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‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz
Le vendredi
des dix derniers jours du mois de Safar, de l’année 99 de
l’Hégire (717), comme l’ont rapporté les historiens, décéda à
Dabiq à Qinnassrine le calife Souleyman Ibn ‘Abdel Malik Ibn
Marwan le septième calife omeyyade et ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz
pria sur lui et son califat fut un grand bien pour les
Musulmans. Il libéra un très grand nombre de prisonniers en Iraq
qui avait été injustement emprisonné par al-Hajjaj et fut
très avenant envers les gens sous la direction de son homme de
confiance, le fils de son oncle, ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz.
On a rapporté
qu’un jour, Souleyman Ibn ‘Abdel Malik s’habilla d’un vêtement
vert et d’un turban de la même couleur, puis, il se regarda dans
un miroir et dit :
- « Je suis
le jeune roi ».
Puis, il alla
accomplir la prière du vendredi et en revenant de la mosquée, il
tomba gravement malade et ne vécut pas jusqu’au prochain
vendredi. Et Souleyman était un bel homme.
On a aussi
rapporté qu’il avait une jeune femme et qu’un jour elle le
regarda tellement qu’il lui demanda :
- « Pourquoi
me regardes-tu ? »
Et elle lui répondit :
- « Tu es le
meilleur sujet de joie si seulement tu pouvais durer. Mais
l’homme ne possède pas l’immortalité. Je ne vois pas de défaut
en toi que les autres gens ont, excepté que tu décéderas ».
Et le jour de
sa mort, ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz prit sa succession et les gens
lui portèrent allégeance. Si nous devions parler de la
biographie de ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz et de sa justice, cela nous
prendrait évidemment beaucoup de temps et de place. Peut-être en
une autre occasion, nous pourrons faire, un livre particulier
sur ce calife juste (‘adil).
Lorsque
Souleyman sentit la maladie le gagner, il laissa la succession à
un de ses fils mais qui était trop petit et n’avait pas encore
atteint l’âge de la puberté mais Rajah Ibn Haywah
Ibn Jawal al-Kindi lui dit :
- « O émir
des croyants ne fait pas cela, ce qui protègera le calife dans
son cercueil est qu’il nomme un homme capable pour le bien être
des Musulmans ». Le calife lui répondit :
- « Je vais
faire la prière de consultation et voir ».
Deux jours
après, Souleyman Ibn ‘Abdel Malik convoqua Rajah Ibn Haywah
et lui demanda :
- « Que
penses-tu de Daoud Ibn Souleyman ? »
- « Il est
absent et occupé par la conquête de Constantinople et tu ne sais
même pas s’il est vivant ou mort ! »
- « Alors à
qui penses-tu ? »
- « Et toi, ô
Amir ? »
- « Que
penses-tu de ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz ?
- « Allah
sait mieux mais je ne connais que le bien de cet homme, un
Musulman bienveillant ».
- « Par
Allah, ainsi il est répondit le calife. Par Allah, si jamais je
le désignais et personne d’autre que lui, la sédition serait
immédiate et ils ne cesseront de le harceler tant qu’il nommera
quelqu’un d’entre eux après lui ».
- « Alors
fait nommer Yazid ‘Abdel Malik après lui ! »
Alors le
calife écrivit une lettre ou il consigna ses dernières volontés
et appliqua son sceau personnel.
Nous avons
consigné en quelques lignes une longue histoire qui aurait pris
beaucoup de place, néanmoins, ce sont là les faits principaux.
Le califat
fut donc octroyé à ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz et à Yazid Ibn ‘Abdel
Malik après lui. Et dès les premiers instants de son califat, la
justice, la crainte (d’Allah Exalté), apparurent chez cet homme
qui se sentait contraint d’exercer cette fonction.
Lorsque ‘Omar
Ibn ‘Abdel ‘Aziz devint Calife, il écrivit à Maslamah Ibn ‘Abdel
Malik et lui demanda de rentrer en Syrie, avec les armées
musulmanes. Il leur envoya des montures et des chargements de
nourritures tant les armées stationnées à Constantinople
souffraient de la faim, de la fatigue et de la sévérité du
climat.
En l’an 99 de
l’Hégire (717), ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz désista Yazid Ibn
al-Mouhallab de son poste en Iraq et nomma ‘Adiyy Ibn Artat
al-Fazari gouverneur de Basra et ‘Abdel Hamid Ibn
‘AbderRahmane Ibn Zayd Ibn al-Khattab al-‘Adawi
al-Qourayshi à Koufa.
‘Omar Ibn
‘Abdel ‘Aziz voyait en la famille de Yazid Ibn al-Mouhallab des
violents tyrans et pour cela, il n’aimait pas Yazid Ibn
al-Mouhallab.
Lorsqu’il
envoya ‘Adiyy Ibn Artat al-Fazari, en poste à Basra, il agit
selon les ordres du calife et ordonna à Moussa Ibn Wajih al-Himyari
de lui ramener Yazid Ibn al-Mouhallab qui était dans la ville de
Wassit. Puis, il s’embarqua pour aller à Basra ou ‘Adiyy Ibn
Artat venait d’arriver. Moussa Ibn Wajih le rattrapa au pont de
Basra et le captura puis l’amena à ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz qui
lui demanda de lui remettre le butin qui était en sa possession,
dont il avait parlé de remettre à Souleyman Ibn ‘Abdel Malik et
qui revenait au trésor public (bayt al-mal) puis il le
fit emprisonner.
Puis Omar Ibn
‘Abdel ‘Aziz nomma al-Jarrah Ibn ‘Abdillah al-Hakam
gouverneur du Khorasan.
Le retour des khawarije
En l’an 100
de l’Hégire (718), un nouveau groupe de quatre-vingt khawarije
sortirent de l’Iraq contre ‘Abdel Hamid Ibn ‘AbderRahmane
al-‘Adawi. La plupart d’entre eux étaient des Banou Rabi’ah Ibn
Nizar et ils étaient commandés par un homme des Bani Yashkour du
nom de Bistam et connu sous le nom Shawdhab.
Lorsque ‘Omar
Ibn ‘Abdel ‘Aziz fut informé, il écrivit au gouverneur d’Iraq
‘Abdel Hamid Ibn ‘AbderRahmane al- ‘Adawi et lui
demanda de leur envoyer une armée pour les surveiller et de ne
pas les combattre à moins qu’ils aient répandu le sang et semés
la corruption sur la terre.
‘Abdel Hamid
Ibn ‘AbderRahmane al-‘Adawi leur envoya mille combattants
sous le commandement de Muhammad Ibn Jarir Ibn ‘Abdillah
al-Bajali tandis que ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz envoya une lettre à
Bistam et lui demanda les raisons de sa rébellion contre l’état
car ils ont fait savoir qu’ils étaient sorti en colère pour la
cause d’Allah Exalté et de Son Messager (Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui).
‘Omar Ibn
‘Abdel ‘Aziz lui écrivit : « Il m’est parvenu que tu es sorti en
colère pour la cause d’Allah et de Son Messager (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) et que tu n’as pas plus de droit
que moi pour le faire (sous-entendu : c’est moi le calife et moi
qui est plus concerné de me mettre en colère pour la cause
d’Allah et de Son messager). Viens me voir et explique moi tes
raisons. Si nous avons raison alors rejoint la communauté en ce
que les gens croient et si tu as raison, nous considérerons
notre position ».
Bistam lui
envoya deux personnes de son groupe qui lorsqu’ils arrivèrent
chez le calife un des hommes lui demanda :
- « Informe
nous à propos de Yazid Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan et pour
quelle raison le nommeras-tu calife après toi ? »
- « Je ne
l’ai pas nommé calife après moi, mais cela est venu d’un ordre
de celui qui m’a précédé ».
- « Supposons
que tu
administres
des biens qui appartiennent à quelqu’un d’autre et tu l’as
confié alors à quelqu’un qui n’est pas fiable. Penses-tu avoir
honoré la confiance dont t’as chargé le propriétaire ? »
Abou
‘Oubaydah Ma’mar Ibn Mouthannah at-Taymi, le serviteur des Banou
Taym Ibn Mourra al-Qourayshiyine, qui a rapporté cette histoire
dit : Lorsque ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz entendit cela, il leur
dit :
-
« Laissez-moi trois jours ». Et les khawarije sortirent de chez
lui.
Abou
‘Oubaydah poursuivit : Les Banou Marwan eurent peur que ‘Omar
confisque leur biens et qu’il retire Yazid de la succession (du
fait que ‘Omar ai demandé trois jours pour leur fournir une
réponse). Et ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz devait décéder dans les
trois jours suivants des suites d’un empoisonnement.
D’autres
sources ont rapporté qu’entre-temps ‘Abdel Hamid Ibn
‘AbderRahmane envoya une armée combattre les khawarije
mais elle fut vaincue. Alors ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz ordonna à
Maslamah Ibn ‘Abdel Malik qui était à Raqqah d’aller les
combattre à la tête d’une armée de deux-mille combattants de
Syrie et il les écrasa.
Ainsi prit
fin la sédition des khawarije à l’époque de ‘Omar Ibn ‘Abdel
‘Aziz.
De même, en
l’an 100 de l’Hégire (718), ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz envoya ‘Omar
Ibn Houbayrah al-Fazari gouverneur d’al-Jazirah et remplaça
al-Jarrah Ibn ‘Abdillah al-Hakami par ‘AbderRahmane
Ibn Nou’aym al-Ghamidi pour la prière et la guerre au Khorasan
avec ‘AbderRahmane Ibn ‘Abdillah al-Ghoushayri pour les
revenus.
‘Omar Ibn
‘Abdel ‘Aziz désista al-Jarrah Ibn ‘Abdillah al-Hakami
à cause de sa dureté et de ses injustices et parce qu’il prenait
l’impôt de guerre (jizyah) sur les pays qui étaient
entrés dans l’Islam alors que la Jizyah n’est redevable que des
mécréants qui vivent sous la protection de l’Islam.
Les
historiens ont aussi rapporté que sous le règne de ‘Abdel ‘Aziz,
la propagande (da’wah) pour les Abbassides fit son
apparition et nous viendrons à parler un peu plus abondement sur
ce sujet par la suite.
‘Omar Ibn
‘Abdel ‘Aziz fut sans conteste un Imam juste et magnanime ce qui
entraina la résurgence des khawarije et réveilla la maladie dans
le cœur des gens malades qui n’attendaient que l’occasion pour
se rebeller à nouveau contre l’état.
En l’an 101
de l’Hégire (719), Yazid Ibn al-Mouhallab s’enfuit de sa prison
lorsqu’il apprit que ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz était malade et de
crainte de Yazid Ibn ‘Abdel Malik, s’il devenait le nouveau
calife, et qui était marié à Oumm al-Hajjaj Bint Muhammad
Ibn Youssouf ath-Thaqafi et dont al-Hajjaj était l’oncle
de son père. C’est pour cela que Yazid fit le serment de se
venger de Yazid Ibn al-Mouhallab s’il tombait entre ses mains
car Yazid avait torturé le groupe de Ibn ‘Aqil ath-Thaqafi, de
la famille de Hajjaj Ibn Youssouf ath-Thaqafi.
Le vendredi
des cinq derniers jours de Rajab de l’an 101 de l’Hégire (719),
décéda le calife juste et huitième calife omeyyade ‘Omar Ibn
‘Abdel ‘Aziz Ibn Marwan Ibn al-Hakam al-Amawi. Sa mère
était Oumm ‘Assim ou Layla Oumm ‘Assim Bint ‘Assim Ibn ‘Omar Ibn
al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui).
‘Omar Ibn
‘Abdel ‘Aziz était alors âgé de trente-neuf ans un mois et son
califat dura deux années et cinq mois. Et il est aussi connu
sous le nom du « Balafré des Banou Oumayyah » parce qu’un l’un
des chevaux de son père l’avait blessé au visage alors qu’il
était un enfant.
L’Imam al-Hafiz
Ibn Kathir a rapporté dans son livre « al-Bidayah wal Nihayah »
que : « ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz est mort de la tuberculose (soul).
Mais aussi qu’il a été ordonné à un de ses servants
d’empoisonner (soum) son eau en échange de mille
dinars ».
Puisse Allah
à Lui les Louanges et la Gloire lui faire miséricorde.
Yazid Ibn ‘Abdel Malik
Yazid Ibn
‘Abdel Malik prit sa succession et devint le neuvième calife
omeyyade alors qu’il était âgé de vingt-neuf ans. Il commença
son califat en
désistant Abi Bakr Ibn Muhammad Ibn ‘Amr Ibn Hazm
de Médine et le remplaça par ‘AbderRahmane Ibn ad-Dahhak
Ibn Qays al-Fihri.
Cette même
année, Yazid Ibn al-Mouhallab se rendit à Basra ou beaucoup de
gens se joignirent à lui tandis que ‘Adiyy Ibn Artat al-Fazari
avec les gens de Basra se prépara à le combattre mais la
bataille tourna à l’avantage de Yazid Ibn al-Mouhallab et ‘Adiyy
Ibn Artat al-Fazari fut fait prisonnier. Entre temps Yazid Ibn
‘Abdel Malik avait envoyé à Yazid Ibn al-Mouhallab une garantie
de sécurité et acceptation de toutes ses demandes mais le
message arriva trop tard.
Yazid Ibn
‘Abdel Malik, le neuvième calife omeyyade, envoya le fils de son
frère al-‘Abbas Ibn al-Walid à la tête de quarante-mille
combattants de Syrie combattre Yazid Ibn al-Mouhallab suivit par
le célèbre guerrier Maslamah Ibn ‘Abdel Malik à la tête de son
armée.
Yazid Ibn
al-Mouhallab quitta Basra pour Wassit, ou il laissa son fils
Mou’awiyah Ibn Yazid gouverneur de la ville avant d’aller à
al-‘Aqr.
Au mois de
Safar de l’année 102 de l’Hégire (720), l’armée de Syrie
rencontra l’armée de Yazid Ibn al-Mouhallab et une terrible
bataille s’ensuivit. L’armée d’Iraq ne put résister à l’armée de
Syrie, et Yazid Ibn al-Mouhallab combattit bravement jusqu’à ce
qu’il fut tué puis sa tête fut tranchée et envoyée à Yazid Ibn
‘Abdel Malik. Et c’était une habitude de trancher la tête des
chefs de tous ceux qui se rebellaient contre l’état et de
l’envoyer au calife des Musulmans dans sa capitale.
Lorsque
Mou’awiyah Ibn Yazid Ibn al-Mouhallab apprit les nouvelles de la
déroute de l’armée de son père, de sa mort et celle de ses
oncles, il ordonna que trente-deux prisonniers soient tués et
parmi eux ‘Adiyy Ibn Artat al-Fazari, son fils Muhammad
Ibn ‘Adiyy Ibn Artat al-Fazari puis Malik et ‘Abdel Malik Ibn
Misma’ des Banou Qays Ibn Tha’labah al-Bakriyine. Tandis que le
reste de la famille d’al-Mouhallab s’enfuirent à Farès
poursuivit par Moudrik Ibn Dab al-Kalbi envoyés par Maslamah à
la tête d’une armée qui les vainquit et tua al-Moufaddal Ibn
al-Mouhallab. Le reste des al-Mouhallab s’enfuit à Qandabil ou
Wida’ Ibn Qoumayd al-Azdi était gouverneur ne les accepta pas.
Ils
s’enfuirent à nouveau poursuivit par Hilal Ibn Ahwaz
al-Mazimi at-Tamimi sur les ordres de Maslamah. Hilal les écrasa
et il ne resta d’eux qu’Abou Ilaynah Ibn al-Mouhallab et ‘Uthman
Ibn Moufaddal al-Mouhallab qui s’enfuirent chez Khaqan et
Routbil, au pays des Turcs.
Après cette
grande victoire, et sur les ordres du neuvième calife, Maslamah
Ibn ‘Abdel Malik devint gouverneur d’Iraq[1]
et du Khorasan.
Maslamah Ibn
‘Abdel Malik nomma Ghashamah Muhammad Ibn ‘Amr Ibn Walid
Ibn ‘Ouqbah Ibn Abi Mou’ayt al-Amawi gouverneur de Koufa, ‘Abdel
Malik Ibn Bishr Ibn Marwan gouverneur de Basra et Sa’id Ibn
‘Abdel ‘Aziz Ibn al-Harith Ibn (al) Hakam Ibn Abi al-‘As
al-Amawi, connut dans les livres d’histoires sous le nom de
Sa’id Khoudaynah le mari de la fille de Maslamah, gouverneur du
Khorasan.
Sa’id Ibn
‘Abdel ‘Aziz se retrouva donc dans la même position avant lui
que Qoutaybah Ibn Mouslim, avec la même pouvoir et l’armée de
Yazid Ibn al-Mouhallab sous son commandement mais il n’aimait
pas le combat dans la voie d’Allah excepté s’il était contraint.
Les
populations turques conquises en profitèrent pour se rebeller et
parmi eux les Soughdians apostasièrent. Il est connut que ces
peuples turcs sont durs et qu’ils ne peuvent être dominés que
par un puissant gouverneur.
La
bataille de la Forteresse d’al-Bahili
Quand Sa’id
Khoudaynah arriva au Khorasan, il convoqua un groupe de dihqans
et leur demanda qu’ils lui recommandent les noms d’hommes qu’il
pourrait envoyer dans la région. Ils recommandèrent un groupe
d’Arabes qu’il nomma alors responsable de ces contrées.
Cependant, peu après, il commença à recevoir des plaintes au
sujet d’eux. Un jour, alors que les gens étaient venus pour le
voir, il dit :
- « Je suis
arrivé dans cette province en ne connaissant rien au sujet de
ses habitants. J’ai demandé des conseils à ces mêmes gens, et un
certain groupe m’a été recommandé. Je me suis renseigné à leur
sujet et, après avoir reçu des rapports positifs, je les ai
nommés. Je vous adjure donc de m’informer au sujet de mes
gouverneurs ! »
Alors les
gens les louèrent. Mais ‘AbderRahmane Ibn ‘AbdAllah Al
Qoushayri dit :
- « Si tu ne
nous avais pas nommés, j’aurais immédiatement cessé, mais
maintenant que tu nous as sollicités, je peux dire que tu as
cherché le conseil des polythéistes qui t’ont recommandé des
gens qu’eux même n’aimeraient pas et c’est tout que nous
connaissons à leur sujet ».
Sa’id désista
Shou’bah Ibn Zouhayr d’as-Soughd et le remplaça par Uthman Ibn
‘AbdAllah Ibn Moutarif Ibn ash-Shikhir chargé de
l’administration militaire puis il nomma Souleyman Ibn Abi
as-Sari, le Mawlah des Banou Ouwafah, chargé de l’administration
fiscale et Ma’qil Ibn ‘Ourwah al-Qoushayri gouverneur d’Hérat.
Les soldats
qui pensaient que Sa’id était un homme faible le surnommèrent
« Khoudaynah » tandis que les Turcs se réjouirent de le
combattre. Le Khaqan des Turcs nomme Koursoul, rassembla ses
hommes et les envoya
à as-Soughd à la forteresse Bahilah où ils installèrent
leur camp.
Certaines
sources ont rapporté qu’un des grands dihqans voulut se marier
avec une femme Bahili qui était dans cette forteresse et lui
envoya une proposition de mariage mais quand elle refusa, il
souleva une armée dans l’espoir de capturer les habitants de la
forteresse et saisir ainsi la femme.
Koursoul
arriva et assiégea les habitants de la forteresse dans lequel il
y avait cent familles. Craignant que ‘Uthman Ibn ‘AbdAllah, le
gouverneur de Samarkand serait pas assez rapide pour leur
envoyer des renforts, ils proposèrent aux Turcs quarante-mille
dirhams en échange de la paix et ils remirent dix-sept hommes
aux Turcs comme otages. Pendant ce temps, ‘Uthman Ibn ‘AbdAllah
appela des volontaires. Al-Moussayab Ibn Bishr ar-Riyahi
répondit à l’appel et plus de quatre-mille hommes de toutes les
tribus s’engagèrent volontairement. Mais Shou’bah Ibn Zouhayr se
moqua et dit :
- « Même si
les cavaliers de Khorasan étaient ici, ils n’auraient pas pu
atteindre leur but ».
Parmi les
volontaires des Banou Tamim, il y avait :
- Shou’bah Ibn Zouhayr an-Nahshali,
- Bal’a Ibn
al-Moujahid ‘Anzi,
- ‘Amirah Ibn
Rabi’ah des Banou ‘Oujayf connu sous le nom de ‘Amirat
ath-Tharid,
- Ghalib Ibn
al-Mouhajir at-Ta’i, l’oncle paternel d’Abou al-‘Abbas
at-Toussi,
- Abou Sa’id
Mou’awiyah Ibn al-Hajjaj at-Ta’i,
- Thabit
Qoutnah,
- Abou
al-Mouhajir Ibn Darah de la tribu de Ghatafan,
- Houlays ash-Shaybani,
- Al-Hajjaj Ibn al-‘Amr at-Ta’i,
- Hassan Ibn Ma’dan at-Ta’i,
- Al-Ash’ath Abou Hatamah at-Ta’i et,
- ‘Amr Ibn Hassan at-Ta’i.
Quand les
forces furent rassemblées, al-Moussayab Ibn Bishr dit :
- « Vous
allez arriver dans le territoire des Turcs, le territoire de
Khaqan, et d’autres. La récompense, si vous êtes ferme, est le
Paradis, et la punition, si vous fuyez, est l’enfer. Que ceux
qui ont l’intention d’attaquer et d’être ferme s’avancent ».
Alors
trois-cent hommes de ceux qui s’étaient engagés se retirèrent
tandis que le reste avança vers Khaqan. Après avoir avancé six
kilomètres, il s’arrêta et répéta ce qu’il avait précédemment
dit et mille se retirèrent. Il s’arrêta de nouveau six
kilomètres plus loin répéta de nouveau sa parole, et un autre
mille se retira.
Alors, il
avança de nouveau, guidé par al-Ashhab Ibn ‘Oubayd al-Hanzali
jusqu’à ce qu’il fût à douze kilomètres de l’ennemi, ou
il installa le camp des Musulmans. Alors le Khaqan turc,
le Roi de Qiyy, approcha les Musulmans et dit :
- « ‘Ali des
dihqans à porter allégeance à d’autres Turcs, mais je commande
trois-cents combattants qui sont à ta disposition. D’après mon
information, les habitants de la forteresse ont conclu un pacte
de paix avec les Turcs en échange de quarante-mille dirhams. Ils
leur ont aussi remis dix-sept hommes pour faire office d’otages
jusqu’à ce que le tribut soit payé. Mais quand les Turcs ont
appris que vous marchiez vers eux, ils ont tués les otages.
Parmi les
otages Nahshal Ibn Yazid al-Bahili, réussit à s’échapper
sans être tué, ainsi qu’al-Ashhab Ibn ‘Oubaydillah
al-Hanzali. Les Musulmans jurèrent d’attaquer les Turcs le
lendemain ou de les laisser conquérir la forteresse.
Cette nuit,
al-Moussayab envoya dehors deux cavaliers, un Arabe et un
non-arabe et les instruit comme suit :
- « Quand
vous approcherez la forteresse, attachez vos montures à un arbre
et amenez nous des informations sur les gens ».
Les deux
hommes sortirent par une nuit sombre, mais les Turcs avaient
inondé la région autour de la forteresse pour empêcher quiconque
de l’atteindre. Quand ils se sont approchés de la forteresse, la
sentinelle les appela. Ils répondirent :
- « Restez
silencieux et amenez-nous ‘Abdel Malik Ibn Dithar ».
La sentinelle
obéit et les deux hommes dirent à ‘Abdel Malik :
- « Nous
sommes envoyés par al-Moussayab, et la délivrance est proche ».
Il demanda :
- « Où est-il
? »
- « A douze
kilomètres d’ici. Pouvez tenir le reste de la soirée et demain
? » AbdelMalik répondit :
- « Nous
avons juré de protéger nos femmes et les envoyer à leur mort en
avant de nous afin que nous puissions tous ensemble mourir ».
Puis, les
deux hommes revinrent chez al-Moussayab, qui a dit alors à ses
gens :
- « Je vais
marcher contre l’ennemi immédiatement. Si n’importe qui d’entre
vous désire nous quitter qu’il le fasse ».
Mais pas une
personne seule ne bougea et ils firent tous le serment de
combattre jusqu’à la mort.
Le temps
qu’al-Moussayab se mette en route, de l’eau supplémentaire fut
relâchée autour de la forteresse pour la rendre inaccessible.
Lorsqu’il ne fut plus qu’à trois kilomètres des Turcs, il
descendit de son cheval et décida d’une attaque surprise de
nuit. Il donna ses ordres à ses hommes. Ils sellèrent leurs
chevaux, et il monta le sien. Il leur conseilla l’absolue
fermeté et les incita et leur parla des immenses récompenses
qu’ils recevront dans la vie future pour ceux qui ont accumulé
les actions pieuses et qui restèrent fermes mais aussi l’honneur
et le butin qu’ils recevront dans ce monde, s’ils sont
victorieux. Il les instruits comme suit :
- « Muselez
vos chevaux et avancez en silence. Quand vous approcherez de
l’ennemi, montez et attaquez avec sincérité et d’un seul homme.
Lancez le Takbir « Allah est le Plus Grand » et que votre cri de
bataille et de ralliement soit « O Muhammad ». Ne
poursuivez pas quelqu’un qui a tourné le dos et fui. Vous êtes
responsable pour les chevaux, faites leur des légères plaies
dans le dos et ils chargeront plus furieusement que vous
espérez. Un petit nombre d’hommes fermes est préférable à un
grand nombre de lâches et votre nombre n’est pas insignifiant.
On ne peut frapper l’ennemi avec sept-cents épées sans
l’affaiblir, à cause de son nombre.
Il les
arrangea en ordre, donna le commandement de l’aile droite à
Kouthayyir Ibn ad-Daboussi et le flanc gauche à un homme de la
tribu de Rabi’ah connu sous le nom de Thabit Qoutnah. Puis, le
crépuscule arriva et ils avancèrent silencieusement jusqu’à ce
qu’ils fussent à une portée de deux lancées de flèches puis
lancèrent le Takbir « Allah est le Plus Grand » si fort que les
Turcs sursautèrent. Les Musulmans pénétrèrent jusqu’au milieu de
leur camp mais les Turcs persévérèrent contre eux. Les Musulmans
furent mis en déroute et ils se retirèrent vers al-Moussayab,
poursuivi par les Turcs. Beaucoup de Musulmans descendirent de
leur cheval pour combattre, y compris al-Bakhtari Abou ‘AbdAllah
al-Moura’i, Muhammad Ibn Qays al-Ghanawi aussi connu sous
le nom de Muhammad
Ibn al-Qays al- ‘Anbari, Ziyad al-Isbahani, Mou’awiyah Ibn
al-Hajjaj et Thabit Qoufnah al-Bakhtari combattit jusqu’à que
son bras droit blessé alors il transféra son sabre dans sa main
qui fut aussi entaillé et il se battit avec ses mains jusqu’à ce
qu’il trouva le martyr.
Et tombèrent aussi avec lui, Muhammad Ibn al-Qays
al-‘Anbari (al-Ghanawi) et Shabib Ibn al-Hajjaj at-Ta’i, puisse
Allah Exalté leur faire miséricorde.
Alors les
polythéistes furent mit en déroute et Thabit Qoutnah tua un de
leur meilleur soldats jusqu’à ce que le héraut d’al-Moussayab
cria :
- « Ne les
poursuivez pas, car ils ne comprennent pas la signification de
la peur, que vous les poursuiviez ou pas ! Dirigez-vous vers la
forteresse, mais n’emportez aucunes marchandises excepté
l’argent, et n’emportez personne qui ne peut marcher ». Puis
al-Moussayab dit :
- « Quiconque
emportera une femme, un jeune garçon ou une personne faible pour
la cause d’Allah Exalté recevra son salaire chez Lui, et
quiconque s’abstiendra recevra quarante dirhams et s’il y a
quelqu’un dans la forteresse avec qui vous avez un pacte,
prenez-le avec vous ».
Ils se sont
tous dirigés vers la forteresse et ont emporté quiconque était
dedans. Un homme des Banou Fouqaym atteignit une femme qui
l’implora, en disant :
- « Aide moi
Allah t’aidera ».
Il s’arrêta et dit :
- « Saute sur
le dos du cheval ».
Elle bondit
et sur le dos du cheval elle montra qu’elle était plus habile
sur un cheval qu’un homme. Al-Fouqaymi attrapa la main de son
tout jeune fils et le mit dans les bras de la femme. Puis, les
Musulmans retournèrent au Khaqan turc qui les emmena dans sa
forteresse et leur apporta de la nourriture. Il dit :
- « Allez à
Samarkand et ne revenez pas ».
Comme ils
partaient pour Samarkand, le Khaqan turc leur demanda :
- « Avez-vous
laissé quelqu’un dans la forteresse? » Ils répondirent :
- « Hilal al-Hariri ».
Il dit alors :
- « Je ne
l’abandonnerai pas ». Il le trouva, avec plus de trente
blessures sur son corps
et l’emporta. Il se remit, mais il fut tué par la suite
avec al-Jounayd lors de la bataille du Défilé.
Lorsque les
Turcs retournèrent, le jour suivant dans la forteresse, ils ne
trouvèrent absolument personne excepté les cadavres de leurs
camarades et ils dirent :
- « Ceux qui
sont venus n’étaient pas des humains ».
‘AbdAllah Ibn
Muhammad qui était présent cette nuit à la forteresse
d’al-Bahili dit :
- « Nous
étions à l’intérieur de la forteresse, et quand les deux armées
s’affrontèrent, nous pensâmes que le jour de Résurrection était
arrivé à cause de ce que nous entendîmes des gémissements émis
par les soldats, les heurts de fer, et le hennissement des
chevaux ».