La conquête de l’Andalousie par Tariq Ibn Ziyad et Moussa Ibn Noussayr

 

Le débarquement des Musulmans à Tarif est considéré comme le début de la présence des Musulmans en Andalousie. Et si d’autres considèrent qu’elle ne débute qu’au débarquement de Tariq Ibn Ziyad, nous leur affirmerons que c’est suite à cette expédition et au rapport de Tarif Ibn Malik que l’agrément pour l’expédition de Tariq fut donné.

Tarif Ibn Malik après avoir mené à bien sa mission revint d’Andalousie avec du butin et d’excellentes nouvelles. Si ce petit détachement avait été confronté à des difficultés, l’ordre de conquérir l’Andalousie n’aurait pas été donné.

Lorsque Moussa Ibn Noussayr écrivit au calife pour lui demander la permission de conquérir l’Andalousie, ce dernier craignit de mettre en péril les Musulmans et c’est pour cela qu’il demanda qu’un petit détachement soit envoyé en reconnaissance.

Puisque les nouvelles rapportées par Tarif étaient excellentes, Moussa Ibn Noussayr ordonna les préparatifs pour l’envoi d’une expédition en Andalousie dont il donna le commandement à Tariq Ibn Ziyad, le célèbre grand conquérant berbère et général musulman.

Si les Berbères furent des ennemis acharnés de l’islam, ils jouèrent aussi un rôle essentiel dans la conquête de l’Andalousie et dans le monde musulman lorsqu’ils se convertirent à l’Islam.

Tariq Ibn Ziyad devint musulman par l’entremise de Moussa Ibn Noussayr et il devint par la suite, l’un de ses plus proches. Il le nomma à la tête d’un groupe de sept-mille combattants, et il y a avait dans son armée douze Arabes seulement et d’autres ont rapportés trois-cent. C’était une expédition islamique et nullement Arabe ou Berbère pour porter la Parole d’Allah Exalté et l’Islam aux gens ! Et à cette époque, il n’existait aucune divergence entre les Arabes et les Berbères. Ce n’est que lorsque l’Algérie fut colonisé que l’envahisseur, pour mieux parvenir à ses fins, tenta de diviser les gens et de raviver les sentiments nationalistes destructeurs. Et les Berbères tombèrent dans le piège en oubliant qu’ils avaient eux-mêmes payés un très lourd tribut à l’envahisseur qui n’avait pas différencié entre les Arabes et les Berbères !

 

Tariq utilisa la flotte de Julien pour traverser le détroit et descendit à Safh, la montagne de Kalbi connue par la suite sous le nom de Jibal Tariq puis par Gibraltar, au mois de Rajab de l’année 92 de l’Hégire (710). Et c’est cette expédition qui entra la première en Andalousie pour porter la Parole d’Allah Exalté.

Et durant tout ce temps, Moussa Ibn Noussayr ne cessa d’implorer et d’invoquer le Seigneur en pleurant pour qu’Il donne la victoire aux Musulmans. La lutte dans la voie d’Allah était à cette époque d’une pureté éclatante et les gens se tournaient sincèrement cœurs et âmes vers Allah.

Certains ont rapporté que Moussa se mit en colère après lui ! S’il le fit c’est peut-être du fait qu’il craignait pour les Musulmans à cause de leur petit nombre et à cause de la rapidité extrême de ses conquêtes se rappelant l’histoire de ‘Ouqbah Ibn Nafi’. Tariq Ibn Ziyad ne s’arrêta pas pour attendre des renforts mais il poursuivit ses conquêtes et Allah Exalté lui donna la victoire.

Et lorsque plus tard les deux hommes furent réunit, ils montrèrent l’un envers l’autre le plus grand respect.

 

 

La bataille de Wadi Barbate

 

Tariq Ibn Ziyad resta quelques jours dans l’ile qui porte son nom du fait qu’il ordonna de construire un mur pour protéger son armée. Puis, il ordonna la construction de la ville d’Algésiras (jaziratoul khadra) qui fut connue sous le nom d’Oumm Hakim et Oumm Hakim, était le nom d’une servante qui était avec Tariq.

Puis, l’armée des Goths commandée par leur roi en personne et au nombre de cent-mille ou quarante-mille soldats arriva. Lorsque Tariq fut informé du nombre de l’ennemi, il envoya un message à Moussa Ibn Noussayr qui lui envoya cinq mille hommes en renfort.

 

 

A la fin du mois de Ramadan de l’année 92 de l’Hégire (710), eut lieu une féroce bataille entre les deux armées. Cette bataille fut appelée la bataille de Wadi Loukkah ou la bataille de Wadi Barbate ou la Bataille de Shadounah qui eut lieu près de la ville de Sidonie. Nous la connaissons aussi sous le nom de la bataille de Guadalete. Elle dura huit jours et finit par une grande victoire pour les Musulmans par la grâce d’Allah Exalté envers Ses serviteurs. Trois-mille Musulmans furent tués lors de cette bataille, puisse Allah le Très haut leur faire miséricorde.

En s’enfuyant, Rodéric, le roi des Goths mourut noyé en tombant dans le fleuve.

 

Après la victoire, Tariq Ibn Ziyad poursuivit ses opérations dans le pays. Il conquit Séville (ashfillia) et Ecija (astatja). Puis, il envoya un détachement qui captura Cordoue (qortoba) et Malaga (maliqa). Puis Tariq conquit Tolède (toleytela) la capitale des Goths et un nombre importante d’autres villes dont la ville de Salem (salim) avant de revenir à Tolède ou il stationna attendant l’arrivée de Moussa Ibn Noussayr qui traversa le détroit avec dix-huit-mille combattants et débarqua en Andalousie au mois de Ramadan de l’année 93 de l’Hégire (711).

Moussa Ibn Noussayr paracheva les conquêtes de Tariq et les deux hommes se rencontrèrent à Tolède au mois de Dzoul Qi’dah de l’année 94 de l’Hégire (712) avant de se lancer à la conquête du nord de l’Andalousie.

Al-Walid Ibn ‘Abdel Malik convoqua Moussa Ibn Noussayr qui nomma ‘Abdel ‘Aziz Ibn Moussa Ibn Noussayr son successeur en Andalousie et ‘AbdAllah Ibn Moussa sur le Maghreb avant de partir vers la Syrie. Il arriva à Damas, en compagnie de Tariq Ibn Ziyad et d’une large quantité de butin avec eux trois jours avant la mort d’al-Walid. Souleyman Ibn ‘Abdel Malik lui demanda de ne pas se hâter et de ne pas entrer chez le calife car il était gravement malade.

 

En l’an 97 de l’Hégire (715), les Musulmans sous le commandement de Habib Ibn Abi ‘Abda Ibn ‘Ouqbah Ibn Nafi’ al-Fihri se rebellèrent contre ‘Abdel ‘Aziz Ibn Moussa et le tuèrent alors qu’il priait dans la mosquée de Séville. Quant aux raisons de cet assassinat veuillez-vous reportez à notre livre « Abrégé Historique de l’Histoire du Maghreb et de l’Andalousie ».

Quant à ‘AbdAllah Ibn Moussa, il fut désisté de son poste de gouverneur du Maghreb par le calife Souleyman Ibn ‘Abdel Malik et remplacé par Muhammad Ibn Yazid al-Qourayshi.  

Tous ces évènements eurent lieu en l’an 97 de l’Hégire (715).

 

 

Yazid Ibn al-Mouhallab conquit Gorgan et le Tabaristan

 

Quant aux expéditions militaires en terre byzantine contre les Romains, elles ne cessèrent point et les armées en partance de Syrie menaient continuellement leurs raids.

 

En l’an 97 de l’Hégire (715), Yazid Ibn al-Mouhallab, attaqua Jourjan et le Tabaristan.

Yazid Ibn al-Mouhallab, arriva au Khorasan où il est resta trois ou quatre mois. Puis, il marcha vers Dihistan et Jourjan, laissant son fils Makhlad, gouverneur adjoint sur Khorasan en son absence.

Quand il atteignit Dihistan, habité par une tribu de Turcs, il établit son camp et assiégea ses habitants. Il était accompagné des armées de Koufa, de Basra et de Syrie, avec les principaux généraux des armées du Khorasan et d’ar-Rayy.

Yazid Ibn al-Mouhallab était à la tête d’une armée de cent-mille soldats, sans compter les serviteurs et les volontaires musulmans qui joignaient l’armée poussés par la recherche du martyr lors des combats dans la voie d’Allah.

Les Musulmans chargèrent l’ennemi et écrasèrent leur rangs si bien qu’ils fuirent et se réfugièrent dans leur forteresse pour mener des raids réguliers ou ils combattaient avec intensité.

 

Muhammad Ibn ‘AbderRahmane Ibn Abi Sabrah al-Jou’fi était un homme éloquent et courageux, à l’exception du fait qu’il avait un faible pour la boisson et qu’il n’avait pas pour coutume de visiter fréquemment Yazid et sa famille.

Peut-être la bonne influence qu’ils avaient sur les deux fils de Zahr, Jahm et Jamal, l’a tenu éloigné de Yazid et sa famille. Quand le héraut s’écriait : « O cavaliers d’Allah, en selle et réjouissez-vous des bonnes nouvelles », Muhammad Ibn ‘AbderRahmane Ibn Abi Sabrah était toujours le premier cavalier parmi les troupes à se présenter au choc de bataille.

 

Un jour, l’appel fut lancé aux soldats, et Ibn Abi Sabrah précéda tous les autres. Il se trouvait sur un monticule quand ‘Uthman Ibn al-Moufaddal passa près de lui et lui dit :

- « O Ibn Abi Sabrah, je n’ai jamais été capable de te battre à l’appel ».

- « Qu’est-ce que cela peut me faire, quand tu ignores la valeur des personnes âgées, d’hommes d’expérience et de prouesses » lui répondit-il.

 

Les troupes s’affrontèrent à nouveau violemment. Muhammad Ibn ‘AbderRahmane Ibn Abi Sabrah attaqua un Turc que les autres soldats avaient évité. Ils échangèrent des coups, et l’épée du Turc se coinça dans le casque d’Ibn Abi Sabrah qui lui porta un coup et le tua.

Puis, il avança, le sabre ensanglantée à la main, avec l’épée du Turc coincée dans son casque, et les soldats témoignèrent l’un des plus fin spectacles qu’ils leur ai été donné de voir de la part d’un cavalier.

Quand Yazid vit l’éclat des deux épées, le casque et l’armure, il demanda :

- « Qui est cet homme ? » Les gens répondirent :

- « Ibn Abi Sabrah ». Alors Yazid dit :

- « Combien est excellent, un père qui a donné la naissance à un tel fils ! Quel homme serait-il s’il n’avait pas ce problème de boisson ! »

 

Un jour, Yazid sortit avec un groupe de cavaliers pour chercher un lieu propice pour lancer une attaque quand une bande de Turcs, sortit de nulle part, l’attaqua. Yazid était à ce moment précis avec les principaux commandants et leur gardes soit à peu quatre-cents hommes, tandis que l’ennemi était au nombre de quatre-mille.

Après avoir combattu les Turcs pendant un certain temps, les hommes de Yazid lui dirent :

- « O émir quitte le champ de bataille tandis que nous protégeons tes arrières et nous combattrons pour toi ».

Mais Yazid refusa et combattit ce jour, comme ses soldats.

Ibn Abi Sabrah, les deux fils de Zahr, al-Hajjaj Ibn Jariyah al-Khath’ami et ses meilleurs guerriers combattirent vaillamment. Finalement, lorsqu’ils voulurent partir, Yazid nomma al-Hajjaj commandant de l’arrière garde qui combattit et protégea le retrait de l’émir et de ceux qui étaient avec lui jusqu’à ce qu’ils aient atteint l’eau, car ils avaient soif. Lorsqu’ils s’étanchèrent l’ennemi se retira sans gains.

 

Yazid maintint le siège en plaçant des troupes de chaque côté de la ville de manière à couper ses ressources. Lorsque les turcs se fatiguèrent et furent incapable de combattre les Musulmans,  à cause du siège qui pesait lourdement sur eux, Soul le dihqan[1] de Dihistan, envoya un message à Yazid, disant : « Je ferai la paix avec toi à condition que tu me fournis un sauf-conduit pour moi, les membres de ma famille, et mes animaux. Si tu acceptes, je vous livrerai la ville avec son contenu. »

Yazid fit la paix avec lui, entra dans la ville, saisit les animaux, les trésors, un très grand nombre de captifs et tua ceux qui l’avait combattu. Puis, il écrivit au calife Souleyman Ibn ‘Abdel Malik pour l’informer.

 

Après la capture de la ville Yazid marcha sur Gorgan (jourjan) qui payaient, depuis l’époque de Sa’id Ibn al-‘As, une importante somme d’argent (jizyah) en échange de la paix avec les Musulmans. Mais ils cessèrent de payer la Jizyah, devinrent des brigands coupeurs de routes et harassaient les Musulmans qui voulaient se rendre dans la ville jusqu’à l’arrivée de Yazid.

Lorsque Yazid arriva chez eux, ils se présentèrent spontanément à lui avec le traité de paix, car ils le craignaient, et lui offrirent la même somme qu’ils payaient à l’époque de Sa’id Ibn al-‘As. Yazid, nomma Assad Ibn ‘AbdAllah al-Azdi comme leur gouverneur et le laissa avec une garde de quatre-mille combattants.

 

Puis, Yazid entra alors dans le territoire d’Ispahbad[2] (isbahbab), dans le Tabaristan, dont un pacte le liait avec les Musulmans, accompagné par des travailleurs qui coupèrent les arbres et agrandirent les routes et finalement, Yazid installa son camp et écrivit à l’Ispahbad pour lui faire savoir que l’impôt de guerre avait augmenté tandis que celui-ci avait envoyé un messager à Daylam, ou il réclamait des forces militaires supplémentaires pour attaquer les Musulmans.

Lorsque les troupes d’ad-Daylam arrivèrent leur chef s’avança et défia les Musulmans. Ibn Abi Sabrah sorti des rangs pour répondre au défi et le tua. La débâcle continua sur l’armée ennemie jusqu’à ce que les Musulmans aient atteint le défilé de la montagne. Quand les Musulmans commencèrent l’ascension du passage, les ennemis qui se trouvaient au-dessus d’eux, les couvrirent d’une pluie de flèches et de roches. Les Musulmans quittèrent rapidement le défilé sans grande perte et l’ennemi fut incapable de lancer une contre-attaque ou de les poursuivre. Mais comme les Musulmans pressaient les uns sur les autres dans leur retrait, beaucoup d’entre chutèrent dans les ravins.

Yazid, imperturbable, maintint sa position. Pendant ce temps, les Ispahbad envoyèrent un message à l’armée de Gorgan et leur demandèrent d’attaquer l’arrière garde de Yazid et de couper l’acheminement des ressources et les routes entre eux et les Arabes, et promirent de les dédommager ultérieurement pour leurs efforts. En conséquence, ils violèrent leur pacte et attaquèrent les Musulmans que Yazid avait laissés derrière lui et tuèrent tous ceux qu’ils trouvèrent. Les survivants se rassemblèrent et se fortifièrent dans un recoin, ou ils restèrent jusqu’à ce que Yazid les ai secourus. Yazid accentua la pression contre l’Ispahbad jusqu’à ce qu’il ait fait la paix avec eux en échange de sept-cents-mille dirhams, quatre-cents-mille en argent, deux-cents-mille en vêtements (thawb), quatre-cents juments chargé de safran, et quatre-cents esclaves habillés de manteaux et d’écharpes, de soie blanche et chacun portant une coupe d’argent furent les termes de l’agreement pour la paix alors qu’auparavant les termes étaient uniquement de deux-cents-mille dirhams.

Alors Yazid et ses partisans quittèrent la région se regardant comme si ils avaient été battus ! Et n’était-ce la trahison de Gorgan, il n’aurait pas quitté le Tabaristan avant de l’avoir conquis par la force.

 

Lorsque Yazid fit la paix avec l’armée du Tabaristan, il se dirigea de nouveau vers Gorgan. Il fit le serment que s’il triomphait sur eux, il ne les quitterait pas, ni n’abaisserait son sabre jusqu’à ce qu’il ait mélangé leur sang dans le blé, puis fait du pain avec ce mélange et mangé ce pain.

Quand Marzouban, le chef de Gorgan, apprit que Yazid avait fait la paix avec l’Ispahbad et était de retour vers Gorgan, il rassembla ses gens en hâte et alla à al-Wajah, où il se fortifia. Quiconque contrôlait al-Wajah n’avait besoin d’aucune réserve de nourriture ou d’eau et pouvait soutenir indéfiniment un siège. Pendant ce temps, Yazid arriva et encercla la forteresse, entourée par des bosquets denses avec seulement un accès unique, ou Marzouban et ses hommes s’étaient fortifiés.

 

Yazid maintint le siège durant sept mois sans qu’aucun progrès ne soit fait car le seul chemin conduisant à la forteresse était trop étroit pour permettre à une armée de s’engager de front. Marzouban et ses hommes émergeaient pendant le jour, combattaient puis retournaient à leur forteresse. Les choses était dans l’état lorsqu’un jour, un des soldats, de la tribu de Tayyi, sortit pour chasser repéra une antilope qui grimpait dans les montagnes. Il la suivit, en disant à ses compagnons : « Restez ou vous êtes » avant d’escalader la montagne et de suivre les traces quand soudainement il tomba sur l’armée de Gorgan qui était retourné chercher ses compagnons en arrière. Effrayé de ne pouvoir revenir sur ses pas, il déchira son vêtements et fit des bouts dont il se servit pour marquer son chemin en les accrochant sur les arbres. Finalement, il retourna vers ses compagnons puis au camp de l’armée.

Il est dit que l’homme qui chassait était al-Hayyaj Ibn ‘AbderRahmane al-Azdi, un résident de Tous[3] et un chasseur passionné. Quand il retourna au camp de l’armée, il approcha ‘Amir Ibn Aynam al-Washiji, qui était le commandant de la garde personnelle de Yazid mais il ne le laissa pas entrer. Alors il dut crier : « J’ai des informations importantes » et finalement, il attira l’attention des deux fils de Zahr Ibn Qays qui l’amenèrent à Yazid.

Yazid appela al-Hayyaj et lui demanda :

- « Quelle information as-tu ? »

- « Voudrais-tu entrer dans Wajah sans combattre ? »

- « Certainement ».

- « Que me donneras-tu en échange ? »

- « Demande ton prix ».

- « Donne-moi quatre-mille maintenant et ce que tu me donneras plus tard sera une gratification ».

Yazid ordonna de lui payer quatre-mille dirhams. Puis il appela ses soldats et mille-quatre cents répondirent à son appel. Al-Hayyaj dit :

- « Vu la densité des arbres, le chemin ne supportera pas un aussi grand nombre ».

Yazid en choisi trois-cents et les envoya sous le commandement de Jahm Ibn Zahr.

 

D’autres sources ont dit : Le commandement fut donné à son fils, Khalid Ibn Yazid, à qui il dit :

- « Tu peux être privé de la vie mais pas de la mort (sous-entendu : ne laisse pas la peur de la mort miner ton courage). Qu’Allah vous assiste, si je vous vois en ma présence après avoir fui ! » Et il envoya Jahm Ibn Zahr avec lui.

Yazid demanda à al-Hayyaj :

- « Quand les atteindrez-vous? » Il répondit :

- « Demain à midi, dans l’intervalle entre les deux prières ».

Puis Yazid leur dit :

- « Allez, avec la bénédiction d’Allah Exalté, je m’efforcerai de les engager demain à l’heure de la prière du midi ». Et ils partirent.

Le lendemain, peu avant le temps de la prière de l’après-midi, Yazid ordonna à ses hommes de mettre le feu à des piles de bois qu’il avait rassemblé au cours du siège. Ils les incendièrent et avant que le soleil eût décliné du méridien, son armée était entourée par des montagnes de feu. Quand l’ennemi vit le feu, il fut effrayé par la magnitude des flammes et sortit pour s’informer. Quand le soleil eut décliné du méridien, Yazid ordonna à ses hommes de prier, de joindre les deux prières de Zouhr et de ‘Asr et puis de marcher vers l’armée ennemie et de les combattre.

 

Pendant ce temps, le groupe d’al-Hayyaj marcha le reste de ce jour et le lendemain puis attaqua l’armée des Turcs peu avant le temps de la prière de l’après-midi.

Les Gorgans attaquèrent les Musulmans confiant de leur position, jusqu’au moment où ils entendirent le Takbir dans leur dos. Ils tournèrent aussitôt le dos à la bataille et paniqués retournèrent dans leur forteresse poursuivit par les Musulmans. Ils durent se rendre peu après et se soumettre au jugement de Yazid. Il captura leurs femmes et leurs enfants et tua tous les soldats et les crucifia aux arbres sur une distance de deux parassanges (farsakhs[4]),  à gauche et à droite de la route. Il en conduisit aussi douze-mille à al-Andarhaz, le fleuve de Gorgan, et dit :

- « Quiconque cherche vengeance du sang de nos frères qu’ils ont versé peut en tuer autant qu’il souhaite ».

Un Musulman seul en tua quatre ou cinq et bientôt l’eau du fleuve prit la teinte du sang. Il y avait un moulin, le long du fleuve et Yazid put mélanger le sang dans le blé moulu. Il pétrit le blé moulut avec l’eau ensanglanté, fit cuire le pain, le mangea et se libéra de cette façon de son serment avant d’ordonner de construire la ville de Gorgan. Il n’y avait précédemment en ces lieux aucune ville.

Puis, il retourna au Khorasan en laissant Jahm Ibn Zahr al-Jou’fi gouverneur de Gorgan.

 

Certaines sources ont dit : Yazid tua quarante-milles personnes entre les prières de midi et de l’après-midi.

Ces faits ont été rapportés par l’Imam at-Tabari dans son « Tarikh ar-Roussoul wal Moulouk».

 

D’autres ont dit : Yazid appela Jahm Ibn Zahr et le dépêcha avec quatre-cents hommes. Yazid les instruits comme suit : « Quand vous atteindrez la forteresse, attendez jusqu’au lever du jour, puis lancez le Takbir et dirigez-vous vers la porte de la forteresse. Vous me trouverez là, ayant déjà expédié tous les hommes à la porte ».

Par conséquence, quand Ibn Zahr entra dans la forteresse, il attendit jusqu’à l’heure convenue puis passa à l’attaque. Ils tuèrent tous les gardes qu’ils rencontrèrent sur leur chemin jusqu’à la porte ou ils lancèrent le Takbir qui terrifia les habitants de la ville d’une terreur aveugle, prix de leur trahison. Allah Exalté plaça la terreur dans leur cœur tant et si bien qu’ils ne surent où tourner de la tête. Cependant, un groupe d’entre eux, pas en très grand nombre, avança vers Jahm Ibn Zahr, et s’affrontèrent quelques temps. La main de Jahm se cassa, mais lui et ses hommes maintinrent leur position fermement ; et bientôt, ils vinrent à bout de tous leurs ennemis. Quand Yazid Ibn al-Mouhallab entendit le Takbir, il conduisit les soldats vers la porte qu’ils trouvèrent, ouvertes après que les gardes ait été tués.

Il n’y eut personne pour empêcher Yazid d’entrer et de lui résister sérieusement. Il entra dans la forteresse puis fit sortir les soldats à l’extérieur, et après avoir fait érigés des troncs de palmiers sur une distance de douze kilomètres, sur les deux côtés de la route, et les fit crucifier sur un total de vingt-quatre kilomètres. Puis Yazid captura alors les habitants de la forteresse et pris possession de son contenu.

Yazid leur octroya un  tel châtiment pour avoir trahit leur pacte et pour avoir tué quatre-milles Musulmans dont Assad Ibn ‘Abdillah al-Azdi qu’il avait laissé en garnison. Et aussi comme exemple pour tous ceux qui seraient tentés de rompre les pactes qu’ils avaient avec les Musulmans.

Puis Yazid Ibn al-Mouhallab écrivit au calife Souleyman Ibn ‘Abdel Malik, le septième calife omeyyade, pour l’informer de cette grande victoire sur les Turcs du fait de l’accès difficile à ses régions et l’invulnérabilité de leurs forteresses et qu’il allait lui envoyer le montant du butin s’élevant à six-millions de dirhams. Mais son scribe al-Moughirah Ibn Abi Qourrah, le serviteur des Bani Sadous, le conseilla et lui dit :

- « Ne fais pas mention de la somme d’argent car le calife va te demander soit de la lui envoyer ou il va te demander de la garder. Et de peur que par la suite, il ne se contente pas de ce que tu lui envoie à cause de l’énormité de cette somme. Mais il se peut aussi que Walid, qui te déteste, vienne et qu’il te demande cet argent ou une somme d’argent similaire ».

Mais Yazid Ibn al-Mouhallab refusa d’écrire cela au calife Souleyman Ibn ‘Abdel Malik et cette lettre allait lui causer des problèmes comme nous allons le voir par la suite.

 

 

La mort du calife al-Walid Ibn ‘Abdel Malik et la succession de Souleyman ‘Abdel Malik

 

‘Abdel Malik Ibn Marwan avait fait promettre de donner la succession après lui à ses fils al-Walid et Souleyman et que s’il s’ensuivait un conflit entre eux de porter allégeance à Yazid Ibn ‘Abdel Malik et à son frère Marwan après lui. La mère de Yazid Ibn Marwan est ‘Atikah Bint Yazid Ibn Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan.

 

Nous avons vu que ‘Abdel Malik voulut priver son frère ‘Abdel ‘Aziz du califat mais comme ‘Abdel ‘Aziz mourut avant le problème ne se posa pas. Puis nous avons vu qu’al-Walid voulut aussi priver son frère Souleyman du califat pour son fils ‘Abdel Aziz mais al-Walid mourut avant d’avoir pu procéder. Et maintenant Souleyman voulut faire exactement la même chose avec ses frères et fit porter allégeance à son fils Ayyoub Ibn Souleyman et l’ont dit que Souleyman espéra la mort de son frère Yazid Ibn ‘Abdel Malik, ou qu’il y lui arrive quelque chose de fâcheux. Mais Allah Le Très Haut voulut qu’Ayyoub Ibn Souleyman meure durant le règne de son père en l’an 98 de l’Hégire (716). Et de ce fait Yazid Ibn ‘Abdel Malik devint le nouveau prétendant au califat.

Et nous voyons ici comment les gens désirent certaines choses mais qu’Allah le Très Haut en a décidé d’autres, louanges à Lui ! Et Allah fait ce qu’Il veut.

 



[1] Le dihqan était le chef de village et un membre de la moindre noblesse féodale des Sassanides perses qui, après la conquête musulmane, a continué à être responsable pour les administrations locales et la collecte du tribut. En Transoxiane, les dirigeants locaux étaient désignés par le terme dihqan.

 

[2] Le roi du Tabaristan.

[3] Une région du Khorasan contenant les villes de Nawqan et Tabaran.

 

[4] 12 kilomètres.