La mort de Youssouf Ibn Hajjaj ath-Thaqafi

 

Les historiens ont rapporté qu’après la mort de Sa’id Ibn Joubayr, al-Hajjaj Ibn Youssouf ath-Thaqafi ne vécut que quarante jours, après avoir terriblement souffert.

Il ne put pratiquement plus dormir et il fut aussi affligé de cauchemar, ou il voyait Sa’id Ibn Joubayr qui lui disait :

- « O ennemi d’Allah, pourquoi m’as-tu tué ? » Ce qui était un châtiment d’Allah envers al-Hajjaj avant qu’il ne meurt. Et al-Hajjaj le tyran disait :

- « Qu’ai-je à voir avec Sa’id Ibn Joubayr ! Qu’ai-je à voir avec Sa’id Ibn Joubayr ! »

Al-Hajjaj savait où il était à La Mecque mais il était resté silencieux sur le sujet jusqu’à ce que le gouverneur de La Mecque lui ait envoyé Sa’id ! Voilà pourquoi il avait maudit le gouverneur de La Mecque !

 

Al-Hajjaj a joué un grand rôle dans le règne des Omeyyades. Il a été beaucoup rapporté à son sujet et nous avons pu découvrir à travers ces lignes une grande partie de sa biographie sans qu’elle soit complète.

Bien sûr, chacun peut avoir son avis sur l’homme. Comme tout un chacun, il a fait certainement des bonnes et des mauvaises choses. Néanmoins, il restera une figure importante de notre communauté.

Pour exemple, nous citerons une partie de ce qu’a rapporté ad-Dahhabi à son sujet dans son livre « Sirah A’lam An-Noubalah » : « C’était une brute, un tyran, un oppresseur et un homme cruel (qui faisait couler le sang) mais c’était aussi un homme valeureux (shaja’a), audacieux (iqdamin), rusé (makrin), malin (daha), éloquent (fassaha), persuasif (balagha) et respectueux du Qur’an. Nous l’insultons et nous le l’aimons point. Et nous le détestons (boughd) en Allah ».

 

 

En l’an 95 de l’Hégire (713), la lutte dans la voie d’Allah pour élever la Parole d’Allah Le Très Haut, était mené sur plusieurs fronts. En Andalousie, en Inde, au-delà de l’Oxus et en en terre byzantine, la recommandation du bien était dument appliquée à cette époque. La lutte (jihad) est un des fondements de l’Islam par lequel les Musulmans sont respectés. Tant que les armées musulmanes étaient actives à propager la parole de Tawhid, « Il n’y a nulle divinité excepté Allah et Muhammad est Son messager », les terres musulmanes étaient imprenables et l’honneur des Musulmans sauf. Le jour où les Musulmans abandonnèrent cette magistrale recommandation d’Allah Exalté dans Son Livre Glorieux, à l’immense récompense et aux honneurs dans l’au-delà et en ce monde, cette protection essentielle pour la vie et les biens, les Musulmans devinrent faibles.

Le jour où les Musulmans déposèrent leurs armes, ils perdirent leurs honneurs et leur religion. L’honneur du Musulman réside en ses armes et uniquement dans ses armes et ne peut revenir que par les armes. Allah à Lui les louanges et la Gloire nous a recommandé dans Son Livre non seulement de ne pas déposer nos armes : « Et lorsque tu (Muhammad) te trouves parmi eux, et que tu les diriges dans la Salat, qu’un groupe d’entre eux se mette debout en ta compagnie, en gardant leurs armes. Puis lorsqu’ils ont terminé la prosternation, qu’ils passent derrière vous et que vienne l’autre groupe, ceux qui n’ont pas encore célébré la Salat. A ceux-ci alors d’accomplir la Salat avec toi, prenant leurs précautions et leurs armes. Les mécréants aimeraient vous voir négliger vos armes et vos bagages, afin de tomber sur vous en une seule masse. Vous ne commettez aucun péché si, incommodés par la pluie ou malades, vous déposez vos armes ; cependant prenez garde. Certes, Allah a préparé pour les mécréants un châtiment avilissant[1] » mais aussi de préparer toutes sortes d’armes pour la lutte. Le Très Haut dit : « Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d’effrayer l’ennemi d’Allah et le vôtre, et d’autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu’Allah connaît. Et tout ce que vous dépensez dans le sentier d’Allah vous sera remboursé pleinement et vous ne serez point lésés[2] ! » Et l’histoire que vous avez sous les yeux est là pour largement et sans aucun doute possible le prouver.

 

 

Cette année, al-‘Abbas Ibn al-Walid Ibn ‘Abdel Malik fit campagne en territoire byzantin. Et par ses mains Allah Exalté conquis trois forteresses, qui d’après ce qui a été dit, sont Toulous, al-Marzbanayn, et Hiraqlah.

 

 

Le reste de l’Inde fut conquise excepté al-Kayraj et al-Mandal.

 

 

Wassit al-Qassab fut construite, durant le mois de Ramadan de l’année 95 de l’Hégire (714).

 

 

Moussa Ibn Noussayr quitta l’Andalousie pour Tunis ou il exécuta les rites de la Fête du Sacrifice le 10 du mois de Dzoul Hijjah (26 aout 714) à Qasr al-Ma’, à trois kilomètres de Kairouan.

 

 

Qoutaybah Ibn Mouslim fit campagne contre ash-Shash.

 

 

Al-Hajjaj envoya d’Irak une armée qui rejoignit Qoutaybah en l’an 95 de l’Hégire (713) et qui partit aussitôt en campagne. Quand il arriva à ash-Shash ou à Koushmahan, les nouvelles de la mort d’al-Hajjaj lui parvinrent. Il fut si chagriné qu’il retourna à Merv.

Il revint avec son armée qu’il dispersa. Il laissa des soldats à Boukhara, à Kish et à Nassaf.

Tandis qu’il se trouvait à Merv, il reçut une lettre du calife al-Walid : « L’émir des croyants connait tes épreuves et tes efforts dans la guerre dans la voie d’Allah Exalté contre les ennemis des Musulmans. Maintenant consolide tes campagnes et attends la récompense de Ton Seigneur. Ne me laisse pas sans nouvelle afin que je puisse voir par tes yeux le territoire et les frontières dans lesquelles tu te trouves ».

 

Cette même  année al-‘Abbas Ibn al-Walid conquit Qinnassrine.

 

Cette même année aussi, al-Waddahi, qui était un des lieutenants d’al-Waddah, l’esclave libéré berbère de ‘Abdel Malik qui commandait une élite de combattants appelée al-Waddahiyah, et approximativement mille hommes qui étaient avec lui furent tués en territoire byzantin.

 

Lorsqu’al-Hajjaj sentit l’inéluctable fin le gagner, il nomma Yazid Ibn Abi Kabshah al-Kindi, ministre de la guerre et Imam, aux affaires politiques pour l’Iraq dont Basra et Koufa. Puis, il nomma ministre des finances (kharaj) Yazid Ibn Abi Mouslim, l’affranchi (mawlah) Thaqif, surnommé également Abi Mouslim Dinar ou Yazid Ibn Dinar.

 

Lorsqu’al-Hajjaj mourut, al-Walid Ibn ‘Abdel Malik confirma dans leurs postes tous ceux qu’al-Hajjaj avait nommé en Iraq et ailleurs.

 

 

La mort de Walid Ibn ‘Abdel Malik

 

Au mois de Joumadah Thani de l’année 96 de l’Hégire (714), mourut à Damas, le sixième calife omeyyade al-Walid Ibn ‘Abdel Malik et ‘Abdel ‘Aziz pria sur lui.

 

Al-Walid Ibn ‘Abdel Malik fit beaucoup de bonnes choses dont nous mentionnerons quelque unes :

- C’était un homme extrêmement jaloux et il dit : «  Si Allah Exalté n’avait pas mentionné le peuple de Loth dans le Qur’an, je ne me serais jamais imaginé que quelqu’un puisse faire de telle chose ».

- Il était aussi énormément préoccupé par la construction des mosquées et l’entraide aux pauvres, aux nécessiteux, aux malades et aux gens qui demandaient une attention particulière et que nous appelons de nos jours : les handicapés.

 

Al-Walid était aussi puissant que tyran. Il avait désisté son frère Souleyman du califat pour mettre à la place son fils ‘Abdel ‘Aziz. Souleyman avait refusé de se laisser faire mais al-Walid refusa de changer d’avis.

Al-Walid voulut faire comme son père, ‘Abdel Malik Ibn Marwan, lorsqu’il voulut désister son frère ‘Abdel ‘Aziz pour transmettre le califat à son fils al-Walid mais ‘Abdel ‘Aziz Ibn Marwan mourut avant son frère ‘Abdel Malik.

Al-Walid écrivit aux gouverneurs de l’état islamique pour leur demander de faire porter allégeance aux gens pour son fils ‘Abdel ‘Aziz Ibn Walid. Mais personne n’accepta de lui porter allégeance, y compris ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz qui s’éleva contre lui.

Et ce fut une raison supplémentaire pour Souleyman de rapprocher de lui ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz, de lui demander conseil et de suivre ses recommandations. Les relations entre les eux hommes avaient toujours été excellentes.

 

Quant à al-Hajjaj Ibn Youssouf ath-Thaqafi avant sa mort, et Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili répondirent à l’appel du calife pour nommer ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz calife à la place de Souleyman.

Al-Walid Ibn ‘Abdel Malik eut 19 enfants, en plus de ‘Abdel ‘Aziz et pratiquement tous de mères d’enfants.

 

 

En l’an 96 de l’Hégire, (715), Bishr Ibn al-Walid revint de sa campagne hivernale après la mort d’al-Walid sous le règne duquel de massives conquêtes furent effectuées. Moussa Ibn Noussayr conquit l’Andalousie et Muhammad Ibn al-Qassim conquit l’Inde.

Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili conquit Kashgar et attaqua la Chine. Kashgar était la ville la plus éloignée du centre de la Chine et la plus proche au-delà du fleuve de l’Oxus.

Son attaque sur la Chine n’était que le prélude à de futures conquêtes pour observer le nouveau pays et leur population. La Chine est un immense territoire et Qoutaybah stationna près de ses nouvelles conquêtes.

 

 

Qoutaybah Ibn Mouslim en Chine et son histoire avec le roi de Chine

 

Qoutaybah fit campagne en l’an 96 de l’Hégire (715) et alla à Ferghana. Il envoya une troupe en avant pour sécuriser la passe de ‘Issam pour lui faciliter la route pour Kashgar, le plus proche des villes de Chine, quand la nouvelle de la mort d’al-Walid lui parvint alors qu’il était à Ferghana.

Qoutaybah envoya Kathir Ibn Foulan à Kashgar ou il prit des captifs et écrivit sur leurs coups : « Part de ce qu’Allah Exalté a accordé à Qoutaybah ».

Qoutaybah avança loin en avant, jusqu’à ce qu’il approche de la Chine. Le roi de Chine lui écrivit : « Envoyez-moi quelques-uns des nobles qui sont avec toi, qui peuvent nous informer à ton sujet et sur votre religion ».

 

Qoutaybah choisit douze hommes, et certains ont dit dix, de son armée et de chaque tribu. Il choisit des hommes beaux, musclés, éloquents, brave aux cheveux longs, après qu’il se fût renseigné sur eux, il les trouva être les meilleurs de leurs peuples. Qoutaybah leur parla et testa leurs sagacités pour trouver que c’étaient des hommes intelligents et de bonne apparence. Il ordonna alors qu’ils soient équipés des meilleures armes et armures, ainsi que des meilleurs vêtements, des sandales et des parfums avant de les faire monter sur des chevaux de qualité.

Houbayrah Ibn al-Moushamraj al-Kilabi était éloquent et fluent. Qoutaybah lui demanda :

- « O Houbayrah, comment vas-tu conduire cette affaire ? » Houbayrah lui dit :

- « Puisse Allah Exalté faire prospérer l’émir ! Je sais me retenir, dit moi ce que tu attends de moi et je m’y conformerais ».

- « Partez avec la bénédiction d’Allah Exalté et c’est Lui Seul qui accorde le succès. N’enlevez pas vos turbans jusqu’à ce que vous atteigniez le pays du roi. Quand vous entrerez en sa présence, informe le que j’ai juré que je ne partirai pas avant d’avoir foulé leur terre, marqué  le cou de leurs rois et perçut leur impôt ».

 

Alors ils partirent sous le commandement de Houbayrah Ibn al-Moushamraj des Banou Kilab Ibn Rabi’ah Ibn ‘Amir Ibn Sa’sa’a[3]. Quand ils arrivèrent, le roi de Chine les somma. Ils entrèrent dans les bains-douches et émergèrent habillés de vêtements blancs. Ils s’appliquèrent des parfums capiteux, s’encensèrent et se chaussèrent de fines sandales avant d’être présentés au roi entourés des sommités de son pays. Ils s’assirent et ni le roi ni ou ceux qui étaient avec lui, leur adressèrent la parole, alors ils se levèrent et sortirent. Le roi demanda alors à ses gens :

- « Que pensez-vous donc d’eux ? » Ils dirent :

- « Nous pensons que ce sont des gens qui ne sont rien d’autre que des femmes. Il n’y a pas l’un d’entre nous les ayant vu et sentit leur odeur qui n’a pas eu de turgescence ».

 

Le jour suivant, le roi les fit venir de nouveau. Ils s’habillèrent de vêtements brodés, de turbans soyeux et lorsqu’ils furent introduits en sa présence, on leur dit « Retournez ». Le roi dit à ses compagnons : 

- « Que pensez-vous de leurs habits ? » Ils dirent : 

- « Leurs habits les fait paraitre plus masculin que ceux dont ils étaient vêtus hier. Ils font plus hommes ».

Le troisième jour le roi les fit venir. Alors ils se vêtirent de leurs côtes de mailles, de leurs heaumes, ils ceignirent leurs sabres et leurs dagues, passèrent autour de leurs épaules leurs carquois et leurs arcs puis leurs chevaux avant de saisir leurs lances et partirent ainsi chez le roi qui les vit arriver comme des montagnes en marche. Quand ils d’approchèrent de lui, ils plantèrent leur lance dans la terre mais avant qu’ils aient put se rapprocher, il leur fut dit de nouveau : « Retournez »  à cause de la peur subite des Arabes qui venaient d’entrer dans le cœur du roi et ses compagnons.

Ils sont alors reparti, montés leurs chevaux, levés leurs lances, et partirent au galop comme s’ils se poursuivaient les uns les autres. Le roi demanda à ses compagnons : 

- « Qu’est-ce que vous pensez d’eux ? » Ils dirent : 

- « Nous n’avons jamais vu quelqu’un de similaire ».

 

Le soir venu, le roi leur envoya un message :

- « Envoyez-moi votre chef, le plus digne d’entre vous ». Ils lui envoyèrent Houbayrah. Quand Houbayrah rentra en sa présence, le roi lui dit :

- « Tu as vu la puissance de mon autorité et personne ne peut vous protéger de moi pendant que vous êtes dans mon pays. Vous êtes comme un œuf placé dans la paume de ma main. Je vais te demander au sujet de quelque chose, et, si tu ne me dis pas la vérité, je vous tuerai ». Houbayrah dit :

- « Demande ! »

- « Pourquoi avez-vous vêtu ces différents accoutrements, les premiers, deuxièmes et troisièmes jours ? » Houbayrah répondit :

- « Les vêtements que nous avons portés le premier jour sont ceux que nous portons parmi nos familles et le parfum est celui que nous utilisons en leurs compagnies. Les vêtements du deuxième jour sont ceux que nous portons pour rencontrer nos chefs et ceux du troisième jours sont ceux pour rencontrer nos ennemis, quand nous sommes excités et provoqués ». Le roi dit :

- « Vos coutumes sont bien organisées. Retournez chez votre maître et dites-lui de partir, car je connais sa cupidité et le petit nombre de ses compagnons ; autrement j’enverrai contre vous quelqu’un qui le et vous détruira ».  Et Houbayrah de répliquer :

- « Comment quelqu’un qui a des cavaliers dans son pays sous ses yeux et les derniers d’entre eux là où poussent les olives peut-il dire que nous sommes peu nombreux ? Comment quelqu’un qui a le monde sous ses pieds et sous son contrôle, peut-il être qualifié de cupide ? Quant à ta tentative de nous effrayer avec la mort, sache que nous avons des termes qui nous sont alloués. Quand cette fin arrive, la plus noble pour nous est d’être tué. Nous ne détestons pas la mort ni la craignons ». Le roi dit alors :

- « Qu’est ce qui satisferait votre maître alors ? »

- « Il a fait le serment qu’il ne partira avant d’avoir marché sur vos terres, marqué (cacheté) le coup de vos rois et reçut le tribut ».

- « Nous le dégagerons de son serment. Nous allons lui envoyer du sol de notre terre, afin qu’il puisse marcher dessus, quelques-uns de nos fils afin qu’il puisse marquer leurs cous et nous lui donnerons un tribut qui le satisfera ».

Il demanda que des coupes d’or soient remplis de terre, qu’on lui apporte de la soie et de l’or ainsi que quatre jeunes hommes parmi les fils de leurs rois qu’il fit envoyé avec eux lorsqu’ils leur ordonna de se retirer en les couvrants de fins cadeaux. Qoutaybah accepta ses cadeaux, marcha sur la terre et fit marquer les jeunes sur le coup avant de les renvoyer.

 

Quand Qoutaybah revenait chaque année de campagne, il achetait douze juments et douze dromadaires, en ne payant pas moins de quatre-mille dirhams par jument. Il les faisait entretenir précautionneusement jusqu’à ce que la prochaine campagne arrive. Quand il était enfin prêt pour la campagne et qu’il campait, il avait les juments attachées et maigres. Il ne traversait pas de rivière avec les chevaux que s’ils étaient maigres. Ces montures étaient en général destinées à l’avant-garde et aux personnes loyales. Quand il envoyait un éclaireur, il ordonnait de graver une tablette qu’il cassait en deux morceaux. Il lui en donnait un morceau, qu’il ne serait pas capable de reproduire, et gardait l’autre. Puis, il lui ordonnait d’enterrer son morceau dans une place que le scout lui décrivait, comme un gué célèbre, un arbre, ou une ruine. Alors il envoyait quelqu’un le chercher afin qu’il puisse savoir si son éclaireur disait la vérité ou pas.

 

Après la mort d’al-Walid Ibn ‘Abdel Malik, Souleyman Ibn ‘Abdel Malik fut nommé septième calife omeyyade.

 

 

L’organisation de l’état sous le règne des Omeyyades

 

L’organisation de l’état sous le règne des Omeyyades était renforcée par le calife qui était à la tête de l’état et qui était aussi responsable de tous les ministères.

Néanmoins, on peut dire que dans beaucoup de cas, le calife ne pouvait pas s’impliquer comme par exemple dans les affaires relevant de la justice. Et bien souvent les juges craignaient l’injustice du calife ou celle de ses gouverneurs.

C’est pour cela que beaucoup de savants et d’hommes véridiques refusaient le poste de juge (qadi) qu’il leur était offert.

 

Puis après le calife, il y avait le secrétaire[4] (katib) ou plus tard appelé aussi le ministre (wazir) particulièrement sous le règne des Abbassides.

Une des plus importantes fonctions du secrétaire était qu’il devait connaitre parfaitement les registre financiers de l’état, ou étaient consignés toutes les entrées et sorties d’argent, des revenus, des impôts, de la Zakat, etc.

Il se devait de connaitre aussi les registres de paies des soldats et des gens employés par l’état mais aussi toutes les dépenses relatives aux armées. Le secrétaire comptable devait donc un homme de confiance absolue, sérieux et exceller dans l’écriture.

Il était aussi chargé d’écrire les courriers du calife adressés à ses gouverneurs, ses généraux et à d’autres. Il devait donc exceller dans la connaissance des règles établies en matière d’étiquette, d’honneurs, de préséances dans les cérémonies officielles et chargé de les appliquer mais aussi des règles dans les palais, les casernes, le trésor public concernant les soldats, la garde ou l’ensemble des citoyens.

 

N’oublions pas que l’état musulman n’était plus comme à l’époque du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et ne s’arrêtait pas à la Péninsule Arabique (hijaz) mais qu’il s’étendait de l’est à l’ouest, en Chine, en Inde, en Asie Mineure et jusqu’aux confins de l’Afrique et de l’Andalousie.

 

Puis après le Katib (secrétaire), venait le juge qui dépendait tant du calife que du  Katib. Le juge devait avoir une vaste connaissance en matière de religion mais aussi de science et devait être totalement indépendant.

Puis après le Qadi (juge) venait le chef de la police (sahib shorta) ou le ministre de la police qui était vitale dans la protection du calife mais aussi de la sécurité et des biens des gens.

Ensuite venait le ministère de la poste et des registres qui avait aussi une grande importance dans la structure de l’état sur lequel reposait la distribution du courrier et son acheminement.

Grace à ce ministère, l’information était transmise dans tout l’empire musulman. Par lui, le calife envoyait ses lettres et en recevaient mais aussi tous les Musulmans pouvait disposer de ce service. Le premier à avoir créé ce poste dans l’état islamique fut le premier calife omeyyade, Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux).

Sous le règne de ‘Abdel Malik Ibn Marwan, alors qu’il y avait partout des révoltes, il prit un essor considérable car les gens eurent grandement besoin de ce service pour être informé sur les situations de leurs familles.

 

Parmi les autres départements (diwan) d’importance vitale dans la structure de l’état omeyyade, il y avait celui de l’armée qui était le pilier de l’état islamique. Le principal but de l’armée est le combat dans la voie d’Allah (jihad fis-sabilillah) et la vaste superficie de l’empire islamique sous le règne des Omeyyades et de ceux qui les suivront, nous prouvera que ces armées étaient dument préoccupées par ce devoir. Le Jihad fis-Sabilillah n’est pas limité au seul combat comme on pourrait le croire mais il concerne tout ce qui touche à la défense des Musulmans et de leurs terres de près ou de loin comme par exemple, la surveillance des frontières, l’espionnage, l’acheminement des armes, leurs achats et fabrication, l’entrainement, les finances, la levées des armées, l’information, la technologie, l’entretien etc.

 

Le petit état islamique de départ est devenu un empire grâce aux conquêtes entreprises par les Compagnons du Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) et les Musulmans pour faire valoir, élever et transmettre la Parole du Très Haut aux gens pour leur donner la possibilité de connaître et d’adorer le Seigneur et d’être admis eux aussi au paradis.

Comme nous l’avons vu précédemment, les enfants et les frères des califes commandaient les troupes qui n’avaient d’autres buts que la victoire ou le martyr. Les armées étaient composées pour la plupart d’entre elles de tribus arabes et par la suite beaucoup de convertis vinrent grossir leurs rangs et poursuivre leur but. Mais la base des troupes resta toujours essentiellement composée de tribus arabes.

 

Le ministère de l’armée comprenait le département de la défense et le registre des combattants dont la principale tâche était de procéder à leurs paies et aussi de pourvoir à tous leurs besoins, inhérents à leurs missions, et à ceux de leur famille.

Les soldats pouvaient avoir une vie familiale mais lorsqu’ils étaient ordonnés de rejoindre leurs casernes, ils devaient le faire sans attendre. Chaque caserne avait un commandant qui connaissait tous ses soldats et ou les trouver et malheur à celui qui s’attardaient quand venait l’heure de la sortie pour le combat !

Pour clore ce petit chapitre sur la structure de l’état nous devons parler du ministère des finances sous l’état Omeyyade.

 

Le ministère des finances était divisé en plusieurs départements dont l’un relatif aux produits agricoles. Des gens compétents et connaisseurs de l’agriculture occupaient les postes et définissaient, chaque année, les revenus payables à l’état en fonction des quantités plantés.

Puis, il y avait aussi le département chargé de la Zakat[5] sur les différents cheptels chargés de collecter cette aumône légale chaque année.  

Quant à l’aumône sur les biens, l’or et l’argent, les Musulmans étaient chargés de la donner à ceux qui étaient en mesure d’en bénéficier parmi les gens de leur connaissance et de leur entourage immédiat.

Il y avait aussi le département de la Jizyah ou tribut de guerre payable par les gens conquit en échange de leur protection par les Musulmans. Une fois par an, les gens de la Dhimmah (sous contrat) devaient payer ce tribut.

A l’époque du Farouk ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui), il était prélevé quarante-huit dinars des gens de la Dhimmah riches, vingt-quatre dinars des gens aisés et douze dinars des pauvres.

 

Il y avait aussi les départements :

- Relatif aux gens qui mouraient et qui ne laissaient derrière eux personne et dont les biens revenaient au trésor public.

- Le département chargé de la paie, due à l’apparition de chaque nouvelle lune.

- Le registre des fonctionnaires de l’état ainsi que de la frappe de la monnaie.

- Le département chargé de la bonne distribution de l’argent car si l’argent était mal géré et que les fonctionnaires étaient corrompus, ils pouvaient s’ensuivre le désordre dans la gestion et qu’une partie de l’argent soit détournée.

 

Ces informations n’entrent pas dans le cadre de l’Histoire mais nous vous les avons données pour vous montrer que l’état islamique était parfaitement organisé et que tout était scrupuleusement consigné sur des registres par des scribes dont voici une liste.

 

 

Les scribes depuis le début de l’Islam

 

Hisham Ibn al-Kalbi et d’autres ont rapporté que le premier Arabe qui écrivit[6] (katib) en arabe fut Harb Ibn Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams.

Abou Moussa al-Ash’ari a dit : « Le premier qui dit « Ceci dit » (amma ba’d), fut le Prophète Daoud (paix sur lui). Al-Haytham Ibn ‘Adi a dit : « Le premier qui a dit « Ceci dit » fut Qouss Ibn Sa’idah al- ‘Iyadi ».

 

Les scribes du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) furent : ‘Ali Ibn Abi Talib et ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait d’eux) qui écrivaient la révélation. S’ils étaient absents, Oubay Ibn Ka’b et Zayd Ibn Thabit (qu’Allah soit satisfait d’eux) l’écrivaient. Khalid Ibn Sa’id Ibn al-‘As et Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) écrivait en sa présence ce qui concernaient ses affaires. ‘Abdallah Ibn al-Arqam Ibn ‘Abd Yaghouth et al- ‘Ala' Ibn Ouqbah (qu’Allah soit satisfait d’eux) écrivaient pour les gens leurs affaires. ‘Abdallah Ibn al-Arqam écrivit souvent aux rois sur les recommandations du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

 

‘Uthman, Zayd Ibn Thabit, ‘Abdallah Ibn al-Arqam, ‘Abdallah Ibn Khalaf al-Khouza’i, et Hanzalah Ibn ar-Rabi’ furent les scribes d’Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait d’eux).

 

Zayd Ibn Thabit et ‘Abdallah Ibn al-Arqam furent aussi les scribes de ‘Omar Ibn al-Khattab. ‘Abdallah Ibn Khalaf al-Khouza’i, le père de Talha at-Talhat, fut responsable du Diwan[7] de Basra. Abou Jabirah Ibn ad-Dahhak al-Ansari était le secrétaire de ‘Omar dans la charge du Diwan de Koufa. ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) dit à ses secrétaires et gouverneurs: « Consignez les affaires sans délai et n’ajournez pas la tâche d’aujourd’hui à demain ; car si vous le faites, vous serez submergés par votre travail et vous oublierez lequel vous deviez consigner en premier ». Il fut le premier à établir les registres du Diwan parmi les Arabes dans l’Islam.

 

Marwan Ibn al-Hakam fut le secrétaire de ‘Uthman Ibn al-‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui). ‘Abdel Malik fut son secrétaire pour le Diwan de Médine, Abou Jabirah al-Ansari le responsable du Diwan de Koufa. Abou Ghatafan Ibn ‘Awf Ibn Sa’d Ibn Dinar, des Banou Douhman Ibn Qays Ibn ‘Aylan, Ahyab et Houmran Ibn Aban ses domestiques furent aussi ses secrétaires.

 

Sa’id Ibn Nimran al-Hamdani, qui fut responsable plus tard de la magistrature de Koufa pour Ibn az-Zoubayr et ‘Abdallah Ibn Mas’oud, furent les secrétaires de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). Il a été rapporté que ‘Abdallah Ibn Joubayr et ‘Oubaydallah Ibn Abi Rafi’ le furent aussi mais il y a des désaccords au sujet du nom d’Abou Rafi’. Certains ont dit que c’était Ibrahim, d’autres Aslam, d’autres Sinan, et aussi ‘AbderRahmane.

 

‘Oubayd Ibn Aws al-Ghassani fut le secrétaire de Mou’awiyah chargé de sa correspondance. Sarjoun Ibn Mansour ar-Roumi, son secrétaire dans la charge du Diwan des impôts (diwan al-kharaj). ‘AbderRahmane Ibn Darraj, un domestique (mawlah) de Mou’awiyah, fut aussi son secrétaire avec ‘Oubaydallah Ibn Nasr Ibn al-Hajjaj Ibn ‘Ala' as-Soulami.

 

Ar-Rayyan Ibn Mouslim, Sarjoun et Abou az-Zou’ayzi’ah furent les secrétaires de Mou’awiyah Ibn Yazid.

 

Qabissah Ibn Dou’ayb Ibn Halhalah al-Khouza’i, surnommé Abou Ishhaq, fut le secrétaire de ‘Abdel Malik. Abou az-Zou’ayzi’ah, son Mawlah, fut chargé du bureau de la correspondance (diwan ar-rassa’il).

 

Al-Qa’qa’ Ibn al-Khalid al- ‘Absi fut secrétaire d’al-Walid. Son secrétaire pour le bureau de l’impôt fut Souleyman Ibn Sa’d al-Khoushani, son Mawlah ash-Shou’ayb al-‘Oumani responsable du département de l’état civil (diwan al-khatam), son Mawlah Janah responsable de la correspondance et son Mawlah Noufay Ibn Dhou’ayb fut le responsable du revenu des propriétés (moustaghallat)[8].

 

Souleyman Ibn Nou’aym al-Himym fut le secrétaire de Souleyman Ibn ‘Abdel Malik.

 

Le secrétaire de Maslamah Ibn ‘Abdel Malik fut son Mawlah Sami’ al-Leyth Ibn Abi Rouqayyah. Le Mawlah d’Oumm al-Hakam Bint Abi Soufyan, fut responsable du département de la correspondance, Souleyman Ibn Sa’d al-Khoushani responsable du bureau de l’impôt, Nou’aym Ibn Salamah, un Mawlah des Yéménites de Palestine, responsable du département de bureau de l’état civil. D’autres ont dit que Raja’ Ibn Haywah fut responsable du sceau.

 

Al-Moughirah Ibn Abi Farwah fut le secrétaire de Yazid Ibn al-Mouhallab.

 

Al-Leyth Ibn Abi Rouqayyah, le Mawlah d’Oumm al-Hakam Bint Abi Soufyan, Raja’ Ibn Haywah et Isma’il Ibn Abi Hakim, le Mawlah d’az-Zoubayr furent les secrétaires de ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz. Souleyman Ibn Sa’d al-Khoushani le remplaçant de Salih Ibn Joubayr al-Ghassani, d’autres ont dit al-Ghoudani, fut chargé des impôts. ‘Adi Ibn as-Sabah Ibn al-Mouthannah fut aussi un de ses principaux secrétaires.

 

Avant que Yazid Ibn ‘Abdel Malik ne devienne calife, son secrétaire fut Yazid Ibn ‘Abdallah puis après ce fut Oussama Ibn Zayd as-Salihi.

 

Sa’id Ibn al-Walid Ibn ‘Amr Ibn Jabalah al-Kalbi surnommé Al Abrash et aussi Abou Moujashi, fut le secrétaire d’Hisham. Nasr Ibn Sayyar fut son responsable des impôts pour le Khorasan et Shou’ayb Ibn Dinar pour Ar-Rassafah.

 

Boukayr Ibn ash-Shammakh fut le secrétaire d’al-Walid Ibn Yazid. Salim, le Mawlah de Sa’id Ibn ‘Abdel Malik, responsable du département de la correspondance. ‘Abdallah Ibn Abi ‘Amr ou ‘Abdel A’la' Ibn Abi ‘Amr le fut aussi tandis que ‘Amr Ibn ‘Outbah fut responsable de la résidence du califat.

 

‘Abdallah Ibn Nou’aym fut le secrétaire de Yazid Ibn al-Walid surnommé « le Réducteur (an-Naqis) ». ‘Amr Ibn al-Harith, un Mawlah du Banou Joumah, fut responsable de l’état civil, Thabit Ibn Souleyman Ibn Sa’d al-Khoushani et d‘autres ont dit ar-Rabi’ Ibn ‘Ar’arah al-Khoushani, responsable de la correspondance et an-Nadr Ibn ‘Amr, un Yéménite, fut responsable des impôts et il avait son propre sceau.

 

Le secrétaire du Diwan en Palestine pour Ibrahim Ibn al-Walid fut Ibn Abi Joum’ah.

 

Les secrétaires de Marwan Ibn Muhammad furent : ‘Abdel Hamid Ibn Yahya, le Mawlah d’al-‘Ala' Ibn Wahb al-‘Amiri, Mous’ab Ibn ar-Rabi’ al-Khath’ami, Makhlad Ibn Muhammad Ibn al-Harith surnommé Abou Hashim, Mous’ab Ibn ar-Rabi’ al-Khath’ami surnommé Abou Moussa et Ziyad Ibn Abi al-Ward. ‘Uthman Ibn Qays, le Mawlah de Khalid al-Qasri, fut responsable de la correspondance. ‘Abdel Hamid Ibn Yahya fut réputé pour éloquence distinguée.

 

Le secrétaire d’Abou al-‘Abbas l’Abbasside fut Khalid Ibn Barmak. Salih Ibn al-Haytham, un Mawlah de Bint Raytah Abi al-‘Abbas, fut responsable de la correspondance.

 

Le secrétaire d’Abou Ja’far al-Mansour fut ‘Abdel Malik Ibn Houmayd, le Mawlah de Hatim Ibn an-Nou’man al-Bahili al-Khorassani. Hashim Ibn Sa’id al-Jou’fi et Abdel A’la' Ibn Abi Talha des Banou Tamim furent ses secrétaires dans Wassit. Il a aussi été rapporté que Souleyman Ibn Makhlad fut aussi le secrétaire d’Abou Ja’far avec ar-Rabi’ et ‘Oumarah Ibn Hamzah qui était parmi les hommes les plus distingués.

 

Le secrétaire d’al-Mahdi fut Abou ‘Oubaydallah. Aban Ibn Sadaqah fut chargé de la correspondance et Muhammad Ibn Hamid responsable du Diwan militaire (diwan al-jound). Ya’qoub Ibn Daoud fut responsable de ses affaires et son ministre (wazir) qui fut remplacé plus tard par Fayd Ibn Abi Salih qui était un homme généreux.

 

Les secrétaires de Moussa al-Hadi furent ‘Oubaydallah Ibn Ziyad Ibn Abi Layla et Muhammad Ibn Hamid.

Yahya Ibn Khalid Ibn Barmak fut le ministre d’al-Hadi et son fils, Ja’far Ibn Yahya Ibn Khalid fut le ministre d’ar-Rashid.

 

 

La mort de Qoutaybah Ibn Mouslim

 

Lorsque Souleyman Ibn ‘Abdel Malik devint calife, il désista ‘Uthman Ibn Hayyan al-Mourri le gouverneur oppresseur de Médine et le remplaça par Abi Bakr Ibn Muhammad Ibn ‘Amr Ibn Hazm al-Khazraji al-Ansari.

Il désista Yazid Ibn Abi Mouslim le gouverneur d’Iraq et le remplaça par Yazid Ibn al-Mouhallab avec qui il envoya Salih Ibn ‘AbderRahmane le serviteur des Banou Tamim qu’il chargea de la gestion des revenus (kharaj) et à qui il ordonna de torturer et de tuer la famille d’Abou ‘Aqil, un groupe de gens de la famille d’al-Hajjaj Ibn Youssouf ath-Thaqafi.

 

Qoutaybah Ibn Mouslim sut que Souleyman Ibn ‘Abdel Malik n’allait pas le laisser en paix du fait qu’il avait donné son accord pour son désistement en faveur du fils d’al-Walid. Alors, comptant sur la force de sa grande armée, il décida de renverser le nouveau calife. 

Qoutaybah réunit les gens et leur dit que Souleyman avait désisté ‘Abdel ‘Aziz et lui avait ôté le califat et comme ils avaient porté allégeance à ‘Abdel ‘Aziz Ibn al-Walid, il devait lui porter assistance. Parmi les milliers de soldats sous son commandement pas un seul d’entre eux n’accepta si bien qu’il se fâcha après eux.

Le responsable de ce refus était Waqi’ Ibn Abi Hassan Ibn Abi Soud at-Tamimi que nous avons déjà mentionné lors de la Bataille de Boukhara.

Alors un groupe de gens pénétra dans la tente de Qoutaybah et le tuèrent. Un groupe de personne qui était avec lui essayèrent de le défendre sans succès. Parmi eux se trouvait ses frères ‘AbderRahmane, ‘Abdallah, Salih, ‘Abdel Karim, Houssayn, certains de ses fils et de ses proches. Dirar Ibn Mouslim ne fut pas tué car il fut protégé par ses oncles des Bani Tamim parce que sa mère était Qarrah Bint Dinar Ibn Qa’qa’ Ibn Ma’bad Ibn Zourarah at-Tamimi. 

 

Qoutaybah ne fut pas tué subitement par Waqi’ mais à cause d’un différend qui existait déjà entre eux. Un jour Qoutaybah voulut partir pour un raid (ghazw) à partir de sa garnison de Merv, la capitale du Khorasan, dont il laissa en son absence, le commandement ‘AbdAllah Ibn ‘Abdillah Ibn Ahkam. Ahkam qui était Sinan Ibn Soumayy des Bani Minqar Ibn ‘Oubayd Ibn Mouqaris Ibn ‘Amr Ibn Ka’b Ibn Sa’d Ibn Zayd Ibn al-Manat Ibn Tamim.

Bashir Ibn Safwan Ibn ‘Amr Ibn Ahtam qui était le fils de l’oncle de ‘AbdAllah Ibn ‘Abdillah vint voir Qoutaybah et lui dit :

- « Ne la laisse pas à ta place car il se retournera contre toi ». Mais Qoutaybah ne l’écouta point et lui dit :

- « Tu envie le fils de ton oncle ! »

- « Rappelle-toi simplement ce que je t’ai dit et accepte mon excuse s’il le fait ! Ne viens surtout pas me voir s’il le fait pour me faire des remontrances et me charger de ses fautes car je t’aurais mis en garde ».

 

Lorsque Qoutaybah sortit pour le combat dans la voie d’Allah Exalté, ‘AbdAllah Ibn ‘Abdillah écrivit à al-Hajjaj. Dans la lettre, il se plaignit de Qoutaybah et demanda à al-Hajjaj de le nommer à sa place.

Qoutaybah fut informé de cela. Il réunit les Bani Tamim et les informa de ce que faisais ‘AbdAllah. 

‘AbdAllah Ibn ‘Abdillah informé à son tour sut alors qu’il ne lui restait d’autre choix que de s’enfuir avant son retour. Il partit à Moukran, puis à ‘Oman, puis à La Mecque, puis à Médine où il vécut déguisé pour ne pas être reconnu.

 

Qoutaybah écrivit à al-Hajjaj pour l’informer que ‘AbdAllah Ibn ‘Abdillah avait vidé le trésor public du Khorasan avant de s’enfuir.

Al-Hajjaj écrivit à al-Walid Ibn ‘Abdel Malik qui envoya à sa recherche des hommes de l’état mais qui furent incapable de le trouver tant il s’appliquait à rester méconnaissable.     

Suite à cela, Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili tua deux enfants de ‘AbdAllah Ibn ‘Abdillah, Bashir Ibn Safwan qui l’avait mis en garde et un de ses enfants, ainsi qu’un groupe de gens qui étaient avec eux.

Puis il écrivit pour demander Waqi’ Ibn Abi Soud et Qourayb Ibn Tahmah al-Moujashi’i at-Tamimi qui passèrent par le marché alors qu’ils se rendaient chez Qoutaybah, ils virent la dépouille de Bashir Ibn Safwan, les mains, les pieds et la tête tranchés, exposée dans le marché.

Lorsqu’il rentra chez Qoutaybah, celui-ci lui dit :

- « O Waqi’, n’as-tu pas vu ce que j’ai fait à Bashir Ibn Safwan ? » Il espérait que Waqi’, et les chefs des Bani Tamim soient pris de crainte pour ne pas lui disputer un jour le pouvoir au Khorasan.

Bashir Ibn Safwan était des Bani Sa’d Ibn Zayd Ibn al-Manat Ibn Tamim et Waqi’ Ibn Hassan était des Bani Ghoudanah Ibn Ya’bour Ibn Handalah Ibn Malik Ibn Zayd Ibn al-Manat Ibn Tamim.

Mais Waqi’ grandement énervé répondit à Qoutaybah :

- « Il y a entre moi et Bashir Ibn Safwan qu’il ne méritait pas d’être châtié autant que je l’ai vu ! »

Qoutaybah Ibn Mouslim, le conquérant renommé faisait aussi partie des tyrans et lorsque Waqi’ Ibn Hassan le quitta, Qoutaybah le suivit du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse.

Qouraym Ibn Abi et Tahmah le suivirent et lui dirent :

- « Ne tourne jamais ton dos à un tyran dont le sabre ruisselle de sang et ne lui parle jamais de cette manière, si bien que j’ai crus qu’il allait ordonner de te tuer ! »

Waqi’ Ibn Abi Soud était un homme courageux et il lui répondit :

- « Il ne vaut rien du tout ! Nous l’avons vu le jour de la bataille de Boukhara ! Ne crains pas qu’il me tue, mais moi, par Allah, je le tuerais ».

 

Qoutaybah Ibn Mouslim désista Waqi’ Ibn Hassan du commandement des Banou Tamim qui était dans son armée au Khorasan et mit à sa place Dirar Ibn Houssayn Ibn Zayd al-Fawaris ad-Dabi.

L’armée de Qoutaybah Ibn Mouslim se chiffrait comme suit :

- Les Banou Tamim, dix-mille combattants.

- Les Azd dix-mille combattants.

- Les gens de ‘Alya de Basra, une alliance entre plusieurs tribus dont les Qoutaysh, Kinan, Bajilah, Afram et l’ensemble des Bani Qays al-‘Ilani, étaient au nombre de neuf-mille combattants.

- Les gens de Koufa sept-mille combattants.

- Les Bani Bakr Ibn Wahil sept-mille combattants.

- Les Bani ‘Abdel Qays quatre-mille combattants.

- Al-Mawali, (les affranchis), au nombre de sept-mille combattants.

Qoutaybah Ibn Mouslim avait une très grande armée. Ces évènements arrivèrent après que Qoutaybah ait décidé de déposer le nouveau calife Souleyman Ibn ‘Abdel Malik.

Et lorsque Waqi’ Ibn Hassan Ibn Abi Soud al-Ghoudami at-Tamim revint dans sa tribu, ils ne firent rien.

 

C’était bien une nouvelle sédition tribale dont nous a mis en garde le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et dont il a dit : « elle est répugnante (moumtinah) ».

Waqi’ était en rage lorsqu’il vit ce qui était arrivé à Bashir Ibn Safwan et nous ne sommes qu’au premier siècle de l’Hégire.

Lorsque Waqi’ arriva dans sa tribu, il ne se leva ni pour prier le Zouhr, le ‘Asr, le Magrib. Les gens prièrent mais il ne se leva pas ! Lorsqu’ils lui demandèrent ô père de Moutarif :

- « Tu ne pries pas ? »

Il leur répondit :

- « Que feras la prière alors que les Bani Ahtam ont été tué. Personne ne se mettra en colère pour eux ni dans les cieux et ni sur la terre ». Et cette parole est de la mécréance !

Et même s’il était irrité de telle parole ne se disent point. Quant à celui qui volontairement ne prie pas son jugement est clair !

Alors la sédition naquit dans le cœur des gens et ils se décidèrent à tuer Qoutaybah, celui qui tua leurs chefs et lorsqu’il les appela pour renverser Souleyman Ibn ‘Abdel Malik, ils refusèrent de le suivre et profitèrent de l’occasion pour le tuer.

 

 

Après la mort de Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili, Waqi’ Ibn Hassan Ibn Abi Soud qui avait manqué plusieurs prières et était un idiot (ahmaqan) prit sa place à la tête de l’armée.

On lui ramena un homme qui avait bu du vin et il ordonna de le tuer. On lui fit remarquer que ce n’était pas la peine légale mais qu’il devait être bâtonné un certain nombre de coup mais il dit :

- « Non. Je ne punis pas avec le bâton mais avec le sabre ! » Et, ils le tuèrent bien qu’il n’y a pas d’obéissance dans la désobéissance à Allah.

Lorsque ces nouvelles parvinrent à Souleyman Ibn ‘Abdel Malik, il crut que Waqi’ et ceux qui étaient avec lui s’étaient rebellés contre lui et il ne cessa d’être en paix jusqu’à ce qu’il fut convaincu que Waqi’ lui obéissait toujours.

 

 

En l’an 96 de l’Hégire (715), Souleyman Ibn ‘Abdel Malik désista Khalid Ibn ‘Abdillah al-Qasri et nomma à sa place Talha Ibn Daoud al-Hadrami gouverneur de la Mecque tandis que Yazid Ibn al-Mouhallab commandait l’Iraq.

Waqi’ Ibn Hassan commanda les soldats qui se trouvaient dans le Khorasan dix (ou neuf selon d’autres versions) mois supplémentaires jusqu’en l’an 97 de l’Hégire (716) ou Yazid Ibn al-Mouhallab fut nommé gouverneur du Khorasan.

 

Cette même année, Maslamah Ibn ‘Abdel Malik captura la forteresse byzantine « de la peur » (hisn al-khawf).

 

 

 

Les expéditions contre Constantinople

 

En l’an 97 de l’Hégire (716), les raids des Musulmans en terre byzantines, ne s’arrêtèrent point.

Le calife Souleyman Ibn ‘Abdel Malik équipa une grande armée sous le commandement de son fils Daoud Ibn Souleyman qu’il envoya à la conquête de Constantinople. Cette campagne entraîna la capture de la forteresse « de la femme » (hisn al mar'ah)

 

De son côté, ‘Omar Ibn Houbayrah al-Fazari commanda une expédition navale contre Byzance[9].

 

Selon al-Waqidi, Maslamah Ibn ‘Abd al-Malik attaque les terres de Byzance et conquit la forteresse qui avait déjà été prises par al-Waddah, le chef des Waddahiyah[10].

 

Cette année le calife guida le pèlerinage comme il était de coutume chez les califes précédents et c’était une obligation à remplir pour eux comme nous l’avons vu par exemple pour le calife al-Walid ‘Abdel Malik lorsqu’il revint du pèlerinage, il visita la mosquée du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) alors que ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz était gouverneur de Médine.

Lorsque Souleyman Ibn ‘Abdel Malik revint du pèlerinage, il désista Talha Ibn Daoud al-Hadrami et nomma à sa place ‘Abdel ‘Aziz Ibn ‘Abdillah[11] Ibn Khalid Ibn Assid Ibn Abi al- ‘Iss Ibn Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams.

Et si vous vous rappelez, ‘As et Abou al-‘As, ‘Is et Abi al-‘Is, sont les fils d’Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams et sont surnommés al-‘Iyas.

 

 

En l’an 98 de l’Hégire (717), Souleyman Ibn ‘Abdel Malik envoya son frère Maslamah Ibn ‘Abdel Malik à la tête d’une grande armée vers Constantinople ou il lui ordonna d’y rester jusqu’à la conquête de la ville ou qu’il reçoive d’autres ordres. Maslamah y resta tout l’hiver et l’été.

D’après Muhammad Ibn ‘Umar Thawr Ibn Yazid Souleyman Ibn Moussa, quand Maslamah approcha de Constantinople, il ordonna à chaque cavalier de charger deux Mouds de nourriture sur le dos de son cheval pour le siège de Constantinople. Sur son ordre, la nourriture fut empilée, et il dit aux Musulmans :

- « Ne mangez aucune de cette nourriture, mais attaquez leurs terres et semez votre propre nourriture ».

Il fit construire des maisons de bois pour y passer l’hiver avec ses soldats. Les soldats cultivèrent la terre tandis que la nourriture susmentionnée resta dans le désert, totalement exposée. Les soldats mangèrent ce qu’ils récupèrent durant leurs raids et, plus tard, de ce qu'ils avaient semé.

Maslamah assiégea Constantinople et harassa ses habitants. Il était accompagné des plus illustres commandants de l’armée syrienne : Khalid Ibn Ma’dan, ‘Abdallah Ibn Abi Zakariyyah al-Khouza’i et Moujahid Ibn Jabr. Et, il resta à Constantinople jusqu’à ce qu’il apprit de la mort de son frère Souleyman.

 

Selon Ahmad Ibn Zoubayr Ibn Ali Ibn Muhammad : Quand Souleyman devint calife, il attaqua les Byzantins, établit le camp des Musulmans à Dabiq d’où il envoya Maslamah au combat. Les Byzantins le craignaient et Léo, l’empereur des Byzantins, revenu d’Arménie dit à Maslamah :

- « Envoie quelqu’un pour négocier avec moi ».

Maslamah envoya Ibn Houbayrah qui demanda à Leo :

- « Qu’est-ce que vous considérez de plus stupide ? »

- « L’homme qui remplit son estomac de tout qu’il trouve ».

- « Nous sommes des hommes de religion, et notre religion nous ordonne l’obéissance à nos chefs ». Leo dit :

- « Vous avez raison. Dans le passé, nous nous combattions les uns les autres pour la religion. Cependant, aujourd’hui, nous combattons pour les conquêtes et la souveraineté. Si vous vous retirez, nous donnerons un dinar pour tous ceux d’entre vous qui partiront ».

 

Ibn Houbayrah revint le lendemain chez les Byzantins et leur dit :

- « Notre chef, refuse votre proposition. Je l’ai approché après qu’il eût mangé le repas du matin, rempli son estomac et fait un somme. Quand il s’est réveillé, il était embrumé et n’a pas compris ce que je lui ai dit ».

Les généraux byzantins dirent à Leo :

- « Si vous nous débarrassez de leur chef, nous vous ferons empereur. Et ils s’engagèrent auprès de lui par un serment ».

Leo alla voir Maslamah et lui dit :

- « Les gens de Constantinople savent bien que vous ne pouvez pas mener une attaque jointe contre eux et que vous escomptez de prolonger le siège tant que vous avez de la nourriture. Mais si vous brûlez votre nourriture, ils se soumettront ».

Maslamah ordonna de brûler la nourriture et Léo agit par la suite de manière hostile si bien que Maslamah comprit qu’il avait été trompé au moyen d’une ruse qui humilierait même une femme.

L’ennemi devint alors fort tandis que les Musulmans furent sur le point de mourir de faim. Ils furent réduits à manger les rongeurs, les peaux des animaux, les racines et les feuilles des jusqu’à la mort de Souleyman qui résidait à Dabiq et qui ne put envoyer des renforts à cause de l’hiver et de la neige.

 

Cette même année, la ville des Slaves[12] fut conquise.

D’après Muhammad Ibn ‘Omar : Bourjan attaqua Maslamah Ibn ‘Abdel Malik qui était à court d’hommes. Souleyman Ibn ‘Abdel Malik détacha Mas’adah (ou ‘Amr Ibn Qays selon d’autres sources) avec des renforcements, mais les Slaves les trompèrent.

Puis Allah Exalté donna la victoire à Ses serviteurs après que les slaves furent mit en déroute après avoir tué Sharahil Ibn ‘Abd Ibn ‘Abdah.

 

D’après al-Waqidi, durant cette année, al-Walid Ibn Hisham et ‘Amr Ibn Qays attaquèrent les Byzantins et plusieurs soldats de l’armée d’Antioche furent tués. Al-Walid tua des gens qui habitaient à la périphérie de Byzance, et prit beaucoup de captifs.

 

Nous allons faire maintenant une pause pour parler de la lutte des Musulmans au Maghreb et en Andalousie bien que le prochain volume sera totalement consacré à ce sujet. Voici donc une brève chronologie de ces évènements.

 

 

Les Musulmans au Maghreb et en Andalousie

 

En l’année 20 de l’Hégire (640), l’Egypte fut conquise par le respectable compagnon et le grand général conquérant ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui). Lorsqu’il eut assis son pouvoir sur l’Egypte, il envoya le fils de sa tante, ou selon d’autres versions, le frère de sa mère, ‘Ouqah Ibn Nafi’ al-Fihri, à la tête d’une armée vers l’ouest (le maghreb).

‘Ouqah Ibn Nafi’ al-Fihri est ‘Ouqbah Ibn Nafi’ Ibn ‘Abdel Qays Ibn Naqit Ibn ‘Amir Ibn Oumayyah Ibn Walid Ibn Harith Ibn Fihr al-Qourayshi.

‘Ouqbah Ibn Nafi’ conquit Zouillah et Bourqah tandis que le Maghreb à cette époque dépendait de l’état byzantin ou de l’état romain de l’Est. La plupart de ses habitants étaient des tribus berbères et les tribus berbères sont d’origines arabes Himiriyah Qahtaniyah, les tribus Sanhajirah et Bouhtanan bien que certains historiens et généalogistes ne soient pas tous d’accord[13].

Les Musulmans combattaient les Romains à l’Est, en Byzance et la Syrie étaient leur base de départ. Ils combattaient aussi les Romains au Maghreb et pour faire face à cette tâche, l’Egypte leur servait de base de la même manière que l’Iraq servait de base arrière pour les Musulmans qui combattaient dans le sentier d’Allah, les Turcs, ce qui restait des Perses, et d’autres peuples au Khorasan, au-delà du fleuve de l’Oxus et au Turkestan.

 

Lorsque ‘Ouqbah Ibn Nafi’ conquit Zouillah et Bourqah il s’arrêta et fut rejoint par ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) qui conquit en l’an 23 de l’Hégire (943) Tripoli (tarablous). Puis il écrivit au Farouk, ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) pour lui demander la permission de poursuite ses conquêtes mais ‘Omar refusa par compassion pour lui et les Musulmans du fait de cet immense pays qui s’ouvrait devant eux et dont ils n’avaient aucune connaissance.

Lorsque ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) fut assassiné par l’infâme Abou Lou'lou le mage (al-majoussi), qu’Allah Exalté l’avilisse, en l’an 23 de l’Hégire (943), et que Dzoul Nourayn[14] ‘Uthman Ibn al-‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) prit sa succession, il désista ‘Amr Ibn al-‘As de son poste de gouverneur d’Egypte et nomma à sa place ‘AbdAllah Ibn Sa’d Ibn Abi as-Sarh et ‘Abdallah Ibn Sa’d al-‘Amiri al-Qourayshi était des Banou ‘Amir Ibn Wahil al-Qourashiyine.

Et ce n’est qu’après un certain temps, surtout dû à la mansuétude envers les Musulmans, qu’il ordonna à ‘AbdAllah Ibn Sa’d Ibn Abi as-Sarh de conquérir l’Ifriqiyah ou la Tunisie. Il y avait dans ces armées conquérantes beaucoup de Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Lors de cette conquête, la bataille de Soubateylah, ils battirent l’armée du Patriarche romain Grégorius (jarjis) qui fut tué par le respectable compagnon ‘Abdallah Ibn Zoubayr Ibn al-‘Awwam (qu’Allah soit satisfait d’eux).

 

 

En l’an 38 de l’Hégire (658), lors de la grande sédition, ‘Amr Ibn al-‘As fut de nouveau nommé gouverneur d’Egypte et il envoya aussitôt les armées musulmanes combattre les ennemis de l’Islam. Car tous ce que les Musulmans avaient conquis avec été perdu suite aux évènements de la grande sédition, entre l’assassinat de ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui), puis les problèmes qu’encourut ‘Ali ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) suite à cet assassinat.

 

 

En l’an 43 de l’Hégire (663), décéda le gouverneur d’Egypte ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) et Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) le remplaça par le respectable (jalil) Compagnon ‘Ouqbah Ibn ‘Amir al-Jouhani (qu’Allah soit satisfait de lui) de la tribu des Jouhaynah. 

‘Ouqbah Ibn ‘Amir al-Jouhani (qu’Allah soit satisfait de lui) nomma ensuite le respectable Compagnon Mou’awiyah Ibn Houdayj as-Sakouni al-Kindi (qu’Allah soit satisfait de lui) commandant en chef des armées d’Ifriqiyah.

 

 

En l’an 45 de l’Hégire (665), Mou’awiyah Ibn Houdayj as-Sakouni (qu’Allah soit satisfait de lui) à la tête d’une immense armées comprenant beaucoup de Compagnons du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dont ‘Abdallah Ibn ‘Amr Ibn ‘al-‘As, ‘AbdAllah Ibn Zoubayr Ibn al-‘Awwam (qu’Allah soit satisfait d’eux) et ‘Abdel Malik Ibn Marwan conquirent beaucoup de villes et parmi elles, Sous (soussa), Bizerte (binzart) et l’ile de Sicile (jazirat saqaliyah).

 

 

En l’an 48 de l’Hégire (668), le calife remplaça Mou’awiyah Ibn Houdayj as-Sakouni par ‘Ouqbah Ibn Nafi’ al-Fihri qui resta gouverneur sur ces pays conquis durant sept années durant lesquelles il construisit la ville de Kairouan (qayrawan). Pour de plus amples détails sur tous ces évènements, veuillez consulter notre abrégé historique sur l’Histoire du Maghreb et de l’Andalousie.

Puis Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait de lui), désista ‘Ouqbah Ibn Nafi’ al-Fihri tandis qu’à cette époque le gouverneur d’Egypte était le respectable Compagnon Maslamah Ibn Moukhallad Ibn as-Samit al-Khazraji al-Ansari (qu’Allah soit satisfait de lui) à qui fut donné par la suite le commandement de l’Ifriqiyah.

Maslamah nomma alors son serviteur Abi al-Mouhajir Dinar député sur l’Ifriqiyah qui combattit les Berbères qui s’étaient alliées avec les Romains pour combattre les Musulmans. Abi al-Mouhajir Dinar gouverna sept années avant d’être remplacé une nouvelle fois par ‘Ouqbah Ibn Nafi’ sous le règne de Yazid Ibn Mou’awiyah.

 

Lorsque ‘Ouqbah Ibn Nafi’ arriva en Ifriqiyah, il y avait dans son armée vingt-cinq Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux), qui avaient quitté Médine jusqu’à ces contrées éloignées pour le combat et la recherche du martyr dans la voie d’Allah alors qu’ils étaient d’un âge déjà bien avancés ! 

‘Ouqbah Ibn Nafi’ n’était pas un fin politicien quant à ses relations avec les Berbères. Il offensa (ihanat) Kathilah Ibn Lamzam, le chef de la tribu Ourbah qui était une puissante tribu, en rigolant lorsque celui-ci se couvrit la barbe du sang des moutons qu’il dépeçait.

On lui demanda :

- « O berbère, pourquoi fais-tu cela à ta barbe ? » Il répondit :

- « C’est bon pour elle ».

 

Puis, le grand conquérant ‘Ouqbah Ibn Nafi ‘, à la tête de vingt-cinq-mille combattants, partit conquérir les autres villes du Maghreb. Il était tellement concentré dans ses conquêtes qu’il finit par arriver à Tanger (tanja) au bord de l’océan atlantique (mouhit atlassi).

Rendez-vous compte de la distance de Kairouan jusqu’à Tanger soit 1.400 kilomètres avec une armée de vingt-cinq mille combattants ! Par combien de villes et de villages sont-ils passés ? Combien de batailles ont-ils du mener ? Qu’en était-il de leur armement et de leurs provisions de route ?  Ou était le dernier bastion des Musulmans ?

Ce fut certainement un grandiose exploit qu’il accomplit, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde mais il arrivait d’Egypte à dos de cheval et ce n’est plus 1.400 kilomètres dont il est question mais de 3.500 kilomètres ! Puisse Allah, Exalté et Loué soit-Il, vous faire miséricorde et vous octroyer les suprêmes degrés ô porteurs du Message Révélé, combattants, martyrs et serviteurs dans Sa voie (moujahidin fis-sabilillah) pour que Sa Parole soit élevée. Par Allah ! Comme nous aurions aimé partager vos joies et vos peines.

 

Alors ce grand combattant (moujahid) et cavalier musulman entra dans l’océan avec son cheval et leva la tête vers le ciel et dit une parole que les siècles ont conservés, que les mémoires ont enregistrées et que les plumes ont gravées pour l’éternité :

- « O Grand Seigneur atteste ! Je suis arrivé au terme de l’effort. N’était-ce cette mer, j’aurais poursuivi ma route pour combattre celui qui Te renie jusqu’à ce que nul ne soit adoré hormis Toi ! (allahoumma ash had ! Anne quad balaghtoul majhoud. Wa lawla adhal bahr la maditou fil bilad nouqatilou man kaffara bika hatta la you’bad ahadoun illa siwak) ».

Quelle sublime parole ! Ce ne fut pas une parole prononcée sur un Minbar, une assemblée ou écrite confortablement installé ni même prononcée lors d’une leçon mais bel et bien sur un cheval. Il est sorti combattre dans la voie d’Allah Exalté, après avoir traversé cette immense distance à travers ces dangereuses contrées, contre des féroces tribus jusqu’à la mer des ténèbres, comme elle était appelée, puis dans la mer il est entré jusqu’à ce que l’eau atteigne le poitrail de son cheval élancé. Et ce respectable compagnon des Compagnons (tabi’i), leva sa tête vers le ciel puis dit cette parole qui avec l’encre d’or doit être gravée à l’entrée des mosquées pour que les gens se rappellent chaque jour des efforts déployés par nos ancêtres bien aimés.

Ainsi était le Jihad (effort) et après cela nulle question et ni aucun commentaire n’est nécessaire.

 

Après de longs mois de conquêtes et sur la demande des combattants fatigués de son armée, ‘Ouqbah Ibn Nafi’ libéra une grande partie de son armée qui partit aussitôt pour Kairouan tandis qu’il resta avec environ cinq cents combattants. Lorsqu’il arriva près de Tahoulah dans le Maghreb Central, qui correspond à l’Algérie de nos jours, une immense armée de cinquante-mille Berbères alliés aux Byzantins, commandée par Kathilah Ibn Lamzam lui coupa la route et l’affronta.

‘Ouqbah Ibn Nafi’ et son groupe de combattants furent pratiquement tous tués au cours de la bataille qui s’ensuivit après être descendu de leurs montures et lutté héroïquement. Mourut aussi Abi al-Mouhajir Dinar et la majorité des combattants et ceux qui échappèrent à la mort furent fait prisonniers. Puis les Berbères poursuivirent leur chemin vers Kairouan ou ils entrèrent au mois de Mouharram de l’année 64 de l’Hégire (683) tandis que les Musulmans sous le commandement de Zouhayr Ibn Qays al-Balawi, s’étaient retirés de la ville avant leur arrivée.

 

 

En l’an 69 de l’Hégire (688), Zouhayr Ibn Qays al-Balawi revint à Kairouan à la tête d’une nouvelle grande armée après que ‘Abdel Malik Ibn Marwan lui ai envoyé des renforts. Et dans un lieu proche de Kairouan au sud de la ville nommé Mams, eut lieu une bataille ou les Berbères alliés aux romains furent décimés et Kathilah Ibn Lamzam tué.

Lorsque Zouhayr Ibn Qays al-Balawi se retira du champ de bataille avec son armée pour retourner à Kairouan, il fut attaqué et tué par une armée romaine et son armée mise en déroute. 

Le calife ‘Abdel Malik Ibn Marwan qui était occupé à lutter contre ceux qui s’étaient rebellé contre lui, ne put rien faire pour le Maghreb avant qu’il n’ait réussit à ramener de l’ordre dans l’état. Alors aussitôt, il envoya une nouvelle armée de quarante-mille combattants sous le commandement de Hassan Ibn Nou’man al-Ghassani qui réussit à vaincre successivement les Romains et les Berbères Boute après un certain nombre de batailles ou il tua leur chef qui était une femme du nom dal-Kahinah en l’an 82 de l’Hégire (701).

Puis Hassan Ibn Nou’man al-Ghassani établit le camp des Musulmans à Carthagène (kartajanna) ou il construisit près d’elle, la ville de Tunis.

 

 

En l’an 85 de l’Hégire (704), ‘Abdel ‘Aziz Ibn Marwan qui était le gouverneur d’Egypte de l’époque, désista Hassan Ibn Nou’man qui était gouverneur du Maghreb et nomma à sa place Moussa Ibn Noussayr al-Lakhmi, des serviteurs des Bani Lakhm, qui était un Tabi’i.

Moussa Ibn Noussayr est né en l’an 19 Hégire (639) et décéda en l’an 97 de l’Hégire (715). Il réussit à conquérir l’intégralité du Maghreb grâce à ses actions militaires permanentes contre les Berbères qui se révoltaient régulièrement. Il ne procédait à aucune nouvelle conquête avant d’avoir assis fermement les structures des villes et des régions conquises.

La seule ville qui lui résista fut Ceuta (sabta) qui était peu accessible du fait qu’elle se trouvait dos à la mer et quelle était extrêmement fortifiée. Le gouverneur de cette ville se prénommait Julian (youlyan) qui était un chef Goth chrétien (qot nassrani) qui avait un différend avec le roi des Goths Rodéric (rodriq).

Moussa Ibn Noussayr ordonna à Tariq Ibn Ziyad, un Berbère de la tribu Nafzah, et à un groupe de dix-sept Arabes qui étaient avec lui, de rester à Tanger et d’apprendre aux Berbères le Qur’an et la Shari’ah islamique.

Tariq Ibn Ziyad voulut profiter de la division entre le gouverneur de Ceuta et Rodéric pour mener des actions en Andalousie. Il écrivit donc à son maitre Moussa Ibn Noussayr qui se trouvait à Kairouan pour lui faire part de ses ambitions.

Moussa Ibn Noussayr écrivit au calife al-Walid Ibn ‘Abdel Malik à Damas pour lui demander la permission de procéder mais le calife lui demanda d’envoyer seulement un petit détachement en mission de reconnaissance, ce que Moussa fit.

 

 

Au mois de Ramadan de l’année 91 de l’Hégire (709), cette petite force de cinq-cents hommes sous le commandement de Tarif Ibn Malik embarqua sur une petite flotte mise à leur disposition par Julian et débarqua sur l’ile Los Palmas en mer méditerranée qui fut connut par la suite sous le nom de l’ile de Tarif. 



[1] Qur’an, Sourate 4, verset 120.

[2] Qur’an, Sourate 8, verset 60.

[3] A ne pas confondre avec les Bani Kalb Ibn Wadarah al-Qouda’iyine.

[4] Chambellan ou le scribe.

[5] Aumône légale.

[6] Scribe ou secrétaire.

[7] Le mot Diwan a plusieurs interprétations : Livre, recueil dans lesquels sont consignés les affaires relatives au département en question. Dans les sociétés islamiques (Ottomans), un centre du ministère des finances, le bureau du chef administratif, ou le conseil régional d’administration, le cabinet royal, le cabinet ministériel, etc.). C’est de ce sens originel que vient le mot français douane.

[8] Inclus toute propriété qui génère des revenus, terre cultivée, maison, marché, moulin, etc.

[9] Les historiens musulmans utilisaient le mot « Roum » tant pour les Byzantins que les Romains.

[10] Al-Waddahiyah étaient un régiment distinct de combattants musulmans non-arabes, nommé d’après leur commandant berbère al-Waddah

[11] Le nom ‘Abdillah ou ‘Abdallah, ne font aucune différence et peuvent être employés différemment pour le même nom. Ainsi ‘Abdillah Ibn ‘Omar ou ‘Abdallah Ibn ‘Omar (qu’Allah soit satisfait d’eux), est la même personne.

[12] Nous n’avons aucune autre indication sur la nature de cette ville.

[13] Le sujet sera traité plus en détail dans « Moukhtassar at-Tarikh lil Maghreb wal Andalous » qui est le second volume de cette série.

[14] L’homme aux deux lumières : Il fut surnommé ainsi car il épousa deux des filles du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).