Chapitre deux
 
Le reste des gens du chantier naval et les soldats liés au bureau du Capitaine

 

Ce chapitre explique le reste des gens du chantier naval et les soldats liés au bureau du Capitaine (Capitaine Bacha) qui sont de deux types :

Premier ; Mariniers : Ils sont appelés « les gens du chantier naval. » Il y a au total mille huit cent quatre-vingt-treize personnes composées de capitaines, de calfats, de bombardiers, de charpentiers et d’autres. Leurs salaires annuels s’élèvent à soixante-dix charges d’aspers (700 000 aspers).

 

Second ; Les Begs : Détenteurs de grands fiefs (zaim) et de petits fiefs (timar). Selon ce que ‘Ali Efendi écrivit en 1017 (1608), c’est le numéro de cette classe. Cependant, il n’est pas stable à toutes les époques et fluctue. C’est donc, un nombre approximatif, pas un chiffre précis.

 

Province du Capitaine Bacha : Onze Sancaks (sous-divisions). Trois d’entre eux sont des salyane (terres pour lesquelles des taxes annuelles sont payées), les autres sont havas (pluriel d’has, c’est-à-dire un fief avec un revenu annuel de plus de 100.000 aspers). Il a un chambellan et un fonctionnaire financier timar (fief militaire). Gallipoli est le sancak qui appartient à un Bacha. Le fief du capitaine est de huit cent quatre-vingt-cinq mille aspers, le fief du chambellan des finances est de quatre-vingt-huit mille trois cent quatre-vingt-dix aspers et le fief du fonctionnaire de la timar est soixante-deux mille soixante-dix-sept aspers.

 

Le Sancak de Gallipoli a quatorze zeamets (grand fief) et trente-deux timars (petit fief). Les sancaks de cette province et leurs Begs navals sont les suivants :

Sancak d’Eğriboz (Eubée) : Il a quarante mille quatre cent aspers d’has, douze zeamets et cent huit timars. Son Beg prit la mer avec un navire.

Sancak d’Inebahti (Lepanto) : Il a trois charges d’aspers d’has, treize zeamets et deux cent quatre-vingt-sept timars. Son Beg rejoignit la flotte avec un bateau.

Sancak de Midilli (Lesbos) : Il a deux cent quarante mille aspers d’has, quatre zeamets, et quatre-vingt-trois timars. Son Beg part en campagnes militaires avec un navire.

Sancak de Siğacik : Il a trois charges aspers d’has, trente-deux zeamets et deux cent trente timars. Il devint un has pour le superviseur du chantier naval d’état.

Sancak de Kocaeli : Il a deux cent trente-six mille cinq cents aspers d’has, vingt-cinq zeamets et cent quatre-vingt-sept timars. Son Beg avait l’habitude de faire des campagnes militaires avec un navire. Plus tard, il fut chargé de donner du bois de mille sapins à l’Arsenal (au lieu d’envoyer un navire).

Sancak de Karhili : Il a deux charges, soixante-quatre mille quatre cents aspers d’has, onze zeamets et cent dix-neuf timars. Son Beg part (aux campagnes militaires) avec un navire.

Sancak de Rhodes : Il a deux charges, soixante-dix-sept mille aspers d’has, cinq zeamets et soixante et onze timars. Son Beg part en campagnes militaires avec un navire. Quatre navires sont donnés par la taxe gouvernementale.

Sancak de Biga : Il a deux charges, treize mille aspers d’has, six zeamets et cent quarante-six timars. Son Beg part en campagnes militaires avec un navire.

Sancak de Mezestire : C’est au Péloponnèse. Il a deux charges, dix-neuf mille aspers d’has, seize zeamets et quatre-vingt-onze timars. Son Beg participe aux campagnes militaires avec un navire et un de rechange.

Salyane : Ils sont à Chios, Naxos, Mehdiye et trois d’entre eux sont à Chypre. Tous obtiennent de l’argent des hommes chargés de la propriété et participent à des campagnes militaires avec un seul navire. ‘Ali Chalabi Bacha établit ces sancaks quand il était le capitaine.

 

Province de Chypre : Cette province appartient à la marine et au bureau du capitaine. Il a le trésor, les responsables financiers timar et un chambellan trésorier. Nicosie était chargée de payer le bois de sept mille sapins. Trois mille étaient pour la mer et quatre mille pour la terre. Ses sancaks sur terre sont Içil, Alaiye, Tarse et Sis. Ses sancaks navals sont Nicosie, Paphos et Kyrenia avec Salyane. Ils envoient un navire chacun. Le Bacha a un navire et un de rechange. Les Begs de Teke et Menteşe vont sur la terre et certains vont sur la mer avec un navire chacun. Les Begs de Değirmenlik, de Salonique, d’Alexandrie d’Égypte et de Damiette font des campagnes militaires avec un navire chacun. Ils totalisent une vingtaine de navires qui pourraient être un peu plus ou moins. Ce qui est écrit dans les sancaks qui ont été mentionnés sont cent trente-huit zeamets et mille quatre cent trente-quatre timars. Deux d’entre eux fourniraient mille cinq cent soixante-douze soldats. Les détenteurs de fief (détenteurs de zeamet et has) donnent un cebeli pour chaque cinq mille et les détenteurs de timar donnent un cebeli pour chaque trois mille. Il y a trente-cinq charges, vingt-cinq mille aspers, et les revenus annuels des zeamets et des timars sont cent huit charges d’aspers. D’après ce calcul, la somme de cebelis et des autres soldats est de quatre mille cinq cents soldats. Il devient six mille trois cents soldats avec l’adjonction de mille huit cent quatre-vingt-treize soldats marins. Cependant, la plupart des détenteurs de zeamet et timar donnent de l’argent (en échange pour se rendre aux campagnes militaires). En dehors de cela, les provinces de Tripoli (celle d’Afrique du Nord), de Tunisie, d’Algérie et de Kafa sont également liées au bureau du capitaine. Ils protègent leurs provinces. Ils participent à des campagnes militaires lorsque cela est nécessaire. Ils fournissent trois mille quatre cents soldats, de sorte que les soldats pour les guerres navales totalisent dix mille. Cependant, la plupart d’entre eux sont des calculs (sur papier) et d’autres sont similaires à cela.

 

Sagesse : Dans ce monde de moyens, quelque chose sert comme moyen de gagner sa vie pour les gens et ainsi tout le monde est engagé dans quelque chose. Par conséquent, ce travail est fait et l’ordre de la maison de quiconque et de la société est maintenu de cette manière. Sinon, il n’est pas facile de tout faire à chaque période tel qu’il fut écrit. Il y eut des différences selon les différentes périodes de l’état. Le même ordre ne fut pas maintenu parce que les différentes circonstances requises pour vivre ensemble dans les villes et dans des larges groupes le nécessitent.

 

 


 

Chapitre Trois 
 
Comment la flotte effectue une campagne militaire dans la mer selon la loi 

 

D’abord, un voyage est entreprit de Beşiktaş à Yedikule, puis ils y restent pendant un ou deux jours afin de coordonner. Puis ils se déplacent de là et d’Ekinlik, Gallipoli à Marmara et les cyprès dans le jardin de Piyale Bacha à l’extérieur du Boğazhisar sont tous des ports sûrs dans les tempêtes et entre quarante et soixante milles de distance. Pendant les campagnes, ils restent dans ces ports sûrs ; ils ne les évitent pas. Ils restent un jour dans le jardin des cyprès et obtiennent suffisamment d’eau. Ils envoient leurs petits bateaux au Boğazhisar qui est en face d’eux afin d’obtenir trente bûches de bois de pin pour espalmer les navires. C’est parce que cela ne se trouve nulle part ailleurs. Quand ils atteignent ce port, deux galiotes utiles vont à la recherche de la flotte et ils attendent à deux ou trois milles de la flotte parce qu’elle n’est pas sûre à l’extérieur des Dardanelles. Ensuite, ils font la même chose dans tous les ports sûrs. Puis ils se préparent après la prière de l’aube et se mettent en ordre avec la bastarda au milieu, d’autres vaisseaux tout autour, comme une poule couveuse qui marche lentement avec ses poussins sous ses ailes. Ils ne naviguent pas vite comme un navire messager. Les galiotes de surveillance mentionnées ci-dessus avancent d’environ trois milles et signalent s’ils voient quelque chose. Il y a aussi d’autres sentinelles derrière le Chambellan de l’Arsenal, qui sont suivis de dix galères essentielles, la bastarda et la flotte. Elle navigue avec une lanterne allumée la nuit. Ils naviguent à l’arrière pour remorquer les navires qui sont affaiblis, ceux dont les voiles sont déchirées ou les vergues brisées à cause des tempêtes et pour les aider. Deux navires begs partent une heure plus tard après la flotte afin de rassembler les soldats qui restent. Après le cap de Baba, le port de Sivrice, (les îles de) Lesbos et Chios sont atteints. De là, ils se dirigent vers les rives de Roumélie et arrivent à Avarin via Evia et Moton. C’est l’endroit où notre flotte se réunit et c’est un lieu de rassemblement majeur. Deux galiotes utiles sont envoyées sur les rives des mécréants pour que certains prisonniers soient utilisés comme informateurs. Messine est l’endroit à cinq cents milles qui est à travers Avarin et l’endroit où la marine des mécréants se rassemble ; c’est leur principal lieu de rassemblement. Les navires de la Papauté, de Malte, du Duché et de l’Espagne s’y rendent et communiquent avec Venise. Si les deux marines découvrent qu’elles se trouvent dans leurs lieux de rassemblement respectifs (c.-à-d. Avarin et Messine), alors ils ne quittent pas leurs ports et ils protègent ces zones. Ou s’ils sortent et mettent la voile dans une certaine direction, c’est la manière de le faire. Cependant, ils laissent les navires faibles dans le port. Certains d’entre eux partent du port d’Incir ou des régions plus en amont. Ils ont de l’eau tous les trois jours. Quand ils sont autour des îles, ils ne partent pas avant d’accomplir la prière de l’aube. S’ils atteignent un port dans l’après-midi, ils partent. Ils ne vont pas plus loin dans un port. Ils ne restent pas dans la mer à moins d’être en haute mer. Ce n’est pas la loi ; il a des inconvénients. Cependant, s’il est nécessaire d’aller de Rhodes à Alexandrie, qui est une distance de cinq cent milles, ils voyagent deux nuits dans la mer s’il y a du vent favorable. Sinon, le voyage prend alors environ trois à quatre nuits. Quand il faut aller de Moton, Avarin ou Tripoli au Maghreb, ce qui représente une distance d’environ sept cent milles, il faut environ trois nuits avec un vent favorable et il faut cinq à six jours s’ils doivent utiliser les avirons. Quand il est temps que les navires se préparent à appareiller, il leur est conseillé d’allumer leurs lanternes la nuit si une tempête éclate, et ceux qui n’ont pas de lanternes devraient aussi en avoir pour éviter les navires de se heurter les uns aux autres dans la tempête. Ils calculent la navigation de chaque navire jour et nuit et ils examinent les cartes. Si un vent défavorable les envoie dans la mauvaise direction, ils le marquent sur la carte et continuent leur chemin. Si, selon leurs calculs, il y a moins de quarante-cinquante milles devant eux la nuit, ils abaissent les voiles et laissent les navires avec le quartier-maître, c’est-à-dire que le navire navigue tout seul, puisque les rives arabes sont basses. Ils vérifient la profondeur de la mer par un fathomètre (le fathomètre sera expliqué dans le chapitre sur l’armement) et s’ils trouvent que la profondeur de la mer est d’environ vingt-trois brasses, ils s’ancrent, parce que cela leur permettrait d’y rester. Cependant, un galion se soulève, et ne permet pas un virage en rond. Lorsque le matin arrive, ils font ce qui est nécessaire. Un navire est espalmé deux fois, une fois tous les trois mois au besoin pendant une campagne militaire. Ils partent d’abord de Chios et ils arrivent à Evia, puis Moton et Avarin et ils les espalment encore une fois. Ils sont de nouveau espalmés au port de Foya, sur la côte anatolienne. Ils espalment les navires de la marine en premier. Les navires begs protègent le port dans la mer. Après qu’ils le sont, les navires des Begs sont également espalmés. Il n’est pas conseillé de les espalmer tous à la fois. Cela devint apparent dans l’année de Khalil Bacha. La différence de navigation entre un navire qui a été espalmé et celui qui ne l’a pas été est une double performance. Disons que si un navire qui a été espalmé il y a longtemps navigue à dix milles à l’heure, un navire récemment huilé naviguera à vingt milles à l’heure. Si une galère a été espalmée récemment et qu’elle navigue avec un vent favorable, elle peut couvrir deux cents milles de distance en quinze heures, selon ce calcul.