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| La Fondation de l’État Seljouk de Roum 
					 
					
					L’État Seljouk de Roum fut fondé après et à cause du 
					déplacement d’un grand nombre de tribus turcomanes en 
					Anatolie. Mais le fondateur de cet état, Souleyman Ibn 
					Qoutalmish (petit-fils de Seljouk et fils d’Arsalan Yabghou) 
					ne faisait pas partie des commandants envoyés à la conquête 
					de l’Anatolie par Alp Arsalan après la victoire de 
					Manzikert.  
					
					En effet, parmi les conquérants mentionnés par les sources 
					ultérieures comme fondateurs de l’état, seul Artouk Bey peut 
					être vérifié. En 464 (1072), Artouk Bey vainquit une armée 
					byzantine commandée par Isaac Comnènes, le faisant 
					prisonnier, puis se rendit sur les rives du Sakarya, 
					laissant derrière lui l’Anatolie centrale. Lorsque la 
					rébellion de Jean Doukas créa une situation plus dangereuse, 
					l’Empereur conclut un accord avec Artouk et demanda son 
					aide. De cette façon, les Turcs atteignirent la baie 
					d’Izmit.  
					 
					
					En raison de la lutte pour la succession après la mort d’Alp 
					Arsalan, Artouk Bey fut rappelé à Rayy, la capitale du Grand 
					Empire Seljouk, et aida Malik Shah à vaincre son oncle.  
					
					Des événements tels que la campagne de Souleyman en 
					Anatolie, la mort d’Alp Arsalan, le retour d’Artouk dans la 
					capitale et la lutte pour la succession au trône sont 
					étroitement liés. Lorsque Qoutalmish fut vaincu et tué en 
					456 (1064), à la fin de son combat pour le trône contre Alp 
					Arsalan, ses fils furent bannis aux frontières byzantines. 
					Ces prince rouges (ou fils de princes) sans aucun pouvoir 
					commencèrent à organiser les Turcomans d’Anatolie autour 
					d’eux après le départ d’Artouk Bey. Et certains de ces 
					Turcomans n’étaient autres que les Yabghoulou (Yavkiyya, 
					Yavgiyan), les tribus qui se rebellèrent contre Toughroul 
					Bek et Alp Arsalan et s’enfuirent en Anatolie. (Ce nom, qui 
					est utilisé pour les Turcomans rebelles qui étaient les 
					adeptes d’Arsalan Yabghou, fut confondu avec celui de la 
					tribu Yiva.) Ils avaient maintenant besoin d’un prince 
					Seljouk pour les diriger.  
					
					La première apparition authentifiée sur la scène des fils de 
					Qoutalmish remonte en 467 de l’Hégire (1074), alors qu’ils 
					étaient impliqués dans une bataille en Syrie contre Atsiz, 
					le bey Turcoman (Yavkiyya), qui avait accepté le service 
					sous Malik Shah, et aussi quand ils essayèrent d’établir des 
					relations avec le calife ‘oubaydi en Egypte. Après avoir 
					échoué à gagner cette bataille, Souleyman entra en Anatolie, 
					après avoir assiégé Alep et Antioche sur son chemin. Il 
					reprit ensuite Konya et sa région à ses dirigeants grecs, 
					conquit Iznik (Nicée) sans aucune résistance et la proclama 
					sa capitale en 467 (1075). Il est également probable que 
					Toutaq (Touqaq), qui avait marché jusqu’à Bithynie à la tête 
					de 100000 hommes après le retour d’Artouk, le rejoignit 
					également.  
					 
					
					L’Empire Byzantin était dans un tel état et ses relations 
					avec l’Anatolie aussi coupées, que la conquête d’une ville 
					comme Iznik, qui joua un rôle important dans l’histoire du 
					Christianisme et qui était très près de Constantinople, 
					passa inaperçue dans les sources byzantines.  Elle ne fut 
					mentionnée qu’à l’occasion de la succession de Nicéphore III 
					Botaniatès en 500 (1078), comme appartenant à Souleyman, ce 
					qui montre que la conquête dut avoir eu lieu avant cette 
					date. Ceci est confirmé par la déclaration de certains 
					auteurs musulmans qui, malgré la distance, Iznik fut 
					conquise par Souleyman en 467 (1075) et non pas 1077, 1078, 
					1080 et 1081 comme il a été rapporté. 
					Quand son arrière-petit-fils Seljouk fonda un état 
					dans cette terre nouvellement conquise, les Turcomans 
					anatoliens acceptèrent sa souveraineté et les tribus nomades 
					qui en entendirent parler émigrèrent sur cette terre en plus 
					grand nombre. Il y a un lien entre la grande migration de 
					1080 et la fondation de cet état.  
					 
					
					En février 1074, l’Empereur Michel VII fit appel au Pape 
					Grégoire VII pour obtenir de l’aide, et en retour promit 
					l’unification de l’Église orthodoxe avec l’Église 
					catholique. Le Pape salua cette approche et convoqua 
					certains rois européens et toute la chrétienté à une 
					croisade contre les Turcs, qui avaient conquis les 
					territoires de l’Empire Byzantin jusqu’aux murs de 
					Constantinople. Mais le conflit entre la papauté et le Saint 
					Empire romain retarda l’organisation de la croisade pendant 
					vingt ans. Lorsque l’Empereur désespéra de toute aide de 
					l’Europe en 1074, il envoya un ambassadeur avec des cadeaux 
					inestimables à Malik Shah, mais toutes ces tentatives 
					n’eurent aucun résultat pratique.  
					
					Souleyman accrut le pouvoir de son état en intervenant dans 
					les conflits dynastiques à Constantinople et en aidant la 
					succession de Nicéphore III Botaniatès au trône. Il élargit 
					ainsi ses frontières et son armée établit son quartier 
					général à Usküdar (Chrysopolis) en 471 (1078).  
					 
					
					Plus tard, en soutenant Nicéphore Mélissène, il annexa les 
					parties de Phrygie et d’Anatolie occidentale qu’il n’avait 
					pas encore conquises. En 473 (1080), les Seljouk vainquirent 
					une armée byzantine envoyée vers Iznik en 1080 et se 
					retranchèrent sur la rive asiatique du Bosphore, où ils 
					établirent des douanes et commencèrent à contrôler la 
					navigation.  
					
					Comme ils n’avaient pas de flotte, la mer les empêchait 
					d’attaquer Constantinople. Quand Alexis Ier Comnène devint 
					empereur en 1081, la première chose qu’il fit fut de faire 
					la paix avec Souleyman afin de défendre les Balkans contre 
					les peuples chamaniques turcs au nord du Danube. Ce traité 
					permit au Sultan Seljouk d’étendre son pouvoir à l’est.  
					 
					
					Alors que la domination byzantine était en déclin en 
					Anatolie, un certain nombre de dirigeants arméniens 
					apparurent sur les rives de l’Euphrate et en Cilicie. L’un 
					de ces Arméniens, appelé Philarètes, soutenu par le 
					gouverneur de Malatya, Gabriel, coupa les communications 
					entre l’Anatolie et les pays musulmans de l’est et du sud. 
					En 475 (1082), Souleyman marcha vers l’est et, en conquérant 
					Adana, Tarse, Massissah et Anazarba en 476 (1083), établit 
					son contrôle sur toute la Cilicie. Pour sauver son royaume, 
					Philarètes se rendit chez Malik Shah, et adopta l’Islam ; la 
					population chrétienne d’Antioche, pour échapper à sa 
					tyrannie, invita secrètement Souleyman le 15 Sha’ban 477 (17 
					décembre 1084) et lui céda la ville. A cause de cette 
					conquête, il se disputa avec l’émir musulman ‘Ouqayli, 
					Sharaf ad-Dawlah, vainquit son armée et le tua (478/1085). 
					En raison de sa politique expansionniste et du siège d’Alep, 
					Souleyman dû se battre contre le frère de Malik Shah, 
					Toutoush, le gouverneur de Damas, et perdit la vie et son 
					armée le 20 Safar 479 (6 juin 1086).  
					
					  
					
					En dix ans, Souleyman ne conquit seulement pas un vaste 
					territoire. Les Arméniens, les Chrétiens syriens et les 
					hérétiques pauliciens, qui détestaient la pression 
					religieuse et la politique d’assimilation de Byzance, 
					trouvèrent sous l’administration de Souleyman la liberté 
					religieuse qu’ils recherchaient. Grâce à la liberté 
					religieuse typiquement turque et à une administration juste, 
					pleinement appliquée par les successeurs de Souleyman, 
					l’État Seljouk gagna la loyauté de la population locale et 
					se renforca.  
					
					Le calife abbasside reconnut le Sultanat de Souleyman en 
					envoyant les emblèmes appropriés, comme une robe d’honneur, 
					un diplôme et un étendard. Il devint ainsi Souleyman-Shah et 
					cet état-frontière des ghazi (combattants dans la voie 
					d’Allah Exalté, moujahid, pluriel moujahidine) fut sauvé de 
					l’influence chiite. Néanmoins, dès 467 (1074), en opposition 
					à ses cousins en Perse, il communiqua avec le calife
					
					
					‘oubaydi 
					en Egypte ; et, après avoir conquis Tarse, il n’hésita pas à 
					demander au chef chiite de Tripoli en Syrie, de lui trouver 
					des juges et des officiers religieux.  
					 
					
					A ce propos, il convient de souligner que l’opinion qui 
					prétend que Souleyman fut envoyé en Anatolie par Malik Shah 
					et déclaré son dirigeant, n’est qu’un mythe. Il en est de 
					même des sources byzantines qui, de manière caractéristique, 
					le dépeignent comme un vassal de l’empire, alors qu’en fait, 
					il tint leurs Empereurs à sa merci.  
					
					  L’Anatolie après Souleyman 
					 
					
					Après la mort de Souleyman, ses fils qui étaient avec lui 
					furent envoyés à Malik Shah ; pendant un certain temps, 
					entre 479-85 (1086-92), le trône d’Iznik fut vacant et 
					l’unité politique de l’Anatolie brisée. En 477 de l’Hégire 
					(1084), le fondateur de l’État Danishmand central, Ghazi Ibn 
					Danishmand ou Danishmand Koumoushtakin Ahmad Ibn ‘Ali 
					Taylou at-Tourkman, en tant que vassal de Souleyman et 
					complétant les opérations de ce dernier, attaqua Gabriel, le 
					gouverneur de Malatya.  
					 
					
					En 478 (1085), le conquérant de Chankiri et Kastamonou, 
					Qaratakin, prit Sinop et, la même année, l’émir Bouldaji 
					envahit les régions supérieures du Jayhan. Une autre 
					principauté, fondée par Menqouchek Ghazi entre Erzinjan et 
					Divriği, combattit les Grecs sur la rive de la Mer Noire en 
					collaboration avec les Danishmand.  
					
					Il y eut aussi un autre état fondé à Izmir (Smyrne) par un 
					bey turc courageux et intelligent nommé Chaka qui avait été 
					fait prisonnier par les Byzantins dans l’une des batailles 
					anatoliennes et instruit dans le palais impérial. En 474 
					(1081), il s’enfuit à Izmir et rassembla tous les Turcs de 
					ces régions sous son commandement. Il réussit également à 
					créer une marine en recrutant des Grecs sur les côtes, et 
					put ainsi asseoir son pouvoir sur les îles de la Mer Égée. 
					Cet état dura jusqu’à la fin de la première croisade.  
					
					L’une des autres premières principautés apparues en Anatolie 
					fut fondée à Erzurum par l’émir Saltouq, qui reconnut les 
					Seljouk de Perse comme ses souverains. Les États Artouqid, 
					qui devaient inclure Diyar Bakr, Mardin et Kharpout, et 
					l’état de Soukmenli près du Lac de Van n’existaient toujours 
					pas, et ils n’apparaîtront que dix ans plus tard. Ces 
					régions étaient gouvernées par les gouverneurs Seljouk à 
					cette époque. Hormis les territoires de Philarètes et 
					Gabriel, qui furent considérablement réduits par Souleyman 
					et le Danishmand Koumoushtakin, la seule partie de 
					l’Anatolie qui n’était pas aux mains des Turcs était la 
					région orientale de la Mer Noire. A Trébizonde, qui fut 
					reprise aux Turcs en 1075, un Duché grec fut fondé. Les 
					successeurs du Duc restèrent indépendants des Empereurs 
					Byzantins et formèrent parfois des alliances avec les Turcs.  
					
					  
					
					Abou al-Qassim, que Souleyman laissa comme son adjoint à 
					Iznik lors de sa campagne en Cilicie et à Antioche, non 
					seulement détint l’État Seljouk après la mort de Souleyman, 
					mais s’avança aussi jusqu’au détroit. Malik Shah envoya 
					d’abord l’émir Boursouq prendre les Seljouk d’Anatolie sous 
					son contrôle, et fit tuer le frère de Souleyman en 471 
					(1078). Il envoya ensuite une armée à Iznik sous le 
					commandement de l’émir Bouzan. Face au danger de l’armée de 
					Malik Shah, Abou al-Qassim et Alexis formèrent une alliance. 
					Mais la mort de Malik Shah en 485 (1092), alors que Bouzan 
					assiégeait Iznik, mit fin à la pression du Grand Seljouk sur 
					l’Anatolie ; et lorsque les différends sur la succession 
					commencèrent à la suite de sa mort, le fils de Souleyman, 
					Kilij Arsalan, fut libéré et se rendu à Iznik en 1092.Les 
					Turcs l’accueillirent avec une grande joie et 
					l’intronisèrent. 
					 
					
					Le jeune Kilij Arsalan I réorganisa son état, reconstruisit 
					sa capitale et nomma des gouverneurs et des commandants. Il 
					chassa également les Byzantins qui tentaient de s’installer 
					sur les rives de Marmara. En acceptant la coopération de 
					l’Empereur Byzantin, il disposa de son rival, Chaka Bey, qui 
					avançait dans la direction des Dardanelles et augmentait son 
					pouvoir. En conséquence de son traité avec Byzance, il se 
					sentit libre de se tourner vers l’est pour l’expansion. En 
					489 (1096), il assiégea Malatya ; mais bien que les 
					habitants de la ville, en particulier les Chrétiens syriens, 
					lui offrirent de lui céder la ville afin de se sauver de 
					Gabriel, qui s’était converti au Christianisme orthodoxe et 
					s’opposait à eux, Kilij Arsalan fut contraint de revenir 
					défendre sa capitale contre les croisés.  
					
					  
					
					Le premier groupe des croisés, venu avec Pierre l’Ermite, 
					fut facilement détruit, mais il fut difficile de résister à 
					la grande armée organisée qui suivit. Les croisés 
					assiégèrent Iznik et, bien que Kilij Arsalan se soit 
					empressé de revenir, il ne put entrer dans la ville. Le 19 
					juin 1097, les défenseurs d’Iznik se rendirent par accord à 
					l’armée de l’Empereur. Ces Turcs, les trésors du Sultan et 
					sa femme, qui était la fille de Chaka, furent tous envoyés à 
					Constantinople. Kilij Arsalan, prenant comme alliés le 
					Danishmand Koumoushtakin et l’émir de Cappadoce, Hassan 
					Bey, rencontra les Croisés à Eskishehir, où, le 17 Rajab 490 
					(1 juillet 1097), une grande bataille eut lieu. Les deux 
					armées combattirent vaillamment et il y eut beaucoup 
					d’effusion de sang. Un chroniqueur parmi les croisés 
					décrivit comment les Seljouk combattirent en ces termes : « 
					Si les Turcs avaient été Chrétiens, personne n’aurait pu 
					être leurs égaux dans la bataille et la bravoure. » Mais les 
					croisés avaient une supériorité écrasante sur les Turcs. 
					Pour cette raison, Kilij Arsalan recula, afin de ne pas 
					réduire son armée par de nouvelles pertes. Bien qu’il ait de 
					nouveau combattu les Croisés avec Koumoushtakin et Hassan 
					Bey à ses côtés à Ereghli près de Konya, il subit de très 
					lourdes pertes et dû battre en retraite. Une montagne fut 
					nommée d’après l’émir Hassan (Hasan-dagh) car un 
					grand nombre de ses soldats y furent tués, et plus tard des 
					sanctuaires virent le jour dans cette région en sa mémoire. 
					Bien que de grandes pertes aient été subies par les Turcs 
					d’Anatolie, à la fois en terres et en effectifs, à la suite 
					de la première croisade, ils se rétablirent rapidement.  
					 
					
					Durant le mois de Ramadan 493 de l’Hégire (5 juillet 1100), 
					Koumoushtakin Ahmed Ghazi rencontra les croisés 
					venant de Syrie et les battit à Malatya, faisant prisonnier 
					Bohémond et d’autres grands princes. En 1100 également, lui 
					et Kilij Arsalan anéantirent complètement deux grandes 
					armées de croisés, l’une près d’Amasya et l’autre à Ereghli, 
					alors qu’ils se battaient pour libérer les croisés 
					emprisonnés à Niksar. Ces victoires améliorèrent le moral de 
					Kilij Arsalan et des Turcs d’Anatolie, qui avaient 
					auparavant souffert aux mains des croisés. Après la chute 
					d’Iznik, Kilij Arsalan fit de Konya sa capitale. En 
					concluant un accord avec l’Empereur contre les croisés, il 
					put se tourner pour conquérir l’est, comme l’avait fait son 
					père. Il vainquit d’abord les Danishmand et les prit sous sa 
					suzeraineté. En 496/1103, il captura Malatya de 
					Koumoushtakin, qui l’avait conquise en 494 (1101), et y 
					établit sa propre administration. Il tourna ensuite son 
					attention vers les principautés de l’Anatolie orientale, et 
					leur fit reconnaître en lui leur seigneur. En rivalité 
					traditionnelle avec les Grands Seljouk, il annexa Mossoul. 
					Mais il fut impliqué dans une bataille violente sur le 
					fleuve Khabur contre une forte armée envoyée par le Grand 
					Sultan Seljouk Muhammad et, comme son père, il perdit 
					la vie à cause de cette rivalité, le 9 Shawwal 500 (3 
					juillet 1107). Bien que l’État Seljouk de Roum déclina 
					sérieusement à la suite de la mort de son père et des 
					attaques des croisés, il reprit et devint plus fort que 
					jamais sous sa direction mais il subit une crise encore plus 
					grande avec sa propre mort.  
					
					 La période de crise et la retraite des Turcs en Anatolie centrale 
					 
					
					Comme son père, Kilij Arsalan laissa le trône de Konya sans 
					propriétaire à sa mort. Son fils aîné, Shahinshah, alors 
					gouverneur de Mossoul, fut emmené à Ishfahân en tant que 
					prisonnier, et ne put retourner à Konya, pour devenir 
					Sultan, jusqu’en 504 (1110). Profitant de cette période de 
					crise, les Byzantins prirent l’initiative d’attaquer toutes 
					les zones côtières d’Anatolie. Partout, les Turcs se 
					préparèrent à se déplacer vers le plateau central 
					d’Anatolie. Mais leur retraite leur coûta de grandes pertes. 
					Une grande foule de Turcs qui campaient près d’Ulubad 
					(Lopadion), en route vers le centre de l’Anatolie, furent 
					attaqués par les Byzantins. La plupart d’entre eux, y 
					compris les femmes et les enfants, furent massacrés. Malgré 
					quelques contre-attaques réussies de l’émir Hassan de 
					Cappadoce et de Shahinshah qui régnaient à Konya, la 
					retraite générale ne put être arrêtée. Alexis et son 
					successeur, Jean II, soit expulsèrent les Turcs de l’ouest 
					de l’Anatolie et des régions côtières du nord et du sud, 
					soit les détruisirent.  
					 
					
					Le souverain Danishmand l’émir Ghazi, 449-529 (1105-34), le 
					fils de Koumoushtakin, aida son gendre Mas’oud à prendre le 
					trône à Konya de son frère Shahinshah en 510 (1116), et 
					ainsi l’État Seljouk fut réduit à un petit royaume, limité 
					aux environs de Konya, sous la protection Danishmand. Dans 
					ces circonstances, l’Empereur Jean II (1118-43) continua ses 
					attaques, vainquit les Turcs et occupa les villes de Denizli 
					(Laodice) et Uluborlu (Sozopol). Mais en 514 (1120), l’émir 
					Ghazi, profitant des opérations byzantines dans les Balkans 
					et avec le soutien des Artouqid, vainquit le Duc de 
					Trébizonde et son allié, le dirigeant Menqouchek, à Shiran. 
					Bien que le Sultanat fût entre les mains des Seljouk, les 
					vrais dirigeants de l’Anatolie étaient alors les Danishmand. 
					Lorsque l’autre frère du Sultan Mas’oud ‘Arab, qui s’était 
					installé à Ankara et Kastamonu, marcha sur Konya pour 
					s’emparer du trône Seljouk en 520 (1126), Mas’oud forma une 
					alliance avec l’Empereur et vainquit son frère, le forçant à 
					se réfugier en Cilicie. Cela permit aux Byzantins d’occuper 
					Kastamonu. Mais l’expédition de l’Empereur en Cilicie, et 
					plus tard les tentatives de son frère pour s’emparer du 
					trône, aidèrent l’émir Ghazi à chasser les Byzantins et à 
					occuper la rive de la Mer Noire. Le Sultan Mas’oud, d’autre 
					part, commença à avancer dans l’ouest de l’Anatolie. L’émir 
					Ghazi entra alors en Cilicie et vainquit les croisés en 
					progression. En peu de temps, il devint le dirigeant de 
					toutes les provinces anatoliennes entre la Sakarya et 
					l’Euphrate.  
					
					Le calife[1] 
					et le Sultan Sanjar lui confèrent le titre de Malik (roi) et 
					lui envoyèrent un tambour et un étendard comme emblèmes de 
					souveraineté, étant le dirigeant le plus puissant 
					d’Anatolie.  
					 
					
					À la mort de Malik Ghazi en 529 de l’Hégire (1134), le 
					Sultan Mas’oud, jusque-là sous sa protection, devint l’allié 
					et l’égal du fils de son protecteur, Malik Muhammad. 
					Tandis que l’Empereur Jean punissait les Arméniens en 
					Cilicie et se disputait avec les croisés, les Seljouk et les 
					Danishmand n’eurent aucune difficulté à étendre leurs 
					frontières contre les Byzantins. Cela fit marcher l’Empereur 
					en 534 (1140) vers la capitale danishmand, Niksar, avec une 
					grande armée, afin de détruire les Turcs d’Anatolie. Il 
					était également déterminé à se débarrasser de Théodore 
					Gabras, le Duc de Trébizonde. Il atteignit Niksar après 
					avoir subi de lourdes pertes dans le nord de l’Anatolie, et 
					assiégea la ville.  
					
					Pendant le siège, de longues et violentes batailles eurent 
					lieu entre les Turcs et les Grecs. La prolongation du siège 
					provoqua des troubles dans l’armée byzantine et l’un des 
					princes impériaux, Jean, se réfugia dans le camp du Sultan 
					Mas’oud. La désertion du prince, devenu Musulman et installé 
					à Konya après avoir épousé la fille du Sultan, contraignit 
					l’Empereur à revenir tranquillement à Constantinople par la 
					Mer Noire en 1141. L’échec de cette grande campagne, qui 
					avait commencé si ambitieusement, ouvrit des possibilités de 
					nouvelles conquêtes turques et le Sultan Mas’oud s’avança 
					jusqu’à la région d’Antalya.  
					
					 
					
					Lorsque les Danishmand commencèrent à se quereller entre eux 
					pour la royauté sur Malik Muhammad, décédé en 536 
					(1142), Sultan Mas’oud vainquit le Malik Danishmand de 
					Sivas, Yaghi Bassane, assiégea Malatya et annexa la région 
					Jayhan de son territoire. Avec ce développement soudain, la 
					domination de l’Anatolie passa à nouveau des Danishmand aux 
					Seljouk. Tandis que le Sultan Seljouk étendait ses 
					frontières vers l’est, profitant des querelles entre les 
					Atabegs de Mossoul et les Artouqid, les Turcomans avançaient 
					dans l’ouest de l’Anatolie, en suivant les vallées des 
					Menderes et du Gediz. L’Empereur Manuel I Comnène partit 
					avec une grande armée pour chasser les Turcs d’Anatolie. 
					Après avoir débarrassé l’Anatolie occidentale des Turcs, il 
					marcha sur Konya ou il vainquit les forces Seljouk à 
					Akshehir, brûla la ville et avança en direction de Konya. 
					Lorsque le Sultan Mas’oud fut informé du danger imminent, il 
					revint précipitamment de l’est, prépara son armée à Aksaray 
					et rencontra l’Empereur avant Konya. Les Byzantins avaient 
					complètement dévasté la région de Konya, tué un grand nombre 
					de personnes et même ouvert des tombes. Mais ils furent pris 
					par surprise lorsque les Seljouk les attaquèrent. Ils se 
					retirèrent après avoir été sévèrement battus, et ainsi la 
					campagne 1147 se solda également par un échec. Malgré cette 
					bataille, cependant, le début d’une nouvelle croisade 
					contraignit aussitôt les deux dirigeants à se mettre 
					d’accord face au danger commun.  
					 
					
					Lorsque l’Atabeg ‘Imad ad-Din az-Zanki (puisse Allah Exalté 
					lui faire Miséricorde) reconquit Urfa (Edessa) en 539 
					(1144), la deuxième croisade fut organisée en Europe sous la 
					direction de l’Empereur Conrad III et du Roi Louis VII de 
					France. Ce fut la première fois dans l’histoire des 
					croisades que les dirigeants eux-mêmes participeraient à la 
					campagne. L’armée allemande qui était dirigée par des guides 
					« perfides » de l’Empereur byzantin Manuel par de mauvaises 
					routes, subit des attaques surprises des Turcs et fut 
					massivement vaincue près d’Eskishehiron le 28 Joumadah 
					al-Oula 542 (25 octobre 1147) ; certains de ceux qui 
					tentèrent de rentrer furent détruits par les attaques 
					grecques. À la suite de ce grand désastre, le Roi de France 
					se rendit compte de l’impossibilité de traverser le 
					territoire Seljouk et essaya de suivre la route via Éphèse, 
					Denizli et Antalya. Mais il ne put atteindre Antalya 
					qu’après avoir subi de lourdes pertes lors des attaques 
					turques, et là seuls ceux qui avaient de l’argent purent 
					naviguer vers la Syrie. Ceux qui furent laissés pour compte 
					souffrirent des attaques turques, du pillage grec, de la 
					faim et de la maladie. Leur état était si mauvais que les 
					Turcs eurent pitié d’eux, leur donnèrent de la nourriture et 
					de l’argent et soignèrent leurs malades.  
					
					Un chroniqueur chrétien parle ainsi de l’épisode :  
					
					« Fuyant leurs coreligionnaires qui avaient été si cruels 
					envers eux, ils allèrent en sécurité parmi les infidèles[2] 
					(lire Musulmans) qui avaient pitié d’eux, et, comme nous 
					l’avons entendu, plus de trois mille se joignirent aux Turcs 
					lorsqu’ils se retirèrent.  
					
					Oh, bonté plus cruelle que toute trahison ! Ils leur 
					donnèrent du pain mais leur volèrent leur foi, bien qu’il 
					soit certain que satisfaits des services qu’ils rendaient, 
					ils n’obligeaient personne parmi eux à renoncer à sa 
					religion. »  
							
							
							
							
							
							[1] 
							Nous n’attribuons pas de majuscule au mot calife 
							puisque les seuls Califes dignes de Majuscules 
							furent les 5 premiers Califes et l’Islam ainsi que 
							le Calife Amawi ‘Abd al-‘Aziz Ibn Omar nommés à 
							l’unanimité par les savants de l’Oummah comme les 
							Califes Bien-Guidés. Nous avons déjà mentionnés cela 
							dans nos précédents ouvrages. 
							
							
							
							
							
							[2] 
							Si les Musulmans qui adorent un Seul Dieu sont 
							traités d’infidèles que dire alors de ceux qui 
							adorent la Trinité 1+1+1=1 ! Ils sont trois fois des 
							impies ! | 



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