La bataille
de Paykand[1]
L’ennemi approcha,
et, lorsqu’ils furent vraiment proches, les Musulmans les engagèrent
pour une courte durée de temps avant de se retirer avec un certain
nombre de Musulmans tués. Puis, les Musulmans s’élancèrent à la
bataille une seconde fois où ils persévèrent et les polythéistes
furent battus. Ashras continua sa route avec ses troupes jusqu’à ce
qu’ils aient campé à Paykand. Alors l’ennemi coupa leur eau et
Ashras et les Musulmans restèrent dans leur camp ce jour et cette
nuit. Au matin lorsque les réserves d’eux s’épuisèrent, ils
creusèrent pour trouver de l’eau mais sans succès et devinrent
assoiffés. Alors, ils partirent pour la ville d’où les eaux avaient
été coupées. Qatan Ibn Qoutaybah qui commandait l’avant-garde des
Musulmans rencontra l’ennemi et combattit jusqu’à l’épuisement à
cause de la soif. Sept-cents d’eux furent tués et les troupes furent
incapables de combattre. Et seulement sept hommes restèrent sur la
ligne de front d’ar-Ribab. Dirar Ibn Houssayn épuisé fuit.
Al-Harith Ibn Sourayj pressa et encouragea les Musulmans et leur
dit :
- « O gens ! Etre
tué par l’épée est plus noble dans ce monde et plus grand en
récompense chez Allah Exalté que de mourir assoiffé ».
Alors al-Harith
Ibn Sourayj, Qatan Ibn Qoutaybah, et Ishhaq, Ibn Waki le fils
du frère de Muhammad, avancèrent avec les cavaliers des Banou
Tamim et des Qays et ils combattirent jusqu’à ce qu’ils aient
reconduit les Turcs qui gardaient l’accès de l’eau, après quoi les
hommes se précipitèrent pour boire et étancher leur soif.
Thabit Qoutnah
passa près de ‘Abdel Malik Ibn Dithar al-Bahili et lui dit :
- « O ‘Abdel
Malik, suivez-vous les traditions relatives au combat dans la voie
d’Allah (jihad fis-sabilillah) ? » Ce dernier lui répondit :
- « Attend-moi le
temps de me laver et de me parfumer ! »
Thabit l’attendit
jusqu’à ce qu’il revienne et ils rentrèrent ensemble. Thabit dit à
ses compagnons :
- « Je suis bien
plus bien informé que vous au sujet de comment combattre ceux-là »,
et il incita ses camarades au combat dans la voie d’Allah Exalté.
Alors, ils attaquèrent l’ennemi avec férocité jusqu’à ce que Thabit
fut tué avec plusieurs Musulmans dont :
- Sakhr Ibn Mouslim Ibn an-Nou’man al-‘Abdi,
- ‘Abdel Malik Ibn Dithar al-Bahili,
- Al-Wajih
al-Khorassani et,
- Al-‘Aqqar Ibn
al-‘Ouqbah al-‘Awdhi.
Qatan Ibn
Qoutaybah et Ishaq Ibn Muhammad Ibn Hassan
rassembla les cavaliers des Banou Tamim et des Qays, qui firent le
serment de combattre jusqu’à la mort, et attaquèrent l’ennemi si
férocement qu’il se retira. Les Musulmans les poursuivirent et les
tuèrent jusqu’à ce que le manteau de la nuit les force à se retirer
alors Ashras marcha sur Boukhara qu’il assiégea.
Foudayl Ibn
Ghazwan rapporta que Wajih al-Bounani lui dit alors qu’ils
effectuaient la circumambulation à la Maison sacrée : « Nous avons
rencontré les Turcs qui ont tué un groupe d’entre nous. J’ai été
moi-même abattu et je les ai regardés quand ils se sont assis et ont
demandé de l’eau, jusqu’à ce qu’enfin l’un d’entre eux est venu à
moi. L’un d’entre eux dit : « Laissez-le, car il a encore une action
à entreprendre et une fin qu’il doit rencontrer ». L’action à
entreprendre et celle-ci tandis que pour la fin, j’espère le
martyr. » Puis il revint au Khorasan ou il trouva le martyr avec
Thabit.
Al-Wazi’ Ibn Ma’iq
a rapporté qu’al-Wajih est passé près de lui menant deux
mulets le jour d’Ashras. Je luis dit :
- « Comment te
sens-tu ce matin, ô Abou Asma ? » Il répondit :
- « Je me suis
levé entre la perplexité et le fait d’être rassemblé de nouveau
ensemble. O grand Seigneur joint les deux armées dans la bataille
! » Alors, il passa son arc et son sabre autour de ses épaules et
s’enveloppa dans un capuchon, puis il attaqua les ennemis jusqu’à ce
qu’il trouva le martyr et al-Haytham Ibn al-Mounakhal
al-‘Abdi trouva aussi le martyr.
‘AbdAllah Ibn
al-Moubarak a rapporté : « Quand Ashras rencontra les Turcs, Thabit
Qoutnah dit :
- « O Grand
Seigneur, comme j’étais l’invité d’Ibn Bistam hier, faites que je
sois Votre invité aujourd’hui ! Par Allah, les Banou Oumayyah ne me
reconnaitront que bardé de fer ! »
Alors il chargea
en avant, comme on fait ses compagnons, mais ses compagnons ont été
prouvés être faux, tandis qu’il resta ferme. Son coursier reçut une
flèche et partit en zigzag mais Thabit le frappa et il s’élança à
nouveau en avant. Thabit fut touché et il retourna du combat blessé.
Alors qu’il était prosterné, il dit :
- « O Grand
Seigneur, je me suis levé ce matin, l’invité d’Ibn Bistam et suis
entré parvenu au soir en étant le Votre. Recevez-moi dans le Paradis
de votre récompense considérable ! »
On a rapporté
aussi qu’Ashras traversa l’Oxus et campa à Paykand, mais il ne
trouva pas d’eau. Ils partirent donc au matin et lorsqu’ils furent
près de la forteresse de Boukhara Khoudah qui était à ce moment à un
mille d’eux, mille cavaliers les encerclèrent et soulevèrent
tellement de poussière qu’un homme ne pouvait pas voir son voisin.
Six-mille
Musulmans, y compris Qatan Ibn Qoutaybah et Ghouraq furent séparés.
Ils atteignirent une forteresse parmi les forteresses de Boukhara
pensant qu’Ashras avait péri, alors qu’il était à l’intérieur d’un
des forts de Boukhara. Durant deux jours, les deux forces ne se sont
pas retrouvées tandis que Ghouraq rejoignit les Turcs dans la
bataille. Il était entré dans la forteresse avec Qatan, mais quand
Qatan lui envoya un homme, les troupes de Ghouraq crièrent après lui
et Ghouraq rejoignit les Turcs.
Il est dit que
Ghouraq tomba ce jour sur une force de la cavalerie turque et qu’il
n’eut aucun choix excepté de les joindre. Il est aussi dit qu’Ashras
envoya un message à Ghouraq et lui demanda une coupe d’eau mais
qu’il répondit au messager d’Ashras : « Rien ne m’a été laissé
hormis cette coupe par conséquent, laissez-la moi ! » Alors Ashras
lui envoya à nouveau un message : « Boit d’une outre et envoie moi
la coupe ». Alors Ghouraq le quitta.
Nasr Ibn Sayyar
fut nommé gouverneur de Samarkand et ‘Oumayrah Ibn Sa’d ash-Shaybani
responsable du revenu alors qu’ils étaient assiégés et
‘Oumayrah était parmi ceux qui sont venus avec Ashras.
Il est rapporté
qu’Ashras campa près de la ville de Boukhara, à quatre kilomètres
d’un lieu appelé al-Masjid mais il n’y resta pas et alla camper dans
une prairie verdoyante du nom d’al-Bawadirah.
Le
siège de Kamarjah
Shababah, le
serviteur de Qays Ibn ‘AbdAllah al-Bahili, vint trouver les troupes
stationnées à Kamarjah. Kamarjah fut l’une des plus nobles et des
plus grandes batailles pour la conquête du Khorasan sous la
gouvernance d’Ashras. Shababah leur dit :
- « Le Khaqan
passera près de vous demain. Je vous suggère de laisser apparaitre
vos armes et votre force afin qu’il lui répugne de vous combattre ».
Un homme parmi eux dit :
- « Protégez-vous
contre lui car il est venu pour vous affaiblir ».
Ils répondirent :
- « Nous ne le
ferons donc pas. C’est notre serviteur qui est devenu réputé pour
ses bons conseils ». Ils n’écoutèrent pas ce que leur dit l’homme
mais firent ce que leur affranchi (mawlah) leur avait
recommandé.
Le lendemain
matin, le Khaqan arriva. Lorsqu’il leur fit face, il prit la route
de Boukhara, comme s’il projetait de repartir mais il descendit vers
le fleuve avec ses troupes et passa derrière une colline qu’il mit
entre lui et les Musulmans ou ils campèrent et se préparèrent pour
la bataille sans que les Musulmans se s’en rendent compte. Quand les
Musulmans réalisèrent la situation, ils montèrent sur la colline
et tombèrent nez à nez avec une montagne de fer comprenant
les forces de Ferghana, d’at-Taraband, d’Afshinah, de Nassaf et une
partie des forces de Boukhara.
L’armée musulmane
regretta alors d’être sortie.
Koulayb Ibn Qanan Ad-Douhli dit :
- « Ils projettent
de vous attaquer, par conséquent, envoyez des groupes de vos
montures cuirassées le long de la route de la rivière comme si vous
avez l’intention de les abreuver. Lorsque vous aurez retiré leurs
armures, prenez la route vers la porte, entrez par groupe mais
un groupe à la fois. Quand les Turcs les virent passer, ils
les attaquèrent dans les défilés. Mais les Musulmans avaient une
meilleure connaissance de la route et arrivèrent aux portes avant
eux. Les Turcs les rattrapèrent et tuèrent un homme du nom
d’al-Mouhallab, un Arabe, qui faisait partie de la garnison des
Musulmans. Les Turcs combattirent les Musulmans et prirent la porte
au-delà de la tranchée puis entrèrent et poursuivirent leur combat.
Un des Musulmans attrapa
des piles de roseaux qu’il enflamma et leur jeta à leur figures,
après quoi ils reculèrent et nettoyèrent la place en portant les
morts et les blessés en arrière. Lorsque le crépuscule arriva, les
Turcs se retirèrent et les Musulmans en profitèrent pour bruler le
pont. Alors Khousraw Ibn Yazdgard arriva en compagnie de trente
hommes et leur dit :
- « O Arabes,
pourquoi vous tuez-vous alors que j’ai apporté le Khaqan pour
restaurer mon royaume et en même temps un sauf-conduit pour vous
permettre de vous retirer ? » Mais les Musulmans l’injurièrent et il
repartit.
Puis Bazaghari
vint à eux avec deux-cents hommes. C’était un homme sagace de
Transoxiane à qui le
Khaqan ne s’opposait jamais. Il était en compagnie de deux parents
de Khaqan et des chevaux de la cavalerie frontalière des forces
d’Ashras. Il leur dit :
- « Laissez-nous
le passage libre afin que nous puissions venir près de vous et vous
proposer ce pourquoi le Khaqan m’a envoyé ». Ils lui donnèrent un
sauf-conduit et il est vint près de la ville fortifiés tandis que
les défenseurs le méprisèrent de haut. Il avait avec lui des
prisonniers Musulmans. Bazaghari dit :
- « O Arabes,
descendez moi un de vos hommes afin que je puisse lui parler au
sujet du message du Khaqan ». Sur ce, ils descendirent Habib,
le serviteur du Mahrah, des habitants de Darqin. Les Turcs lui
parlèrent mais il ne les comprit pas.
- « Envoyez-moi un
homme qui me comprendra », demanda à nouveau Bazaghari. Ils
descendirent alors Yazid Ibn Sa’id al-Bahili, qui parlait un peu
turc. Bazaghari lui dit :
- « Ce sont des
chevaux de la cavalerie frontalière musulmane et les chefs des
Arabes sont prisonniers avec eux. Le Khaqan m’a envoyé pour vous
dire qu’il donnera à quiconque d’entre vous qui a un salaire de
six-cents dirhams, mille dirhams, et à quiconque qui a un salaire de
trois-cents dirhams, six-cents et il est aussi décidé en plus à bien
vous traiter ». Yazid lui répondit :
- « C’est un
problème qui ne se résoudra pas. Comment les Arabes qui sont des
loups peuvent-ils être avec les Turcs qui sont ses moutons ? Il n’y
aura pas de paix entre nous et vous. » Bazaghari se fâcha et les
deux Turcs qui étaient avec lui dirent :
- « Devons-nous
couper sa tête ? » Bazaghari répondit :
- « Non. Il est
venu à nous sous une garantie de sauf conduit ». Yazid comprit ce
qu’ils dirent et eut peur par conséquent il dit :
- « O Bazaghari,
pourquoi ne pas faire deux moitiés ? Une partie ira avec nous tandis
que l’autre ira avec le Khaqan. Si le Khaqan est victorieux, nous
serons avec lui et s’il en est autrement, nous serons comme le reste
des gens d’as-Soughd ». Bazaghari et les deux Turcs acceptèrent et
Bazaghari lui dit :
- « Proposez ce
que nous avons consenti aux gens ». Yazid approcha le mur, saisi la
corde et ils le hissèrent. Il appela :
- « O gens de
Kamarjah, unissez-vous, car il est venu à vous des gens qui vous
appellent à incrédulité après la foi ! Que vous pensez donc ? »
Ils répondirent :
- « Nous ne
répondrons ni ne consentirons ! »
- « Ils vous
appellent pour combattre les Musulmans au côté des polythéistes ! »
- « Nous allons
plutôt tous mourir avant cela ! » Il leur répondit :
- « Alors
faite-leur savoir ! »
Ils regardèrent
au-dessus des fortifications et dirent :
- « O Bazaghari,
voulez-vous nous vendre les captifs qui sont entre vos mains ? Nous
les rachèterons. Mais pour ce que vous nous avez appelés, nous
refusons ». Et Bazaghari répondit :
- « Voulez-vous
donc pas plutôt vous racheter de nous ? Parce que vous n’êtes rien
excepté les mêmes que ceux entre qui vous êtes entre les mains ».
Ils étaient entre les mains d’al-Hajjaj Ibn Houmayd
An-Nadri, à qui ils dirent :
- « O Hajjaj,
ne parlerez-vous donc pas ? » Il dit :
- « Je suis sous
surveillance ».
Le Khaqan ordonna
que les arbres verts soient coupés et jetés dans la tranchée tandis
que les défenseurs de Kamarjah jetèrent du bois sec jusqu’à ce que
la tranchée fût praticable pour les Turcs mais les Musulmans
incendièrent le bois de la tranchée attisé par un vent violent qui
se leva subitement, le secours d’Allah Exalté envers Ses serviteurs.
Le feu brula
l’intégralité du bois de la tranchée en une heure alors qu’ils
avaient mis six jours pour la remplir puis les Musulmans lancèrent
une pluie de flèches sur eux qui les préoccupa pour le reste de la
journée avec leurs blessés.
Une flèche toucha
Bazaghari au nombril et il mourut dans la nuit. Ses Turcs se
coupèrent leurs oreilles, et devinrent de plus en plus mauvais
contre ceux qui baissait la tête ou pleurait. Alors une horrible
pensée leur vint à l’esprit. Quand la lumière apparue, ils sortirent
les captifs au nombre de cents y comprit Abou al-‘Awja’ al-‘Ataqi et
ses compagnons, les tuèrent. Puis ils jetèrent aux Musulmans, la
tête d’al-Hajjaj Ibn Houmayd an-Nadri. Les Musulmans
qui avaient deux-cents des fils des polythéistes comme otages les
tuèrent de la même façon.
Puis les Musulmans
sortirent et combattirent férocement tandis que l’ennemi se trouvait
à proximité de la porte de la tranchée. Puis cinq chefs turcs
parvinrent en haut des murs et Koulayb dit :
- « Qui m’aidera
contre ceux-là ? » Zouhayr Ibn Mouqatil At-Toufawi lui dit :
- « Moi ». Alors
il s’élança vers eux en demandant à quelques jeunes hommes qu’il
croisa sur le passage de le suivre. Il tua deux des chefs tandis que
les trois autres s’échappèrent et il fut blessé lors de
l’affrontement.
Un des princes de
Transoxiane dit à Muhammad Ibn Wassaj :
- « C’est étrange
qu’il ne reste pas un seul prince dans la Transoxiane qui n’a pas
combattu à Kamarjah autre que moi. Il est difficile pour moi de ne
pas combattre avec mes égaux et que mes prouesses n’ont pas été
remarquée ». Les gens de Kamarjah continuèrent à souffrir des
attaques jusqu’à ce que les troupes musulmanes attaquent les forces
de Ferghana. Les gens d’as-Soughd, de Ferghana, d’as-Shash et les
dihqans ont blâmé le Khaqan qui leur répliqua :
- « Vous avez
affirmé qu’il n’y avait que cinquante ânes dans la ville et que pour
la prendre, il ne faudrait que cinq jours qui sont devenus deux
mois ». Il les injuria alors et ordonna le départ. Ils dirent :
- « Laisse nous
aller demain en avant et nous n’épargnerons aucun effort comme tu le
verras ».
Le jour suivant,
le Khaqan vint et resta debout. Le prince d’at-Taraband arriva et
lui demanda l’autorisation de combattre
et d’aller dans la ville des Musulmans. Mais le Khaqan
dit :
- « Je pense que
tu ne dois pas les combattre dans cette place, qu’il voyait comme
dangereux ». Le prince dit alors :
- « Donnez-moi
deux filles arabes comme esclaves, et j’irais les combattre ». Ce à
quoi, le Khaqan a donné son autorisation.
Le prince
combattit et huit de ses hommes furent tués jusqu’à ce qu’il arrive
devant une brèche dans le mur derrière lequel, il y avait une
maison. Et dans la maison il y avait un trou qui ouvrait sur la
brèche. A l’intérieur de la maison il y avait un homme des Banou
Tamim qui était malade. Il jeta sur le prince un fer crochu qui
accrocha sa cote de mail. Alors il appela les femmes et les garçons
qui le tirèrent et le prince tomba sur son visage et ses genoux. Un
homme lui jeta une pierre qui le toucha à la base de son oreille. Il
tomba prosterné assommé et un homme le poignarda et le tua.
Les Musulmans
placèrent un abreuvoir en bois contre le mur de la tranchée puis des
portes derrière lesquelles ils postèrent des archers dont Ghalib Ibn
al-Mouhajir at-Ta’i, l’oncle paternel d’Abou al-‘Abbas at-Toussi
ainsi que deux autres hommes : l’un des Banou Shaybani et l’autre
des Banou Naji.
Quand le Khaqan
vint regarder la tranchée, le Naji tira sur lui, et toucha l’arête
de son nez, mais il portait un casque tibétain et le coup ne lui fit
pas de mal. Le Shaybani tira aussi sur lui, mais ne put pas voir
plus que ses yeux et finalement, Ghalib Ibn Mouhajir tira une flèche
qui pénétra sa poitrine et le fit éjecter en arrière et rien de plus
sévère toucha le Khaqan.
Il est aussi
rapporté que le Khaqan tua seulement al-Hajjaj et ses
compagnons ce jour-là parce qu’il avait été alarmé. Il envoya un
message au Musulmans disant : « Il n’est pas de notre coutume de
nous retirer d’une ville dans laquelle nous sommes descendus sans la
conquérir, ou sans que ses défenseurs la quittent ». Koulayb Ibn
Qanan lui répondit :
- « Ce n’est pas
de notre religion de nous rendre avant d’avoir été tous tués, fait
donc ce qui est le mieux pour toi ». Les Turcs décidèrent que leur
siège contre les Musulmans était dangereux pour eux par conséquent,
ils leur donnèrent un sauf-conduit stipulant de départ des
Khaqan et des Musulmans de la ville avec leurs familles et
leurs biens pour Samarkand ou ad-Daboussiyah.
Le siège de
Kamarjah dura cinquante-huit jours. Il est dit qu’ils n’abreuvèrent
pas leurs chameaux durant trente-cinq jours.
Le Khaqan a divisé
les mouton parmi ses partisans, en leur :
- « Mangez leur
viande, remplissez leurs peaux de terre et remplissez la tranchée ».
Mais Allah Exalté, à Lui les Louanges et la Gloire, envoya contre
eux une pluie torrentielle qui emporta dans le fleuve ce qu’ils
avaient jeté dans la tranchée.
Cette même année
les gens de Kourdar apostasièrent et les Musulmans les combattirent
et les conquirent. Comme les Turcs les assistèrent, Ashras envoya
mille hommes en renfort mais lorsqu’ils arrivèrent, les Musulmans
avaient déjà battu les Turcs et triomphé sur les forces de Kourdar.
En l’an 111 de
l’Hégire (729), Jounayd Ibn ‘AbderRahmane al-Mourri arriva au
Khorasan avec une lettre du calife Hisham Ibn ‘Abdel Malik désistant
Ashras Ibn ‘Abdillah as-Soulami
En l’an 112 de
l’Hégire (730), Mou’awiyah Ibn Hisham captura Kharsianon (kharshanah)
et brula Farandiyah dans la région byzantine de Malatyah.
Les
Musulmans combattent de nouveau les Turcs sur plusieurs fronts
Cette année,
al-Jarrah Ibn ‘AbdAllah al-Hakami qui était accompagné
des Syriens et des Azerbaïdjanais rencontra les Turcs qui venaient
d’al-Lan. Mais son armée n’eut pas le temps de s’organiser et tous
ceux qui étaient avec lui tombèrent martyrs à Ardabil que les Turcs
conquirent tandis qu’al-Jarrah avait laissé son frère al-Hajjaj
Ibn ‘AbdAllah gouverneur de l’Arménie.
D’autres ont
rapporté qu’al-Jarrah Ibn ‘AbdAllah fut tué par les Turcs à
Balanjar. Quand Hisham apprit la nouvelle, il appelé Sa’id Ibn ‘Amr
al-Harashi et lui dit :
- « J’ai entendu
qu’al-Jarrah a fui devant les polythéistes ». Sa’id
répondit :
- « Certainement
pas, ô émir. Al-Jarrah connaît trop bien Allah Exalté pour
fuir devant l’ennemi. Je dirais plutôt qu’il a été tué ». Hisham
demanda alors :
- « Quelle est ton
opinion ? » Sa’id répondit :
- « Envoie moi
avec quarante rapides montures puis fait les suivre d’autant chaque
jours avec quarante hommes sur eux, puis écrit aux commandants des
troupes afin qu’ils me rejoignent ». Et Hisham obtempéra.
Il est rapporté
que Sa’id Ibn ‘Amr tomba sur trois groupes de Turcs qui allaient au
Khaqan avec des Musulmans et des Dhimmis[2] qu’ils avaient capturé. Al-Harashi
les attaqua et décima les Turcs avant de libérer les prisonniers.
Il a aussi été
rapporté qu’al-Jounayd Ibn ‘AbderRahmane raconta : « Une nuit
comme la nuit d’al-Jarrah et un jour comme son jour ! On lui
dit : « Qu’Allah Exalté vous fasse prospérer, quand al-Jarrah
fut attaqué, les hommes sages et persévérants furent tués, et
lorsque la nuit arriva, ses troupes retournèrent sous le couvert de
l’obscurité en Azerbaïdjan, et al-Jarrah, resta avec quelques
hommes qui furent tués au matin ».
Cette année,
Hisham envoya son frère Maslamah Ibn ‘Abdel Malik à la poursuite des
Turcs. Il voyagea en hiver sous un intense froid, la pluie et la
neige sans jamais s’arrêter jusqu’à ce qu’il traversa au-delà
d’al-Bab sur leurs pas. Il laissa al-Harith Ibn ‘Amr At-Ta'i
derrière à al-Bab.
La
Bataille du Défilé
Cette année, la
bataille entre al-Jounayd et les Turcs sous le commandement du
Khaqan, eut lieu dans le défilé. Lors de cette bataille, Sawrah Ibn
al-Hour fut tué. Il a aussi été rapporté que cette bataille
eut lieu en l’an 113 de l’Hégire (731).
En l’an 112 de
l’Hégire (730), al-Jounayd Ibn ‘AbderRahmane mena une
expédition au Toukharistan[3]. Il campa près du fleuve de Balkh,
et envoya ‘Oumarah Ibn Houraym au Toukharistan avec
dix-huit-mille hommes et Ibrahim Ibn Bassam al-Leythi dans une autre
direction avec dix-mille homme. Les Turcs levèrent leur armée et
vinrent à Samarkand où Sawrah Ibn al-Hour, des Banou Abari
Ibn Darim, était le gouverneur. Sawrah écrivit à al-Jounayd : « Le
Khaqan a mobilisé les Turcs. Je suis sorti contre eux mais je n’ai
pas pu défendre l’enceinte externe de Samarkand. A l’aide ! »
Al-Jounayd ordonna aussitôt à ses forces de traverser l’Oxus.
Al-Moujashir Ibn Mouzahim as-Soulami, Ibn Bistam al-Azdi, et
Ibn Soubh al-Kharaqi vinrent le trouver et lui dirent :
- « Les Turcs ne
sont pas comme les autres. Ils ne vous rencontreront jamais en une
ligne de bataille ni ne marcheront lentement tout en se préparant
pour la bataille. Tu as éparpillé tes troupes. Mouslim Ibn ‘AbderRahmane
est à an-Nayroudh, al-Bakhtari à Herat, les forces d’at-Talaqan ne
sont pas encore arrivées et ‘Oumarah Ibn Houraym est au loin ».
Al-Moujashir lui dit :
- « Le
propriétaire du Khorasan ne doit pas traverser l’Oxus avec moins de
cinquante-mille hommes. Par conséquent, écrit à ‘Oumarah afin qu’il
vienne. Attends et ne te presse pas ». Al-Jounayd répondit :
- « Qu’en est-il
de Sawrah et des Musulmans qui sont avec lui ? Même si j’avais
seulement les Banou Mourrah ou ceux des Syriens qui sont venus avec
moi, je traverserais ».
Alors al-Jounayd
traversa, campa à Kish et envoya al-Ashhab Ibn ‘Oubayd
al-Hanzali en mission de reconnaissance pour lui ramener des
informations sur l’ennemi. Al-Ashhab revint aussitôt et dit :
- « L’ennemi est
sur toi, préparez-vous immédiatement ! » Les Turcs envoyèrent des
détachements combler les puits qui étaient sur la route de Kis, et
tous les points d’eau. Al-Jounayd demanda :
- « Quelle est la
meilleure des deux routes pour Samarkand ? » Ceux qui étaient avec
lui, répondirent :
- « La route
d’al-Mouhtaraqah. Mais al-Moujashir Ibn Mouzahim
as-Soulami s’interposa et dit :
- « Etre tué par
l’épée est meilleur qu’être tué par le feu. La route d’al-Mouhtaraqah
(qui veut la brûlée) a des grands arbres et de l’herbe abondante et
sèche qui n’a pas été cultivé durant des années. Si vous rencontrez
le Khaqan, il y mettra le feu et nous seront tués par le feu et la
fumée. Prenez plutôt la route escarpée et nous serons à pied
d’égalité avec eux ». Par conséquent, al-Jounayd prit la route
escarpée et grimpa dans les montagnes.
Al-Jounayd
continua avec ses troupes jusqu’à ce qu’il entra dans le défilé et
seize kilomètres le séparait de la ville de Samarkand. Mais le
lendemain le Khaqan arriva avec une immense armée, accompagnée par
les habitants d’as-Soughd, d’as-Shash, de Ferghana et des Turcs.
Le Khaqan attaqua
l’avant-garde des Musulmans commandée par ‘Uthman Ibn ‘AbdAllah Ibn
ash-Shikhir alors qu’il revenait au camp. Les Turcs les suivirent et
vinrent de toutes les directions. Al-Ikhrid dit à al-Jounayd :
- « Retournez au
camp car une immense force est en marche contre vous ».
Les premiers
ennemis arrivèrent alors que les hommes déjeunaient. ‘Oubaydillah
Ibn Zouhayr Ibn Hayyan les vit mais il garda le silence
jusqu’à ce que les Musulmans aient fini leur déjeuner. Abou
Ad-Dayyal les vit et lança :
- « L’ennemi ! »
Par conséquent les hommes montèrent et informèrent al-Jounayd. Il
donna l’aile droite aux Banou Tamim et aux Azd et l’aile gauche
proche de la montagne aux Banou Rabi’ah. Le commandement de la
cavalerie cuirassée des Banou Tamim fut donné à ‘Oubaydillah Ibn
Zouhayr Ibn Hayyan, et celle de la cavalerie légère à ‘Omar
(ou ‘Amr) Ibn Jirfas Ibn ‘AbderRahmane Ibn Shouqran
al-Minqari. ‘Amir Ibn Malik al-Himmani commanda la division
des Banou Tamim. ‘AbdAllah
Ibn Bistam Ibn Mas’oud Ibn ‘Amr al-Ma’ni commanda les Azd. La
cavalerie légère fut donnée à Foudayl Ibn Hannad et ‘AbdAllah
Ibn Hawdan, commanda la cavalerie cuirassée. Il a aussi été
rapporté qu’elle fut donnée à Bishr Ibn Hawdan, le frère de
‘AbdAllah Ibn Hawdan al-Jahdami qui rejoignit les forces des
Banou Rabi’ah au pied des montagnes ou personnes ne les approcha.
L’ennemi se
concentra sur l’aile droite des Musulmans, des Tamim et des Azd qui
occupaient de large espace facilement accessible pour leur
cavalerie. Hayyan Ibn ‘Oubaydillah Ibn Zouhayr descendit de
son cheval, sur les ordres de son père, et le donna à son frère
‘Abdel Malik. Son père lui dit alors :
- « O Hayyan,
prends la place de ton frère car il est jeune et je crains pour
lui ». Mais Hayyan refusa et son père lui dit :
- « O mon
petit-fils, si tu es tué dans cet état, tu seras tué désobéissant[4] ».
Alors Hayyan
retourna à la place où il avait laissé son frère et le cheval. Mais
son frère avait déjà joint le camp et attaché le cheval. Hayyan
coupa la corde, monta fermement sur lui et se présenta devant
l’ennemi qui avait maintenant totalement encerclé la place où il
avait laissé son père et ses compagnons.
Al-Jounayd envoya
à leur aide Nasr Ibn Sayyar et sept autres hommes, dont Jamil Ibn
al-Ghazwan al-‘Adawi et ‘Oubaydillah Ibn Zouhayr qui chargèrent
l’ennemi et le mirent en fuite. Alors l’ennemi retourna à la charge
jusqu’à ce qu’ils furent tous tués ensemble : ‘Oubaydillah Ibn
Zouhayr, Ibn Hawdan, Ibn Jirfas, et al-Foudayl Ibn Hannad.
L’aile droite
recula tandis qu’al-Jounayd était debout au centre. Il se déplaça
vers l’aile droite et se rapprocha de l’étendard des Azd. Comme il
s’était comporté rudement envers eux, le porte étendard lui dit :
- « Tu n’es pas
venu à nous pour nous récompenser ou nous honorer mais plutôt tu
sais qu’aucun mal ne te sera fait tant que l’un d’entre nous sera
vivant. Si nous l’emportons ce sera à ton avantage et si nous
périssons, tu ne pleureras pas sur nous ». Puis, il avança et fut
tué. Ibn Mouja’ah prit l’étendard et fut tué à son tour. L’étendard
fut tenu par dix-huit hommes différents qui furent tous tués et ce
jour, quatre-vingts hommes des Azd périrent, puisse Allah Exalté et
Loué faire miséricorde à tous Ses serviteurs.
Les Musulmans
combattirent avec persévérance jusqu’à l’épuisement, jusqu’à ce que
leurs sabres furent émoussés et inutiles. Leurs esclaves coupèrent
des bâtons pour combattre jusqu’à ce que finalement les deux côtés
se lassent. La bataille fut tellement serrée et dans un espace si
étroit que les deux côtés s’abstinrent de combattre.
Parmi les Azd tués
ce jour, il y avait :
- Hamzah Ibn al-Mouja’ah al-‘Ataki,
- Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn Hawdan al-Jahdami,
- ‘AbdAllah Ibn
Bistam al-Ma’ni et son frère Zounaym,
- Al-Hassan
Ibn Shaykh,
- Al-Foudayl al-Harithi,
qui était le commandant de la cavalerie, et,
- Yazid Ibn
al-Moufaddal al-Houddani, qui fit fait le pèlerinage et
dépensa cent-quatre-vingt mille-dirhams pour lui. Il dit à sa mère
Wahshiyah :
- « Prie qu’Allah
Exalté m’accorde le martyr ». Et elle pria pour lui. Il perdit
conscience et mourut martyr treize jours après son retour du
pèlerinage. Deux de ses esclaves ont combattu à ses côtés bien qu’il
leur a ordonné de partir et ils furent aussi tous les deux
martyrisés[5] ».
Le jour du Défilé,
Yazid Ibn al-Moufaddal amena cent chameaux chargés de gruau d’orge
sec pour les Musulmans. Il se renseigna sur les gens et tous ceux
après qui il demanda avaient été tués. Alors, il avança contre
l’ennemi en répétant « la ilaha illallah » et combattit
jusqu’à ce qu’il fut tué à son tour. Ce même jour, Muhammad
Ibn ‘AbdAllah Ibn Hawdan combattit sur un cheval alezan vêtu
d’une cote de maille dorée. Il chargea sept fois, et tua un ennemi à
chaque charge, avant de revenir à son poste. Ceux qui étaient en
face de lui sur la ligne de front furent terrifiés. L’interpréteur
de l’ennemi l’appela alors :
- « Le roi te
demande de ne plus charger mais plutôt de venir à nous. Nous
rejetterons nos idoles et nous t’adorerons à la place ». Muhammad
lui répondit :
- « Je vous
combats pour que vous abandonniez l’adoration des idoles pour
n’adorer qu’Allah Seul le Très Haut ! » Il combattit jusqu’à ce
qu’il trouva le martyr. Jousham Ibn Qourt al-Hilal des Banou
al-Harith et an-Nadr Ibn ar-Rashid al-‘Abdi furent aussi tués ce
jour. Il entra chez sa femme alors que les troupes combattaient et
elle lui dit :
- « Ou seras-tu si
Abou Damrah était amené sur une couverture tachée de sang ? » Elle
se déchira alors le devant de son vêtement et lança des cris
d’afflictions. Il dit :
- « Ça suffit ! Si
chaque femme me pleurait autant, je leur désobéirais et
rechercherais ardemment les femmes du Paradis (hour ‘ayn) ».
Alors, il revint au combat jusqu’à ce qu’il fut martyrisé.
Les Musulmans
rencontrèrent le Khaqan un vendredi. Al-Jounayd envoya un message à
‘AbdAllah Ibn Mou’ammar Ibn Soumayr al-Yashkouri, lui demandant de
rester en arrière à Kish et de retenir quiconque passerait près de
lui et de garder les bagages et l’infanterie. Les affranchis (mawall
pluriel de Mawlah) arrivèrent puis l’infanterie à l’exception
d’un seul cavalier que l’ennemi poursuivait. ‘AbdAllah Ibn Mou’ammar
resta ferme contre l’ennemi et trouva le martyr avec des gens des
Bani Bakr.
Les Musulmans
arrivèrent le samedi matin. Le Khaqan se prépara pour le combat à la
mi-journée mais il ne trouva pas de meilleure place pour combattre
que celle tenu par les Bani Bakr Ibn Wahil commandé par Ziyad Ibn
al-Harith. Quand le Khaqan arriva, les Bakr dirent à Ziyad
Ibn al-Harith :
- « Leurs forces
nous surpassent. Laisse-nous les attaquer avant qu’ils nous
attaquent ». Ziyad leur répondit :
- « Je combats
depuis soixante-dix années. Si vous les chargez, vous serez battus.
Laissez les jusqu’à ce qu’ils approchent ». Quand l’ennemi
s’approcha, ils les chargèrent d’un seul homme et les repoussèrent
loin en arrière et al-Jounayd se prosterna de remerciement à Allah.
Le Khaqan dit ce
jour :
- « Lorsque les
Arabes sont en position difficile, ils défient la mort. Laissez-les
tranquilles jusqu’à ce qu’ils sortent, et ne vous opposez pas à eux
car vous ne pourrez pas leur résister ».
C’est durant cette
année que Sawrah Ibn al-Hour at-Tamimi fut tué. Il combattit les
Turcs entre deux collines et les deux armées persévérèrent jusqu’à
ce que la chaleur du jour soit devenue intense.
On a rapporté
qu’al-Jounayd écrit à Sawrah pour lui demander de l’aide. ‘Oubadah
Ibn as-Salil al-Mouharibi, le père d’al-Hakam Ibn
‘Oubadah, dit à Sawrah :
- « Cherche la
maison la plus fraiche dans Samarkand et repose-toi dedans, ainsi
lorsque tu sortiras, tu ne te soucieras pas si l’émir est fâché
contre toi ou satisfait ». Houlays Ibn Ghalib Ash-Shaybani
lui dit :
- « Les Turcs sont
entre toi et al-Jounayd. Si tu sors, ils tomberont sur toi et se
vengeront sur toi ».
Les espions des
Turcs revinrent à leurs maîtres, leur apportant les nouvelles,
tandis que Sawrah ordonna le départ. Il nomma Moussa Ibn Aswad, des
Banou Rabi'ah Ibn Handalah responsable de Samarkand puis
Sawrah sorti avec douze-mille combattants. Au matin, guidé par un
non-arabe nommé Kartaqabad, il parvint au sommet d’une montagne, et
là, il rencontra le Khaqan après avoir parcouru douze kilomètres, à
un kilomètre d’al-Jounayd.
Sawrah demanda à
‘Oubadah :
- « Qu’est-ce que
tu penses maintenant ? » Il répondit :
- « Que nous
descendons, en pointant nos lances nous se sommes qu’à un kilomètre
du camp ». Sawrah dit :
- « Je suis d’avis
de rassembler la cavalerie et d’attaquer les Turcs, au prix du
succès ou de la mort ». Alors, il rassembla ses forces, attaqua et
repoussa les Turcs. Une dense poussière s’éleva si bien que leur vue
fut réduite tandis que derrière les turcs il y avait des flammes
dans lesquelles ils tombèrent bientôt suivit par les Musulmans qui
tombèrent à leur tour. Sawrah tomba aussi et sa jambe se brisa. Les
Musulmans s’éparpillèrent et lorsque le nuage de poussière disparu,
pendant que les hommes étaient dispersés, les Turcs chargèrent et
les tuèrent tous à l’exception de deux-mille d’entre eux et
certains, ont dit seulement mille réussirent à s’échapper. Houlays
Ibn Ghalib ash-Shaybani fut aussi martyrisé.
Nasr Ibn Sayyar
combattit courageusement ce jour, bien que son sabre fut brisé et
les lanières de ses étriers coupées, il prit son étrier et frappa un
ennemi avec jusqu’à qu’il le tua. Ce même jour, ‘Abdel Karim Ibn
‘AbderRahmane al-Hanafi et onze hommes qui étaient
avec lui tombèrent dans les flammes avec Sawrah.
‘AbdAllah Ibn Hatim
Ibn an-Nou’man dit : « Lors d’un rêve, j’ai vu des tentes
construites entre le ciel et la terre et j’ai demandé : « A qui
sont-elles ? » On me
dit : « Ce sont celles de ‘AbdAllah Ibn Bistam et ses forces ». Ils
périrent tous le lendemain.
Al-Mouhallab Ibn
Ziyad al-‘Ijli fuit avec sept-cents hommes, dont Qouraysh Ibn
‘AbdAllah al-‘Abdi, vers une forteresse du nom d’al-Mourghab, où il
combattit les gens. Al-Mouhallab Ibn Ziyad fut blessé, après quoi
ils nommèrent al-Wajaf Ibn Khalid à leur tête.
Alors al-Ishkand,
le souverain de Nassaf, arriva avec sa cavalerie et en compagnie de
Ghouraq qui leur demanda :
- « O Wajaf, tu as
un sauf conduit ». Qouraysh dit :
- « Ne leur fait
pas confiance, mais dès que la nuit tombera nous sortirons malgré
eux jusqu’à ce que nous atteignions Samarkand, car si nous restons
jusqu’au matin, ils nous tueront ». Mais ils n’écoutèrent pas son
conseil et restèrent. Alors les Turcs les conduisirent jusqu’au
Khaqan qui dit :
- « Je n’autorise
pas le sauf-conduit donné par Ghouraq ». Ghouraq dit à al-Wajaf :
- « Je suis un
esclave du Khaqan de son Shakiriyah ». Les Musulmans demandèrent :
- « Pourquoi
est-ce que vous nous avez trompés ? » Sur ce, al-Wajaf et ses
compagnons les combattirent et tous furent tués à l’exception de
dix-sept Musulmans qui sont entrés dans un jardin muré. Lorsque le
crépuscule arriva, les polythéistes coupèrent un arbre et le mirent
en travers de l’entrée du jardin. Qouraysh Ibn ‘AbdAllah al-‘Abdi
vint, jeta l’arbre de côté et sortit avec trois hommes. Ils
dormirent dans un caveau ou ils se dissimulèrent tandis que les
autres qui n’osèrent pas sortir furent tous tués au matin.
Lorsque Sawrah fut
tué, al-Jounayd, sorti du défilé, et se dirigea en hâte vers
Samarkand. Khalid Ibn ‘Oubaydillah Ibn Habib lui dit :
- « Allez,
Allez ! » Tandis qu’al-Moujashir Ibn al-Mouzahim as-Soulami
disait :
- « Je t’en
conjure, ne pars pas ! » Quand al-Moujashir vit qu’il était descendu
de sa monture, il dit à al-Jounayd :
- « Par Allah ! Tu
ne partiras pas mais tu vas certainement établir le camp ici que tu
veuilles ou pas! Nous n’allons pas te laisser nous détruire après ce
que t’as dit Hajari ». Mais le camp n’était pas encore fini
quand les Turcs apparurent. Al-Moujashir dit :
- « S’ils nous
avaient rencontrés en route, ils nous auraient exterminés ! »
Au matin, une
bataille eut lieu. Un groupe des Musulmans fuit tandis que les
armées se retirèrent. Al-Jounayd dit :
- « O gens c’est
le feu de l’enfer ! » Et ce qui s’étaient enfuit revinrent à ce
moment. Al-Jounayd ordonna à un homme d’appeler : « Tout esclave qui
combattra sera libre ! » Alors, les esclaves sortirent et
combattirent si férocement que les gens furent été étonnés. L’un
d’eux prit une couverture de la selle, il coupa une ouverture au
centre pour sa tête puis la mit autour de son cou pour se
protéger avec. Les troupes furent vraiment satisfaites de la
persévérance des esclaves.
L’ennemi renouvela
l’attaque, mais les Musulmans résistèrent jusqu’à ce que l’ennemi
fût battu. Alors les Musulmans reprirent leur route. L’ennemi
captura un homme des ‘Abdel Qays, l’attacha et passa autour de son
cou la tête de Bal’a al-‘Anbari, le fils de Moujahid Ibn Bal’a.
Quand les hommes trouvèrent l’homme des Banou Tamim, ils ôtèrent la
tête et l’enterrèrent.
Al-Jounayd passa
par Samarkand ou il prit les familles de ceux qui avaient été avec
Sawrah à Merv, puis il resta dans as-Soughd quatre mois.
Les principaux
commandants militaires du Khorasan étaient : Al-Moujashir Ibn Mouzahim
as-Soulami, ‘AbderRahmane Ibn Soubh al-Kharaqi, et
‘Oubaydillah Ibn Habib al-Hajari. Al-Moujashir
établissait le camp des soldats d’après leurs divisions et aussi les
avant-postes. ‘Oubaydillah Ibn Habib était responsable de
mobilisation pour les batailles.
Il y avait aussi
des hommes sages et clairvoyants responsables des conseils,
spécialisés des techniques de guerres, qui étaient eux même des
vétérans et des hommes d’expériences, tant parmi les hommes libres
que les serviteurs comme al-Fadl Ibn Bassam, le Mawlah des Banou
Leyth, ‘AbdAllah Ibn Abi ‘AbdAllah, le Mawlah des Banou Soulaym et
al-Bakhtari Ibn Moujahid, le Mawlah du Banou Shayban.
Quand les Turcs
repartirent dans leur pays, al-Jounayd envoya Sayf Ibn al-Wassaf
al-‘Ijli de Samarkand au calife Hisham mais Sayf eut trop peur et
comme il craignait le chemin, il demanda à ce qu’un autre que lui
soit nommé alors al-Jounayd envoya Nahar Ibn Tawsi’ah, des Banou
Taym Ibn al-Lat, et Zoumayl Ibn Souwayd al-Mourri, des Banou Mourrah
du Ghatafan. Al-Jounayd écrivit à Hisham pour l’informer des
évènements et Hisham convoqua Nahar Ibn Tawsi’ah et le questionna au
sujet de la véracité de ces nouvelles et il lui confirma qu’il y
avait assisté en personne.
Hisham écrivit
alors à al-Jounayd : « Je viens juste de t’envoyer vingt-mille
hommes en renfort, dix-mille hommes de Basra sous le commandement de
‘Amr Ibn Mouslim, dix-mille homme de Koufa sous le commandement de
‘AbderRahmane Ibn Nou’aym, trente-mille lances et autant de
boucliers. Enrôle autant que tu peux d’hommes au-delà de
quinze-mille ».
Il a aussi été
rapporté qu’al-Jounayd envoya une délégation à Khalid Ibn ‘AbdAllah,
qui lui-même envoya ne délégation à Hisham Ibn ‘Abdel Malik Ibn
Marwan pour l’informer que : « Sawrah Ibn al-Hour
partit chasser avec ses compagnons furent assaillis par les Turcs et
tous tués. » Quand Hisham fut informé de la calamité de Sawrah, il
dit :
- « Nous sommes à
Allah et à Lui nous revenons! Le désastre de Sawrah Ibn al-Hour
au Khorasan et celui d’al-Jarrah à Al Bab! »
Le jour du Défilé,
al-Jounayd entra dans celui-ci pensant que personne ne viendrait
contre lui des montagnes. Il envoya Ibn ash-Shikhir à l’avant à la
tête de l’avant-garde, tandis qu’il commandait lui-même l’arrière et
il ne disposa pas d’ailes du tout. Le Khaqan approcha, écrasa
l’avant-garde et arriva du côté gauche d’al-Jounayd tandis que le
Jabghouyah[6] arriva sur sa droite. Les Azd et
les Banou Tamim furent aussi écrasés et Turcs capturèrent les
bagages d’al-Jounayd. A la tombée du crépuscule, al-Jounayd, ordonna
à un homme de sa propre maison : « Marche parmi les rangs des
soldats et leurs machines de guerre et rapportent ce qu’ils disent
et comme ils sont ». Après un certain l’homme revint et lui dit :
- « Ils sont
confiants, se récite des poésies les uns aux autres tandis que
d’autres lisent le Qur’an ». Cela satisfit al-Jounayd, qui loua
Allah Exalté.
Il est rapporté
aussi que le jour du Défilé, les esclaves prirent position près du
camp et quand les Turcs et les Soughdians s’approchèrent d’eux, les
serviteurs se jetèrent sur eux avec les piquets de tentes et tuèrent
neuf d’entre eux si bien qu’al-Jounayd leur donna leur butin.
[1]
Paykand ou Baykand en prononciation arabe, près de Boukhara.
[2]
Non musulmans vivant avec les musulmans et sous leurs
protections.
[3]
A l’est de Balkh.
[4]
Il y a deux niveaux juridiques pour le combat dans le
sentier d’Allah (jihad fis-sabilillah) : Le Jihad
Fard Kifayah qui dispense une partie des musulmans de son
accomplissement si l’autre partie s’en charge. Ce Jihad se
situe en période de paix et de calme, lorsque les terres
musulmanes et les musulmans sont en sécurité.
Si les musulmans sont
attaqués ou leur pays envahit, on passe à la seconde
catégorie qui est le Jihad Fard ‘Ayn. Pour ce Jihad, tous
les musulmans, hommes, femmes, enfants, vieillards qui
peuvent tenir des armes sont requis et ils n’ont besoin de
la permission de personne pour le faire ! C’est donc un
Jihad obligatoire pour tous qui s’étend du pays concerné à
tous les musulmans de la terre. Donc dans le cas de ce jeune
homme, ou l‘ennemi est en face, le choix ne se pose pas.
[5]
Seul Allah Exalté, à Lui les Louanges et la Gloire, sait qui
de Ses serviteurs atteint véritablement
le martyr.
[6]
Le roi du Toukharistan