Chapitre Cinq

 

Sur les combats dans la voie d’Allah de Piyale Bacha

 

Après la mort de Sinan Bacha, le capitanat fut accordé au Bacha susmentionné et, dans l’exercice de ses fonctions navales, il exécuta de nombreux services pour sa religion et son pays.

 

La campagne militaire de Kalbiye pour aider la France

 

Comme écrit dans quelques livres d’histoire, le roi de France envoya un représentant au bureau du gouvernement en 961 (1554) et se plaignit du roi d’Espagne et demanda de l’aide par l’envoi  de flotte. Le gouverneur de la province de Gallipoli, Piyale Beg, reçut l’ordre d’aller dans ce district avec la Marine Royale. C’est le décret royal envoyé à cet égard au capitaine susnommé de la plaine de Terjan :

La copie du Noble décret

L’honneur des nobles Begs, l’élu des grands et des nobles, le précieux et le respectable, celui qui a obtenu l’assistance du Dieu Omniscient, de la province de Gallipoli et de mon capitaine Piyale :
(Que sa noblesse soit éternelle) Quand mon noble ordre vous atteindra, il faut savoir que mon décret royal a été envoyé auparavant et que vous avez reçu le commandement des vaisseaux de la flotte, qui ont reçu l’ordre de naviguer cette fois-ci, avec l’aide d’Allah. Vous devriez obtenir l’armement et les approvisionnements nécessaires, préparer les navires et Turgut, puisse son état exalté continuer, a été chargé de vous accompagner. Il a été ordonné que vous vous entendiez avec lui et que vous coopériez avec lui en faisant tout votre possible pour les affaires liées à mon état royal, qui est en harmonie avec la fortune et le bonheur. Cet ordre noble est toujours valable et comme vous avez été nommé commandant des soixante vaisseaux qui ont été assignés aux mers, mon homme exalté, l’ordre du monde, mon Grand Vizir Ibrahim Bacha, qu’Allah Exalté fasse continuer sa bonne fortune, et le trésorier ont envoyé mon décret royal et le commandant en chef des janissaires a reçu mon ordre de fournir les soldats janissaires nécessaires pour compléter les navires le plus tôt possible, pour trouver le rameurs, et obtenir tout l’armement et les fournitures nécessaires sans perdre de temps. Kocaeli et Lesbos Begs, qui ont reçu l’ordre de naviguer avec vous, ont également envoyés des décrets. J’ai également ordonné que, des sergents de mes portes sacrées, Mahmoud, puisse sa valeur augmenter, partent avec vous et qu’ensemble, vous travaillerez sur les soixante vaisseaux jour et nuit sans aucun retard ni négligence, et les compléterez. Trouvez les rameurs, prenez mes soldats janissaires réservés ainsi que les Sancak Begs, avec leurs soldats sur les navires et prenez la mer au bon moment et à la bonne saison. Rejoignez la flotte du Sultan de France à un endroit approprié et commencez les affaires liées à mon état royal d’accord et de coopération. Ce travail nécessite des efforts. Ne tardez pas. Complétez les navires rapidement et ne perdez pas une minute à naviguer avec les navires dès que possible. Mon sujet bien connu Turgut, puisse son exaltation se poursuivre, connaît toutes les conditions et les affaires de la mer. Ne vous retenez pas de le consulter. Dans la paix et l’unité totale, unis dans le cœur et le but, effectuez tout ce qui est requis par l’effort. Afin d’empêcher l’apparition de toute situation contraire à l’honneur et à la pureté du Sultanat, faites toutes sortes de bonnes œuvres. Les navires de marins volontaires ont également reçu l’ordre de partir ensemble. Mon sujet mentionné connaît leurs conditions. Travailler avec les capitaines des volontaires à travers lui, et coopérer avec eux comme il le juge approprié. Donner des biscuits durs à ceux qui ont besoin de biscuits durs et utilisez-les pour mener à bien les affaires liées à l’état royal et la religion à travers lui et en coopération avec lui et avec l’aide d’Allah, appliquez-vous pour atteindre l’honneur. Comme d’habitude, placez une vingtaine de cordiers dans chaque navire et en plus, déployez trente soldats des marins de Galata avec leurs armes à bord de chaque navire, partez ensemble et utilisez-les. Afin de protéger le chantier naval et d’effectuer le travail des dix navires restants, laissez un nombre suffisant d’hommes là-bas. Vous devriez savoir que vous devez faire confiance au sceau royal du Sultan. Ecrit dans le désert de Tarjan, à la fin de Rabi’ al-Akhir 962 (14-23 mars 1555).

 

La Marine Royale en route vers la France

 

Le capitaine mentionné ci-dessus prit la mer, conformément à l’édit impérial et, avec l’approbation des sages, d’abord atteignit les rives de Pulya, assiégea et prit en charge Rice. Puis ils capturèrent un certain nombre de châteaux sur cette côte. Cependant, pendant le siège de Rice, les gens qui y vivaient en avaient entendu parler et avaient fui. Un grand nombre de marins rapides et de janissaires débarquèrent. Ils pillèrent la province avec des guides et recueillirent beaucoup de butin. Pendant ce temps, ils apprirent que le capitaine espagnol Andrea Doria avait atteint les côtes d’Anabolu avec soixante-cinq navires, alors ils levèrent immédiatement leurs ancres et partirent pour s’y rendre. Cependant, Andrea en entendit parler à l’avance et alla ailleurs. Le capitaine Bacha se rendit dans certains des châteaux espagnols et les prit, certains par l’épée et certains par la reddition de leur peuple. Après avoir recueilli un butin innombrable de guerre, il jeta l’ancre près du château d’Elbe. Là, le capitaine français arriva avec une galère puis, ils se rencontrèrent et dirent que : « Le réel souhait de notre Sultan est la forteresse appelée Kalya ; allons-y et conquérons-la » et ils se dirigèrent vers cette forteresse. Ils l’atteignirent et après l’avoir assiégé pendant quelque temps et en marchant, ils saisirent la partie extérieure de celui-ci. Cependant, la partie interne du château était fortifiée et quand il s’avéra être difficile de s’entendre avec les gens, ils revinrent à temps et arrivèrent à Istanbul le jour de novembre (c.-à-d. le dernier jour pour les navires de la marine de naviguer en mer pour cette saison). Cette année-là, la France ne put pas obtenir la revanche qu’elle souhaitait de l’Espagne et surtout, ne put pas mener à bien ses tâches. Cependant, ils eurent de grandes batailles après, et les deux parties remportèrent à la fois succès et défaite dans les batailles. Ils se battirent comme des chats et des chiens et même aujourd’hui, il y a toujours une bataille entre eux et il ne leur pas possible d’obtenir la paix entre eux. Que le combat et le désordre soient toujours entre eux. En conséquence, la flotte espagnole cessa de venir à Venise.

 

Les campagnes militaires de l’Algérie et de Wahran

 

Descendant d’Algérie, le long de la côte nord-africaine, Wahran (Oran), qui est la jetée de Tlemcen, que Kheireddine Bacha avait précédemment conquis mais l’Espagne avait capturé son fort et étendu ses forces là. En 963 (1555/1556), le capitaine Piyale atteignit l’Algérie avec quarante-cinq galères, déploya ses soldats, l’attaqua et le conquit par la force de l’épée, puis revint à temps et entra dans l’Arsenal.

 

La campagne Militaire de Bizerte

 

En 964 (1557), le capitaine mentionné ci-dessus conquit la digue et le château de Bizerte, près de la ville de Tunis, avec une soixantaine de galères. Il navigua près de la côte nord-africaine et revint à l’Arsenal le jour de novembre.

 

La campagne militaire de Majorque

 

En 965 (1558), le capitaine Piyale partit une nouvelle fois pour la Méditerranée avec cent cinquante galères et arriva à l’île appelée Majorque près de la côte catalane, qui était aux mains des Espagnols, et débarqua ses soldats. Il pilla et détruit leurs villages et après avoir pris beaucoup de butin, il revint en toute sécurité à l’Arsenal. En cette année, le titre de gouverneur général de l’Algérie fut ajouté à son titre de capitaine.

 

La campagne militaire d’Avlonia

 

En 966 (1559), Piyale Bacha repartit avec quatre-vingt-huit galères. Devant Moton, il tomba sur une grande barge d’un mécréant et la situation en Europe fut questionnée et apprise. Ils furent informés que, comme Tripoli avait été conquis en premier, les mécréants maltais avaient été très effrayés et ils avaient écrit aux rois et supplié. Tous les commandants mécréants disaient que la grande marine s’apprêtait à partir avec une grande flotte et qu’il y avait une bataille entre Turgut Bacha et les notables et émirs arabes (les leaders ou les souverains) et que les Sheikhs visaient à coopérer avec les Européens pour endommager le royaume ottoman. Piyale Bacha avait également écrit au gouvernement et les avait avertis et ainsi dix galères avaient été envoyées par le Sultanat comme aide. Comme les mécréants, puissent-ils être détruits, entendirent parler de telles préparations par les armées islamiques, elles n’apparurent pas non plus cette année-là. À l’approche de la victoire, le Bacha mentionné ci-dessus rentra d’Avlonia et entra dans l’Arsenal. La flotte des mécréants se dirigea vers le district de Tripoli avec leurs navires. Ils passèrent l’hiver là-bas et quand le printemps arriva et que Turgut Bacha fit savoir qu’ils avaient l’intention de nuire aux habitants de cette région et surtout à Tripoli, le capitaine Bacha fut chargé par un édit impérial de préparer cent vingt navires jusqu’au printemps. Il commença à travailler et essaya de compléter cette quantité de navires à ce moment-là.

 

La campagne militaire de Djerba

 

Quand l’hiver passa et que le printemps vint, le capitaine Piyale Bacha leva les voiles avec cent vingt galères le huitième jour de Rajab 964 (4 avril 1560). Quand ils atteignirent l’île de Koyun, une frégate arriva de Turgut Bacha, qui était gouverneur général de Tripoli. Elle apporta la nouvelle que la flotte des mécréants maudits était près de l’île de Djerba et qu’ils attendaient une chance pour attaquer Tripoli. Le Bacha mentionné ci-dessus envoya un capitaine appelé ‘Oulouj ‘Ali, qui était l’un des pirates les plus célèbres de l’époque, au royaume des mécréants avec quelques galères pour prendre des prisonniers qui seraient utilisés comme informateurs. Il tomba sur une barge. Pendant qu’ils se rassemblaient des deux côtés, d’autres navires arrivèrent de l’arrière et saisirent la barge en la bombardant avec des canons. Quand ils prirent les capitaines à l’intérieur prisonniers, ils furent envoyés à Istanbul avec leurs armes. Quand ils arrivèrent à Moton, Kurdoğlu Ahmed Beg, qui était le Beg de Rhodes, et Mustafa Beg, qui était le Beg de la région de Lesbos, les rejoignirent avec un certain nombre de navires. Il y eut de grandes festivités et ils rejoignirent la flotte. Ils se reposèrent là pendant un moment et leurs navires furent espalmés. Après avoir terminé leur équipement, ils placèrent leur confiance en Allah et naviguèrent en direction de la haute mer vers le côté arabe, vers le Maghreb, le cinquième jour après le coucher du soleil (le 1er mai 1560).

 

Le pillage de l’île de Malte

 

Ils naviguèrent pendant quatre jours et quatre nuits avec un vent favorable et le lendemain ils atteignirent la petite Malte. Quelques guerriers courageux débarquèrent et allèrent dans les maisons des mécréants et après avoir pris beaucoup de butin de guerre et mirent le feu à leurs maisons et jardins. Ils prirent des prisonniers pour servir d’informateurs et quand ils demandèrent des nouvelles sur la flotte des mécréants, ils dirent qu’il y avait quarante-neuf navires, certains étaient dans les eaux peu profondes près de Djerba et ils ne savaient pas que les navires des Musulmans étaient arrivés. Par conséquent, le galliot qui était venu de la région où se trouvait Turgut Bacha fut alors envoyé à la personne mentionnée ci-dessus à Tripoli. Alors la Flotte Royale plaça sa confiance en Allah et se tourna vers la direction où se trouvait la marine des mécréants maudits. Après avoir navigué pendant deux jours et deux nuits, ils atteignirent la zone autour de Karkana qui était près de Djerba et ils mouillèrent. Le lendemain, les armes furent préparées pour le combat. Puis ils se déplacèrent à une distance de douze milles de Djerba et y jetèrent l’ancre. Djerba est une île à deux cents milles à l’est de Tripoli qui n’est pas trop loin de la côte. Il y avait un pont entre le rivage et l’île, mais ils le détruisirent.

 

La bataille de Piyale Bacha avec la marine des mécréants

 

Quand la Marine Royale arriva précédemment à Malte, les mécréants de Malte avaient envoyé un bateau et les avaient informés que la marine des Musulmans était arrivée. Alors, les mécréants, puissent-ils être détruits, partirent avec leurs navires et prirent leur position à environ sept milles de la côte et se préparèrent pour la bataille. Quand le matin arriva, les soldats musulmans virent les navires des mécréants et prirent alors leur formation d’attaque avec pompe et splendeur. Les mécréants se rassemblèrent et, alors qu’ils avaient décidé de fuir, ils virent les Musulmans attaquer. Certains d’entre eux s’enfuirent du côté de Djerba et entrèrent dans le fort et certains autres se dirigèrent vers la haute mer. Alors le Bacha divisa les navires en deux groupes et en envoya un à la poursuite de ceux qui allaient au château. Il resta lui-même avec les navires qui donnèrent la chasse à ceux qui naviguaient vers la haute mer et ensuite une formidable bataille s’ensuivie. La plupart des navires des Musulmans attaquèrent les galères des mécréants et de grandes batailles eurent lieu. À la fin, les Musulmans prévalurent et les maudits mécréants furent vaincus. De leurs vingt galères et vingt-six barges, certaines coulèrent, certaines furent capturées et certaines brûlées. Le capitaine d’Anabolu et ses fils, le fils d’Andrea Doria et le capitaine de l’île de Sicile parmi les commandants mécréants s’enfuirent avec les frégates par crainte pour leurs vies et entrèrent dans le château de Djerba. Enfin, la flotte des mécréants fut totalement saisie et il n’y eut pas de défaite similaire dans l’histoire. Le château mentionné ci-dessus était auparavant un endroit où les Musulmans avaient vécu mais étaient tombés d’une manière ou d’une autre entre les mains des mécréants. Comme sa conquête était importante, la Marine Royale venant de la mer et Turgut Bacha, qui était le gouverneur général de Tripoli, ainsi que d’autres souverains cette région, les cavaliers et l’infanterie des châteaux de Tripoli, Kairouan et Sfax vinrent des terres et tous attaquèrent le château mentionné et il fut assiégé de tous les côtés le troisième jour de Ramadan (28 mai 1560). Pendant la nuit, alors qu’ils se préparaient à entrer dans les tranchées, les mécréants sortirent et tirèrent de nombreuses flèches et canons. Quand les combattants musulmans tirèrent leurs épées et marchèrent vers eux, les mécréants ne purent pas répondre et s’enfuirent. Beaucoup de mécréants tombèrent et s’installèrent dans les tranchées. Loin des tranchées du château, les mécréants creusèrent une grande tranchée et déployèrent un bataillon autour d’eux et déployèrent environ trois mille mécréants capables et s’assirent là avec leurs tentes et protégèrent les environs. D’un autre côté, il y avait un puits et comme la plupart d’entre eux bénéficiaient de ce puits, une tranchée solide y avait été construite. Alors que les sept ou huit cents mécréants avec des falconets la protégeaient et portaient de l’eau jour et nuit à la forteresse et à la province, l’armée musulmane s’approcha du puits et ennuyèrent les mécréants avec des flèches et des canons.

 

L’attaque des mécréants et leur défaite 

 

Cinq mille mécréants d’origine espagnole et d’autres races furent sélectionnés. Cinq régiments prirent leurs positions de bataille avec six drapeaux différents et le treizième jour de Ramadan (7 juin 1560) ils attaquèrent les soldats musulmans, dont le caractère était la bravoure mais les combattants musulmans qui s’appuyaient aussi sur l’aide d’Allah, placèrent leur confiance en Allah et tirèrent leurs épées puis déployèrent leurs drapeaux en invoquant la grandeur et l’Unicité d’Allah. Pendant environ deux heures, les deux armées s’affrontèrent et ce fut une si grande bataille et un tel combat que les cieux et les anges l’apprécièrent aussi et applaudirent. Finalement, l’aide d’Allah prévalue et les Musulmans gagnèrent. Les mécréants furent vaincus et commencèrent inévitablement à fuir mais les rapides guerriers allèrent après eux et tuèrent tant de mécréants qu’ils ne purent être comptés. Ils gardèrent certains en vie et les tranchées remplies des tentes des mécréants furent reprises par les Musulmans, les drapeaux furent hissés et des festivités organisées. Le puits d’eau mentionné ci-dessus fut également capturé à ce moment (durant la bataille), de sorte que l’ennemi devint très faible.

 

Les mécréants attaquent une fois de plus 

 

Après cette bataille, quinze canons furent installés et devaient être tirés sans interruption, mais environ deux mille trois cents mécréants allemands et italiens revêtus d’acier firent preuve de courage et voulurent taire les canons et attaquer les tranchées. Ainsi, à l’aube, ils sortirent de la forteresse et marchèrent vers les tranchées. Cependant, les combattants musulmans ne furent pas pris au dépourvu et chacun d’entre eux résista bravement et combattit. Les mécréants attaquèrent pour obtenir les canons et ils se battirent pendant deux heures et personne ne vit jamais ce genre de bataille. Alors qu’ils se retournèrent finalement et s’enfuirent, les combattants musulmans profitèrent de l’occasion pour massacrer huit cent neuf mécréants et ils placèrent leurs têtes sur les mâts pour que tout le monde puisse les voir. Les mécréants coururent à l’intérieur et recommencèrent à se battre.

 

L’attaque des combattants musulmans sur les navires des mécréants 

 

Onze galères, qui avaient auparavant fuit la mer vers la zone près de la base du château, tiraient des canons, parfois de la tranchée, parfois par-dessus du fort et endommagèrent ainsi sérieusement les tranchées. Il était important de capturer les galères en premier. Cependant, comme elles se trouvaient dans une zone près de la base du château et qu’il n’y avait pas assez d’espace pour qu’un autre navire et canon de la Marine Royale puisse entrer, il n’était pas possible d’atteindre et d’attaquer avec les galliots. Par conséquent, les bateaux et les frégates des navires de la marine étaient remplis de soldats et de capitaines capables de porter des arcs et des flèches, des hallebardes et des fusils et sur la terre, des cavaliers armés de fusils étaient chargés de les aider. Quand ils commencèrent à marcher vers les navires de toutes les directions, les mécréants commencèrent à tirer des canons du château, de la tranchée et les balles tombèrent comme la pluie. Il devint impossible de distinguer et la lutte continua de l’aube jusqu’au milieu de la matinée. Les deux parties perdirent beaucoup d’hommes. D’autre part, il s’avéra que les mécréants rusés avaient inséré des poteaux robustes à quelques encablures de leurs galères et qu’ils avaient attaché les mâts et les vergues avec des chaînes, et fait une sorte de cour, de sorte qu’il devint impossible d’entrer et ils revinrent. Plus tard, sept ou huit canons furent placés dans les tranchées qui couraient le long des deux côtés du château qui étaient adjacents à la mer. Des canons furent tirés des deux côtés et la plupart des mécréants entre les deux furent tués et les autres se noyèrent dans la mer. Leurs canons furent également détruits et leurs galères coulèrent aussi profondément que leurs ponts. Les combattants musulmans, qui avaient cru en l’Unicité d’Allah, relancèrent la bataille du château après s’être assuré que les canons ne pouvaient pas les attaquer.

 

La bataille du château, sa prise et le meurtre des mécréants

 

Après cette bataille, ils durent changer l’emplacement de leurs tranchées dans vingt endroits au début du Shawwal (du 25 juin au 4 juillet 1560) jusqu’à ce qu’ils avancent et atteignent la tranchée du château. De chacun d’entre eux, plus d’un millier de mécréants émergèrent, se battirent, luttèrent puis furent vaincus et retournèrent à l’intérieur. En attendant, une source d’eau douce fut découverte d’où les mécréants creusèrent des puits et obtinrent de l’eau. Ils prirent le puit des mécréants après de nombreuses batailles et beaucoup de gens furent massacrés puis les mécréants levèrent leurs mains avec des cordes et des seaux. Ce faisant, ils dépensèrent beaucoup d’efforts et de force. Quand ils n’eurent plus de liens avec la province et qu’ils commencèrent à se battre avec des fusils et des canons, les soldats musulmans rassemblèrent toutes leurs forces et se frayèrent un chemin. Ils remplirent la tranchée avec leurs forts et érigèrent des hautes tours à cinq endroits de palmiers et d’autres arbres et quand ils furent en mesure d’attaquer la forteresse, ils y placèrent des canons portables et des soldats. Ils ne leur laissèrent aucun espace pour respirer et tirèrent des canons, des fusils, des flèches et des pierres. Leurs forts et leurs corbeilles furent complètement détruits et leurs éclats envoyèrent plusieurs centaines de mécréants en enfer. Leurs canons devinrent inutiles et chaque jour, cinq ou dix mécréants commencèrent à fuir des brèches. Bref, la bataille et la lutte se poursuivirent pendant quatre-vingts jours, et finalement au début de Dzoul Qi’dah (24 juillet - 2 août 1560), quand les mécréants, puissent-ils être détruits, perdirent l’espoir de survivre, espérant que l’Espagne prendrait des terres, le commandant Don Alvaro de Sandi, qui était parti avec huit mille huit cents mécréants, dans l’espoir de conquérir toutes les terres du Nord de l’Afrique à l’Egypte, entra dans ce château, choisit un millier de mécréants habiles parmi les hommes de confiance et la septième nuit de Dzoul Qi’dah (30 juillet 1560), il sortit du château et attaqua les tranchées à l’aube. Il y conduisit trois fois les soldats et pendant deux heures, une grande bataille se poursuivit, les deux parties perdirent beaucoup de soldats. À la fin, quand les mécréants ne purent pas supporter les attaques des combattants musulmans et s’enfuirent au château, les soldats musulmans s’emparèrent de l’entrée du château. La plupart des mécréants mentionnés furent passés par l’épée. Leur commandant, Don Alvaro de Sandi, aspirait à monter à bord des galères, mais les Musulmans, avec leurs frégates et leurs bateaux, ne l’ont pas laissé faire et avancèrent. Avec l’aide d’Allah Exalté, ce mécréant fut capturé vivant et ses galères furent pillées. Les galères inutiles qui avaient été tellement endommagées par des canons furent incendiées. Lorsque les mécréants à l’intérieur du château virent cela, ils commencèrent à crier : « pitié, pitié. » Leurs cris montèrent jusqu’aux cieux élevés. Les combattants musulmans qui vinrent ignorèrent ces cris et avec des prières, entrèrent dans le château, tuèrent la plupart d’entre eux et prirent le reste prisonniers. Les prisonniers furent enchaînés et la conquête du château achevée. Ils y restèrent trois ou quatre jours pour achever le travail nécessaire, puis pour discipliner les Arabes, connus pour leur opposition tenace dans la région, ils atteignirent la région de Tripoli le 15 de Dzoul Qi’dah (7 août 1560). Après ce vœu qui fut également accompli, le vingtième du même mois (12 août 1560), ils revinrent du côté de la Roumélie et le troisième jour de Dzoul Hijjah (25 août 1560), ils arrivèrent au port du château appelé Préveza. De là, ils naviguèrent revinrent aisément à l’Arsenal le sixième jour de Mouharram 968 (27 septembre 1560). Le jour suivant, les capitaines et les commandants ainsi que quatre mille mécréants parmi les soldats capables utiles, tirés de la flotte et du château de Djerba, furent emmenés au Divan-i Humayun (Conseil Royal) avec leurs tambours, leurs drapeaux et leurs canons. Piyale Bacha et les autres gouverneurs portaient des caftans et ils reçurent divers compliments et cadeaux du Sultan.

 

Les affaires de Piyale Bacha et sa célébration avec le titre de Vizir

 

En 954 (1547), ce Piyale Bacha avait reçut un poste à l’extérieur du palais en tant que surintendant des gardiens royaux et en 962 (1555) il devint capitaine à la place de Sinan Bacha, avec le rang d’un sancak. En 965 (1557), le titre de gouverneur général fut ajouté à son grade de capitaine. Cette année, il conquit Djerba et ramena environ quatre mille mécréants vivants et le capitaine d’Anabolu, qui possédait trois lanternes. Ses services furent appréciés. Son titre de gouverneur général avait été donné deux ans auparavant. Par conséquent, si on lui donnait le titre de Vizir, ce serait trop tôt, le grade de Vizirat ne semblerait pas important, donc le Sultan Souleyman Khan le jugea inapproprié et ne consentit pas. Cependant, comme ils voulaient le protéger, il reçut de nombreux cadeaux et avances. Puis ils le marièrent à Jawhar Khan, qui était la fille du prince Sultan Salim Khan. Cinq ans plus tard, il reçut le titre de Vizir. Telle était la valeur et l’honneur de ces titres à l’époque. Cependant, maintenant que les titres sont nombreux et qu’il n’y a pas de respectabilité, le Vizir n’a pas la valeur et le poids d’un gouverneur. Chaque augmentation en quantité nécessite une diminution de valeur.