La Bataille de Chisma
 
2 Safar 1184 (5 Juillet 1770)
 
1 Chisma

 

 

Chisma en Arabe, Cheshme en Turque et Tchesmé en Français

 

Chisma est une colonie et un port situés sur le promontoire d’une péninsule qui se projette dans la Mer Égée, en Anatolie occidentale. Le corps principal de ce promontoire connu sous le nom de Péninsule Urla ou Chisma qui s’étend dans une direction nord-sud et la partie nord de la péninsule est connu sous le nom de Karaburun. L’île de Chios est orientée dans une direction similaire, et à l’ouest de la péninsule.

 

L’histoire de Chisma, qui est directement liée à l’histoire de la péninsule d’Urla, commença vers 5000 avant ‘Issa Ibn Mariam (‘aleyhi salam), sur la base de sources indéfinies. Les environs de Chisma furent explorés par les colonies sous le commandement d’Erythoros et colonisés vers 3000 avant ‘Issa Ibn Mariam (‘aleyhi salam).

 

La région fut nommée Erythrae après avoir été fondée comme une crique à 27 km de la ville actuelle de Chisma. La ville était gouvernée par un royaume dans les années précédentes. Chisma s’appelait Cyssus, et c’était à l’époque l’un des ports les plus inébranlables et les plus sûrs d’Érythrées (Erythrae, Ionie). Avec l’île de Chios (Sakiz), Érythrées avait une part importante dans l’esclavage et le commerce du vin.

La ville fut témoin de la bataille de Lade contre les Perses, qui aboutit à leur défaite en 494 avant ‘Issa Ibn Mariam (‘aleyhi salam). Elle devint ensuite devenu membre de la Ligue délienne. Alexandre le Grand conquit Érythrées en 334 avant ‘Issa Ibn Mariam (‘aleyhi salam) et accorda à la région son indépendance. Elle fut gouverné par le royaume de Pergame après la chute de l’Empire Macédonien, puis, suite à la mort du roi Attale III de Pergame en 130 avant ‘Issa Ibn Mariam (‘aleyhi salam), par l’Empire Romain. Après la division de l’Empire Romain, Érythrées tomba dans les frontières du territoire romain oriental (byzantin).

 

Les données historiques authentiques sur Chisma commencent avec la défaite de la flotte d’Antiochos III, par les Romains dans ces eaux en 190 avant ‘Issa Ibn Mariam (‘aleyhi salam). On suppose qu’à la suite de cette confrontation victorieuse, les Romains commencèrent leur invasion de l’Anatolie et du Proche-Orient, dans la Péninsule de Chisma.

 

L’hégémonie turque autour de la région de Chisma débuta avec la défaite et l’asservissement de l’Empereur Byzantin Romanus IV Diogène à Malazgirt (Manzikert) en 463 de l’Hégire (1071). L’Anatolie s’ouvrit complètement à la domination des Turcs à la suite de cette victoire. Les Turcs se répandirent alors rapidement à travers l’Anatolie et le commandant seljouk Qoutalmish atteignit Chisma.

 

La Péninsule de Chisma devint sous la domination directe des Turcs en 472 (1080). Zakhas (Chaka) Bey et ‘Umar (‘Umour) Bey, deux Beys turcs, revivifièrent la région avant même que l’Empire Ottoman ne devienne la puissance dominante sur ce sol.

Zakhas (Chaka) Bey fut l’un des principaux commandants d’Alb Arsalan, et aussi le premier amiral turc à naviguer dans la Mer Égée. La flotte qui fut construite sous son commandement à Izmir en 478 (1085) entreprit des campagnes contre les îles de la Mer Égée et réussit à briser l’hégémonie byzantine en mer. Zakhas (Chaka) Bey utilisa Chisma comme base pendant cette campagne navale. Par conséquent, Chisma joua un rôle particulièrement important pendant la campagne turque dans la Mer Égée. Mais cela avait un motif purement militaire et stratégique.

 

Ces motifs militaires et stratégiques ne favorisèrent pas nécessairement le développement des colonies dans la région de Chisma. Les succès obtenus pendant la période Zakhas Bey, qui dura environ dix ans, diminua après sa mort. Son frère, Yavas, qui lui succéda, ne put empêcher la résurgence du contrôle byzantin dans la région.

Sasa Bey, qui était un seigneur germiyanide, s’intéressa à la région pendant la période anatolienne turque des Beyliks à la fin du 7ème  siècle de l’Hégire (13ème). Puis Muhammad Bey, le Beylik d’Aydinogullari, qui fonda un état solide sur la côte égéenne au début du 8ème  siècle (14ème siècle), ordonna à son frère Ibrahim Bey d’envahir la péninsule de Chisma.

Par conséquent, Chisma tomba de nouveau sous la domination turque. ‘Umar (‘Umour) Bey, qui était l’autre fils de Muhammad Bey, devint le souverain de la région après la mort d’Ibrahim Bey. ‘Umar Bey était à la fois un excellent commandant et un grand homme d’état. Il joua également un rôle très important dans l’histoire de la Mer Égée et de Chisma.

 

Sous le règne de ‘Umar Bey, les Aydinogullari, se rendant compte que le commerce maritime reposait particulièrement sur les villes portuaires, entreprirent sérieusement le développement du commerce avec l’Anatolie centrale. Le fait qu’Éphèse et Milet, pour diverses raisons, aient perdu leur importance pendant cette période, permirent à Izmir et Chisma de se développer plus vite.

‘Umar Bey, prenant la sage décision de s’entendre avec les Génois qui dominaient le commerce maritime, veilla à ce qu’ils s’installent sur l’île de Chios et poursuivent leurs relations commerciales avec l’Anatolie à partir de là sous sa protection (728/1328). Comme Chios devint un centre commercial et une porte d’entrée vers le monde occidental, cela permis à Chisma, à son tour, de se développer plus rapidement. En plus de son importance militaire et stratégique, Chisma acquit dès lors son avantage commercial pour la première fois de son histoire.

En conséquence, à partir du milieu du 8ème  siècle (14ème siècle), Chisma devint un point d’intérêt pour les nouveaux colons. Il devint donc indispensable, tant pour les Turcs que pour les nouveaux arrivants nés à l’étranger, d’apprendre à faire partie d’une société qui s’avéra plus tard caractéristique de la région. Le nom Chisma, connu jusque-là sous le nom de Cyssus, fut transformé en Passagio (Passage) dans le monde latin.

 

En 1328, Byzance envahit l’île de Chios pour mettre un terme à ce développement qui menaçait gravement leurs intérêts. Cependant, ‘Umar Bey reprit l’île lors d’un raid depuis Chisma au cours de l’hiver 728 (1328-29), et l’a rendit aux Génois à leur avantage sur la base de l’accord bilatéral existant. Suite à cette opération militaire, le nom de Chisma prit sa place dans les pages de l’histoire pour la première fois.

 

La flotte des croisés fut organisée par le Pape avec l’assurance que les Églises Orthodoxe et Catholique s’uniraient au cours des conflits byzantins pour le trône. La flotte reprit le château du port d’Izmir et détruisit l’armada de ‘Umar Bey, en mettant le feu à toute la flotte, sans pouvoir toutefois envahir Chisma et la péninsule.

 

Cette défaite ne limita pas les intérêts des Turcs, qui comprirent l’importance et les avantages d’une présence maritime, mais provoqua un déplacement du centre des opérations d’Izmir à Chisma, ce qui entraîna le développement ultérieur de Chisma.

 

Une évolution importante de la colonisation turque au 8ème  siècle (14ème siècle) fut causée par le déclin d’Ildiri, l’héritier de la célèbre ville byzantine d’Érythrées, avec son passé splendide et brillant, manifeste des ruines encore visibles aujourd’hui. Ildiri, qui en plus de son port bien gardé, possède d’immenses ressources d’eaux de source, était habitée depuis le début de la conquête turque, comme en témoignent les pièces de monnaie découvertes lors des fouilles du site.

 

Les marchands génois de Chios étaient déterminés d’établir de bonnes relations avec l’Anatolie au 8ème  siècle (14ème siècle) et le port de Chisma étant la position la plus avantageuse sur la côte anatolienne. La concurrence entre Musulmans et non musulmans d’Izmir qui dura dans la seconde moitié du 8ème  siècle (14ème siècle), provoqua une augmentation des activités commerciales des maisons de commerce sur l’île de Chios. La présence du transport maritime entre Chios et l’Anatolie, en raison des traités préexistants entre les Génois et les Aydinogullari, mit fin à la recherche d’un port adapté sur les rives occidentales de la péninsule d’Urla. Par conséquent, Chisma fut préféré à Érythrées, qui était plus éloignée de Chios et avait une voie d’accès plus complexe. Chisma est à seulement 18 miles (29km) de Chios, et situé juste en face de Chios (Sakiz).

 

Bien que les conditions environnementales n’étaient pas aussi bonnes que celles d’Érythrées, le port de Chisma offrait des conditions similaires. Le port, qui était protégé des vents de toutes les directions, les fontaines et les terres arables des environs, répondaient à tous les besoins des marins. Le fait que l’eau potable était la priorité absolue parmi les besoins des marins montre probablement l’origine du nom Chisma.

 

Avec le martyre de ‘Umar Bey en 1348, par un barrage de flèches alors qu’il escaladait les murs du château de Smyrne lors d’une tentative de recapture, les opérations généralisées des Turcs dans la Mer Égée stoppèrent. Bien que les Turcs locaux aient continué à utiliser leurs compétences et leurs connaissances de la mer.

 

À la fin du 8ème siècle (14ème siècle), le Sultan Bayazid I (Yildirim) envahit Chisma et en fit une partie de l’Empire Ottoman. Lorsqu’il fut vaincu et asservi par Tamerlan lors de la bataille d’Ankara, les forces de Tamerlan s’emparèrent de la forteresse du port d’Izmir. Là, de nouveau, les opérations maritimes se réorientèrent vers Chisma et favorisèrent le développement de la ville.

 

Après le départ des forces de Timour d’Anatolie, Chisma passa une fois de plus sous la souveraineté des Aydinogullari jusqu’à sa ré-annexion par les Ottomans en 825 (1422). Les relations commerciales entre l’île de Chios et Chisma se transformèrent en une relation entre les Ottomans et les Génois qui dura jusqu’en 973 (1566). L’efficacité des marins turcs sur la route de transport entre Sakiz et Chisma se poursuivit jusqu’au milieu du 13ème siècle (19e siècle). Cela montre également que ce n’était pas un hasard si Chisma fut à l’origine des premiers marins ottomans.

 

La souveraineté turque sur Chisma se poursuivit depuis lors, sauf pendant l’invasion grecque qui eut lieu plus de trois ans après 1337 - 1340 (1919 -1922). Chisma fut témoin d’événements historiques importants au cours de ses six cents ans d’existence. Ceux-ci peuvent être résumés comme suit:

Lors de la victoire des Ottomans sur les Turcomans (Hassan Ouzoun) pendant la guerre d’Otlukbeli en 876 (1472), les Vénitiens, qui étaient alliés des Turcomans à l’époque, envoyèrent une flotte pour bombarder et piller Chisma et d’autres colonies côtières sous la domination ottomane. (Rabi’ ath-Thani 877/Septembre 1472). Ce bombardement souligna de nouveau l’importance de Chisma en tant que centre commercial important et cible stratégique au milieu du 9ème siècle (15ème siècle). Les dommages causés par cette attaque n’empêchèrent pas Chisma d’exercer ses activités commerciales, mais soulignèrent la nécessité de défendre les ports de commerce. Les Ottomans remportèrent la victoire sur les rives de l’Adriatique pendant la guerre entre les Turcs et les Vénitiens en  905 (1499).

Une deuxième campagne contre Chisma fut menée par les Vénitiens en 907 (1501). Pour surmonter leur désespoir, les Vénitiens envoyèrent une flotte en Mer Égée pour une contre-attaque, ils bombardèrent Chisma et débarquèrent leurs troupes pour ravager et piller la ville. Cette deuxième campagne donna la priorité à la défense de Chisma et aboutit à la construction de la forteresse de Chisma.

 

Pendant l’ère des avirons et des voiles, Chisma et ses environs eurent un statut spécial pour la force navale turque. Chaque année, la flotte ottomane quittait par habitude Istanbul du port de Halic à l’occasion de la « veille de la campagne navale » (le jour de Hidrellez, le 6 mai, était officiellement le début de l’été). Des biscuits étaient fournis aux marins de Gallipoli. Ensuite, les navires devaient être mis en cale sèche à Foca (Focia), où les coques étaient traitées avec de la résine de pin. Cela était suivi par la navigation des bateaux à Chisma comme base finale. L’eau y était fournie, le personnel lavait ses vêtements, se baignait dans le hammam et se rendait sur le site de l’opération à Chisma, y compris les ports de Pasa, Ildiri et ses environs. Cette coutume dura très longtemps.

 

Dans l’histoire navale turque, Chisma pleure également en souvenir de la bataille navale de Chisma, qui eut un impact important dans l’histoire maritime turque lorsque la flotte ottomane fut détruite par des brûlots[1] envoyés par les Russes. En conséquence, la forteresse et la ville furent pillées par les Russes et les Grecs.

En fait, il est plus intéressant que les Russes, qui s’installèrent plus tard en Mer Égée pendant quatre ans, bombardèrent la ville et la forteresse de Chisma à deux reprises ; une fois le 6 Sha’ban 1186 (2 novembre 1772) et une fois de plus les 29 et 30 Rabi’ al-Awwal 1188 (9 et 10 juin 1774). Ce qui est curieux car les seuls bombardements des Russes sur les côtes anatoliennes pendant ces quatre années, eurent lieu une fois à Canakkale et une fois à Bodrum. Le fait que Chisma ait été bombardée et détruite trois fois, alors que tous les ports et établissements de la Mer Égée ne le furent pas, est une question curieuse qui devrait être débattue en profondeur par les historiens et les experts en stratégie militaire.

 

La forteresse de Chisma

 

Comme le montre l’histoire et en particulier les endroits marécageux au climat chaud sur les côtes anatoliennes, n’ont jamais été préférés pour l’habitation mais les emplacements plutôt communs pour les colonies sont les plaines et les plateaux.

 

Les rives occidentales d’Anatolie n’étaient pas dignes de confiance, à l’époque où la Mer Égée n’était pas sous le contrôle des Turcs, entre le 4 et 9ème (XIe et le XVIe) siècle. Les pirates de la Mer Égée organisaient des attaques soudaines pour incendier les maisons, asservir ou tuer les gens. Par conséquent, des résidences ne furent jamais construites sur les rives de la mer sans forteresse.

Les villes, et les villages que nous connaissons, étaient à une certaine distance du bord de la mer. Urla, est à environ 4 ou 5km du rivage tandis que Seferihisar et Sigacik sont à nouveau à peu près à la même distance du bord de mer.

La première colonie de Chisma, qui porte son nom, se trouvait également à 3km du rivage. Ces faits peuvent conduire à l’hypothèse que les colonies de bord de mer furent fondées en tenant compte d’une certaine zone de sécurité, consistant en une distance de marche d’une heure du rivage.

Suite à la documentation primaire et exacte sur le statut de Chisma et de ses environs datant de 870 et 872 (1466 et 1468), le premier événement survenu fut l’attaque de la marine vénitienne contre le port de Chisma en 877 (1472).

 

Les Vénitiens envoyèrent leur flotte sur les côtes anatoliennes afin d’éprouver les Turcomans. Focia, Klizman, Izmir, et plus au sud Antalya, furent parmi les endroits qui furent attaqués par la flotte vénitienne. Le but de la flotte vénitienne était d’attaquer les ports les plus actifs de l’Anatolie, et de nuire autant que possible aux territoires turcs. Par conséquent, les ports qu’ils choisirent pour les attaques furent ceux qui avaient été fondés bien avant et qui étaient les plus efficaces.

 

Le listage de Chisma parmi ces ports avait deux causes profondes importantes. C’était avant tout un port important et efficace qui était vulnérable aux attaques ennemies. Et deuxièmement, il n’y avait aucune installation pour assurer la défense du port. La prévention contre une deuxième attaque à Izmir, qui subit une catastrophe, fut la construction de la forteresse du port, qui commença initialement en 818 (1415), mais arrêtée par le Sultan Muhammad Jalabi (Celebi ou Chalabi).

 

Les attaques contre Chisma eurent lieu avec Izmir et Klizman en Rabi’ ath-Thani 877 (septembre 1472). Cette attaque, qui n’a été rapportée que dans les sources occidentales, fut dirigée vers le passage également connu sous le nom de Passagio. Parce que c’était une porte importante pour l’accessibilité à l’île de Chios. Les entrepôts commerciaux et les entrepôts sur le rivage furent incendiés. Il fut également rapporté que les tapis brodés dans les magasins, les tissus de soie de toutes les couleurs et l’alpaga de laine de chèvre Angora furent pillés. L’ennemi débarqua soudainement et dévasta avant même l’arrivée des Turcs, et repartirent avec leurs navires.

 

Les attentats de 877 (1472) montrèrent clairement que Chisma était l’un des ports importants des côtes occidentales d’Anatolie. C’était un centre important et en développement. Mais les possibilités de défense et les installations n’étaient pas aussi efficaces. Bien que de nouvelles mesures défensives aient été prises à Izmir à la suite de l’attaque de 877 (1472), Chisma ne prit pas sa part de ces mesures. Cette attaque pouvait signifier l’arrêt du commerce de Chisma et diriger toute l’attention sur Izmir, mais ce ne fut pas tout simplement le cas, au contraire, le commerce de Chisma resta aussi actif qu’avant.

 

Alors que le développement de Chisma se poursuivait, les Ottomans obtinrent des succès importants pendant la période du Sultan Bayazid II, à commencer par la guerre contre Venise sur les rives de la Mer Adriatique en 905 (1499), et Venise répondit à ces campagnes en attaquant Chisma pour la deuxième fois en 907 (1501).

Ces deux attaques contre Chisma qui eurent lieu à 30 ans d’intervalle prouvent l’importance économique croissante de la région. Aucune forteresse ou installation défensive similaire ne fut construite à Chisma pendant cette période. Le fait qu’un important port de commerce comme Chisma était fréquemment attaqué, força très probablement les hommes d’état turcs à rechercher des mesures préventives.

 

Finalement, la construction de la forteresse commença. Elle fut construite par Mir Haydar entre 914 et 915 de l’Hégire (1508/1509). Il était indiqué sur l’épigraphe de l’architecte de la forteresse que la forteresse avait été construite par Muhammad Ibn Ahmad Ibn Mou’allim, sans qu’il y ait de date sur l’épigraphe.

 

Une date de construction plus précise pour le fort de Chisma peut être trouvée dans le registre des dons datant de la période de Bayazid ath-Thani, et ceux-ci furent publiés par Mr. Rifki Melul Meric. Son épigraphe et les registres du journal de bord de Bayazid ath-Thani (II) indiquent clairement que la Forteresse de Chisma était un nouveau bâtiment construit par les Turcs.

 

La déclaration dans le journal de bord, en particulier, met l’accent sur le fait que le bâtiment était nouvellement construit le prouve, sans aucun doute. En bref, la Forteresse de Chisma est un bâtiment complètement nouveau avec son emplacement et d’autres caractéristiques, qui découlent des conditions qui virent le jour à l’époque des Turcs. Sa construction fut le résultat de la coopération d’ingénieurs, d’architectes et d’ouvriers turcs, du fait que la région était habitée à l’époque par une majorité turque.

 

Une équipe bondée de commandants participa à la construction de la forteresse. Mir  Haydar, qui était le Sanjak Beg d’Aydin à l’époque est le premier nom à retenir, qui fut également mentionné dans l’épigraphe. Le deuxième responsable après lui fut Mawlana Mouslih ad-Din en tant que Qadi d’Ayasulug. Cheikh Moussa Zaym fut le dépositaire du bâtiment et il fut en fait responsable de la construction. Le nom de son assistant était Muhammad (Mehmed), et ils avaient tous leurs parts et responsabilités dans la construction.

 

En 1082 (1671), Awliyah Jalabi (Celebi) vit la forteresse qui figurait sur la carte de Biri (Piri) Raïs dessinée au début du 10ème (XVIe) siècle et décrivit ce qui suit :

« Elle est située sur un rocher bas sur le rivage ; la mer se trouve sur son côté occidental. Il y a un champ décliné et une montagne sur le côté oriental. Il y a un total de cinquante maisons à l’intérieur de la forteresse toutes couvertes de terre, et alignées dans la direction ouest vers l’île de Chios. Son gouverneur (castellan) et les 185 soldats privés y vivent. C’est la forteresse de Houshabad, faite de pierres dans un plan quadrangulaire. Elle est situé dans le sens de la longueur est-ouest, mesure deux cents pas (enjambés) le long du fossé qui descend et sa largeur est de cent cinquante pas (enjambés).

 

La circonférence de la forteresse est alors calculée comme sept cents pas. La forteresse est entourée de fossés sur trois directions. Mais il n’y a pas de fossé dans la direction ouest, là où les vagues heurtent les rochers. Elle porte une solide porte en fer, qui donne accès vers la périphérie au sud. Il y a un pont-levis au-dessus du fossé pour le passage. Il y a une section administrative de deux étages de ce côté de la porte. La citadelle a une porte en fer donnant sur l’ouest avec la date de construction écrite dessus. Il y a une autre porte en fer après la première. De cette façon, la citadelle est accessible par deux portes. La mosquée du Sultan Bayazid II de l’étage supérieur est juste au-dessus de ces portes. »

 

La description par Awliyah Jalabi reflète la condition de la forteresse telle quelle. Le Dr I.A. Yuksel mesura également la forteresse et proposa les mêmes dimensions, qui sont : 127 x 82-86 m. La partie supérieure est plus courte sur les côtés étroits.

Les deux bastions circulaires, dont Awliyah Jalabi mentionna lors de leur phase de construction, sont actuellement la partie la plus basse de la forteresse. La citadelle se compose de deux sections principales, où la deuxième division était probablement la section résidentielle. Le premier était probablement destiné à des fins militaires.

 

Suite à sa construction, la Forteresse de Chisma reçut un châtelain, un steward en chef, des soldats privés, l’affectation de dirlik pour ce personnel fut arrangée et la forteresse fut également équipée de divers outils de guerre. Le castellan avait un apanage de 7097 aspers, et l’apanage de son chef steward était de 2,052 aspers.

La richesse partagée entre l’huissier, le magasinier, l’artilleur, le chef et le prédicateur de la mosquée construite à l’intérieur de la forteresse, qui s’appelait Bayazid-i Sani, et les autres soldats furent rassemblés de trois villages.

71500 pièces d’argent furent partagées entre 54 personnes en 936 (1529). Le fief pour le personnel, les artilleurs, l’huissier valaient 1500 pièces d’argent chacun, ce qui était en fait inférieur au fief accordé aux autres états-majors.

Le statut de la richesse distribuée différa légèrement durant les années suivantes. Par exemple, le personnel fut réduit à 50 en 983 (1575). Le nom du premier castellan (commandant) de la forteresse de Chisma est inconnu. En 936 (1529), Hizir le Signaleur et en 983 (1575) Muhammad Ibn Roustoum devinrent les châtelains. Le dernier gouverneur selon les archives des années 1246 (1830) fut Hasan Ibn ‘Uthman. Une rédaction préparée dans le premier quart du 10ème (16ème) siècle montre le total des armes conservées à l’intérieur de la Forteresse de Chisma.

La forteresse s’impliqua dans des événements importants pendant les soulèvements grecs de 1236 1244 (1821-1828).

 

Pendant cette période, la population de la forteresse augmenta et atteignit 69 personnes. La caractéristique la plus significative qui attire l’attention dans les archives de cette période est, les non-musulmans qui furent enrôlés. Apparemment, 9 employés non musulmans furent enrôlés, dont 4 constructeurs de canaux d’eau, 2 architectes et 3 charpentiers.

L’effet de la sécurité sur le port fournit par la forteresse est également important. Avec le niveau de sécurité atteint, le volume des échanges devint encore plus important. Le revenu du village de Chisma, selon la rédaction écrite en 933 (1527) était de 50000 pièces d’argent.

 

Étant donné que le secteur du commerce atteignit des volumes plus importants, les besoins d’hébergement augmentèrent également. Un caravansérail fut construit par ‘Ali Babuccuoglu entre 934 et 935 (1528 et 1529). Selon Awliyah Jalabi, ce caravansérail était une association caritative du Vizir Ibrahim Bacha du Sultan Souleyman al-Qanouni.

 

La Forteresse de Chisma devint une forteresse qui ne servit avec ses canons que dans les années 1248 - 1249 (1832 et 1833) après son devoir final pendant le soulèvement grec. La forteresse perdit ses caractéristiques militaires après le retrait des canons après la guerre de Crimée.

 

La Forteresse de Chisma est un monument turc créé par les conditions qui se déroulèrent pendant la période turque en Anatolie. La séquence de construction de la forteresse qui commença à la fin de la période du Sultan Conquérant Muhammad se poursuivit pendant la première période du Sultan Souleyman Khan al-Qanouni en Anatolie. Les premiers exemples de telles forteresses sont Baba-kale, Candarli, Foca, Chisma, Sigacik et la Forteresse de Kusadasi au sud. La forteresse portuaire d’Izmir fut construite dans les années 877 (1472), la Forteresse de Sancak-kale dans les années 1067 (1657), la Forteresse de Sigacik dans les années 926 (1520). La Forteresse de Chisma est une structure entièrement turque qui fut achevée en 914 (1508).

 

Relations européennes et ottomanes-russes au 12ème (18e) siècle

 

Les relations extérieures devinrent plus compliquées au 12ème (18e) siècle, par rapport à la politique du 11ème (17ème) siècle. La guerre éclata en Europe au XVIIe siècle pour contrebalancer le pouvoir contre les dynasties telles que les Habsbourg et les Bourbons, ou pour envahir les terres des pays moins développés.

Les principaux événements et conflits du 12ème (18e) siècle n’étaient rien de plus que les divergences et les luttes pour l’héritage, le « conflit oriental » qui consistait en des ambitions, et des guerres sur les territoires des Ottomans, de la Suède et de la Pologne, et enfin et enfin les problèmes coloniaux et les guerres.



[1] Petit navire chargé de matières combustibles, destiné à incendier les bâtiments ennemis.