Les navires des mécréants
Ceux-ci comprenaient les cinquante-deux galères d’Andrea
Doria, les soixante-dix galères du général vénitien, les
trente galères du capitaine du pape, les dix galères du
député de Migal Mastori, qui était le souverain de Rhodes,
quatre-vingts barges des rois d’Espagne et du Portugal ainsi
que les dix caraques de Venise, dont chacune était capable
de tirer avec deux mille fusils et de se tenir contre
cinquante galères. Andrea Doria avait un si grand galion que
son équipement de guerre était innombrable. Avec quelques
barges provenant d’autres endroits, un total de cent
soixante-deux galères et cent quarante barges, trois cents
autres navires et d’autres petits navires volontaires, plus
de six cents voiles furent observées. La flotte musulmane
comprenait un total de cent vingt-deux galliots. Kheireddine
Bacha consulta ses hommes et motiva ses soldats pour le
combat dans la voie d’Allah. Il avait préparé les mâts des
navires et les avait avertis avec insistance, en disant : «
Regardez-moi pendant que vous marchez, pendant que vous êtes
debout, » et aux navires volontaires, il dit : «
Éloignez-vous du groupe et bombardez avec les canons le
corps principal. » Les Begs suggérèrent de débarquer des
soldats et des canons sur le rivage. Kheireddine Bacha ne
trouva pas cela raisonnable. Cependant, quand ils
entendirent que les mécréants avaient l’intention d’entrer
dans le détroit de Préveza pendant la nuit, ils débarquèrent
les soldats sur le rivage et déployèrent les canons. Les
mécréants décidèrent de ne pas débarquer et commencèrent à
tirer avec leurs canons. D’autre part, Mourad Aga, Turgut
Beg, le capitaine Güzelce Mehmed, le capitaine Sadik
et d’autres parmi les volontaires avancèrent avec quelques
navires et effrayèrent ces gens méprisables. Au bout de deux
jours, lorsque quelques-uns de leurs navires rapides
arrivèrent dans le détroit de Préveza et commencèrent à
bombarder la zone où se trouvaient les navires islamiques,
ils se conduisirent mal et de façon arrogante. Le Bacha,
dont la principale préoccupation était la bataille et qui ne
pouvait penser qu’à la bataille, prit sa décision. Il battit
les tambours et les nakkares et fit déployer les drapeaux (à
savoir qu’il avait fait tous les préparatifs pour la
bataille). Puis il sortit par le détroit de Préveza et, dans
l’intention de répondre aux navires mécréants, il jeta
l’ancre à une distance d’environ six milles au large.
D’abord, il attendit que les navires musulmans se soient
rassemblés autour de lui. Quand ils vinrent tous s’aligner,
il donna un signal. Cent-vingt navires firent tirés trois
canons chacun et commencèrent à se déplacer. Ce fut comme si
la mer et le ciel rugirent et ils remplirent le cœur des
mécréants de peur. La nuit n’était pas loin. Après cela, ils
levèrent leurs ancres et s’enfuirent vers Corfou. Le Bacha
prit sa place et chercha la direction divine. Quand il rêva
qu’il recevait un grand nombre de poissons au port, il se
leva à minuit et ordonna à la flotte de se rendre dans cette
zone.
La défaite et la fuite des mécréants
Le troisième jour de Joumada al-Oula (27 septembre 1538),
Andrea Doria se prépara à entrer dans la baie de Lépante et
Kheireddine Bacha fit grimper ses hommes sur les mâts
lorsqu’ils atteignirent Bahshilar. Les mâts pouvaient être
vus devant Ayamavra et le port d’Incir. Ils se dirigèrent
tous en même temps et se préparèrent. Quand les mécréants
virent cela, ils débarquèrent à l’extérieur et comme le vent
de ce côté leur était favorable, les Musulmans eurent peur
parce que les galères ne pouvaient pas faire face aux
barges, signifiant qu’ils seraient vaincus. Ghazi Bacha pria
immédiatement et écrivit deux nobles Versets du Glorieux
Coran sur deux morceaux de papier et les laissa des deux
côtés de son navire. Puis, sur l’ordre d’Allah, les vents
cessèrent de souffler et les barges ne purent plus bouger.
La morale de l’histoire
est que les fameuses personnes qui sont les commandants ne
devraient pas seulement compter sur des choses matérielles,
mais, autant qu’elles le peuvent, elles devraient également
utiliser aussi bien les moyens spirituels. Les mécréants
désespérèrent comme ils étaient, s’alignèrent et
commencèrent à tirer des canons. Cependant, la plupart de
leurs tirs n’atteignirent pas leur cible. D’abord un galion
tira d’un certain nombre de canons. De la flotte royale, ils
les bombardèrent et les firent se retourner puis
affaiblirent leurs barges en les bombardant de loin. Quand
Andrea Doria et le Général réalisèrent et essayèrent de
résister, le combattant Bacha les attira et commença à
tirer. Ils sillonnèrent autour des barges. Les obus
tombaient comme la pluie des barges. Les deux flottes
étaient couvertes de fumée et elles ne pouvaient pas se
voir. La galère des mécréants se rendit à l’arrière des
navires islamiques à plusieurs reprises. Ils voulaient que
les navires islamiques restent entre les barges et les
galliots, mais ce n’était pas possible. Quand ils
attaquaient d’un autre côté, ils passaient immédiatement de
l’autre côté de leurs barges. Les barges se tenaient côte à
côte comme un château ; il n’y avait aucun moyen de les
séparer. À cause de la contrainte de tous les navires
musulmans, ils tournèrent leurs navires neuf fois et alors
le Bacha, qui attaqua comme un lion, dit « Allahou Akbar »
(une supplication comprenant la déclaration « Allah est le
plus grand ») et tira soudainement des canons. Il navigua
vers les barges, coula un certain nombre d’entre elles et
ouvrit un passage entre elles. Il se dirigea vers les
galères. Il avait ordonné aux soldats de ne pas recourir au
pillage des barges. L’attaque des combattants musulmans
effraya les mécréants qui furent abattus par la peur. Alors
leurs galliots ne pouvant pas supporter plus commencèrent à
fuir. La bataille continua jusqu’à entre deux temps de
prière. La plupart des barges coulèrent sous le feu des
canons. Quand Andrea Doria vit la situation, il s’arracha sa
barbe et laissant un autre galliot derrière, ils
s’enfuirent. Les vaisseaux musulmans les poursuivirent en
disant : « Nous avons les barges en main, les galères sont
ce que nous désirons » et ils saisirent deux galères. La
nuit arriva et un vent commença à souffler. Les mécréants,
inévitablement, incendièrent les navires qui étaient venus
dans la zone de bataille et étaient restés. Ils brûlèrent
jusqu’au matin. Du matin au soir, de si étranges batailles
se produisirent là où personne ne les avait vues auparavant.
Dans la matinée, ils revinrent à Ayamavra, avec une annonce
de conquête. Ils envoyèrent les deux capitaines au Sultan
avec son fils et ils atteignirent Préveza. Les Begs
embrassèrent leurs mains et célébrèrent. Pendant que le
Sultan Souleyman Khan chassait à Yanbolu, le fils de Ghazi
Bacha arriva et fut accueilli avec de grands compliments. Le
Divan s’était assemblé et l’annonce de la conquête fut lue à
haute voix pendant qu’ils étaient debout. Ils remercièrent
beaucoup Allah Exalté et le félicitèrent. Avec un édit
impérial, une augmentation de cent mille pièces d’akçe
fut accordée pour les domaines royaux du Grand Amiral, des
documents de conquête furent envoyés et les villes reçurent
l’ordre d’être décorées avec des drapeaux, des lanternes,
etc. D’un autre côté, Andrea Doria s’échappa et se rendit à
Corfou. Dans la nuit du quatorzième jour du même mois (8
octobre 1538), le Bacha et ses forces partirent de Préveza
et, cette nuit-là, ils atteignirent Bahshilar. Quand ils
réalisèrent qu’il n’y avait pas de mécréant en vue, ils
retournèrent à Préveza et permirent aux volontaires de
piller Kefallinia. Ils s’y rendirent et ne laissèrent que le
château. Tandis que, d’un côté, ils réparaient la forteresse
de Préveza, on apprit que les mécréants étaient arrivés au
Drac. Le Grand Amiral tira sa bastarda et passa la nuit en
mer. Tôt le matin, ils atteignirent la forteresse de Parga
et, comme les mécréants avaient fui, ils pillèrent et
incendièrent le château. Quatre cents prisonniers furent
pris. Sur leur chemin vers Bahshhilar, ils rencontrèrent
deux barges, les saisirent et ils se reposèrent là pendant
deux jours. Le troisième jour, à l’aube, ils se dirigèrent
vers le détroit de Corfou. Il y avait une grosse tempête.
Puis ils atteignirent Avlonia et y restèrent pendant dix
jours jusqu’à ce que le temps devienne agréable. Les soldats
firent face à de grandes difficultés. Ils avaient le choix
de passer l’hiver là-bas ou de retourner à Istanbul. Ils
choisirent de retourner à Istanbul. Ils rencontrèrent une
grande tempête au détroit de Bibercik, vinrent à Gallipoli
et entrèrent dans Istanbul avec de grandes festivités.
L’invasion de la forteresse de Nova par les mécréants
Pendant la tempête, Andrea Doria se tourna et attaqua Nova.
Comme le gouverneur de Nova ne prit pas les précautions
nécessaires, il la prit avec beaucoup d’effort et revint
après avoir déployé six mille soldats. Le Grand Amiral avait
atteint Avlonia à ce moment-là. Comme la tempête était
sévère, il leur était impossible de naviguer.
La campagne militaire du gouverneur général égyptien Souleyman Bacha du côté indien
Neuf cents ans après la migration du Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) (1494-95), comme l’Espagne avait
découvert le Nouveau Monde (ce sont les Musulmans qui
découvrirent les premiers les Amériques et non pas les
cruels espagnols), le Portugal essaya également sur les
ordres du pape et trouva un chemin de l’océan ouest à
l’océan est, à travers les montagnes Kamer, qui étaient la
source du Nil et, se déplaçant le long des côtes d’Abyssinie
et de Zanzibar, atteignit les côtes indiennes. Il saisit les
ports indiens et du Sind. Comme les dirigeants de ces
royaumes n’avaient pas le pouvoir de se défendre, le Sultan
du Gujarat demanda l’aide du Sultan Souleyman Khan. Le
Sultan diligent ordonna que trente galères et qu’une flotte
en ordre soient préparées dans le port de Suez et envoya
Khadim Souleyman Bacha, qui était le gouverneur général de
l’Egypte, afin qu’il se rende dans cette région et empêche
les ennemis de nuire aux côtes du Yémen et de l’Inde. A la
fin de Mouharrem 945 (18-28 juin 1538), lorsque le
Vizir mentionné ci-dessus, partit du quai de Suez avec la
flotte et atteignit la ville d’Aden sur la côte du Yémen au
nord du pays, le 17 de Rabi’ al-Awwal (3 août 1538), elle
fut prise (la ville) du fils de son chef Davir Amir d’une
manière appropriée. Sa tour et ses murs furent renforcés et
sa gestion fut confiée à Behram Beg. Puis ils s’embarquèrent
vers la place réellement sollicitée, la conquête du port de
Diu des ports indiens, qui avait été saisie et colonisée par
le Portugal. Ils naviguèrent avec un vent favorable et ils
atteignirent les châteaux portugais de Gova (Goa) et de Kare
près de Diu, le premier jour de Rabi’ al-Awwal (début
juillet) et débarquèrent des soldats sur le rivage ainsi que
des canons et prirent les châteaux en les bombardant.
Environ un millier de mécréants furent tués par l’épée. Puis
il voulut assiéger de nouveau le port de Diu. Cependant,
trois côtés de ce château étaient cernés par la mer et la
terre était une grande structure raide. Ils débarquèrent
environ vingt mille soldats et canons de la flotte et
assiégèrent la région. Des hommes furent envoyés au Sultan
Gujurati Malik Mahmoud pour des provisions. Alors que
le siège durait environ un mois et qu’avant, Amir, qui était
le dirigeant d’Aden, avait été tué, Malik Mahmoud eut
peur, ne vint et ni aida. Les mécréants à l’intérieur
devinrent désespérés alors que le château extérieur avait
été saisi. Cependant, comme Malik Mahmoud croyait les
mots des mécréants « Souleyman Bacha a pendu le souverain
d’Aden, que va-t-il faire de nous ? » Et leur tromperie ne
porta aucun fruit, il fit également fait d’autres
transgressions puis la paix et parvint à un accord avec les
mécréants. Les soldats islamiques renoncèrent à attaquer et
chargèrent les canons sur le navire et revinrent en toute
sécurité le vingtième jour. Son souverain devint soumis. De
là, ils allèrent à Aden et au quai de Zebid. Quelqu’un nommé
Ahmed l’avait saisi. Il était détenu dans un château
et fut capturé de manière appropriée. La province du Yémen
fut donnée à Biyikli Mehmed Bashaoğlu Mustafa Beg.
Cet homme y resta pendant environ un mois et effectua la
garde puis de là, il se rendit à Jeddah le vingt-deuxième
jour du mois (le 13 mars 1539), puis effectua le pèlerinage.
La marine alla à Suez et il alla en Egypte avec les pèlerins
par voie terrestre puis revint à Istanbul et assista au
Divan.
La campagne militaire de Kheireddine Bacha à Nova
Comme la reconquête du château de Nova qui était auparavant
tombé aux mains des mécréants était l’une des plus
importantes affaires d’état et religieuse, lorsque l’hiver
passa et que le printemps arriva, le gouverneur général de
Roumélie, Husrev Bacha, rassembla ses hommes à Sofia et les
envoya par voie terrestre à Nova. Le capitaine Kheireddine
Bacha prit la mer avec cent cinquante navires. Le huitième
jour de Rabi’ al-Akhir 946 (23 août 1539), il assiégea la
Forteresse de Nova avec trente-sept canons. En frappant le
château avec huit mille deux cents obus, tous ses murs
furent détruits en vingt-deux jours. Les combattants
musulmans arrivèrent et saisirent l’une des tours. Nova
avait deux grandes tours. Les mécréants s’enfuirent vers
l’autre et demandèrent grâce. Le Bacha la prit par la force
des épées et prit les mécréants prisonniers. Puis il fit
reconstruire le château, y mit vingt-six canons et envoya
des soldats au pays des mécréants pour piller avant de
retourner dans son pays d’origine avec beaucoup de butin de
guerre.
Les attaques du roi d’Espagne sur l’Algérie et la défense de Hassan Beg
En 948 (1541), le Sultan Ghazi partit en Hongrie pour une
expédition de bataillon et envoya Kheireddine Bacha pour
protéger la Méditerranée avec soixante-dix galères. Le roi
d’Espagne était également venu sur les rives de Venise pour
aider l’Empereur Ferdinand et piller le pays islamique. Il
entendit que Kheireddine Bacha était parti mais eut honte de
retourner dans son pays alors il se dirigea vers l’Algérie.
Avant cela, Khadim Hassan Aga, que le Bacha avait
nommé là-bas, avait équipé une trentaine de galères et de
galiotes et ne put résister au pillage des côtes espagnoles.
L’Espagne chargea environ quatre mille chevaux ainsi
qu’environ cinquante mille soldats sur cent barges et arriva
en Algérie le vingt-huitième jour de Joumada al-Akhir 948
(19 octobre 1541). Hassan Beg rassembla son conseil
et parla à ses soldats. Lorsque les mécréants dressèrent
leurs tentes et commencèrent à creuser des tranchées, Hassan
Beg vint avec six cents hommes turcs et environ deux mille
cavaliers arabes et effectua un raid nocturne, ce qui
bouleversa et confondit les mécréants pendant la nuit.
Environ trois mille mécréants furent massacrés et les
combattants musulmans rentrèrent en toute sécurité dans la
forteresse. Comme une offrande d’Allah, la cinquième nuit,
il plut beaucoup et de nombreuses tempêtes se produisirent.
La plupart des barges avec de lourdes charges échouèrent et
beaucoup d’entre elles coulèrent. Quand la poudre des
mécréants se mouilla et que les fusils et les canons
restèrent inertes, Hassan Beg sortit et les attaqua.
Il y eut une grande bataille pendant deux heures et ensuite
ils retournèrent de nouveau dans la forteresse. Pendant
cette tempête, cent six de leurs navires échouèrent et
quatre galères entrèrent dans le port. De ces navires, mille
quatre cents prisonniers musulmans furent sauvés. Les
mécréants se retirèrent inévitablement de la forteresse et,
avec beaucoup de dégâts et de honte, ils atteignirent le cap
de Tementos et attendirent avec impatience de retourner dans
leurs villes. Les Musulmans les poursuivirent et tuèrent un
grand nombre d’entre eux. La rivière Harras avait débordé et
comme ils voyaient que les forces algériennes les suivaient,
ils s’enfuirent dans l’eau et beaucoup d’entre allaient
pourtant se noyer dans cette rivière. Le reste embarqua sur
les navires restants le vingt-sixième jour de Rajab (15
décembre 1541) et levèrent les voiles. Une autre tempête
éclata et jeta leurs navires vers Bicaye. Ils trouvèrent
difficilement leur chemin et allèrent en Espagne. Cette
défaite du roi Charles Quint est célèbre et est rapportée
dans l’histoire. Peu de temps après Charles laissa le règne
à son fils, entra dans un monastère et devint prêtre.
L’appel à l’aide de la France et l’aide du Sultan conquérant
En 949 (1542), quand il y eut une grande hostilité entre le
roi d’Espagne et la France, François (I), qui était le roi
de France, envoya un émissaire aux nobles portes du Sultan
et demanda de l’aide et un soutien en demandant que la
marine royale soit envoyée dans cette région. Il fut décrété
que suffisamment de navires soient préparés pour cet hiver.
Alors Kheireddine Bacha fournit cent galères et au printemps
950 (printemps 1543) il navigua avec une flotte en ordre. On
a lu dans certaines publications qu’il navigua vers la
France cependant, je n’ai pas trouvé de détails et ni n’a
été en mesure de d’élaborer sur ce point.
Transition de Kheireddine Bacha vers le royaume de l’immortalité
Après que Ghazi Bacha ait navigué pendant un an ou deux pour
la protection, il revint à Istanbul et décéda le sixième
jour de Joumada al-Oula 953 (5 juillet 1546). Il fut enterré
dans son tombeau à Beşiktaş et était âgé de plus de
quatre-vingts ans. Le rapport « le capitaine de la mer est
mort » (en arabe) donne également la date de sa mort (dans
le calcul Ebced qui donne 953). Puisse Dieu Exalté lui faire
miséricorde.
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