer, qui donne accès vers la
périphérie au sud. Il y a un pont-levis au-dessus du fossé
pour le passage. Il y a une section administrative de deux
étages de ce côté de la porte. La citadelle a une porte en
fer donnant sur l’ouest avec la date de construction écrite
dessus. Il y a une autre porte en fer après la première. De
cette façon, la citadelle est accessible par deux portes. La
mosquée du Sultan Bayazid II de l’étage supérieur est juste
au-dessus de ces portes. »
La description par Awliyah Jalabi reflète la condition de la
forteresse telle quelle. Le Dr I.A. Yuksel mesura également
la forteresse et proposa les mêmes dimensions, qui sont :
127 x 82-86 m. La partie supérieure est plus courte sur les
côtés étroits.
Les deux bastions circulaires, dont Awliyah Jalabi mentionna
lors de leur phase de construction, sont actuellement la
partie la plus basse de la forteresse. La citadelle se
compose de deux sections principales, où la deuxième
division était probablement la section résidentielle. Le
premier était probablement destiné à des fins militaires.
Suite à sa construction, la Forteresse de Chisma reçut un
châtelain, un steward en chef, des soldats privés,
l’affectation de dirlik pour ce personnel fut arrangée et la
forteresse fut également équipée de divers outils de guerre.
Le castellan avait un apanage de 7097 aspers, et l’apanage
de son chef steward était de 2,052 aspers.
La richesse partagée entre l’huissier, le magasinier,
l’artilleur, le chef et le prédicateur de la mosquée
construite à l’intérieur de la forteresse, qui s’appelait
Bayazid-i Sani, et les autres soldats furent rassemblés de
trois villages.
71500 pièces d’argent furent partagées entre 54 personnes en
936 (1529). Le fief pour le personnel, les artilleurs,
l’huissier valaient 1500 pièces d’argent chacun, ce qui
était en fait inférieur au fief accordé aux autres
états-majors.
Le statut de la richesse distribuée différa légèrement
durant les années suivantes. Par exemple, le personnel fut
réduit à 50 en 983 (1575). Le nom du premier castellan
(commandant) de la forteresse de Chisma est inconnu. En 936
(1529), Hizir le Signaleur et en 983 (1575) Muhammad
Ibn Roustoum devinrent les châtelains. Le dernier gouverneur
selon les archives des années 1246 (1830) fut Hasan
Ibn ‘Uthman. Une rédaction préparée dans le premier quart du
10ème (16ème) siècle montre le total
des armes conservées à l’intérieur de la Forteresse de
Chisma.
La forteresse s’impliqua dans des événements importants
pendant les soulèvements grecs de 1236 1244 (1821-1828).
Pendant cette période, la population de la forteresse
augmenta et atteignit 69 personnes. La caractéristique la
plus significative qui attire l’attention dans les archives
de cette période est, les non-musulmans qui furent enrôlés.
Apparemment, 9 employés non musulmans furent enrôlés, dont 4
constructeurs de canaux d’eau, 2 architectes et 3
charpentiers.
L’effet de la sécurité sur le port fournit par la forteresse
est également important. Avec le niveau de sécurité atteint,
le volume des échanges devint encore plus important. Le
revenu du village de Chisma, selon la rédaction écrite en
933 (1527) était de 50000 pièces d’argent.
Étant donné que le secteur du commerce atteignit des volumes
plus importants, les besoins d’hébergement augmentèrent
également. Un caravansérail fut construit par ‘Ali
Babuccuoglu entre 934 et 935 (1528 et 1529). Selon Awliyah
Jalabi, ce caravansérail était une association caritative du
Vizir Ibrahim Bacha du Sultan Souleyman al-Qanouni.
La Forteresse de Chisma devint une forteresse qui ne servit
avec ses canons que dans les années 1248 - 1249 (1832 et
1833) après son devoir final pendant le soulèvement grec. La
forteresse perdit ses caractéristiques militaires après le
retrait des canons après la guerre de Crimée.
La Forteresse de Chisma est un monument turc créé par les
conditions qui se déroulèrent pendant la période turque en
Anatolie. La séquence de construction de la forteresse qui
commença à la fin de la période du Sultan Conquérant Muhammad
se poursuivit pendant la première période du Sultan
Souleyman Khan al-Qanouni en Anatolie. Les premiers exemples
de telles forteresses sont Baba-kale, Candarli, Foca,
Chisma, Sigacik et la Forteresse de Kusadasi au sud. La
forteresse portuaire d’Izmir fut construite dans les années
877 (1472), la Forteresse de Sancak-kale dans les années
1067 (1657), la Forteresse de Sigacik dans les années 926
(1520). La Forteresse de Chisma est une structure
entièrement turque qui fut achevée en 914 (1508).
Relations européennes et ottomanes-russes au 12ème (18e) siècle
Les relations extérieures devinrent plus compliquées au 12ème
(18e) siècle, par rapport à la politique du 11ème
(17ème) siècle. La guerre éclata en Europe au
XVIIe siècle pour contrebalancer le pouvoir contre les
dynasties telles que les Habsbourg et les Bourbons, ou pour
envahir les terres des pays moins développés.
Les principaux événements et conflits du 12ème
(18e) siècle n’étaient rien de plus que les
divergences et les luttes pour l’héritage, le « conflit
oriental » qui consistait en des ambitions, et des guerres
sur les territoires des Ottomans, de la Suède et de la
Pologne, et enfin et enfin les problèmes coloniaux et les
guerres. |