La mort de Youssouf Ibn
Hajjaj
ath-Thaqafi
Les historiens ont rapporté qu’après la mort de Sa’id Ibn Joubayr, al-Hajjaj
Ibn Youssouf ath-Thaqafi ne vécut que quarante jours, après avoir
terriblement souffert.
Il ne put pratiquement plus dormir et il fut aussi affligé de cauchemar,
ou il voyait Sa’id Ibn Joubayr qui lui disait :
- « O ennemi d’Allah, pourquoi m’as-tu tué ? » Ce qui était un châtiment
d’Allah envers al-Hajjaj avant qu’il ne meurt. Et al-Hajjaj
le tyran disait :
- « Qu’ai-je à voir avec Sa’id Ibn Joubayr ! Qu’ai-je à voir avec Sa’id
Ibn Joubayr ! »
Al-Hajjaj savait où il était à La Mecque mais il était resté
silencieux sur le sujet jusqu’à ce que le gouverneur de La Mecque
lui ait envoyé Sa’id ! Voilà pourquoi il avait maudit le gouverneur
de La Mecque !
Al-Hajjaj a joué un grand rôle dans le règne des Omeyyades. Il a
été beaucoup rapporté à son sujet et nous avons pu découvrir à
travers ces lignes une grande partie de sa biographie sans qu’elle
soit complète.
Bien sûr, chacun peut avoir son avis sur l’homme. Comme tout un chacun, il
a fait certainement des bonnes et des mauvaises choses. Néanmoins,
il restera une figure importante de notre communauté.
Pour exemple, nous citerons une partie de ce qu’a rapporté ad-Dahhabi à
son sujet dans son livre « Sirah A’lam An-Noubalah » :
« C’était une brute, un tyran, un oppresseur et un homme cruel (qui
faisait couler le sang) mais c’était aussi un homme valeureux (shaja’a),
audacieux (iqdamin), rusé (makrin), malin (daha),
éloquent (fassaha), persuasif (balagha) et
respectueux du Qur’an. Nous l’insultons et nous le l’aimons point.
Et nous le détestons (boughd) en Allah ».
En l’an 95 de l’Hégire (713), la lutte dans la voie d’Allah pour élever la
Parole d’Allah Le Très Haut, était mené sur plusieurs fronts. En
Andalousie, en Inde, au-delà de l’Oxus et en en terre byzantine, la
recommandation du bien était dument appliquée à cette époque. La
lutte (jihad) est un des fondements de l’Islam par lequel les
Musulmans sont respectés. Tant que les armées musulmanes étaient
actives à propager la parole de Tawhid, « Il n’y a nulle divinité
excepté Allah et Muhammad est Son messager », les terres
musulmanes étaient imprenables et l’honneur des Musulmans sauf. Le
jour où les Musulmans abandonnèrent cette magistrale recommandation
d’Allah Exalté dans Son Livre Glorieux, à l’immense récompense et
aux honneurs dans l’au-delà et en ce monde, cette protection
essentielle pour la vie et les biens, les Musulmans devinrent
faibles.
Le jour où les Musulmans déposèrent leurs armes, ils perdirent leurs
honneurs et leur religion. L’honneur du Musulman réside en ses armes
et uniquement dans ses armes et ne peut revenir que par les armes.
Allah à Lui les louanges et la Gloire nous a recommandé dans Son
Livre non seulement de ne pas déposer nos armes : « Et lorsque tu (Muhammad) te trouves parmi eux, et que tu les diriges
dans la Salat, qu’un groupe d’entre eux se mette debout en ta
compagnie, en gardant leurs armes. Puis lorsqu’ils ont terminé la
prosternation, qu’ils passent derrière vous et que vienne l’autre
groupe, ceux qui n’ont pas encore célébré la Salat. A ceux-ci alors
d’accomplir la Salat avec toi, prenant leurs précautions et leurs
armes. Les mécréants aimeraient vous voir négliger vos armes et vos
bagages, afin de tomber sur vous en une seule masse. Vous ne
commettez aucun péché si, incommodés par la pluie ou malades, vous
déposez vos armes ; cependant prenez garde. Certes, Allah a préparé
pour les mécréants un châtiment avilissant[1] » mais aussi de préparer toutes sortes d’armes pour la lutte. Le Très
Haut dit : « Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et
comme cavalerie équipée, afin d’effrayer l’ennemi d’Allah et le
vôtre, et d’autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de
ceux-ci mais qu’Allah connaît. Et tout ce que vous dépensez dans le
sentier d’Allah vous sera remboursé pleinement et vous ne serez
point lésés[2] ! » Et l’histoire que vous avez sous les yeux est là pour largement et
sans aucun doute possible le prouver.
Cette année,
al-‘Abbas Ibn al-Walid Ibn ‘Abdel Malik fit campagne en territoire
byzantin. Et par ses mains Allah Exalté conquis trois forteresses,
qui d’après ce qui a été dit, sont Toulous, al-Marzbanayn, et
Hiraqlah.
Le reste de l’Inde
fut conquise excepté al-Kayraj et al-Mandal.
Wassit al-Qassab
fut construite, durant le mois de Ramadan de l’année 95 de l’Hégire
(714).
Moussa Ibn
Noussayr quitta l’Andalousie pour Tunis ou il exécuta les rites de
la Fête du Sacrifice le 10 du mois de Dzoul Hijjah (26 aout 714) à
Qasr al-Ma’, à trois kilomètres de Kairouan.
Qoutaybah Ibn
Mouslim fit campagne contre ash-Shash.
Al-Hajjaj
envoya d’Irak une armée qui rejoignit Qoutaybah en l’an 95 de
l’Hégire (713) et qui partit aussitôt en campagne. Quand il arriva à
ash-Shash ou à Koushmahan, les nouvelles de la mort d’al-Hajjaj
lui parvinrent. Il fut si chagriné qu’il retourna à Merv.
Il revint avec son
armée qu’il dispersa. Il laissa des soldats à Boukhara, à Kish et à
Nassaf.
Tandis qu’il se
trouvait à Merv, il reçut une lettre du calife al-Walid : « L’émir
des croyants connait tes épreuves et tes efforts dans la guerre dans
la voie d’Allah Exalté contre les ennemis des Musulmans. Maintenant
consolide tes campagnes et attends la récompense de Ton Seigneur. Ne
me laisse pas sans nouvelle afin que je puisse voir par tes yeux le
territoire et les frontières dans lesquelles tu te trouves ».
Cette même
année al-‘Abbas Ibn al-Walid conquit Qinnassrine.
Cette même année
aussi, al-Waddahi, qui était un des lieutenants d’al-Waddah,
l’esclave libéré berbère de ‘Abdel Malik qui commandait une élite de
combattants appelée al-Waddahiyah, et approximativement mille
hommes qui étaient avec lui furent tués en territoire byzantin.
Lorsqu’al-Hajjaj sentit l’inéluctable fin le gagner, il nomma Yazid
Ibn Abi Kabshah al-Kindi, ministre de la guerre et Imam, aux
affaires politiques pour l’Iraq dont Basra et Koufa. Puis, il nomma
ministre des finances (kharaj) Yazid Ibn Abi Mouslim, l’affranchi (mawlah)
Thaqif, surnommé également Abi Mouslim Dinar ou Yazid Ibn Dinar.
Lorsqu’al-Hajjaj mourut, al-Walid Ibn ‘Abdel Malik confirma dans
leurs postes tous ceux qu’al-Hajjaj avait nommé en Iraq et
ailleurs.
La mort de Walid Ibn ‘Abdel Malik
Au mois de Joumadah Thani de l’année 96 de l’Hégire (714), mourut à Damas,
le sixième calife omeyyade al-Walid Ibn ‘Abdel Malik et ‘Abdel ‘Aziz
pria sur lui.
Al-Walid Ibn ‘Abdel Malik fit beaucoup de bonnes choses dont nous
mentionnerons quelque unes :
- C’était un homme extrêmement jaloux et il dit : « Si Allah Exalté
n’avait pas mentionné le peuple de Loth dans le Qur’an, je ne me
serais jamais imaginé que quelqu’un puisse faire de telle chose ».
- Il était aussi énormément préoccupé par la construction des mosquées et
l’entraide aux pauvres, aux nécessiteux, aux malades et aux gens qui
demandaient une attention particulière et que nous appelons de nos
jours : les handicapés.
Al-Walid était aussi puissant que tyran. Il avait désisté son frère
Souleyman du califat pour mettre à la place son fils ‘Abdel ‘Aziz.
Souleyman avait refusé de se laisser faire mais al-Walid refusa de
changer d’avis.
Al-Walid voulut faire comme son père, ‘Abdel Malik Ibn Marwan, lorsqu’il
voulut désister son frère ‘Abdel ‘Aziz pour transmettre le califat à
son fils al-Walid mais ‘Abdel ‘Aziz Ibn Marwan mourut avant son
frère ‘Abdel Malik.
Al-Walid écrivit aux gouverneurs de l’état islamique pour leur demander de
faire porter allégeance aux gens pour son fils ‘Abdel ‘Aziz Ibn
Walid. Mais personne n’accepta de lui porter allégeance, y compris
‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz qui s’éleva contre lui.
Et ce fut une raison supplémentaire pour Souleyman de rapprocher de lui
‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz, de lui demander conseil et de suivre ses
recommandations. Les relations entre les eux hommes avaient toujours
été excellentes.
Quant à al-Hajjaj Ibn Youssouf ath-Thaqafi avant sa mort, et
Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili répondirent à l’appel du calife pour
nommer ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz calife à la place de Souleyman.
Al-Walid Ibn ‘Abdel Malik eut 19 enfants, en plus de ‘Abdel ‘Aziz et
pratiquement tous de mères d’enfants.
En l’an 96 de
l’Hégire, (715), Bishr Ibn al-Walid revint de sa campagne hivernale
après la mort d’al-Walid sous le règne duquel de massives conquêtes
furent effectuées. Moussa Ibn Noussayr conquit l’Andalousie et Muhammad
Ibn al-Qassim conquit l’Inde.
Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili conquit Kashgar et attaqua la Chine.
Kashgar était la ville la plus éloignée du centre de la Chine et la
plus proche au-delà du fleuve de l’Oxus.
Son attaque sur la Chine n’était que le prélude à de futures conquêtes
pour observer le nouveau pays et leur population. La Chine est un
immense territoire et Qoutaybah stationna près de ses nouvelles
conquêtes.
Qoutaybah Ibn Mouslim en Chine et son histoire avec le roi
de Chine
Qoutaybah fit
campagne en l’an 96 de l’Hégire (715) et alla à Ferghana. Il envoya
une troupe en avant pour sécuriser la passe de ‘Issam pour lui
faciliter la route pour Kashgar, le plus proche des villes de Chine,
quand la nouvelle de la mort d’al-Walid lui parvint alors qu’il
était à Ferghana.
Qoutaybah envoya
Kathir Ibn Foulan à Kashgar ou il prit des captifs et écrivit sur
leurs coups : « Part de ce qu’Allah Exalté a accordé à Qoutaybah ».
Qoutaybah avança
loin en avant, jusqu’à ce qu’il approche de la Chine. Le roi de
Chine lui écrivit : « Envoyez-moi quelques-uns des nobles qui sont
avec toi, qui peuvent nous informer à ton sujet et sur votre
religion ».
Qoutaybah choisit
douze hommes, et certains ont dit dix, de son armée et de chaque
tribu. Il choisit des hommes beaux, musclés, éloquents, brave aux
cheveux longs, après qu’il se fût renseigné sur eux, il les trouva
être les meilleurs de leurs peuples. Qoutaybah leur parla et testa
leurs sagacités pour trouver que c’étaient des hommes intelligents
et de bonne apparence. Il ordonna alors qu’ils soient équipés des
meilleures armes et armures, ainsi que des meilleurs vêtements, des
sandales et des parfums avant de les faire monter sur des chevaux de
qualité.
Houbayrah Ibn
al-Moushamraj al-Kilabi était éloquent et fluent. Qoutaybah lui
demanda :
- « O Houbayrah,
comment vas-tu conduire cette affaire ? » Houbayrah lui dit :
- « Puisse Allah
Exalté faire prospérer l’émir ! Je sais me retenir, dit moi ce que
tu attends de moi et je m’y conformerais ».
- « Partez avec la
bénédiction d’Allah Exalté et c’est Lui Seul qui accorde le succès.
N’enlevez pas vos turbans jusqu’à ce que vous atteigniez le pays du
roi. Quand vous entrerez en sa présence, informe le que j’ai juré
que je ne partirai pas avant d’avoir foulé leur terre, marqué
le cou de leurs rois et perçut leur impôt ».
Alors ils
partirent sous le commandement de Houbayrah Ibn al-Moushamraj
des
Banou Kilab Ibn Rabi’ah Ibn ‘Amir Ibn Sa’sa’a[3].
Quand ils arrivèrent, le roi de Chine les somma. Ils entrèrent dans
les bains-douches et émergèrent habillés de vêtements blancs. Ils
s’appliquèrent des parfums capiteux, s’encensèrent et se chaussèrent
de fines sandales avant d’être présentés au roi entourés des
sommités de son pays. Ils s’assirent et ni le roi ni ou ceux qui
étaient avec lui, leur adressèrent la parole, alors ils se levèrent
et sortirent. Le roi demanda alors à ses gens :
- « Que
pensez-vous donc d’eux ? » Ils dirent :
- « Nous pensons
que ce sont des gens qui ne sont rien d’autre que des femmes. Il n’y
a pas l’un d’entre nous les ayant vu et sentit leur odeur qui n’a
pas eu de turgescence ».
Le jour suivant,
le roi les fit venir de nouveau. Ils s’habillèrent de vêtements
brodés, de turbans soyeux et lorsqu’ils furent introduits en sa
présence, on leur dit « Retournez ». Le roi dit à ses compagnons :
- « Que
pensez-vous de leurs habits ? » Ils dirent :
- « Leurs habits
les fait paraitre plus masculin que ceux dont ils étaient vêtus
hier. Ils font plus hommes ».
Le troisième jour
le roi les fit venir. Alors ils se vêtirent de leurs côtes de
mailles, de leurs heaumes, ils ceignirent leurs sabres et leurs
dagues, passèrent autour de leurs épaules leurs carquois et leurs
arcs puis leurs chevaux avant de saisir leurs lances et partirent
ainsi chez le roi qui les vit arriver comme des montagnes en marche.
Quand ils d’approchèrent de lui, ils plantèrent leur lance dans la
terre mais avant qu’ils aient put se rapprocher, il leur fut dit de
nouveau : « Retournez »
à cause de la peur subite des Arabes qui venaient d’entrer dans le
cœur du roi et ses compagnons.
Ils sont alors
reparti, montés leurs chevaux, levés leurs lances, et partirent au
galop comme s’ils se poursuivaient les uns les autres. Le roi
demanda à ses compagnons :
- « Qu’est-ce que
vous pensez d’eux ? » Ils dirent :
- « Nous n’avons
jamais vu quelqu’un de similaire ».
Le soir venu, le
roi leur envoya un message :
- « Envoyez-moi
votre chef, le plus digne d’entre vous ». Ils lui envoyèrent
Houbayrah. Quand Houbayrah rentra en sa présence, le roi lui dit :
- « Tu as vu la
puissance de mon autorité et personne ne peut vous protéger de moi
pendant que vous êtes dans mon pays. Vous êtes comme un œuf placé
dans la paume de ma main. Je vais te demander au sujet de quelque
chose, et, si tu ne me dis pas la vérité, je vous tuerai ».
Houbayrah dit :
- « Demande ! »
- « Pourquoi
avez-vous vêtu ces différents accoutrements, les premiers, deuxièmes
et troisièmes jours ? » Houbayrah répondit :
- « Les vêtements
que nous avons portés le premier jour sont ceux que nous portons
parmi nos familles et le parfum est celui que nous utilisons en
leurs compagnies. Les vêtements du deuxième jour sont ceux que nous
portons pour rencontrer nos chefs et ceux du troisième jours sont
ceux pour rencontrer nos ennemis, quand nous sommes excités et
provoqués ». Le roi dit :
- « Vos coutumes
sont bien organisées. Retournez chez votre maître et dites-lui de
partir, car je connais sa cupidité et le petit nombre de ses
compagnons ; autrement j’enverrai contre vous quelqu’un qui le et
vous détruira ». Et
Houbayrah de répliquer :
- « Comment
quelqu’un qui a des cavaliers dans son pays sous ses yeux et les
derniers d’entre eux là où poussent les olives peut-il dire que nous
sommes peu nombreux ? Comment quelqu’un qui a le monde sous ses
pieds et sous son contrôle, peut-il être qualifié de cupide ? Quant
à ta tentative de nous effrayer avec la mort, sache que nous avons
des termes qui nous sont alloués. Quand cette fin arrive, la plus
noble pour nous est d’être tué. Nous ne détestons pas la mort ni la
craignons ». Le roi dit alors :
- « Qu’est ce qui
satisferait votre maître alors ? »
- « Il a fait le
serment qu’il ne partira avant d’avoir marché sur vos terres, marqué
(cacheté) le coup de vos rois et reçut le tribut ».
- « Nous le
dégagerons de son serment. Nous allons lui envoyer du sol de notre
terre, afin qu’il puisse marcher dessus, quelques-uns de nos fils
afin qu’il puisse marquer leurs cous et nous lui donnerons un tribut
qui le satisfera ».
Il demanda que des
coupes d’or soient remplis de terre, qu’on lui apporte de la soie et
de l’or ainsi que quatre jeunes hommes parmi les fils de leurs rois
qu’il fit envoyé avec eux lorsqu’ils leur ordonna de se retirer en
les couvrants de fins cadeaux. Qoutaybah accepta ses cadeaux, marcha
sur la terre et fit marquer les jeunes sur le coup avant de les
renvoyer.
Quand Qoutaybah
revenait chaque année de campagne, il achetait douze juments et
douze dromadaires, en ne payant pas moins de quatre-mille dirhams
par jument. Il les faisait entretenir précautionneusement jusqu’à ce
que la prochaine campagne arrive. Quand il était enfin prêt pour la
campagne et qu’il campait, il avait les juments attachées et
maigres. Il ne traversait pas de rivière avec les chevaux que s’ils
étaient maigres. Ces montures étaient en général destinées à
l’avant-garde et aux personnes loyales. Quand il envoyait un
éclaireur, il ordonnait de graver une tablette qu’il cassait en deux
morceaux. Il lui en donnait un morceau, qu’il ne serait pas capable
de reproduire, et gardait l’autre. Puis, il lui ordonnait d’enterrer
son morceau dans une place que le scout lui décrivait, comme un gué
célèbre, un arbre, ou une ruine. Alors il envoyait quelqu’un le
chercher afin qu’il puisse savoir si son éclaireur disait la vérité
ou pas.
Après la mort d’al-Walid Ibn ‘Abdel Malik, Souleyman Ibn ‘Abdel Malik fut
nommé septième calife omeyyade.
L’organisation de l’état sous le règne des
Omeyyades
L’organisation de l’état sous le règne des Omeyyades était renforcée par
le calife qui était à la tête de l’état et qui était aussi
responsable de tous les ministères.
Néanmoins, on peut dire que dans beaucoup de cas, le calife ne pouvait pas
s’impliquer comme par exemple dans les affaires relevant de la
justice. Et bien souvent les juges craignaient l’injustice du calife
ou celle de ses gouverneurs.
C’est pour cela que beaucoup de savants et d’hommes véridiques refusaient
le poste de juge (qadi) qu’il leur était offert.
Puis après le calife, il y avait le secrétaire[4]
(katib) ou plus tard appelé aussi le ministre (wazir)
particulièrement sous le règne des Abbassides.
Une des plus importantes fonctions du secrétaire était qu’il devait
connaitre parfaitement les registre financiers de l’état, ou étaient
consignés toutes les entrées et sorties d’argent, des revenus, des
impôts, de la Zakat, etc.
Il se devait de connaitre aussi les registres de paies des soldats et des
gens employés par l’état mais aussi toutes les dépenses relatives
aux armées. Le secrétaire comptable devait donc un homme de
confiance absolue, sérieux et exceller dans l’écriture.
Il était aussi chargé d’écrire les courriers du calife adressés à ses
gouverneurs, ses généraux et à d’autres. Il devait donc exceller
dans la connaissance
des règles établies en matière
d’étiquette, d’honneurs, de préséances dans les cérémonies
officielles et chargé de les appliquer mais aussi des règles dans
les palais, les casernes, le trésor public concernant les soldats,
la garde ou l’ensemble des citoyens.
N’oublions pas que l’état musulman n’était plus
comme à l’époque du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur
lui) et ne s’arrêtait pas à la Péninsule Arabique (hijaz)
mais qu’il s’étendait de l’est à l’ouest, en Chine, en Inde, en Asie
Mineure et jusqu’aux confins de l’Afrique et de l’Andalousie.
Puis après le Katib (secrétaire), venait le juge
qui dépendait tant du calife que du
Katib. Le juge devait avoir une vaste connaissance en matière
de religion mais aussi de science et devait être totalement
indépendant.
Puis après le Qadi (juge) venait le chef de la
police (sahib shorta) ou le ministre de la police qui
était vitale dans la protection du calife mais aussi de la sécurité
et des biens des gens.
Ensuite venait le ministère de la poste et des
registres qui avait aussi une grande importance dans la structure de
l’état sur lequel reposait la distribution du courrier et son
acheminement.
Grace à ce ministère, l’information était
transmise dans tout l’empire musulman. Par lui, le calife envoyait
ses lettres et en recevaient mais aussi tous les Musulmans pouvait
disposer de ce service. Le premier à avoir créé ce poste dans l’état
islamique fut le premier calife omeyyade, Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan
(qu’Allah soit satisfait d’eux).
Sous le règne de ‘Abdel Malik Ibn Marwan, alors
qu’il y avait partout des révoltes, il prit un essor considérable
car les gens eurent grandement besoin de ce service pour être
informé sur les situations de leurs familles.
Parmi les autres départements (diwan)
d’importance vitale dans la structure de l’état omeyyade, il y avait
celui de l’armée qui était le pilier de l’état islamique. Le
principal but de l’armée est le combat dans la voie d’Allah (jihad
fis-sabilillah) et la vaste superficie de l’empire islamique sous le
règne des Omeyyades et de ceux qui les suivront, nous prouvera que
ces armées étaient dument préoccupées par ce devoir. Le Jihad
fis-Sabilillah n’est pas limité au seul combat comme on pourrait
le croire mais il concerne tout ce qui touche à la défense des
Musulmans et de leurs terres de près ou de loin comme par exemple,
la surveillance des frontières, l’espionnage, l’acheminement des
armes, leurs achats et fabrication, l’entrainement, les finances, la
levées des armées, l’information, la technologie, l’entretien etc.
Le petit état islamique de départ est devenu un
empire grâce aux conquêtes entreprises par les Compagnons du
Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) et les
Musulmans pour faire valoir, élever et transmettre la Parole du Très
Haut aux gens pour leur donner la possibilité de connaître et
d’adorer le Seigneur et d’être admis eux aussi au paradis.
Comme nous l’avons vu précédemment, les enfants et
les frères des califes commandaient les troupes qui n’avaient
d’autres buts que la victoire ou le martyr. Les armées étaient
composées pour la plupart d’entre elles de tribus arabes et par la
suite beaucoup de convertis vinrent grossir leurs rangs et
poursuivre leur but. Mais la base des troupes resta toujours
essentiellement composée de tribus arabes.
Le ministère de l’armée comprenait le département
de la défense et le registre des combattants dont la principale
tâche était de procéder à leurs paies et aussi de pourvoir à tous
leurs besoins, inhérents à leurs missions, et à ceux de leur
famille.
Les soldats pouvaient avoir une vie familiale mais
lorsqu’ils étaient ordonnés de rejoindre leurs casernes, ils
devaient le faire sans attendre. Chaque caserne avait un commandant
qui connaissait tous ses soldats et ou les trouver et malheur à
celui qui s’attardaient quand venait l’heure de la sortie pour le
combat !
Pour clore ce petit chapitre sur la structure de
l’état nous devons parler du ministère des finances sous l’état
Omeyyade.
Le ministère des finances était divisé en
plusieurs départements dont l’un relatif aux produits agricoles. Des
gens compétents et connaisseurs de l’agriculture occupaient les
postes et définissaient, chaque année, les revenus payables à l’état
en fonction des quantités plantés.
Puis, il y avait aussi
le département chargé de la Zakat[5]
sur les différents cheptels chargés de collecter cette aumône légale
chaque année.
Quant à l’aumône sur les biens, l’or et l’argent,
les Musulmans étaient chargés de la donner à ceux qui étaient en
mesure d’en bénéficier parmi les gens de leur connaissance et de
leur entourage immédiat.
Il y avait aussi le département de la Jizyah ou
tribut de guerre payable par les gens conquit en échange de leur
protection par les Musulmans. Une fois par an, les gens de la
Dhimmah (sous contrat) devaient payer ce tribut.
A l’époque du Farouk ‘Omar Ibn al-Khattab
(qu’Allah soit satisfait de lui), il était prélevé quarante-huit
dinars des gens de la Dhimmah riches, vingt-quatre dinars des gens
aisés et douze dinars des pauvres.
Il y avait aussi les départements :
- Relatif aux gens qui mouraient et qui ne
laissaient derrière eux personne et dont les biens revenaient au
trésor public.
- Le département chargé de la paie, due à
l’apparition de chaque nouvelle lune.
- Le registre des fonctionnaires de l’état ainsi
que de la frappe de la monnaie.
- Le département chargé de la bonne distribution
de l’argent car si l’argent était mal géré et que les fonctionnaires
étaient corrompus, ils pouvaient s’ensuivre le désordre dans la
gestion et qu’une partie de l’argent soit détournée.
Ces informations n’entrent pas dans le cadre de
l’Histoire mais nous vous les avons données pour vous montrer que
l’état islamique était parfaitement organisé et que tout était
scrupuleusement consigné sur des registres par des scribes dont
voici une liste.
Les
scribes depuis le début de l’Islam
Hisham Ibn
al-Kalbi et d’autres ont rapporté que le premier Arabe qui écrivit[6]
(katib) en arabe fut Harb Ibn Oumayyah Ibn ‘Abd
ash-Shams.
Abou Moussa
al-Ash’ari a dit : « Le premier qui dit « Ceci dit » (amma ba’d),
fut le Prophète Daoud (paix sur lui). Al-Haytham Ibn ‘Adi a
dit : « Le premier qui a dit « Ceci dit » fut Qouss Ibn Sa’idah al-
‘Iyadi ».
Les scribes du
Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) furent : ‘Ali Ibn
Abi Talib et ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait d’eux) qui
écrivaient la révélation. S’ils étaient absents, Oubay Ibn Ka’b et
Zayd Ibn Thabit (qu’Allah soit satisfait d’eux) l’écrivaient. Khalid
Ibn Sa’id Ibn al-‘As et Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit
satisfait d’eux) écrivait en sa présence ce qui concernaient ses
affaires. ‘Abdallah Ibn al-Arqam Ibn ‘Abd Yaghouth et al- ‘Ala' Ibn
Ouqbah (qu’Allah soit satisfait d’eux) écrivaient pour les gens
leurs affaires. ‘Abdallah Ibn al-Arqam écrivit souvent aux rois sur
les recommandations du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur
lui).
‘Uthman, Zayd Ibn
Thabit, ‘Abdallah Ibn al-Arqam, ‘Abdallah Ibn Khalaf al-Khouza’i, et
Hanzalah Ibn ar-Rabi’ furent les scribes d’Abou Bakr (qu’Allah soit
satisfait d’eux).
Zayd Ibn Thabit
et ‘Abdallah Ibn al-Arqam furent aussi les scribes de ‘Omar Ibn
al-Khattab. ‘Abdallah Ibn Khalaf al-Khouza’i, le père de Talha
at-Talhat, fut responsable du Diwan[7]
de Basra. Abou Jabirah Ibn ad-Dahhak al-Ansari était le
secrétaire de ‘Omar dans la charge du Diwan de Koufa. ‘Omar Ibn
al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) dit à ses secrétaires et
gouverneurs: « Consignez les affaires sans délai et n’ajournez pas
la tâche d’aujourd’hui à demain ; car si vous le faites, vous serez
submergés par votre travail et vous oublierez lequel vous deviez
consigner en premier ». Il fut le premier à établir les registres du
Diwan parmi les Arabes dans l’Islam.
Marwan Ibn al-Hakam
fut le secrétaire de ‘Uthman Ibn al-‘Affan (qu’Allah soit satisfait
de lui). ‘Abdel Malik fut son secrétaire pour le Diwan de Médine,
Abou Jabirah al-Ansari le responsable du Diwan de Koufa. Abou
Ghatafan Ibn ‘Awf Ibn Sa’d Ibn Dinar, des Banou Douhman Ibn Qays Ibn
‘Aylan, Ahyab et Houmran Ibn Aban ses domestiques
furent aussi ses secrétaires.
Sa’id Ibn Nimran
al-Hamdani, qui fut responsable plus tard de la magistrature
de Koufa pour Ibn az-Zoubayr et ‘Abdallah Ibn Mas’oud, furent les
secrétaires de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui).
Il a été rapporté que ‘Abdallah Ibn Joubayr et ‘Oubaydallah Ibn Abi
Rafi’ le furent aussi mais il y a des désaccords au sujet du nom
d’Abou Rafi’. Certains ont dit que c’était Ibrahim, d’autres Aslam,
d’autres Sinan, et aussi ‘AbderRahmane.
‘Oubayd Ibn Aws
al-Ghassani fut le secrétaire de Mou’awiyah chargé de sa
correspondance. Sarjoun Ibn Mansour ar-Roumi, son secrétaire dans la
charge du Diwan des impôts (diwan al-kharaj). ‘AbderRahmane
Ibn Darraj, un domestique (mawlah) de Mou’awiyah, fut aussi
son secrétaire avec ‘Oubaydallah Ibn Nasr Ibn al-Hajjaj Ibn
‘Ala' as-Soulami.
Ar-Rayyan Ibn
Mouslim, Sarjoun et Abou az-Zou’ayzi’ah furent les secrétaires de
Mou’awiyah Ibn Yazid.
Qabissah Ibn
Dou’ayb Ibn Halhalah al-Khouza’i, surnommé Abou Ishhaq,
fut le secrétaire de ‘Abdel Malik. Abou az-Zou’ayzi’ah, son Mawlah,
fut chargé du bureau de la correspondance (diwan ar-rassa’il).
Al-Qa’qa’ Ibn
al-Khalid al- ‘Absi fut secrétaire d’al-Walid. Son secrétaire pour
le bureau de l’impôt fut Souleyman Ibn Sa’d al-Khoushani, son Mawlah
ash-Shou’ayb al-‘Oumani responsable du département de l’état civil (diwan
al-khatam), son Mawlah Janah responsable de la correspondance et
son Mawlah Noufay Ibn Dhou’ayb fut le responsable du revenu des
propriétés (moustaghallat)[8].
Souleyman Ibn
Nou’aym al-Himym fut le secrétaire de Souleyman Ibn ‘Abdel
Malik.
Le secrétaire de
Maslamah Ibn ‘Abdel Malik fut son Mawlah Sami’ al-Leyth Ibn Abi
Rouqayyah. Le Mawlah d’Oumm al-Hakam Bint Abi Soufyan, fut
responsable du département de la correspondance, Souleyman Ibn Sa’d
al-Khoushani responsable du bureau de l’impôt, Nou’aym Ibn Salamah,
un Mawlah des Yéménites de Palestine, responsable du département de
bureau de l’état civil. D’autres ont dit que Raja’ Ibn Haywah
fut responsable du sceau.
Al-Moughirah Ibn
Abi Farwah fut le secrétaire de Yazid Ibn al-Mouhallab.
Al-Leyth Ibn Abi
Rouqayyah, le Mawlah d’Oumm al-Hakam Bint Abi Soufyan, Raja’
Ibn Haywah et Isma’il Ibn Abi Hakim, le Mawlah
d’az-Zoubayr furent les secrétaires de ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz.
Souleyman Ibn Sa’d al-Khoushani le remplaçant de Salih Ibn
Joubayr al-Ghassani, d’autres ont dit al-Ghoudani, fut chargé des
impôts. ‘Adi Ibn as-Sabah Ibn al-Mouthannah fut aussi un de ses
principaux secrétaires.
Avant que Yazid
Ibn ‘Abdel Malik ne devienne calife, son secrétaire fut Yazid Ibn
‘Abdallah puis après ce fut Oussama Ibn Zayd as-Salihi.
Sa’id Ibn al-Walid
Ibn ‘Amr Ibn Jabalah al-Kalbi surnommé Al Abrash et aussi Abou
Moujashi, fut le secrétaire d’Hisham. Nasr Ibn Sayyar fut son
responsable des impôts pour le Khorasan et Shou’ayb Ibn Dinar pour
Ar-Rassafah.
Boukayr Ibn
ash-Shammakh fut le secrétaire d’al-Walid Ibn Yazid. Salim, le
Mawlah de Sa’id Ibn ‘Abdel Malik, responsable du département de la
correspondance. ‘Abdallah Ibn Abi ‘Amr ou ‘Abdel A’la' Ibn Abi ‘Amr
le fut aussi tandis que ‘Amr Ibn ‘Outbah fut responsable de la
résidence du califat.
‘Abdallah Ibn
Nou’aym fut le secrétaire de Yazid Ibn al-Walid surnommé « le
Réducteur (an-Naqis) ». ‘Amr Ibn al-Harith, un Mawlah
du Banou Joumah, fut responsable de l’état civil, Thabit Ibn
Souleyman Ibn Sa’d al-Khoushani et d‘autres ont dit ar-Rabi’ Ibn
‘Ar’arah al-Khoushani, responsable de la correspondance et an-Nadr
Ibn ‘Amr, un Yéménite, fut responsable des impôts et il avait son
propre sceau.
Le secrétaire du
Diwan en Palestine pour Ibrahim Ibn al-Walid fut Ibn Abi Joum’ah.
Les secrétaires de
Marwan Ibn Muhammad furent : ‘Abdel Hamid Ibn Yahya,
le Mawlah d’al-‘Ala' Ibn Wahb al-‘Amiri, Mous’ab Ibn ar-Rabi’
al-Khath’ami, Makhlad Ibn Muhammad Ibn al-Harith surnommé
Abou Hashim, Mous’ab Ibn ar-Rabi’ al-Khath’ami surnommé Abou Moussa
et Ziyad Ibn Abi al-Ward. ‘Uthman Ibn Qays, le Mawlah de Khalid
al-Qasri, fut responsable de la correspondance. ‘Abdel Hamid
Ibn Yahya fut réputé pour éloquence distinguée.
Le secrétaire
d’Abou al-‘Abbas l’Abbasside fut Khalid Ibn Barmak. Salih Ibn
al-Haytham, un Mawlah de Bint Raytah Abi al-‘Abbas, fut
responsable de la correspondance.
Le secrétaire
d’Abou Ja’far al-Mansour fut ‘Abdel Malik Ibn Houmayd, le
Mawlah de Hatim Ibn an-Nou’man al-Bahili al-Khorassani.
Hashim Ibn Sa’id al-Jou’fi et Abdel A’la' Ibn Abi Talha des
Banou Tamim furent ses secrétaires dans Wassit. Il a aussi été
rapporté que Souleyman Ibn Makhlad fut aussi le secrétaire d’Abou
Ja’far avec ar-Rabi’ et ‘Oumarah Ibn Hamzah qui était parmi
les hommes les plus distingués.
Le secrétaire
d’al-Mahdi fut Abou ‘Oubaydallah. Aban Ibn Sadaqah fut chargé de la
correspondance et Muhammad Ibn Hamid responsable du
Diwan militaire (diwan al-jound). Ya’qoub Ibn Daoud fut
responsable de ses affaires et son ministre (wazir) qui fut
remplacé plus tard par Fayd Ibn Abi Salih qui était un homme
généreux.
Les secrétaires de
Moussa al-Hadi furent ‘Oubaydallah Ibn Ziyad Ibn Abi Layla et Muhammad
Ibn Hamid.
Yahya Ibn
Khalid Ibn Barmak fut le ministre d’al-Hadi et son fils, Ja’far Ibn
Yahya Ibn Khalid fut le ministre d’ar-Rashid.
La mort de Qoutaybah Ibn Mouslim
Lorsque Souleyman Ibn ‘Abdel Malik devint calife,
il désista ‘Uthman Ibn Hayyan al-Mourri le gouverneur
oppresseur de Médine et le remplaça par Abi Bakr Ibn Muhammad
Ibn ‘Amr Ibn Hazm al-Khazraji al-Ansari.
Il désista Yazid Ibn Abi Mouslim le gouverneur
d’Iraq et le remplaça par Yazid Ibn al-Mouhallab avec qui il envoya
Salih Ibn ‘AbderRahmane le serviteur des Banou Tamim
qu’il chargea de la gestion des revenus (kharaj) et à qui il
ordonna de torturer et de tuer la famille d’Abou ‘Aqil, un groupe de
gens de la famille d’al-Hajjaj Ibn Youssouf ath-Thaqafi.
Qoutaybah Ibn Mouslim sut que Souleyman Ibn ‘Abdel
Malik n’allait pas le laisser en paix du fait qu’il avait donné son
accord pour son désistement en faveur du fils d’al-Walid. Alors,
comptant sur la force de sa grande armée, il décida de renverser le
nouveau calife.
Qoutaybah réunit les gens et leur dit que
Souleyman avait désisté ‘Abdel ‘Aziz et lui avait ôté le califat et
comme ils avaient porté allégeance à ‘Abdel ‘Aziz Ibn al-Walid, il
devait lui porter assistance. Parmi les milliers de soldats sous son
commandement pas un seul d’entre eux n’accepta si bien qu’il se
fâcha après eux.
Le responsable de ce refus était Waqi’ Ibn Abi
Hassan Ibn Abi Soud at-Tamimi que nous avons déjà mentionné lors
de la Bataille de Boukhara.
Alors un groupe de gens pénétra dans la tente de
Qoutaybah et le tuèrent. Un groupe de personne qui était avec lui
essayèrent de le défendre sans succès. Parmi eux se trouvait ses
frères ‘AbderRahmane, ‘Abdallah, Salih, ‘Abdel Karim,
Houssayn, certains de ses fils et de ses proches. Dirar Ibn
Mouslim ne fut pas tué car il fut protégé par ses oncles des Bani
Tamim parce que sa mère était Qarrah Bint Dinar Ibn Qa’qa’ Ibn
Ma’bad Ibn Zourarah at-Tamimi.
Qoutaybah ne fut pas tué subitement par Waqi’ mais
à cause d’un différend qui existait déjà entre eux. Un jour
Qoutaybah voulut partir pour un raid (ghazw) à partir de sa
garnison de Merv, la capitale du Khorasan, dont il laissa en son
absence, le commandement ‘AbdAllah Ibn ‘Abdillah Ibn Ahkam. Ahkam
qui était Sinan Ibn Soumayy des Bani Minqar Ibn ‘Oubayd Ibn Mouqaris
Ibn ‘Amr Ibn Ka’b Ibn Sa’d Ibn Zayd Ibn al-Manat Ibn Tamim.
Bashir Ibn Safwan Ibn ‘Amr Ibn Ahtam qui
était le fils de l’oncle de ‘AbdAllah Ibn ‘Abdillah vint voir
Qoutaybah et lui dit :
- « Ne la laisse pas à ta place car il se
retournera contre toi ». Mais Qoutaybah ne l’écouta point et lui
dit :
- « Tu envie le fils de ton oncle ! »
- « Rappelle-toi simplement ce que je t’ai dit et
accepte mon excuse s’il le fait ! Ne viens surtout pas me voir s’il
le fait pour me faire des remontrances et me charger de ses fautes
car je t’aurais mis en garde ».
Lorsque Qoutaybah sortit pour le combat dans la
voie d’Allah Exalté, ‘AbdAllah Ibn ‘Abdillah écrivit à al-Hajjaj.
Dans la lettre, il se plaignit de Qoutaybah et demanda à al-Hajjaj
de le nommer à sa place.
Qoutaybah fut informé de cela. Il réunit les Bani
Tamim et les informa de ce que faisais ‘AbdAllah.
‘AbdAllah Ibn ‘Abdillah informé à son tour sut
alors qu’il ne lui restait d’autre choix que de s’enfuir avant son
retour. Il partit à Moukran, puis à ‘Oman, puis à La Mecque, puis à
Médine où il vécut déguisé pour ne pas être reconnu.
Qoutaybah écrivit à al-Hajjaj pour
l’informer que ‘AbdAllah Ibn ‘Abdillah avait vidé le trésor public
du Khorasan avant de s’enfuir.
Al-Hajjaj écrivit à al-Walid Ibn ‘Abdel
Malik qui envoya à sa recherche des hommes de l’état mais qui furent
incapable de le trouver tant il s’appliquait à rester
méconnaissable.
Suite à cela, Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili tua deux enfants de
‘AbdAllah Ibn ‘Abdillah, Bashir Ibn Safwan qui
l’avait mis en garde et un de ses enfants, ainsi qu’un groupe de
gens qui étaient avec eux.
Puis il écrivit pour demander Waqi’ Ibn Abi Soud
et Qourayb Ibn Tahmah al-Moujashi’i at-Tamimi qui passèrent
par le marché alors qu’ils se rendaient chez Qoutaybah, ils virent
la dépouille de Bashir Ibn Safwan, les mains, les pieds et la tête
tranchés, exposée dans le marché.
Lorsqu’il rentra chez Qoutaybah, celui-ci lui
dit :
- « O Waqi’, n’as-tu pas vu ce que j’ai fait à
Bashir Ibn Safwan ? » Il espérait que Waqi’, et les chefs des Bani
Tamim soient pris de crainte pour ne pas lui disputer un jour le
pouvoir au Khorasan.
Bashir Ibn Safwan était des Bani Sa’d Ibn Zayd Ibn
al-Manat Ibn Tamim et Waqi’ Ibn Hassan était des Bani
Ghoudanah Ibn Ya’bour Ibn Handalah Ibn Malik Ibn Zayd Ibn
al-Manat Ibn Tamim.
Mais Waqi’ grandement énervé répondit à
Qoutaybah :
- « Il y a entre moi et Bashir Ibn Safwan qu’il ne
méritait pas d’être châtié autant que je l’ai vu ! »
Qoutaybah Ibn Mouslim, le conquérant renommé
faisait aussi partie des tyrans et lorsque Waqi’ Ibn Hassan
le quitta, Qoutaybah le suivit du regard jusqu’à ce qu’il
disparaisse.
Qouraym Ibn Abi et Tahmah le suivirent et
lui dirent :
- « Ne tourne jamais ton dos à un tyran dont le
sabre ruisselle de sang et ne lui parle jamais de cette manière, si
bien que j’ai crus qu’il allait ordonner de te tuer ! »
Waqi’ Ibn Abi Soud était un homme courageux et il
lui répondit :
- « Il ne vaut rien du tout ! Nous l’avons vu le
jour de la bataille de Boukhara ! Ne crains pas qu’il me tue, mais
moi, par Allah, je le tuerais ».
Qoutaybah Ibn Mouslim désista Waqi’ Ibn Hassan
du commandement des Banou Tamim qui était dans son armée au Khorasan
et mit à sa place Dirar Ibn Houssayn Ibn Zayd al-Fawaris
ad-Dabi.
L’armée de Qoutaybah Ibn Mouslim se chiffrait
comme suit :
- Les Banou Tamim, dix-mille combattants.
- Les Azd dix-mille combattants.
- Les gens de ‘Alya de Basra, une alliance entre
plusieurs tribus dont les Qoutaysh, Kinan, Bajilah, Afram et
l’ensemble des Bani Qays al-‘Ilani, étaient au nombre de neuf-mille
combattants.
- Les gens de Koufa sept-mille combattants.
- Les Bani Bakr Ibn Wahil sept-mille combattants.
- Les Bani ‘Abdel Qays quatre-mille combattants.
- Al-Mawali, (les affranchis), au nombre de
sept-mille combattants.
Qoutaybah Ibn Mouslim avait une très grande armée.
Ces évènements arrivèrent après que Qoutaybah ait décidé de déposer
le nouveau calife Souleyman Ibn ‘Abdel Malik.
Et lorsque Waqi’ Ibn Hassan Ibn Abi Soud
al-Ghoudami at-Tamim revint dans sa tribu, ils ne firent rien.
C’était bien une nouvelle sédition tribale dont
nous a mis en garde le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui) et dont il a dit : « elle est répugnante (moumtinah)
».
Waqi’ était en rage lorsqu’il vit ce qui était
arrivé à Bashir Ibn Safwan et nous ne sommes qu’au premier siècle de
l’Hégire.
Lorsque Waqi’ arriva dans sa tribu, il ne se leva
ni pour prier le Zouhr, le ‘Asr, le Magrib. Les gens prièrent mais
il ne se leva pas ! Lorsqu’ils lui demandèrent ô père de Moutarif :
- « Tu ne pries pas ? »
Il leur répondit :
- « Que feras la prière alors que les Bani Ahtam
ont été tué. Personne ne se mettra en colère pour eux ni dans les
cieux et ni sur la terre ». Et cette parole est de la mécréance !
Et même s’il était irrité de telle parole ne se
disent point. Quant à celui qui volontairement ne prie pas son
jugement est clair !
Alors la sédition naquit dans le cœur des gens et
ils se décidèrent à tuer Qoutaybah, celui qui tua leurs chefs et
lorsqu’il les appela pour renverser Souleyman Ibn ‘Abdel Malik, ils
refusèrent de le suivre et profitèrent de l’occasion pour le tuer.
Après la mort de Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili,
Waqi’ Ibn Hassan Ibn Abi Soud qui avait manqué plusieurs
prières et était un idiot (ahmaqan) prit sa place à la
tête de l’armée.
On lui ramena un homme qui avait bu du vin et il
ordonna de le tuer. On lui fit remarquer que ce n’était pas la peine
légale mais qu’il devait être bâtonné un certain nombre de coup mais
il dit :
- « Non. Je ne punis pas avec le bâton mais avec
le sabre ! » Et, ils le tuèrent bien qu’il n’y a pas d’obéissance
dans la désobéissance à Allah.
Lorsque ces nouvelles parvinrent à Souleyman Ibn
‘Abdel Malik, il crut que Waqi’ et ceux qui étaient avec lui
s’étaient rebellés contre lui et il ne cessa d’être en paix jusqu’à
ce qu’il fut convaincu que Waqi’ lui obéissait toujours.
En l’an 96 de l’Hégire (715), Souleyman Ibn ‘Abdel
Malik désista Khalid Ibn ‘Abdillah al-Qasri et nomma à sa place Talha
Ibn Daoud al-Hadrami gouverneur de la Mecque tandis que Yazid
Ibn al-Mouhallab commandait l’Iraq.
Waqi’ Ibn Hassan commanda les soldats qui
se trouvaient dans le Khorasan dix (ou neuf selon d’autres versions)
mois supplémentaires jusqu’en l’an 97 de l’Hégire (716) ou Yazid Ibn
al-Mouhallab fut nommé gouverneur du Khorasan.
Cette même année, Maslamah Ibn ‘Abdel Malik
captura la forteresse byzantine « de la peur » (hisn
al-khawf).
Les expéditions contre Constantinople
En l’an 97 de l’Hégire (716), les raids des
Musulmans en terre byzantines, ne s’arrêtèrent point.
Le calife Souleyman Ibn
‘Abdel Malik équipa une grande armée sous le commandement de son
fils Daoud Ibn Souleyman qu’il envoya à la conquête de
Constantinople. Cette campagne entraîna la capture de la forteresse
« de la femme » (hisn al mar'ah)
De son côté, ‘Omar Ibn
Houbayrah al-Fazari commanda une expédition navale contre Byzance[9].
Selon al-Waqidi,
Maslamah Ibn ‘Abd al-Malik attaque les terres de Byzance et conquit
la forteresse qui avait déjà été prises par al-Waddah, le
chef des Waddahiyah[10].
Cette année le calife guida le pèlerinage comme il
était de coutume chez les califes précédents et c’était une
obligation à remplir pour eux comme nous l’avons vu par exemple pour
le calife al-Walid ‘Abdel Malik lorsqu’il revint du pèlerinage, il
visita la mosquée du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur
lui) alors que ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz était gouverneur de Médine.
Lorsque Souleyman Ibn
‘Abdel Malik revint du pèlerinage, il désista Talha Ibn Daoud
al-Hadrami et nomma à sa place ‘Abdel ‘Aziz Ibn ‘Abdillah[11]
Ibn Khalid Ibn Assid Ibn Abi al- ‘Iss Ibn Oumayyah Ibn ‘Abd
ash-Shams.
Et si vous vous rappelez, ‘As et Abou al-‘As, ‘Is
et Abi al-‘Is, sont les fils d’Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams et sont
surnommés al-‘Iyas.
En l’an 98 de l’Hégire (717), Souleyman Ibn ‘Abdel
Malik envoya son frère Maslamah Ibn ‘Abdel
Malik à la tête d’une grande armée vers Constantinople ou il
lui ordonna d’y rester jusqu’à la conquête de la ville ou qu’il
reçoive d’autres ordres.
Maslamah
y resta tout l’hiver et l’été.
D’après Muhammad Ibn ‘Umar Thawr Ibn Yazid Souleyman Ibn Moussa,
quand Maslamah approcha de Constantinople, il ordonna à chaque
cavalier de charger deux Mouds de nourriture sur le dos de son
cheval pour le siège de Constantinople. Sur son ordre, la nourriture
fut empilée, et il dit aux Musulmans :
- « Ne mangez aucune de cette nourriture, mais attaquez leurs terres
et semez votre propre nourriture ».
Il fit construire des maisons de bois pour y passer l’hiver avec ses
soldats. Les soldats cultivèrent la terre tandis que la nourriture
susmentionnée resta dans le désert, totalement exposée. Les soldats
mangèrent ce qu’ils récupèrent durant leurs raids et, plus tard, de
ce qu'ils avaient semé.
Maslamah assiégea Constantinople et harassa ses habitants. Il était
accompagné des plus illustres commandants de l’armée syrienne :
Khalid Ibn Ma’dan, ‘Abdallah Ibn Abi Zakariyyah al-Khouza’i et
Moujahid Ibn Jabr. Et, il resta à Constantinople jusqu’à ce qu’il
apprit de la mort de son frère Souleyman.
Selon Ahmad Ibn Zoubayr Ibn Ali Ibn
Muhammad : Quand Souleyman devint calife, il attaqua les
Byzantins, établit le camp des Musulmans à Dabiq d’où il envoya
Maslamah au combat. Les Byzantins le craignaient et Léo, l’empereur
des Byzantins, revenu d’Arménie dit à Maslamah :
- « Envoie
quelqu’un pour négocier avec moi ».
Maslamah envoya
Ibn Houbayrah qui demanda à Leo :
- « Qu’est-ce que
vous considérez de plus stupide ? »
- « L’homme qui
remplit son estomac de tout qu’il trouve ».
- « Nous sommes
des hommes de religion, et notre religion nous ordonne l’obéissance
à nos chefs ». Leo dit :
- « Vous avez
raison. Dans le passé, nous nous combattions les uns les autres pour
la religion. Cependant, aujourd’hui, nous combattons pour les
conquêtes et la souveraineté. Si vous vous retirez, nous donnerons
un dinar pour tous ceux d’entre vous qui partiront ».
Ibn Houbayrah
revint le lendemain chez les Byzantins et leur dit :
- « Notre chef,
refuse votre proposition. Je l’ai approché après qu’il eût mangé le
repas du matin, rempli son estomac et fait un somme. Quand il s’est
réveillé, il était embrumé et n’a pas compris ce que je lui ai
dit ».
Les généraux
byzantins dirent à Leo :
- « Si vous nous
débarrassez de leur chef, nous vous ferons empereur. Et ils
s’engagèrent auprès de lui par un serment ».
Leo alla voir
Maslamah et lui dit :
- « Les gens de
Constantinople savent bien que vous ne pouvez pas mener une attaque
jointe contre eux et que vous escomptez de prolonger le siège tant
que vous avez de la nourriture. Mais si vous brûlez votre
nourriture, ils se soumettront ».
Maslamah ordonna
de brûler la nourriture et Léo agit par la suite de manière hostile
si bien que Maslamah comprit qu’il avait été trompé au moyen d’une
ruse qui humilierait même une femme.
L’ennemi devint
alors fort tandis que les Musulmans furent sur le point de mourir de
faim. Ils furent réduits à manger les rongeurs, les peaux des
animaux, les racines et les feuilles des jusqu’à la mort de
Souleyman qui résidait à Dabiq et qui ne put envoyer des renforts à
cause de l’hiver et de la neige.
Cette même
année, la ville des Slaves[12]
fut conquise.
D’après Muhammad
Ibn ‘Omar : Bourjan attaqua Maslamah Ibn ‘Abdel Malik qui était à
court d’hommes. Souleyman Ibn ‘Abdel Malik détacha Mas’adah (ou ‘Amr
Ibn Qays selon d’autres sources) avec des renforcements, mais les
Slaves les trompèrent.
Puis Allah Exalté
donna la victoire à Ses serviteurs après que les slaves furent mit
en déroute après avoir tué Sharahil Ibn ‘Abd Ibn ‘Abdah.
D’après al-Waqidi,
durant cette année, al-Walid Ibn Hisham et ‘Amr Ibn Qays attaquèrent
les Byzantins et plusieurs soldats de l’armée d’Antioche furent
tués. Al-Walid tua des gens qui habitaient à la périphérie de
Byzance, et prit beaucoup de captifs.
Nous allons faire
maintenant une pause pour parler de la lutte des Musulmans au
Maghreb et en Andalousie bien que le prochain volume sera totalement
consacré à ce sujet. Voici donc une brève chronologie de ces
évènements.
Les Musulmans au Maghreb et en Andalousie
En l’année 20 de
l’Hégire (640), l’Egypte fut conquise par le respectable compagnon
et le grand général conquérant ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit
satisfait de lui). Lorsqu’il eut assis son pouvoir sur l’Egypte, il
envoya le fils de sa tante, ou selon d’autres versions, le frère de
sa mère, ‘Ouqah Ibn Nafi’ al-Fihri, à la tête d’une armée vers
l’ouest (le maghreb).
‘Ouqah Ibn Nafi’
al-Fihri est ‘Ouqbah Ibn Nafi’ Ibn ‘Abdel Qays Ibn Naqit Ibn ‘Amir
Ibn Oumayyah Ibn Walid Ibn Harith Ibn Fihr al-Qourayshi.
‘Ouqbah Ibn Nafi’ conquit Zouillah et
Bourqah tandis que le Maghreb à cette époque dépendait de l’état
byzantin ou de l’état romain de l’Est. La plupart de ses habitants
étaient des tribus berbères et les tribus berbères sont d’origines
arabes Himiriyah Qahtaniyah, les tribus Sanhajirah et
Bouhtanan bien que certains historiens et généalogistes ne soient
pas tous d’accord[13].
Les Musulmans
combattaient les Romains à l’Est, en Byzance et la Syrie étaient
leur base de départ. Ils combattaient aussi les Romains au Maghreb
et pour faire face à cette tâche, l’Egypte leur servait de base de
la même manière que l’Iraq servait de base arrière pour les
Musulmans qui combattaient dans le sentier d’Allah, les Turcs, ce
qui restait des Perses, et d’autres peuples au Khorasan, au-delà du
fleuve de l’Oxus et au Turkestan.
Lorsque ‘Ouqbah
Ibn Nafi’ conquit Zouillah et Bourqah il s’arrêta et fut rejoint par
‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) qui conquit en l’an
23 de l’Hégire (943) Tripoli (tarablous). Puis il écrivit au
Farouk, ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit
satisfait de lui) pour lui demander la permission de poursuite
ses conquêtes mais ‘Omar refusa par compassion pour lui et les
Musulmans du fait de cet immense pays qui s’ouvrait devant eux et
dont ils n’avaient aucune connaissance.
Lorsque ‘Omar Ibn
al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) fut assassiné par
l’infâme Abou Lou'lou
le mage (al-majoussi), qu’Allah Exalté l’avilisse, en l’an 23
de l’Hégire (943), et que Dzoul Nourayn[14]
‘Uthman Ibn al-‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) prit sa
succession, il désista ‘Amr Ibn al-‘As de son poste de gouverneur
d’Egypte et nomma à sa place
‘AbdAllah
Ibn Sa’d
Ibn Abi as-Sarh
et ‘Abdallah Ibn Sa’d al-‘Amiri al-Qourayshi était des
Banou ‘Amir Ibn Wahil al-Qourashiyine.
Et ce n’est
qu’après un certain temps, surtout dû à la mansuétude envers les
Musulmans, qu’il ordonna à ‘AbdAllah Ibn Sa’d Ibn Abi as-Sarh
de conquérir l’Ifriqiyah ou la Tunisie. Il y avait dans ces armées
conquérantes beaucoup de Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux)
du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Lors de cette
conquête, la bataille de Soubateylah, ils battirent l’armée du
Patriarche romain Grégorius (jarjis) qui fut tué par le
respectable compagnon ‘Abdallah Ibn Zoubayr Ibn al-‘Awwam (qu’Allah
soit satisfait d’eux).
En l’an 38 de
l’Hégire (658), lors de la grande sédition, ‘Amr Ibn al-‘As fut de
nouveau nommé gouverneur d’Egypte et il envoya aussitôt les armées
musulmanes combattre les ennemis de l’Islam. Car tous ce que les
Musulmans avaient conquis avec été perdu suite aux évènements de la
grande sédition, entre l’assassinat de ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah
soit satisfait de lui), puis les problèmes qu’encourut ‘Ali ibn Abi
Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) suite à cet assassinat.
En l’an 43 de
l’Hégire (663), décéda le gouverneur d’Egypte ‘Amr Ibn al-‘As
(qu’Allah soit satisfait de lui) et Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan
(qu’Allah soit satisfait d’eux) le remplaça par le respectable (jalil)
Compagnon ‘Ouqbah Ibn ‘Amir al-Jouhani (qu’Allah soit satisfait de
lui) de la tribu des Jouhaynah.
‘Ouqbah Ibn ‘Amir
al-Jouhani (qu’Allah soit satisfait de lui) nomma ensuite le
respectable Compagnon Mou’awiyah Ibn Houdayj as-Sakouni
al-Kindi (qu’Allah soit satisfait de lui) commandant en chef des
armées d’Ifriqiyah.
En l’an 45 de
l’Hégire (665), Mou’awiyah Ibn Houdayj
as-Sakouni (qu’Allah soit satisfait de lui) à la tête d’une
immense armées comprenant beaucoup de Compagnons du Prophète (Saluts
et Bénédictions d’Allah sur lui) dont ‘Abdallah Ibn ‘Amr Ibn
‘al-‘As, ‘AbdAllah Ibn Zoubayr Ibn al-‘Awwam (qu’Allah soit
satisfait d’eux) et ‘Abdel Malik Ibn Marwan conquirent beaucoup de
villes et parmi elles, Sous (soussa), Bizerte (binzart)
et l’ile de Sicile (jazirat saqaliyah).
En l’an 48 de
l’Hégire (668), le calife remplaça Mou’awiyah Ibn Houdayj
as-Sakouni par ‘Ouqbah Ibn Nafi’ al-Fihri
qui resta gouverneur sur ces pays conquis durant sept années durant
lesquelles il construisit la ville de Kairouan (qayrawan).
Pour de plus amples détails sur tous ces évènements, veuillez
consulter notre abrégé historique sur l’Histoire du Maghreb et de
l’Andalousie.
Puis Mou’awiyah
Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait de lui), désista ‘Ouqbah
Ibn Nafi’ al-Fihri tandis qu’à cette époque le gouverneur d’Egypte
était le respectable Compagnon Maslamah Ibn Moukhallad Ibn as-Samit
al-Khazraji al-Ansari (qu’Allah soit
satisfait de lui) à qui fut donné par la suite le commandement
de l’Ifriqiyah.
Maslamah nomma
alors son serviteur
Abi al-Mouhajir Dinar
député sur l’Ifriqiyah qui combattit les Berbères qui
s’étaient alliées avec les Romains pour combattre les Musulmans. Abi
al-Mouhajir Dinar gouverna sept années avant d’être remplacé une
nouvelle fois par ‘Ouqbah Ibn Nafi’ sous le règne de Yazid Ibn
Mou’awiyah.
Lorsque ‘Ouqbah
Ibn Nafi’ arriva en Ifriqiyah, il y avait dans son armée vingt-cinq
Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux), qui avaient quitté
Médine jusqu’à ces contrées éloignées pour le combat et la recherche
du martyr dans la voie d’Allah alors qu’ils étaient d’un âge déjà
bien avancés !
‘Ouqbah Ibn Nafi’
n’était pas un fin politicien quant à ses relations avec les
Berbères. Il offensa (ihanat) Kathilah Ibn Lamzam, le chef de
la tribu Ourbah qui était une puissante tribu, en rigolant lorsque
celui-ci se couvrit la barbe du sang des moutons qu’il dépeçait.
On lui demanda :
- « O berbère,
pourquoi fais-tu cela à ta barbe ? » Il répondit :
- « C’est bon pour
elle ».
Puis, le grand
conquérant ‘Ouqbah Ibn Nafi ‘, à la tête de vingt-cinq-mille
combattants, partit conquérir les autres villes du Maghreb. Il était
tellement concentré dans ses conquêtes qu’il finit par arriver à
Tanger (tanja) au bord de l’océan atlantique (mouhit
atlassi).
Rendez-vous compte
de la distance de Kairouan jusqu’à Tanger soit 1.400 kilomètres avec
une armée de vingt-cinq mille combattants ! Par combien de villes et
de villages sont-ils passés ? Combien de batailles ont-ils du
mener ? Qu’en était-il de leur armement et de leurs provisions de
route ? Ou était le
dernier bastion des Musulmans ?
Ce fut
certainement un grandiose exploit qu’il accomplit, puisse Allah
Exalté lui faire miséricorde mais il arrivait d’Egypte à dos de
cheval et ce n’est plus 1.400 kilomètres dont il est question mais
de 3.500 kilomètres ! Puisse Allah, Exalté et Loué soit-Il, vous
faire miséricorde et vous octroyer les suprêmes degrés ô porteurs du
Message Révélé, combattants, martyrs et serviteurs dans Sa voie (moujahidin
fis-sabilillah) pour que Sa Parole soit élevée. Par Allah !
Comme nous aurions aimé partager vos joies et vos peines.
Alors ce grand
combattant (moujahid) et cavalier musulman entra dans l’océan
avec son cheval et leva la tête vers le ciel et dit une parole que
les siècles ont conservés, que les mémoires ont enregistrées et que
les plumes ont gravées pour l’éternité :
- « O Grand
Seigneur atteste ! Je suis arrivé au terme de l’effort. N’était-ce
cette mer, j’aurais poursuivi ma route pour combattre celui qui Te
renie jusqu’à ce que nul ne soit adoré hormis Toi ! (allahoumma
ash had ! Anne quad balaghtoul majhoud. Wa lawla adhal bahr
la maditou fil bilad nouqatilou man kaffara bika hatta la
you’bad ahadoun illa siwak) ».
Quelle sublime
parole ! Ce ne fut pas une parole prononcée sur un Minbar, une
assemblée ou écrite confortablement installé ni même prononcée lors
d’une leçon mais bel et bien sur un cheval. Il est sorti combattre
dans la voie d’Allah Exalté, après avoir traversé cette immense
distance à travers ces dangereuses contrées, contre des féroces
tribus jusqu’à la mer des ténèbres, comme elle était appelée, puis
dans la mer il est entré jusqu’à ce que l’eau atteigne le poitrail
de son cheval élancé. Et ce respectable compagnon des Compagnons (tabi’i),
leva sa tête vers le ciel puis dit cette parole qui avec l’encre
d’or doit être gravée à l’entrée des mosquées pour que les gens se
rappellent chaque jour des efforts déployés par nos ancêtres bien
aimés.
Ainsi était le
Jihad (effort) et après cela nulle question et ni aucun commentaire
n’est nécessaire.
Après de longs
mois de conquêtes et sur la demande des combattants fatigués de son
armée, ‘Ouqbah Ibn Nafi’ libéra une grande partie de son armée qui
partit aussitôt pour Kairouan tandis qu’il resta avec environ cinq
cents combattants. Lorsqu’il arriva près de Tahoulah dans le Maghreb
Central, qui correspond à l’Algérie de nos jours, une immense armée
de cinquante-mille Berbères alliés aux Byzantins, commandée par
Kathilah Ibn Lamzam lui coupa la route et l’affronta.
‘Ouqbah Ibn Nafi’
et son groupe de combattants furent pratiquement tous tués au cours
de la bataille qui s’ensuivit après être descendu de leurs montures
et lutté héroïquement. Mourut aussi Abi al-Mouhajir Dinar et la
majorité des combattants et ceux qui échappèrent à la mort furent
fait prisonniers. Puis les Berbères poursuivirent leur chemin vers
Kairouan ou ils entrèrent au mois de Mouharram de l’année 64
de l’Hégire (683) tandis que les Musulmans sous le commandement de
Zouhayr Ibn Qays al-Balawi, s’étaient retirés de la ville avant leur
arrivée.
En l’an 69 de
l’Hégire (688), Zouhayr Ibn Qays al-Balawi
revint à Kairouan à la tête d’une nouvelle grande armée après
que ‘Abdel Malik Ibn Marwan lui ai envoyé des renforts. Et dans un
lieu proche de Kairouan au sud de la ville nommé Mams, eut lieu une
bataille ou les Berbères alliés aux romains furent décimés et
Kathilah Ibn Lamzam tué.
Lorsque Zouhayr
Ibn Qays al-Balawi se retira du champ de bataille avec son armée
pour retourner à Kairouan, il fut attaqué et tué par une armée
romaine et son armée mise en déroute.
Le calife ‘Abdel
Malik Ibn Marwan qui était occupé à lutter contre ceux qui s’étaient
rebellé contre lui, ne put rien faire pour le Maghreb avant qu’il
n’ait réussit à ramener de l’ordre dans l’état. Alors aussitôt, il
envoya une nouvelle armée de quarante-mille combattants sous le
commandement de
Hassan Ibn Nou’man
al-Ghassani qui réussit à vaincre successivement les
Romains et les Berbères Boute après un certain nombre de batailles
ou il tua leur chef qui était une femme du nom d’al-Kahinah
en l’an 82 de l’Hégire (701).
Puis Hassan
Ibn Nou’man al-Ghassani établit le camp des Musulmans à Carthagène (kartajanna)
ou il construisit près d’elle, la ville de Tunis.
En l’an 85 de
l’Hégire (704), ‘Abdel ‘Aziz Ibn Marwan qui était le gouverneur
d’Egypte de l’époque, désista Hassan Ibn Nou’man qui était
gouverneur du Maghreb et nomma à sa place
Moussa Ibn Noussayr al-Lakhmi, des serviteurs des Bani
Lakhm, qui était un Tabi’i.
Moussa Ibn
Noussayr est né en l’an 19 Hégire (639) et décéda en l’an 97 de
l’Hégire (715). Il réussit à conquérir l’intégralité du Maghreb
grâce à ses actions militaires permanentes contre les Berbères qui
se révoltaient régulièrement. Il ne procédait à aucune nouvelle
conquête avant d’avoir assis fermement les structures des villes et
des régions conquises.
La seule ville qui
lui résista fut Ceuta (sabta) qui était peu accessible du
fait qu’elle se trouvait dos à la mer et quelle était extrêmement
fortifiée. Le gouverneur de cette ville se prénommait Julian (youlyan)
qui était un chef Goth chrétien (qot nassrani) qui avait un
différend avec le roi des Goths Rodéric (rodriq).
Moussa Ibn Noussayr
ordonna à
Tariq Ibn Ziyad,
un Berbère de la tribu Nafzah, et à un groupe de dix-sept Arabes qui
étaient avec lui, de rester à Tanger et d’apprendre aux Berbères le
Qur’an et la Shari’ah islamique.
Tariq Ibn Ziyad
voulut profiter de la division entre le gouverneur de Ceuta et
Rodéric pour mener des actions en Andalousie. Il écrivit donc à son
maitre Moussa Ibn Noussayr qui se trouvait à Kairouan pour lui faire
part de ses ambitions.
Moussa Ibn
Noussayr écrivit au calife al-Walid Ibn ‘Abdel Malik à Damas pour
lui demander la permission de procéder mais le calife lui demanda
d’envoyer seulement un petit détachement en mission de
reconnaissance, ce que Moussa fit.
Au mois de Ramadan de l’année 91 de l’Hégire (709), cette petite force de cinq-cents hommes sous le commandement de Tarif Ibn Malik embarqua sur une petite flotte mise à leur disposition par Julian et débarqua sur l’ile Los Palmas en mer méditerranée qui fut connut par la suite sous le nom de l’ile de Tarif.
[1]
Qur’an, Sourate 4, verset 120.
[2]
Qur’an, Sourate 8, verset 60.
[3]
A ne pas confondre avec les Bani Kalb Ibn Wadarah
al-Qouda’iyine.
[4]
Chambellan ou le scribe.
[5]
Aumône légale.
[6]
Scribe ou secrétaire.
[7]
Le mot Diwan
a plusieurs interprétations : Livre, recueil dans lesquels
sont consignés les affaires relatives au département en
question.
Dans les sociétés islamiques (Ottomans), un
centre du ministère des finances, le bureau du chef
administratif, ou le conseil régional d’administration, le
cabinet royal, le cabinet ministériel, etc.). C’est de ce sens originel
que vient le mot français douane.
[8]
Inclus toute propriété qui génère des revenus, terre
cultivée, maison, marché, moulin, etc.
[9]
Les historiens musulmans utilisaient le mot « Roum » tant
pour les Byzantins que les Romains.
[10]
Al-Waddahiyah
étaient un régiment distinct de combattants musulmans
non-arabes, nommé d’après leur commandant berbère al-Waddah
[11]
Le nom ‘Abdillah ou ‘Abdallah, ne font aucune différence et
peuvent être employés différemment pour le même nom. Ainsi
‘Abdillah Ibn ‘Omar ou ‘Abdallah Ibn ‘Omar (qu’Allah soit
satisfait d’eux), est la même personne.
[12]
Nous n’avons aucune autre indication sur la nature de cette
ville.
[13]
Le sujet sera traité plus en détail dans « Moukhtassar
at-Tarikh lil Maghreb wal Andalous » qui est le second
volume de cette série.
[14]
L’homme aux deux lumières : Il fut surnommé ainsi car il
épousa deux des filles du Prophète (Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui).