Chapitre Six

 

Ce chapitre traite des combats dans la voie d’Allah des deux ‘Ali Bacha

 

La campagne militaire d’Ejderhan

 

Auparavant, le capitaine Piyale Bacha était devenu un Vizir du Conseil et Mouezzinzade ‘Ali Bacha, qui avait servi pendant qu’il était le commandant en chef des janissaires de Zigetvar, était devenu le capitaine après l’ascension du Sultan Salim Khan au trône. En 975 (1568) il continua à exercer le métier de protecteur des rives et en 976 (1568/1569)  partit pour les campagnes militaires d’Ejderhan, de Kafa et d’Azov. La raison de cette campagne était la suivante : Sous le règne du Sultan Mahmoud Ghazan de la famille Jingiz, un groupe de Tatars ayant eu l’honneur de devenir musulmans, il y eut des guerres dans cette région qu’ils adoptèrent comme leur patrie et devinrent connu sous le nom de Tatars de Kazan. Après la chute de l’État de Ghazan, ils tombèrent sous la pénible domination des mécréants russes. Maintenant, leur demande était arrivée dans les bureaux du Sultan, qui est le refuge du monde, et ils suggérèrent l’idée de creuser l’espace entre les deux rivières et de les joindre. Khoja Mehmed Bacha disait qu’avant toutes les expéditions perses, l’important est de fournir des céréales et des fournitures pour les soldats et penserait aux moyens d’y parvenir. Les deux rivières, dont l’une était l’eau de Tan qui coulait vers la Mer Noire et l’autre, la rivière Itil qui se jetait dans la Mer de Chirvan, se rapprochaient presque l’une de l’autre pour s’unir à un moment donné puis s’écartaient de nouveau l’une de l’autre. Si ce point est creusé et que les deux rivières convergent, il serait facile de fournir de la nourriture, de la boisson et de l’aide aux soldats à Demirkapi, à Chirvan par la mer et les soldats pourraient trouver un chemin vers les côtes de Gilan et Tabaristan. Certaines personnes instruites dirent également que cette tâche était facile compte tenu de l’influence et de l’aide du Sultan. Par conséquent, comme Cherkez Qasim Beg, qui était le trésorier de Shikki Sani, connaissait cette région, il reçut la province de Kafa et fut envoyé en avant. Il envoya des hommes fiables et fit mesurer la zone. Comme la distance entre les deux rivières était de six milles, il en informa les bureaux du gouvernement. Le Vizir fit tout ce qu’il pouvait et envoya des excavatrices, des pelles et d’autres armes et approvisionnements à la flotte. Ils fournirent aux Tatars Khan et au Bacha de Kafa des janissaires et des soldats en nombre suffisant. Ils atteignirent la ville en ruine d’Ejderhan et commencèrent à creuser. Les Tatars Nogay vinrent également et après trois mois, ils n’avaient creusé qu’un tiers. Brusquement, une rumeur circula parmi les soldats que l’hiver dans cette région serait très dur. Ils n’enterrèrent même pas les pioches et les pelles et ils partirent simplement. Certains dirent que les Tatars Khan les avaient effrayés, qu’il ne voulait pas que ce travail soit fait. Ainsi, toutes les dépenses qui furent faites à cet effet furent gaspillées.

 

La morale de l’histoire est que, ce n’est pas juste de commencer un grand projet avec un petit homme. Chaque tâche nécessite un leader approprié. Si le Sultan était arrivé et avait commencé la tâche mentionnée au moment opportun, il aurait pu la surmonter. De telles tâches sont l’œuvre d’un Sultan influent et non pas de Vizirs et de commandants.
En 999 (1591), Sinan Bacha décida également de creuser la rivière Sakarya et de la laisser couler jusqu’au lac de Sapanca. Cela ne fonctionna pas parce que le Sultan est responsable de vérifier que ce travail est nécessaire et d’initier le travail ; s’il ne le comprend pas et ne le surveille pas, cela ne marchera pas.

 

La campagne militaire pour la conquête de Chypre

 

Cette île était entre les mains des Vénitiens depuis très longtemps, il y avait eu la paix avec eux et nos relations étaient bonnes. Cependant, les pèlerins et les navires de commerce allant en Egypte étaient soumis à des exactions causées par les pirates de cette île. Lorsqu’on les questionnait, ils le niaient et disaient que ceux qui pillaient dans les mers étaient les navires de Messine et de Malte. En attendant, quand il est devint évident qu’ils avaient saisi et pillé son bateau pendant le voyage du trésorier d’Egypte, il devint nécessaire de mener une campagne militaire contre eux. Quand ils demandèrent une Fatwa (édit religieux) du Sheikh de l’Islam Abou Soud Efendi, la Fatwa suivante fut délivrée :

 

Le problème : Si auparavant une province appartenait à un pays islamique, mais après un certain temps les mécréants, puissent-ils être détruits, la saisissent, détruisent ses madrassas (écoles) et mosquées et la remplissent complètement de traditions mécréantes : s’ils méprisent la Religion Islamique et répandent leurs sales comportements à travers le monde, et si le Sultan, qui est le refuge de la religion, essaie de saisir ce pays des mains de ces maudits mécréants conformément au zèle islamique, et qu’aussi si la province mentionnée apparaît dans l’accord entre leurs mains quand la paix fut faite avec d’autres provinces, qui étaient auparavant dans les mains de ces mécréants, cette pure Shari’ah (Loi Islamique) empêcherait-elle leurs efforts pour mettre fin à l’accord mentionné ?

Réponse : Il n’y a aucun moyen qui l’empêcherait. Si le Sultan des Musulmans fait la paix avec les mécréants, cela devrait alors être en accord avec la Shari’ah afin que cela soit bénéfique à tous les Musulmans. Sinon, la paix ne sera jamais conforme à la Shari’ah. Si cela est considéré comme bénéfique, elle devient permanente ou temporaire. S’il est jugé nécessaire de le résilier au besoin, bien entendu, il devrait être résilié.

Dans la sixième année de l’Hégire (628), le Prophète d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fit un accord pour dix ans, notre maître ‘Ali, puisse Allah l’élever, écrivit un accord solide et après l’accord fut finalisé. L’année d’après, il pensa qu’il était plus utile de le terminer et, dans la huitième année de l’Hégire (630), il ordonna qu’ils attaquent et conquièrent la Mecque. Le Calife d’Allah de l’univers (c.-à-d. le Sultan Ottoman) s’est conformé à la Noble Sounnah du Noble Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

La personne qui a écrit ceci est l’infime serviteur d’Allah, Abou Soud.

 

Maintenant, conformément à l’édit du Sultan, les navires furent construits et tous les armements et provisions nécessaires furent préparés. Beaucoup de nourriture fut accumulée sur les piliers du pays ottoman. Parmi les Vizirs, le cinquième Vizir Lala Mustafa Bacha devint le commandant de tous les soldats. Les soldats du gouverneur général anatolien Iskandar Bacha et du gouverneur général de Karaman Hassan Bacha ainsi que le gouverneur général de Sivas Bahram Bacha, le gouverneur de Marash Mustafa Bacha, le gouverneur général d’Alep Dervish Bacha, l’ancien gouverneur général de Shahr Zour Mouzaffar Basha et des Begs de Roumélie, les Begs de Tirhala, de Yanya, du Péloponnèse, d’Ilbasan et de Prezirin ainsi que cinq mille janissaires, leur chambellan appelé Yahya et des armuriers, des canonniers et d’autres troupes parmi les janissaires se consacrèrent à ce travail. Afin de protéger la côte, le troisième vizir Piyale Bacha reçut également l’ordre de partir. Cent quatre-vingt galères, dix galéasses et cent soixante-dix barges et karamürsel, avec un total de trois cent soixante navires, le capitaine ‘Ali Bacha mit les voiles de Beşiktaş vers la Méditerranée au milieu de Dzoul Hijjah 977 (16-26 mai 1570). Le précieux Sultan regarda également le départ des soldats musulmans jusqu’à Yedikule dans son bateau. La flotte royale atteignit Fenike, mais comme les soldats anatoliens n’étaient pas encore arrivés, ils y restèrent pendant vingt jours et partirent à l’aventure. Le vingtième jour de Safar 978 (24 juillet 1570), ils jetèrent l’ancre sur les rives de Tuzla, au sud de l’île de Chypre. Piyale Bacha obéit et n’alla pas à l’encontre du commissionnaire, bien qu’il fût à la fois le gendre du Sultan et le troisième Vizir. Sur sa commande, il débarqua d’abord sur l’île et installa le pavillon du commandant. Les autres Bachas prirent le commandant de gloire et d’honneur et l’emmenèrent dans son pavillon et Piyale Basha revint aux navires de la flotte et prit sa position.

 

Le siège de Nicosie

 

A cette étape, ils se consultèrent et les principaux officiels décidèrent par consensus de donner priorité à la saisie du château de Nicosie, qui était auparavant la capitale située au centre de l’île. Le gouverneur général de Sivas, Bahram Bacha, resta dans le port de Tuzla afin de protéger les vivres et les munitions. Les navires de la flotte et Piyale Bacha reçurent l’ordre d’empêcher les mécréants de venir de la mer et d’emmener les soldats d’Alep et de Damas dans l’île. Comme le capitaine Ali Bacha était très habile et enthousiaste, il fut affecté au siège du château. Lorsque les Begs de Kirshehir et Akshehir arrivèrent au front avec le pavillon et que les mécréants sortirent et commencèrent la bataille, Hassan Basha, le gouverneur général de Karaman les rattrapa par derrière puis attaqua et les mécréants se dispersèrent et s’enfuirent vers la forteresse. Le jour suivant, le célèbre capitaine arriva et débarqua avec de grands régiments. Les emplacements des tranchées furent immédiatement examinés et les avides soldats du commandant d’une part, les janissaires d’un autre côté, Iskandar Basha et le capitaine ‘Ali Basha de directions différentes et le gouverneur d’Alep Dervish Bacha d’une autre direction, les Begs de Roumélie et Mouzaffar Bacha qui avait été démis de ses fonctions et Hassan Bacha qui était le gouverneur général de Karaman d’un autre côté entrèrent dans les tranchées, après quoi les canons furent installés sur quatre côtés. Le même jour, le gouverneur général de Marash Mustafa Bacha fut envoyé au siège du château de Famagouste avec ses soldats provinciaux. Le trente et unième jour du siège de Nicosie, à savoir le 13 Rabi’ al-Awwal (15 août 1570), à midi, les mécréants du château attaquèrent les soldats Karamanides. Les combattants musulmans étaient prêts, et ils se battirent sans pitié. Beaucoup de mécréants furent tués et pris au cours de cette bataille, le reste s’enfuit vers le château.

 

La conquête de Nicosie

 

En attendant, un capitaine nommé Kara Khoja vint de chez ‘Oulouj ‘Ali Bacha, qui était le gouverneur général d’Algérie. Précédemment, la Tunisie avait été prise à l’Émir Ahmed de la famille Hafs et le pays de la famille Hafs avait été détruit et était devenu une province indépendante en Shawwal 977 (mars-avril 1570). Au mois de Safar 978 (juillet-août 1570), ‘Ali Bacha mentionné ci-dessus prit la mer pour rencontrer la flotte. Comme il rencontra des navires de Malte, il prit quatre de leurs galères et informa le gouvernement qu’il était retourné en Tunisie pour réparer les navires endommagés pendant la bataille. Comme il envoya les drapeaux obtenus des navires, ces drapeaux renversés furent hissés à travers le château et les mécréants furent effrayés. Après cela, les signes de conquête et de victoire commencèrent à être observés jour après jour. Le cinquante et unième jour, qui était le huitième jour de Rabi’ al-Akhir (9 septembre 1570), les héros d’Anatolie et de Karaman entrèrent du côté occidental de la forteresse. Les autres combattants entrèrent avec leurs escadrons et leurs régiments à travers les brèches qui avaient été ouvertes et ils tuèrent certains des mécréants et prirent d’autres prisonniers. Leur commandant se réfugia dans le palais, qui ressemblait à un château, mais il fut également capturé et tué par la force de combat de Dervish Bacha. Cette forteresse passa entre les mains des combattants musulmans avec l’aide d’Allah et les églises furent transformées en mosquées. Une fois mesurée, son périmètre s’avéra être d’environ huit mille huit cent quatre-vingt-huit yards (8127m).

 

L’obéissance du peuple de Kyrenia et de Paphos

 

Après la prise de Nicosie, les gens de Kyrenia et Paphos furent envoyés à la tête du Beg de Nicosie et ils furent appelés à se rendre. Ils acceptèrent heureusement. Ils remirent les forteresses et les villes et leurs capitaines reçurent des cadeaux. Des soldats furent assignés pour leur protection. Précédemment, Mustafa Beg, qui était gouverneur général de Marash, avait reçu l’ordre de saisir Famagouste. Il était sur le point de l’atteindre et de la conquérir lorsqu’une nuit le capitaine du château sortit subitement et attaqua. Comme le gardien était ailleurs et que tout le monde était à l’aise et inconscient, l’armée fut dispersée. Cependant, le célèbre Bacha, étant une personne habile et expérimentée, resta là où il était et fit tout ce qu’il put pour empêcher les dommages causés par l’ennemi. Quand les mécréants ne purent réaliser ce qu’ils voulaient, ils se retirèrent et s’enfuirent vers le château. Il y eut environ deux cents prisonniers et environ le même nombre de morts par l’épée.

 

La morale de l’histoire est que pendant les raids nocturnes et la guerre, les commandants devraient rester à leur place et ne pas bouger. Dans toutes les occasions où les commandants ne bougèrent pas, l’ennemi se retira. Lorsque le Grand Vizir Hafiz Ahmed Bacha était au siège de Bagdad, Shah ‘Abbas avait attaqué avec ses soldats chiites et la plus grande partie de l’armée avait été dispersée, mais comme le commandant resta dans sa position, ils ne furent pas vaincus. Ceux qui avaient fui revinrent à la base du drapeau et les soldats du Shah repartirent.

 

Le siège de Famagouste 

 

Après la conquête de Nicosie, le quinzième jour de Rabi’ al-Akhir (16 septembre 1570), les commandants et les soldats islamiques vinrent également encercler le fort de Famagouste. Piyale Bacha frappa les côtes de Crète puis arriva avec environ deux cents navires et assiégea cette île. Le château était un fort escarpé, construit sur des rochers durs sur la rive. Ils creusèrent une profonde tranchée et coupèrent la route de ceux qui allaient et venaient. Pendant ce temps, les grains, précédemment apportés par le galion du Grand Vizir Mehmed Bacha, étaient déchargés sur l’île et, alors qu’il s’apprêtait à partir avec le butin de guerre et les prisonniers, la poudre à l’intérieur du galion prit feu et non seulement détruisit le galion mais aussi deux barges qui se trouvaient des deux côtés. Avec les marchands et les soldats glorieux, environ sept à huit cents esclaves et même beaucoup de biens et de nourriture furent détruits. Entre-temps, l’automne était arrivé et il n’y avait pas de place dans les environs où la flotte pouvait passer l’hiver, alors Piyale Bacha et le capitaine ‘Ali Bacha placèrent Arab Ahmed, qui était le Beg de Rhodes, au service du commandant avec quarante galères, et ils retournèrent eux-mêmes à Istanbul.

 

Le commandement de Pertev Basha 

 

Mustafa Bacha passa cet hiver à Chypre et au printemps, Pertev Bacha, qui était le deuxième Vizir du bureau du gouvernement, devint le commandant de la Flotte Royale et au milieu du Dzoul Qi’dah de 978 (5 au 15 avril 1571), ils prirent la mer avec deux cent cinquante galères et galéasses. Comme les soldats étaient à Famagouste, la flotte navigua plus tôt que d’habitude afin que la flotte des mécréants ne les atteigne pas avant eux. Il y avait un énorme manque de rameurs et de guerriers. Tous ensemble avec les navires de marins, ils comptabilisèrent jusqu’à trois cents navires. Au début de Dzoul Hijjah (26 avril - 5 mai 1571), ils atteignirent les environs de Famagouste et y jetèrent leurs ancres. Les canons, l’armement et les provisions furent déchargés et livré au commandant. Puis ils repartirent et attendirent au détroit de Rhodes pour bloquer la voie des navires ennemis.

 

La bataille de la forteresse de Famagouste

 

Le vingtième jour de Dzoul Hijjah (15 mai 1571), les soldats musulmans creusèrent encore des tranchées et commencèrent à tirer sur un certain nombre d’endroits. Ils creusèrent de grandes quantités de terre de chaque côté et construisirent des tunnels. Le trente-troisième jour du siège était le troisième jour de Mouharram 979 (28 mai 1571). Le souverain de Kilis Canpolad Beg fit creuser un tunnel vers le château et fit sauter le château à sa fondation. Avant que la fumée ne se dissipe, les combattants musulmans avancèrent et une bataille fut livrée depuis le lever du soleil jusqu’à midi. Arab Ahmed Beg se tenait au bord de la mer avec quarante galères, mais elle ne put pas être saisie ce jour. Le sixième jour de Safar (30 juin 1571), Mouzaffar Bacha fit creuser un tunnel de son côté, ouvrit une brèche et les soldats musulmans attaquèrent à partir de cet espace et livrèrent une bataille extraordinaire. En raison de la robustesse du château et de la plénitude des mécréants à l’intérieur, la victoire ne put être réalisée ce jour-là non plus. Une fois de plus, des tunnels furent creusés du côté du gouverneur anatolien Iskandar Bacha et les soldats avancèrent. Ce fut inutile, alors ils revinrent.

 

Le martyre des combattants musulmans pendant l’attaque

 

Le commandant, qui avait réalisé ce qu’il espérait après cette attaque, avait prévu de labourer le sol et de remplir les tranchées jusqu’aux cieux, puis d’attaquer. Les mécréants creusaient aussi des tunnels de l’intérieur et déposaient de la poudre à canon sous la terre qui remplissait les tranchées. La poudre fut mise à feu pendant que les combattants musulmans avançaient et environ trois mille combattants musulmans sur et autour des tranchées furent détruits. Des Begs, Ferhat Beg, qui était le Beg de Malatya, les Begs d’Ayintab, de Kars et de Divrigi, grands fiefs, officiers du régiment et de nombreuses personnes célèbres burent la coupe du martyre, qu’Allah leur fasse miséricorde. Jamais autant d’hommes sont morts à cause d’explosion des tunnels.

 

La morale de l’histoire est qu’avant d’attaquer la forteresse, de nombreux inspecteurs devraient vérifier le sous-sol afin qu’il n’y ait pas de pertes et de dommages de ce genre, car cela provoque la peur chez les soldats.

 

L’attaque des soldats à nouveau et la capture de la forteresse de Famagouste

 

Le vingt-septième jour de Safar (21 juillet 1571), les combattants musulmans du côté anatolien attaquèrent, combattirent et entrèrent dans le château. Pendant la lutte sans merci, ils réussirent à tirer huit canons à l’extérieur. Jour après jour, ils creusèrent des tunnels de tous les côtés et des brèches furent ouvertes. Quand ils arrivèrent à ce point, les mécréants tombèrent dans le désespoir. Le commandant qui avait réalisé son souhait, parla à ses soldats et les exhorta. De nouveau, le 8 Rabi’ al-Awwal (31 juillet 1571), ils attaquèrent le château de toutes les directions comme des abeilles. Les mécréants virent que la route de soutien était fermée. Les mécréants restants furent autorisés à contrecœur à se rendre dans les pays des mécréants et les clés du château furent apportées. Les mécréants sortirent et dressèrent leurs tentes loin de l’armée. Les soldats entrèrent dans la forteresse et la tâche de conquête et de saisie furent achevée. L’île fut rendue une province et donnée à Mouzaffar Bacha. Famagouste, Kyrenia et Paphos furent consignées comme des régions et des terres et annexés à la province des territoires d’Iyel, de Tarse et de Sis. Les sept cent soixante canons de la forteresse furent écrits comme un revenu. Le commandant des environ quatre mille mécréants qui étaient sortis était un homme têtu et maudit, nommé Pragdi. Il tua ses prisonniers musulmans et comme il échoua à donner des garanties pour les galères qui étaient réservées et se querella, il fut insulté et torturé et finalement écorché. Quatre mille mécréants furent distribués aux galères pour ramer. Alors le commandant, qui réalisa son souhait, partit et revint aux bureaux du gouvernement ou il fut ensuite loué. Les vers :

Deux conquérants[1]* ont conquis Chypre

(Mustafa Pacha et ‘Ali Pacha. Le mot « conquérant » est doublé)

 

Et l’autre :

Shah Salim a capturé l’île de Chypre

Donne la date de cette conquête (en numérologie. Pour plus de détails sur la numérologie, voir notre volume II d’Akhir Zaman).

 

La campagne militaire de la flotte à Lépante

 

D’abord, Pertev Bacha et le capitaine ‘Ali Bacha se rendirent de Chypre à Rhodes et se reposèrent quelques jours dans cette région. Il n’y avait aucune trace de la flotte ennemie et aucune nouvelle à ce sujet, alors ils allèrent dans l’île de Crète. Alors qu’ils erraient et pillaient les côtes, le gouverneur général algérien ‘Oulou ‘Ali Bacha les rejoignit avec une vingtaine de navires. Ils convinrent entre eux, pillèrent et brûlèrent l’île de Kefallinia. Après cela, ils débarquèrent sur l’île de Corfou, la pillèrent et l’endommagèrent. Puis, ils prirent les châteaux appelés Sopot, Oulgoun et Bar, qui étaient parmi les châteaux vénitiens du côté de Roumélie. Ils passèrent beaucoup de temps sur la mer et il n’y avait pas encore de nouvelles ou de traces de la flotte ennemie. A l’approche de l’hiver, seuls quelques propriétaires de fiefs étaient restés sur les navires et sur les navires de guerre, la plupart d’entre eux étaient partis sous un prétexte quelconque. Certains des guerriers et des rameurs avaient dispersé et les soldats restants allèrent dans le port de Lépante avec les navires de la flotte et s’ancrèrent là. Là, la nouvelle arriva que les navires ennemis, qu’ils soient détruits, allaient sûrement venir à la rencontre de la Flotte Royale.

 

Les navires des mécréants

 

Cent galères venaient de Venise et chacune d’elles transportait cent guerriers. Douze venaient du pape, quatre de Marine, quatre de Malte, trente de l’espagnol Anabolu et dix de Gênes, qui était lié à l’Espagne, et leur chef était Andrea, qui était appelé Oglan (le jeune). En outre, dix galères vinrent du Duc, qui était le Duc du pays florentin et souverain de Ligorne. Quatre venaient de Calabre, douze de Sicile, quatre du Portugal, douze navires volontaires, un total de deux cent deux galliots, vingt-neuf bateaux sièges, le plus petit de vingt-quatre sièges, sept galères de Venise, chacun transportait trois cents guerriers. Il y avait un millier de combattants dans chacun des deux galions vénitiens. De nouveau, vingt barges de Venise, sept cents soldats avaient été placés dans chacune d’elle. Les commandants de ces navires étaient le capitaine de Rome Marco Anton et le capitaine espagnol Don Juan d’Autriche, le fils illégitime de l’empereur Carlos V d’Autriche. Le capitaine vénitien était Sebastiani Veniero, qui était un gentilhomme vénitien, et les capitaines du Duché, de Gênes et d’Otrante étaient des capitaines volontaires. Les navires vénitiens manquaient cruellement de nourriture et les navires espagnols leur donnèrent des biscuits durs pourris et même difficiles à trouver. Ils se rassemblèrent, débarquèrent à Messine et le dix-septième jour et se présentèrent devant Holomuy. Quand le crieur de Venise arriva, ils le consolèrent en disant : « Sois patient, laisse-les s’affaiblir. » Vingt mille personnes ayant la force de combattre avaient été rassemblées en Espagne et embarquées à Gênes. Neuf mille Allemands, presque le même nombre de Malte et de Sicile, un total de vingt-cinq mille, auxquels s’ajoutent les précédents, quarante-six mille mécréants furent recrutés.

 

La consultation des soldats musulmans

 

Le commandant Pertev Bacha, le capitaine ‘Ali Bacha, le gouverneur général algérien ‘Oulouj ‘Ali Bacha, le gouverneur général de Tripoli, Cafer Bacha, le fils de Kheireddine Bacha Hassan Bacha et quinze sancak suppléent ainsi que les notables des soldats se réunirent et se sont concertèrent. ‘Oulouj ‘Ali Bacha n’accepta pas la bataille en disant : « Notre flotte est déficiente ; les navires sont endommagés en raison des excursions tout autour pendant six mois. Auparavant, quand ils passaient de Corfou à Lépante, les cavaliers et les janissaires pensaient que nous revenions et qu’ils étaient dispersés, avec ou sans permission. La flotte des mécréants ne peut entrer à travers les châteaux du détroit, il est dangereux d’en sortir. » Pertev Bacha fut d’accord. Le capitaine Bacha dit : « N’y a-t-il donc aucun effort musulman, l’honneur du Sultan ? Quelle différence s’il y a cinq ou dix personnes de moins sur les navires ? » Et d’autres protestèrent également et soutinrent le combat. ‘Ali Bacha déclara : « Comme nous avons décidé d’attaquer l’ennemi, allons-nous au moins du côté de la mer. » Le capitaine Bacha dit : « Il est préférable de tenir le rivage. » Il y eut beaucoup de désaccord sur ce point et ‘Oulouj ‘Ali Bacha dit : « Pourquoi les gens qui ont fait la guerre avec Kheireddine Basha et Turgut Bacha ne disent rien ? Quand un canon frappe un navire, il doit retourner à la terre en raison de la possibilité de couler et cela provoque la défaite des autres, » mais en vain. Il leur conseilla de « se débarrasser des lanternes, des grands drapeaux et des fanions des navires. » Quand le capitaine Bacha commença à ricaner, il abandonna. En fait, ce capitaine (le capitaine Bacha) était adroit et enthousiaste. Mais il n’avait jamais vu de guerre maritime ni ne connaissait la science de la piraterie. C’était un homme distingué et dur et, comme tous les ordres qui lui venaient, étaient des édits impériaux tels que « bien sûr, partout où se trouve la flotte des mécréants, attaquez et combattez-les sinon, vous serez réprimandé. » Donc, il convainquit tous les soldats sur son point de vue et ils décidèrent de livrer une bataille.



[1]* Mustafa Pacha et Ali Pacha. Le mot « conquérant » est doublé.